Arrivée mouvementée

Chapitre 1 : Arrivée mouvementée

Chapitre final

4794 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/07/2021 23:47

-Alors Eadulf, visiblement, vous n'êtes toujours pas à l'aise sur un cheval, même cette jument a l'air trop farouche pour vous. Je vous promets de vous trouver un poney quand nous arriverons à Cashel.


La jeune femme qui venait de prononcer cette phrase d'un ton moqueur mesurait environ 1m65 et était recouverte d'une cape sombre d'où sortait une mèche rebelle laissant deviner ses cheveux roux.



-Tout le monde n'a pas eu l'occasion d'apprendre tout jeune, Fidelma.


Lui répondit agacé son compagnon de route. Un jeune moine légèrement plus grand que Fidelma, vêtu d'un habit de laine aux joues rougissantes et aux cheveux foncé ébouriffé qui avait bien du mal à garder l'équilibre sur sa jument.



-Ne vous en faites pas. Nous sommes bientôt arrivé à une auberge que je connais bien et nous y ferons halte. Nous repartirons demain et nous arriverons vers midi à Cashel où nous verrons mon frère.


-Ce sera avec plaisir, souffla Eadulf.



De fait une auberge lui apparut au loin alors que le soleil commençait à se coucher et après 10mn qui étaient encore trop longues au goût d’Eadulf, ils purent mettre pied à terre.


Fidelma accrocha les rênes de son cheval à une barre en bois et rentra dans l’auberge où quelques clients buvait une choppe devant une écuelle fumante, mais l’affluence n’était pas celle à laquelle elle s’était attendue.

-Bonsoir Taran, auriez vous deux chambres pour mon compagnon de route et moi-même ?

Un homme imposant d’une trentaine d’année avec un visage grêlé surveillait une marmite suspendue dans l’âtre de la cheminée. Il se retourna et son visage s’éclaira d’un sourire.

-Sœur Fidelma ! Quelle surprise et quel plaisir. Bien entendu, je vais vous préparer cela.  Vous aurez le choix, je n’ai personne en ce moment.

Il se tourna vers Eadulf, et en le regardant son sourire se figea l’espace d’un instant avant de revenir aussi vite.

-Vous n’êtes pas de chez nous ?

-Effectivement, je suis Saxon. J’ai rencontré Fidelma lors du concile de Whitby et elle m’a invité à venir découvrir votre pays.

-Les amis de Fidelma sont mes amis, j’espère que vous apprécierez votre séjour chez nous.

-Je n’en doute pas, dit Eadulf en pensant qu’une fois le voyage à dos de jument fini, ce sera plus facile d’apprécier le séjour.


-Taran, nous prendrons aussi le dîner. Il n’y a pas grand monde ce soir. Y-a-t-il quelque chose que j’ai raté ? demanda d’un air interrogateur Fidelma.

-Vous vous êtes absenté pendant longtemps, lui répondit d’un air renfrogné le colosse. Il y a deux mois, un moine est arrivé et il a commencé à prêcher des idées qui vont contre nos traditions. Il dit que ce sont les règles qui ont vigueur à Rome, que même les anglais les ont adoptés et certains ici ont commencé à l’écouter. Fearghal notre forgeron a été l’un des premier et depuis il loge le moine.

Ce soir il fait un prêche et beaucoup sont allé l’écouter. Personnellement, je n’aime pas ces histoires.

Se rendant compte qu’il était peut-être allé un peu trop loin, il se tourna vers Eadulf et lui demanda :

-J’espère que vous ne le prendrez pas pour vous.

Eadulf se senti gêné :

-Non, non, ne vous en faites pas. A votre place, je serais aussi méfiant.

Fidelma se renfrogna, se rappelant que les partisans de Rome avaient gagné au Concile de Whitby avec le roi Oswiu qui renonça à défendre l’église celte.

-Bon, nous n’allons pas nous laisser abattre. Allez-vous installer à cette table. Je vous apporte à boire et vous goûterez mon ragoût, lança l’aubergiste.

-Ah ben ce ne sera pas de refus, lui répondit Fidelma dont le sourire revient à cette perspective.

 

Fidelma et Eadulf s’installèrent à une table de libre. Et bientôt le cidre et le ragoût finirent de leur redonner leur bonne humeur.

Au bout d’environ une heure, la porte s’ouvrit en grand et un homme entre deux âge visiblement essoufflé surgit.

Il ignora la salle, il se dirigeat vers l’aubergiste alors que tout le monde se retournait pour voir ce qu’il se passait.

-Taran !! Ils vont exécuter Esnad !!

Le géant semblait abasourdi par ces mots. Il ne semblait pas comprendre ce qu’ils voulaient dire.

Fidelma se leva en trombe de son tabouret et interpella le nouveau venu :

-Rudgal ! Qui veut exécuter Esnad ? Et pourquoi ?

Rudgal se tourna pour voir qui l’interpellait et quand il reconnu la jeune femme, un soulagement put se lire sur son visage.

-Fidelma, c’est un miracle que vous soyez là. Vite. Il faut que vous empêchiez cela. Je suis sûre qu’elle est innocente.

-Dites moi donc ce qu’il se passe, l’encouragea Fidelma en tentant de le calmer

-Suivez-moi, je vais vous conduire, je vous raconte en chemin.

Sur ce il reparti vite suivit de Fidelma, Eadulf et Taran. C’était heureusement une nuit de pleine lune qui leur permettait de se guider sans torche.

-Nous sortions du prêche de Frère Solin quand soudain l’un de nous a vu s’enfuir en courant Esnad de la demeure de Murgal. Intrigués certains d’entre nous allèrent à la demeure de celui-ci et nous l’avons trouvé mort étendu sur son lit. Alors Frère Solin cria « Elle l’a tué. Il faut la rattraper !!! ». Nous partîmes à se recherche et rapidement nous la retrouvâmes chez elle. Fearghal la sorti de force et Frère Solin la fouilla. Elle avait de l’argent et Solin l’accusât de l’avoir volé. Elle reconnut que cet argent venait de Murgal mais que c’était en paiement de ses services. Solin pris cela pour un aveu du meurtre et demanda à ce qu’on l’exécute. Tout le monde n’est pas chaud, mais je pense qu’il va réussir à convaincre les autres, c’est pour ça que je suis venu prévenir Taran.


Sur ces mots ils virent une foule éclairée par des torches qui se dirigeait vers un grand arbre.

Au milieu de cette foule, une jeune femme vêtue d’une robe de lin et d’une résignation qui faisait peine à voir.


Fidelma cria :

-Stop ! Arrêtez cette mascarade !!

La foule s’arrêta et regarda qui venait d’hurler cet ordre.

Un homme trapu, entre deux âges sortit de la foule.

Il arborait la tonsure romaine et non la tonsure celtique, ce qui indiquait son allégeance.

-De quel droit nous donnez-vous des ordres ? aboya-t-il.

-Je suis sœur Fidelma. Je suis dàlaigh élevé au rang d’anruth et c’est pour ça que vous allez m’écouter.  Lui ordonna la jeune femme.

Frère Solin, car il ne faisait pas de doute que c’était lui, sembla ébranlé. La qualification d’anruth était la seconde par ordre d’importance dans le système judiciaire irlandais. Son rang lui permettait de parler directement aux rois. Visiblement son interlocutrice n’était pas n’importe qui.

-Et c’est la sœur du Colgù, notre roi, chuchota un jeune homme à peine sorti de l’adolescence à l’oreille du moine.

Cela acheva de vaincre l’insolence du moine. Il changea de suite de ton.

-Et bien, bien content de vous voir madame. Nous avons arrêté une meurtrière.

-Que vous vous apprêtiez à assassiner, visiblement, rétorqua Fidelma en lui lançant un regard noir.

-Absolument pas. Nous nous apprêtions à rendre justice. Nous avons conclut qu’elle avait tué l’honorable Murgal en l’empoisonnant et nous allions appliquer la loi de Dieu, argumenta Solin.

-Je connais bien la loi de Dieu, lui répliqua Fidelma. Et outre que nous pourrions avoir de gros débats théologiques actuellement la loi qui s’applique ici est celle décidée par nos juges et qui est approuvée par notre roi. Or celle-ci n’autorise pas les exécutions sommaires.

-Et bien vous allez pouvoir faire les choses dans les règles pour au final arriver au même résultat après avoir perdu le temps de tout le monde, ironisa le moine.

-Nous verrons. Taran vous irez avec Esnad à votre auberge, vous la mettrez dans une chambre de libre et vous vous assurerez qu’elle n’en parte pas. Vous serez responsable si il lui arrive quelque chose.

Se tournant vers la jeune femme qui lui lançait un regard remplit d’espoir elle tenta de prendre un ton rassurant :

-J’irais vous interroger tout à l’heure et vous me donnerez votre version. Pour le moment, je vais aller voir le lieu du crime.

-Je n’ai rien fait. Il était déjà mort quand je suis arrivé, sorti Esnad en sanglotant.

-Si c’est le cas, vous ne risquez rien. En attendant suivez Taran, j’ai confiance en lui.

-J’ai ma vie entre vos mains dit la jeune femme en se dirigeant vers l’aubergiste.

Fidelma lui lança un regard rassurant.

-Si vous êtes innocente, je le prouverais. Sinon, vous serez condamnée selon nos lois. Qui ne sont pas les lois barbares que certains veulent importer. Au fait, je ne vois pas le fils de Murghal par ici, quelqu’un sait si il sait pour son père ?

Une femme d’un certain âge sortie de la foule et dit :

-Il vit à deux heures d’ici, mon fils est allé les prévenir dès que l’on a sut.

-Très bien, cela au moins sera fait répondit Fidelma.

Puis s’adressant à la foule.

-Quand à vous autres rentrez chez vous. Pour ce soir vous avez commis assez de bêtises.

-Je vais vous accompagner à la demeure de Murgal, je pourrais vous indiquer ainsi pourquoi nous savons qu’elle est coupable sorti Solin.

-Si vous voulez, tant que vous ne vous mettez pas en travers de la justice lui rétorqua Fidelma en lui lançant un regard noir.

-Je ne désire rien que plus que la justice, n’en doutez pas.



Sur ce, la foule se dispersa avec moult murmures, certains approbateurs, d’autres désapprobateurs. Taran accompagna Esnad à son auberge.

Et Fidelma, Eadulf et Sorin partirent en direction du nord, où Fidelma savait que se trouvait la demeure de Murgal.

Eadulf se rapprocha de Fidelma :

-Tu connaissais Murgal ?

-Tout le monde le connait dans le coin. C’est un marchand qui a plutôt bien réussit dans la vie. Il est peu aimé, enfin était peu aimé, et s’était même brouillé avec son fils unique. Il était veuf depuis 3ans.

-Et Esnad ?

-C’est une femme de chair, ce qui explique pourquoi elle n’est pas très aimé ici.

-Une femme de chair ?

Devant l’expression incrédule d’Eadulf, Fidelma compris que l’expression était locale.

-Une prostituée.

-Ah d’accord.

Ils arrivèrent en vue d’une maison en pierre qui surplombait une petite colline.

Fidelma fit signe à Eadulf que c’était le but de leur marche. Solin restait silencieux, dur de savoir à quoi il pensait à ce moment là.

En arrivant près de la porte d’entrée, ils entendirent un petit aboiement.

La porte étant ouverte, Fidelma entra et un chiot vient se lover contre ses jambes.

-Et bien, suis pas sûre que tu feras un bon chien de garde sourit Fidelma en le caressant.

Elle regarda la pièce dans laquelle elle était. Celle-ci était décorée de façon très sobre. Visiblement son propriétaire n’était pas un grand amateur de confort. Une table, quatre tabourets, une commode étaient les seuls meubles dans la pièce. Un feu finissait de se consumer dans l’âtre.

Solin passa devant Fidelma :

-Venez, Murgal est sur son lit, sorti celui-ci avant de se diriger vers une porte ouverte.

Fidelma et Eadulf le suivirent. Ils entrèrent dans la pièce et virent un corps allongé dans un lit dont on ne pouvait douter qu’il était mort. L’homme devait avoir dans les soixante-dix ans, il était vêtu d’une légère tunique, tenue classique pour aller dormir. Son visage s’était figé dans un état qui faisait penser à la terreur. A côté du lit se trouvait une table de chevet.

-Vous n’avez rien touché quand vous êtes arrivé ici ? interrogea Fidelma se tournant vers Solin.

-Non, nous avons vu le corps. Puis de suite cette fiole que vous pouvez encore voir sur la table de chevet. Nous avons vite compris ce qui s’est passé. La catin l’a empoisonnée pour le voler. Elle nous l’a d’ailleurs rapidement confirmée quand nous l’avons arrêté.

-Confirmée ?

-Oui elle nous a confirmé qu’elle avait pris de l’argent dans la maison.

-Mais elle vous a pourtant dit que Murgal était mort quand elle était arrivée.

-Une coupable ne va pas s’accuser, s’agaça le moine. Elle ne pouvait nier le vol, mais nous ne nous sommes pas laissé avoir par sa bonne bouille. Elle est coupable, vous-même ne pourrez pas la sauver.

-Elle sera coupable quand je l’aurais montré, le coupa Fidelma. Eadulf, peux-tu examiner le corps et voir ce que tu peux en déduire de sa mort.

Eadulf qui avait un peu étudié la médecine commença à examiner le corps.

Pendant ce temps Fidelma examina la pièce, mais elle ne trouva rien qui lui permette d’avancer sur l’affaire.

Après dix minutes il donna son analyse :

-Il n’y a pas de traces de coups. Tout laisse penser qu’il est décédé d’une crise cardiaque. En tout cas je ne vois rien contre cette hypothèse.

-Et cela pourrait-il venir d’un poison contenu dans la fiole ? demande Fidelma en désignant la table de chevet où le flacon était renversé.

-C’est possible, mais ce n’est pas un liquide que je connais. Il faudrait un spécialiste pour savoir ce qu’il y avait dedans.

-Vous allez vraiment perdre du temps avec ça ? interrogea Solin.

-Ce que vous appeler perdre votre temps, nous appelons cela la justice, tonna Fidelma.

Solin se renfrogna et garda le silence.

-Demain je demanderais à un apothicaire que je connais. Il pourra sans doute nous aider,

En disant cela Fidelma, enjamba le chiot qui lapait ce qui était tombait de la fiole sur le sol, et pris celle-ci.

A ce moment là des bruits de pas se firent entendre dans la pièce principale.

Eadulf suivit des deux autres retournèrent voir qui arrivait.

Un homme d’une cinquantaine d’année, plutôt chétif,  se tenait dans celle-ci.

-Brian, je vois que vous êtes arrivé vite. Je vous présente mes condoléances pour votre père.

-Merci. Vous savez ma sœur que nous n’étions pas en bons termes mais cela fait toujours un choc. On m’a dit qu’il avait été assassiné.

-Oui, c’est Esnad qui l’a tué répondit Solin.

-On en sait rien encore cria Fidelma. Et si vous continuez comme ceci, je vous mettrais une amende pour obstruction envers la justice.

Celui-ci se dirigea vers la sortie.

-Je pense qu’il est temps que j’y aille. Néanmoins vous viendrez à cette conclusion comme moi. Brian, si jamais vous avez besoin de réconfort spirituel, vous savez où me trouver. Je vous dis au revoir.

Une fois le moine parti, Brian se tourna vers Fidelma :

-Vous doutez de la culpabilité d’Esnad ? Solin a l’air convaincu que c’est elle qui a tué mon père. Si c’est le cas, j’espère que justice sera faites.

-Justice sera faites n’en doutez pas. Vous me connaissez, Brian. Mais la justice prend le temps d’être sûr d’elle-même.

-Je n’en doute pas ma sœur.

Se tournant vers Eadulf :

-Je n’ai pas l’honneur de vous connaitre.

-Je me nomme Eadulf. Je suis saxon. Je voyage avec Fidelma que j’ai rencontré en angleterre pour rencontrer son frère le roi. Et c’est comme ça que je me suis trouvé embarqué dans cette affaire.

-Et bien vous trouver dans une affaire de meurtre pour votre découverte de notre Royaume, ce n’est pas forcément l’idéal. J’espère que vous vous plairez chez nous.

Fidelma intervient :

-Nous allons vous laisser si vous le voulez bien. Nous avons vu ce que nous devions voir pour le bien de l’enquête. Vous pourrez l’enterrer dès que vous voudrez.

-Merci. Je pense que je vais être seul à vouloir faire une veillée funèbre pour ce vieux grigou. Je le ferais enterrer dès que possible.

-Nous y serons. A demain alors.

-A demain

-A demain conclut Eadulf en suivant Fidelma vers la sortie.


Pendant le trajet jusqu’à l’auberge, Eadulf se demandait bien à quoi Fidelma pouvait penser. En effet elle était pensive.

-Quelle est ton opinion sur cette affaire ?

-Pour l’instant je n’en ai pas de définitive. Malgré tout certaines choses me semblent plutôt aller vers l’innocence d’Esnad.

-Comme quoi ?

-Le fait qu’elle n’ait pas emporté la fiole par exemple.

-Cela ne prouve rien. Cela doit être son premier crime et elle n’a pas pensée à tout. Puis tu oublies qu’elle a volé le mort.

-Une voleuse ne fait pas une meurtrière, mais nous en saurons plus quand nous l’interrogerons à l’auberge.

-Tiens, au fait, pourquoi est-on venu prévenir Taran de l’exécution imminente ?

-Parce qu’il est de notoriété publique qu’il en est amoureux.

-Et tu lui a confié sa garde ? s’étrangla Eadulf.

-Oui ne t’en fait pas sourit Fidelma. Je connais bien Taran, il sait que le mieux pour elle est de me faire confiance. De toute façon ils ne pourraient aller bien loin. Et vu que de nombreuses personnes n’aiment pas Esnad, c’était plus sûr de la faire garder par quelqu’un qui ne lui ferait pas de mal.


Tout en continuant de discuter ils arrivèrent à l’auberge de Taran.

La porte était fermée, Fidelma cogna à la porte.

Au bout d’une minute Taran vient ouvrir.

-Ah Fidelma, enfin. Alors vous avez des nouvelles ?

-Rien de définitif pour l’instant, pouvez vous me conduire à Esnad ?

-Oui bien sûr. Vu les circonstances, j’ai fermé l’auberge. Suivez moi.

Taran les conduisit à l’étage, puis désignant une porte :

-Elle est ici. Si vous avez besoin de moi n’hésitez pas.

-Merci lui répondit Fidelma en ouvrant la porte.

Esnad était assise sur un lit qui occupait la moitié de la chambre.

Eadulf put remarquer que c’était une très belle femme. Une peau diaphane, des cheveux noirs jais et de grands yeux verts. Yeux qui étaient encore humides.

Fidelma se dirigeat vers elle.

-Bonsoir Esnad, il va falloir tout me dire sans rien me cacher si vous êtes innocente et que vous voulez que je vous sauve.

-Mais je suis innocente. Je vous le jure renifla Esnad.

-Alors dites moi ce qui c’est passé.

-Murgal m’avait donné rendez vous pour cette nuit. Cela lui arrivait régulièrement. Il n’était pas de ces hommes qui sont prévenant mais il payait bien et je ne pouvais refuser sa clientèle. Donc je me suis rendu chez lui. Je suis entrée comme j’en avais l’habitude, mais il n’était pas à m’attendre. Je suis allée dans la chambre, je l’ai vu étendu dans le lit et il était clairement mort. Sur la table de chevet j’ai vu la bourse qu’il avait préparé pour moi, je l’ai pris. Je l’avais bien mérité vu tout ce que j’ai subit avec lui, et je suis pari. Malheureusement on m’a vu et vous connaissez le reste. Ce moine, Frère Solin, m’a tout de suite accusé, et si certains étaient hésitants, il n’a pas hésité à les monter contre moi et il a de l’éloquence.

-Vous avez vu quelqu’un pendant votre trajet ?

-Non personne, sauf le groupe qui m’a vu au retour.

-Il y avait une fiole sur la table de chevet ?

Esnad sembla réfléchir

-Il me semble bien, mais je ne serais en être sûre.

-Taran s’est bien occupé de vous pendant mon absence.

-Oh oui. C’est homme bien. Trop bien pour une femme comme moi.

Elle se mordit les lèvres comme si elle regrettait ses paroles aussitôt après les avoir dites.


-Merci. Cela m’a aidé.

-Vous pensez que vous pourrez m’innocenter ? Un air d’espoir apparut sur la figure de la jeune femme.

-J’espère mais nous en saurons plus demain. Si c’est ce que je crois, vous serez libre demain.

-Dieu fasse que vous ayez raison. Passez une bonne nuit.

Fidelma fit signe à Eadulf de la suivre.

Une fois sorti Eadulf interrogea Fidelma :

-Tu penses vraiment ce que tu lui a dit ?

-Je l’espère vraiment. L’apothicaire devrait nous donner la réponse. Mais allons dormir maintenant.

Ils retournèrent voir Taran qui était visiblement inquiet, Fidelma essaya de le rassurer, puis le colosse les conduisit à leur chambre.


A l’aube naissante, Eadulf descendit dans l’auberge et vit Fidelma en grande conversation avec Taran.

-Ah Eadulf, cela tombe bien lui adressa Fidelma.

-Je vais chercher ce qu’il me faut chez un apothicaire que je connais. Tu resteras là en m’attendant.  Je vais galoper et je devrais être de retour dans l’après midi.

-D’accord, je t’attends ici. Bonne chance Fidelma.

-« Sed a Domino temperantur » lui répondit Fidelma

 Taran interrogea Eadulf du regard :

-Proverbe 16.33 « Mais de l’éternel vient toute décision » souffla Eadulf.


Après 2h de trajet, Fidelma arriva vers l’échoppe de son ami l’apothicaire.

La boutique était une caricature de désordre avec des potions, des livres partout sans cohérence apparente. Un homme d’une quarantaine d’année qui visiblement ne prenait pas soin de lui, si on se fiait à sa tunique déchirée de multiple part, était affairé à essayer de mettre un peu d’ordre suivant un système que seul lui semblait connaitre.

Quand elle entra, celui-ci la reconnut de suite :

-Fidelma ! Vous êtes rentrée ! Quel plaisir de vous revoir.

-Merci. Malheureusement je viens pour une affaire grave. Vous allez peut-être pouvoir m’aider à innocenter une jeune femme.

-Ce serait avec plaisir. Que puis-je faire pour vous ?

Fidelma sorti la fiole qu’elle avait prise chez Murgal :

-Pourriez-vous me dire ce que c’est ?

-Je vais essayer dit-il prenant la fiole.

Il renifla celle-ci, regarda un peu la couleur de ce qu’il restait de liquide, puis il se tourna vers Fidelma.

-Oui, c’est une préparation assez courante. C’est une décoction de sarriette à laquelle on a rajouté de l’huître plus quelques plantes pour le goût qui dépendent de l’apothicaire, là je dirais qu’il y a de l’oignon. Il a des drôles de goût celui qui a préparé celle-ci.

-Rien de nocif en plus dans celle-ci ? l’interrogea Fidelma

-Je ne vois rien en tout cas.

-Merci, vous m’avez bien aidé et sauvé une jeune femme. J’y vais.

-J’espère que vous resterez plus longtemps la prochaine fois.

-C’est une certitude lui promis Fidelma en repartant.


Vers 11h elle arriva à l’auberge de Taran. Elle lui dit :

-Dites à tout ceux qui le souhaitent de venir à l’auberge dans 1 heure. Je dirais à tout le monde ce qu’il s’est passé.

-Elle est innocente ? le supplia Taran.

 Fidelma lui répondit par un sourire et Taran parti prévenir tout le monde.


A 12h la salle de l’auberge était pleine à craquer. Frère Solin était là au premier rang des spectateurs. Brian le fils de Murgal était là aussi ainsi que la plupart de ceux qui étaient la foule veille au soir.


Fidelma était à côté de l’âtre avec Esnad à ses côtés.

Elle demande le silence, et celui-ci se fit quasiment immédiatement.


-Hier soir prévenue par Rudgal qu’un lynchage allait se tenir, je me suis précipité pour empêcher celui-ci.

-Lynchage ? Nous voulions rendre justice l’interrompit Solin.

-Solin, je vous conseille d’arrêter de m’interrompre, si je vous y reprends, je vous infligerais une amende pour outrage.

Solin se tut.

-Je reprends donc. Une fois la mise à mort d’Esnad empêchée et celle-ci bien gardée, je me rendis avec mon compagnon de voyage et frère Solin chez Murgal où effectivement nous découvrîmes son cadavre. Eadulf ayant des connaissances en médecine nous confirma que Murgal avait eu une crise cardiaque. La question se posait de savoir si il avait été empoisonné, et si oui par qui. Surtout qu’une fiole se trouvait près de sa table de chevet.

Rapidement néanmoins je me doutais que la fiole ne devait pas contenir du poison, en effet le chien de Murgal en avait bu un peu et visiblement il allait bien.


Brian confirma que ce matin le chien allait très bien.


 Fidelma approuva et continua :

-J’interrogeai donc Esnad qui m’expliqua que si elle avait bien pris l’argent qu’elle aurait dut recevoir pour sa prestation, Murgal était déjà mort quand elle était arrivé. Elle peut mentir bien sûr, mais cela allait dans le sens de mon idée.

Pour la confirmer je suis allé voir un apothicaire à Cashel.

Celui-ci me dit que le liquide contenu était une potion à base de sarriette et d’huître mais rien de nocif.

Comme certains d’entre vous le savent, ces ingrédients sont connus par les hommes qui ont peu confiance en eux avant une nuit avec une jeune femme.

A partir de là, c’est assez simple de deviner ce qui s’est passé. Murgal but cette potion en prévision de la nuit qu’il allait passer.

 Malheureusement à un certain âge, prendre une potion pour retrouver l’ardeur de ses vingt ans peut-être fatal pour le cœur. Et voilà toute l’histoire. Esnad est donc innocente et je clôture l’affaire.


-Elle a quand même volé le mort !!! Elle n’avait pas à se servir grogna Frère Solin.

Brian intervint alors :

-Si elle a volé quelqu’un, c’est moi l’héritier de Murghal, et vu ce qu’elle vient de vivre, je lui en fait cadeau volontiers.

-Merci, voici qui conclut cette affaire. Le pire c’est que je suis sûr que vous n’auriez pas eu des préjugés de part la profession d’Esnad, jamais j’aurais eu besoin d’intervenir adressa Fidelma à la foule.

Et si cela peut vous faire réfléchir à la supériorité de nos lois à ce que veulent enseigner certains, ce sera déjà ça.

Frère Solin parti sans se retourner.

Et la foule murmura un peu honteuse et commença à partir de l’auberge.


Esnad et Taran remercièrent avec effusion Fidelma pour tout. Mais Fidelma qui était toujours gênée dit qu’il fallait qu’elle parte pour Cashel.


-Vous venez Eadulf, normalement j’en ai pour deux heures pour arriver à Cashel.

Mais avec votre talent naturel pour l’équitation, il nous faut partir maintenant si nous voulons arriver avant la nuit.


Elle ne put cacher un sourire.

Eadulf se jura qu’un jour il trouverait un des points faibles de Fidelma et qu’il le lui rendrait au centuple…


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