Le coeur du probleme.
Extrait du blog de John H. Watson :
Samedi 02 décembre.
J'avais rendez-vous avec Sherlock Holmes à 8h, 221 B Baker Street. Quand j'arrivai dans l'entrée, le son familier de son violon charma mes oreilles. Il jouait la section Hiver des Quatre Saison de Vivaldi et emplissait l'air de sa musique. J'entendis Mrs Hudson fredonner en faisant la vaisselle. Notre logeuse adorait quand Sherlock jouait. Tout comme moi et tout les autres qui l'avait déjà entendu. Quand il jouait il se taisait et parfois souriait, il était bon et généreux. Je gravis les marches de l’escalier quatre à quatre et entrai dans l'appartement quand résonnaient les dernières notes.
_ Très beau, commentais-je en prenant un journal sur le fatras entassé sur le bureau.
_ J'ai trouvé cela approprié, dit-il en désignant la fenêtre de son archet.
_ Du nouveau sur l'affaire ?
_ Molly doit m'envoyer un message d'ici (il consulta sa montre) sept minutes pour me dire de passer à la morgue. Je voudrais inspecter le cadavre moi même.
En effet, sept minutes passèrent et le portable de mon ami vibra deux fois. Nous nous retrouvâmes dans le froid et la neige en nous dirigeant vers l'hôpital St Barthélémy. Le nez de Sherlock rosit au bout de cinq minutes et cela contrastait comiquement avec son air impassible. J'étais de très bonne humeur, les enquêtes m'avaient autant manqué qu'à mon ami. Nous marchions vite et, comme souvent je calquais mon pas sur celui de Sherlock, vestige de mon entraînement militaire. Nos pas crissaient dans la neige et les flocons voltigeaient autour de nous dans une joyeuse danse. Très optimiste, je savais que la journée allait être incroyable. Je n'imaginais pas encore à quel point.
Molly Hooper nous mena au corps de Mona O'Conell et laissa Sherlock l'inspecter sous toutes les coutures.
_ Avez vous fais les tests ? demanda-t-il.
La jeune femme qui l'observait, ou plutôt le contemplait d'un air rêveur, sursauta et se mit à parler à toute vitesse.
_ J'ai fait tout les tests possibles pour tous les poisons courants et je n'ai rien trouvé. J'ai alors élargi le champ de mes recherches mais elles sont restées sans résultats. Les tests sont positifs pour le cannabis et l'héroïne mais leur prise remonte à quelques jours et les quantités sont insuffisantes pour avoir causé une overdose. Elle ne prenait aucun autre médicament. Je lui ai fait passer une IRM et il n'y a pas la moindre trace, ni d'un anévrisme, ni d'une tumeur.
_ La piste de l'arrêt cardiaque est donc peut être la bonne si elle n'a pas été empoisonnée, fis-je remarquer.
_ C'est là que ça se complique. Il semblerait que son cœur se soit en effet arrêté de battre mais elle ne présente aucun infarctus du myocarde, ni caillot artériel, rien qui aurait put causer un arrêt cardiaque. Cependant, j'ai découvert quelque chose de très étrange : le cœur de la victime est entièrement vide. Tout le sang a été éjecté mais il ne s'est pas re-remplit comme le fait un cœur sain. Pourtant je vous l'ai dit, aucune de ses artères n'est bouchée. Je n'ai jamais vu quelque chose de semblable, je suis désolée.
Elle baissa les yeux comme une petite fille qu'on aurait pris en faute.
_ Refaites les tests, dit Sherlock.
_ Je les ai tous refait trois fois et voici les images de l'IRM.
Mon ami les observa quelques instants et se retourna vers le corps.
_ Quelque chose a bien du arriver, murmura-t-il.
_ J'ai dénombrer vingt-sept traces d'injection, dit Molly. Elle aurait put attraper une maladie en se shootant, mais les analyses témoignent que tout allait bien.
_ Vingt-huit, rectifia Sherlock.
_ Pardon ?
_ Il y a vingt-huit traces d'injections. Celle des orteils, des doigts, des coudes, des yeux mais il y en a une en plus.
Il montra un petit trou sur la carotide de la victime.
_ C'est la première erreur qu'a commis le meurtrier. Il n'a pas piqué au même endroit pourtant, étant donné le nombre d'injection que s'est fait Mona, c'était un camouflage rêvé.
_ Quelles sont les autres erreurs ? demandai-je.
_ Il a piqué la jugulaire gauche et vu la position du trou, la victime était de dos. Tout porte à croire que le meurtrier était gaucher et grand. Sûrement un homme. De plus, son geste était sur et il a visé juste, il est donc habitué à pratiquer des injections. Un homme gaucher, toxico ou alors infirmier...ou médecin.
Molly s'offusqua.
_ Les médecins tuent autant que les autres, répondit Sherlock en levant les yeux au ciel.
_ Les médecins sauvent des vies, répliqua-t-elle.
_ Et certains prennent des vies, regardez John.
Gêné que l'on face référence à moi, je rougis.
_ Il n'en reste pas moi un très bon médecin.
Le compliment me surpris autant qu'il me fit plaisir. Sherlock ne laissa pas le temps à Molly de répondre, il attrapa un microscope et commença à étudier les cultures salivaires de la victime.
Quelques minutes plus tard, son téléphone se mit à sonner. Imperturbable et au comble de l'ingratitude, il demanda :
_ John, passe moi mon téléphone.
_ Il est dans ta poche.
_ Passe le moi.
Exaspéré, je le fouillai et finis par le trouver au fond de la poche droite de son pantalon.
_ Qui est ce ? demanda-t-il sans lever le nez de son microscope.
_ Un portable mais je ne reconnais pas le numéro.
Il me pris le téléphone des mains et décrocha.
_ Allô ? dit-il de sa voix grave.
Il sembla surpris puis il répondit en se ressaisissant :
_ Non Kate, vous ne me dérangez pas.
J'étais abasourdi. Kate ?! La colocataire de Mona ?
_ Qui est-ce ? demanda Molly. Qui est cette Kate ?
_ Une jeune fille, répondis-je distraitement en essayant d'écouter la conversation.
_ Elle a son numéro ?
_ Apparemment oui.
Sans prêter attention au grand trouble dans lequel je laissais Molly Hooper, je tendis l'oreille.
_ « Vous les avez trouvé ?! Parfait ! Oui. Chez vous. Très bien. J'arrive tout de suite. »
_ Alors ? demandai-je.
_ C'était la jeune Kate que nous avons rencontré hier. Elle a trouvé les lettres de menace et d'autres micros et caméras.
Il enfilai son manteau et me fis signe de faire de même.
_ Où allons nous ?
_ Chez elle, elle m'envoie son adresse pas SMS.
C'est courant à moitié que nous retraversâmes l'hôpital en sens inverse. Alors que nous passions la porte, son portable vibra , il y jeta un bref coup d’œil et appela un taxi.
_ Westbourne Park Road, dit-il au chauffeur. Au numéro 473.
Le taxi nous emmena donc à l'autre bout de Londres chez Kate. Il était étrange de l'appeler pas son prénom alors que nous la connaissions à peine, heureusement cela ne semblait pas la déranger outre mesure.
_ Comment a-t-elle eut ton numéro ? demandais-je
_ Je ne sais pas. Peut être dans l'annuaire.
_ Tu n'es pas dans l'annuaire, Sherlock.
Il ne répondit rien et regarda par la vitre. Que signifiai ce silence ? Serait-il possible que...Non ! Autant demander pour être sur.
_ C'est toi qui le lui a donné ?
_ Non.
Je respirai plus facilement.
_ Comment l'a-t-elle eu ?
_ Nous lui demanderons.
Nous arrivâmes une demi heure plus tard Westbourne Park Road et nous nous trouvâmes face au numéro 473, un joli immeuble victorien fait de pierre blanches.
_ Ce doit être ici qu'habite son père, dis-je, elle a dut quitter son propre appartement, la police doit encore y être.
_ C'est au premier, répondit Sherlock en s'élançant dans l'escalier.
Il frappa à la porte et Kate ouvrit.
_ Bonjour Messieurs, vous avez fait vite, dit-elle d'un ton enjoué.
Elle prit nos manteaux et les posa sur une chaise. L'appartement était chaleureux, assez grand et plein de carton à demi-déballés.
_ Excusez le désordre, j'ai dut emménager ici plus tôt que prévu, a cause des...événements. Asseyez vous. Vous prendrez du thé ?
J'acceptai de bon cœur, complètement frigorifié, tandis que mon ami se contenta d'un hochement de tête.
_ Où sont les lettres.
Elle lui tendit une grosse enveloppe de papier kraft dans laquelle se trouvait une dizaine de lettre anonymes. Leur contenu était assez classique : menace de mort, chantage, intimidation...
_Où les avez vous trouvées ?
Elle parut soudain mal à l'aise.
_Eh bien... elles étaient sous mon oreiller. Je les ai trouvé en faisant mes bagages hier soir. Elles n'y étaient pas le matin même. Je n'en ai pas parlé à la police, je me suis dit que je serai automatiquement suspectée mais que vous, Mr Holmes, me comprendriez.
Sherlock tourna et retourna le paquet entre ses doigts fins et fini par dire :
_ Je ne vous crois pas coupable, en effet, vous étiez juste au mauvais endroit au mauvais moment.
Kate parut soulagée.
_ Je n'ai pas touché ni le paquet ni les lettres à mains nues, j'ai mis des gants pour ne pas laisser d'empreintes. J'ai également trouvé ceci. Elle sortit un sachet avec de nombreuses petites caméra pas plus grande que des boutons de manchette et des micro plus petits encore.
_ Je pense les avoir quasiment tous trouvés.
_ C'est du matériel dernier cri extrêmement cher, commenta Sherlock. Cela conforte notre théorie du riche et puissant commanditaire et...
Il fut interrompu par l'arrivée d'un homme qui ouvrit la porte du salon en disant :
_ Kate, tu ne saurais pas où j'ai mis mon pantal...
Sa voie s’éteignit et il nous reconnu au moment où Sherlock et moi le reconnaissions. L'homme était le dernier que j'imaginais voir ici.
_ Lestrade ?
Sherlock et moi nous étions exclamés d'une même voix.
_ Mais qu'est ce que vous faites là ? répondit-il tout aussi étonné que nous.
Les yeux de Sherlock faisaient la navette entre Kate et Greg, et soudain, il éclata de rire. Je ne comprenais rien à la situation, cela ressemblait à un mauvais vaudeville. Lestrade était complètement trempé comme s'il venait de prendre une douche et portait pour seul et unique atour, un caleçon. Il attrapa une chemise posée sur une chaise et l'enfila rapidement pendant que Kate se raclait la gorge.
_ Mr Holmes, docteur Watson, dit-elle, je vous présente...mon père.
J'éclatai de rire de surprise et Greg me fusilla du regard. Kate, la fille de Lestrade ? Voilà qui était absolument inattendu. De plus, le policier ne semblait absolument pas savoir que sa fille nous avait invité chez eux.
_ Katherin L, c'était ce qui était inscrit sur votre valise, dit Sherlock. Je dois avouer que j'étais loin d'imaginer que c'était L pour Lestrade.
_ Vous vous connaissez, remarqua Greg, apparemment réprobateur.
_ Nous nous sommes rencontrés hier, expliquai-je. Vous deviez pourtant savoir que la victime était la colocataire de votre fille.
_ Oui je le savais, mais Kate m'avait dit que vous n'aviez échangé que quelques mots.
L’intéressée rosit et échangea un regard avec Sherlock.
_ Peut-être était-ce plutôt quelques phrases, rectifiai-je.
_ C'est vrai, nous avons un peu discuté, repris Kate, pas le moins du monde désolée d'avoir menti.
_ Nous avons passé près d'une heure à parler Lestrade, rien de grave, conclut Sherlock.
La jeune femme semblait prendre beaucoup de plaisir à voir le visage de son père changer de couleur.
_ Tout ce que vous avez découvert sur nous en nous regardant était préparé n'est ce pas ? demandai-je, déçu. Ce n'était qu'un tour de magie.
_ Non ! S'exclamèrent Kate et Sherlock d'une même voix.
Ils s'entre regardèrent, gênés et soucieux de laisser l'autre parler. Ce fut finalement Kate qui continua :
_ Ce que j'ai dit est vrai. Mon père m'avait vaguement parlé de vous et je ne connaissais que vos noms. Ce que j'ai découvert, je l'ai découvert par moi même. Cependant, vous m'avez beaucoup impressionné hier soir alors j'ai passer la nuit à lire vos blogs. Ils sont très bons.
_ Celui de Sherlock Holmes aussi ? demanda Lestrade.
_ Oui. Deux cent quarante sept sortes de cendres de tabac différentes, c'est très impressionnant.
L'intéressé la remercia d'un signe de tête. Il était calé au fond de son fauteuil, les mains jointes sous le menton et il regardait Kate d'un air très concentré.
Lestrade finit par trouver un pantalon et habillé plus décemment, il s'assit avec nous.
_ Je vois que tu as fait du thé. Maintenant Kate dis moi ce que ces messieurs font ici. Je veux la vérité cette fois.
Il voulait avoir l'air sévère mais je vis que le cœur n'y était pas. Il semblait finalement plutôt amusé de la situation. La jeune fille raconta toute l'histoire à son père, de ce qu'il s'était passé la veille à la découverte des caméras et des lettres.
_ Pourquoi ne m'en as tu pas parlé ?
_ Je ne voulais pas en parler à la police, ils sont trop...vindicatifs.
_ Je suis ton père !
_ Et tu es de la police.
J'eus du mal à ne pas rire devant la mine déconfite de Lestrade. La gentille insolence de Kate faisait même sourire Sherlock.
_ Je suis majeure, rappela-t-elle avec un clin d’œil.
Lestrade hésita un instant entre la colère et le rire. Ce dernier l'emporta finalement et il prit sa fille dans ses bras en riant.
_ Je ne sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là.
_ Tu t’ennuierais et tu continuerais à te faire archer sur les pieds par Sherlock Holmes.
L’intéressé lui lança un regard noir.
_ Maintenant c'est à nous que vous devez la vérité, dit-il.
_ Vous le savez déjà Mr Holmes. Je m'appelle Katherin Lestrade je suis née d'une aventure entre Greg Lestrade et Mary Pierce.
_ Ce n'était pas une aventure ! rectifia Lestrade. J'aimais ta mère mais elle m'a laissé tombé.
_ Bon alors disons d'une relation à courte durée. Ma mère est partie juste avant ma naissance et nous avons vécu au Sud de Bath jusqu'à mes dix-huit ans. Je suis partie faire des études de psychologie criminelle en France et j'ai vécu à Paris pendant quatre ans. Mon père que je ne connaissais pas encore y était pour des vacances. Grâce à un heureux hasard, nous nous sommes assis à la même table dans un restaurant et je l'ai reconnu. Ma mère m'avait montré des photos de lui pour que je sache quand même qui était mon père. Nous avons fait connaissance et nous nous sommes bien entendus. Quand je suis rentrée à Bath, nous nous sommes revus et quand ma mère est tombée amoureuse de Thomas, il m'a proposé de venir vivre avec lui à Londres. Je n'ai pas hésité.
_ Quant à votre don , demandai-je.
_ Mon don ?
_ John appelle « don » ce que je fais, ma manière de réfléchir .Vous avez tendance à faire pareil, même si vous avez un manque flagrant d’entraînement, expliqua Sherlock.
_ Vous pourriez m'apprendre, proposa la jeune femme.
_ Pourquoi pas. Un jour peut être.
Son téléphone sonna. Il décrocha.
_ « Allô ? Mrs Hudson ? Que ce passe t-il ? Calmez vous ! Baker Street ? Armés ? Allez vous bien ? Bon. Pour moi ? Répétez ce qu'ils ont dit mots pour mots. Très bien j'arrive tout de suite. »
_ Que ce passe t-il ? demandai-je, alarmé par son ton.
_ Mrs Hudson vient de se faire agresser par des hommes armés qui voulaient me laisser un colis. Allons-y.
_ Comment va-t-elle ?
_ Secouée.
Sherlock attrapa son manteau et s'élança vers la porte.
_ Je viens, dit Lestrade en passant son arme à sa ceinture.
_ Moi aussi, dit Kate en mettant ses chaussures.
_ Sûrement pas ! S'écria son père.
_ Pourquoi pas ? Je veux venir.
_ Non.
_ On a pas vraiment la temps pour une dispute familiale, m'impatientai-je.
_ Elle vient, décida Sherlock en s'engouffrant dans l'escalier.
Nous nous serrâmes dans la voiture de police de Lestrade et partîmes à toute allure vers Baker Street. Il n'était pas loin de midi et c'était l'heure de pointe. Nous nous retrouvâmes coincés dans les embouteillages à trois pâtés de maison de l'appartement. Sherlock ouvrit la portière et s'élança dans les ruelles enneigées. Je le suivais, Kate, ignorant les appels de son père, sur mes talons.
Nous trouvâmes Mrs Hudson toute retournée, en pleurs dans sa cuisine. Quand elle nous vit arriver, elle se jeta dans mes bras.
_ Que c'est-il passé ? demanda Sherlock d'un ton abrupt.
_ Sherlock, un instant s'il te plaît, elle est en état de choc.
_ No-on, je vais bi-ien, sanglota-telle. Un homme grand et brun qui devait avoir quarante ans est venu, il a pointé un revolver sur moi et m'a demandé d’appeler Sherlock Holmes. Je devais dire ce qu'il m'ordonnait sinon il me tuait. Après que Sherlock ait raccroché, il a dit avoir déposer un colis dans l'appartement. Oh mon Dieu, j'espère que ce n'est pas une bombe !
_ Nous verrons bien.
Il s'élança dans l'escalier. Laissant Mrs Hudson aux bons soins de Kate, je le suivais.
A première vue, le colis n'était qu'un carton posé au centre de la pièce. Sherlock tourna autour, le renifla, vérifia que rien n'avait bougé dans le salon puis, il entreprit de l'ouvrir. Un tic-tac inquiétant s'en échappa et mon ami sortit une sorte de radio-réveil. Un compte à rebours de trois heures se lança quand Sherlock le toucha.
_ Qu'est ce que cal signifie ? Est-ce vraiment une bombe ?
_ Non, juste un vulgaire réveil qui nous prévient que l'heure va sonner prochainement.
_ L'heure de quoi ?
_ Je ne sais pas encore mais je suis sur que ce DVD va nous mettre sur la voie.
Il avait ôter du carton une boite de DVD. C'était la Belle au Bois Dormant. Le disque à l'intérieur était un DVD gravé et n'avait, je le présentait, aucun rapport avec les contes de fées. Sherlock l’inséra dans son ordinateur. Kate nous rejoignit à ce moment là, nous prévenant que Mrs Hudson était partie se reposer chez une voisine. Mon ami lança le DVD et une pathétique musique de marchand de glace s'éleva. Un fond rose bonbon apparut et une voix, celle d'un homme, se fit entendre :
_ Il était une fois dans un pays lointain, une princesse appelée Mona avait découvert que sa grand mère faisait de la magie noire. Elle voulut en parler au roi son père mais la vieille et intelligente marâtre voulut l'en empêcher. Elle donna à la princesse une pomme empoisonnée qui l'empêchait de parler. Alors, la jeune princesse destinée à une vie royale, devint une simple bergère sans feu ni lieu. Mais un jour, la petite bergère rencontra un chevalier fort, brave et plein d'assurance qui lui proposa de l'aide. Ce chevalier était le fils d'un grand seigneur qui pourrait aider la jeune princesse à reparler. Petit à petit, la princesse combattit le poison de la pomme et s’apprêtait à dévoiler ce qu'elle savait. La vieille marâtre prit peur et décida de faire taire la princesse à tout jamais. Elle envoya un chasseur mettre fin aux jours de la princesse. Le chasseur lui présenta un rouet, elle se piqua et mourut.
Le petit dessin animé qui avait mimé toute l'action s'éteignit brusquement et une image de tête de mort s'afficha. Un message en lettre de sang apparut : « Allumez votre Skype, Sherlock Holmes ».
Nous étions tout les trois très perplexe et nous regardions encore fixement l'écran quand Lestrade nous rejoignis enfin. Sherlock lui repassa le film et quand il l'eut vu, alluma Skype.
_ Qu'est ce que ça signifie ? demanda le policier traduisant l'incompréhension générale.
_ C'est un message venant du meurtrier. Il nous raconte les circonstances de son acte, répondit Sherlock en arpentant la pièce de long en large. Chaque personnage correspond à un acteur du crime. Le marâtre est le commanditaire, comme je l'avais deviné, Mona a découvert chez lui quelque chose de louche. Il l'a empêché de parler, la pomme représente les lettres de menaces. Les micros, les caméras servaient à la surveiller.
_ La drogue ? demandai-je.
_ Je ne serai pas étonné que se soit une conséquence indirecte de l'enfer dans lequel elle vivait. Elle a du trouer que c'était un bon échappatoire. En parlant de drogue....
Sherlock se mit à fouiller l'appartement tout en continuant de parler.
_ Le chasseur est le meurtrier. Ce sont bien deux personnes distinctes. Où sont mes patchs ?
_ Sous le crâne, proposais-je.
_ Ils n'y sont pas.
_ Mais qui est le chevalier et le seigneur ? demanda Lestrade
_Quelqu'un à qui Mona s’apprêtait à parler.
_ Je crains que ce ne soit moi, dit Kate d'une petite voix.
Tous se retournèrent vers elle.
_ Que Mona n'allait pas bien, personne ne pouvait l'ignorer, expliqua-t-elle. J'avais deviné qu'elle cachait quelque chose de grave. J'ai fait des études de psychologie et j'ai essayé de mettre mes enseignement à l'épreuve en cherchant à la faire parler. J'étais prêt du but. Elle m'avait dit qu'elle voulait me parler mais qu'elle ne savait pas si j'étais prête car son secret était très lourd à porter. Elle n' as pas eu le temps de me dire quoi que ce soit.
Sa voix se brisa et elle baissa la tête. Son père s'approcha d'elle et la serra maladroitement contre lui.
_ Le seigneur qui pouvait aider la princesse à reparler devait être vous Greg, dis-je, en tant que policier.
Lestrade hocha la tête. Sherlock continuai de mettre l'appartement sans dessus-dessous à la recherche des ses précieux patchs de nicotine.
_ Mrs Hudson ! cria-t-il.
_ Elle est chez la voisine, lui rappelai-je.
_ Elle a pris mes patchs !
_ Ce n'est pas elle, tu sais bien qu'elle ne ferait pas une chose pareille.
_ Mycroft !Il va me le payer ! J'ai besoin de mes patchs pour réfléchir.
_ Non Sherlock, calme toi. Tu n'en a pas besoin pour réfléchir.
Il sembla se ressaisir et se rassit, plus calme.
_ Pourquoi avoir décider de tout nous divulguer ? demandais-je, profitant de l'accalmie.
_ Quelque chose l'y a poussé. Son patron a du se retourner contre lui, ou ne pas lui donner ce qu'il voulait...
_ Qu'est ce que cela pourrait être ? De l'argent ?
_ Je ne sais pas encore, mais il va bientôt entrer en contact avec nous.
Comme s'il avait lu dans nos pensées, le visage d'un homme d'une quarantaine d'année apparut sur l'écran de l'ordinateur. Il avait les cheveux courts, bruns les yeux marrons et la peau blanche. C'était un homme commun sans signe distinctif. Il se trouvait dans un endroit sombre, éclairée par une ampoule nue qui tombait d'un plafond bas. Cela ressemblait à une cave.
_ Bonjour Mr Holmes, dit-il d'une voix calme et pleine de suffisance. Vous avez fait vite mais il ne vous reste que 2h45.
_ Pour faire quoi ?
_ Pour accéder à ma demande bien sur.
_ Quelle est-elle ?
_ Qui est avec vous ?
Sherlock regard autour de lui et répondit :
_ Seul John Watson est avec moi.
_ Mauvaise réponse ! Je sais que Scotland Yard est avec vous.
Lestrade vint se placer derrière mon ami et salua l'homme d'un ton sec.
_ Personne d'autre ?
_ Kate Lestrade est avec nous, répondit Sherlock s'attirant les foudres du regard du père de la jeune femme .
_ Oh ! cette délicieuse Kate ! J'ai suivi sa vie dans les moindres détails ces dernières semaines. Une jeune fille charmante. L'avez vous déjà vue nue, Mr Holmes ?
_ Assez ! s'écria Lestrade. C'est assez ! Que voulez vous ?
_ Pourquoi être si pressé ?
_ Quel est votre nom ? demanda Sherlock.
_ Vous pouvez m'appeler Ser Hunter.
_ Votre vrai nom ! La police est ici.
Ser Hunter éclata de rire.
_ La police ! Quelle ironie ! Ils croient tous que l’exposition de leurs gallons et de leurs plaque déliera les langues de tous les méchants. Vous pensez que c'est ce que je suis n'est ce pas ? Un méchant.
_ Vous avez commis un meurtre, lui rappelai-je.
_ C'est moi qui l'ai commis mais je n'ai fait qu’exécuter les ordres. Avez vous aimé mon petit film Mr Holmes ?
_ Pathétique , répondit mon ami.
_ Dommage, c'est un ami commun qui m'a soufflé l'idée.
Sherlock changea de couleur. Ce que nous craignions était arrivé.
_ Moriarty. Comment êtes vous entré en contact avec lui ?
_ Moi , je n'ai rien fait. Mon employeur le connais bien et je connais bien mon employeur. Qu'importe, ce n'est pas de lui que je veux parler.
_ Que voulez vous alors ? Demanda Lestrade.
_ Une nouvelle identité, l'assurance que je ne serai jamais poursuivi pour mes crimes et, si ce n'est pas trop vous demander, une jolie villa sur la côte Californienne.
_ En échange de quoi ? demanda le policier estomaqué. Vos aveux complets et l'identité de votre employeur ?
_ Sûrement pas, il me tuerai.
_ Vous êtes fou ! Sans monnaie d'échange nous n’accepterons rien.
Ser Hunter eut un grand sourire et la caméra bougea. Au fond de la cave les corps de six enfants gisaient, inanimés. Chacun d'eux étaient perfusées et reliées à une colonne d’hôpital.
_ Vous les avez drogués ! m'écriais-je.
_ Quel sens de l'observation, docteur ! Très impressionnant. Ne vous inquiétez pas, ce n'est que de la morphine, ils sont pour le moment au pays des rêves. Cependant je peux aisément augmenter la dose et les envoyer au pays des anges. Le choix est simple, n'est ce pas ? Ma liberté totale et mon silence contre la vie de ces six petits bout de choux.
_ Ordure ! s'exclama Lestrade.
Ser Hunter éclata de rire.
_ Vous avez deux heures et demi pour choisir. Je vous recontacte bientôt.
_ Attendez ! s'écria Sherlock.
Mais l'écran était redevenu noir. Il y eut une silence qui s'éternisa. Sherlock avait rejoint ses mains sous son menton et ses yeux fixaient l'écran comme s'il cherchait à faire réapparaitre Ser Hunter du regard. Ce fut Kate qui brisa le silence en demandant d'une petite voix :
_ Qu'allons nous faire ?
_ Toi rien, répondit son père. Tu vas rentrer à la maison , cela devient dangereux et je ne veux pas que tu sois ici si ça tourne mal. Tu es trop jeune et …
_ Je refuse ! Je ne rentrerai pas à la maison !
_ C'est hors de question ! Cet homme est dangereux !
_ Tu crois que je ne le sais pas ? Avant même que l'on ne se retrouve j'ai étudié des criminels. J'ai étudié leur psychologie, leurs réactions, c'était mon boulot, la psychologie criminelle. Je devais définir si les meurtriers étaient malades mentaux ou non et ce qui peut les faire plier ou amener leurs aveux. Je connais les gens de son acabit, je sais ce qu'ils sont. Il est même possible que je sache ce dont est capable cet homme mieux que toi.
Lestrade resta désemparé de la réaction de sa fille. Pour illustrer ses propos, elle pointa l'écran et continua :
_ Cet homme est un psychopathe dénué de sentiments ou de pitié, il a déjà tué et il recommencera. Quand il dit qu'il tuera ses enfants, il le fera de sang froid si nous n'obtempérons pas. Cependant, il semble acculé par son patron qui lui refuse son paiement. Ser Hunter n'est pas un homme particulièrement intelligent, c'est une machine à tuer qui répond aux ordres d'un cerveau.
_ Qu'est ce que vous avez dit ? demanda brusquement Sherlock.
_ Heu...une machine à tuer ?
_ Après !
_ …qui répond aux ordres d'un cerveau.
_ Moriarty ! Encore Moriarty ! Tout nous ramène à lui. Il est clair que le commanditaire du meurtre de Mona O'Conell et le patron de Ser Hunter fait partie du réseau de Jim Moriarty.
_ Je croyais que tu l'avais complètement démantelé ? dis-je.
_ Je le croyais aussi... mes patchs ! Il me faut mes patchs, je dois réfléchir.
_ Ils ne sont pas là, tu va devoir faire sans.
_ Je dois réfléchir ! Palais mental !
Sherlock se roua en boule sur le canapé et ne dit plus rien,sous le regard intéressé de Kate. La jeune femme semblait très calme et supportait la situation avec une maturité et une maîtrise de ses sentiments étonnante. Elle semblait beaucoup intéressée par Sherlock, d'un point de vue psychologique et scientifique particulièrement. Elle lui ressemblait beaucoup selon certains points de vue : elle semblait très intelligente et m'avait prouvé que son esprit était très vif et sa déduction était à l'image de celle de mon ami. Elle semblait également très indépendante et allergique à toute forme d'autorité. Mais contrairement à lui, elle portait un intérêt affectueux aux autres et avait une vision plus optimiste de ses semblables et de la vie en général.
Lestrade appela le Sergent Donovan pour connaître la liste des enfants disparus ces derniers mois. Elle renvoya une série de photos de tous les enfants que la police n'avait pas retrouvé cette année. Grâce à impressionnante mémoire de Kate , nous pûmes mettre un nom sur chacune des frimousses enfantines retenues prisonnières par Ser Hunter. Cela nous prit trois bon quart d'heure et le temps filait dangereusement. Le meurtrier finit par nous recontacter. Sherlock sortit de sa transe et revint s’asseoir près de l'ordinateur.
_ Re-bonjour mes amis ! Vous m'avez beaucoup manqué ! J'espère que vous avez tout décidé. Votre réponse ?
_ Vous ne nous laissez pas vraiment le choix, soupira Lestrade. C'est oui, relâchez ces enfants.
_ Je ne suis pas d'accord, dit Sherlock à la grande surprise de tous, y compris de Ser Hunter.
_ Comment cela ? demandai-je, sur de ne pas avoir bien entendu.
_ Nous ne pouvons accepter les conditions de cet homme.
_ Et pourquoi cela je te pris ?
Sherlock rabattit l'écran de l'ordinateur en disant :
_ On vous recontacte.
_ Sherlock Holmes êtes vous devenu fou ? s'écria Lestrade.
_ Pas du tout, je vous assure.
_ Alors il faut accepter les conditions de Ser Hunter et libérer ces pauvres enfants. Pour certains cela fait six mois qu'ils ont été arrachés à leur famille.
_ Nous ne pouvons accorder le silence à cet homme. Il en sait trop. Il est notre unique piste pour remonter jusqu'au commanditaire du meurtre de Mona O'Conell. C'est un homme très intelligent et ne paraît pas à visage découvert. Si nous perdons Ser Hunter, nous perdons son patron et ses agissements préjudiciables avec. Si nous perdons Ser Hunter le sacrifice de Mona n'aura servi à rien.
_ Quels sont ces « agissements préjudiciables » ?
_ Je ne sais pas mais cela a sûrement un rapport avec Moriarty.
J'avais entre temps rallumé l'ordinateur et repris contact avec notre interlocuteur. Celui ci eu un sourire amusé quand il vit la mine renfrognée de Sherlock.
_ Alors, qu'elle est votre réponse ? Il vous faut vous dépêcher, dans un peu plus d'une heure et demi, ces petits anges irons rejoindre leurs amis au ciel.
_ C'est oui ! dis-je. C'est oui !
Ser Hunter éclata de rire.
_ Ce n'est pas de votre bouche que je veux entendre la réponse mais de celle de Mr Holmes.
Sherlock regarda l'écran et après une grande inspiration, il dit :
_La réponse est non. Nous avons le devoir de vous arrêter et vos accorder notre protection n'est pas le bon moyen pour vous arrêter.
Le meurtrier ne s'attendait apparemment pas à ce que Sherlock refuse ses conditions. Il semblait vraiment tenir à cette protection. Il mit quelques instants à reconstituer son masque souriant et dit :
_ Comme vous le désirez Mr Holmes. Quand le réveil affichera que le temps est écoulé, les enfants seront morts. Je les tuerais de sang froid. Vous aurez six petits cadavres sur la conscience.
_ Je n'ai pas de conscience.
_Je l'espère pour vous. Adieu Mr Holmes.
L'écran redevint noir. Sherlock se redressa avant de s'affaler sr la table : le crochet de Lestrade l'avait cueilli à la pommette. Sa tête heurta violemment le coin de la table et il s'étendit de tout son long sur le sol. Il parvint à éviter un coup de pied de justesse en roulant sur le côté. Je du retenir le policier avant qu'il ne tue mon ami. Kate l'aida à se relever
_ Vous n'auriez pas du le frapper, dis-je.
_ Pardon??!!
_ Vous auriez du me laisser faire.
_ Personne ne voit donc ce que je vois? hurla Sherlock.
_ Ce que nous voyons c'est que tu a livrer six innocents à une mort certaines ! Qu'est ce qui ne va pas chez toi ? criai-je à mon tour.
_ Cet homme est dangereux, il faut l’arrêter. Il détient malgré tout des informations d'une importance capitale ! Comme je l'ai dis si nous le perdons nous perdons son patron. Peut-être cet homme fait-il partie d'une organisation terroriste et fait partie du gouvernement. Et surtout, surtout, il a des informations sur Moriarty. Nous le tenons John, nous le tenons !
_ Nous ne tenons rien du tout. Cet homme va disparaître dans la nature après avoir commis sept meurtres. Au minimum !
_ Je le retrouverai après ? Quand je tiendrai Moriarty.
_ Encore Moriarty ? Tu ne peux pas résumer ta vie à la recherche de ce fou ! Nous ne sommes même pas surs qu'il soit toujours en vie.
_Nous devons sauver ces gosses, ordonna Lestrade qui peinait à garder son calme. C'est vous qui nous mettez dans cette situation Holmes, c'est vous qui allez nous en sortir. Allez dans votre putain de palais mental et trouvez une solution.
Sherlock soupira et se prit la tête entre les mains. Il se passa un quart d'heure durant lequel Lestrade passa des appels à tous les postes de police de Londres pour tenter de retrouver ces pauvres gamins.
_ Une heure vingt ! Il reste une heure vingt ! s'écria Kate en montrant le réveil.
Je donnais un coup de pied à Sherlock pour le faire revenir à la réalité.
_ Alors ?
_ Rien. Je ne peux pas me concentrer. J'ai besoin de mes patchs. Personne ne voit que je suis en manque ?
_ Nous n'avons pas le temps de parler de tes addictions.
_ Il est trop tard, dit-il, il les aura déjà tué.
Je crus que j'allais m'étrangler. Lestrade quitta l'appartement en jurant. Je le vis entrer dans sa voiture claquant la porte et démarrer au quart de tour.
_ Sherlock, fais quelque chose, le suppliai-je.
_ Nous allons avoir Moriarty, John.
_ Laisse Moriarty en dehors de tous ça ! C 'est de la vie de ces enfants qu'il s'agit. N'éprouves tu donc pas un soupçon de pitié ?
_ Si ces laisser tomber ces enfants peut permettre de sauver l'Angleterre alors je les regarderais mourir sans hésiter.
Je ne puis résister à mon tour. Je le frappai de toutes mes forces à la joue gauche.
_ Ils avaient raison, tu sais.
_ Qui ça ?
_ Tous. Tu n'as pas de cœur.
Sur ce, je le plantais là et m'en allai, Kate sur les talons.