Le coeur du probleme.

Chapitre 1 : The game is on.

4533 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/08/2015 20:18

Le cœur du problème.

 

Extrait du blog de John H. Watson :

 

Vendredi 01 Décembre

 

Lorsque mon réveil sonna ce matin là, j'eus toutes les peines du monde à m'arracher au confort de mes draps et à la chaleur des bras de Mary, nonchalamment enserrés autour de ma taille. Je m’octroyai quelques instants pour la contempler dormir, heureux qu'elle récupère de ses longues journées au cabinet. Depuis que je savais qu'il y avait un tout petit être au chaud au creux de ses reins, son confort m'importait plus que jamais, peut être même trop. Mary elle même en avait assez que je la couve 24h/7j. J'entendais déjà la voix de Sherlock me dire « John, laisse la respirer. Elle ne te le dis pas mais cet acharnement affectif, que tu appelles petites intentions est inutile. Au passage, je vois que tu as pris 3kg, ce qui prouve que tu suis les habitudes alimentaires de ta femme. Dois-je te rappeler que tu n'as pas de fœtus à nourrir ? » Peut-être ajouterai t-il  « Veux tu une bouteille de lait ? Je sais que tu n'en as plus.» Et impossible de comprendre comment il en savait autant juste en me regardant. D'après lui c'était évident et même élémentaire ! Tu parles ! Enfin bref...toujours est-il que je me dirigeais vers la cuisine en traînant les pieds.

Un joyeux spectacle m'attira l’œil par la fenêtre. De gros flocons blancs tombaient sur Londres qui s’éveillait, déjà enveloppée dans un grand manteau blanc. Il avait du neiger toute la nuit et c'était rare à cette période de l'année. Qu'importe ! J'adore la neige ! Elle me met toujours de bonne humeur et cette fois ci n'échappera pas à la règle. C'est ce qui m'avait le plus manqué durant mes années de services en Afghanistan : pas le moindre flocon et 20°C en hiver. Tu parles d'un hiver...

Après avoir bu mon café (sans sucre comme toujours ) et avoir jeter un coup d’œil dans le réfrigérateur pour vérifier qu'il y avait toujours du lait, je m'habillai chaudement et partis affronter le froid et la neige. J'appelai un taxi qui me conduisit vers mon cabinet médical en traçant une marque toute fraîche dans les rues enneigées. Les décorations de noël fleurissaient partout en ville et l'approche des fêtes me rendait heureux. Mon esprit divagua vers Mary : l'année prochaine nous serons trois à fêter Noël à la maison. Peut être le fêterions nous avec Sherlock et Mrs Hudson Baker Street et le bébé serait la mascotte de la soirée. Peut être même de Sherlock. Pouvait-il se montrer intéressé par une chose aussi insignifiante qu'un bébé ? Je ne sais pas et peu importe après tout. Il sera là que mon sociopathe et excentrique ami le veuille ou non.

Penser à mon ancien colocataire me donna envie de le voir et comme j'étais en avance je payai le taxi et me dirigeais à pied vers Baker Street. La neige crissait sous mes pas et le froid piquait mes joues d'une manière très vivifiante. Devant la porte du numéro 221 B je levai le nez vers les fenêtres. Les rideaux étaient fermés et tout semblait dormir. Mr Holmes faisait la grasse matinée. Un peu déçu, je me remis en route. Cela devait bien faire deux semaines que je n'avais pas vu Sherlock et sans doute autant de temps que mon ami n'avait mis le nez dehors. Il devait s'ennuyer ferme car aucune enquête digne de l'intéresser ne semblait vouloir se présenter. Du moins d'après ce que j'en savais et des contacts fréquents que j'avais avec Lestrade. Le policier de Scotland Yard avait juré de ne jamais le contacter sans me prévenir car Sherlock était revenu à ses lubies de cavalier seul et sa dernière expérience s'était terminée dans les prisons de Dublin et pour laquelle j'avais du passer des heures pénible avec Mycroft Homes avant de pouvoir le décider à payer la caution de son petit frère.

En reprenant ma route vers Wells Street où se trouvait mon cabinet, je me promis d'aller rendre visite à mon ami le soir même ou tout au plus le lendemain.

 

Finalement, mes détours me firent arriver en retard et ma journée commença dans la précipitation. Pourtant, rien de passionnant ne se profilait à l'horizon : étant vendredi c'était la huitième gastro-entérite de la semaine et j'avais déjà diagnostiqué quatorze rhumes, six bronchites et trois grippes. Les gens semblaient encore étonnés de tomber malade en hiver. Mon ironie me fit sourire car je commençais à penser comme Sherlock Holmes, que la bêtise des "petites gens", comme il appelait le commun des mortels, faisait rager. Inutile de préciser qu'il me classait lui même dans la catégorie "petites gens". Mary arriva comme à son habitude à 9h30 pour prendre son poste de secrétaire médicale et la journée fut une journée banale, normale, bref...ennuyante.

Ce ne fut que vers 14h30, alors que ma salle d'attente était pleine à craquer ( de petites vieilles avec des rhumes ) que mon portable vibra sur mon bureau. Mon patient, Mr Brown qui me parlait depuis dix minutes de ses problèmes de transit, s'interrompit et me lança un regard noir. Je résistais à l'envie de regarder le message et je prescrit rapidement des laxatifs à Mr Brown qui s'en alla, persuadé que j'avais bâclé le rendez-vous. Enfin je saisis mon portable et y trouvai un message de Greg Lestrade :

«Suis à Baker St, affaire digne d'intéresser SH. »

Mon cœur se mit à battre plus fort. Une enquête ! Enfin ! Je répondis :

«Suis au cabinet. Ne pourrais me libérer avant 19h. »

Je revins à mes malades en me demandant ce que Lestrade avait proposé au détective consultant qui me faisait office de meilleur ami. Un quart d'heure plus tard, je reçus un second message. Cette fois ci, je le consultait immédiatement.

«SH ne veut pas de l'affaire. Il refuse de sortir et je viens de me faire insulter 3 fois. Cette affaire est pourtant très importante. »

«Un meurtre ? »

«Oui mais Il n'en veut pas. »

«Peut être n'a-t-il pas d’intérêt ? »

«Si, c'est un meurtre très mystérieux. »

«Comment ça ? »

Lestrade ne répondit plus rien pendant dix minutes. Puis...

«Je laisse tomber. Cette tête de mule ne veut rien entendre. J'ai du lui confisquer son revolver, il a failli tuer Anderson. Laissons le à ses idées noires, il me dégoûte. »

Lestrade n'avait vraiment pas l'air content. J'étais moi même un peu déçu : un peu d'action m'aurait fait le plus grand bien. Je m’apprêtais à appeler un nouveau patient quand l'arrivée d'un nouveau message fit vibrer mon téléphone. Que voulait encore Lestrade ? Mais cette fois ci, le SMS était de Sherlock lui même.

«Affaire palpitante. Rdv Baker St dans 10 min. »

Je croyais qu'il avait refusé l'affaire ! Je lui fit part de mon impossibilité de quitter le cabinet.

«On ne peut pas laisser passer un cas comme celui là ! Rdv Baker St dans 5 min. »

«J'ai des patients. »

«4 minutes.»

Avec un gros soupir mais aussi une pointe d’excitation, je sortis de mon cabinet et lança à Mary.

_ J'ai une urgence ! Décale mes rendez vous à lundi ou donne les au Docteur Jackson.

Le Docteur Jackson était un tout jeune praticien qui était toujours ravi de me dépanner et de s'occuper de mes patients quand j'avais une "urgence" soit quand Sherlock me mandait au beau milieu de la journée.

_ Quelle genre d'urgence ? demanda Mary.

_ Une histoire de vie ou de mort, répondis-je en mettant mon manteau en hâte.

Le sourire de ma femme me fit comprendre qu'elle avait saisi l'allusion et qu'elle savait où j'allais.

 

Quand je sortis, un vent froid me gela le visage et je tachai de m'emmitoufler au maximum dans mon manteau. Il avait cessé de neiger mais les timides rayons du soleil ne parvenaient pas à percer l'épaisse croûte nuageuse qui semblait envelopper Londres dans un coton léger. C'est moité courant-moitié glissant que je rejoignis Baker Street. C'était fermé à clé mais j'avais toujours mon trousseau et je m'engouffrai avec une rafale de vent au numéro 221 B. Mrs Hudson m'entendit entrer et se précipita vers moi en riant.

_ Oh John ! Quel plaisir de vous voir ! J'espère que vous allez sortir Sherlock d'ici, l'appartement empeste, je crois bien qu'il n'a pas aérer depuis deux semaines.

Je me dirigeais vers l'escalier et entrai dans l'appartement sans frapper. Effectivement, une forte odeur de renfermé emplissait l'atmosphère et les rideaux tirés donnaient un sentiment d'étouffement. Je ne vis Sherlock nulle part. En enjambant un petit tas de tissus bleu que j’identifiai comme sa robe de chambre, je rejoignis mon fauteuil favori, celui dans lequel je m'étais assis en entrant ici pour la première fois. Rien n'avait changé, comme si la pièce était restée figée depuis ce jour là. Pourtant, Dieu seul sait le nombre de choses étranges qui se sont déroulées ici. Cet appartement a vu les centaines de clients de Sherlock Homes et a entendu les centaines de remarques blessantes à mon égard. Cet endroit avait vu Moriarty et Irène Adler avant que l'un et l'autre ne meurt. Cette pièce avait vu Sherlock mort et ressuscité.

_ Bonjour John.

La voix grave de mon ami me tira de mes rêveries avec un sursaut.

_ Tu m'as fait peur ! lui reprochais-je.

_ Pourquoi ? Tu ne pensais pas me voir ici ? C'est là que j'habite, tu sais.

Derrière le sarcasme je relevai le reproche : je n'étais pas venu le voir assez souvent et il m'en voulait quoi que bien trop fier pour admettre que je lui avait manqué. C'était comme ça avec Sherlock, mieux valait ne pas attendre de gentilles intentions ou de compliments mais il fallait savoir encaisser toutes ses remarques, vraies pour la plupart. Bon d'accord...il faisait mouche à chaque fois. Mais depuis tout ce temps passé à ses côtés j'avais appris à le déchiffrer, où tout au plus à effleurer la personnalité de cet être compliqué et misanthrope. Je crois d'ailleurs pouvoir me vanter d'être celui qui le connais le mieux même s'il ne cesse de me surprendre. Toujours est-il que j'avais compris que je lui avait manqué et je m'en flattai quelques instants.

_ Tu as un nouveau cas ? demandais-je ignorant la remarque.

_ Oui. Il a l'air passionnant.

_ Lestrade m'a dit que tu avais refusé, avouais-je alors que nous descendions l'escalier et que Sherlock appelai un taxi.

_ Cela ne fait que valider une de mes théories, répondit-il en me lançant un regard noir.

_ Valider une théorie ?

_ Cela fait quelques jours que je me doutais que tu étais en contact avec Lestrade. Le fait que tu ais été étonné que j'accepte l'affaire prouvait que tu étais en relation avec Lestrade car il était le seul à qui j'avais signifié mon refus. Tu est tombé dans ton propre piège, John.

_ J'aurais du savoir que l'on ne pouvait rien cacher au très grand et très perspicace Sherlock Holmes ! répliquai-je, très sarcastique et vexé d'avoir été démasqué.

_ Tu aurais du en effet. Espionner ses amis ne se fait pas, tu devrais le savoir toi qui est si porté sur le savoir vivre.

_ Se soucier du confort et du bonheur de ses amis est quelque chose de très courant.

_ Je ne suis pas un enfant qu'on surveille, Mycroft ! cria-t-il.

Il m'avait surpris, tant et si bien que je ne pus rien répondre et notre dispute tourna court.

_ Je m'appelle John, rappelai-je d'une voix timide après de longues minutes de silence.

_ Je sais.

_ Tu m'as appelé Mycroft.

Il ne répondit rien et regarda obstinément pas la fenêtre. Je me raclai la gorge et tentai de relancer la conversation :

_ Alors pourquoi as tu accepter l'affaire ?

Silence.

_ Qu'a-t-elle de si extraordinaire cette enquête ?

Silence.

_ Allez, Sherlock, arrête de bouder. Qu'est ce que le mort a de si spécial ?

_ Rien.

_ Rien ? Sherlock Homes n'accepte pas une affaire sans raison. Tu m'as dit toi même qu'elle était passionnante.

_ Je sais ce que j'ai dit. J'ai dit que l'affaire était passionnante et que le mort, qui est une morte, n'a rien de spécial. C 'est ce qui rend l'affaire passionnante.

_ Je ne comprends pas.

_ La morte est juste morte. Pas de blessures, pas de signe d'empoisonnement, rien. Elle est morte.

_ Une attaque cardiaque ?

_ D'après Anderson. Il est stupide et Lestrade n'y crois pas.

_ Quand à toi ?

_ Non plus.

_ Quelle est la cause de ce décès à ton avis ?

_ Il me faut voir la scène de crime avant de me prononcer.

_ Autrement dit : tu ne sais pas.

_ Ce n'est pas ce que j'ai dit.

_ Mais c'est le cas.

_ Je n'ai aucune théorie arrêtée !

Je décidai de ne pas plus le taquiner car il pouvait aussi bien décider de me laisser sur le bord de la route et de continuer sans moi si je le poussais à bout.

Cela faisait du bien de le retrouver.

 

Nous arrivâmes aux abords d'un immeuble dans un état correct au sud de Hyde Park. Les banderoles jaunes de la police parquaient la zone mais Sherlock et moi même étions suffisamment connus dans la police pour passer les contrôles sans problèmes. Nous fûmes accueillis par un froid : _Salut les tarés, de la part du sergent Sullivan.

Cette femme détestait Sherlock par dessus tout et ne m'aimait pas beaucoup plus depuis le jour où j'avais dédaigné son avertissement. «Si j'étais vous je ne traînerais pas avec lui. » avait-elle dit la première fois que mon ami m'avait emmené sur l'une de ses affaires.

Greg Lestrade se tourna vers nous et écarquilla les yeux quand il nous reconnu. Il prit un air renfrogné mais quelque chose me lassa penser qu'il était soulagé. Il vint vers nous et lâcha :

_ Vous avez enfin décider de nous honorer de votre présence ?

_ En effet, répondit mon ami les mains dans les poches. Où est-le cadavre ?

_ A l'intérieur.

Sherlock se dirigea vers l'immeuble mais Lestrade le retint par le bras.

_ Il y a ses parents à l'intérieur. Ils ne savent pas qui vous êtes, je leur ai parlé de vous mais ils sont écossais et n'ont même jamais entendu parler de détectives consultants. Alors soyez...enfin ne soyez pas...

_ Moi même ?

_ S'il vous plaît.

Sherlock fronça les sourcils, ses pupilles glacées fixèrent le policier, puis, contre toutes attentes, il acquiesça. De sa démarche souple, il reprit son chemin vers la porte de l'immeuble, Lestrade et moi même sur les talons.

_ Quel étage ? demanda Sherlock.

_ J'aurais penser que vous auriez deviné, répondit-il, amer.

_ Lestrade vous restez ici, dit tout à coup mon ami. Ne montez pas jusqu'à ce que je vous appelle. Veillez à ce que personne ne passe cette porte.

_ D'accord mais pourq...

Il ne put finir sa phrase car mon ami lui avait claqué la porte au nez et commençait à grimper les marches quatre à quatre.

_ Quel étage alors ? demandais-je.

_ Le quatrième.

_ Il y avait un ascenseur, fis-je remarquer.

_ Tu as besoin d'exercice.

_ Je te demandes pardon ?

_ Du nerf, John !

Sur ce, il se mit à courir dans l'escalier. Je le suivais et nous nous arrêtâmes, essoufflés au troisième étage.

_ A partir de maintenant, dit-il, tu n'es plus John Watson, tu es moi et je suis toi.

_ Pardon ?

_ Tu vas enfin avoir l'honneur de savoir ce que ça fait d'être moi. Tu n'es plus, et ne seras jamais, pour les gens que nous allons voir, le docteur John Watson. Tu seras le génial détective consultant Sherlock Holmes qui aura résolu le meurtre de leur fille.

_ Pourquoi veux tu que nous échangions nos rôles ?

_ J'ai promis à Lestrade de ne pas être moi même. Quoi de plus facile si je suis toi l'espace de quelques heures. Tu as du sûrement remarquer à quel point notre policier préféré à insisté sur le fait que ces gens ne me connaissaient pas. Il a touché sa montre deux fois, il fait tout le temps ça quand il est nerveux. Il tenait à ce que je me tienne bien et plus que d'ordinaire. Je me demande bien pourquoi. Comme si cette affaire avait quelque chose de particulier, quelque chose de différent.

Il marmonna pendant quelques instants.

_ Tu crois que je devrais mettre ta casquette ? demandais-je innocemment.

_ Ce n'est pas ma casquette. Tu dois juste inspecter la pièce comme je le fais et tirer des conclusions de ce que tu vois. Rien de très difficile.

_ Je ne suis pas toi, je n'ai pas ta capacité de déduction.

_ Je t'aiderai au besoin.

Nous montâmes alors la dernière volée d'escalier et trouver la bonne porte ne fut pas chose difficile : des banderoles jaunes en barraient l'entrée. Sur le seuil, un couple d'une cinquantaine d'années, en pleurs, parlait avec le psychologue de la police. Je m’apprêtais à aller vers eux quand Sherlock me devança et salua le couple d'un ton compatissant.

_ Vous devez être Mr et Mrs O'Conell, dit-il. Je suis vraiment désolé pour votre fille. Je vous assure que mon ami Sherlock Holmes va trouver qui a fait cette horrible chose. Il est le meilleur.

Je rêve ? Il s'envoie lui même des fleurs ! Il m'envoya un regard insistant et je me rendis compte que j'étais resté trop longtemps inactif pour être crédible. Qu'aurait-il fait à ma place ? Je saluai froidement le couple et entrai dans l’appartement pendant que Sherlock tentait de calmer Mrs O'Conell. Je dois avouer qu'il était plutôt bon acteur. Nous nous approchâmes de la victime : elle ne devait pas avoir plus de 25 ans, elle était très brune et faisait environ 1m60. Elle se tenait assise sur le canapé dans une posture très naturelle et seul son regard vide laissait paraître le fait qu 'elle était morte. Je n'avais d'ailleurs pas tout de suite compris qu'il s'agissait de notre victime. On pouvait attendre à tout instant à ce qu'elle se lève et qu'elle vienne nous saluer. En m'approchant du corps, je remarquais qu'elle n'avait effectivement aucune raison d’être morte. Aucune plaie, aucune contusion, aucun signe de spasme du à un poison violent, aucun rictus facial du à une attaque. Rien. Elle était juste là, le visage serein, assise sur le canapé bleu et bon marché, habillée d'un jean et d'un t shirt blanc trop grand, ses pieds nus sur la table basse, une main posée sur le ventre et l'autre sur l'accoudoir. Elle tenait dans sa main gauche un smartphone de la marque Samsung, un modèle vieux de deux ans. Sherlock m'avait rejoins et ses yeux bleus parcouraient la pièce, ne s’arrêtant qu'un instant sur chaque détail, mais, je le savais, en enregistrant méthodiquement chaque informations qu'il pouvait en tirer. Je savais que des milliers de théories fourmillaient dans sa tête, son palais mental et qu'il brûlait d'en faire part au monde entier. Mais aujourd'hui, dans cette pièce, Sherlock Holmes c'était moi.

_ Vous avez quelque chose Mr Holmes ? me demanda Mr O'Conell d'une voix enrouée.

J'échangeais un regard furtif avec Sherlock.

_ J'ai sept idées, annonçais-je.

Mon ami eut un sourire fugace et repris son air affable de gentil et compatissant médecin. Ayant l'impression d'être parfaitement idiot, je pris un livre sur la table, le feuilletai et rectifiai :

_ Je dirais plutôt cinq idées.

Le rire de Sherlock fut étouffé par l'arrivée d'une jeune femme, environde l'âge de la victime, blonde avec des yeux bleus très brillants. Elle portait un mug fumant et le tendis à Mrs O'Conell qui la remercia, la voix chargée de larmes.

_ Qui êtes-vous ? demandai-je à la nouvelle venue.

Sherlock leva les yeux a ciel, l'air de dire : «tu aurais du le savoir ».

_ Je m'appelle Kate, c'est moi qui est découvert Mona...

_ Quelles sont vos relations avec Miss O'Conell ? demanda mon ami même s'il devait déjà le savoir.

_ C'était ma colocataire... Je n'ai emménagé ici que depuis un peu plus d'un mois et nous étions assez proches...Mr ?

_ Watson ! Docteur John Watson. Voici mon ami et collègue Sherlock Holmes, nous aidons la police pour cette affaire.

Sherlock serra la main de la jeune femme et ils se dévisagèrent longuement l'un l'autre. Me demandant ce qu'il pouvait bien se passer entre ces deux là, je m'adressais à la dénommée Kate.

_ A quelle heure avez vous trouvé Miss O'Conell dans cet état ?

Je faisais trop dans la dentelle, je devais être plus direct dans mes questions.

_ Je dirais vers 13h30, j'ai immédiatement appelé la police.

Sherlock la remercia de sa coopération et elle resta là, à nous regarder faire pendant plusieurs minutes. Elle nous fixait des ses prunelles bleues et quand je croisais ses yeux j'avais l'impression de me noyer dans l'immensité d'un océan. Son visage, jeune et souriant, était encadré par de longs cheveux blonds. L'ensemble faisait d'elle une jeune femme plutôt jolie mais d'une beauté qui sait rester discrète. Sa présence rendait Sherlock nerveux, je le voyais, mais il s'appliquait à ne pas la regarder quand je pouvais le voir. J'interceptai malgré tout des regards scrutateurs quand il croyait que j'avais le dos tourné. Tentant d'ignorer ce curieux manège, je me tournai vers le cadavre.

_ Docteur Watson ? Puis-je vous parler une minute ?

Sherlock et moi relevâmes la tête dans un bel ensemble et le regard noir de mon ami me fit comprendre que j'avais gaffé. Mine de rien, je retournai à mon ouvrage. Sherlock, accroupi devant la table basse, déplia ses longues jambes et debout face à la jeune femme, il dit :

_ Bien sur, que voulez vous ?

_ Pas ici. Dans la cuisine, s'il vous plaît, docteur.

Après m'avoir lancé un regard, il suivit Kate. J'entendis la porte se refermer puis plus rien.

 

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