Stay high all the time [to keep you off my mind]

Chapitre 1 : os

2533 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/01/2024 21:22

Lip’ essaye de ne pas penser aux sons qui sortent par la fenêtre au dessus de sa tête. Il est heureux de savoir que Mickey et Ian ont réussi à parler et résoudre leurs problèmes, il est heureux de le savoir. Il voudrait le savoir d’une autre manière. Il laisse la fumée de sa clope le distraire pendant quelques minutes avant de secouer la tête une seconde.

Comme pour virer une pensée perverse. Mauvaise. Tortueuse.

Il regarde la fumée et essaye de ne pas penser aux membres de la famille Milkovich une nouvelle fois.

Tami vient d’arriver avec Freddie sur la hanche, levant la tête vers la fenêtre ouverte au dessus d’eux, avant de le regarder d’un drôle d’oeil.

Il sait, il sait que dans sa façon de vivre, épier comme cela les membres de sa famille est quelque chose de pervers, d’atroce, d’incestueux. Mais dans le SouthSide c’est une façon de savoir que les autres sont encore en vie. Encore en forme. Avec encore la volonté de continuer.

Elle se pose avec lui, lui donnant leur fils auquel il sourit. Freddie est une étincelle de bonheur dans sa vie, qui fait cramer un feu qu’il ne pensait pas pouvoir allumer un jour. Il regarde son petit gars et se dit qu’il a réussi quelque chose de bien. De très bien. De p’être parfait.

La blonde lui prend une cigarette dans son paquet et il éteint la sienne pour éviter que le garçon ne soit déjà enfumé à son arrivé dans la vie.

« Qui est avec Ian ? » il veut répondre mais son frère le fait pour lui quelques secondes plus tard, avec bien plus d’enthousiasme qu’il n’aurait jamais pu avoir en prononçant le nom de son beau-frère. « Mickey donc. »

Il veut rire de la situation. Parce que Dieu c’est ridicule. Mais il n’en fait rien. Il acquiesce seulement, faisant trotter son fils sur ses genoux.

Il se fout que Carl s’ajoute à eux, grognant sur le fait qu’il n’arrive pas à se concentrer sur quoique ce soit dans la baraque avec les murs qui tremblent. Il se fout que Tami prenne ça comme une raison de plus de vivre loin d’eux, loin de sa famille qu’il a bien trop dans le coeur, dans le corps.

Il sait que, techniquement parlant, ils sont tous plus ou moins co-dépendant. Fiona les appelle chaque soir ou presque, chacun son tour s’ils ne sont pas tous dans la même pièce à ce moment-là. Il pense toujours à chaque petits trucs pouvant améliorer leur vie quotidienne. Ian sert toujours de grand-frère slash paternel numéro deux – ou trois si on compte Frank-. Debbie et Carl reprennent les rênes des factures, des petits-boulots. Liam vit sa vie d’enfant comme ils n’ont jamais pu.

Et il se fout que Tami les juge sur cela. Elle n’a pas vécu ce qu’ils ont vécu. Elle ne pourrait jamais comprendre.

Pas comme d’autres. Pas comme Mickey. Pas co…

Il pousse un soupir.

« Ce Mickey » commence la blonde avec une voix quelque peu pincée, quelque peu dédaigneuse « c’est qui ? »

Il sait que, techniquement parlant, ce ne doit pas être la première fois qu’elle entend ce nom depuis qu’elle traîne dans la maison Gallagher. Mais il est vrai qu’ils ne lui ont jamais dit quoique ce soit sur lui, sur leur histoire avec Ian. Sur leur histoire avec certains Milkovich.

Carl et lui se regardent une seconde, se demandant tout deux comment expliquer cela à quelqu’un qui n’a rien vu, quelqu’un d’extérieur, quelqu’un qui n’est pas du SouthSide.

Il sait, il sait que sur certains points de vues, Ian et Mickey peuvent paraître toxiques. Il a découvert ça en écoutant les nombreuses conversations qui se trouvaient autour de lui à la fac, dans l’entourage de Tami. Dans les réunions.

Mais ici, ici dans le SouthSide, beaucoup de choses étaient à la limite du toxique sans l’être.

« Son mec. » répond son frère « Il vient de sortir de prison, là où était Ian. »

Il voit que la réponse, juste et véridique bien que partielle, ne plaît pas à Tami. Il n’a même pas besoin de voir sa tête. Juste d’entendre ce petit son de gorge qu’elle faisait toujours quand il disait quelque chose qui ne lui plaisait pas.

« Mickey et Ian ont toujours plus ou moins été ensembles depuis le lycée. » il espère qu’en ajoutant des détails, elle comprendrait qu’ils étaient bien plus que ça. « Ils ont eu des hauts, des bas, des années sans l’autre. Mais ils ont toujours été l’un à l’autre. »

Il se souvient d’une parole que son rouquin de frère lui avait dit, après sa rupture avec Trevor. Que, même si Mickey avait disparu et qu’il pensait avoir tout oublier de leur histoire, il avait fallu un regard, une parole du brun pour qu’il retombe dedans à bras ouvert.

(« Il a dit ‘’Je t’ai sous la peau mec, qu’est-ce que je vais y faire ?’’. Il a dit une phrase, une putain de phrase. Et tout ce que j’avais enfoui a rejailli comme une putain de fontaine. Il y a jamais eu besoin de plus avec lui. Devrait pas avoir a besoin de plus de toute façon.»)

« Premier amour ? » demande-t-elle en lançant un regard vers la fenêtre ouverte, dont les sons ne s’étaient pas calmés pour autant.

« Premier, dernier, âme-sœur, nomme le comme tu veux. » aucun d’eux ne pouvait vraiment le nommer de toute manière « C’était là, c’est là et ça le restera. »

Elle le regarde cette fois. Et il se demande si, pendant une seconde, il n’a pas parlé de autre chose que de Ian et Mickey. Ou qu’il a parlé de deux choses à la fois. Mais elle ne fait qu’acquiescer.

« Tu te souviens quand Mick’ et Mandy vivaient ici ? » il essaye de ne pas tiquer au prénom mais il sait qu’il perd une respiration, qu’il manque un trot pour son fils, un battement de coeur. « Ian a toujours eu froid l’hiver, maison de merde, et deuxième soir où Mickey fût ici, il n’a plus rien dit parce qu’il lui a ramené genre cinq couvertures chaudes sans rien dire. »

« Fi’ ne savait même pas d’où elles venaient. Elle a crû que quelqu’un les avait foutu dans notre machine à la laverie sans faire gaffe. » Carl a un sourire, heureux de se souvenir de cette période où il était encore jeune. « Mickey a juste fait un clin d’oeil à sa soeur parce qu’il nous avait passé une couverture également, vu qu’elle était aussi frileuse qu’Ian. »

Parler d’elle fait toujours aussi mal, visiblement.

« Tu te souviens quand vous étiez tous les quatre entrain de cuisiner ? Parce que Fi’ bossait jusqu’à tard ? » il se souvient oui, certaines des meilleures nuits de sa vie « Personne ne s’approchait du four parce que Mickey frappait tout le monde avec le torchon. »

Carl rit au souvenir et il sourit.

« En même temps, ça sentait drôlement bon son truc. Et vous vouliez toujours vous cramer la bouche pour goûter en premier. »

« C’était quoi ? » demande Tami et il avait presque oublié qu’elle était là. Se perdant dans des souvenirs d’un passé heureux au milieu des tragédies, des arnaques et des pleurs.

« Aucune idée. » répondit-il et son petit-frère rit un peu plus « Ca avait le goût de poulet ? »

« Poulet et fromage. » reprend le brun en lui, lui aussi, piquant une clope dans le paquet à côté d’eux. « Certainement une des meilleures périodes de notre enfance à Debbie et moi. »

Il veut contredire mais il ne peut pas. Il veut dire que ce n’était pas le cas pour lui mais il ne peut pas. Parce que voir Ian heureux était magnifique. Parce que voir Carl parler violence avec Mickey et le voir être compris, rassuré, encouragé à faire mieux n’avait pas de prix. Parce que voir Debbie apprendre à être une jeune fille, une jeune femme, avec celle qu’il aim- aimait, il ne pourrait jamais l’oublier.

Ce fût certainement, absolument, un des meilleures périodes de leur enfance. Quand ils oubliaient tous les mauvais côtés qui allaient avec.

« Mais j’crois que le mieux » fait Carl en laissant sortir la fumée grise de sa bouche « le mieux c’était de voir les yeux de Ian quand il regardait Mickey jouer avec Liam. Ou les tiens, quand Mandy nous embrassait après nous avoir menés à l’école. »

Lip’ a l’impression de s’étouffer pendant quelques secondes. De manquer d’air. De manquer d’alcool. De manquer de tout. De manquer. Elle. Juste elle.

Putain.

« T’es sorti avec la sœur du mec à ton frère ? » et la voix de la blonde est étonnée, remplie d’un jugement qu’il ne comprend pas réellement mais ne veut pas comprendre. Elle était différente d’eux. Peut-être pas assez pour ne pas pouvoir être avec lui mais trop pour les comprendre entièrement.

« C’est drôle d’une certaine manière. » continue Carl sans faire attention à Tami « Mickey a ton âge, Mandy celui d’Ian. Les aînés qui sortent avec les petits-frères et sœurs tient. »

Il aimerai rire avec le brun mais il ne fait que grimacer.

« P’tain cette période me manque. » et il voudrait dire qu’à lui aussi.

Qu’il ferait tout pour retourner au moment où il a merdé pour tout réparer. Mais ce n’est pas possible.

Et, comparé à Ian qui a la chance d’avoir retrouvé son Milkovich, il ne pourra jamais retrouver la sienne.

Cela le bouffe. Cela le bouffe à chaque fois qu’il entend Ian dire Milkovich. A chaque fois qu’il voit les yeux bleus de Mickey, si semblables mais si différents, de ceux de sa jeune sœur. Cela le bouffe de les voir heureux, comme au moment où il l’était également.

Mais, putain de mais, il est heureux comme pas permis pour son frère et ce mec qui fait parti de sa famille depuis si longtemps.

« Dois-je m’inquiéter ? » Tami demande et il sait de quoi elle parle.

Doit-elle s’inquiéter de voir Ian péter un plomb et Mickey ne rien faire ? Doit-elle s’inquiéter pour leur fils ? Doit-elle s’inquiéter d’avoir des gangs, des règlements de compte, dans la maison où son fils va grandir ? Doit-elle s’inquiéter de devoir tous les enterrer alors que Freddie n’est qu’un gosse ? Doit-elle s'inquiéter de voir Mandy reprendre sa place dans leur famille, ses bras ?

« Non. » il sait qu’elle va probablement le faire quand même « Mickey est de la famille depuis le moment où il a finit sur le canapé à boire une bière tout en aidant Debbie à faire ses devoirs de math. »

Elle acquiesce, toujours légèrement inquiète. Il peut le dire dans son langage corporel. Mais elle ne fera rien. Elle lui fait confiance et cela le tue. Cela le fait brûler d’une flamme qu’il pensait avoir perdue pendant des années.

Même si cette flamme est bien petite et terne.

« Qu’est-ce que vous foutez tous sur le palier ? » les interpelle Debbie avec une Franny sur la hanche, revenant d’il ne savait où.

Ils pointent tous la fenêtre ouverte, dont les sons se sont plus ou moins calmés enfin, et elle regarde celle-ci une seconde avant de soupirer.

« J’ai piqué des bouchons lors des courses, sont dans un des meubles du salon. » fait-elle en s’asseyant avec eux.

Franny est tout de suite happée par son petit cousin et Tami reprend ce dernier pour les faire jouer ensemble très doucement.

« OH ! » fit Carl, d’un coup, alors qu’ils sont tous à les deux à leur deuxième cigarette. « Vous vous souvenez du moment où Mandy et Debbie nous ont fait un défilé ? »

Cette fois, il ricane vraiment tandis que sa sœur secoue la tête.

« Je me rappelle surtout de toi en short de gonzesse. » lui lance-t-elle avec un petit sourire.

« Très confortable, hors pour mon zgeg’ j’avoue. » Lui et Tami rient à cela. « Mais franchement, je me rappelle surtout que Ian et Mickey se chamaillaient pour vous défendre parce que ‘’Ma sœur est la plus belle connard’’. »

« Je me rappelle avoir dit ‘’enculé’’. » fait la voix d’Ian, depuis la fenêtre à laquelle il est penché, avec Mickey à quelques centimètres.

Ce dernier lui donne une claque derrière la tête alors que le roux déclare que c’est techniquement la vérité.

« Est-ce que Franny a vraiment besoin de savoir comment se déroule votre vie sexuelle ? » dit-il avec un sourire.

« Est-ce que J’AI vraiment besoin de savoir ça ? » ajoute Tami, une pointe d’amusement dans la voix.

« Besoin non. Mais est-ce que tu vas probablement le voir dans les mois qui arrivent ? Oui. »

« P’tain t’es gentille Debbie. J’aurai dis dans les semaines. » enchéri Carl.

« Semaines ? J’pari la fin de la semaine. »

Son petit-frère lui tend la main et le pari est lancé. Sous les offuscations du couple à l’étage, les rires des deux femmes et la voix mignonne de Franny qui ne comprend rien à tout cela.

Ses yeux croisent ceux de Tami et elle lui offre un sourire amusé. Un sourire empli de confiance. Empli d’acceptation pour sa famille, son frère et son beau-frère.

Ce n’est pas que c’était dans le passé. Ce n’est pas Mandy.

Il le sait.

Mais Mandy est loin. Il ne peut pas la toucher, l’avoir dans le creux de ses bras. Il ne peut pas s’excuser et essayer de reprendre ce qu’ils ont perdu.

Il ne sait même pas si elle le laisserai faire.

Ce n’est pas Mandy. Mais c’est suffisant.

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