Les sides-stories d'Etoiles et chaos

Chapitre 20 : Remise à sa place

2490 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 15:07

TITRE : Étoiles & Chaos - Side-story dix-neuf

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

Side-story dix-neuf : Remise à sa place

Dimanche 12 octobre 1986

Palais du Grand Pope

Il était treize heures. Dans les cuisines, le personnel s'affairait, qui débarrassant la grande table, qui commençant à faire la vaisselle... Un léger brouhaha montait de cette effervescence.

Cinnamon venait de déposer son assiette et ses couverts sur l'évier. Prendre ses repas avec les serviteurs n'avait rien d'une sinécure. L'adolescente savait très bien que ceux-ci ne l'appréciaient guère, pour preuve les regards peu amènes et les réflexions qu'elle surprenait à l'occasion. Et ça ne rata pas.

— Mademoiselle a apprécié le dîner apparemment...

— Tais-toi, elle pourrait baver sur nous quand elle est seule avec le Pope...

Cinnamon sentit ses joues s'empourprer. Toujours cette maudite rumeur ! N'y tenant plus elle se retourna vers les deux femmes qui venaient de parler.

— Désolée de vous décevoir mais vous vous trompez. Entre le Grand Pope et moi il n'y a rien du tout !

Par les dieux qu'elle en avait marre du qu'en dira-t-on ! Rien que l'idée d'un rapprochement intime avec messire Saga lui donnait le vertige et la mettait très mal à l'aise. Cela n'avait rien à voir avec la capacité de séduction du Gémeau, bien réelle (la jeune fille admettait volontiers qu'il était beau comme un dieu), mais, pour une raison inconnue d'elle-même, envisager une telle chose dépassait ses propres forces. Elle ne pouvait pas l'admettre tout simplement.

— C'est ça, elle a le droit de fréquenter le Zodiaque d'Or comme ça, pour rien... marmonna l'une des domestiques avec un mépris certain.

Cette fois, l'adolescente était vexée pour de bon. N'y tenant plus, elle s'écria :

— Ça suffit, taisez-vous ou je vous...

— J'ignorais que ta position privilégiée te montait autant à la tête, petite péronnelle !

Au son de cette voix, Cinnamon sursauta et se retourna, posant sur le nouveau venu un regard effrayé. Les serviteurs devaient ressentir la même peur car les conversations se turent aussitôt, laissant place à un silence pesant. La même ? Non, décida la jeune fille. Elle, elle avait de bonnes raisons de le craindre, contrairement à ces gens... Que diable faisait un Saint d'Or dans les cuisines du Palais, et lui en plus !

Comme s'il se délectait de l'inquiétude ambiante, DeathMask sourit, d'un sourire carnassier.

— Heureusement que je passais par là, tu étais sur le point d'en dire de belles, poursuivit-il à l'attention de l'adolescente. Dois-je te rappeler que tu ne vaux pas mieux qu'une servante ici ? On est bien gentils de t'accueillir parmi nous, il ne faudrait pas que tu en prennes à tes aises !

Mortifiée, Cinnamon baissa la tête. C'était vrai, sur le Domaine Sacré elle n'était qu'une prisonnière, une servante. Cela la révoltait. Cependant, devant le regard du Cancer, elle n'osa pas protester.

— Ce n'est pas que je m'ennuie, mais son Altesse me demande, ajouta l'homme avant de s'en aller.

Intimidée par sa présence, qu'elle ressentait fortement même après son départ, la jeune fille resta un moment sans bouger. Peu à peu, les conversations reprirent et les deux femmes se détournèrent d'elle, satisfaites d'avoir vu l'adolescente se faire sermonner par un Chevalier d'Or, et le plus craint en plus.

Finalement, n'y tenant plus, Cinnamon s'enfuit hors de la pièce.

17 heures - Maison du Cancer

Cinnamon voulait rendre visite à messire Aldébaran, aussi pour l'heure traversait-elle le Temple du Cancer, avec au fond du cœur cette sensation d'angoisse bien connue. Avec un peu de chance, il n'allait pas se manifester..

— On peut savoir à quoi rimait cette scène ?

La jeune fille sursauta et se retourna. Le Chevalier la fixait d'un air sévère et elle déglutit péniblement.

— Je... heu... je suis désolée mais elles m'avaient provoquée et...

— Je ne veux pas le savoir ! Tu étais sur le point de leur révéler ce qui doit rester un secret. Aucun de ces sous-fifres ne doit savoir pour ton pouvoir. Et ça vaut également pour les autres Saints d'Or. Si je te reprends à ne serait-ce que sous-entendre que tu as quelque chose de spécial, je te flanque une raclée, c'est clair ?

Devant la dureté du ton employé par DeathMask, l'adolescente baissa la tête. Mais... ″spécial″, avait-il dit. Elle n'était donc pas n'importe qui !

— Pourquoi devrais-je rester avec les serviteurs, je n'ai rien à voir avec eux, murmura-t-elle. Moi j'ai un pouvoir particulier. Ça me place au-dessus d'eux... un peu comme un Chevalier d'Or...

Cinnamon se retrouva à terre avant d'avoir compris ce qui lui arrivait... Elle sentit une humidité couler sur son menton et elle comprit que c'était du sang. Le cœur battant et le visage en feu, elle fit un terrible effort sur elle-même et leva les yeux sur l'homme, plongeant dans son regard cobalt.

— Comment oses-tu te comparer à l'élite de la chevalerie d'Athéna ? l'admonesta-t-il. Toi qui n'es qu'une fillette insignifiante, une vulgaire esclave ! Tu mériterais une belle correction.

Qu'est-ce que c'était alors que ce coup qu'il venait de lui donner ? Le Saint d'or émit un rire cruel et poursuivit :

— Tu te plains des sous-entendus de ces subalternes, mais à ton avis, pourquoi es-tu autorisée à rester au Sanctuaire ? Tout le monde sait que tu partages le lit du Pope...

— Non, c'est faux ! protesta la jeune fille d'une petite voix.

— Peu importe que ce soit vrai ou non. Arrête de rêver ma pauvre fille, ta réputation est faite depuis longtemps... Maintenant dégage ! Et si jamais tu parles...

La jeune fille frémit sous la menace et se releva. Puis elle posa le dos de sa main contre son visage pour essuyer le sang. Par les dieux, ça faisait un mal de chien ! Elle n'osait pas imaginer ce que l'on devait ressentir lors d'un véritable combat...

Pour l'instant, mieux valait en effet se sauver. Humiliée par les paroles du Cancer, elle quitta en vitesse le quatrième Temple.

Maison du Lion

Finalement elle n'avait pas été voir Aldébaran. Avec sa blessure, elle ne pouvait se permettre de paraître devant lui. En fait, elle ne voulait voir personne. C'est pourquoi, arrivée au Temple du Lion, elle se dépêcha de le traverser en espérant ne pas croiser son propriétaire. Peine perdue, elle avait fait la moitié du chemin lorsque Aiolia se montra.

— Bonjour Cinnamon, dit-il en souriant.

— Bonjour messire Aiolia, répondit-elle très vite.

Le Chevalier fronça les sourcils. La jeune fille demandait toujours la permission pour traverser les Maisons du Zodiaque, or cette fois-ci elle n'en avait rien fait. En la voyant marcher en vitesse, tête baissée, le Lion avait été intrigué.

— Cinnamon ?

Il essaya de capter son regard. Peine perdue, elle cherchait visiblement à lui cacher quelque chose. Décidé à en avoir le cœur net, il s'approcha et, prenant son menton dans ses doigts, l'obligea à lui faire face. Honteuse, l'adolescente détourna le regard, incapable de le regarder en face.

Aussitôt Aiolia poussa un juron, ce qui n'était vraiment pas dans ses habitudes... La jeune fille se dégagea mais il était trop tard, il avait vu l'ecchymose qui déparait son visage. Pour l'instant elle était encore rouge et gonflée.

— Enfin Cinnamon, que s'est-il passé ? C'est lui, n'est-ce pas ? Attends, je vais lui dire deux mots...

Comme le Saint d'Or s'apprêtait à aller dire sa façon de penser à son voisin du quatrième Temple, l'adolescente poussa un cri :

— Noooon ! Messire Aiolia, je vous en prie, n'en faites rien ! C'était de ma faute, j'ai... j'ai été insolente.

— Tu plaisantes, tu es toujours si polie ! Et quand bien même, ça ne justifie pas ce comportement inadmissible ! Tu n'as pas besoin de le protéger, tu sais.

Voyant qu'il était bien décidé à aller s'expliquer avec le Cancer, Cinnamon joua son va-tout :

— Messire Aiolia, si vous faites ça je ne vous adresserai plus jamais la parole !

Très surpris, le jeune homme la regarda, essayant de comprendre cet étrange comportement.

— Si c'est lui qui te fait peur, tu n'as rien à craindre... commença-t-il.

— Ce n'est pas ça, mentit-elle, seulement je refuse que deux Chevaliers d'Or, se battent à cause de moi. Je vous en prie, je vous en supplie... N'en faites rien ! Je vous jure que, sinon, je mettrai ma menace à exécution...

Si elle avait osé menacer un homme comme DeathMask, elle se serait assurément pris une taloche, mais le Lion se contenta de la fixer avec étonnement. Effectivement, le comportement de l'adolescente était d'une insolence rare, nul ne se serait permit de parler ainsi à l'élite de la chevalerie d'Athéna. Mais Aiolia la connaissait bien, et elle ne l'avait pas habitué à ça. Puis il se détendit. Il avait compris : la pauvre petite était terrifiée à l'idée que des Saints d'Or puissent s'affronter. Ne disait-on pas que leurs combats entre eux pouvaient durer mille jours et mille nuits ?

— Entendu, entendu, fit-il pour la rassurer. Ne t'inquiète pas, je n'irai pas le voir.

— Promis ?

— Mais oui...

La jeune fille soupira de soulagement et sourit.

— Merci beaucoup messire Aiolia ! Mais je dois y aller maintenant...

Le jeune homme la regarda s'en aller.

Palais du Grand Pope

— Que désires-tu, Chevalier du Lion ?

Agenouillé devant le trône du Grand Pope, Aiolia répondit :

— Je voudrais vous parler du Chevalier du Cancer, votre Altesse.

— DeathMask ? Qu'a-t-il fait encore ?

— Cet homme a molesté une civile. Cinnamon, pour être précis. Lorsqu'elle est revenue de chez lui, j'ai pu constater qu'elle présentait une ecchymose au visage.

Le jeune homme arrêta de parler, pensant que son supérieur allait abonder dans son sens. Au lieu de cela, le maître du Sanctuaire resta silencieux.

— Votre Altesse ?

— C'est pour cela que tu as demandé une audience ? fit-il enfin. Parce que ton frère d'armes a corrigé une insolente ?

Indigné, le Lion protesta :

— Justement, cette jeune fille n'est pas Chevalier. Elle n'est pas en mesure de se défendre. Si vous voulez mon avis, DeathMask s'est conduit d'une façon indigne d'un Saint d'Or. Il mériterait d'être sermonné.

— Sermonner un Chevalier d'Or pour une chose aussi insignifiante ? demanda le Grand Pope. Tu perds la raison ! Je te rappelle que chaque Saint d'Or est le maître absolu dans sa Maison. S'il a estimé que cette fille devait être corrigée, je ne peux pas m'y opposer. Si on apprenait que je l'ai sanctionné pour cela, que penseraient les gens ? Que j'accorde plus d'importance à une esclave qu'à l'un de mes Chevaliers ?

— Mais un homme qui frappe une femme, qui plus est un homme de son rang... tenta Aiolia.

— Un homme de son rang contre une vulgaire serve, le choix est vite fait. Je te remercie d'être venu te confier à moi, cependant, je ne peux rien faire... Et d'ailleurs, je te conseille dorénavant de t'occuper de tes affaires... Tu peux disposer.

Et l'homme agita la main, comme pour dire "je t'ai assez vu !". Outré par le comportement étrange du Pope, le jeune homme ouvrit la bouche mais se ravisa. C'était vrai après tout : qui était-il pour dire à son Altesse ce qu'elle devait faire ?

Vaincu mais le cœur scandalisé, il se leva, s'inclina et tourna les talons. Que le Cancer attende un peu la prochaine fois qu'ils combattraient dans l'arène... Même si le Lion ne pouvait le provoquer pour un véritable duel, il se promettait de ne pas ménager son frère d'armes.

Puis il réalisa que n'importe quel Saint se serait réjoui d'avoir un peu de fil à retordre durant l'entraînement... Arrivé hors de la salle du trône, frustré, il serra le poing. Il n'y avait rien à faire, DeathMask n'était pas prêt d'arrêter de maltraiter Cinnamon, sûr qu'il était de son bon droit. Mais comment un type comme lui avait-il pu gagner une armure d'or ?

Évidemment, Aiolia ignorait à quel point le Cancer pouvait se montrer ignoble.

 

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