Tout le monde le sait

Ce matin-là, le lieutenant Jane Rizzoli arriva plus tard que d'habitude au commissariat. Elle n'était pas en retard. Non, Jane Rizzoli n'était jamais en retard au travail. Ce qui était exceptionnel, c'est qu'elle ne soit pas la première de son équipe au bureau. 

- Je commençais à m'inquiéter, lui dit Korsak en souriant.

- T'inquiéter? Pourquoi? demanda vivement Jane.

- Ta mère a déjà appelé trois fois. Elle n'a dit qu'elle n'arrivait pas à te joindre.

- Ah, c'est pas vrai... Qu'est-ce qu'elle voulait?

- Aucune idée...

Voyant que Jane était contrariée, il ajouta:

-Tu es une grande fille, Jane. Tu as l'âge de faire ce que tu veux.

Pourquoi lui disait-il ça? Jane se plongea dans le premier dossier qui se trouvait sur son bureau. Oui, pourquoi Korsak lui disait-il ça? Et pourquoi avait-il ce petit sourire depuis qu'elle était arrivée? C'était évident: il savait. Mais comment pourrait-il savoir? La réponse était simple: c'était un flic. Un bon flic. Bien sûr qu'il savait... Et sa mère? Pourquoi avait-elle essayé de la joindre à trois reprises ce matin-là? Il était à peine 8 heures. Et pourquoi justement ce matin-là? C'était une mère. Les mères ont des antennes... Elle aussi savait...

- Alors c'est comme ça que les bons flics étudient les dossiers?

Jane sursauta. C'était Frankie, son petit frère.

- Qu'est-ce que tu racontes? demanda Jane.

- ça fait au moins 5 minutes que tu as le regard fixe. On dirait que tu es en communication avec l'au-delà. C'est pour ça que tu es si douée en fait: tu entends des voix? se moqua-t-il.

- N'importe quoi! Je réfléchissais, c'est tout. Et arrête de ricaner sinon je raconte à Maman que tu blasphèmes.

- Ne te fâche pas! Je pensais que tu serais de meilleure humeur...

- Et pourquoi serais-je "de meilleure humeur"? demanda Jane.

- Les Red Sox ont gagné hier soir!

Oui. Bien sûr... les Red Sox... Mais Jane n'avait pas regardé le match hier soir... Non, hier soir, elle était allongée sur le lit de sa meilleure amie Maura  Isles comme cela s'était produit des dizaines de fois auparavant. La journée avait été éreintante, elle avait besoin d'un peu de réconfort. Maura s'était alors assise sur le bord du lit. Jane lui avait souri. Et Maura s'était penchée et l'avait embrassée. Mais pas comme d'habitude. Pas sur la joue... Maura s'était ensuite allongée sur elle et, tout en l'embrassant, avait commencé à lui caresser les seins. Jane avait laissé faire. Tout avait paru si simple, si évident. Maura l'avait aidée à enlever son T-shirt; Jane avait déboutonné le chemisier de Maura. Quand elle s'était réveillée ce matin, Jane était nue à côté de Maura qui dormait encore. Elle s'était habillée sans faire de bruit pour ne pas la réveiller. Plus rien ne serait jamais comme avant...