Héros anonyme
Défi juillet\Août 2019 Riverdale
Héros anonyme
Quand nous disons « héros », nous pensons automatiquement aux super pouvoirs, à la réputation, au héros fictif. Mais les "vrai" héros - car il en existe - ne sont pas comme ça. Ils n’ont pas la capacité de voler, de se rendre invisible ou encore de lancer du feu. Non. Ils sont comme nous. Ce sont des humains, ce qu’il y a de plus commun. On ne le sait pas forcément, mais un grand nombre d’entre nous le sont. Ils font ce qu’il y a de plus important, à leur façon, ils aident la communauté. Dit comme cela, on ne dirait rien, mais c’est beaucoup. Des personnes risquent leur vie pour nous. Ils ne sont pas pour autant récompensés…
Riverdale est une petite ville mouvementée des États-Unis. Un nom assez stupide à mon goût, au vu de sa signification. Ici, tout le monde se connaît. Ce sont les mêmes familles qui y vivent depuis sa création. C’est ce qui fait son charme. Même si, grâce à - ou devrais-je dire « à cause de » - ça, nous nous connaissons trop. Beaucoup trop. Chacun connaît les habitudes de l’autre. Personne n’a de secret. Presque personne.
Nous sommes en plein été. Ce sont les vacances. Moi, Jockead Jones, rédacteur en chef du rouge et noir (le journal du lycée), vais vous prouver qu’il se passe toujours des choses étranges à Riverdale - même pendant les vacances. Accompagné de mes amis Archie, Betty et Veronica, nous résolvons toutes les enquêtes du coin. Depuis le début, elles ont toutes été les conséquences du passé. Personne ne s’en rend compte, mais ce sont toujours les mêmes familles qui sont concernées. Tout doit s’arrêter. Il le faut. Il y a eu beaucoup trop de morts cette année.
En attendant un évènement qui pourrait être inquiétant, nous faisons comme tous les adolescents normaux : piscine, shopping, soirées,… Nous ne sortons jamais seuls – ce serait beaucoup trop dangereux.
Cet après-midi, je retrouve les autres chez Pop’s, le café de la ville. On se rejoint là-bas tous les mercredis depuis nos dix ans.
- Quatre milkshakes, Pop’s, s’il te plaît.
- C’est comme si c’était fait, les jeunes !
- Alors, quoi de neuf ? Demandai-je
- Mes parents ont comme toujours manigancé des horreurs… Ils ont une fois de plus viré une dizaine d’employés, grommela Veronica.
- Pour ma part, je suis allé voir ma mère à Chicago. Nous avons passé de bons moments ensemble, ça faisait longtemps, ajouta Archie.
- Et moi, je n’ai fait qu’espionner à travers la fenêtre de ma chambre, me dit Betty, une pointe de jalousie dans la voix.
- Et toi ? me demanda Archie.
- J’ai traîné avec les serpents toute la semaine.
- Et quel serpents ?
- Tony, répondis-je.
- La fille ? s’exclama Archie, se moquant de moi.
- On peut arrêter de parler de ça, s’il vous plaît ? demanda Betty, qui était gênée par la situation.
- Bien sûr, jolie demoiselle.
Nous nous amusâmes toute l’après-midi. Cela faisait du bien. Je me sentais pour une fois un peu moins solitaire. J’ai été dérouté par la façon dont Betty me regardait et me parlait. Je l’aime beaucoup, mais c’est la première fois qu’elle me montre ses sentiments.
Quelques heures plus tard, je reçus enfin le journal quotidien. Je m’y suis abonné pour connaître tous les problèmes du coin. Ça nous permet de les régler incognito au plus vite. Bizarrement, cela faisait deux semaines qu’il ne s’était rien passé. Depuis le début des vacances, on peut dire que nous n’avions rien fait.
La poisse. Il suffit que j’en parle pour qu’il se passe quelque chose. Un enlèvement. C’est la première fois qu’il se passe ce genre de chose ici. Meurtres, agressions, ou encore menaces, mais jamais ça. Et, bien sûr, ça arrive à Chéril Blossom, une des dernières survivantes de la famille maudite. Nous devons partir à sa recherche avant que le shérif Keller ne se déplace.
- Désolé de vous déranger, mais on a une urgence.
- On arrive.
Une fois réunis, on commence la patrouille.
- Vous avez une idée d’où elle peut être ?
- Ou bien autour du lac, ou dans ce qu’il reste de l’ancienne maison Blossom, je pense.
- Nous n’avons qu’à commencer par là-bas…
- C’est parti !
Nous passâmes le reste de la soirée à fouiller les deux sites, sans résultats. Ce n’est pas pour ça que nous allons baisser les bras. Avec de la chance, elle est encore en vie. Il nous reste encore deux heures avant le couvre-feu et plus qu’une dizaine de lieux à fouiller.
- On fait deux groupes pour aller plus vite ? proposais-je.
- Oui, si tu veux. Mais je veux Veronica avec moi, me dit Archie.
-Va pour être avec toi, s’exclama Betty.
Je vais pouvoir lui parler seul à seule. Mais en attendant, il faut y retourner. Nous devons aller à la bibliothèque et à l’hôtel, tandis qu'Archie et Veronica doivent se rendre au terrain de foot, à l’église et à la lisière de la forêt.
A la bibliothèque, tout est plongé dans le noir. Nous ne voyons pas grand-chose, hormis des centaines d’étagères. Tant bien que mal, nous traversons toutes les allées éclairées par la lueur de nos téléphones.
Brusquement, Betty s’arrêta au beau milieu du couloir :
- Tu as vu quelque chose ?
- Non, mais j’ai quelque chose à te dire, Jockead.
- Maintenant que tu le dis, moi aussi. Vas-y, je t’écoute.
- Jockead , je …
- Moi aussi.
Nous restâmes encore quelques instants à nous contempler en silence, puis, nous rapprochâmes peu à peu, pour, à la fin, finir dans les bras l’un de l’autre. Cela faisait longtemps que j’attendais ce moment. Trop longtemps.
- Je n’ai franchement pas non plus envie de bouger, mais il le faut un peu, me dit-elle en posant doucement ses lèvres sur les miennes.
- Tu as raison. Plus vite c’est fini, plus vite je pourrai être seul avec toi.
Nous finîmes rapidement l’état des lieux de la médiathèque, puis, partîmes en direction de l’hôtel main dans la main.
- Nous allons devoir ruser pour pouvoir rentrer…
- T’inquiète pas, mon frère à une chambre là bas : on n’a qu’à dire qu’on vient le voir !
- Bonne idée, princesse.
Arrivés à la réception, nous demandâmes le numéro de la chambre de son cher frère.
- 137.
- Merci.
Nous décidâmes d’aller le saluer avant de tout fouiller. Elle voulait à tout prix me présenter alors que cela ne faisait même pas une heure que nous étions ensemble. Ça me touche beaucoup. Elle nous en avait tellement parlé. Je sais qu’il compte pour elle.
Nous sommes devant sa porte. Et nous entendons du bruit. Des cris. Non. Il n’a quand même pas fait ça. Pas lui !
Et eux, quels types de héros sont-ils ?