Le portrait de l’homme assis
Chapitre 1 : Le portrait de l’homme assis
3638 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 20/01/2021 14:05
Le portrait de l’homme assis
Bordeaux était une bien belle ville, c’était un fait. Pour peu que l’on aimât le vin, on s’y sentait comme chez soi. Et si l’on oubliait la gentrification de la ville résultant de la migration de bon nombre de Parisiens – qui était vécue comme un véritable envahissement par certains natifs de la région – et du surnombre d’étudiants dans les universités, on y trouvait facilement sa place.
Et ça Maxime pouvait en témoigner.
Né dans le Médoc, du côté de Pauillac, il avait migré vers l’agglomération à ses dix-huit ans, pour suivre des études d’art à la fac. Véritable indépendance pour le jeune ado qu’il était à l’époque ; voilà qu’il logeait dans une résidence universitaire du CROUS à quelques minutes à peine du campus. Certes, ce n’était pas de la même trempe et du même confort que la belle maison de campagne de ses parents, mais ce petit appartement de neuf mètres carrés faisait l’affaire en semaine. Le train le ramenait chez ses parents deux fois par mois, toutes les deux semaines, et c’était bien suffisant.
Voilà donc deux ans qu’il menait ce petit train de vie, entre soirées entre amis et journées de cours. Certes, l’université de Bordeaux-Montaigne, où il étudiait, ne payait pas de mine, mais ses camarades de promotion étaient bien sympathiques et faisaient oublier combien l’immense bâtiment des arts, cubique et peint en vert, était moche, et combien les salles de classe méritaient d’être rénovées. Et son petit plaisir, en plus de la tournée des bars les jeudi soir, était la tournée des musées, chaque premier dimanche du mois. Chaque mois, il changeait. Et lorsqu’il en avait fait le tour, il recommençait.
Il ne s’en lassait jamais. Le Musée d’Aquitaine et son aile préhistorique, celui des Arts Décoratifs et du Design, en plein cœur de la ville, et le Musée d’Art Contemporain près des quais des Chartrons, au nord de la ville, à deux pas de la Garonne… Son préféré restait le Musée des Beaux-Arts et sa galerie, située un peu plus loin.
L’entrée imposante montrait dès les premiers pas dans son enceinte que l’on était dans un majestueux édifice de repos artistique. Situé sur deux étages, parfaitement symétrique dans son architecture, cela se voyait à son allure qu’il datait du XIXe siècle. Maxime ne connaissait pas vraiment toute l’histoire qui avait pu entourer sa construction, mais le simple bruit de ses pas qui résonnaient dans le hall d’accueil suffisait à le faire frissonner de plaisir.
Premier dimanche de novembre oblige, l’entrée était gratuite, et la personne située au comptoir se contenta de presser le bouton de son compteur, qui passa à quinze. Maxime avança tranquillement, commençant par l’aile sud de la collection permanente ; la plongée au cœur des peintures italiennes du XVe et XVIe siècles prodiguait toujours son lot de sensations.
Par chance, il n’y avait pas beaucoup de visiteurs ce jour-là, et comme la plupart se trouvait dans l’aile nord – celle aux collections plus récentes, datant de cent ou deux cents ans au maximum – il avait presque l’impression d’être seul au monde face à ces œuvres d’un ancien temps. Comme à son habitude, il avait amené son petit calepin et son critérium, sur lesquels il s’amusait à reproduire peintures, sculptures et estampes, en y allant de sa petite patte d’artiste. Il n’avait pas la prétention d’être doué, mais il aimait beaucoup ce petit passe-temps.
Le plus divertissant était de se poser en ville, comme par exemple sur la place de l’hôtel de ville, entre ce dernier et la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, et de regarder les gens passer. Lorsqu’il trouvait quelqu’un captivant son attention, il s’amusait à la dessiner, comme pour garder un souvenir impérissable de cette personne inconnue, affairée à sa vie tranquille. Était-ce un étudiant, ou un jeune salarié ? Cette femme était-elle riche, ou bien ne portait-elle que des bijoux en plaqué, bien moins chers ? Et ce vieil homme, allait-il chercher ses petits-enfants ? Cette jeune fille, rentrait-elle de l’école ? Toutes ces petites questions restaient sans réponse, dessinées sur un calepin à l’origine blanc, et qui se noircissait au fil des jours.
Sa cible du jour fut un tableau de Lavinia Fontana, Portrait d’homme assis feuilletant un livre. Un autre nom, noté lui aussi sur la petite plaquette, indiquait que cette œuvre de la peintre italienne était aussi référée sous le nom du Portrait du sénateur Orsini. Le détail du livre à demi ouvert que tenait l’homme était si précis que l’on aurait presque pu lire l’écriture cursive encrée dessus. Et la bague sur son annulaire gauche brillait presque d’un éclat doré, sans parler de la pierre bleu-grise qui trônait sur l’anneau, probablement un saphir.
Le luxe transparaissait dans sa tenue et le décor : son haut dont on distinguait parfaitement la texture du velours rouge brillant sous la lumière du décor, chaque pli formé par le coude nettement peint, sa collerette en dentelle blanche, à la forme régulière particulièrement agréable pour l’œil, ou encore le fauteuil de bois richement décoré par des dorures. Sur le bureau, un sablier – élément récurrent dans la peinture de Fontana – et une plume plantée dans l’encrier.
Au fond, dans la pièce très sombre, une porte menait à une autre pièce faiblement éclairée par les rayons du soleil qui filtraient à travers l’épaisse fenêtre. L’œil se posait à peine dessus, plus attiré par le visage de l’homme, qui paraissait, aux yeux de Maxime, plutôt amical. C’était un Occidental, un Italien même, étant donné l’origine de la peintre et le nom qui lui était donné dans le titre du tableau, à la barbe finement taillée et aux cheveux bruns. Ses yeux noirs regardaient en biais, donnant à ses lèvres une expression d’amusement.
S’installant sur la banquette mise à disposition des visiteurs, il sortit de son sac à dos le calepin, format A4 et presque rempli ; il dut tourner bon nombre de pages pour en trouver une encore vierge. Son critérium cliqueta deux ou trois fois, jusqu’à suffisamment sortir la mine pour qu’il pût commencer à dessiner. Il avait envie de recopier le travail de ces mains, et de leurs veines qui ressortaient de la peau, des ongles parfaitement propres et de la couleur de la chair. Plongé dans cet instant de créativité, il ne remarqua qu’au dernier moment la personne qui vint s’asseoir à ses côtés.
D’abord, il eut envie de la chasser, ne comprenant pas pourquoi de toutes les banquettes vides présentes aux alentours il avait fallu que cet inconnu choisît celle sur laquelle Maxime se trouvait. Mais il vit très vite que le jeune homme – qui devait à peu de choses près avoir le même âge que lui – regardait attentivement son dessin, en souriant. De temps à autre, il relevait les yeux vers la peinture, et comparait les deux. Puis, au bout d’un certain temps, son regard resta figé sur la toile fixée au mur devant eux, sans dire le moindre mot.
Maxime l’étudia discrètement. Ce gars-là devait sûrement avoir la vingtaine, mais pas plus, tant son visage gardait un air d’adolescent. Il n’avait pas de barbe, ou alors il devait se raser de très près, et les courbes douces de ses joues et son menton renforçaient cette impression de jeunesse qui se dégageait en plus de cela de son regard de la couleur des noisettes. Une lueur espiègle y brillait, et le sourire qui étendait ses lèvres était lui aussi plutôt charmeur. Sa tignasse rousse lui tombait dans la nuque et sur le nez ; c’était à se demander depuis combien de temps il n’était pas allé voir un coiffeur.
Et sa tenue était plutôt inhabituelle. Le costume trois-pièces bleu marine était de bonne facture, à en voir les coutures soignées et les broderies faites à la main. Sa chemise blanche était si immaculée, si impeccable qu’on eût cru qu’elle était neuve. Et, serrant son cou, une cravate rouge flamboyante accompagnait tout cela ; on aurait presque pu le confondre avec un homme d’affaires, se dit Maxime.
Enfin, coiffant ses cheveux brillants, un chapeau en feutrine, aux mêmes couleurs que le costume – bleu marine, avec une bande rouge bordeaux qui l’enserrait – accompagnait le tout. Cette tenue lui allait plutôt bien, mais il était assez étrange aux yeux du jeune homme que de s’habiller de telle sorte pour aller admirer l’art. C’est vrai qu’avec son allure un peu nonchalante – sa barbe mériterait peut-être d’être retaillée – et ses vêtements décontractés, il faisait un peu tache aux côtés de cet individu de son âge, mais visiblement pas de la même classe sociale.
« C’est un bien beau tableau, souffla-t-il, brisant le silence de la galerie ; sa voix s’était faite si discrète que c’est à peine si Maxime l’eût entendu.
– C’est vrai, acquiesça-t-il sans se demander plus longtemps si ces mots lui étaient adressés, courte conversation entre deux inconnus, ou si le rouquin se parlait à lui-même. Vous aimez cette peintre ?
– Je dirais que oui, répondit le jeune homme après un court instant de réflexion. Mais j’aime tant de tableaux et d’artistes qu’il est difficile d’en désigner un que je préfère. »
Il rit doucement ; sa voix nasillarde s’étouffait assez rapidement, comme pour ne pas plus troubler la tranquillité de ce lieux. Maxime regarda autour d’eux ; il n’y avait personne d’autre dans la salle, à part un vigile qui faisait sa ronde et passait par là de temps à autre.
« Vous venez souvent ici ? demanda-t-il en esquissant quelques traits légers.
– Non, c’est la première fois à vrai dire. Je suis de passage dans la ville, et en amateur d’art je me dois de saluer ces œuvres.
– Je vois. »
Ses petits coups de crayon dessinèrent l’ongle de la main, ses cuticules et les reflets de la lumière projetée dessus. Peu satisfait par le rendu, il gomma nerveusement, pour mieux recommencer.
« Et vous ? »
L’inconnu avait tourné son visage vers lui, si bien qu’en relevant la tête, Maxime se sentit intimidé par cette position avenante.
« Je viens ici de temps en temps. J’aime bien profiter du calme. On n’entend pas les bus, les trams ni les gens, juste le bruit des pas et des portes. Ça me change de la fac et de la ville.
– Oh, tu es étudiant toi aussi ? – Maxime nota ce soudain tutoiement, mais ne s’en préoccupa pas. – En arts, j’imagine ?
– Bingo. Toi aussi, non ?
– Haha, non, je travaille, je n’étudie pas. J’aurais bien aimé passer des journées entières sur les bancs des amphis, à écouter les enseignants me parler de peinture et de sculptures, de toutes ces techniques de dessin et de gravure… »
La vision fantasmée que lui partageait le jeune homme l’amusa. S’il savait que la réalité était toute autre, peut-être ne regretterait-il pas de ne pas avoir fait d’études.
« Regarde celle-là, lança-t-il en pointant discrètement la peinture du doigt. On pourrait se dire que c’est simple de faire une telle peinture, il ne faut que des pigments et des pinceaux, pas vrai ? Mais combien de temps a-t-il fallu à Fontana pour trouver l’idée, esquisser la silhouette, et choisir l’angle de pénétration de la lumière, ainsi que les tons de sa peinture ? Entre le moment où a germé l’idée de peindre, et celui où tout était fini, combien de temps s’est écoulé ? Et qu’en est-il de ce tableau-là ? Et de celui-ci ?
– C’est une question que l’on peut se poser pour tout et n’importe quoi. Comme pour les sculptures, par exemple, ou encore les romans. Par exemple, Aldous Huxley a rédigé Le Meilleur des mondes en quatre mois, mais l’idée d’écrire une telle dystopie ne germait-elle pas dans son esprit depuis plus longtemps ? Quelques années, peut-être ? »
Leur discussion à bâtons rompus se poursuivit pendant ce qui sembla à Maxime être des heures. Il aurait pu la poursuivre pendant encore plus longtemps, subjugué par la façon dont cet inconnu racontait ses histoires. Il parlait d’art, surtout, mais y mettait le cœur ; on sentait son amour pour ces tableaux sacrés dont il évoquait les noms avec timidité, probablement par peur de les salir de sa voix profane. Il finit par prendre congé de Maxime, alors que la discussion portait sur sa ville d’origine, Paris – une formidable capitale d’après ses dires, mais le Girondin n’y avait jamais mis les pieds de sa courte vie –, en s’excusant de l’avoir déconcentré de ses dessins.
« Nous nous recroiserons peut-être, lui sourit le jeune homme en le regardant partir. Si tu repasses par ici, de temps à autre, tu me trouveras sûrement comme aujourd’hui. »
Un signe de main, et le rouquin avait disparu. Comme il était étrange de faire une telle rencontre en ces lieux ; d’ordinaire, les gens voulaient admirer l’art seuls, dans leur coin, ou bien en groupe d’amis ou en famille. Dans le meilleur des cas, pourquoi pas en couple ? Mais rarement avec de purs inconnus.
Néanmoins, Maxime se laissa rêvasser. Il n’avait plus envie de recopier ce sénateur et ses traits âgés. Non, il avait envie de graver de sa mine le visage de ce gentil Parisien à la si grande prestance. Il eut beau tenter et retenter, il ne trouva aucun de ses brouillons à son goût. Il ne parvenait à tracer ce je-ne-sais-quoi qui était si intéressant chez ce jeune homme.
Frustré de son échec, il décida de quitter les lieux, et d’aller se perdre en ville. Une bonne marche suffirait à le détendre.
Ses pas – et les transports en commun – le menèrent jusqu’à l’Opéra National de Bordeaux, sur la Place de la Comédie. D’un côté, ce gigantesque bâtiment en pierre qui se dressait là depuis pas moins de deux cents ans, et sur le toit duquel trônaient douze majestueuses statues du même matériaux, comme le prolongement d’autant de colonnes qui protégeaient sa façade. Les nombreuses fenêtres étaient éclairées la nuit, et se reflétaient dans le sol trempé par la pluie intense de la journée.
En face, un grand hôtel dont le luxe transparaissait dans les moindres détails ; que ce fût les gerbes de fleurs figées dans le temps sur le mur près des drapeaux français, ou bien les dorures des murs, il ne faisait aucun doute qu’une chambre là-bas devait coûter extrêmement cher. Maxime se demandait à quoi pouvait ressembler l’intérieur des salles, lui qui n’oserait probablement jamais y mettre les pieds.
Il s’assit sur les marches du parvis de l’Opéra, et observa les tramways passer. À quelques pas en direction du nord, une fête foraine s’était invitée sur l’immense place des Quinconces ; des gamins en revenaient avec des barbes à papa dans les mains, croquant dans ces nuages de sucre à pleines dents. Des couples de jeunes et moins jeunes gens se promenaient, main dans la main, des trophées gagnés à diverses attractions dans les mains. Et lui se retrouvait là, seul, calepin en main mais sans la moindre envie de dessiner. Le visage de ce rouquin le hantait, sans qu’il ne pût le dessiner convenablement. Il avait rarement ressenti une telle fascination, c’en était déroutant.
Il se décida alors à reprendre son activité habituelle : dessiner les passants qui flânaient dans les rues bordelaises en ce dimanche après-midi. Secrètement, il espérait recroiser cet inconnu.
Une jeune femme vint s’assoir non loin de là. La vingtaine, cheveux blonds plutôt longs, un étui de violon à la main. Il sembla qu’elle sortît tout juste de l’Opéra ; venait-elle d’y jouer ?
Il l’observa un peu plus en détail. Ce n’était pas son style de femme, ni son style tout court à vrai dire. Trop maigre, pas assez de muscles, trop délicate. Elle semblait si frêle qu’il eut la sensation que, s’il la touchait, elle se briserait en une multitude de fragments. Ses grands yeux bleus semblaient chercher quelqu’un dans la foule. Elle referma un peu plus son épais manteau rembourré, et resserra son écharpe couleur crème autour de son fin cou.
Maxime commença à la dessiner. De profil, telle qu’il la voyait. Il nota la richesse de ses bijoux, et la somptuosité de la bague qu’elle portait à l’annulaire gauche – une bague de fiançailles, ou de mariage ? Elle semblait pourtant très jeune – et remarqua même la qualité des vêtements qu’elle portait. Parfaitement le type de cliente de l’hôtel d’en face. C’aurait été bien amusant qu’elle connût l’inconnu du musée, ils formeraient sûrement une belle paire.
« Ah. Raphaël ! » s’écria-t-elle soudainement en se relevant, et en faisant des signes de la main.
Sa voix douce et fluette surprit Maxime. Elle semblait terriblement effacée, en opposition à la richesse ostentatoire de sa tenue.
Un jeune homme arriva, et l’embrassa pour la saluer. Visiblement son petit-ami, fiancé ou mari, selon l’évolution de leur relation. Quelque chose irrita cependant l’étudiant, un petit détail qui semblait lui échapper.
« Tu m’attends depuis longtemps ?
– Non, je viens de sortir. Comment était ta visite au musée ?
– Parfaite. C’était bien ce que je pensais. »
Trop de coïncidences. La voix était identique, la coiffure aussi, et ce jeune homme était allé au musée. C’était assurément lui !
Et pourtant, celui qui tenait par la main la blonde semblait tellement différent ! Bien plus ordinaire, il portait une paire de lunettes à épaisse monture ronde sur le nez, cachant à peine ses yeux. Son manteau ouvert laissait entrevoir un cardigan bleu et rouge, dissimulant une chemise au col soigneusement fermé. Jean et converses complétaient cette tenue du civil lambda. Maintenant, c’était lui qui faisait tache aux côtés de cette fille à coup sûr aristocrate.
« Je m’en chargerai plus tard. Maintenant, je suis tout à toi, Marie. »
Il lui prit la main et l’emmena avec lui en direction des quais, longeant l’Opéra par sa façade sud, slalomant entre les arbustes et les terrasses des restaurants. Maxime voulut les rattraper, demander à ce « Raphaël » s’il était bien l’inconnu du musée. Mais il se ravisa. Ces deux là étaient entre eux, il n’avait pas à s’interposer.
Et de toute façon, qu’aurait-il à dire ? Il ne fallait surtout pas se laisser embarquer par un coup de foudre passager si vite brisé par la vue de ce couple.
Retournant à ses dessins, il tenta d’esquisser un ou deux passants, avant de ranger ses affaires et de sauter dans le premier tramway qui le ramènerait à sa résidence étudiante.
Le lendemain, les journaux locaux ne parlaient que d’une chose : le vol d’une peinture dans le musée des Beaux-Arts. Maxime avait ouvert le lien d’un article qu’on lui avait envoyé par message en le raillant. Son habitude de traîner dans les musées était telle qu’on lui demanda à plusieurs reprises s’il n’était pas à l’origine de ce larcin.
Quelle ne fut pas sa stupeur d’apprendre que le tableau dérobé n’était autre que le Portrait d’homme assis feuilletant un livre de Fontana !
Et un nom apparaissait à plusieurs reprises dans l’article, un pseudo, qui désignait l’auteur de ce vol. Un certain « Fantôme R », qui sévissait habituellement sur Paris. Pourquoi avait-il quitté la capitale pour dérober des œuvres à Bordeaux ? Nul ne le savait.
Et Maxime réfléchissait, encore et encore. Fantôme R… R… Raphaël ? Était-ce possible que ces deux-là fussent liés ? S’ils n’étaient pas jumeaux, ils ne pouvaient être qu’une seule et même personne tant leur ressemblance était frappante.
Amusé, il ne put se concentrer lors de son cours matinal, bien trop occupé à dessiner cet inconnu, dont le visage était gravé dans son esprit. Il avait enfin trouvé ce qui le rendait si unique, si spécial…