Une virée nocturne
Chapitre 1 : Une virée nocturne
5075 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 09/05/2023 12:29
Petite légende avant de commencer :
Italique : Flashback / Lecture dossier et message téléphonique.
Gras : Statut, Nom de lieu, Poème.
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Cette fanfiction participe au défi INSPIRATION PAR L’IMAGE (sept.-oct. 2016) en seconde chance.
Une virée nocturne
Un soleil couchant de l’année 1998 dissimula un événement destiné à brûler, des corbeaux proches d’une route isolée avec des champs arides et désertiques s’envolaient dans le ciel par dizaines, leur chant cru allant de pair avec le paysage. Surplombant le compartiment d’un train en piteux état et un petit groupe, deux adolescents et une petite fille marchant main dans la main. Malgré leurs tenues sales, blessures et la fatigue entourant leurs paupières, ils marchaient tout en essayant de trouver une âme charitable qui pourrait les conduire loin, très loin d’un cauchemar. Le peu de camionneurs sur le chemin les ignoraient. De la pitié, ils ne pouvaient s’empêcher de les plaindre sachant vers ou les conducteurs se dirigeaient. Le trio n’a pas prononcé un seul mot depuis qu’ils avaient quitté le train. Même en étant à des kilomètres d’une certaine ville, cette sensation de peur ne s’estompait pas. Dans le ciel dégagé, une ligne fumeuse avançait à pleine vitesse, prêt à apporter le jugement divin.
« - Qu’est-ce que c’est ?
- Un avion peut-être ?
- Non, on dirait… un missile ? »
La terre trembla, les pierres s’élevaient, le soleil devint rouge. La ville que l’on appelait Raccoon germa en son centre un champignon nuageux géant sur des dizaines de kilomètres. Un bourgeon de feu et de flamme enveloppant l’air d’une chaleur torride. Douché par des larmes de cendres tombants des nuages. De l’eau salit comme le sang putride des morts-vivants. Ce qui devrait être un spectacle d’horreur amena un sentiment de paix mais aussi de l’incertitude dans leur cœur.
« - C’est fini… Je ne rêve pas Leon ?
- Comme toi j’espère que c’est bien réel Claire. »
La cadette continua de regarder en silence. Dans le ciel, les volatiles de chair étaient remplacés par d'autres de métal et d’acier. Leurs yeux lumineux à l’affût de tous survivants. Des agents vêtus d’une combinaison noire complète ont appréhendé le groupe pour les emmener en sûreté. Enfin, c’est ce qu’ils croyaient. Insouciante, la fillette tapa le bras du garçon, toute excitée.
- On est enfin libre hein Leon ? Leon, Leon, Leon…
Un rêve, un souvenir mélancolique pour cet homme blond de vingt-sept ans, assis dans sa voiture Ford Focus 2004 bleu foncé à l’arrêt sur le côté. Un même coucher de soleil qui l’amène à revivre son passé. Il le contemple sans se rendre compte du temps qui passe jusqu’à qu’un chauffard lui klaxonne au nez pour rien.
- Il a l’air amical.
Mais c’est ce genre de signal qu’il attendait pour reprendre la route. Vers l’avant, toujours observé par l’étoile qui l’accompagne dans son trajet. Il finit par arriver au sein d'une ville. Après quelques rues, il s’arrête sur le parking extérieur d’une boutique. C’est calme, pas beaucoup de clients. Il n’entend que le thème générique du supermarché. Après avoir sélectionné ses achats et passer à la caisse il aperçoit un duo de policiers, un vétéran et un rookie mettre une amende à une personne mal garée. Le débutant essaie de détendre la situation en proposant une boisson au pauvre conducteur.
- J’aurais aimé que ma première journée se passe comme ça.
Sur le sol, il trouve un vieux journal piétiné, collé aux goudrons qui proclame la fin de l’entreprise pharmaceutique : Umbrella Corporation suite à l’accident de Raccoon City en 1998. Son parapluie a souvent aveuglé et trompé le monde en cachant ses expériences. Un déchet qui mérite d’être dans une poubelle. Il reprend son chemin pour ensuite s’arrêter à un point mort du Blood Mountain. Une montagne imposante. En son sein, un bâtiment y est instauré. Étrangement attractif sachant qu’il est surveillé par des escouades de l’armée américaine. Les habitants locaux se sont souvent demandé l’utilité de cette infrastructure, ce à quoi le directeur rétorquait qu’elle sert à aider les étrangers et rescapés de guerre. Un mensonge pour le jeune homme mais qui n’y prête plus attention. Il marche vers son objectif, les mains dans les poches de son blouson de cuir marron, Au bout d’une petite heure de marche il arrive à destination. Il montre un badge aux militaires pour justifier son identité :
Leon Scott Kennedy, agent de l’U.S.Stratcom.
L'ouverture de la porte automatique attire l’attention de la secrétaire qui le regarde avec un air détendu tout en continuant son travail.
« - Bienvenue à vous monsieur Kennedy. Vous êtes ici pour voir Sherry n’est-ce pas ?
- Oui, c’est bien cela.
- Je vais prévenir monsieur Simmons de votre arrivée.
- Merci madame Radames.
- Vous pouvez m’appeler Carla.
- Alors appelez-moi Leon. »
Pendant que Carla contacte son supérieur hiérarchique par téléphone, Leon observe le décor. Un sol et murs d’un blanc propre et scintillant. Quelques affiches de sécurité et d’informations disposés sur les murs et des chaises pour patienter. Un côté Illusoire, trop propre à ses yeux, lui rappelant un certain laboratoire désinfecté rempli de monstres. Il hausse les épaules et s’assoit sur l’une des chaises et commence à lire un magazine posé sur une petite table en face de lui. Un article met en avant l’avancée relationnelle grâce au tout nouveau réseau social : Facebook, lancé le 4 février. Un carton aux yeux des plus jeunes.
- On avance bien trop rapidement. C’est quoi la suite, la diffusion gratuite de vidéo sur le net ?
Une pensée qui effraie l’ancien policier du R.P.D (Raccoon Police Department), la médecine et le business pharmaceutique a amené à un désastre national. L’informatique avec internet, une source de données infinies peut mener à une mauvaise diffusion de l’information. Il se sent déjà si dépassé. Après tout, il ne connaît plus que les missions de reconnaissance et anti-bioterroriste pour son pays. C’est pour cela qu’il préfère savourer ses petits moments de temps libre avec ses proches. L’un de ses proches en question, avance en courant vers lui. Une adolescente de 18 ans, aux cheveux blonds courts et yeux bleus. La petite fille a bien grandi. Elle est accompagnée par un homme d’affaires qu’il reconnaît.
« - Leon ! Cela fait si longtemps ! Comment vas-tu ?
- Salut Sherry, toujours en forme à ce que je vois.
- Il le faut bien. Surtout lorsque toi et Claire venez me rendre visite. Elle n’est pas avec toi ?
- Pas cette fois, son nouveau travail dans l’humanitaire lui prend beaucoup de temps. Mais je suis sûr qu’elle viendra bientôt pour t’épauler dans tes… examens.
- *soupire* Je viens juste d’en sortir. J’aimerais tellement avoir une vie ordinaire.
- Malheureusement votre situation est loin d’être ordinaire madame Birkin. »
L’accompagnateur accueille Leon avec une forte poignée de main qu’il réciproque.
« - Monsieur Kennedy, c’est un plaisir d’enfin vous rencontrer. Sherry n’arrête pas de parler de vous.
- Le plaisir est mien monsieur Simmons. J’espère que je ne vous dérange pas.
- Non pas du tout, mais je ne pourrai pas rester avec vous ce soir. Un dîner d’affaire m’attend.
- Vous serez absent longtemps ?
- Je ne serai pas de retour avant le lever du soleil. N’oubliez pas que Sherry n’a pas le droit d’aller à l’extérieur. »
Lui ainsi que Carla et la grande majorité des chercheurs partent laissant le duo seul. A point nommé, car le ventre de la jeune fille se met à gargouiller, l’embarrassant.
« - Est-ce qu’une pizza faite maison te tente ?
- J’adorerais… mais je dois suivre un régime très strict.
- Juste une fois et ça reste entre nous. Tu mérites de te faire plaisir de temps en temps.
- Je ne suis pas sûr...
- Je vais tout de même en préparer deux. Tu sais où sont les cuisines ?
- Oui. Suit donc la maîtresse de maison.
- Mais après vous mademoiselle. »
Dans la bonne humeur, tous deux mettent la main à patte. Littéralement pour Leon alors que Sherry découpe les éléments culinaires pour cette pizza : poivrons, oignons, jambon. Une fois la sauce tomate et la garniture sont posées sur la pâte, ils la mettent au four et attendent.
« - Je dois voir quelque chose avec les gardes.
- Ok. Je serai dans ma chambre. Deuxième étage, porte GV.
- C’est noté. »
Elle acquiesce en silence et se dirige vers sa chambre. Une atmosphère fade et sans vie y règne à l’intérieur. Une prison de couleur blanche, que ce soit la peinture des murs crépis, de la porte, de l’armoire et du bureau sur le côté, de la couverture à la tête d’oreille du lit. Une simple petite fenêtre permet de voir les couleurs vives de la ville d’en face en ce début de soirée. Pas de décoration ou de posters. Uniquement une petite télévision et quelques livres pour se divertir. Et encore, la télévision n’a pas d’antenne ou de chaîne intégrée. Sur sa table de chevet des dessins à moitié terminé ainsi qu’une partie d’un poème caché accentue ce sentiment de solitude :
Seul dans cet espace infini
Je rêve de m’épanouir en dehors
Y trouverais-je un trésor ?
Un nouveau sens à ma vie ?
Épuisé, elle s’effondre tête la première sur son lit. Les yeux fixés au plafond, elle maudit sa condition particulière, rêvant de pouvoir savourer sa vie d’adolescente tranquillement sans se soucier des jugements d’autrui. Elle a déjà perdu son enfance par un manque d’amour familial et l’accident de Raccoon City. Heureusement, Leon et Claire Redfield étaient à ses côtés ce jour-là. Celui-ci revient avec deux tasses, une avec du café et l’autre avec du thé.
« - Attention c’est chaud.
- Merci.
- J’ai ramené un jeu de cartes. Ça te dit ?
- Cela fera passer la cuisson plus vite.
- Avant que j’oublie, tiens c’est pour toi. »
Il lui remet une écharpe bleu ciel ainsi qu’une montre de la marque Cartier en argent.
« - Joyeux anniversaire en retard. Désolé de n’avoir pas pu être là.
- C’est pas grave. En tant qu’agent du gouvernement tu dois être bien occupé.
- Tu peux le dire. Juste récemment j’ai secouru la fille du président des mains d’une secte hispanique.
- Vraiment !? Dis-moi tout. »
Son combat contre les Los illuminados, une organisation religieuse qui existait depuis des siècles dans une région rurale inconnue en Espagne. Sa croyance fondamentale était due à un organisme parasite connu sous le nom de Las Plagas. Endoctrinés par le leader Osmund Saddler, les habitants pensaient que le virus était une intervention divine et que la fusion du corps et de l'âme avec la créature était la clé du dévouement spirituel. En réalité, il s’agissait d’une arme permettant d’avoir un contrôle total sur les hôtes. Sa cible principale, Ashley Graham, lui aurait permis d’accroître son pouvoir et manipuler dans l’ombre les décisions des nations. Suite à un périple au sein du village et l’île des illuminés, Leon réussit à mettre un terme aux agissements du groupe.
- J’espère que tu n’as pas été contaminé Leon. Tu te sens bien ?
Avec un sourire en coin, il tire le col de son t-shirt pour révéler un aperçu d’une cicatrice au niveau du thorax.
« - Si, ils m’ont injecté le parasite. A moi et Ashley. Mais heureusement, nous avons réussi à trouver une solution, une chirurgie laser pour l’éliminer.
- Ne laisse pas en suspens une telle chose dans ton histoire ! Tu m’as fait peur pendant un moment.
- Désolé, mais c’était tentant. »
Joueuse mais un peu énervée, Sherry saisit son oreiller et le jette au visage de son ami qui l’attrape sans problème avec un sourire.
« - J’ai failli renverser mon café.
- Quel dommage. » Son sarcasme se transforme en un gloussement puis un fou rire contagieux. La faim revient et il est temps de savourer leur création devant une partie de… Uno.
« - Et un +2 pour toi Leon.
- Tu pourrais aller mollo avec moi.
- On joue au Uno.
- Touché.
- Je choisis la couleur jaune et Uno ! Bonne chance avec tes cinq cartes en main.
- Alors tu ne verras pas d’inconvénient à passer non pas un, non pas deux mais trois tours.
- Pardon !?
- Et Uno. » La pauvre Sherry n’arrive pas à tourner la fin de partie en sa faveur laissant Leon achever ce jeu.
« - On peut jouer à autre chose si tu veux.
- Tu as une idée en tête ?
- Un cache-cache.
- …
- Quoi ?
- Tu n’es pas un peu trop vieux pour ça.
- Techniquement, je n’arrête pas d’en faire pendant mes missions d’infiltration. Considère ça comme un entraînement initiatique.
- Alors on reste uniquement sur cet étage et le premier sinon on en finira plus.
- Ok. Tu peux commencer à compter. 60 secondes. »
En attendant, celui-ci se précipite vers l’ascenseur pour accéder à l’étage -1 grâce à une clé de service subtiliser discrètement des mains d’un garde à l’entrée principale. Il tombe sur un long couloir à peine éclairé avec une vieille tapisserie jusqu’à tomber dans la pièce expérimentale. A l’intérieur il y trouve des appareils médicaux, seringues emballées, prélèvements de sang et autres médicaments qu’il ne connaît pas ainsi qu’un dossier médical au nom de Sherry Birkin. Un dossier qui évoque les évolutions importantes des recherches sur la jeune fille, illustrées par diverses photos :
[Dossier confidentiel numéro 1998-10-01-SB.
Sous la direction du gouvernement des États-Unis d’Amérique.
Nom : Sherry Birkin
Sexe : Féminin
Date de naissance : xx/xx/1986
Lieu de naissance : Raccoon City, Etats-Unis
Parents : William Birkin (décédé) / Annette Birkin (décédée)
Patiente infectée par le virus G. Haute dangerosité. À étudier avec prudence.
Le XX/10/1998
Madame Birkin vient d’arriver au sein de notre établissement, après avoir été appréhendé avec le policier Leon Scott Kennedy suite à l’accident de Raccoon City. Le sujet est apeuré et difficile. Malgré tout, elle garde un contrôle total sur le virus golgotha dans son sang. Normalement, l’infecté devrait perdre petit à petit ses pensées et sa conscience pour devenir une bête agressive et meurtrière. Des recherches approfondies doivent être réalisées le plus tôt possible.
Le XX/XX/1999
Les résultats de nos premières prises de sang indiquent que le vaccin unique qui fût injecté dans son sang n’élimine pas le virus mais le stabilise. Le contrôle afin de protéger l’hôte. Celle-ci s’était blessé involontairement en se battant. Des éraflures aux bras furent guéries en quelques secondes. Des capacités de régénérations exceptionnelles. Nous continuerons les examens une fois que le sujet sera calmé.
Le XX/XX/2000
Le virus golgotha est lié au concept de la progéniture. Toute personne n’appartenant pas à la même souche ou famille rejettera le potentiel vaccin que nous élaborons. Il est donc pour le moment impossible d’en fabriquer un identique pour la population mondiale. En mélangeant, les anticorps protecteurs du sujet GV au sang d’une mère souris, nous avons pu guérir son petit auquel nous avons appliqué les cellules du virus G dans son corps.
Nous regrettons la mort de ses parents. Leurs recherches auraient dû être conservées.
Le XX/XX/2003
Umbrella a officiellement sombré et Derek Simmons fût élu directeur et garant légal de Sherry. Il a même laissé une nouvelle tête venir rendre visite au sujet GV. Claire Redfield. Un acte qui gagna la confiance de la fille. Une véritable aubaine. Emplie de vigueur, elle vient maintenant d’elle-même pour nous aider dans nos recherches.
Le XX/XX/2004
Les recherches vers le vaccin universel avancent petit à petit, nom de code : C pour chrysalide. Un cocon qui enfermera l’infection dans une prison. On peut aller plus loin. Si on peut contenir le virus G ou pourra peut-être en faire d’autant pour le virus T.]
Rien de contraignant aux yeux de l’agent mais ses doutes ne sont pas repoussés. Claire avait le sentiment que quelque chose clochait. Soupirant, il range le dossier et retourne à sa partie de cache-cache. Sherry, ignorante de ce qui vient de se passer sursaute d’effroi après avoir senti une main tapotée son épaule gauche.
« - Désolé de t’avoir fait peur, encore.
- Non mais ça ne va pas Léon ! J’ai failli faire une attaque. Et qu’est-ce que tu fais la ? Tu ne devrais pas être caché ?
- Rester caché m’ennuyait.
- …C’est louche, c’est toi qui as voulu jouer à ce jeu.
- C’était pour te faire patienter.
- Patienter ?
- Suis-moi tu comprendras. »
Confuse mais intriguée, elle suit son ami vers la sortie de secours à l'arrière du bâtiment et à sa surprise personne n’est là.
« - Qu’est-ce que ça veut dire Léon ?
- Tiens, regarde. »
Il lui remet une lettre signée par le président lui-même permettant à Sherry Birkin de quitter l’administration pendant quelques heures.
- Être le protecteur et ami de la fille du président à ses bénéfices. De plus, celui qui est sensé être à ce poste est une connaissance. Il faudra juste qu’on soit de retour avant Simmons alors dépêchons-nous. Ma voiture est à une petite d’heure d’ici.
Avant qu’il puisse avancer ne serait-ce d’un pas il est serré bien fort dans un câlin. Des larmes de joie inondent son blouson.
« - Merci mille fois Léon, c’est le meilleur anniversaire.
- J’ai aussi pensé à notre couverture. Mets-ça. »
Il sort d’un sac une perruque brune et des lentilles de contact qu’elle enfile sans tarder. Tous deux filent en direction de la voiture. Sherry ne peut s’empêcher de s’arrêter à plusieurs reprises pour observer la faune qui l’entoure et surtout la ville rayonnante au loin qui s’est éveillée suite au premier passage du blondinet. Maintenant, elle est envahie par la couleur des néons des magasins, des lumières provenant des fenêtres des gratte-ciels et de la grande roue du parc nocturne de la ville. C’est d’ailleurs la première destination du duo, Leon regarde sa montre qui indique 21h37 alors que Sherry s’amuse à faire plein d’attractions : de la pêche au canard aux montagnes russes. Une vraie gamine selon son partenaire qui la regarde avec un sourire. Puis vient les stands de tir. La difficulté tronquée agace la jeune fille sous les yeux arrogants du maître du jeu. Un regard qui sera vite décomposé par la dextérité de l’agent qui met à terre la cible la plus éloignée en un rien de temps, remportant un nounours blanc. Quant à la suite :
La maison de l’horreur : Oserez-vous vous perdre dans ce lieu macabre rempli de danger ?
Un gloussement s’échappe de leur bouche. Comparé à ce qu’ils ont vécu c’est une garderie : des sols poussiéreux, des mannequins électroniques démodés comme un fantôme représenté avec un simple drap avec des trous en face des yeux, une mélodie ressemblant à celle d’une boite à musique… La seule partie de la maison qui fait son effet est la salle des miroirs. Les vitraux qui reflètent à la perfection en multiples copies leur allure, mettant en valeur les couleurs et petits détails de leurs vêtements. En terminant cette attraction l’odeur de crêpes chaudes fait saliver les papilles de la demoiselle qui s’empresse de commander deux aux chocolats et des churros. Paiement au nom de monsieur Kennedy. Une bonne idée qui en deviendra une mauvaise après avoir abusé des tasses tournantes. L’estomac de Sherry n’était pas préparé. Ils marchent doucement, la main droite de Leon caressant le dos de son ami pour atténuer la sensation de nausée. Ils quittent le parc et se baladent sans but, profitant de l’ambiance festive régnant sur la ville. A 23h11, ils tombent devant un bar-casino récemment ouvert appelé le Viewtiful Joe. L’entrée mène à un long tapis rouge traversant le couloir vers le hall principal ou diverses machines sont disposés. Des machines à sous traditionnelles mais aussi d’arcade pour les plus jeunes qui n’ont pas l’âge légal de participer à des jeux d’argent. Pour une raison étrange le réceptionniste semble familier.
« - Excusez-moi mais, est-ce qu’on ne se serait pas déjà rencontré quelque part ?
- Non c’est la première fois que je vous vois monsieur.
- Ce n’est pas grave, désolé pour le dérangement.
- Aucun problème, savourez votre soirée. Étranger. »
Ce dernier mot, Leon se retourne instinctivement et il n’est plus là. A-t-il imaginé tout cela ?
« - Est-ce que ça va ?
- Ce n’est rien Sherry, ne tant fait pas. »
Tous deux s’assoient près d’une machine à sous et commencent tranquillement avec un budget de cinquante dollars chacun soit cent pour Leon qui paye pour Sherry. Un budget qui commence à diminuer pour le payeur.
« - C’est bien ma chance… Comment tu t’en sors Sherry ?
- J’ai un triple 7. Est-ce que c’est bien ? »
Le pauvre Leon est proche de tomber de sa chaise face à cette chance du débutant.
- Je suppose que oui.
Dit-elle joueuse. Alors qu’elle continue son partenaire s’éclipse pour se remémorer un jeu qu’il connaît bien : Street Fighter 2. Une affiche est posée sur le mur à côté de la borne proposant trois défis permettant de remporter des lots :
- Finir le mode arcade en difficulté maximale
- Ne pas perdre un seul round.
- Obtenir un score d’au moins un million.
- C’est l’heure du duel.
Sélectionnant Ken, il voyage de pays en pays, de coups de poing à coups de pied jusqu’à arriver en Thaïlande face au boss : M.Bison.
« - Alors tu gagnes Leon ?
- Regarde et apprend. »
Une victoire parfaite avec un uppercut bien placé, ses initiales resteront gravées dans la mémoire de la borne avec son score volumineux.
« - Un 1v1 tous les deux ça te dit ?
- Pourquoi pas mais explique-moi comment on joue d’abord.
- Tu vois ses six boutons ? Il y a trois types d’attaques pour les poings et pieds : léger, moyen et lourd. Chacun influence la vitesse et la puissance du coup porté ainsi que sur le temps de récupération du personnage. Donc choisis judicieusement ou tu risques beaucoup de contre.
- Ok et comment on se défend ?
- Recule avec le joystick, tout simplement.
- Je t’ai vu faire une manip. bizarre pour ton uppercut.
- Les coups spéciaux ? Il suffit d’effectuer une commande particulière qui varie selon ton personnage. Choisis-en un et je t’expliquerai. »
Elle s’applique et choisit la première dame combattante des jeux de combat : Chun-Li.
« - Je le savais.
- Comme toi avec ton blondinet.
- Qui se ressemble s’assemble. »
Il la laisse prendre en main les contrôles tranquillement, laissant Ken au fond gauche de l’écran sans bouger. Elle comprit par mégarde que Chun-Li est un archétype de charge. C’est-à-dire maintenir pendant au moins une seconde un bouton avant de le relâcher pour enclencher un de ses coups spéciaux.
« - Tu es une naturelle aux jeux dis donc.
- Tu penses ?
- Mais comme on dit : Heureux en jeu, malheureux en amour.
- Je ne suis pas intéressé par les garçons de toute façon. Pour le moment. »
- Bien. Très bien. » Marmonne-t-il, passant inaperçu dans les oreilles de celle qu’il considère comme une petite sœur.
Après quelques matchs tous deux vont ensuite enterrer leur passé en collaborant sur un rail shooter du nom de House of the Dead. Des hordes de zombies tombent les uns après les autres sous les coups de feu de leurs pistolets en plastique qui résonnent dans la salle. Des centaines de cartouches qui claquent au visage des morts-vivants, une scène irréaliste alors que Leon devait à l'époque économiser au maximum chaque ressource.
« - Pfiou, si seulement Raccoon était comme ça, hein Leon.
- Tu l'as dit. Bon, ça m’a donné soif. Tu veux quelque chose ?
- Non merci. Je vais essayer ce jeu de danse.
- Retrouve moi au bar quand tu auras fini. »
Un bon martini avec de petites bretzels. Un petit délice tout et regardant une dame de cabaret chanter une chanson sur la scène du fond. Il visionne sa montre qui affiche 0h43 du matin et au même moment son téléphone portable vibre affichant un message de son meilleur ami : Claire Redfield.
[« - Alors vous vous amusez bien Sherry et toi :) ?
- On est aux anges. Sherry aurait aimé que tu sois là.
- Je sais, je sais. J'ai déjà une idée pour me rattraper. Au fait, tu as trouvé quelque chose ?
- Non, rien de compromettant. Je crois qu'on devient parano.
- On va devoir croire en Derek.
- Avoir un allié serait bien pour une fois. Va falloir qu'on rentre bientôt pour ne pas tomber sur lui.
- Ah parce qu'en plus vous êtes à l'extérieur !? J'espère que tu l'as emmené voir le concert de Queen.
- Il y a un concert de Queen dans le coin ?
- ...
- Quoi ? Madame Made in Heaven fangirl.
- Chut le Leonardo DiCaprio du pauvre x)
- Je ne suis pas le type de personne qui essaie d'être cool ou en tendance ;). A plus Claire.
- Bonne fin de soirée à tous les deux ^^ »]
Le temps de finir sa boisson, Leon interpelle son duo avec un geste de la main. La soirée touche à sa fin au mécontentement de la passagère.
« - Il y a tant de chose que j'aurai voulu encore faire.
- Impossible en une soirée mais on trouvera un moyen de recommencer.
- J'espère. En tout cas j'ai pris une décision.
- Laquelle ?
- Je veux devenir un agent comme toi.
- Pourquoi ? Je veux dire je suis flatté mais c'est si soudain.
- Je... je ne sais comment l'expliquer. Disons que je veux continuer à aider sans rester coincé dans un bâtiment 24h/24.
- Si tu as besoin d'un entraînement spécifique, demande-moi.
- Ok.... »
La sensation de conduite berce et endort doucement la jeune fille. Mais son sommeil devra attendre alors qu'elle marche dans la montagne en somnolant jusqu'à arriver au centre avant de s'écrouler sur son lit alors que Leon prend une couverture pour dormir sur le sol. Avec un peu de moins de quatre heures de sommeil, Leon se lève à sept heures du matin pour partir. Avant de franchir pour une dernière fois la porte d'entrée il tombe nez à nez avec le garant de son ami.
« - Bien dormi monsieur Kennedy ?
- Le parquet était super... Et vous votre dîner ?
- Ennuyeux. Je suis bien content d'être de retour. J'espère que vous avez suivi ma demande.
- Évidemment.
- Je vous fais confiance. Voulez-vous un café avant de partir ?
- Non merci. J'ai reçu un message de ma coordinatrice de mission. Je dois y aller.
- Dommage, vu votre visage un café vous aiderait. C'était un plaisir de vous recevoir. En espérant vous revoir.
- Pareillement. Dites au revoir à Sherry de ma part. »
Une nouvelle journée, un nouveau soleil qui éblouit l'horizon. Ce même soleil qui débuta sa virée va débuter une nouvelle aventure.