Biohazard : Code Nivans

Chapitre 5 : Chapitre 5 : HAOS (juillet 2013)

Chapitre final

7114 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/09/2019 16:34

Peu après, nous arrivâmes dans une grande salle, sur plusieurs niveaux. Au fond du grand trou, au centre, il y avait un gigantesque cocon. Je n'osais même pas imaginer ce qui sortirait de ce cocon s'il venait à éclore. Carla était vraiment décidée à répandre le virus dans le monde entier, et avec ce cocon, elle était sûre de réussir même après sa mort.

-Il ne faut pas qu'on laisse ce cocon éclore, dit Chris alors que je m'apprêtais à le penser

-Je le sais, capitaine. Comment devrait-on procéder ?

-Piers ! dit une voix que je ne reconnus pas tout de suite

Chris et moi nous tournâmes vers la voix. De l'autre côté de la salle, Sherry et Jake venaient d'entrer. Sherry accourut vers nous, et Jake la suivit de mauvaise grâce. Cette dernière me sauta au cou, comme après chaque vacances pendant que nous étions en cours ensemble, et je l'attrapai au vol. Je subis une étrange satisfaction lorsque je vis la jalousie envahir le visage de Jake, alors que Chris me regardait avec un petit sourire.

-Je suis contente de te revoir, déclara Sherry en retombant sur ses pieds. Je suppose que c'est vous qui nous avez libérés ?

Ce n'était pas vraiment une question.

-Ouais, dit Chris avant moi. Il faut que vous partiez le plus vite possible, avant que cette chose n'éclose, ajouta-t-il en montrant l'abomination qui pendait dans le vide

-C'est... un cocon ? dit Sherry d'un ton effrayé

-Il semblerait.

-Alors on va rester vous aider.

Jake râla dans sa barbe. Je devinai qu'il n'avait aucune envie de s'éterniser avec nous, mais il avait envie de rester avec Sherry, apparemment, car il ne fit aucun commentaire. Il se contenta de faire les cents pas à quelques mètres de nous.

-Jake, dit Sherry d'un ton blasé

-Quoi ? répondit-il

Puis son regard se posa sur Chris, qui le regardait avec son regard insistant. Je me demandais ce qui lui trottait dans la tête, mais, comme plus tôt, je savais qu'il allait le dire.

-Quoi ? répéta Jake

-Je vois votre père en vous, dit Chris d'un ton sombre

J'interceptai le regard que Sherry envoya à Chris, et je compris fort bien le message. Elle aussi avait compris ce que Chris avait l'intention de dire à Jake.

-Vous l'avez connu ? demanda Jake

-Ouais. C'est moi-même qui l'ai tué, ajouta Chris après une courte pause

Jake ouvrit grand les yeux, étonné de la franchise de Chris, et Sherry semblait guetter les réactions de Jake. Ce qui était justifié, car, quelques secondes plus tard, Jake dégaina son arme et la pointa sur le front de Chris.

-Jake ! s'écria Sherry

Par réflexe, je mis Jake en joue, qui m'offrit un regard méprisant.

-Vous feriez mieux de garder votre chien-chien en laisse, dit Jake d'un ton qui allait avec sa tête, en me montrant du regard

Chris me dit silencieusement de baisser mon arme, et je m'exécutai, alors que Jake ricanait.

-C'était vous ? demanda Jake d'un ton plus sérieux

-C'était moi, répondit Chris d'un ton assuré

-Jake, répéta Sherry

Je compris à ses intonations, et à la façon dont Jake l'avait regardée après la déclaration de Chris, qu'elle était au courant mais qu'elle ne lui avait rien dit, ou qu'elle était restée évasive. Ce qui ne me paraissait qu'à moitié une bonne idée, sur le moment. D'ailleurs, on s'échangeait des regards plein de sens, tous les deux impuissants devant cette scène.

-Vous avez le droit d'appuyer sur cette gâchette, dit Chris d'un ton calme. Mais en échange, promettez-moi que vous allez vous en sortir. L'avenir du monde en dépend.

-Comme c'est héroïque de votre part, lâcha Jake, acide. Mais j'ai besoin de savoir. Vous avez seulement obéi aux ordres, ou c'était personnel ?

-Les deux, dit Chris après une courte réflexion

-Tiens donc.

Jake essayait de garder un air froid, mais je voyais dans ses yeux qu'il bouillait intérieurement. En même temps, je me demandais comment je réagirais à sa place, en face du meurtrier de mon père. Même si mes relations avec mon père n'étaient pas les mêmes que celles que Jake avait eu avec le sien, je sentais qu'il hésitait. Ni Sherry ni moi n'osions bouger, alors que le doigt de Jake appuyait de plus en plus sur la gâchette. Au final, il poussa un grognement sonore et une détonation retentit. Je sursautai, mais me rassurai quand je vis la balle plantée dans le mur derrière Chris. En fait, elle avait frôlé son oreille.

-Il y a bien plus de choses en jeu que vous et moi, dit Jake en rangeant son arme. On aura tout le temps de régler ça dehors.

-Si vous voulez, dit Chris d'un ton neutre

-Comment doit-on s'occuper du cocon selon vous ? demanda Sherry à Chris

-Je ne sais pas trop. On ne sait même pas quand ce truc va éclore, en plus.

-Autant se grouiller alors, déclara Jake. Je n'ai certainement pas envie de mourir ici.

Je lui jetai un regard approbateur, malgré moi. Pour une fois que nous étions d'accord. Nous nous mîmes donc à chercher la sortie de la salle. Car il paraissait évident que, si Sherry et Jake venaient de l'entrée de l'autre côté de la salle, ce n'était pas par là qu'il fallait sortir. Mais malheureusement, nous comprîmes que les deux issues ne menaient nulle part.

-Mais comment est-ce possible ? s'exclama Sherry alors que je le pensais

-Il doit y avoir un truc, dis-je d'un ton convaincu

-Merci captain Obvious, ricana Jake

Je préférai penser que Sherry prendrait ma défense, mais à la place, elle rit à la blague pourrie de Jake, alors que Chris poussait un soupir. De toute évidence, il était aussi dépité que moi, et ça me rassurait presque autant que ça me faisait plaisir.

Pendant le deuxième tour, je remarquai les quatre leviers autour de la plate-forme centrale. Je prévins les autres, qui étaient, comme par hasard, chacun près d'un des leviers. D'après mon expérience, il fallait actionner les quatre pour activer le mécanisme. Chris et moi avons parfois dû actionner en même temps deux leviers – parce qu'un seul ne suffisait pas, non... Jake et Sherry durent avoir le même genre d'épreuve, parce que, dès que j'atteignis le quatrième levier, nous fîmes le geste de le baisser tous en même temps. Je jetai un œil curieux à Sherry, qui me fit un clin d'œil. La plate-forme sur laquelle nous étions commença à descendre, et je me rendis vite compte qu'elle avait été divisée en deux. Une moitié partit vers le haut, avec Chris et Jake dessus, et l'autre partit vers le bas, avec Sherry et moi dessus. D'ailleurs, lorsqu'elle le vit, elle courut vers moi.

-Piers ! On a perdu Chris et Jake ! s'écria-t-elle

-Ouais j'ai vu, dis-je en levant la tête. Ils sont grands, ils s'en sortiront.

-Ce n'est pas ça. Tu as bien vu comment Jake a réagi quand il a su...

Sherry baissa la tête, et fit un air dépité comme j'en voyais rarement, surtout chez elle. Je saisis son menton du bout des doigts, pour la forcer à me regarder, et je lui fis un sourire le plus honnête possible.

-Moi, je fais confiance à Chris. Et ça me fait du mal de l'admettre, mais je fais aussi confiance à Muller. Je pense qu'il sera sage. Pour l'instant du moins, ajoutai-je avec une mauvaise grimace

-Tu as raison, dit-elle en reprenant son sourire. Merci mon grand.

Sherry se mit sur la pointe des pieds et passa ses bras derrière mon cou. Je la serrai contre moi, oubliant presque le gros cocon juste à côté de nous. Je me rendis vraiment compte à ce moment-là à quel point elle m'avait manqué. La paire de pistolets dans son dos me rappela les bons moments qu'on avait passés en cours de pratique, et, avant de sombrer dans la nostalgie, je m'arrachai délicatement à sa prise.

-On reprendra plus tard, déclarai-je. On doit s'occuper de ce truc, ajoutai-je en montrant le cocon

-Tu as raison. Je crois qu'on est bientôt arrivés, dit-elle en regardant en bas

En effet, en bas, on pouvait voir de l'eau. Je me demandais à quoi elle servait, mais il me paraissait évident que ce n'était pas pour noyer les gens de l'ascenseur. A part si c'était un piège bien tordu. Enfin, maintenant que j'avais vu Carla en action, elle en aurait bien été capable. Un duo pour le plafond de piques, et un autre pour les profondeurs abyssales. Si 'avais pu choisir, j'aurais choisi les piques. Mort probablement plus douloureuse, mais aussi plus rapide. Et je n'étais pas fan de la souffrance. J'avalai ma salive, en espérant que ce ne soit pas vraiment ça, et je soupirai un bon coup quand l'ascenseur s'arrêta juste au-dessus de la flotte. A côté de moi, Sherry ricana un coup.

-Quoi ? demandai-je en fronçant les sourcils

-Peur d'un petit bain, lieutenant Nivans ? dit-elle d'un ton amusé en me pokant l'épaule

-Je préfère éviter les bains tout habillé, dis-je sur le même ton

-Oh, grand fou ! râla-t-elle en riant et en me poussant

Sur notre droite, il y avait un couloir, à peine éclairé. Il paraissait évident qu'il fallait qu'on passe par là. Oui, c'était le seul chemin. Sherry le vit en même temps que moi, et me le montra. J'acquiesçai, et nous entrâmes dans le tunnel. Un peu de résistance de la part des super J'avos, mais rien d'insurmontable. Faire équipe avec Sherry était plus satisfaisant que je ne l'aurais cru. Elle enchaînait les J'avos au corps-à-corps et aux pistolets avec une vitesse et une aisance qui rendait jaloux. Elle avait des années d'avance sur moi, sur ce point. Moi je faisais feu sans condition sur les monstres qui l'approchaient par derrière, et elle me remerciait avec un petit sourire.

-Tu as tenu ta promesse, dit-elle d'un coup

-Laquelle ? dis-je d'un ton innocent

En fait, je savais de laquelle elle parlait. Celle qu'on ferait équipe un jour.

-Ne fais pas celui qui ne sait pas ! s'écria-t-elle d'un ton faussement indigné. La promesse qu'on ferait équipe un jour, pardi ! Et comme je l'avais prévu, on fait vraiment une bonne équipe.

-Ouais, tu as raison. Mais je ne te cache pas que j'ai pris l'habitude de Chris depuis le temps.

Sherry tira dans la tête d'un zombie qui bougeait encore, et je sentis qu'elle plongeait son regard dans le mien. Comme quand elle sentait que je lui cachais quelque chose.

-Ce n'est plus "capitaine" maintenant ? ricana-t-elle

Je me mis à rougir sérieusement. J'avais gaffé. J'ai appelé Chris deux fois par son prénom en à peine vingt minutes, alors que celui-ci n'était pas là. Et Sherry avait fait le rapport, je le voyais à sa façon de me regarder.

-Eh bien... il me demande souvent de l'appeler par son prénom, alors... réussis-je à bégayer

-Pourtant tu ne l'as jamais fait quand j'étais là, nota-t-elle

Merde. Elle m'avait grillé. Son sourire avait disparu, mais je lisais dans ses yeux qu'elle avait deviné, et qu'elle contenait sa joie. Comme la bonne pompon girl qu'elle était.

-Tu n'aurais pas un peu craqué pour lui par hasard ? dit-elle sur un ton un peu trop accusateur

Je détournai le regard, le visage de plus en plus rouge, et ce fut à son tour de mettre sa main sur ma joue pour me forcer à la regarder.

-Est-ce qu'il est au courant ? demanda-t-elle

-Non ! Bien sûr que non ! me débattis-je

-Pourquoi ne lui dis-tu pas ?

-Je ne suis pas encore prêt, dis-je en essayant de calmer le rythme de mon cœur

-Tu devrais lui dire, dit-elle d'un ton sérieux. Ce n'est pas bon de tout garder pour soi, comme ça.

-Et toi et Muller ? C'est sérieux ? dis-je d'un ton ironique

Je regrettai tout de suite mes paroles. Non seulement je les avais dites seulement parce que, au fond, je n'appréciais qu'on me perce à jour comme ça, même si c'était Sherry. Mais surtout parce que ce fut à son tour de rougir. Je crus que mes yeux allaient sortir de leurs orbites.

-Tu... Toi et ce sale type ?

-Ne dis pas ça ! se défendit-elle. Il n'est pas aussi méchant qu'il n'en a l'air.

-Bon. Bref, dis-je d'un ton plus froid que nécessaire. Il faut qu'on trouve des... commandes, ou quelque chose du genre. Ça nous aidera peut-être pour le cocon.

-Oui chef ! dit Sherry en faisant un salut militaire, en retrouvant son sourire

Je la décoiffai rapidement en riant, et nous nous mîmes à chercher dans les consoles qui se trouvaient dans le coin. J'eus une étrange impression de déjà-vu, et je me rappelai, malgré moi, de la discussion que j'avais eue avec Chris à propos de Sherry. Et qu'il avait dit qu'il était jaloux que je pense souvent à Sherry. A ce moment-là, je m'étais dit que peut-être il ressentait quelque chose pour moi, et, en fait, encore maintenant, je trouvais ça absurde. Mais le regard de Sherry me faisait penser qu'elle pensait que c'était tout à fait possible entre Chris et moi.

Soudain, elle poussa un cri, qui me fit sursauter. Je lui demandai ce qu'il y avait, et elle se contenta d'appuyer sur un gros bouton rouge, qui était caché sous un gros cache dégueulasse. Nous entendîmes un gros bruit, sans savoir d'où il venait. Sans doute le saurions-nous en temps voulu.

Nous nous sommes dis remis en route, suivant bêtement le chemin, et éliminant tout aussi bêtement toutes les abominations qui osaient avoir l'audace d'essayer de nous ralentir. Ce fut un escalier qui nous attendait, cette fois. Je me demandais sincèrement où il menait, celui-là, et plus je me le demandais, plus il semblait interminable. Enfin, une porte en métal rouillé était le dernier obstacle qui nous séparait de notre destination théorique. Je l'enfonçai d'un coup de pied, de plus en plus pressé de retrouver Chris. A la place, je trouvai Jake, qui nous attendait, les bras croisés, avec un sourire insolent. Bon sang, je hais ce type...

Jake posa son regard sur Sherry, qui lui fit un petit coucou, avant de me regarder étrangement intensément.

-Vous avez mis le temps, déclara Jake de son ton de sale gosse

-Ne sois pas méchant Jake, dit Sherry d'un ton amusé. Nous avons discuté de business sérieux, entre temps. Ça et le fait que notre ascenseur était plus lent que le vôtre.

-Mouais.

A peine Jake avait fini sa phrase, un bruit sourd résonna dans le hangar. Les attaches qui retenaient le cocon lâchèrent, et il tomba dans l'océan. Une bonne chose de faite. Derrière Jake, au loin, je vis Chris qui venait vers nous, son fusil à la main. Je ne sus l'expression qu'il fit lorsqu'il me vit, mais je crus le voir accélérer. Sherry et moi allâmes à sa rencontre, et Jake resta sans bouger, je ne sus pas pourquoi. Mais quelque part, je m'en foutais un peu, avouons-le.

-Piers, vous voilà, dit-il en rangeant son fusil. Comment ça s'est passé de votre côté ?

-Pas mal, capitaine. Nous n'avons rencontré que peu de résistance, et Sherry a appuyé sur un gros bouton rouge, dis-je d'un ton presque amusé

-Un gros bouton rouge ? répéta Chris en levant un sourcil

-Il était trop bien caché pour que ce soit une coïncidence, se justifia Sherry. Et vous ?

-Moi aussi j'ai trouvé un gros bouton rouge. Peut-être qu'il a réagi avec celui sur lequel vous avez appuyé, parce que, la première fois que j'ai essayé, ça n'a pas marché.

-Travail d'équipe alors ! déclara Sherry en levant la main

Je regardai la mine incrédule de Chris, en ricanant intérieurement. Jake arriva à ce moment, et fit les gros yeux lorsque Chris fit un petit sourire à Sherry, avant de lui taper dans la main. Sherry, elle, était aux anges.

-Travail d'équipe, répéta-t-il

Sur le moment, je trouvais qu'il avait dit "travail d'équipe" sur un ton presque sensuel. Faut que je calme mes hormones, ça devient grave, sérieux...

-Maintenant qu'on s'est occupés du cocon, il faut que vous partiez, dit Chris, me réveillant. On reste ici pour faire sauter cette base, et il ne faut pas que vous soyez dedans à ce moment, compris.

-Oui, monsieur ! dit Sherry en faisant le même salut militaire que plus tôt

-Ça se voit que vous connaissez ma sœur, dit Chris d'un ton amusé. Allez, partez !

-Oui. Viens Jake, dit-elle en prenant par le bras

Jake et Sherry se dirigèrent vers ce qui semblait être la sortie, et je vis Chris les suivre du regard, avec une expression neutre. Quand il faisait ça, je me demandais sincèrement ce qu'il pensait. Alors que Jake était déjà parti pour se casser, Sherry se retourna vers nous.

-Piers ! s'écria Sherry. Promets-moi que vous allez vous en sortir !

-Je te le promets, dis-je, naïvement. Maintenant courrez !

-D'accord !

Jake revint, me jeta un regard, puis un autre à Chris, avant de me regarder de nouveau, et de partir avec Sherry. Je ne savais pas ce qu'il avait eu à me fixer comme ça, mais ça m'a saoulé, sur le moment. Comme s'il essayait de me dire quelque chose, mais que rien ne sortait. J'avais assez d'un capitaine qui me faisait le coup régulièrement. Je me remis à courir, suivi par Chris, alors que le bâtiment s'effondrait derrière nous. Je ne compris pas vraiment pourquoi, mais c'était tant mieux. Comme ça on avait deux assurances pour que le cocon ne soit plus : noyé et écrasé par les ruines. Alors quelle était la mauvaise impression que j'avais ?

-Allez, on se bouge, soldat, dit Chris pour me réveiller

-Ouais. Je vous suis.

Chris reprit le chemin, apparemment il y avait une sortie dans la salle dans laquelle il avait appuyé sur le bouton rouge. Étrangement, nous ne rencontrâmes quasiment aucune résistance. Que des résidus de super J'avos que Chris n'avait pas bien finis. Cela me paraissait bizarre d'ailleurs que quelqu'un d'aussi professionnel que lui ne tue pas bien des zombies. Puis je me rassurai, en me souvenant que Jake était avec lui. D'ailleurs, je ne pus m'empêcher de lui poser des questions à ce sujet. Plus pour briser notre silence gêné que par curiosité, en fait.

-Capitaine ?

Il tourna négligemment la tête vers moi, avec une expression neutre. Je devinai que je l'avais coupé dans ses pensées.

-Piers ? répondit-il d'un ton qui allait avec sa tête

Je le trouvai moins sensuel, là, pour le coup. Plutôt... morbide.

-Comment ça s'est passé avec Muller, quand nous étions séparés ? demandai-je en essayant de prendre un ton professionnel. Il n'a pas osé encore s'en prendre à vous, quand même ?

Chris eut un sourire sonore, et mon cœur sauta dans ma poitrine. Ses sourires avaient vraiment un effet bœuf sur moi.

-Non, ne vous en faites pas. Nous avons à peine discuté, en fait. Nous avons collaboré, comme deux adultes responsables qui n'avaient pas d'autre choix que de travailler ensemble.

-Tant mieux.

-Quoi ? Vous vous sentez responsable de moi, c'est ça ? dit Chris en riant légèrement

-Ce n'est pas ce que j'ai dit, dis-je d'un ton gêné. C'est juste que...

-Non mais c'est la vérité, quelque part. Si vous n'étiez pas là, qui sait combien de fois j'aurais plaqué la mission pour aller accrocher la tête de Carla sur une pique, dit-il avec un rire sans joie

-Je ne fais que mon devoir, capitaine, balbutiai-je

-Et vous le faites très bien, ajouta Chris avec un franc sourire. Pour ça que je serai en confiance si vous preniez ma place.

-Je n'ai pas envie d'en parler pour l'instant, admis-je

-Vous avez raison. Continuons.

Chris se retourna pour se remettre à marcher, et je fus sur ses talons une fois que je réussis à modérer mes voies respiratoires. Pourquoi fallait-il qu'il me fasse autant d'effet dans des moments pareils ?

Nous marchâmes dans un couloir, pendant de longues minutes, lorsque le sol se mit à trembler. Chris manqua de trébucher, et je le rattrapai... pour me retrouver à moitié allongé sur lui...

-Désolé, dis-je en bouillant d'un seul coup

-Pas de problème, répondit Chris d'un ton très sérieux

Il se releva avant que je n'aie le temps de dire "zombie", et me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la saisis et nous nous retournâmes en même temps vers le couloir d'où nous venions. La terre se remit à trembler, et nous dûmes faire de gros efforts pour rester debout. Et, alors que j'allais demander ce qu'étaient ces tremblements, j'eus la réponse. Une énorme arme biologique fonçait sur nous, peinant à entrer dans le couloir. Un seul regard vers Chris suffit à me faire comprendre qu'il fallait courir. Mais ce n'était pas évident, avec cette chose qui faisait trembler tout l'édifice. Cela me parut assez étrange, à quel point elle ressemblait à un poulpe, mais je trouvai alors le rôle de l'eau dans toute cette histoire. En fait, le cocon avait éclos dans l'eau, et un poulpe zombie en était sorti. L'abomination qui pouvait contaminer le monde entier.

Il paraissait évident que nous ne pouvions l'affronter dans un espace aussi confiné, alors Chris et moi avons continué à courir, en espérant une grande salle dans tout ce bourbier, en tirant quand même sur le monstre pour le ralentir. Cependant, les couloirs n'en finissaient pas, et, las de nos petits jeux, le monstre a commencé à démolir les couloirs pour mieux passer. Nous dûmes donc accélérer, car la base était sous-marine, et il était hors de question de se noyer. Je ne voulais certainement pas mourir comme ça.

La course-poursuite se poursuivit encore, et, enfin, dans une grande salle remplie de sorte de containers, on a pu souffler. Notre poursuivant semblait avoir du mal avec les portes blindées.

-Vous allez bien ? me demanda Chris

-Ouais, ça va, dis-je en soufflant un bon coup. Ça faisait longtemps que je n'avais pas couru comme ça, c'est tout.

-C'était quand, la dernière fois ?

Je le regardai. Comment pouvait-il penser à faire la conversation maintenant ?

-Si vous voulez le savoir, c'était pour échapper à Sherry. Je n'avais pas envie d'aller faire les magasins avec elle, il y a cinq ans, mais elle m'a forcé. Et j'ai essayé de la perdre dans le centre commercial.

Chris éclata de rire, et je ne pus m'empêcher de sourire, en rougissant un peu. Certes c'était assez drôle, le parallèle que j'avais fait entre une menace mondiale et ma meilleure amie, mais... C'était la première fois depuis une éternité que j'entendais Chris rire comme ça. Comme si les bruits venant de la porte blindée à quelques mètres de nous n'avaient aucune importance, désormais.

Chris ouvrit la bouche, pour dire quelque chose, mais les portes en métal implosèrent. Je poussai Chris pour me mettre devant lui, et un bout de métal me cloua au mur du fond, immobilisant mon bras. Je réussis à retenir mon hurlement de douleur, jusqu'à ce qu'un deuxième bout de métal s'ajoute, pour quasiment trancher mon bras droit.

De l'autre côté de la pièce, le monstre avait attrapé Chris dans une de ses tentacules. Sa mitraillette était par terre, il ne pouvait rien faire. Je crus l'entendre crier mon nom, mais je n'étais pas sûr. Cependant, je n'avais pas le temps de me lamenter. Mon désir de sauver Chris était plus fort que ma douleur. Enfin, c'est ce que je me disais jusqu'à ce que je me dirige vers lui, arrachant définitivement mon bras. Je hurlai derechef, et je voyais l'expression de Chris de là où j'étais.

En face de moi, alors que je m'effondrai, l'échantillon de virus-C qu'Ada m'avait remis sauta de ma poche et roula jusqu'à un container. Avant même que je ne pense à effectuer un mouvement, ou plutôt à ramper comme la loque que j'étais devenu, mon corps avait déjà commencer à bouger. J'arrivai près de la seringue, et me la plantai dans mon bras absent.

Chris rugit mon nom, cette fois, et je me rendis compte seulement à ce moment-là de ce que je venais de faire. à ce moment-là, et aussi lorsqu'un bras purulent remplaça mon bras droit humain, des petits éclairs circulant entre les griffes. Mon cerveau marcha plus vite que mon corps, cette fois, bien plus vite. Je sentis un fort pouvoir circuler en moi, et une décharge électromagnétique alla percuter le monstre-poulpe, qui lâcha Chris. Alors que l'abomination s'effondrait, Chris courut vers moi, un air plus qu'inquiet sur le visage.

-Piers ? Qu'est-ce que vous avez foutu ? me demanda-t-il d'un ton mi-soulagé mi-énervé

-Capitaine, réussis-je à articuler, avec une voix qui n'était déjà plus la mienne

Mais je me secouai, en voyant le poulpe se relever. Je lui balançai une autre décharge, pour l'assommer un bon coup. Car il me paraissait évident que, s'il n'était pas mort avec un coup, il ne le serait pas au bout de deux coups. Chris me regarda avec une certaine appréhension, avant de soupirer.

-On va exterminer ce truc, et on va s'en tirer. Tous les deux. Vous m'avez bien compris ?

J'acquiesçai vaguement, et le combat reprit, car, comme je l'avais prédit, le poulpe s'est relevé.

Nous nous sommes amusés à tourner pendant un moment, à vrai dire. Je ne m'imaginais pas à quel point le changement complet en zombie était long. Je sentais ma conscience glisser hors de moi de manière de plus en plus conséquente à chaque fois que je faisais feu sur le poulpe, mais Chris arrivait à me ramener à la réalité. Je sentais malgré tout que c'était de plus en plus difficile de me contrôler. C'était comme si mes sentiments pour Chris me gardaient humain, quelque part. Tiens, c'est poétique ça... En parlant de ça, comme je vais bientôt mourir, je décidai de lui dire que je l'aimais dès qu'on aura vaincu cette chose. Enfin, si on réussit à la tuer.

A force de l'électriser, le poulpe entra dans un cocon. Je savais par expérience qu'une arme biologique était à la fois à son avantage et le plus vulnérable dans son cocon. Elle refaisait ses forces, mais était plus fragile. Alors j'attendis tranquillement que Chris vide ses chargeurs sur le poulpe, pour qu'il entre dans son cocon, et je le fis sauter avec ma nouvelle puissance. Cela semblait fonctionner, car plus je détruisais son cocon, moins le monstre était réactif, et plus il était facile de le faire rentrer dans son cocon. Finalement, après un bon nombre de coups de jus, le poulpe ne se releva pas. Chris prit même le risque d'aller le toucher du bout du canon, moi toujours prêt à faire feu, mais il ne réagit pas. Je vis Chris pousser un gros soupir, et le sol se déroba sous moi. Chris me retint par mon bras valide, et de son autre main, attira ma tête vers la sienne, pour coller son front au mien. Mes joues s'enflammèrent d'un seul coup, et j'espérais qu'il ne le voyait pas.

-Capitaine, marmonnai-je. Je l'ai fait pour vous... Pour le BSAA... Pour le futur.

-Je le sais, Piers. Restez avec moi,c'est un ordre, dit Chris d'un ton impérieux. On va s'en sortir.

J'acquiesçai encore plus faiblement que tout à l'heure, et il passa mon bras valide derrière ses épaules, pour me traîner avec lui, alors que je voyais de plus en plus flou. Je voulais lui parler, mais rien ne sortait, pour le moment.

-Il doit y avoir des capsules de sauvetage, grommelait Chris, comme pour lui-même. Accrochez-vous, mon vieux, ajouta-t-il en me secouant un peu

Je me concentrai sur un point sur le sol, pour rester conscient, alors que j'entendais Chris répéter "On va s'en sortir" d'un ton presque monocorde. Au fond, je me dis que c'était surtout pour lui qu'il le disait. Parce que j'étais condamné, je le savais. Et je savais que lui aussi le savait, mais qu'il ne voulait pas y croire. Du moins, il essayait de se convaincre qu'il pouvait me sauver. Lui, le soldat maudit qui perd toujours tous ses hommes. Oui, je m'en étais sorti jusque là, mais je voyais déjà ma fin. Je mis mon plan en action dès que nous arrivâmes près de la dernière capsule de sauvetage.

Chris me lâcha deux minutes, me posant dans un coin, pour tapoter sur l'écran de contrôle de la capsule. L'expression de son visage respirait l'espoir, et je m'en voulais en avance pour ce que je m'apprêtais à faire. J'essayai de me rassurer en me disant que j'allais mourir, de toute façon, mais, comme à chaque fois que j'ai secoué Chris, je me sentais extrêmement mal. Je jetai un œil distrait à mon bras mutant, qui gigotait de toute sa laideur. Comme s'il était en train de muter. La mutation de Carla me revint en tête, et j'espérais que Chris serait déjà parti quand la mienne commencera à devenir dégueulasse.

-C'est bon ! s'exclama Chris en tapant sur l'écran, alors que la capsule s'ouvrait. Venez par là.

Chris me tendit la main, et je rassemblai mon énergie pour la saisir, et me relever. Je boitai à côté de lui, ma main toujours dans la sienne, et au moment où il allait m'entraîner dans la capsule, je repris ma main. Ou plutôt, j'arrachai ma main de la sienne, et il fit une tête choquée en regardant sa main, comme si je l'avais blessé. Ce que j'avais sans doute fait, mais pas physiquement.

-Piers ? dit-il d'un ton étonné

De ma main valide, je le poussai avec force dans la capsule – ce qui était plus que nécessaire, étant donné le poids que pesait Chris. Il se redressa d'un seul coup, et essaya de ressortir, mais la capsule se ferma devant son nez.

-Non Piers ! Ouvrez la porte ! gronda Chris depuis la capsule

Je l'ignorai du mieux que je pouvais, et je titubai jusqu'au panneau de contrôle.

-Ouvrez cette putain de porte, Piers ! C'est un ordre !

Je m'arrêtai devant le panneau, et rassemblai mes esprits pour...

-Qu'est-ce que vous foutez ?

Je fis une grimace, que Chris ne vit pas heureusement, et annulai les commandes entrées par Chris pour le forcer à partir sans moi.

-Ne faites pas ça, Piers ! Vous allez vous en sortir !

Je dus revenir vers la capsule pour tirer sur le levier, pour actionner la capsule de manière définitive, et je fuyais le regard de Chris autant que possible.

-Bon sang Piers ! aboya Chris d'un ton plus qu'énervé

Je pris mon dernier souffle, et tirai sur le levier. La capsule émit de la fumée, et je me plaçai une dernière fois devant le hublot. Juste avant que la capsule ne parte, j'aurais voulu parler. Mais je formai seulement les mots, avec ma bouche, aucun son ne sortit.

Je vous aime, Chris. Je vous en prie, pardonnez-moi.

Je poussai la capsule, qui partit à toute vitesse, alors que Chris hurlait mon nom pour la dernière fois. Jamais je n'aurais cru que l'entendre dire mon nom aurait été aussi douloureux. Là, tout de suite, je voulais mourir, pour avoir blessé Chris comme ça, mais j'avais autre chose à faire avant. Saboter cette base, pour qu'aucun des démons de Carla Radames n'aient de chance de s'en sortir.

Je regardais la capsule s'éloigner. Si j'avais pu pleurer, avec mon visage à demi-zombifié, je l'aurais fait. A la place, je fus saisi d'une énorme migraine, et je tombai à genoux. C'était sans doute le début de l'emprise du virus, le début de l'enfer. Je me ressaisis aussi vite que possible, je n'avais pas le droit de faiblir maintenant.

Je me redressai pour charger ma première décharge, quand je vis quelque chose. Avec ma vue de plus en plus floue, je vis le poulpe, que nous croyions mort, foncer sur la capsule de sauvetage de Chris. Aveuglé par la colère, je fis feu sur le monstre, en me rappelant au dernier moment qu'une décharge électrique dans l'océan était une mauvaise idée. Mais étonnamment, la décharge partit tout droit, pour griller le monstre, qui retomba dans la base, juste derrière moi. Il bougeait encore.

C'est entre toi et moi, sale monstre, rugis-je intérieurement, toujours incapable de parler

Le poulpe s'agitait juste en face de moi. Il se redressa pour lancer un de ses tentacules dans ma direction, mais il grilla au contact de mon bras mutant, qui avait encore grossi. Je courus vers lui, avec le peu de force qui me restaient, et plantai les griffes de mon super-bras zombie dans sa tête. J'émis un grognement monstrueux, et lâchai la puissance que j'avais accumulée directement dans son crâne. Viser la tête était une base, contre les zombies, et cela eut un effet plus que satisfaisant. Le poulpe commença à fondre, avant de s'enflammer et de tomber en cendres, en poussant un dernier cri d'agonie. Une bonne chose de faite, passons à l'étape suivante.

Je me laissai tomber dans un coin, et chargeai mon bras destructeur une dernière fois. A défaut de la détruire, je pourrai faire s'effondrer cette station. Comme ça, j'étais à peu près sûr d'y passer, enseveli sous les débris. Les éclairs partirent dans tous les sens, cette fois – sans doute une preuve que je n'étais plus au meilleur de ma forme, façon de parler – et percutèrent sans pitié tous les murs mouillés autour de moi, rebondissant un peu partout. L'un d'eux m'a même touché, mais je n'étais pas blessé, bien sûr. Au contraire, je me sentais un peu revigoré. Cela me permit même de tirer une autre décharge. Je fis ça plusieurs fois, jusqu'à ce que les murs commencent réellement à s'effondrer. Épuise par la fatigue, je me laissai nonchalamment tomber à terre, mes yeux se fermant malgré moi. J'avais réussi. Le monde était sauvé. Chris était sauvé. Je pouvais mourir en paix.

Mon mal de crâne s'intensifiait de plus en plus. Les bruits d'effondrement autour de moi se précisaient. Je sentais à peine les gros bouts de débris qui tombaient sur moi. J'avais perdu la notion du temps assez rapidement. En fait, j'arrivais à peine à réfléchir. Tout ce que j'avais envie de faire, c'est d'étriper le prochain être vivant que je verrais. Alors, c'était comme ça que pensait un J'avo ? Si j'en avais encore la force, je me serais tiré une balle dans la tête. Mais ce n'était pas le cas. En plus, mon arme était horriblement loin, et je ne me voyais pas saisir mon fusil anti-char d'une seule main.

Soudain, je sentis une douleur dans mon bras mutant. Une douleur aiguë et ciblée, comme si quelqu'un avait planté quelque chose dedans. Moi qui commençait à craindre que rien ne m'atteigne. Je ne réussis pas à ouvrir les yeux, cependant. Mes paupières étaient comme soudées. Puis, mon mal de crâne commença à s'estomper, et j'émis un grognement fatigué.

-Ça va ? Vous tenez le coup ?

Je me tournai vers la voix, sans être capable de la reconnaître. Comment pouvait-il y avoir encore quelqu'un dans la base ? Toujours incapable de parler, j'opinai, pas du tout sûr de comment je prenais la nouvelle de mon rétablissement apparent. Moi qui étais résigné à mourir...

-Tant mieux. J'ai eu peur de ne pas arriver à temps. Allez, venez. Ne traînons pas ici.

Alors que je m'étonnais que mes pensées soient redevenues plus claires, quelqu'un me ramassa, et passa mon bras valide autour de ses épaules. Une fois mes esprits revenus de manière plus précise, mes espoirs de revoir Chris aussi vite se sont vite estompés. La personne qui me portait était plus petite, et plus menue. Certainement pas un bodybuildeur de cent kilos et des cacahuètes. Je réessayai de parler au cas où, mais seuls des sons étouffés sortirent de ma bouche, comme des couinements de petit animal domestique. L'inconnu rit. Ce rire m'était familier.

-Il y a d'autres capsules de sauvetage de l'autre côté de la base. Espérons que vous ne les ayez pas cassées.

Je poussai un soupir dépité. Évidemment que je n'aurais pas tout cassé si je m'étais douté que quelqu'un viendrait à mon secours, au dernier moment. Je mis un moment à remarquer que mon bras mutant pesait de moins en moins lourd. Je devais commencer à m'y habituer. A côté de moi, l'inconnu restait silencieux. Et je n'aimais pas ce genre de silence maladroit. Alors j'essayai de nouveau de parler. Seul un mot sortit.

-Chris...

-Mauvaise pioche. Restez tranquille, nous y sommes presque.

Je me sentis encore plus léger, et le pas de mon sauveur accéléra un peu. Et si... et si mon bras avait arrêté de muter, en fait ? Cela me semblait improbable, sur le coup, mais cela expliquerait pourquoi j'ai senti une douleur dans mon bras mutant, et pourquoi je pensais de plus en plus clairement. La personne venait de me sauver en m'injectant une dose d'antidote. Mais comment était-ce possible ? Ils avaient déjà concocté l'antidote avec le sang de Jake ? Combien de temps avais-je végété dans un état proche de la mort ? Tant de questions que je me posais, et qui ne sortiraient sans doute pas de ma bouche. Je fis quand même un essai.

-Comment...

-Ne vous posez pas ce genre de question, répondit la voix d'un ton plus sérieux qu'auparavant. Je vous promets que tout vous sera révélé en temps voulu. Ah, voilà les capsules.

Nous ralentîmes le rythme, et je fus de nouveau assis par terre. J'avais une vague impression de déjà-vu, et je ne pouvais toujours pas ouvrir les yeux pour voir qui me sauvait ainsi. En fin de compte, c'était peut-être mieux comme ça. En plus, je n'avais pas la force d'empêcher cette personne, qui qu'elle soit, de me sauver.

-C'est bon, on peut y aller, déclara mon sauveteur en revenant me chercher

Si ma vue était paralysée, mon ouïe, elle, était à fond. J'entendais clairement les inflexions de sa voix, et, lorsque l'inconnu m'approcha, j'avais entendu des bruits de talons. Donc soit c'était une femme, soit c'était un travelo très convaincant.

-Qui... tentai-je

-Je ne peux pas vous le dire pour l'instant. Mais vous le saurez. Je vous le promets.

Ma supposée "sauveuse" me posa délicatement sur ce que je pensais être une banquette de capsule de sauvetage, et la porte se ferma. Je crus, pendant une seconde, qu'elle était restée à l'extérieur, mais j'entendis un soupir près de moi, ce qui me fit dire qu'elle était là.

-Piers ? Vous m'entendez ? lança-t-elle alors que la capsule démarra

-Oui, réussis-je à répondre en opinant

-J'ai déjà envoyé un signal de détresse grâce à votre talkie-walkie. Les secours vont sans doute arriver peu après notre arrivée à la surface.

Quoi ? A quel moment avait-elle fait ça ?

-Mais je serais déjà partie, quand ils arriveront, ajouta-t-elle après une courte pause. Je vous expliquerai tout comme promis, en temps voulu. Est-ce que vous me faites confiance ?

Cette question paraissait étrange, même après que j'aie répondu. Maintenant que j'avais un peu repris mes esprits, cette voix me paraissait de plus en plus familière. Alors j'acquiesçai, en me disant simplement que quelqu'un de mal intentionné m'aurais sans doute achevé, ou laissé crever dans la base, au lieu de faire tout le chemin pour m'administrer un antidote et m'arracher à une mort mille fois méritée.

-Bien. Dans ce cas, vous saurez tout. A bientôt.

A ma gauche, j'entendis la capsule s'ouvrir, et je sentis une main s'attarder un peu sur ma joue. Je réussis à ouvrir les yeux juste pour voir une silhouette filer à toute vitesse sur un jet-ski. C'était bel et bien une femme, mais les ombres un peu trop omniprésentes m'empêchaient de voir les détails. Ça, et le fait qu'elle était déjà loin. Alors je me mis à attendre.

La lune était haute dans le ciel, je me demandais combien de temps j'étais resté dans cette base. Plusieurs heures, au moins. Sans compter le temps que j'avais passé avec Chris... OH MON DIEU CHRIS ! Comment va-t-il réagir quand il me reverra ? Est-ce qu'il avait lu sur mes lèvres la dernière chose que je lui ai dite dans la base ? Je me mis à rougir violemment. J'étais persuadé que j'allais mourir, peut-être aurait-il pris ça pour un acte désespéré. En fait, je l'espérais sincèrement. Sinon je ne le regarderai probablement plus jamais dans les yeux.

Alors que je me perdais en conjectures, mon mal de crâne revint. Mal de crâne assorti d'une forte douleur à mon bras droit, qui s'alourdit de nouveau d'un seul coup. Relans de virus, ou effet post-traumatique ? Je n'en savais rien. En tous cas, je perdis conscience très vite. Juste après avoir entendu des bruits de bateau près de moi.

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