Biohazard : Code Nivans
Chapitre 1 : Chapitre 1 : Sherry (sept 2007 à juin 2009)
2106 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 28/09/2019 16:20
Enfin, le jour était arrivé. J'allais enfin savoir le résultat des examens préliminaires, qui permettaient l'entrée, ou non, à l'École Militaire Supérieure de New-York. J'avais l'armée dans le sang, et j'essayai de me répéter que tout irait bien, mais j'avais quand même un côté réaliste, ou pessimiste, cela dépend des points de vue, qui pensait que j'allais échouer. Je pris une grosse inspiration et essayai de penser à autre chose, sans trop de succès il faut l'avouer.
J'arrivai assez vite dans le hall de l'école, où étaient affichés les résultats. Comme si la pression n'était pas assez grande comme ça. Cela avait juste pour effet d'augmenter le stress au fur et à mesure qu'on approchait de ces feuilles, simples bouts de papier qui pouvaient changer une vie, et j'étais persuadé que je n'étais pas le seul à qui ça faisait cet effet. J'avais l'impression que les organisateurs avaient été assez vicieux pour nous dire : "Vous voyez ce joli hall, au milieu de cette jolie école ? Eh bien, vous y étudierez cette année... OU PAS !". J'étais conscient que ce secteur était assez dur, mais c'était ma vocation, c'était presque un devoir familial. Qui plus est, je ne serai pas obligé d'entrer dans l'armée classique en travaillant à cette école.
En plus, je savais déjà où j'allais : le BSAA La fraction militaire qui combat les armes bio-organiques. Depuis mon enfance, j'entendais parler de leurs exploits, et de celui d'un homme en particulier : Chris Redfield. Ce soldat de légende avait survécu au fameux événement de Raccoon City, il y a neuf ans, et ses états de service étaient de plus en plus impressionnants depuis. Comme plein de gens, j'éprouvai une admiration sans bornes pour lui, il était, quelque part, le soldat que je rêvais d'être. Je n'avais personne à rendre fier, vivant seul depuis presque trois ans maintenant, alors je souhaiterais sincèrement travailler avec un homme comme le capitaine Redfield, et le rendre fier de moi.
Je me rendis compte que je voyais déjà mon avenir radieux, alors que je n'avais même pas encore la certitude que j'entrais dans l'école. Je me figeai devant la liste des lèves admis, en me rendant compte que j'étais arrivé deuxième dans le classement des meilleures notes. Moi et la première, une élève nommée Sherry Birkin, avions eu de chaudes recommandations pour entrer dans l'école, ce qui signifiait qu'aucun service militaire ne nous refuserait. Si j'avais été plus fleur bleue, je crois que j'aurais pleuré, mais, de toutes façons, même mes yeux ne bougeaient plus, tant j'étais ému. Au bout d'une longue dizaine de minutes, je réussis à tendre mon bras devant moi, et touchai mon nom du bout des doigts sur la feuille accrochée négligemment au mur par quelques bouts de scotch. Je me surpris même à sentir une larme solitaire couler sur ma joue droit, en parfaite contradiction avec mes pensées précédentes.
Alors que j'allais enlever ma main de la feuille, une autre alla la rejoindre pour se placer sur le nom au-dessus du mien. Cela sembla me réveiller, car je tournai, plus brusquement que nécessaire, ma tête vers la personne qui venait d'interrompre mes réflexions. C'était une mignonne petite blonde, qui m'offrait un grand sourire. Je lui rendis un regard intrigué. Elle enleva sa main, et je fis de même. Je remarquai à ce moment-là qu'elle s'était mise sur la pointe des pieds pour toucher la feuille, en fait je faisais une tête de plus qu'elle. Non pas que c'était important, mais bon...
-Bienvenue au club, dit-elle d'un ton amical, qui allait avec son expression. Piers, j'imagine ? ajouta-t-elle en jetant un œil à l'endroit où mes doigts étaient restés
Je me tournai complètement face à elle, et je compris après avoir jeté un œil à la feuille.
-Oui. Et tu es Sherry ?
-C'est ça ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme. On est dans le même bateau apparemment.
-Apparemment, répétai-je, pas aussi enthousiaste qu'elle cependant.
Je me demandai presque ce qu'une jeune fille comme elle faisait dans une école supérieure militaire, mais si elle avait eu de meilleures notes que moi, ce n'était sans doute pas innocent. Je retiendrai donc qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. Je ne résistait cependant pas à la tentation de lui poser quelques questions.
-Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire ça ? lui demandai-je.
-Eh bien... C'est assez compliqué, admit-elle. Je te raconterai en détails en classe, ok ?
-Euh... D'accord.
-A demain !
Sherry m'offrit un grand assortiment de gestes d'au revoir avant de s'en aller relativement rapidement. Moi qui me disais que j'allais passer mes deux ans ici tout seul et au calme, je n'allais pas être déçu.
Je revins le lendemain, armé de mon courage et de mes affaires de cours de pratique, consistant en une tenue spécialisée, que j'ai dû acheter, et l'arme de notre choix, un fusil de précision dans mon cas. C'était un cadeau de mon père, peu avant sa mort, et j'ai juré de devenir un sniper d'exception, en grande partie pour lui. Devant l'entrée, je retrouvai Sherry, qui faisait les cent pas devant l'entrée de l'école. A croire qu'elle m'attendait. Lorsqu'elle me vit, elle se remit à me faire des grands gestes, mais d'une seule main cette fois, car elle tenait la bandoulière de son sac de l'autre.
-Hé ! Piers ! Par ici ! criait-elle.
Comme si c'était possible de la louper, étant donné que nous étions les premiers à arriver devant la grille fermée. Je me dirigeai vers elle, et elle m'accueillit avec un grand sourire, qui semblait habituel.
-Comment vas-tu ? demanda-t-elle, l'air de rien.
-Un peu stressé, admis-je. Pas toi ?
-Si bien sûr. Un peu. Ça ne m'empêche pas d'aller bien.
-Est-ce que j'ai dit que je n'allais pas bien ? soupirai-je.
-Mais non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, dit Sherry en riant. Faut vraiment que tu te détendes, mon grand, ajouta-t-elle en me tapotant l'épaule
Ok. Je crois avoir saisi le personnage. Moi qui était seul pendant mes études jusqu'à maintenant, je compris, en voyant le sourire avenant de Sherry, que ma solitude était terminée. Cela me plaisait assez, d'une certaine manière, mais d'un autre côté, j'aurais peut-être du mal à perdre cette habitude. Je ne pus m'empêcher de lui sourire, et cela sembla beaucoup lui plaire.
-Ben voilà, dit-elle. Tu es beaucoup plus mignon quand tu souris.
-Merci, dis-je un peu gêné.
Elle se leva de nouveau sur la pointe des pieds pour m'ébouriffer les cheveux, et me prit par la main. C'était fou à quel point cette fille était tactile. Et ça ne me déplaisait pas non plus.
-Viens, les cours vont commencer, déclara-t-elle en m'emmenant contre mon gré.
-Euh d'accord, dis-je, en sachant que je n'avais de toutes façons pas le choix.
Nous allâmes au premier cours ensemble. Ainsi que dans tous les autres cours, d'ailleurs. Sherry avait une histoire à me raconter. Elle m'a expliqué que, si elle voulait entrer dans les Forces Spéciales Gouvernementales, c'était à cause d'un événement de sa jeunesse. Elle était à Raccoon City avec ses parents, alors qu'elle avait douze ans. Son père, un homme pas très équilibré, faisait des expériences sur elle, avec un virus nommé le virus G, et elle a été sauvée par deux personnes : Leon Kennedy et Claire Redfield. La sœur de Chris Redfield, qui était à sa recherche à Raccoon City. Comme Sherry en parlait, je comprenais à quelle point elle aimait et admirait ces deux personnes, surtout Claire, à vrai dire, un peu de la même manière que j'admirais Chris. Claire était pour elle une inspiration, comme Chris en était une pour moi. Finalement, nous avions pas mal de choses en commun. Je lui expliquai à mon tour la raison pour laquelle j'étais là, et elle fit le même raisonnement que moi. La famille Redfield était une inspiration, pour nous deux, et cela nous a rapprochés.
Les cours aussi étaient intéressants. Surtout les cours de pratique. Moi qui étais curieux des capacités de Sherry, je ne fus pas déçu. Pendant que j'assurais autant que possible avec mon fusil à lunette, elle semblait exceller dans les armes de poing en tous genres. Elle était aussi bien plus forte que moi au combat rapproché, j'étais un sniper après tout. Nous nous concentrâmes alors sur nos points faibles respectifs, moi sur le close combat et elle sur les armes à longue distance. Au final, j'étais le seul qui lui était supérieur au tir de précision, et elle était encore légèrement meilleure que moi au combat rapproché. Nous avions repris notre première et deuxième place, les meilleurs élèves de la classe. Je me dis qu'on ferait une bonne équipe, sur le terrain, et elle me demanda de lui promettre de nous réunir, à l'occasion, pour mettre notre complémentarité en pratique. Je voyais ça comme une promesse assez creuse, et j'étais sûr qu'elle aussi, étant donné que nous allions chacun dans un sens différent, mais elle avait envie de se rassurer, et je n'avais pas envie de la décevoir. Alors je lui ai promis, à mes risques et périls.
Pendant nos deux années de cours, nous ne nous sommes séparés que pendant les courtes vacances d'une semaine, cinq fois par an. Quand on se revoyait, Sherry fonçait vers moi pour me sauter dessus, et je devais l'attraper au vol pour ne pas qu'on s'explose tous les deux par terre. Et on rigolait ensemble pendant une bonne minute avant de se rendre compte qu'il fallait qu'on aille en cours. Pendant ces deux ans, j'avais rigolé comme jamais, comme pour rattraper le temps perdu, et j'étais reconnaissant envers Sherry pour ça. Avec ses sourires contagieux, elle avait réussi à me décoincer, et, en fin de compte, je me sentais bien mieux. Du coup, quand le moment des adieux est arrivé, je crus que j'allais pleurer. Encore.
-On se reverra, Piers, me dit-elle d'un ton doux. Je te le promets.
Je me suis retrouvé à acquiescer bêtement. Moi, je n'étais pas dupe. Je savais que cette promesse ne serait pas forcément tenable. Mais, alors que j'allais lui répondre, elle se pendit à mon cou et m'embrassa sur le front. Mes joues s'enflammèrent, et elle me les embrassa aussi.
-Tu sais que je t'adore, dit-elle. Je ferai tout pour qu'on se revoie.
-Oui, balbutiai-je. Je t'adore aussi.
Je serrai Sherry dans mes bras, et elle me rendit mon accolade. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce n'est pas le verbe "adorer" que j'ai pensé à ce moment-là. Quelque part, je n'étais pas vraiment sûr de ce que je ressentais pour Sherry. Je me dis simplement qu'elle était la première relation sérieuse que j'avais eue en dehors de ma famille depuis une éternité – depuis toujours, en fait – et que c'était pour ça que j'étais indécis. Pour ce qui est des précisions, je pense que seul l'avenir nous le dira. Je ne me rendis pas tout de suite compte que Sherry m'avait lâché.
-Euh... Piers ?
-Pardon, bégayai-je en la relâchant.
Je piquai un autre fard quand je vis que tous les autres élèves de la promotion nous regardaient avec des yeux de merlan frit. Pendant toute l'année, Sherry et moi avons nié le caractère ambigu de notre relation amoureuse, et pourtant là, c'était une preuve presque flagrante que nous disions des bêtises. Sherry était là, à rigoler de bon cœur comme d'habitude en voyant mon visage, sans doute d'un rouge grand cru. Elle m'ébouriffa les cheveux, et je réussis à me réveiller.
-A bientôt mon grand. Tu me manques déjà.
-Toi aussi.
Comme au premier jour, elle partit en me faisant des grands gestes. Et je me retrouvai seul. La boucle était bouclée, et j'en éprouvai à la fois une déception et une grande joie. J'étais triste de perdre Sherry, mais j'avais gagné mon diplôme dans la main, ainsi qu'une recommandation pour le BSAA Ce n'était pas une fin, mais un commencement. Le commencement de ma vie.