Aesragen
Jour 3 : Contre-la-montre
Usant de mille précautions, comme s’il bordait un enfant contractant une mauvaise grippe passagère, Ambrosios remonta le fin drap de soie jusque sous le menton du blessé, le repliant en formant un repli soigneusement disposé, qu’il reposa sur le torse perlé de sueur, se soulevant par à-coups pénibles, une forte expiration douloureuse se bloquant soudainement dans la trachée, avant de se relâcher brutalement dans un sifflement faible, remplissant toute la petite chambre de toile. Lentement, le médecin retourna sur sa table de travail, triant, stérilisant puis rangeant à leur place ses outils de travail.
Assis sur un tabouret inconfortable, mais au socle néanmoins gravé du symbole de la famille royale, Giacomo se saisit du morceau de tissu mordoré laissé là par le médecin, le trempant dans la cuvette d’eau fraîche disposée à même le sol, faute de temps pour terminer d’installer le mobilier de l’infirmerie, chaque soldat restant à l’affût d’un départ précipité, rongeant leur frein en entraînements et autres bagarres plus ou moins fraternelles. Quand ils ne jouaient pas aux dés ou aux cartes, pariant leurs tours de corvées, puisque Koz, s’il nourrissait ses troupes, ne leur versait aucune solde. Un détail qu’aucun n’avait jamais mentionné, s’était récemment aperçu le jeune prince, examinant les comptes en s’attelant à la dure tâche de les comprendre le temps qu’Illian se remette de ses blessures. Pourtant, le manque d’argent avait, à nombre d’occasions, mené à une mutinerie poussant à sa perte plusieurs généraux jusque là prometteurs de Mandraliore. Et Koz n’ambitionnait certainement pas de devenir un autre Teucer Siani, renié par ses propres hommes à cause de ses négligences et porté disparues dans des circonstances encore obscures. Vu le prix dépensé pour nourrir et loger le contingent de quinze hommes, il n’osait pas imaginer à quel point une véritable armée pouvait se révéler coûteuse…
Essorant précautionneusement son éponge improvisée, Giacomo tamponna avec application le front livide de Killian, caressant doucement son visage ovale, sans obtenir davantage qu’un faible gémissement. Tendrement, le soldat replaça quelques mèches blondes trempées avant le passage de la compresse, en dépit des tremblements frigorifiées secouant le corps allongé sur la couchette. Rien d’autre au monde ne semblait exister pour le solide gaillard, que son amant luttant pour reprendre chaque seconde sa respiration, investi de la mission sacrée de veiller sur lui, le soutenir, en usant de tous les moyens encore possibles.
Non, corrigea Koz. Rien d’autre n’existait au monde. Lui et Ambrosios avaient beau échanger quelques phrases à portée de voix, circuler entre eux, un cocon les isolait du reste de l’existence.
Alors que le rétablissement d’Illian, déambulant désormais dans le camp provisoire la nuque et les côtes enserrées dans de larges bandages, au grand désespoir d’Ézéchiel qui devait lutter pour que le quadragénaire, certain d’être responsable de l’échec de l’entièreté de la mission, se repose quelques heures, l’état de Killian restait préoccupant. Après deux premières journées encourageantes, confortant Ambrosios dans ses bonnes chances de s’en tirer, la fièvre était soudainement montée en flèche en pleine nuit, accompagnée de délires incompréhensibles pour les personnes présentes, le sang imbibant généreusement les gazes entourant la tempe du soldat. Comparée à la profonde plaie barrant le crâne de Killian, sa jambe cassée et sa cheville tordue dans un sens improbable paraissaient presque rassurante. Toute la nuit, et la majeure partie de la journée suivante, Ambrosios n’avait pas quitté le chevet du blessé, accompagné d’un Giacomo refusant de laisser son amant seul une seconde. La veille, en fin de soirée, cédant à une impulsion, Koz s’était rendu à son tour sous la tente médicale, souhaitant tenter n’importe quoi pour ne pas perdre l’un de ses hommes.
Pris d’une brusque poussée d’inspiration, il en était ressorti presque aussitôt, traînant Teeny sous son bras pour l’amener au chevet de l’homme, ignorant ses protestations indignées. Cependant, apercevant la gravité de l’état du soldat de son frère, lui avait-elle fait la grâce de se taire, écoutant son ébauche de plan, plus que dubitative. Pourtant, lorsqu’il s’était assis près de la couchette, tendant les mains devant soi dans l’espoir d’invoquer son kaïru intérieur, la princesse s’était empressée de se poster à ses côtés, imitant ses gestes. Leur force intérieure, peu développée, n’avait pu accomplir le miracle qu’espérait tant le jeune homme, ridiculement faible, mais elle avait permis au blessé de recouvrer un peu de couleur, limitant l’épanchement de sang maculant les draps sur lesquels il reposait.
Depuis l’intervention des enfants royaux, presque douze heures s’étaient écoulées, durant lesquelles le prince n’avait pu fermer l’œil que par intermittence, vaincu par la fatigue et son manque d’habitude des nuits blanches. Chaque fois, ombre silencieuse mais incroyablement compétente pour deviner les besoins de son seigneur, Ézéchiel profitait de son repos pour lui apporter une couverture quand le froid nocturne pénétrait sa chair, déposant un plateau un peu plus garni que la normale avant que la faim ne tenaille l’estomac du prince. Vers le milieu de matinée, le roux avait même pensé à déposer un broc et une cuvette sur le sol de toile, afin que son seigneur puisse se débarbouiller sommairement. Outre le plaisir que lui procurait ces petites attentions, Koz ne doutait cependant pas que ni le médecin, ni Giacomo, n’avaient pu dormir.
Détournant son attention des soins minutieux d’Ambrosios, le prince regarda de nouveau Killian, sans oser le toucher, et davantage faire plus que de l’observer à distance. Le hurlement d’un prédateur affamé, en quête de sa maigre pitance du matin, résonna dans la fraîcheur de l’air issu des glaciers environnants, s’accordant parfaitement au visage ravagé de l’homme, les traits tirés par la souffrance, le teint virant au gris, ses yeux roulant frénétiquement sous ses paupières abaissées. L’inconscience ressemblait si peu au sommeil, si rempli d’un semblant de vie malgré la douleur, que Koz s’en sentit presque choqué, médusé.
Ne lui restait plus qu’à espérer que cela n’annonçait nullement l’approche de la mort.
– Mon seigneur, souffla Ambrosios, si proche que l’intéressé en sursauta de surprise.
Il considéra un instant les traits fatigués, soucieux du médecin, essuyant machinalement ses mains sèches depuis un moment déjà. Depuis quand le petit homme se tenait-il si proche de lui ? Ou plutôt, comment cela se faisait-il que lui ne l’ai pas entendu ? Masquer son irritation lui tira un rictus tenant plus de la grimace qu’autre chose, ne trompant nullement son interlocuteur, qui eut au moins la décence d’incliner la tête.
– Pardonnez-moi de vous chasser ainsi, mais je vais tenter de convaincre Giacomo de se nourrir…
Compréhensif, Koz lui fit signe de ne pas continuer davantage son explication. Giacomo ne se montrait vulnérable que dans ses moments de détresse ; devoir continuer de vivre alors que son amant restait inerte, à quelques mètres seulement de lui, le déchirait inévitablement. Et même le jeune prince, tout aussi royal qu’il puisse être, comprenait la nécessité pour un être vivant de conserver sa dignité vis-à-vis des autres.
Récupérant la couverture provenant de ses coffres, ainsi que le broc et la bassine délicieusement ouvragées de la faïence et des tissus les plus reluisants de Mandraliore, le prince laissa derrière lui le plateau de nourriture et de vin, à peine vidé de la moitié de son contenu. Aussi silencieusement que possible, il se faufila à l’extérieur de la tente médicale, un long bâillement bruyant lui échappant.
En sortant de l’édifice, installé dans l’une des innombrables salles gigantesques de la forteresse, il croisa le regard vairon violet et marron de Mynnyd, ses cheveux mi-longs d’un blanc tirant sur le bleu pâle noués en catogan, une mèche astucieusement disposée masquant une cicatrice courant sur le haut de son front. Occupé à chuchoter avec son camarade Caddar, un solide gaillard possédant la même teinte de peau cuivrée, typique du nord de Mandraliore et à la courte chevelure grise surmontant un regard vert d’eau étrangement chaleureux, rendant plus surprenant encore son nez légèrement proéminent, le premier se tut instantanément, frappant son vis-à-vis d’un coup de coude moyennement discret. D’un mouvement parfaitement coordonné, ils s’agenouillèrent, décrétant dans un bel ensemble que rien de particulier ne s’était produit.
Ainsi, Illian avait jugé que des deux hommes ne présentaient aucun risque pour le contingent, s’il leur attribuait la garde d’un des lieux les plus importants du campement. Du moins, important compte tenu de tout ce qu’il s’y passait.
– Très bien, vous pouvez vous relever, déclara le prince, adoptant une posture travaillée des heures durant avec Illian, censée représenter l’autorité et l’assurance.
Caddar ouvrit la bouche, se figea alors qu’il allait commencer sa phrase. De l’intérieur de la tente, montait le bruit rauque de sanglots masculins, attirant immanquablement les regards compatissants des deux soldats.
– De quoi parliez-vous donc ? intervint Koz, détournant l’attention des intéressés.
– Rien de bien passionnant, assura Mynnyd. Nous cherchions juste une manière de nous rendre plus utiles. Ou de vous prouver que nous sommes venus rejoindre votre cause uniquement par conviction.
Son compagnon confirma muettement ses dires, n’ajoutant rien de plus qu’un soupir attristé. Pensif, Mynnyd caressa du bout des doigts une fine chaîne argentée, composée de minuscules maillons ovales gravés de spirales stylisées. Intrigué, Koz l’observa à la dérobée, certain de ne pas l’avoir vu avant au poignet de l’homme. Ou plutôt, comme si, jusque là, ses yeux l’avaient rencontré ailleurs.
– Dis-moi, Caddar, ce n’était pas ton bracelet avant ? s’étonna-t-il, pointant du doigt le bijou.
Instantanément, les deux hommes se figèrent, échangeant un regard angoissé. Le prince pouvait lire le doute dans leurs pupilles croisées ; mentir, ou répondre sincèrement à leur seigneur.
Finalement, Caddar se décida à prendre la parole, fait plutôt rare chez lui, sans que sa voix ne dévoile le moindre trouble.
– Je le lui ai donné, en guise de porte-bonheur. Nous nous connaissons depuis longtemps, ajouta-t-il pour se justifier, bravant visuellement le jeune homme de toute sa hauteur, sang royal ou non.
Comme s’il le défiait de s’interposer. Désabusé, Koz se contenta de soupirer lourdement, secouant lentement sa tête de droite à gauche, absolument pas dupe.
– Je vois, marmonna-t-il, ne sachant plus quelle émotion adopter.
Il reprit sa marche, tandis que les deux hommes se replaçaient de chaque côté de la porte de la tente, leurs regards suspicieux plantés entre ses omoplates, tentant de ne paraître nullement stressé.
Aussi lâche sa conduite se révélait-elle, impossible de supporter plus longtemps les sanglots étouffés traversant la toile pourtant épaisse. Déjà, Koz pressentait qu’ils allaient hanter ses cauchemars un bon moment.
– Au fait, vous avez ma bénédiction, à condition de rester discrets, susurra-t-il en se retournant brièvement.
Après tout, n’avait-il pas, deux jours plus tôt, découvert Féris, main dans la main avec Balthazar, partis à l’écart dans les plus hauts étages de la forteresse, suppliant le quinquagénaire de se retirer du service actif ? Par chance, aucun des deux hommes ne l’avaient vu, lui permettant de comprendre que Féris harcelait son partenaire depuis sa découverte du village ravagé, au Cambodge, au grand dam de Balthazar.
Se délectant de la surprise des nouvelles recrues du contingent, maigre consolation, Koz rabattit le pan de sa couverture tombant sur le sol, passant le tissu frangé par-dessus son épaule tel la toge d’un empereur romain.
Quittant le secteur médical, occupant à lui seul toute une salle de la forteresse (Ambrosios déclarant ne pas pouvoir travailler sans un minimum d’espace autour de son fief), le prince se dirigea vers le camp à proprement parler du contingent. À cette heure-ci, les Stax passaient un entretien holographique avec Maître Baoddaï, l’assurant qu’ils ne viendraient pas lui titiller les oreilles en interrogeant encore et encore ses soldats, ou réprimander un Illian qui, s’il admettait avoir dépassé les bornes quand son seigneur l’exigeait, estimait n’avoir aucune leçon à recevoir d’adolescents sans un poil au menton. Tout juste écoutait-il Maya, assurément la personne la plus sage, et la plus compréhensive (enfin, en règle générale) du trio.
Passant une main dans sa chevelure, il fut surpris de ne sentir, à la place de l’épaisse toison défiant la gravité prenant habituellement place sur son crâne, qu’un casque de cheveux bleu sombre aux mèches en pagaille, retombant lourdement sur sa nuque. Avant de se rappeler, en soupirant, avoir expressément demandé, le soir suivant la fuite des Radikors, à ce que quelqu’un vienne couper ses cheveux de manière plus réglementaire. Tenir son image, d’accord, mais pas au risque de finir envahi de poux et autres vermines mettant son crâne à vif dans la jungle cambodgienne, tant il se grattait. Le poids manquant de la quantité plus que raisonnable de mèches ayant échouées sur le sol le dérangeait encore par moments, et Teeny lui avait dédié l’un de ses plus beaux sermons, arguant qu’il ressemblait désormais davantage à un militaire, qu’à un prince en campagne.
Néanmoins, et sans qu’il ne puisse déterminer s’il devait s’en inquiéter ou seulement se trouver surpris, passer près de deux heures en tête à tête avec Ézéchiel, comme de juste le seul homme capable de manier des ciseaux sans risquer l’égorger, enchanta le jeune prince, heureux de pouvoir effacer le souvenir de leur dernière conversation brutalement interrompue par sa sœur. À deux reprises, même, il était parvenu à faire rire son compatriote en dépit des derniers évènements, un son doux, étouffé pour ne pas alerter quiconque, que Koz trouvait étrangement enchanteur. Ce soir, avait-il prévu, il comptait bien forcer le roux à manger avec lui, au lieu de déposer son plateau-repas et repartir tout aussi vite. Juste pour lui témoigner sa reconnaissance, et l’encourager à se montrer plus détendu en sa présence. Peut-être serait-il judicieux de demander quelques conseils à Illian ; le père de cœur d’Ézéchiel savait sûrement comment son prince devrait se comporter face au jeune homme.
Comme s’il venait de lire dans ses pensées, le capitaine quadragénaire surgit du détour d’un couloir, massant d’une main sa nuque encore douloureuse tant que personne ne le voyait. Dès qu’il s’aperçut de la présence de son seigneur, il s’empressa d’imiter une intense réflexion, deux doigts promptement remontés sur sa tempe.
Remarquer le manège du capitaine manqua le faire pouffer, la nervosité aidant, hésitant à le taquiner sur ses précautions excessives visant à conserver coûte que coûte une image de soldat prêt à l’emploi. Jusqu’à ce qu’il croise l’expression inquiète assombrissant les traits longilignes de l’homme.
Avant même qu’il n’ouvre la bouche, Koz sut que ce qu’il allait annoncer ne lui plairait pas du tout.
Évidemment, ce fut pire encore que les scénarios fleurissant en pagaille sous son crâne.
– Seigneur, pardonnez-moi de vous déranger, commença le quadragénaire, s’agenouillant brièvement, oubliant pour la énième fois la dérogation offerte par le prince en personne eut égard de son état. Mais votre sœur m’a envoyé vous quérir. Le plus vite possible. Elle vous attend près de votre tente.
En omettant la nervosité tout juste visible dans la trop grande crispation des muscles de l’homme, que Teeny choisisse d’envoyer l’un des soldats de son frère à la place de l’un des gardes du corps l’accompagnant aurait suffit à lui mettre la puce à l’oreille. Qu’Illian, en plus de cela, accepte sans rechigner la commission, et sans rappeler que lui servait le prince et personne d’autre, l’inquiétait au-delà des mots.
– Eh bien, que se passe-t-il ? Parle donc ! le pressa-t-il, empoignant les bras de son capitaine.
La lueur dans les prunelles d’Illian refléta son hésitation. Pourtant, sa bouche s’ouvrit immédiatement, débitant ce que l’homme savait pour le moment sans que le doute ne quitte son regard.
– En observant les environs, comme à notre habitude, nous avons distingué un trait à l’horizon dans le viseur de nos jumelles. Apparu soudainement, grâce à un portail dimensionnel je pense.
– Les Radikors ? Avec du renfort ? demanda le prince, plein d’espoir.
– Aucune chance. Mais nous pensons avoir reconnu la procession, et cela n’augure rien de bon pour nous…
Comme s’ils avaient attendu exactement ce moment précis pour signaler en grande pompe leur arrivée, résonnèrent les sons puissants des clairons, longues trilles retentissantes jetant les soldats, jusque là sagement plongés dans leurs occupations, dans une confusion farouche les poussant à jeter les dés dans leurs godets, les cartes dans la première pochette venue, chacun s’équipant des plastrons laissés à l’abandon quelques minutes plus tôt. Les pires étant les gardes venus avec Teeny, déjà droits comme des piquets et prêts à saluer plus bas que terre les nouveaux arrivants.
Koz comprenait sans mal leurs réactions précipitées. Pour avoir été bercé par cette mélodie tonitruante, toute en circonvolutions exagérées dignes des plus fastueuses célébrations, il identifiait sans doute possible les nouveaux arrivants. Illian sur ses talons, il avala la distance le séparant du camp en effervescence.
Fidèle comme à son habitude, Ézéchiel attendait le jeune seigneur devant l’entrée de la pièce accueillant ce dernier, récupérant promptement ses affaires, filant prestement les remettre à leur place, dans leurs coffrets.
À peine Koz eut-il franchit la lisière du camp, que Teeny se jeta quasiment dans ses bras, la peur tordant ses traits, dépourvue des gardes l’accompagnant presque partout. Troquant ses tenues proches du corps qu’elle semblait affectionner ces derniers temps, elle revêtait une sobre tunique ample turquoise munie du symbole royal à gauche de sa poitrine, ainsi qu’un pantalon doré au liseré blanc dissimulant ses sandales.
– Oh mon dieu, Koz, ils sont là ! Vraiment là ! Qu’allons-nous faire ?!
– C’est toi qui les a appelés ? demanda-t-il à la place, ne sachant quoi répondre.
– Bien sûr, comme ça je me condamne sur un coup de tête, railla-t-elle, aussi pâle que son pantalon.
D’un geste vif, le prince lui indiqua de se taire. Alertés par la cacophonie des cuivres et des trompettes, les Stax couraient en leur direction, évitant parfois de justesse les soldats voletant à travers la pièce, s’attirant pléthore de regards agacés. Constatant que leur protégée se trouvait à l’abri près de son frère, l’escorte de Teeny tourna les talons sans en attendre l’ordre, quittant le camp par le couloir menant, Koz le savait, à l’entrée principale. Pour ouvrir grand les portes aux nouveaux venus, devina-t-il, gardant les mains sur les épaules de sa sœur. Un instant, il envisagea de les rappeler, histoire de leur rafraîchir un peu la mémoire sur leur mission principale, à savoir protéger la princesse cadette.
Cependant, il renonça rapidement. Ces gardes appartenaient corps et âme aux souverains de Mandraliore, n’obéissant en réalité qu’à eux. Sans craindre de perdre, il se sentait prêt à parier que Teeny n’avait d’ailleurs choisi aucun des hommes l’accompagnant, se contentant de prendre place au milieu du groupe une fois celui-ci formé par leurs parents.
Aucun des soldats sous les ordres de Koz, s’ils continuaient à remettre de l’ordre dans le camp, ne fit pourtant mine de les suivre. Tandis qu’Illian resta debout derrière l’épaule de son seigneur, guettant avec une nervosité imparfaitement dissimulée ses prochaines directives. S’il se rengorgeait silencieusement de la fidélité de son capitaine, le prince songea cependant que le quadragénaire se montrait bien angoissé pour une visite officielle des souverains royaux. Même en retirant la retenue respectueuse seyant à tout inférieur, cela resta suffisamment suspect à ses yeux pour retenir son attention.
Il sait, réalisa-t-il.
– Que se passe-t-il ? l’interrogea Ky une fois parvenu à sa hauteur. Pourquoi tant d’affolement de la part de tes hommes ? Et pourquoi des musiciens stationnent-ils devant la porte principale sans essayer de l’ouvrir ?
– Mes parents estiment que ce n’est pas à eux de s’abaisser aux tâches serviles durant leurs déplacements, mais aux hôtes de montrer de la bienséance en les accueillant avec le respect dû à leur rang, soupira Koz. Quant à la fanfare, elle joue l’hymne familial, également national, de notre planète. Impossible pour eux de se déplacer sans tout cela. Et bien qu’ils ne doivent pas avoir prévu de s’attarder, sûrement ont-ils emmené leurs domestiques en plus de leur suite.
– Une minute, que font vos parents ici ? s’étonna Maya.
Intriguée par le silence évocateur de Teeny, la jeune Stax pencha la tête sur le côté, sourcils froncés, cherchant à deviner ce qui pouvait bien lui échapper.
– Aucune idée, marmonna le prince, soucieux de détourner ses réflexions. Je ne sais pas non plus comment ils ont fait pour nous retrouver aussi rapidement.
– Ils se sont sans doute servi de la même technique que moi, souffla Teeny.
Gênée de se retrouver en l’espace d’une seconde l’objet exclusif de l’attention, la jeune femme reprit toutefois rapidement contenance, se redressant en frottant ses mains l’une contre l’autre.
Néanmoins, pas une seule fois elle ne regarda en direction de son frère, détaillant le visage de Maya comme si elle détenait le pouvoir de lui faire oublier instantanément ses paroles. En vain.
– Euh, et comment tu as fais pour retrouver ma trace sans craindre de te tromper ?
Les bruits de fanfare se firent de plus en plus proches, rebondissant contre les couloirs enfermés sur eux-mêmes en envahissant toutes les pièces à proximité. Guidés évidemment par l’escorte de Teeny. Désapprobateurs, les Stax tordirent leurs traits en une moue désapprobatrice, leurs iris glissant régulièrement vers l’entrée la plus proche, Boomer allant jusqu’à se frapper le front de sa paume. À ce rythme-là, le couple royal ne mettrait guère plus de quelques minutes à rejoindre ses enfants. En espérant que Diara ne les accompagnent pas, auquel cas les choses risquaient de se compliquer considérablement. Véritable divinité vénérée par leur père, la benjamine princesse le convainquait de tout et n’importe quoi d’un battement de cil. Diara n’étant que très rarement d’accord avec son frère/larbin, et particulièrement opposée à son projet de plonger encore une fois les mains dans la boue du détesté Redakaï, sûrement ferait-elle tout pour le contredire, rendant les discussions à venir des plus ardues.
Clairement mal à l’aise, sans vraiment chercher à le cacher désormais, Teeny devait fournir un intense effort pour continuer à braquer son regard dissimulé sous ses lunettes droit devant elle.
– Tu as un localisateur installé dans la semelle de tes bottes, déclara-t-elle d’une traite. Je n’ai eu qu’à consulter le relevé. Pourtant, quand j’ai vu que tu stationnais dans une horrible jungle, j’ai bien cru à une défaillance. Un prince se vautrant dans un endroit aussi peu adapté, c’est…
– N’essaye pas de changer de sujet ! la coupa Koz, retournant sa sœur de manière à ce qu’elle lui fasse face. Tu es en train de m’expliquer qu’une puce est cachée dans mes affaires ?!
– N’est-ce pas exactement ce que j’ai dit ? ironisa-t-elle. Et avant que tu ne demande, j’étais au courant dès le départ, et ai approuvé l’idée. Pas la peine de me le reprocher, nous avons d’autres préoccupations urgentes.
– Mais au nom des dieux, pourquoi ne pouviez-vous pas juste me faire confiance, pour une fois ?! explosa le prince, se retenant de justesse de la secouer eut égard de son état. Tout le monde me croit si incapable dans ma propre famille que je ne peux pas juste m’acquitter de ma mission sans que faits et gestes soient espionnés ? Les seuls qui me témoignent le respect que je mérite, ce sont eux, conclut-il, englobant d’un large mouvement du bras les hommes revêtant leur plastron.
– Nous voulions juste nous assurer que rien de grave ne t’arriverait, se justifia Teeny, haussant les épaules. Considère ça comme une preuve de l’intérêt que te portent nos parents.
– Une preuve d’intérêt, grinça l’intéressé.
Il ne put rien ajouter d’autre.
Franchissant le seuil du camp, une demi-douzaine de musiciens s’introduisirent au milieu des soldats, réduisant leur mélodie proche de la cacophonie à un murmure presque supportable. S’écartant promptement, ils cédèrent le passage à un palanquin assez grand pour contenir deux personnes, le symbole de la famille royale trônant sur sa face avant, supporté par quatre porteurs entourés d’une nuée de domestiques marchant aux côtés d’une escorte conséquente, en armure intégrale. Les lourds rideaux de soie blanche aux motifs colorés représentant un décor champêtre étant ouverts, et aucun autre palanquin ne suivant celui-ci, Koz en conclut, non sans soulagement, que sa jeune sœur Diara ne faisait pas partie de la procession.
– Très tape-à-l’œil, grommela Boomer, croisant les bras sur la poitrine. Sans vouloir te vexer.
– Je t’en prie, souffla le prince, trop bas pour que quiconque en dehors du cercle l’entourant ne l’entende.
Six mois plus tôt, il était impensable pour lui de se rendre quelque part sans avoir fait préparer son propre siège à porteurs avant, vérifiant que le nombre de coussins doré, bleu et beige se trouvaient en nombre suffisant pour rendre le voyage aussi agréable que possible. De même pour la dizaine de domestiques s’empressant de s’avancer vers le transport de ses parents, délicatement posé sur le sol, munis de tabouret pour aider le couple royal à descendre, de plateaux contenant rafraîchissement et petits en-cas, ou de serviettes chaudes. Il ne sortait jamais sans deux ou trois d’entre eux, au cas où un besoin urgent se présenterait à son esprit.
Aujourd’hui, s’il regardait avec une vague envie la coupe délicatement ouvragée qu’empruntait sa mère à sa servante favorite, l’étalement de richesses et de tapage entraîné par l’arrivée de ses parents le mettait davantage mal à l’aise qu’autre chose. Tout comme les mois passés par monts et par vaux, forcé de marcher des kilomètres entiers quand sa chaise à porteurs ne pouvait passer par les chemins escarpés empruntés (et le ciel seul savait à quel point les Radikors adoraient le faire courir par les pires terrains accidentés), l’avait habitué à se servir de ses jambes davantage que d’un quelconque transport. Quitte à en gémir de douleur les premières semaines, où retirer ses bottes semblait être la chose la plus orgasmique de l’Univers entier.
Au moins Teeny avait-elle privilégié les chevaux, et pas l’immense palanquin occupant tout l’espace compris entre deux couchettes de ses hommes. Remarquant que l’une des colonnes dorées soutenant le toit arrondi de manière à protéger le plus possible les occupants des rayons solaires empiétait en partie sur le lit de Noham, poussé à l’écart par l’escorte royal, Koz manqua demander à ce que l’engin soit transporté un peu plus loin. Mais en tant que prince, qui plus est déjà largement remarqué sur sa planète natale (et pas forcément de la bonne manière), il ne serait guère bien vu de donner des ordres à ses propres parents. Surtout que sa requête finirait obligatoirement rejetée.
Cependant, l’intérêt des souverains de Mandraliore se trouva attiré par tout autre chose, dès qu’ils aperçurent leur fils, tordant les visages lisses en une moue désapprobatrice, voir horrifiée pour sa mère.
– Par le ciel, Koz, qu’as-tu donc fait à tes cheveux ? souffla son père, Burkby, une main placée sur sa bouche.
Ignorant sa remarque, vaguement gêné de cette surprenante déclaration, le prince inclina le buste, faisant mine d’être terriblement occupé de vérifier le bon ordre de ses hommes avant de les saluer.
– Père, mère, soyez les bienvenus dans mon humble camp, déclara-t-il une fois le couple parvenu à sa hauteur. J’espère que vous avez fait bon voyage.
– Affreux, soupira sa mère, Nèen, se remettant de la nouvelle coupe du jeune homme. Les portails interplanétaires manquent terriblement de délicatesse. Et de précision ! Nous avons atterri à près de dix kilomètres plus à l’est, et il a fallu marcher jusqu’ici au travers des glaciers, plus glissants que la peau d’une rantran. Nous sommes fourbus !
Incapable de se retenir, Ky laissa échapper un ricanement moqueur, se tournant vers sa coéquipière. Au contraire, Maya ne semblait pas trouver la réflexion particulièrement amusante. Les yeux brillants d’une puissante lueur dégoûtée devant les domestiques s’empressant de récupérer les vêtements de leurs maîtres, elle s’efforçait de ne pas les observer, Koz les ayant prévenu auparavant de l’importance de la domestication sur sa planète natale. Pourtant, même à lui, cette pensée lui laissa un goût amer au fond du palais.
– Je serais heureux de vous proposer une chambre afin que vous puissiez vous reposer, intervint le prince, tentant de dissimuler la silhouette tremblante de sa sœur derrière sa stature. Nous discuterons plus tard des raisons de votre venue, vous voulez bien ? Je suis un peu occupé ces derniers jours…
– Ne t’en fais pas pour cela mon garçon, l’interrompit Burkby, enroulant distraitement l’une de ses longues anglaises blondes autour de son doigt, reflet de celles de Diara. Nous sommes venus t’entretenir d’une affaire urgente, sans même prendre le temps de nous changer ! Où est ta tente ? Nous devons parler, maintenant. Et seuls à seuls, avec ta sœur (entendant parler d’elle, Teeny sursauta violemment, le teint verdâtre), ajouta-t-il, tournant ostensiblement son regard vers les Stax.
– Mais ce sont nos alliés ! Si cela concerne Lokar, ce serait mieux de les convier à la discussion ?!
Proches de se trouver scandalisés, ses parents braquèrent leur attention sur leur fils qui manqua rentrer la tête dans ses épaules, un tic nerveux agitant la joue de sa mère.
– Es-tu réellement en train de nous contredire ?
– Ne t’inquiète pas, intervint Maya, posant une main hésitante sur l’épaule du prince. Nous comprenons. Si besoin, tu nous communiqueras les informations importantes.
– Maya ! protesta Ky, sidéré que sa coéquipière puisse ainsi faire confiance à un Imperiaz.
– Essayons de nous comporter en tant que véritables alliés, d’accord ? coupa l’adolescente. Koz saura opter pour le bon choix, j’en suis certaine, ajouta-t-elle, dédiant à l’intéressé un regard empli de sous-entendus. Maintenant, les garçons, je crois que Maître Baoddaï n’acceptera pas indéfiniment que nous le laissions sous forme holographique, sans daigner terminer notre réunion.
Appuyant exagérément sur ces derniers mots, elle poussa ses coéquipiers devant elle, soulignant ses paroles d’un regard équivoque, comme pour leur rappeler qu’eux aussi possédaient leurs secrets.
Sans perdre davantage de temps (la présence de la suite de ses parents commençant à sérieusement taper sur le système des soldats, surtout quand l’escorte royale se permettait de les prendre de haut, eux le contingent loin de leur partie), Koz désigna du doigt sa tente, dressée dans un coin en retrait dans le but d’obtenir un peu de tranquillité, laissant ses parents prendre la tête du petit groupe. Un intense soulagement l’envahit quand il vit qu’Illian emboîtait le pas de son seigneur, bien décidé à l’épauler en cas de besoin. Congédier d’un geste le reste de ses troupes, chacun observant avec attention la suite des évènements, lui fut ainsi moins pénible, puisque son capitaine pourrait toujours le conseiller si besoin.
Ordonnant muettement à Illian de suivre immédiatement ses parents, Koz saisit le bras de sa sœur.
– Reste naturelle, si tu ne veux pas qu’ils découvrent, euh, ton problème ! Si tu continues comme ça, ils vont te démasquer avant que tu aies pu te justifier.
– Peut-être, mais j’ai envie de vomir, souffla la jeune femme, passant son bras par-dessus celui du prince.
Écartant le rabat de sa demeure, Koz manqua trébucher, s’emmêlant les jambes dans la stupeur. Évidemment, les nausées matinales ! Sa mère, ayant mis au monde trois enfants, ne risquait-elle pas de deviner en quelques minutes l’état de sa fille ?!
L’attention de ses parents, cependant, se trouva rapidement détournée.
– Que fait donc un soldat sous ta tente ? s’étonna Burkby, articulant soigneusement chaque syllabe.
Ne comprenant tout d’abord pas l’objet de la réprobation de son père, Koz la comprit moins encore en voyant que l’homme fixait Ézéchiel, occupé à terminer de ranger les papiers traînant un peu partout dans le coffret du prince. Surpris en plein travail, le roux se redressa précipitamment, s’inclinant convenablement devant ses souverains, cherchant un soutien incompréhensible pour le prince auprès d’Illian. Le capitaine s’empressant de se décaler sur sa gauche, se rapprochant sensiblement de son protégé.
– C’est l’un de mes soldats, expliqua Koz, et il joue à l’occasion le rôle de domestique, ce dont je le remercie grandement. S’occuper à la fois du contingent, puis de l’ordre sous sa tente, est épuisant.
– Et c’est tout ? s’empressa de demander Nèen, se laissant choir sur la seule chaise valable de la tente, reposant sa coupe sur le plateau tendu par sa servante préférée, Lula.
Ne comprenant d’abord pas la question de se mère, Koz se rappela soudainement les insinuations de Teeny, sur sa soi-disant conduite envers le roux. Ses parents n’iraient quand même pas s’imaginer n’importe quoi, juste parce que un garçon mettait un peu d’ordre dans ses affaires ?! Retenant un soupir dépité, Koz s’assit sur le toit de son coffre, prenant le temps de rassembler ses pensées. Convaincre sa famille qu’elle se trompait relevait de l’exploit, et pas seulement parce que le jeune homme était habitué à se plier à ses nombreuses exigences. En particulier quand il s’agissait de Diara.
Cependant, encouragé par le manque de considération dont ses parents faisaient preuve, il trouva le courage de soutenir les regards accusateurs de ceux-ci, et sa voix ne trembla pas quand il déclara :
– C’est tout, oui. Enfin, il lui arrive de me servir de bras droit.
Ne voyant pas l’intérêt de se justifier plus avant, il enchaîna rapidement, ravi de voir le sourire reconnaissant que lui adressa le roux. Pour autant, il n’y répondit pas, juste au cas où…
– Diara n’est pas avec vous ?
Le meilleur moyen de détourner son père de ses préoccupations antérieures, évoquer sa si chère fille.
Et comme chaque fois, cela marcha plus que Koz ne l’espérait.
– Exposer ma petite princesse aux dangers du monde extérieur, au risque qu’elle se casse une nouvelle fois ses ongles et ruine sa superbe coiffure ? Serais-tu complètement fou, Koz ? En tant qu’aîné, tu dois protéger tes sœurs, pas les mener droit à leur perte !
Oui, approuva piteusement intérieurement le prince, dérivant jusqu’à Teeny, luttant contre une envie de rendre son estomac crispant son visage. Il lui fallait protéger ses sœurs…
– Pardonnez-moi, papa, je ne poserais plus de questions aussi évidentes. Mais quelle peut être la raison d’une visite si pressante ? Je vous croyais heureux derrière les murs du palais. Lokar est revenu ?
– Par pitié, cesse de penser à cet horrible personnage ! Il a été vaincu, et ne reviendra plus s’en prendre à nous, le sermonna Nèen, enveloppant ses mains dans la serviette chaude lui étant proposée.
– Nous avons d’excellentes raisons de penser qu’il n’est guère disposé à se laisser ainsi dominer, intervint Illian. Voir des preuves irréfutables qu’il tente de reprendre ce qui lui a été arraché.
– Koz, ne peux-tu pas tenir tes hommes ? Nous voudrions parler à notre fils, pas à ses subalternes.
Incertain d’avoir correctement interprété les paroles de son père, le jeune homme ne sut quoi répondre, gardant ses lèvres closes tandis que le roi continuait son discours sans leur prêter davantage attention.
– Ce n’est pas des fantômes dont tu dois te méfier, mon fils. Nous avons besoin de toi, et des hommes que nous t’avons généreusement prêté…
– Qui ont accepté de leur plein gré de se rallier à sa cause, siffla Ézéchiel, la voix tremblante, pas de peur.
– Faut-il supporter longtemps ces insubordinations ! Ordonne donc à ces hommes de sortir !
– Je vous en prie, mère, pardonnez la fougue de la jeunesse ! supplia presque Koz, le ventre crispé de spasmes à l’idée de se trouver seul face à eux.
Il savait que sans la foi de son capitaine et de son subordonné, jamais il ne trouverait la force de s’opposer à ses parents, pas alors que ses pensées se tournaient uniquement vers Killian et sa lutte pour survivre, ou ces maudits Radikors qu’il rêvait, passant outre la justice du Redakaï, de réduire en esclavage à son service !
– Pardonnez mon intervention, coupa Illian, mais cela fait si longtemps que je n’ai pas vu ma planète natale, que je désire plus que tout savoir ce qu’il s’y produit en ce moment. Excusez un vieux sentimental en acceptant de régler ces problèmes indignes de ses majestés plus tard pour évoquer cette si chère Mandraliore.
Un bien étrange discours de la part du capitaine, songea Koz, se rappelant sa réticence à se considérer comme mandralien le soir où ils avaient discuté des relations entre Giacomo et Killian.
Par chance, la diversion fonctionna, le couple royal continuant de toiser le jeune Ézéchiel, furieux de constater que le roux refusait obstinément de baisser le regard, ou d’exprimer quelconque contrition.
– Soyez heureux, soldat, reprit Nèen, car vous reverrez bientôt votre patrie. Koz, tu dois rentrer sur-le-champ à Mandraliore. Un groupe de fanatiques, des fous stupides, sèment la pagaille dans nos campagnes, s’installant au centre des villages pour répandre des paroles sans fondement. Ils ne sont pas réellement dangereux, mais nous n’avons pas assez d’hommes pour couvrir toute leur zone d’activité. Les soldats resteront sous ton contrôle si cela te fait tant plaisir, mais tu dois être prêt à partir dès demain. Ainsi, nous mettrons fin aux propos subversifs en quelques semaines.
Abasourdi, Koz mit un long moment avant de comprendre que ses parents attendaient son approbation. Comme si elle leur était acquise d’office, et qu’il allait l’accepter sans rien dire. Mortifiée, Teeny supplia avec ferveur son frère du regard, le cuivrée de sa peau prenant la teinte de l’ivoire poli.
– Si je puis me permettre… tenta Illian.
– Certainement pas, coupa Burkby, laissant sa domestique ôter ses bottes de voyage pour enfiler de confortables chausses.
Se levant d’un bond, outré de voir son protecteur ainsi mouché, Ézéchiel fut tout aussi vivement intercepté par le capitaine, une poigne de fer le forçant à reculer de nouveau, le réduisant au silence. Sage précaution, si Koz se fiait à l’indignation crispant les visages de ses parents. Mais comment reculer l’échéance, si soigneusement préparée par le couple ? S’opposer pour de bon, imposer ses vues ? Il ne serait guère pris au sérieux, au mieux considéré comme impertinent. Ses parents ne le prenaient pas assez au sérieux pour qu’il en soit autrement.
– Impossible, enfin pour l’instant. L’un de mes hommes a été sérieusement blessé durant la dernière attaque des Radikors, il n’est pas transportable. Et je ne risquerai pas sa vie pour des fanatiques surgit de nulle part, et de vos propres dires, insignifiants.
– Très bien, tu peux laisser un ou deux soldats sur place, concéda Nèen, son observation insistante d’Ézéchiel ne laissant aucun doute sur ses intentions, le temps qu’il se rétablisse.
– Vous ne comprenez pas ! Je ne peux pas partir, pas maintenant ! Je suis sur le point de capturer les Radikors ! Après, je ferai tout ce que vous voulez, mais accordez-moi un peu de temps !
– Laissez-moi quelques jours, une semaine au maximum, et je suis certaine de le faire changer d’avis si vous le souhaitez, intervint à son tour Teeny, essayant à son tour de gagner du temps.
– Effectivement, depuis que tu es arrivée sur cette planète, nous voyons quels progrès tu as accomplis, soupira Nèen, balayant cette proposition. Il est temps d’assumer tes fonctions de prince, Koz.
– C’est ce que je fais ! Accordez-moi encore une chance de vous prouver que je peux le faire, et notre famille sera complètement vengée !
– Hors de question, tu es parti depuis trop longtemps, et Diara se languit de te revoir ! tonna Burkby – une excuse à laquelle son fils ne crut pas une seconde. Cela suffit, les caprices.
Abattu, Koz s’affaissa sur son siège improvisé, prenant sa tête entre ses mains. Non, il ne pouvait pas échouer si près du but, pas après avoir passé tant de mois sans jamais céder, pas sans que Zane ne paye pour ce qu’il avait infligé à Killian, sans être certain de mettre Lokar hors d’état de nuire !
Gagner du temps, juste un peu… En les amenant à réfléchir…
Réfléchir ? Pourquoi pas sur un tout autre sujet ?
Relevant le nez, le prince quitta le coffret le supportant, opinant lentement du chef.
Mortifiées, trois paires d’yeux le fixèrent, chacune le suppliant à sa manière de revenir sur sa décision évidente. Koz les ignora, maîtrisant tant bien que mal les battements de son cœur affolé, conséquence de l’espoir presque douloureux l’envahissant.
– Très bien, s’il le faut, fit-il mine de se rendre à l’évidence. Mais je pose une condition.
– Allons bon ! Et laquelle ?
– Je ne peux pas laisser mes hommes revenir sur leur planète natale, après autant d’efforts et de temps passé si loin, sans leur apporter une récompense substantielle. Anoblissez-les, donnez-leur des terres, et je serais heureux de vous suivre de nouveau.
– Tu surestime notre richesse, grinça Nèen, mains crispées sur l’accoudoir comme si elle rêvait de les voir serrer autre chose. Mais si c’est là ton seul désir, choisit les soldats les plus méritants, et nous accéderons à ta requête.
– Il me faut alors, et sans tarder, nommer Ézéchiel, renchérit promptement Koz, désignant l’intéressé. Il s’est brillamment illustré au cours de la dernière bataille, et mérite plus que quiconque cet honneur.
– Pardon ? Pour cet impertinent, tout juste bon à ne pas se tirer une balle dans le pied ! explosèrent en même temps ses parents, révoltés par ses paroles. Désigne n’importe qui d’autre, mais ce garçon ne mérite pas un tel titre !
« Si vous saviez », ricana intérieurement le prince.
Cependant, il prit bien garde à ne rien montrer de son hilarité, conservant un visage mortellement sérieux.
– C’est là votre dernier mot ? demanda-t-il, jubilant.
– Absolument ! La Terre ne t’a donné que du mépris et de l’impudence pour nos coutumes, visiblement.
– Très bien. Je vous laisse donc réfléchir à ma condition. En attendant, auriez-vous l’amabilité de loger ailleurs que dans mon camp ? Les soldats se montrent parfois indignes de la visite de leurs seigneurs, pris dans la difficulté de leur métier, je m’en voudrais de vous choquer.
– Que veux-tu dire ?
– Rien de plus que ce que j’ai déjà déclaré, pourquoi ? s’étonna faussement Koz. Il est hors de question de retourner sur Mandraliore, sans garantie que notre travail soit reconnu. Mais puisque je ne peux vous convaincre personnellement…
Laissant sa phrase en suspens, le jeune prince prit le bras de sa sœur, la tirant vers la sortie. Profitant de la stupéfaction de ses parents pour préparer une retraite stratégique. Pas question de jouer les téméraires ; avoir mouché le couple royal en étant lui-même était assez impressionnant pour qu’il s’en contente.
– Maintenant, veuillez m’excuser, mais j’ai un blessé à veiller. Illian, Ézéchiel, j’aurais besoin de vous (sans se faire davantage prier, les deux hommes s’empressèrent d’obéir, une lueur de fierté pure illuminant le regard du capitaine). Passez un bon séjour, chers parents.
µµµ
Une autre surprise attendait le prince, une fois sorti de l’ambiance étouffante régnant sous sa tente. Un filet de sueur coulait le long de la tempe, comme s’il venait de patauger des heures durant dans les marécages d’un pays des plus équatorial, alors que les couvertures épaisses servant de couchettes, en temps normal, suffisait à peine pour maintenir une température corporelle idoine.
Croisant le chemin de l’escorte de Teeny, à quelques pas seulement de l’endroit où restaient installés ses parents, le petit groupe subit leurs regards méfiants, vaguement intrigués, tandis qu’ils quittaient les lieux sans se trouver accompagnés du couple royal. Et sans que le prince héritier ne semble seulement songer à empaqueter ses bagages. Quittant le bras de son frère, la seule femme quitta ses compagnons provisoires, prétextant se sentir lasse à cause d’une mauvaise nuit, ponctuant sa déclaration d’un « il est grand temps de quitter les tempêtes gelées » qui apaisa légèrement son escorte.
Intérieurement, Koz en rit de bon cœur, imaginant leurs réactions médusées quand la nouvelle de son refus d’abandonner sa quête se répandrait dans le camp.
Rencontrant David au détour de sa marche, en meilleur état que la plupart de ses soldats, il le chargea d’emmener Lohan et Noham avec lui pour préparer une pièce réservée spécialement à rendre le séjour de ses parents sur Terre des plus agréables, oubliant que les domestiques de ceux-ci étaient sûrement déjà en train d’accomplir cette tâche. Étrangement, le prince fut stupéfait de constater qu’apprendre que le couple royal restait encore parmi eux n’enchanta visiblement guère le garçon. Au contraire, crut-il voir une incompréhensible inquiétude briller dans son regard, le déplaçant brièvement sur Illian. Et aussi discret soit le capitaine, son seigneur ne manqua pas l’assentiment muet qu’il lui adressa, suivit d’un petit geste de la main se voulant rassurant.
Le quadragénaire n’appréciait peut-être pas les hommes autant que certains de ses… collègues, néanmoins, Koz commençait à sérieusement douter de son implication dans les relations particulières entretenues entre les soldats.
– Ézéchiel, voudrais-tu relever Dolg de sa garde et prendre sa place ? ordonna plus que le jeune homme ne demanda, désireux d’avoir une conversation privée qu’il ne repoussait que trop avec son capitaine.
Le jeune roux, s’il ne fit aucune remarque sur le fait que ses deux déclarations signifiaient exactement la même chose, parut surtout singulièrement déçu de devoir ainsi quitter ses compagnons, les paillettes dorées de son regard observant presque tristement son seigneur. Cependant, il se reprit rapidement, esquissant une révérence avant de s’éloigner en direction de la porte menant au campement, saluant de la main Illian tout en évitant la suite des souverains de Mandraliore qui investissait les lieux en groupe de deux ou trois, à l’exception des domestiques favoris, forcés de rester au plus proche du palanquin au cas où leurs maîtres réclameraient leurs services. Peut-être, songea avec envie le prince, pourrait-il emprunter une ou deux servantes ?
Fronçant les sourcils, il tenta d’imaginer le visage fin et délicat d’une femme entièrement dévouée à son service, remplaçant la tignasse cuivrée ressemblant à un casque naturel d’Ézéchiel, arrangeant son lit le soir, l’aidant à replier ses affaires, lui apportant ses repas, fermant son coffret d’un bon coup de pied…
L’image lui fut tellement dérangeante, qu’il enfourna cette pensée dans un recoin de son esprit, décidant de se pencher sur le sujet un peu plus tard. Pour tirer le seul chariot dont disposait le contingent, dans lequel ils rangeaient leurs affaires – et plus particulièrement les deux tentes du groupe ? Pourquoi pas, mais le roulement organisé par les soldats fonctionnait plutôt efficacement, et ce devrait être plus aisé encore avec les trois nouvelles recrues. D’un autre côté, cela leur éviterait de se fatiguer excessivement. Vraiment, il ignorait quoi choisir !
– Mon seigneur, en discutant avec David et en faisant le compte de nos possessions, nous nous sommes rendus compte que votre chaise à porteurs est restée au Cambodge, dans la précipitation du départ. Devons-nous donner des ordres afin de la récupérer, et vous permettre de vous déplacer sans vous épuiser ? demanda Illian, le tirant de ses pensées
Une excellente question, songea Koz, ne serait-ce que parce qu’il avait complètement oublié ce petit détail. Un instant, il visualisa sa chaise soigneusement laquée, sa réserve latérale de mouchoirs parfumés forts utiles en cas de grosses chaleurs. Évidemment, il préférait grimper la petite estrade le menant à son transport, quitte à se pencher pour éviter les branches basses, que de marcher des heures entières, agressé par la pléthore d’insectes pullulant sur cette planète, abîmant impitoyablement les broderies somptueuses de ses tuniques. D’un autre côté, ses vêtements n’avaient plus rien à craindre désormais, ajouta-t-il intérieurement, tirant sur sa veste pour observer le blason de sa famille, le doré autrefois étincelant paraissant désormais délavé.
Relevant la tête, il promena ses iris dorés sur ses fidèles soldats, détaillant mentalement chacune de leurs blessures, réfléchissant aux relais qu’ils s’imposaient chaque fois pour tirer l’unique chariot transportant, à l’exception de la tente médicale, toutes les affaires de Koz. Combien pouvaient à présent soutenir le poids d’une chaise à porteurs ?
– Non. Nous ne pouvons pas perdre notre temps avec ça, nous verrons pour régler ce détail plus tard.
– Si tels sont vos désirs, approuva Illian, un mince sourire étirant ses lèvres craquelées par le froid, attendant visiblement que son seigneur poursuive la conversation.
Mais au moment d’ouvrir la bouche, le jeune prince ne put révéler immédiatement les véritables raisons de ce soudain moment d’intimité. Il aimait, véritablement, cet homme davantage que comme un bête sous-fifre ; exposer ses doutes à voix haute, au risque de voir son estime pour le soldat en qui il plaçait toute sa confiance, réduite à néant s’il confirmait ses soupçons, l’effrayait bien plus que la présence de ses parents dans son propre camp.
– Vous souhaitiez me parler, seigneur ? reprit le capitaine en comprenant son hésitation, peu dupe de voir Ézéchiel se faire soudainement congédié.
– J’aimerais que vous me répondiez sincèrement, débuta de but-en-blanc le prince. Aucun de ces hommes n’est venu exclusivement parce qu’ils croyaient en ma cause, n’est-ce pas ? Il s’agissait davantage de les mettre hors de portée de Mandraliore ?
Le capitaine se raidit imperceptiblement. Chez n’importe qui d’autre, Koz aurait peut-être pu croire que l’homme cherchait désespérément le sens de ses paroles. Le concernant, il savait que le quadragénaire comprenait parfaitement les sous-entendus résidant derrière ses questions. Comment pourrait-il en être autrement, avec Giacomo veillant jour et nuit au chevet de son amant ?
Dans un soupir, le capitaine s’avoua vaincu.
– Les hommes que vous voyez devant vous (le capitaine désigna les soldats, pour la plupart prudemment occupés à l’écart de la suite royale) ont foi en vous. Et tous désirent au moins autant que vous venger notre planète de la souffrance que nous avons endurée par la faute de Lokar. En cela, vous pouvez me croire, car il s’agit de la plus pure vérité. Néanmoins, la plupart désiraient également s’éloigner un instant de leur lieu de naissance, bien qu’aucun n’ait été réellement découvert. J’ai fait un choix parmi les candidats, emportant ceux me paraissant les plus… nécessiteux.
Un étrange abattement tomba sur le prince, cependant atténué quand Illian jura que les penchants de ses hommes n’étaient pas entièrement responsables de leur engagement. Savoir quelque chose n’était pas exactement la même chose que de l’entendre dire. En particulier sur un ton si calme, pour des paroles pouvant mener à une condamnation plus ou moins directe. Comment Illian pouvait-il conserver un tel aplomb tout en proférant de telles paroles ?
– Je suis profondément, et sincèrement désolé de m’être servi de vous pour mettre ces hommes à l’abri. Et bien que cela m’attriste plus encore, vous êtes en droit de savoir que j’avais l’intention d’emmener également plusieurs femmes avec nous. Plusieurs couples de femmes.
Cette fois, la déglutition fut particulièrement pénible pour Koz. Il se souvenait parfaitement de l’insistance du capitaine, tout du long des préparatifs, assurant qu’emmener quelques servantes et autres aides de camp féminines les aideraient grandement. Et dire qu’il avait catégoriquement refusé, prétextant ne pas vouloir s’appauvrir plus que nécessaire, craignant en réalité des pulsions mal placées de ses hommes…
– Combien d’entre eux ?
– Presque tous, à l’exception d’Ambrosios, et Noham qui est marié. Dolg, je ne sais pas encore. S’il faut un coupable, si quelqu’un doit être puni, ce doit être moi, assura Illian. Mais au fond, répondez-moi sincèrement, cela change-t-il grand-chose ?
– Pardon ?! Cela change tout, au contraire ! explosa Koz, à deux doigts d’adhérer à l’avis de l’homme en lui infligeant une sérieuse correction.
Admettre que ses hommes aimaient d’autres hommes, d’accord, de toute façon il n’avait aucun choix s’il ne voulait pas fournir un prétexte parfait à ses parents de dissoudre son contingent. Mais l’arrogance du capitaine, cette fois, ne passait pas. Illian devrait au contraire implorer son pardon et sa protection, au lieu de lui lancer de telles questionnements au final sans substance !
– Quand je vous ai expliqué la raison du départ d’Ézéchiel, sous votre tente, reprit Illian sans se démonter, bien qu’il semblât regretter de devoir ainsi s’opposer à son prince. Vous avez très rapidement accepté de le prendre sous votre aile, peu importait ses amours.
– Ce n’est pas la même chose de protéger un garçon, que douze ou quinze ! C’est bien plus de personnes !
– Mais dans votre esprit, qu’est-ce que cela change ? demanda doucement le capitaine. Si vous acceptez Ézéchiel, vous voyez que ce n’est pas si différent que de commander des hommes emmenant des femmes dans leurs lits. Vous ont-ils déçu, de quelque façon ?
– Ce n’est pas le sujet, protesta mollement Koz, de plus en plus renfrogné.
– Peut-être pas exactement, admit le capitaine. Mais ne s’agit-il pas de la question la plus fondamentale ? À part leurs appréciations intimes différentes des nôtres, quelque chose vous dérange-t-il chez nos compagnons ?
À part leurs appréciations intimes différentes des nôtres.
Aussitôt, un visage fin, empreint d’une douceur contrastant avec le roux flamboyant d’une chevelure cuivrée, s’imposa à l’esprit de Koz. Une présence devenue indispensable au fil des jours, des mois passés à se rassembler autour d’un objectif commun, puis à apprécier les regards admiratifs de deux iris gris-vert pailletés d’or, à les rechercher même. De laquelle il ne pouvait plus se passer. Et, pour la première fois, le prince se demanda si ce n’était pas uniquement dû aux services domestiques soigneusement exécutés, jour après jour, soulageant considérablement sa traque inlassable.
Il se figea.
Par le Ciel…
– Non, souffla enfin douloureusement Koz. Je ne peux pas, Illian. Je ne peux pas… Par les dieux, je ne peux pas les blâmer pour leurs attirances.
À peine ces phrases sibyllines prononcées, il baissa la tête, la prenant à deux mains. Accélérant le pas, le jeune prince laissa là son capitaine désemparé, se fondant dans l’amas formé par les silhouettes affairées des domestiques perdus, ne sachant s’ils devaient s’installer dès à présent, préparer une tente pour leurs souverains, ou s’attendre à repartir une fois ceux-ci revenus auprès d’eux.
Peu d’entre eux prêtèrent attention à leur prince, étouffant au milieu de cette cohue, se précipitant vers la sortie la plus proche pour prendre une puissante bouffée d’air afin de rassembler ses pensées.
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Alors, que pensez-vous de l’évolution de Koz dans ce chapitre ? :D Quant à ses parents, je les aient retranscrits comme dans la série originale (y compris pour les ongles de Diara). Charmant, n’est-ce pas ?
Comme d’habitude, j’espère que le chapitre vous aura plu !
Bonne journée/soirée !