La Fin Infinie
Chapitre 7 : Chapitre IV :Le nouveau monde.
2412 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 29/10/2017 17:21
Le son d’une cloche. Un enfant qui court de plus en plus vite. Il trébuche sur une petite pierre et tombe par terre.
Commençant à sentir la douleur, il s’appuie sur ses deux mains pour se relever. Une fois agenouillé, il ressent du sang glisser de son front. Sa mère lui répétait toujours de se protéger le visage avec les mains lorsqu’il tombait, mais il n’avait jamais de bons réflexes.
Il a mal. Déjà, ses larmes se joignent au fil de sang, lui troublant la vue. Il pleure. Il ne sait rien faire à part pleurer.
Une femme le rejoint en courant. Elle s’agenouille à côté de lui et passe le bras derrière son épaule.
« Chéri, est-ce que ça va ? » Demande-t-elle d’une voix inquiète.
Tout en continuant de sangloter, il lève la tête et lui montre sa blessure du doigt.
La femme laisse alors échapper un soupir de soulagement.
« Mon Dieu ! Tu m’as fait peur ! Je croyais que tu étais blessé. »
« Mais je suis blessé ! » Arrive-t-il à articuler de sa voix haletante étouffée par ses pleurs.
Elle sourit.
« Ce n’est rien du tout, mon chou. Juste une petite égratignure. Je te répète tout le temps de ne pas courir, mais tu ne m’écoutes pas. »
« Mais j’ai du sang, regarde ! »
Sortant un paquet de lingettes de son sac, elle en prend une et lui essuie les quelques tâches rouges sur le visage.
«Allons, c’est plus de peur que de mal. » Elle lui montre les traces de sang sur la lingette. « Regarde, il y en a très peu. »
Elle froisse le tissu et se relève, puis lui tend la main.
« Allez, lève-toi. On est déjà en retard. »
Il sent son cœur se serrer. Elle s’en fiche de lui. Sa propre maman le voit blessé, pleurer, et elle ne s’en soucie pas le moins du monde.
« Tu viens, Sean ? » Répète-t-elle en se penchant un peu plus.
Il se lève sans prendre la main qu’elle lui tend, s’essuie les larmes qui baignent son visage et rajuste son cartable sur son dos.
« Regarde, tu as sali ton pantalon ! » Elle le réprimande en époussetant ses vêtements. « Que vas dire la maîtresse quand elle te verra dans cet état ? »
Il détourne la tête. « Que va dire la maîtresse ? » Il était blessé, et s’était tout ce qui comptait pour elle.
« Elle va sans doute me demander pourquoi je ne suis pas aussi sage et soigné que mon grand-frère », répondit-il d’une voix lasse.
« C’est parce que Maël est sorti vingt-minutes avant toi », explique la maman avec un petit ton de réprimande. « Alors que toi tu ne voulais pas sortir avant de finir une autre partie de jeu vidéo. »
Il ne dit plus rien, et ils continuent à marcher jusqu’à l’école. Naturellement, le portail est déjà fermé. Le gardien accepte de le laisser entrer après que la mère lui ait expliqué pourquoi ils étaient en retard, omettant le jeu vidéo et parlant uniquement de la chute de son fils. Il entre ; la cour est déjà vide.
Il se retourne vers sa maman. Elle lui fait un signe de la main et s’en va, le laissant seul. Seul, comme toujours.
« Allez, reste pas planté là », gronde le gardien. « T’attends quoi pour aller en classe, petit garnement ? »
Il s’en va en courant, combattant les larmes qui se forment à nouveau dans les coins de ses yeux. Il ne peut pas entrer en classe en pleurant. Ses camarades vont se moquer de lui, comme la dernière fois.
C’est là qu’il entend une voix, venant de nulle part, mais l’enveloppant de tout part.
« Personne ne t’aime. Pourquoi tu ne veux pas comprendre cela ? »
Il se leva en sursaut.
C'était un rêve. Tout ceci n’était rien d’autre qu’un rêve.
« Mais… j’ai déjà vécu ça… » se murmura-t-il à lui-même, se remémorant cette histoire. « À part cette voix, à la fin… j’ai déjà vécu ça. »
Ça datait. Il était visiblement encore au primaire. Le rêve datait d’une bonne dizaine d’années, mais il s’en souvenait. En même temps, de telles histoires représentaient le quotidien de l’enfant qu’il était.
Sean passa une main sur son front, remontant les mèches noires qui tombaient sur son visage. C’est là qu’un frisson parcourut tout son corps.
« Où suis-je ? »
Il était allongé sur un lit qui n’était pas le sien, dans une chambre qui n’était pas la sienne non plus.
Un hôpital ? Non… cet endroit n’avait rien d’une chambre d’hôpital. La pièce était minuscule et sombre. La peinture sur les murs était tellement ancienne que certaines parties étaient complètement desséchées, voire décolorées. On voyait à peine le sol tant il était couvert d’objets divers. Certains semblaient avoir de la valeur, d’autres, au contraire, auraient dû finir à la poubelle. Il y avait une petite lampe qui pendouillait du plafond, illuminant à peine la pièce d’une lumière jaunâtre. Le lit sur lequel il était allongé se trouvait dans un angle de la pièce. Le matelas était mou et visiblement usagé, et une couverture jaune à rayures oranges était étalée dessus. À sa droite, une petite fenêtre aux volets de bois entre-ouverts dévoilait un paysage qu’il avait du mal à apercevoir tant il faisait noir.
Il ne connaissait pas cet endroit.
Laissant sa tête retomber sur l’oreiller, il ferma les yeux. Peut-être était-il encore en train de rêver ? Non… il savait très bien que c’était la réalité.
Quand est-ce qu’il s’était endormi, déjà ? Il n’avait pas le souvenir d’être allé au lit. Non…
Attends… je ne me souviens de rien… c’est flou…
Il avait le souvenir d’être allé dîner. Oui, c’est ça. Et il avait hurlé sur Maël, son grand-frère. Puis il était remonté dans sa chambre pour continuer à écrire. Ses souvenirs se coupaient là. Il avait beau se creuser la tête pour essayer de savoir ce qui s’était passé après, c’était le néant.
Il se leva. Ce n’était pas en restant allongé ici qu’il allait comprendre ce qui se passait. Enjambant la pile d’objets qui était disposée près du lit, il arriva devant la porte. C’est là qu’il remarqua quelque chose. Il n’était pas seul dans la pièce.
Il y avait un autre garçon. Il ne l’avait pas vu car un énorme carton le cachait. Assis par terre, visiblement endormi, ses jambes étaient repliées et il avait la tête appuyée sur ses genoux. Sean ne pouvait pas voir son visage, mais il lui semblait étrangement familier.
Il savait qu’il devait s’adresser à lui. Lui savait surement ce qu’il faisait là, à moins qu’il n’ait lui-même atterri ici sans savoir comment ni pourquoi. Cependant, il n’arrivait pas à se résoudre à l’approcher. Il ne le connaissait pas. Sean était extrêmement maladroit avec les gens qu’il ne connaissait pas.
Il décida d’aller jeter un œil dehors et, au pire, s’il ne trouve rien, il reviendra ici parler à ce type.
Se retournant rapidement vers la porte, son coude poussa par mégarde une statuette qui était posée sur un autre artefact et elle tomba, causant un bruit considérable.
Le jeune homme se leva en sursaut.
« Qui va là ? »
Sean écarquilla les yeux. Non, qu’est-ce qu’il faisait là, lui ?
« Ah ! Ce n’est que toi », remarqua le garçon en se levant. « Tu t’es enfin réveillé ? »
Sean resta bouche bée un instant. Il avait envie de reculer, mais il avait peur de percuter un autre objet.
« Tu… tu es fan de professeur Layton ? » Demanda-t-il d’une voix très basse, hésitante.
« Professeur Layton ? » Le jeune homme réfléchit un instant. « C’est ce type qui a sauvé Misthallery il y a quelques années, n’est-ce pas ? Non… je suis pas particulièrement fan de lui. »
« Alors pourquoi tu fais un cosplay de Corvus ? » Demanda Sean.
« Cos-quoi ? Parle plus fort, je ne t’entends pas. »
« Cosplay », répéta Sean, s’efforçant de ne pas avoir l’air intimidé, ce qui était le cas.
« Hein ? »
« Pourquoi es-tu déguisé en personnage de Professeur Layton ? »
Le jeune homme fronça les sourcils.
« Je ne suis pas déguisé. Par contre, tu es bizarre, et comment tu connais mon nom ? »
Sean recula instinctivement.
« Je… laisse tomber. »
Il se retourna vivement et s’apprêta à fuir en essayant d’éviter au mieux les obstacles.
Mais l’autre le rattrapa aussitôt.
« Attends ! » S’écria-t-il en lui agrippant le poignet. « Je ne suis pas un monstre, d’accord ? »
Sean essaya de se détacher mais l’autre était beaucoup plus fort que lui. Il comprit alors qu’il passait pour un lâche, et qu’en plus, son comportement était bête. Oui, il mourrait d’envie de fuir, mais il devait comprendre qu’est-ce qui était en train de se passer.
Il se retourna.
« Qui es-tu ? » Demanda-t-il d’une voix toujours aussi faible.
« Je m’apelle Corvus. Mais ça, tu sembles déjà le savoir. »
Corvus aussi, était sceptique. Ce nouveau venu était étrange. Son comportement, ses vêtements, sa façon de parler. On aurait dit qu’il venait d’un autre monde.
« Et toi ? »
« S… Sean. »
Il lâcha son poignet.
« D’où tu viens ? »
« Je… je peux savoir où je suis ? »
Corvus fronça encore une fois les sourcils.
« Tu es chez moi. Tu ne viens pas de Misthallery, je suppose ? »
« Mist… hallery ? »
Sean frissonna. La seule théorie qui lui venait en tête était si insensée qu’il préférait continuer à passer pour un débile que d’essayer de la vérifier.
« Tu ne connais même pas le nom du village ? »
« Comment je suis arrivé ici ? »
Corvus soupira.
« On ne va pas en finir si tu réponds à mes questions par des questions, tu sais. »
Sean ne répondit pas.
« Bon, écoute. Je vais tout te raconter puis ce sera ton tour, d’accord ? »
Il hésita un moment, puis hocha la tête.
Corvus poussa le carton et alla s’asseoir sur le bord du lit.
« Je t’ai trouvé ce matin à la porte de ma maison. Comme tu étais inconscient, je t’ai fait entrer et tu as dormi toute la journée. Voilà. Ton tour. »
« Je ne sais rien… j’étais chez moi et puis… »
« C’est louche », dit Corvus en le toisant du regard. « Tu es louche. »
« Je peux partir ? » Demanda Sean, de plus en plus confus.
« Non. »
« P… pourquoi ? »
Corvus garda le silence un moment. Sean allait l’ignorer et fuir lorsqu’il lui répondit.
« Depuis que je t’ai recueilli ce matin, il y a un truc bizarre qui m’arrive. Je ne sais pas si c’est à cause de toi, mais je parie que c’est le cas. »
« Je… désolé. »
« Franchement, j’ai jamais vu quelqu’un d’aussi timide que toi ! Je te fais peur ?»
« Non… » répondit Sean d’une voix tremblante.
Corvus se leva, avança jusqu’à la porte, suivi du regard se l’autre garçon aux cheveux noirs.
« Viens, je vais te montrer. »
Sean hésita à le suivre, mais apparemment, il n’avait pas le choix. Il ne comprenait pas. Il semblait être dans un rêve… un rêve où il était entré dans l’univers de Professeur Layton !
Surement un rêve. Dans ce cas, je n’ai rien à craindre…
Il avança à son tour vers la porte.
Dehors, il faisait entièrement noir. Il n’y avait même pas de lampadaire. Sean dut se débattre entre le désir de s’éloigner de ce « Corvus » qu’il ne connaissait pas, et entre le besoin de rester proche de lui pour s’orienter dans la pénombre.
« Où allons-nous ? » Demanda Sean après une longue hésitation.
« Je vais te montrer quelque chose », répondit Corvus qui marchait devant lui. « On a juste besoin de trouver quelqu’un. »
« Quelqu’un d’autre ? » Questionna le jeune écrivain que l’idée de devoir parler à un autre inconnu terrifiait.
« Oui quelqu’un d’autre. N’importe qui devrait faire l’affaire. Le problème c’est que tout est fermé la nuit. »
« Qu’est-ce que tu veux… me montrer ? »
Corvus s’arrêta de marcher et se retourna.
« Bon, je vais te dire. Depuis que je t’ai trouvé ce matin, quelque chose de très bizarre m’arrive. Plus personne ne semble me remarquer, comme si j’étais devenu invisible. »
« Quoi ? »
« Je t’ai dis que c’était bizarre. Alors si tu as trempé là-dedans, dis-le-moi tout de suite. »
Sean sursauta.
« Je… je n’y suis pour rien. »
« Si tu le dis », répondit le jeune brun d’un air sceptique.
Ils continuèrent à marcher en silence pendant un moment.
« Le problème, c’est que toi, tu me vois normalement. »
« Hum. »
« Si c’est pas une preuve suffisante contre toi ! »
« Je ne sais pas. »
Ils entrèrent dans une ruelle un peu mieux éclairée que la première. Quelques magasins étaient encore ouverts, et Sean eut encore plus peur que lorsqu’ils marchaient dans le noir.
« Je te crois », dis-t-il à l’autre. « Pas besoin de prouver quoi que ce soit. »
En fait, il voulait juste partir de cet endroit.
Mais à cet instant, une fille et un garçon qui marchaient au bord de la rue s’arrêtèrent devant eux.
« Corvus ! » Appela la fille alors qu’ils s’approchaient tous les deux des deux jeunes hommes.
Le concerné fut frappé par la stupeur. Quelqu’un avait enfin remarqué sa présence ?
Mais sa stupeur fut encore plus grande lorsqu’il vit les deux jeunes gens passer devant lui et aller vers l’autre garçon.