Professeur Layton et l'ultime énigme
Chapitre 15 : Les dernières pièces du puzzle.
4007 mots, Catégorie: K+
Dernière mise à jour 10/11/2016 05:53
Flora Reinhold pris place sur l’une des chaises devant la table de la chambre d’hôpital. Ses deux amis s’assirent de l’autre côté, se préparant à écouter ce qu’elle avait à dire.
-Alors, commença-t-elle, comme je vous l’ai dit, je suis retournée à l’hôtel, c’était hier matin. J’étais très inquiète et je m’ennuyais énormément, alors j’ai pris un livre et je me suis assise sur le fauteuil. Pendant que je lisais, j’ai entendu un bruit venir de dehors, mais je n’ai pas prêté attention ; un instant après, j’ai entendu des pas dans la pièce, mais je n’ai pas eu le temps de me relever que cette personne m’avais déjà assommée.
-Lorsqu’on est assis sur le fauteuil, on donne le dos à la fenêtre, pas vrai ? Remarqua Luke.
-Oui, et c’est surement par la fenêtre que cette personne est entrée. Elle a dû voir Flora lorsqu’elle est sortie et l’a suivie jusqu’à sa chambre pour la kidnapper.
-Et tu n’as pas vu son visage ? Demanda l’apprenti.
-Non. Elle a été rapide et m’a frappée avant que je ne la voie. Puis quand je me suis réveillée, j’étais dans un endroit très sombre ; elle était toujours là mais je ne pouvais pas distinguer son visage à cause du noir.
-Et est-ce que tu sais d’où viennent ces marques sur ton visage ?
-Quelles marques ? Demanda la concernée en se touchant instinctivement le visage.
-Tu as des traces sur ton visage, lui expliqua Luke, le médecin a dit que ce sont peut-être des marques de lutte, tu ne l’avais pas remarqué ?
-Non… je n’ai pas eu l’occasion de lutter, et ce kidnappeur ne m’a pas du tout touchée !
-Alors d’où viennent ces marques ? S’étonna le jeune garçon.
-Nous verrons cela plus tard, lui indiqua le professeur, pour l’instant, dis-nous, mon enfant, est-ce que cette personne t’a dit quoi que ce soit ?
-Oui… répondit Flora, quelque peu hésitante, mais je n’ai pas reconnu sa voix…
-Était-ce la voix d’un homme ou d’une femme ?
-Je… ne sais pas trop, j’étais si effrayée que je n’ai pas trop prêté attention, mais il me semble que c’était une femme…
« -Tu es sûre ? » Fut la réaction du professeur qui était étonné pour la première fois depuis le début du récit.
-Pas complètement, mais je crois que c’est le cas.
-Et qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
Flora leva la tête au plafond.
-Je me souviendrai à jamais de ce qu’elle m’a dit… ça m’a vraiment marquée…
Et sans descendre la tête, elle répéta les paroles de son ravisseur.
« Rien de tel pour tuer la monotonie que trois coups de poignard ! »
-C’est vrai que cette phrase donne la chair de poule… chuchota Luke en tremblant.
-Rien de tel pour tuer la monotonie que trois coups de poignard… répéta Layton.
-Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?
-Cela ressemble à un indice… nous avons affaire à quelqu’un de très fin, on dirait…
Un silence lourd prit place ; Flora et Luke regardaient le professeur, l’air perplexe. Hershel, lui, réfléchissait encore et encore. C’est vrai que, depuis leur arrivée en ces lieux, ils n’arrêtaient pas d’apprendre des choses étranges, mais s’il y avait une explication qui leur ferait perdre leur étrangeté ? Et si en fait tout ce qui était arrivé était tout à fait logique mais qu’il ne semblait pas l’être car ils ignoraient la vérité ?
Cette vérité, Hershel Layton avait le lourd devoir de la découvrir.
Quinze minutes de silence étaient passées. Ils ne pouvaient pas rester là éternellement.
Comme le médecin avait permis à Flora de quitter l’hôpital, le professeur et Luke lui proposèrent de l’accompagner à l’hôtel pour qu’elle se repose un peu tandis qu’ils continueraient d’enquêter, mais elle insista pour les accompagner et finit –comme d’habitude- par avoir le dernier mot.
-L’inspecteur Gramond nous a demandé de passer l’après-midi au commissariat, expliqua Layton, nous avons donc quelques heures devant nous. Pourquoi ne pas en profiter pour visiter cette ville ? Nous rencontrerons peut-être même des gens qui auraient des informations utiles à nous fournir.
-Une ville bâtie en moins d’une année ! S’extasia Luke, je me demande sincèrement à quel point la fortune de Vladimir est énorme.
-Moi, mon garçon, je me demande si elle est assez énorme pour pousser quelqu’un à commettre un meurtre…
Luke ouvrit grand les yeux.
-Vous pensez vraiment que …
-Eh bien, Katia était l’unique héritière de Vladimir Van Herzen. Si l’assassin a pu arriver jusqu’au palais pour y commettre son crime, il devait être très proche de Vladimir, assez proche pour espérer hériter de toute sa fortune s’il se débarrasse d’un seul obstacle : Katia.
-Mais vous avez vous-même dit qu’elle était l’unique héritière. Qui d’autre aurait pu tirer profit de cet héritage ?
-Eh bien c’est ce qui m’intrigue… Vladimir ne peut avoir d’autres héritiers puisque son frère a été déshérité par son père. Mais… peut-être que Vladimir va léguer tous ses biens par testament à son frère puisque sa petite-fille est morte.
-Ce qui fait de monsieur Bélouga un autre suspect ! Conclut le jeune garçon.
-Ne tirons pas de conclusions trop hâtives, il reste d’autres détails à expliquer.
-Ouah professeur ! S’exclama Flora, je vois que vous avez vraiment avancé depuis la dernière fois.
-Oui, répondit Luke, nous avons découvert tant de choses impressionnantes. Par exemple…
Layton se leva de sa chaise interrompant par ce geste son apprenti.
-Tu vas pouvoir tout lui raconter en route, Luke, allons-y.
Layton, Luke et Flora marchaient tranquillement dans les rues de Folsense. C’était en réalité la première fois qu’ils traversaient cette ville dans l’unique but de la visiter et de la découvrir.
Folsense était un lieu animé. Oui, « animé » était le mot idéal pour le décrire. Partout, il y avait des gens qui marchaient, des magasins, des étudiants. Dans la grade place, des enfants jouaient et des gens venaient donner à manger aux pigeons. C’était un endroit magnifique.
-Folsense a beaucoup changé ! S ‘exclama le jeune Luke qui venait de terminer de faire le récit de leur aventure à son amie.
-Les gens d’ici semblent heureux, ajouta Flora.
Quelques pigeons s’envolèrent à cause des petits enfants qui leurs courraient après.
-Je me demande si Vladimir a la chance de voir souvent cette magnifique ville dont il est duc, dit Layton en regardant les oiseaux s’élancer vers le ciel.
Ils étaient encore en train de marcher, cette fois-ci dans une plus petite rue, lorsqu’ils furent interpellés encore une fois. Ils ne furent presque pas du tout choqués de voir Penelope s’avancer vers eux, avant de voir qui l’accompagnait…
-Encore toi ! S’écria Luke. Un instant ! Dr. Schrader ! Que faites-vous ici ?
En effet, le docteur Schrader était avec elle. Il semblait tout à fait différent de la veille ; il semblait plus… lui-même.
-Hershel ! Cria le docteur en accourant vers eux laissant la jeune fille avancer lentement derrière lui, je me souviens de tout, à présent !
-Docteur Schrader ?
Layton, Luke et Flora regardaient l’homme qui venait de surgir et de prononcer ces derniers mots. Penelope, entre-temps, venait de les atteindre, et était aussi calme que d’habitude.
Luke ouvrit la bouche pour parler mais elle parla avant lui.
-Je sais, vous vous demander ce que je fais ici accompagnée du docteur Schrader ? Je vais vous répondre : je passais par hasard par le palais et je l’ai trouvé errant devant la porte. Je lui ai demandé ce qu’il voulait et il m’a dit qu’il cherchait un certain Hershel Layton. Alors je l’ai ramené jusqu’ici car il a quelque chose à vous dire.
-Tu veux dire que tu l’as guidé comme tu nous as guidés auparavant ?
-En quelque sorte…
Le comportement de Penelope qui passait « par hasard » par le palais n’était pas très normal et Layton l’avait remarqué, mais il décida de remettre cela à plus tard car autre chose le préoccupait pour l’instant.
-Docteur Schrader, vous dites vous être « souvenu de tout » ?
-Oui, je me rappelle pourquoi je t’ai envoyé cette lettre, je me souviens aussi de celui qui m’a kidnappé…
Luke étouffa un cri de choc tandis que Layton ouvrit grand les yeux. Pour une surprise, ça en était une !
-Allez-y, arriva-t-il enfin à articuler.
Andrew commença à parler d’une voix empreinte de certitude ; le contraste avec la veille était ahurissant.
-Tout a commencé il y a un peu plus de deux semaines, je dirais seize ou dix-sept jours. À cette période-là, j’avais examiné à nouveau les photos du coffret céleste pour faire un rapport sur les artéfacts que j’avais étudiés durant les dernières années ; et j’ai fait une étrange découverte…
-Laquelle ? Demanda le professeur.
-J’avais été étonné l’année passée lorsque tu m’as dit qu’il y avait deux manières d’ouvrir le coffret, mais en étudiant ces photos, j’ai découvert qu’il n’y avait pas deux mais trois manières de l’ouvrir !
-Trois ! S’écria Luke.
-Oui. Je voulais en avoir le cœur net, mais le coffret n’était plus chez moi, alors je suis venu à Folsense et suis allé voir le duc pour lui expliquer ma théorie et lui demander de me laisser vérifier.
« Il y a seize ou dix-sept jours, Katia était encore en vie », pensa Layton.
-Et ensuite ? Rajouta-t-il à voix haute.
-Il a été très étonné mais a refusé ma requête. Il m’a dit que le coffret appartenait à sa famille et qu’il allait vérifier lui-même. Alors j’ai dû revenir à Londres. J’ai un peu hésité, mais j’ai finalement décidé de t’en parler, alors je t’ai envoyé cette lettre te demandant de me rejoindre car je ne pouvais plus attendre. Il y a un an, tu as résolu le mystère de la boite de pandore devant lequel j’ai échoué… et j’espèrerais que cette fois également, tu allais pouvoir m’aider. Mais le jour même où je l’ai envoyée, j’ai été kidnappé.
Schrader se tut, et, pendant un moment personne d’autre ne parla.
-Ceci veut dire une chose, celui qui vous a enlevé ne voulait pas que le secret du coffret céleste soit révélé. Nous ignorons encore ce que contenait le coffret si on l’ouvrait de cette troisième manière, mais il semble que c’est une chose très importante.
Le professeur ayant prononcé ces mots regarda un instant Penelope ; elle avait le regard détourné vers les magasins qui se trouvaient au côté de la rue ; et le professeur comprit qu’elle cachait quelque chose, comme à chaque fois lorsqu’elle détournait le regard.
-Un instant ! Intervint Luke, vous dites avoir croisé Vladimir, pourtant, lui nous a dit qu’il ne vous connaissait pas !
-Vraiment ? Je suis pourtant certain de l’avoir rencontré, le duc Vladimir Van Herzen !
-Quoi qu’il en soit, cela doit bien avoir une explication. Mais, vous avez dit que vous saviez qui vous a kidnappé ?
-Oui, je le sais.
-Et qui est-ce ? Demandèrent Luke, Layton et Flora en même temps.
-Paul.
-Paul… vous voulez dire Don Paolo ?
-Lui-même !
Luke et Flora furent très étonnés mais le professeur se contenta de sourire.
-Alors j’ai envoyé ma lettre à la bonne personne…
-Quoi ? Vous saviez que c’était lui ?
-C’était surtout une intuition, mais Don Paolo a déjà pris l’identité du docteur Schrader. Quand je l’ai vu dans ce rôle une seconde fois, sur le coup je n’ai rien remarqué, mais lorsque j’ai appris que c’était un faux, j’ai tout de suite pensé que ça pouvait être lui.
-Alors Don Paolo a kidnappé le docteur Schrader et l’a ramené ici avant de prendre sa place ? Mais… pourquoi ?
-Voilà le problème, je pense qu’il n’a pas agi de son propre chef, il a dû être guidé par une personne qui se sentait en danger par rapport au contenu de la lettre.
-Attendez un instant, alors la cause du meurtre est la lettre et non l’héritage ! Conclut Luke
-Je ne crois pas, non. Si c’était le cas, la victime serait Vladimir et non Katia. C’est lui qui a vu la lettre après tout.
-C'est-à-dire que les deux affaires ne sont pas liées.
-Dans de telles conditions, cela semble anormal. Pourtant, c’est la seule théorie possible.
Penelope, à cet instant, retourna le regard. Elle fixa les trois personnes et surtout le professeur.
-Vous me faites rire avec vos « théorie », ce que nous cherchons ici, c’est la vérité !
-Et c’est en explorant toutes ces théories que l’on y accède !
-Ne vous moquez pas de moi ! Répondit-elle sans perdre pour autant son calme, vous avancez avec un tel rythme. Vous tournez en rond depuis le début ! Si vous aimez tant les théories, vous n’êtes pas obligé de les partager à voix haute, vous embrouillez les autres !
Layton pensa que si elle avait su le nombre de théories qu’il gardait pour lui-même, elle n’aurait jamais dit ça.
-C’est que ce n’est pas très facile de trouver la vérité, répondit-il avec le ton le plus flegme, surtout lorsqu’une personne qui détient des informations très importantes n’arrête pas de nous les cacher, en prétendant vouloir nous aider.
Elle comprit immédiatement le sous-entendu et répondit directement. Penelope était clairement une personne très directe.
-Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
-Quelle est la nature de tes relations avec la famille Van Herzen ? Lui demanda Hershel immédiatement, comme s’il avait préparé la question depuis un bon moment.
Contrairement à toute attente, elle ne sembla pas stupéfaite. Elle croisa les bras et sourit.
-Vous me faites pitié ! Répondit-elle simplement.
Layton ne dit rien et elle enchaina.
-Vous êtes là, à m’exposer fièrement votre « théorie ». Vous pensez avoir découvert que j’étais liée aux Van Herzen, alors que je n’ai jamais cherché à le cacher. Pour moi, c’était si évident que je ne voyais même pas la peine de perdre mon temps à vous le dire !
Elle ignora le regard noir que Luke lui lançait et continua.
-Bravo ! Vous avez découvert que le sang des Van Herzen coule dans les veines de Penelope Koldwin, mais avez-vous découvert le lien qui l’unissait à eux ? Vous voyez, c’est pareil pour toutes vos autre « théories », vous approchez énormément du but, mais vous ne l’atteignez pas. Car vous êtes trop occupé à vouloir vous assurer que les étapes précédentes sont justes, c’est pour cela que vous n’avancez pas ! Vous auriez pu me dire n’importe quoi : que je suis le fantôme de Katia Anderson, la grand-mère de Vladimir venue du passé pour veiller sur lui, la réincarnation de Sophia, n’importe quoi ! Je vous aurais respecté car une personne qui ose les théories les plus extravagantes vaut mieux qu’une personne qui ne tente rien !
Et là, Layton resta silencieux ; l’expression de son visage changea. Luke reconnut immédiatement que son mentor venait de faire une découverte importante ; Layton finit par sourire.
-Penelope, merci. Tu as entièrement raison.
Mais elle ne répondit pas et détourna à nouveau le regard vers le groupe d’enfants qui venaient de sortir de l’école et qui rentraient probablement chez eux.
Personne à part Penelope et le professeur n’a dû comprendre quoi que ce soit. Mais le professeur changea de sujet en faisant remarquer que si les élèves sortaient de l’école, il devait être dans les environs de midi. Luke, Hershel et Flora décidèrent d’aller manger quelque part puis d’aller au commissariat dans l’espoir de croiser l’inspecteur Darken et invitèrent Penelope et Schrader à les rejoindre. Au début, la jeune fille aux yeux bleu turquoise avait refusé, mais Andrew lui demanda de rester avec lui afin de le reconduire au palais avant que quelqu’un ne remarque son absence. Et ils finirent par partir tous les cinq.
Tandis qu’ils marchaient, Penelope, qui était toujours devant Schrader, dit une dernière phrase au professeur.
-Professeur Layton, vous avez réuni toutes les pièces du puzzle, et l’inspecteur Darken sera comme le plateau sur lequel tout cela sera reconstitué.
Marchant derrière eux, Flora et Luke étaient sans doute les plus affectés par le cours des événements. Ils étaient bien perdus, même si le jeune garçon commençait à avoir son idée sur ce qui était arrivé.
-Hé, Luke ! Chuchota Flora, qui est cette fille ?
-C’est Penelope Koldwin. Je t’avais parlé d’une personne qui nous a guidés jusqu’au palais, eh bien c’est elle !
-C’est bizarre, j’ai la très forte impression de la connaitre !
-Vraiment ? Moi et le professeur aussi ! Mais maintenant qu’il a été révélé qu’elle a un lien avec les Van Herzen, ça s’explique. Elle ressemble beaucoup à Vladimir et à Katia !
-Mais… Luke, moi, je n’ai jamais vu ces deux personnes !
Luke allait ouvrir la bouche pour objecter, mais il ne trouva simplement rien à dire. Pour une fois qu’il pensait avoir élucidé un mystère !
-Eh bien, finit-il par dire, j’imagine que c’est ce que le professeur appellerait « une faille » !