Au commencement de la fin
On m'avait toujours dit que la chance pouvait tourner. Que la vie, brusquempent, pouvait changer du tout au tout. Je n'y croyais pas. pourquoi l'aurais-je fait, d'ailleurs? Je menais une vie paisible, dans un quartier tranquille de Londres. J'étais un jeune garçon, normal, toujours souriant. Je pensais que rien ne pouvait m'arriver. Jamais je n'aurais pensé que ma chance tournerait, comme on me l'affirmait, mais dans l'autre sens. Jamais.
_-Au revoir, trésor. Amuse-toi bien avec tes amis. Et fais attention, sur le trajet. On n'est jamais trop prudent...
- Ne t'en fais pas, maman. J'ai douze ans, je ne suis plus un enfant. J'ai fait ce trajet des dizaines de fois, et je connais le quartier comme ma poche. Que voudrais-tu qu'il m'arrive?
L'inquiétude de ma mère me fit sourire. Elle était toujours si gentille, si douce et prévenante... Je saisis mon chapeau bleu, et le posai délicatement sur ma tête. C'était un cadeau de mes parents, ils me l'avait offert pour mes onze ans. J'y tenais énormément, mais n'osais l'admettre.
- A ce soir, maman.
- A tout à l'heure, chéri. Je t'aime très fort, tu sais?
Je hochai le tête. Oui, je le savais. Elle me le disait plusieurs fois par jour. Une manie propre aux mères, sans doute. J'ouvris la porte sans plus attendre, et sortis dans l'air frais en répétant:
- A ce soir.
J'aurais dû lui dire que je l'aimais aussi. J'aurais dû la serrer fort dans mes bras, l'embrasser. Et pas lui dire simplement au revoir. Mais comment aurais-je pu deviner que c'était la dernière fois que la voyais?