Finding a Way that Leads to You
1. Gone
| Parti |
Los Angeles
Tout était fini. Mais malgré cet état de fait, Sara se sentait comme sur le qui-vive. La trahison de Don Self lui était restée en travers de la gorge, et la jeune femme était devenue méfiante à l’égard de tout le monde. Elle trouvait cela déplorable, qu’à cause de tout ça elle n’arrivait plus à placer sa confiance en personne. Le monde était devenu à l’image de tous ces gens qui s’étaient joués d’eux. Un endroit inhospitalier, sombre, sans espoir, sans lumière, sans foi, sans rien.
Toutes leurs affaires étaient rassemblées devant le petit hôtel qu’ils occupaient, Lincoln, Michael et elle, en attendant de décider quoi faire, ou aller. La liberté, ils s’étaient battus pour la retrouver ; mais maintenant qu’ils l’avaient acquise, c’était comme un saut dans l’inconnu : où aller, quoi faire, pourquoi … Tant de questions et d’appréhension. Mais aucun d’entre eux n’auraient eu la mauvaise idée de se plaindre. Ils étaient libres, et peu importait le reste.
Sara monta deux par deux les escaliers jusqu’à atteindre le palier où se trouvait la chambre qu’elle partageait avec Michael. Elle ouvrit la porte, s’attendant à trouver le jeune homme dans la pièce ; mais il n’était nulle part. Nerveusement, la jeune femme passa ses doigts dans ses cheveux ; elle se traita instantanément d’idiote. Il ne pouvait pas être loin. Il était sans doute allé acheter à manger, ou autre chose, n’importe quoi.
La grue en papier posée sur le couvre-lit la détrompa.
-Ecoute Sara … Michael a toujours fait ce qu’il a voulu. Il devait avoir une bonne raison …
-Une bonne raison ?? s’indigna Sara qui s’attendait à un soutien de la part de Lincoln. Et tu ne crois pas qu’il en avait de bonnes pour rester aussi ?
-Sara … Je sais que tu tiens à lui, mais je connais mon frère.
-On doit le retrouver Lincoln. Il ne peut pas être parti … comme ça !
-On ne le retrouvera pas. S’il ne veut pas l’être, c’est inutile, on perdrait notre temps. Ecoute …
Il posa une main qu’il voulait rassurante sur l’épaule de Sara.
-Je suis sûr qu’il reviendra. Il tient à toi.
-Vraiment ? Permet moi de douter de ça, Lincoln. On se retrouve là, libres, on n’a plus besoin de regarder derrière nous constamment, du moins j’ose l’espérer, et lui il fiche le camp ?
Lincoln, en lui-même, pensa que la jeune femme avait tout à fait raison. Ça avait toujours été le style de Michael, ça. Foutre la merde quand tout commençait à s’arranger. En même temps, il ne s’inquiétait pas trop ; lorsque son cadet avait quelque chose en tête, il ne l’avait pas ailleurs. Tout ce qui l’inquiétait maintenant, c’était qu’il savait pertinemment que Sara n’allait pas le laisser s’en tirer comme ça. S’il fallait qu’elle traverse tous les Etats Unis, elle le ferait, il en était persuadé.
-Comme je te l’ai dit, il devait avoir une bonne raison. D’ici quelques jours il va sûrement t’appeler et tu pourras… hum … lui demander des comptes. Mais pour l’instant, viens avec moi rejoindre LJ et Sofia. Repose-toi quelques jours et ensuite … tu pourras faire ce que tu veux.
La proposition de Lincoln était tentante. Sara savait combien elle avait besoin de lâcher prise pendant quelques temps ; de ne penser qu’à elle, de cesser d’être constamment sur la défensive. Quelques fois, elle s’étonnait elle-même : comment avait-elle pu ne pas devenir complètement cinglée ? Elle n’aurait pu situer avec précision le moment où l’angoisse et la peur étaient devenues une constante. Comme si au fil du temps, elles s’étaient confortablement installées en Sara pour faire partie intégrante de son corps.
-Où … Où sont-ils ?
-Ils sont restés au Panamá. On a prévu de rester quelques temps là-bas et puis ensuite de revenir ici, aux Etats Unis. Pense un peu à toi Sara. Laisse-toi le temps de souffler.
-Je ne sais pas… Je pense que je serais incapable de me détendre en ne sachant pas ce que fait Michael et pourquoi il a disparu. Il ne répond pas au téléphone, j’ai dû lui laisser au moins trente messages …
Excédée, Sara se détourna de Lincoln et fit quelques pas sur le trottoir. Elle lutta pour retenir les larmes qui menaçaient de dévaler ses joues, tout en pensant que c’était vraiment le comble. Alors que tout finissait par s’arranger, il restait tout de même une ombre au tableau. Non, elle ne pouvait pas partir. Pas avant de l’avoir revu et de lui avoir parlé. Et s’il ne voulait pas revenir vers elle, tant pis. Cela ne ferait que confirmer que toute cette histoire avait finalement eu raison d’eux. Elle se résignerait. Elle essaierait.
Sara revint se planter face à Lincoln.
-Ecoute Linc … Ta proposition est très généreuse, vraiment, c’est … C’est vraiment très gentil à toi. Mais je ne peux pas.
Le jeune homme resta un instant silencieux, scrutant les yeux bruns de Sara.
-Très bien, dit-il enfin. Mais écoute … Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m’appelle. Notre porte te sera toujours ouverte.
-Merci, merci beaucoup.
Ils s’étreignirent, puis Sara s’empara de son sac et héla un taxi. Avant d’y monter, elle jeta un dernier regard à Lincoln, qui lui répondit par un faible sourire.
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| Cachée |
Ses doigts jouèrent un instant avec le vieux rideau occultant qu’elle tenait écarté pour observer le monde, en bas, puis elle laissa retomber son bras et se retourna pour faire face à la chambre.
Le rideau ne laissait plus passer de lumière ; seule la petite fenêtre de la salle de bain projetait une faible lueur dans la pièce. Dans la quasi obscurité du lieu, ses affaires et les quelques meubles ne ressemblaient qu’à des choses sans forme éparpillées dans la pièce. Mais Zoe avait passé tellement de temps dans cette chambre qu’elle aurait pu en décrire les moindres détails …
Ses deux valises n’étaient pas défaites. Reposant par terre, elles étaient ouvertes, révélant des piles de vêtements presque parfaites. Zoe prenait un soin tout particulier à tenir en ordre ses valises. On ne sait jamais quand le passé pouvait nous rattraper, n’est-ce pas ? Le lit, défait, témoignait d’une nuit agitée : les draps étaient froissés, l’oreiller en boule, et le couvre-lit élimé traînait par terre. La seule et unique fois où un lit avait ressemblé à ça après son passage, c’était à Albuquerque, lorsqu’elle s’était laissée aller à faire l’amour avec un total inconnu. Pour sa défense, Zoe se disait que c’était alors une période particulièrement difficile de sa vie ; et hier après-midi, elle avait quand même frôlé la catastrophe. Pas étonnant qu’elle ait mal dormi …
Avec un soupir, Zoe s’empara de quelques affaires et se dirigea vers la douche. Il fallait bien qu’elle mange.