Comme une espionne dans une morgue

Chapitre 2 : La nouvelle venue

1511 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/01/2018 11:56

           Kim Ai-Chang arriva à Boston un matin de septembre. Elle prit le premier journal qu’elle vit et chercha un appartement. Elle trouva très rapidement et obtint un rendez-vous dans la journée. A l’heure convenue, elle s’y rendit. Le propriétaire l’attendait devant le bâtiment.

 

-Mademoiselle Butler ?

-Monsieur Taylor, je suppose ?

-Oui. Je vous attendais. Puis-je vous aider ?

-Avec plaisir.

-Vous venez de loin ?

-De New York.

-Prenons l’ascenseur.

 

           Ils entrèrent dans la cabine.

-Le studio est au dernier étage.

-Pas de problème. Je suis quelqu’un de sportif.

-Attendez ! lança quelqu’un.

 

           Un homme brun et grand courut vers eux.

 

-Nigel, comment allez-vous ?

-Très bien, merci.

-Kim, je vous présente votre voisin de palier Nigel Townsend.

-Kim Butler, enchantée.

-Moi de même.

 

           Ils arrivèrent au dernier étage.

 

-Bonne journée, Nigel.

-Merci, vous aussi. Kim, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me sonner.

-Merci.

 

           Ils entrèrent dans l’appartement.

 

-J’ai laissé les meubles comme vous me l’avez demandé.

-Merci beaucoup.

 

           Elle vérifia si tout était propre. C’était impeccable. Elle fit le chèque pour l’achat du studio.

 

-J’espère que vous vous plairez dans cette ville.

-Moi aussi.

 

           Il repartit. Il était midi et elle n’avait rien à manger. Elle décida d’aller faire des courses à la supérette du quartier. Elle revint à l’appartement une demi-heure plus tard et croisa Nigel.

 

-Je vois que vous avez trouvé la supérette.

-Oui.

-Il propose beaucoup de produits asiatiques… Vous êtes de quel pays ?

-Japon.

-Est-ce que je peux me permettre d’entrer et de parler avec vous ?

 

           Kim poussa un soupir qu'elle s'efforça de rendre imperceptible puis :

 

-Pourquoi pas ? Tenez-moi ça.

 

           Elle se déchargea de ses sacs de vivres et ouvrit la porte. Ils entrèrent. Elle referma la porte derrière eux et commença à ranger ses courses.

 

-Vous en venez directement ou… ?

-J’ai d’abord été à New York.

-Vous travailliez comme ?

-Policière, mais ma vraie spécialité c’est les armes. J’ai suivi des études de criminologie à Tokyo. Depuis je n’ai rien.

-Je travaille à la morgue comme expert criminologue. En ce moment, un de plus ne nous nuirait pas. Je peux vous donner le numéro de téléphone.

-Avec plaisir.

-Garret Macy c'est le directeur.

-Merci beaucoup.

-A bientôt j’espère.

 

           En fait, Kim avait rendez-vous le lendemain matin. Elle s’y rendit en faisant ses exercices d’espionne : escalade, voltige, course, puis arriva dans le hall comme Monsieur et Madame Tout-le-monde.

 

-Bonjour, dit-elle à la secrétaire rousse de la réception. J’ai rendez-vous avec le docteur Macy.

-Votre nom ?

-Kim Butler.

-Il vous attend. Je vais vous y conduire.

 

           Il y avait un poste de vigil à l'entrée. Kim trouva cela plutôt curieux pour une morgue. Le portique ne sonna pas quand elle passa. C'était normal, depuis que le président l'avait placée là, il lui avait confisqué ses armes.

 

           Elles marchèrent dans le couloir.

 

-Je suis Lily Lebowski, secrétaire et psychologue.

-Enchantée.

-Nous y voilà.

 

           Elle entra.

 

-Garret, Mademoiselle Butler est arrivée.

-Très bien, fais-la entrer.

 

           Lily lui fit signe d’entrer.

 

-Mademoiselle Butler, enchanté.

-Moi de même, Docteur Macy.

-Asseyez-vous, je vous en prie.

 

           Elle s’exécuta.

 

-Je n'ai pas eu l'impression d'avoir le choix, sans doute parce que je ne l'ai pas eu, dit le directeur mi-exaspéré mi-soulagé. Pour être franc, j'ai trouvé votre dossier très intéressant. Mais la personne qui m'a contactée est restée très vague sur le fait que vous vouliez travailler dans une morgue après vos trois ans dans la criminelle.

-J'ai besoin de repos, un travail sédentaire m'est préférable.

-Ok. Suivez-moi.

 

           Il l’emmena en salle d’autopsie où toute l’équipe était réunie.

 

-Vous n'avez peut-être pas l'habitude des cadavres…

-(Bien plus que vous ne le croyez, avait-elle envie de répondre) Je m'y habituerais.

 

           Ils se tournèrent vers le personnel dont Nigel Townsend.

 

-Bonjour à tous, je vous présente Kim Butler. Elle sera notre nouvelle experte criminologue. Je compte sur vous pour lui faire bon accueil.

-Jordan Cavanaugh.

-Kim, vous prendrez le bureau de Bug à côté de Nigel.

 

           La coïncidence manqua d'étouffer Kim.

 

-Et si vous me briefiez sur votre affaire ?

-C'est moi la responsable du dossier, dit Jordan.  Cet homme a été retrouvé mort sur le toit d’un immeuble à plus de 50 mètres au-dessus du sol. Il porte des traces de coups mais pas suffisamment pour causer sa mort. La blessure qui nous intéresse est celle-ci.

 

           Elle lui montra la photo des traces de lames taillées en forme de dent qui s’enfonçaient dans la peau du cadavre.

 

-Vous savez ce que c'est ?

-J'en ai une idée précise, répondit Kim.

 

           Elle prit un ordinateur et fit une rapide recherche.

 

-Vous semblez connaître les tuyaux… fit Nigel.

-Je me suis connectée à mon ordinateur où j'ai la base de données mondiale des armes.

-On a l’arme, dit la médecin légiste.

-Le modèle d’arme, rectifia Kim. Si cela ne vous dérange pas, je souhaite m’occuper… de chercher l'arme et d'identifier le coupable.

-Vous savez où chercher ?

-Oui.

 

           Elle possédait tous les dossiers des autres espions sur son ordinateur portable. Le problème c’était que les espions ne laissaient pas d’empreintes digitales. L’avantage c’était que leurs armes étaient uniques et laissaient des indices derrière elles. Kim sortit son ordinateur portable et compara les photos des armes avec celle de la trace laissée. Elle trouva au bout d’une heure. Mais comment l’arrêter ? A moins de le pister… Elle doutait que son patron ne la laisse prendre quelques jours de congé. Il fallait qu’elle se débrouille seule pour concilier son passé d'espionne et son présent de criminologue.

           Dans sa traque, elle se souvint alors que les affaires concernant des espions devaient être régies par des agences.

           Dès le lendemain matin, le FBI débarqua pour leur retirer l'enquête. L'un d'eux regarda Kim et elle le reconnut tout de suite mais feignit l'indifférence.

 

-Je les déteste, souffla Garret et il s'en alla.

-Il voulait dire "bon travail", dit Nigel à Kim. Au fait, comment tu as su pour l'arme ?

-Je collectionne les armes depuis que je suis policière.

-Et tu les utilises ?

-Oui, mais sur les murs.

 

           Quand Kim eut élucidé sa première enquête, une partie du personnel de la morgue lui proposa d'aller boire un verre.

 

-Merci mais j'ai encore du travail…

-Ca ne sera pas très long.

-C'est gentil mais je préfère rentrer.

 

           Elle savait qu'elle piquait au vif la curiosité de certains de ses collègues mais ne changea pas d'avis.


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