Derkomai's Mask
Chapitre 19 : Ce n’est pas juste un hortensia
6520 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 21/04/2024 15:05
Dans cette petite pièce, pas de carrelage, pas de parquet, pas de moquette, juste le béton poussiéreux. On avait oublié cet endroit, ou bien n'avait-on pas voulu s'en occuper. Hum... ce devait être ça. La machine devant moi vrombissait, avec sa grande bouche ronde et ses deux gros yeux blancs, elle semblait surprise de me voir. Cette chose, elle devait être habituée aux visites, mais cela devait être si rare qu'on reste avec elle, qu'on attende près de cet objet si bruyant dont les coins claquaient contre le sol.
Les tuyaux blancs qui lézardaient sur les murs négligés se mirent à vibrer et la machine s'arrêta, comme écoutant le chant de ses frères d’infortune. Ça ne durerait pas longtemps, je le savais. Prise d'une soudaine folie, la boîte blanche s'ébranla, l'intérieur de sa bouche se mit à tourner, tourner, tourner à toute vitesse. Ses vibrations intenses, son corps qui semblait prêt à tomber d'un côté ou de l'autre. Elle grondait, comme exprimant sa haine d'être abandonnée ici, d'être une chose qu'on devait cacher, oublier dans une pièce elle-même laissée pour compte. Je l'enviais. La lessive embaumait l'air pendant qu'à travers le hublot, j'observais les vêtements qui tournaient. La robe rose de Serena. Le ruban bleu de Serena.
« Délicat ». C'était important que le bouton de la machine soit réglé sur « Délicat ». Et pourtant, le tambour tournait si vite, au point que les habits perdaient leur forme, disparaissaient presque. Alors pourquoi étais-je toujours capable de le voir ? Le ruban bleu de Serena. Le ruban que je lui avais offert. J'aurais presque juré qu'il tapait contre la vitre, quémandant que je le laisse sortir. Pas encore, il était encore bien trop sale pour cela. Mais les vibrations perdaient en force, les vêtements réapparaissaient, le cylindre métallique ralentissait. Un dernier tour, l'inertie de son mouvement qui le fit légèrement remonter avant qu'il ne revienne en arrière, immobile. C'était fini. Le cycle était fini. Et maintenant le bip strident résonnait dans la pièce. Mon pas était lourd, bruyant, insupportable alors que j'avançais vers la machine. Le cycle était fini et Adriane ne tarderait pas à venir, répondant aux cris de cette créature qui l'appelait. Le cycle était fini, donc il fallait rejoindre Serena. Mais les vêtements étaient toujours sales.
Toujours sales, donc je devais nourrir la bête. Lui offrir ces grains blancs et ensuite une simple pression. Je crus que ce ne serait pas suffisant, que la machine ne répondrait pas à cette griffe qui effleurait sa surface. Un nouveau hurlement, long, très long, comme si l'objet réfléchissait à ma demande. Puis le tambour reprit ses mouvements, les tuyaux tremblèrent à nouveau et la machine abandonna sa voix et fit vrombir son corps. Un cycle démarra. Peut-être que quand il finirait, le ruban aurait retrouvé son éclat. Peut-être... mais si ce n'était pas le cas, je devrais en lancer un nouveau. Un grincement derrière moi. Je n'avais pas besoin de me tourner pour savoir qu'on ouvrait la porte.
"Je croyais avoir entendu..." entendis-je siffler derrière moi.
Je m'étais toujours dit que Roussil ressemblait à sa dresseuse. Même si la renarde se montrait souvent mordante dans ses paroles, il y avait toujours un fond, une empreinte, qui semblait imiter le ton de Serena. Et maintenant, ce timbre fatigué, la voix de ce pokémon...
"C'était toujours sale."
Était-ce ma voix ? C'était grave, presque rugueux, ça ressemblait aux grondements de l'objet blanc. Mais c'était bien ma voix. C'était ma réponse pendant que je fixais le tissu humide qui battait la surface argentée. La porte grinça, claqua, se ferma. Mes épaules se tendirent, ma queue s'enroula autour de mes jambes. Mon dos me picotait, comme si ce que je devinais être le regard de la renarde avait une force physique, une existence palpable que je pouvais sentir.
"C'est long."
Elle avait parlé d'une manière détachée, bien loin du ton de reproche auquel je me serais attendu. Elle constatait, elle constatait simplement.
"C'était sale," répétai-je.
"Tu ne veux pas sortir d'ici ?"
"Le cycle n'est pas fini."
Silence, à part le bruit tonitruant de l'objet.
"Je vois," dit enfin Roussil.
Elle avait parlé si bas que j'aurais pu ne pas l'entendre. La mousse emplissait la gueule de la machine, elle me rappelait la neige qui couvrait et cachait les arbres morts et les terres stériles qui accompagnaient l'hiver.
"Sacha... est-ce que tu veux partir ?"
Je me tournai vers la renarde. Elle était adossée contre la porte, son museau bas.
"Tu peux rester ici, tu peux faire tourner cette vielle machine autant que tu veux. Et... je ne te demanderais plus de rester."
Elle avait relevé la tête, ses petits yeux ne me regardaient pas, préférant fixer le cube blanc derrière moi.
"Oui, on s'est trop reposé sur toi. On a trop attendu de toi alors que..." Elle ferma les yeux, grimaça tout en respirant l'air chimique. "Je ne peux pas te demander d'endurer cette douleur."
Mes lèvres se fendirent, un bruit guttural sortit de ma gorge alors que je demandais à ce pokémon :
"Pourquoi ?"
Roussil se tourna et fit grincer la porte. Elle me répondit, avec sa voix qui conservait quelques souvenirs de sa dresseuse :
"Tu es humain Sacha. Voilà pourquoi."
Ma queue claqua sur le sol au moment où la porte se ferma. Les vêtements étaient redevenus invisibles et le bruit n'avait jamais été aussi violent. Bientôt le cycle serait fini, et il faudrait que je le relance. Tant que je ne sortais pas d'ici, tant que je ne rejoignais pas Serena, il continuerait. Non, il recommencerait, il recommencerait enfin une fois parti. Tu resteras avec moi, grondait l'objet. Mais pour ça tu dois redevenir humain. Enlève cette peau qui ne te va pas et reste avec moi, dans notre petit monde. Le tambour tournait toujours plus vite, les vêtements disparaissent, le ruban disparaissait.Tu vois, même s'il est sale, au moins tu ne le verras plus. Tu ne verras plus cet horrible ruban. Alors enlève cette peau qui ne te va pas, jette-la à l'intérieur de moi, et je la ferai disparaître. Je tournerai et tout disparaîtra.
Parmi les nombreuses plaies qu'Adriane avait essayé de soigner, il y en avait une à ce bras. Une qui fendait les écailles, suffisamment grande pour que mes dents s'y glissent. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Un violent coup de tête et j'arrachai les écailles et la peau juste en dessous. Le gros lambeau de chair pendait dans ma bouche, quelques écailles étaient tombées, mais il n'y avait rien d'humain là-dessous. Juste le sang que mes vaisseaux crachaient et la douleur.
Le bip retentit. J'observais l'intérieur de la machine, les vêtements froissés derrière le hublot. Je pouvais les voir, je pouvais voir le ruban. Le sang gouttait au bout de mes doigts, tombait dans la poussière. La voix suraiguë de la machine, son cri qui me rappelait que le cycle était fini. Alors c'était comme ça, même si j'en redémarrais un nouveau, même si les vêtements de Serena disparaissaient à nouveau, je savais... Ils seraient toujours là. Ma main caressa la surface lisse et blanche, dessina les contours de la bouche du monstre. C'était sale. Le ruban était sale. Le ruban bleu que je tenais maintenant dans ma main était encore sale mais... il réapparaîtrait toujours et à cause de lui, je ne pourrai plus jamais me contenter de regarder cette vieille machine tourner.
***
Le couloir avait beau être large, mes ailes frottaient les murs et je devais sans cesse penser à les replier. Et quand ce n'étaient pas elles qui me causaient problèmes, ma queue s'en donnait à cœur joie pour frapper et noircir le papier peint et... Je ne l'avais pas remarqué, cette petite table en bois verni. Par contre ma queue ne l'avait pas loupée, balayant un des pieds, la faisant tomber et avec elle tous les stylos et magazines qui traînaient dessus. Génial, vraiment génial. Mais qui avait eu l'idée de mettre ce truc dans un couloir aussi ? Ça n'avait rien à faire là ! Je me penchai, cherchant d'une main à réunir les objets colorés éparpillés au sol. Un crayon à papier sans mine, des stylos couverts de tâches d'encre, j'irais sans doute plus vite si je posais les vêtements... Je remettais la table à l'endroit, posant dessus le fruit de ma collecte. Ça avait été long. Sécher le linge en piteux état, repasser sans élargir les déchirures, plier ce qui n'était pas à jeter. Je n'étais pas doué pour ça, encore moins avec seulement trois doigts à chaque main, c'était facile à deviner lorsqu'on regardait le travail que je tenais contre ma poitrine. Le tissu s'échappait ci-et-là, les nombreux faux plis donnaient un air d'accordéon aux habits. J'aurais pu les rouler en boule, ça n'aurait pas été plus catastrophique.
Catastrophique. Et Adriane n'était pas venue m'aider parce qu'elle s'inquiétait pour son grand-père, parce que l'Admin refusait qu'elle quitte cette maison, parce qu'elle devait être à l'étage en train de réfléchir à un plan pour s'échapper avec Matthieu assis devant sa porte. Adriane n'était pas venue. Adriane avait jeté les vêtements de Serena dans le lave-linge puis elle était partie et elle les avait oubliés. Parce qu'elle avait d'autres choses plus importantes à penser, parce qu'elle se fichait des habits de Serena...
Tant pis pour les magazines au sol, peu importait les vieux stylos abandonnés. Moi, je devais lui ramener ses vêtements. Je devais les lui ramener, même si mes mains devenaient moites, même si le rythme de mon cœur s'accélérait en approchant de la porte. Tu te souviens Sacha ? Cette sensation de quand tu étais dresseur, cet instant juste avant un match important où tes nerfs étaient en feu. Tu l'aimais cette sensation, parce que tu avais l'impression que tout t'était possible. Malgré cette tension qui te vrillait l'estomac, il y avait tout à jouer, tout à décider. Et aujourd'hui ?
J'arrivais au bout du couloir et derrière cette porte, je savais qu'il n'y aurait pas de combats, il n'y aurait rien que je puisse faire, que je puisse décider. La porte était lourde, l'ovation qui accompagnait mon entrée n'était que le grincement des gonds. Voici mon terrain de combat. Un salon aux murs longés par les étagères pleines à craquer de livres. Et mon adversaire ? Ma tête pivota, elle suivait les couvertures colorées, les rainures des lattes en bois. Et finalement, dans un coin de la pièce, des pokémons que je connaissais bien s'étaient réunis autour d'un futon rouge. Est-ce que tu étais là ? Cachée sous les couvertures ? Peut-être étais-tu déjà réveillée et que tu avais peur de lever la tête. Je ne m'énerverais pas, du moins pas aujourd'hui. Donc tu pouvais te lever et me dire que tu te sentais mieux.
"Regarde Serena, j'ai ramené tes vêtements."
Elle ne m'avait peut-être pas entendu. Je m'approchais, les ombres se mouvaient près d'elle, mais je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que sur son visage. Elle respirait calmement, la bouteille d'oxygène et le masque pas très loin d'elle au cas où... Ma tête tourna, mes ailes se gonflèrent de sang alors qu'une violente boule de chaleur calcinait mes entrailles. Elle ne se réveillerait pas. Parce qu'elle ne voulait pas me voir, parce qu'elle ne voulait pas me parler, parce qu'elle me détestait ! Les livres, les étagères, ça tournait, ça n'arrêtait pas de tourner et je titubais. Le sol était un amas de coton, une sensation floue qui ne me donnait aucun repère. Pourquoi j'étais revenu ? Pourquoi ? Pourquoi ? Alors que je savais très bien que...
"Ecoute-moi !"
Je crus que ma tête se déchirait en entendant ce cri désespéré. Je sentais à nouveau le sol sous mes pieds, je percevais le bruit que faisait ma respiration saccadée et le sang qui brûlait l'intérieur de mes écailles comme s'il s'était transformé en acide.
"Pourquoi tu réagis comme ça !? Je veux juste... m'excuser... mais... à la fin ça sert à quoi de m'avoir protégé si tu t'enfuis comme ça ? Ça sert à quoi si... si tu regrettes de m'avoir sauvé."
Ses poils mouillés par les larmes, les éclairs qui s'échappaient de ses joues sans qu'il ne puisse les contrôler. Et cette pauvre Roussil qui faisait de son mieux pour le calmer, mais elle serrait les poings, je voyais ses dents apparaître, sa queue se hérisser et si ça continuait...
"Négapi."
Ma voix me semblait si faible, pourtant le petit être se tourna vers moi, clignant plusieurs fois des yeux comme surpris de me voir. Ça faisait mal, le sourire que j'essayais de tendre sur mon visage me faisait souffrir.
"Tu... Tu as dormi récemment ?" balbutiai-je.
"Dormir ?" répéta le pokémon.
"Et manger. C'est important de manger si on veut être plein d'énergie."
"Tu sais ce qu'il se passe ?" me demanda-t-il soudain.
Ma gorge se serra alors qu'il se décalait me laissant voir Nymphali toute tremblante allongée contre sa dresseuse. C'était comme si elle était redevenue cette Evoli craintive qui s'enfuyait dès qu'un inconnu s'approchait trop près d'elle. Négapi avança d'un pas lent vers elle, faisant signe à la renarde de ne pas l'interrompre. Il tendit sa main, mais au dernier moment une lumière bleutée le repoussa.
"A chaque fois que je veux m'approcher elle fait ça, grogna-t-il en se retournant. J'avais perdu connaissance, elle m'a protégé, elle s'est retrouvée seule face à ce type. Et maintenant, je sais qu'elle m'en veut. Et toi tu me demandes de dormir. De manger. Tu me demandes ça... sans même avoir cherché à comprendre, ni même à voir ce qu'il se passait !" explosa-t-il.
Mais ses jambes tremblèrent et il dût s’asseoir pour ne pas définitivement s'effondrer. Les vêtements déchirés de Serena pressaient contre ma poitrine et je restais immobile, incapable de répondre, incapable de consoler un pokémon.
"Négapi, ça suffit," souffla Roussil.
Le petit monstre baissa la tête et essuya du bout des pattes ses joues humides. Il tituba maladroitement vers le sac de Serena et en tira sa pokéball. Il appuya sur le bouton, me lança un dernier regard, m'offrant un dernier murmure :
"Je serai mieux là-dedans, n'est-ce pas ?"
Il avait disparu, avalé par cet orbe bicolore, comme si son existence avait été rayée du monde.
"Je ne voulais pas... je croyais..."
J'avais du mal à trouver mes mots, ma langue s'écorchant contre mes nouvelles dents effilées.
"Tu es venu lui dire au revoir ?" me demanda Roussil.
La renarde faisait toujours bien attention à son pelage. Pourtant aujourd'hui, des touffes de poiles s'emmêlaient sur sa queue. Je lui tendais les vêtements et elle les regarda un long moment. Je m'attendais à ce qu'elle se moque de moi puis qu'elle essaye de rattraper mon travail. Elle n'en fit rien, se contentant d'un léger sourire.
"Merci," murmura-t-elle.
Elle me semblait si vieille avec son pelage terni, les cernes sous ses yeux et ses épaules basses comme si elles devaient soutenir un poids invisible.
"Tu es dans un piteux état," remarqua-t-elle en me regardant de bas en haut.
Tant que ça ? Cette fois, évoluer n'avait pas suffi à guérir toute mes blessures... ou bien m'en étais-je faites après ma transformation, je ne savais plus trop, je n'avais pas envie de m'en souvenir.
"Allez Nymphali, il faut que tu te reprennes," encourageait la renarde accroupie au niveau du pokémon, sa patte posée sur la barrière bleutée qui venait d’apparaître.
Un long moment passa jusqu'à ce qu'épuisé, le pokémon fée finisse par relâcher sa garde. Elle gémit lorsque la renarde s'approcha, elle se recroquevilla contre sa dresseuse lorsque les griffes touchèrent sa tête.
"Tu as été très courageuse," murmura Roussil.
Elle faisait bien attention à ne pas élever la voix, sa patte effleurant avec précaution le pelage blanc. Nymphali releva la tête, ses grands yeux bleus teintés de larmes.
"Roussil ?" articula-t-elle abasourdie.
"Tu dois te reposer maintenant," souffla le pokémon.
Elle hésita, son ruban fermement enroulé autour du bras de Serena.
"J'ai peur. J'ai vraiment peur. Serena elle est... elle pourrait..." avoua le pokémon dans un couinement.
Mon estomac vrilla, mes oreilles sifflèrent. Non, tu ne pouvais pas... Mais... tu étais déjà parti, à Kalos tu m'avais déjà fait tes adieux. Alors peut-être que cette fois encore, tu préférerais partir, tu préférerais...
"Serena ne nous abandonnera pas !"
Je sursautai avant d'être pris de tremblements en voyant le visage plein de colère de la renarde. Nymphali baissa les yeux, regarda une dernière fois sa dresseuse avant de murmurer :
"Oui. Oui, tu dois avoir raison. Il faut que tu aies raison."
Elle se releva, son corps longiligne me semblait encore plus affiné qu'avant, ses fines pattes trop fragiles pour la soutenir. Comme Négapi, elle se volatilisa dans sa pokéball, se laissa disparaître.
"Tu y crois vraiment ? Tu crois vraiment qu'elle ne nous laissera pas ?"
Je me demandais quelle tête je faisais en lui posant cette question. De la peur ? De l'espoir ? Ou peut-être tout autre chose, en tous cas cela semblait la surprendre.
"Oui. Oui, j'y crois. Et toi ? Est-ce que toi tu en doutes ?"
Ma langue s'entailla contre une de mes dents, le sang sortit en abondance de la plaie, remplissant ma gueule et ma gorge. Il suintait, le liquide visqueux suintait du bord de mes lèvres et je ne pouvais plus le retenir.
"Pourquoi elle ne le ferait pas !?" crachai-je.
Les gouttes de sang tombèrent sur le sol, s'étalèrent sur le bois avant d'y fondre pour se transformer en ombre.
"Elle s'est moquée de moi ! Elle m'a demandé de lui faire confiance et regarde ce qu'il s'est passé... Elle se fiche de moi. Elle se fiche de ce que je peux devenir. Elle... Elle peut partir... sans moi..."
Des tâches rouges vermeils imprégnaient désormais le visage blanc de Roussil. Je ne voulais pas dire tout cela, je ne voulais pas m'énerver. Parce que ce n'était pas moi, parce que je n'étais pas ce genre de garçon, parce que si je le montrais... maman se sentirait si mal...
"Je suis désolé."
Mais un jour je deviendrai maître pokémon et à ce moment, tu pourrais reprendre ta vie, tu pourrais réaliser tes propres rêves sans te préoccuper de moi. Alors pars, laisse-moi, je suis heureux, je suis heureux avec les pokémons.
"Je te la confie."
Je relevais vivement la tête. Pourquoi Roussil me disait ça ? Je ne pouvais pas... Je la voyais se diriger vers le sac, prendre une pokéball. Non ! Il y avait toujours ce magma en moi, celui-là même qui menaçait d'exploser, de se répandre sur Serena. Si Roussil partait, s'il n'y avait plus rien pour me retenir alors...
"Je vais la blesser," murmurai-je.
"Veille à ce que Matthieu ne s'approche pas."
Elle ne comprenait pas !? Ce n'était pas lui le danger ! C'était moi... c'était moi qui allais faire souffrir Serena !
"Je ne peux pas."
"Et si tu vois Pandespiègle, dis-lui de ma part que c'est un idiot."
Elle allait vraiment rentrer dans sa pokéball ? Elle allait vraiment me laisser seul avec elle !?
"Je ne veux pas..."
La lumière rouge entoura la renarde. Moi aussi ! Moi aussi je voulais disparaître !
"Je croyais que tu n'aimais pas rester enfermé dans une pokéball."
Je m'étais figé en entendant ces derniers mots moqueurs. Et maintenant ? Ma queue traînait au sol pendant que je m'approchais de Serena, le magma remontait dans ma gorge, les flammes consumaient ma gueule. Exploser. Exploser. Exploser !
- Sacha...
Ses vêtements étaient toujours dans mes bras. Ces vêtements qui m'avaient pris tant de temps à nettoyer, à repasser. Ces vêtements qui s'effilaient entre mes mains. Ces vêtements que je voulais te rendre... Je m'allongeai, mon aile la recouvra. Une décharge me parcourut, partant de la fine membrane verte et se répandant dans tout mon corps. Un avertissement, un message qui me disait de fuir, qui me criait de m'écarter.
Si sensible. L'intérieur de mon aile ressentait le moindre mouvement, devinait sa forme, sa chaleur. Je voyais Serena, c'était différent, c'était cette sensation étrange où même quand on fermait les yeux, on était capable de savoir précisément la position de son corps, les mouvements qu'il faisait. Serena... c'était la première fois que je la voyais si nettement. Mais mon aile souhaitait toujours s'écarter, je sentais les spasmes qui la parcouraient. La crainte se déversait en moi, cette peur que Serena pourrait aisément déchirer la fine membrane. Et en même temps, je ne voulais pas la retirer, je voulais continuer de la voir.
Ma main trouva celle de Serena, s'accrocha à elle pour ne plus la lâcher. Son pouls battait contre ma paume, un peu rapide, mais régulier. Je ne bougeais pas, les flammes refluaient, le magma ralentissait, se solidifiait au sein de mes entrailles. La lave s'était enfin arrêtée mais... ça pesait, ça faisait mal, au plus profond de moi, lourd et froid, ça resterait lourd et froid.
***
Le bon air nocturne imprégnait encore le pelage du petit panda alors qu'il déambulait dans les couloirs de la demeure. Les lumières éteintes, le silence qui régnait, son genou qui le faisait souffrir à chacun de ses pas. Il s'appuya un instant contre le mur, se disant qu'il pouvait encore rebrousser chemin, retrouver cette petite trappe qui menait au toit et s'allonger sur les lauzes. Il était bien là-haut, loin des idées saugrenues de Roussil, loin de leur dispute... Pandespiègle gratta sa nuque en soupirant. Des querelles avec la renarde il en avait eu, certaines par sa faute, d'autre où c'était elle qui avait commencé. Il savait ce que c'était, il connaissait bien le ton qui montait, l'insolence des propos ou au contraire le silence vengeur. Mais cette fois ça avait été différent. Pandespiègle frissonna en repensant au visage éprouvé de la renarde, il grogna en se remémorant sa voix calme alors qu'elle répétait inlassablement : « Sacha a le droit de partir. » Il savait qu'elle avait raison, il savait qu'ils s'étaient trop reposés sur le métamorphosé mais... Il ne voulait pas que la première chose que sa dresseuse découvre en se réveillant soit la disparition de son ami.
Trop perdu dans ses pensées, l'obscurité du couloir n'aidant pas, Pandespiègle ne remarqua pas le stylo qu'un certain faux-pokémon avait oublié de ramasser et marcha dessus. L'objet roula et la jambe déjà faible du panda se déroba.
Étendu sur le sol, le petit pokémon regardait ce ciel sans étoile. Il faisait froid. La neige sur son pelage, les bambous qui l'entouraient avec leur chaume rigide comme l'os, leurs nœuds pulpeux cernés d'un disque glacé. Ses parents, sa sœur qu'il aimait tant, ils ne devaient pas être très loin, bien à l'abri dans la grotte qui leur servait de refuge. Mais il ne reviendrait pas vers eux, pas aujourd'hui du moins. Il souffla un peu de buée, regarda une dernière fois les bambous en cyphose. Il avait trouvé ce qu'il voulait faire, quelque chose qu'il ne pourrait pas accomplir en restant ici. Pandespiègle tapa ses mains l'une contre l'autre, se débarrassant de la neige qui collait à son pelage.
En ce jour d'hiver, sa mère l'avait serré dans ses bras, son père avait caressé sa tête et sa petite sœur avait retenu ses larmes, s'était abstenue de lui demander de rester. Ils avaient accepté son départ, avec des larmes, avec des grognements agacés face à ce sale môme qui ne voulait même pas attendre le printemps pour son voyage. Ce petit Pandespiègle immature qui avait prévu de s'en aller dès les premières neiges pour épargner à sa famille une bouche à nourrir... même si son père l'avait traité d'idiot de penser ainsi. Les flocons tombaient désormais, et le petit panda louchait pour les voir fondre sur le bout de son museau. Il les aimait, il les aimait tellement, mais il leur en aurait voulu s'ils avaient cherché à le retenir.
Pandespiègle ouvrit les yeux, la neige tout comme la forêt de bambous avaient fondu pour redevenir de simples souvenirs intangibles. Le panda se releva, sachant pertinemment que l'ancien dresseur était déjà parti. Il fallait bien l'accepter, comprendre que quelque part... tenir à quelqu'un ne voulait pas forcément dire rester. Le pokémon marcha, faisant bien attention de ne pas trop s'appuyer sur sa jambe impotente. Dire qu'il était monté sur le toit... Roussil risquait de lui passer un sacré savon pour avoir été aussi imprudent.
Quand le petit pokémon entra dans la pièce où se trouvait sa dresseuse, et dont par chance la porte avait été laissé entrouverte, il fut étonné de la chaleur qui y régnait et de la flamme vacillante qui brillait près des étagères. Les yeux de Pandespiègle s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit lorsqu'il remarqua l'énorme corps orange derrière la flamme rougeoyante. Le pokémon s'approcha, renifla, toucha la peau du dragon assoupi. Il peinait à y croire, cette aile posée sur la jeune fille, cette joue écailleuse collée à celle de la dresseuse et cette main griffue qui se cramponnait au poignet de Serena. Ce faux-pokémon, cet humain qui rêvait de devenir maître pokémon... que faisait-il ici ?
"Sacha ?" murmura le panda abasourdi.
Le monstre de feu gémit sans se réveiller, se collant encore plus à la kalosienne. Incapable de la lâcher, incapable de partir et Pandespiègle qui regardait. Pandespiègle qui leva sa main pour toucher le bord de ses lunettes et suivre de son doigt la fissure qui s'était formée sur le verre. C'était la paire préférée de Serena, celle qu'elle lui avait offerte le jour de leur rencontre.
"Elle va m'en vouloir," soupira le petit monstre sans vraiment y croire.
Il ne s'attendait pas à voir le corps du monstre de feu trembler, il n'avait pas anticipé qu'il verrait le globe oculaire effrayé du reptile tourner dans son orbite avant de brutalement disparaître derrière les paupières serrées. La bouche de Pandespiègle se tordit, cet humain qui criait toujours si fort qu'il accomplirait son rêve, ce garçon qui ne jurait que par le voyage et que rien ne semblait pouvoir retenir, en vérité...
"Toi... Toi tu n'as jamais voulu partir."
***
« Pourquoi tu lui obéis !? » Le hurlement d'Adriane bourdonnait encore aux oreilles de Matthieu pendant qu'il observait la jeune dresseuse qui peinait à respirer. Elle tremblait, les creux au-dessus de ses clavicules se creusaient à chacune de ses inspirations et son visage rouge à cause de la fièvre luisait de sueur. La championne maintenait le masque, jaugeant d'un œil anxieux le compteur de la bouteille en métal blanc. Combien de temps cela allait tenir ? L'Admin avait autorisé le dragon orange à se rendre chez le médecin, mais il ne semblait pas très dégourdi pour voler et tout le monde savait que les dracaufeus étaient loin d'être réputés pour leur vitesse de course. Aurait-il dû envoyer la championne alors ? Pas vraiment, laisser cette tête brûlée dehors n'apporterait rien de bon.
« Pourquoi tu lui obéis ?» Matthieu mordilla son ongle à travers son gant. Il aurait dû ignorer les ordres de son chef et accepter de les laisser quitter la ville ? Mais si Arthur avait refusé, ce devait être pour une bonne raison...
- Qu'est-ce qu'il fait ? gronda le dresseur de la Team Aqua face à la lenteur du dracaufeu.
Il en avait assez de voir cette fille brûler de fièvre, ça le répugnait, lui donnait envie de vomir. Comment Arthur avait-il pu l'envoyer dans une telle galère ? Surtout en sachant... La porte claqua, le pokémon feu entra en trombe suivi par l'infirmière et le médecin toujours trop calme. Pauvre monstre, sa queue battait le sol, ses écailles se dressaient et ses yeux terrifiés ne savaient plus qui ou quoi il devait regarder. Complètement perdu, prêt à écouter quiconque lui donnerait un semblant de solution.
- Pousse-toi, ordonna le docteur.
Les couvertures retirées, les jambes blanches de la dresseuse mises à nues. Blanches ? Pas tout à fait. De larges mailles bleues s'étaient formées sur les genoux de la jeune fille et s'étendaient à vue d’œil au reste de ses jambes. C'était un filet, un piège jeté sur les membres de la victime, l'objet d'un pêcheur qui ne voulait pas perdre sa proie. L'infirmière s'activait, seringues, poches, désinfectant, gants, manipulant le tout de ces gestes automatiques qu'elle avait acquis à force de répétition. Mais serait-ce suffisant ? Vu le regard plein de reproches que lui lançait le toubib, Matthieu en doutait fortement. Il pouvait rappeler Arthur s'ils voulaient, mais sa réponse ne changerait sûrement pas et...
« Pourquoi tu lui obéis ? » Oh qu'elle se taise. Que la voix d'Adriane cesse de l'importuner. Il n'était pas un pantin, il pouvait prendre ses propres décisions mais... Arthur... Les muscles de l'Admin se contractaient, un trismus invincible paralysait sa mâchoire. Laisser la gamine partir avec ce Dracaufeu, ça n'entraverait en rien leur plan. Et puis son chef ne se rendait sans doute pas compte de la gravité de la situation. Ça pouvait arriver, même aux meilleurs.
- Je... commença Matthieu d'une voix pâteuse.
Il s'arrêta au moment où l'infirmière raccorda une petite bouteille transparente en plastique à la tubulure. Les lettres inscrites dessus étaient assez grosses pour qu'il puisse les lire même à distance.
- Pipé-Tazo, dit-il à haute voix.
Pas encore certain de ce qu'il voyait, il relut plusieurs fois les inscriptions, vérifia qu'il n'y avait rien d'autre autour mais... La colère monta, monta, monta et enfin explosa en un rire gras, un rire rassuré.
- Pipé-Tazo !? s'esclaffa-t-il. Sérieusement ?
Le médecin fronça les sourcils sans répondre, préférant ignorer les délires de l'homme de la Team Aqua. Mais Matthieu en avait décidé autrement, il s'approcha du pied à perfusion et arracha le flacon sous les yeux désabusés des soignants.
- Qu'est-ce que...
Le médecin ne prononça pas un mot de plus en voyant le géant écraser le flacon dans son poing.
- Monsieur le toubib, cette fille s'est fait mordre par un sharpedo, un shar-pe-do.
Cette fois, le docteur dévisagea l'Admin, comme s'il s'attendait à ce qu'il lui souffle une réponse. Et puis le visage de l'homme s'empourpra, son air calme se mua en une crispation nerveuse alors qu'il se levait pour quitter la pièce.
- Dra ! Paniqua le faux-pokémon.
- Laisse-le un peu, je pense que notre ami le toubib a besoin d'un petit moment de... réflexion.
Les dents de l'homme grincèrent, mais il ne rétorqua pas, demandant à son infirmière de faire le nécessaire le temps qu'il vérifie quelques détails. Matthieu pouffa à nouveau sans se préoccuper des regards interrogateurs qu'on lui lançait.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? fulmina Adriane.
L'Admin ne lui répondit pas, préférant fouiller dans la bibliothèque jusqu'à en sortir un livre pour enfant. Il tourna les pages, son sourire bienheureux collé au visage pendant qu'il admirait les pastelles. Ce qu'il y avait de drôle ? Mais voyons, c'était hilarant qu'il ait pu remettre en question sa loyauté pour cette championne décérébrée, pour ce médecin pathétique qui s'était planté en beauté. Et ce pauvre Dracaufeu qui leur faisait confiance, il le plaignait, sincèrement.
Un nouveau rire spasmodique ébranla le colosse si bien qu'il dû mettre sa main devant son visage pour essayer de l'étouffer. Pipéracilline-Tazobactam, un bon traitement, le genre classique que le toubib devait utiliser sans se poser de questions pour prévenir les infections, le genre à tout le temps marcher, du moins pour une morsure de pokémon terrestre. Mais bon, pouvait-on en vouloir à cet homme de ne pas connaître quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude de gérer. Le pauvre, ce serait si cruel de lui en vouloir. Il avait fait de son mieux non ? Et après tout, une septicémie ce n'était pas bien grave.
- Il en met du temps pour chercher dans ses bouquins, se moqua l'Admin en jetant un coup d’œil à la porte.
Une septicémie ce n'était pas bien grave mais quand même, que dirait-il au pokémon feu quand le cœur de la petite se serait arrêté. Peut-être un petit coup de défibrillateur, histoire de justifier la phrase tout prête qu'il avait dans sa tête, le fameux : « On a tout essayé. » Ah ça, choquer un rythme non défibrillable, c'était un beau « on a tout essayé ». Et puis face à un pokémon et cette championne, il avait toutes les chances que ça passe.
Matthieu froissa le papier. Il la connaissait bien cette ritournelle. Il l'avait entendue alors qu'il était en train de crever sur le bois pourri du bateau de pêcheur où il travaillait. Les bactéries se promenaient dans son sang et ravageaient ses organes tels des pirates pillant chaque port qu'ils croisaient. Il avait vu le regard perdu de son capitaine alors que la mort étendait ses filets sur ses jambes comme pour l'empêcher de fuir. Il avait ressenti de la rage alors qu'il sentait son cœur lâcher pendant qu'on gueulait de tout côté. La rage de savoir qu'il allait y passer, non pas parce qu'il n'y avait rien à faire, mais parce que la bonne chose n'avait pas été faite.
L'admin tourna une nouvelle page, se perdant dans les couleurs chatoyantes. Arthur lui avait sauvé la vie, mais au-delà de ça... Arthur avait su ce qu'il fallait faire. Et rencontrer quelqu'un qui savait ce qui devait être fait en toute situation, savoir que les ordres auxquels on obéissait servaient à quelque chose, qu'ils menaient à la réussite. S'il suivait ce capitaine, il n'aurait plus à craindre que le jour de ses funérailles un hypocrite chante avec un petit four à la main le fameux « on a tout essayé ». Et c'était bien pour cela qu'il ne l'abandonnerait pas, ne lui désobéirait pas, jamais. Non pas parce qu'il lui était reconnaissant, non pas parce qu'il lui devait la vie, mais parce que suivre Arthur c'était suivre la bonne décision. Et ça, c'était agréable, c'était sacrément agréable.
- Tu vas arrêter de te moquer de nous ! hurla la fille aux cheveux de feu. C'est de votre faute si Serena est dans cet état, alors maintenant tu vas prendre tes responsabilités et...
- Ma faute ? tonna Matthieu.
Il avait lâché le livre et l'écrasait de son talon, ses mains relevées prêtes à réduire en miette quiconque voudrait le défier.
- T'avais pas l'air de t'en faire pour elle pendant que tu gueulais qu'on devait dégager de ton volcan. T'as laissé une gamine toute seule, tu lui as cramé l'épaule et pourtant ce serait de ma faute ?
Adriane vira au rouge, insulta l'Admin, mais Matthieu s'en fichait, seul lui importait l'éclat qui brillait désormais dans les yeux du dragon. Ouaip, il avait compris, compris que sa dresseuse n'avait sans doute pas choisi la bonne personne à suivre. Et si le dragon de feu le reconnaissait, alors cela signifiait... Matthieu ne pouvait plus s'arrêter de rire. Cet Arthur, ce sacré Arthur, en fait il avait tout prévu. Sans doute avait-il senti le manque de confiance qui régnait dans l'âme profonde de son fidèle bras droit. Mais qu'il ne s'inquiète plus, le grand Matthieu avait compris le message, s'était souvenu de ce qui guidait sa loyauté.
- T'es un sacré numéro quand même, ricana-t-il. Mais t'as bien fait, comme toujours, t'as bien fait.
***
Le fabuleux se laissait porter par le vent comme si l’air était un hamac où il pouvait se détendre. Ses oreilles frémissaient, agacées par les rugissements du Mont Chimnée pendant que l’Orbe Rouge s’extirpait, lentement mais surement, des entrailles magmatiques. Un dernier effort, un sifflement, le ciel s’embrasa et Mew ferma les yeux, se boucha les oreilles. Enfin, libéré de sa prison visqueuse, l’orbe dégoulinant de lave avait trouvé sa place dans les mains de l’humain.
Arthur ne s’inquiétait pas de ses gants qui se consumaient, ni de la chaleur qui suçait le bout de ses doigts. Il souriait, homme bienheureux qui tenait le plus précieux des trésors. Mew le regardait, sa queue claquant dans le vent, il hésitait à intervenir, à le déposséder de cet objet si précieux. Ce serait démoraliser ces humains, réfléchit le petit pokémon. Et il serait bien dommage de les perdre, surtout en voyant l’effet qu’ils avaient eu sur le Derkomai.
Mew fit une jolie manœuvre aérienne, ayant du mal à cacher son contentement. Ce Sacha semblait bien plus prometteur que la gamine du Peuple Météore qu’il surveillait jusque-là. Laissons ces humains s’amuser avec les orbes pour l’instant, je verrai bien comment le Derkomai réagit. Sûr de lui, le pokémon partit, sans remarquer les yeux luisant d’Arthur qui le fixaient avec mépris.