Et pour quelques étincelles de plus

Défi : Le crossover improbable (janvier/février 2022)

Niveau 1 : l’oxymore des univers

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Crossover – "Pokémon" x "Les Annales du Disque Monde"

« Je ne suis l’homme d’aucune situation. D’ailleurs, oubliez même que je suis un homme et qu’il existe des situations entendu ? » - Rincevent

Et pour quelques étincelles de plus

Ankh Morpok, Université de l’Invisible, Département des Hautes Énergies.

« Cogite, que vous avais-je dit à propos de vos expériences sur le Quantum ?

- Eh bien... Euh... C’est-à-dire que...

- D’ailleurs il me semble que vous aviez utilisé tout votre budget annuel.

- C’est... C’est le cas Archichancelier, mais...

- Vous avez trop de crédits jeune homme, il va falloir revoir le plan de charges pour l’année prochaine... »

Un éclair traversa la pièce par-dessus leurs têtes, les mages recroquevillés par terre se cramponnèrent tous à leurs chapeaux.

« S’il y a une année prochaine bien entendu.

- Mais l’expérience a marché Archichancelier, protesta Cogite Stibon.

- C’est précisément ce que je vous reproche ! »

Timidement, l’Archichancelier et le major de promo levèrent le nez derrière la table renversée qui leur servait de barricade. La bête était toujours là. Couverte de fourrure jaune, ses longues oreilles pointues noires dressées tout comme sa queue en forme d’éclair, elle ne mesurait pas plus de quarante centimètres, pourtant les mages de l’Université de l’Invisible n’avaient jamais vu de chose aussi terrifiante, aussi malsaine, or ils avaient de l’expérience dans les deux domaines. Ses joues rondes et rouges crépitaient, elles étaient chargées en électricité.

En apercevant le sommet de leurs chapeaux coniques et ornés de fioritures, l’animal gronda et lança une nouvelle attaque éclair.

« Pika chuuu ! »

Très vite, Mustrum Ridculle s’agenouilla à nouveau derrière son bouclier de bois de fortune. Il jeta un regard noir à Cogite Stibon et ses collègues. S’ils avaient été plus francs avec lui, il aurait pensé à prendre son arbalète avant de rejoindre le laboratoire des Hautes Énergies.

« On ne va pas y passer la nuit ! Doyen ! Allez me chercher mon arbalète !

- Vous n’attendez pas que le bibliothécaire arrive ?

- Pourquoi faire ? Ce n’est qu’un animal. On le tue, on le dépèce et on le mange, fin de l’histoire. Même si pour celui-là je crois qu’on s’abstiendra de la dernière étape.

- On pourrait demander au restaurateur rue du câble de s’en charger, proposa le major de promo.

- Vous n’allez pas le tuer ? S’offusqua Cogite. C’est une nouvelle espèce, il faut la référencer et l’étudier vivante, avant de la disséquer. »

Le monstre projeta une boule d’énergie sur la table et les mages sentirent le choc à travers les planches dans leur dos. Cogite grimaça, le doyen s’étala sur le sol, il avait l’allure globale d’un vieux tapis décati et élimé.

« Vous avez créé un rat qui crache des éclairs, que voulez-vous qu’on en fasse ? Pesta Ridculle. Vous trouviez qu’il n’y en avait pas assez en ville ?

- Je ne l’ai pas créé Archichancelier, il est arrivé par le multivers. Il vient d’ailleurs, vous vous souvenez de la règle six ? Eh bien…

- Il n’était pas là avant et vous l’avez fait venir, c’est ce qu’on appelle créer.

- Rendez-vous compte : il ne recourt à aucune magie ! C’est une source d’énergie perpétuelle et…

- Pika ! »

Un nouvel éclair crépita dans les airs et explosa les dernières fioles restées intactes sur l’étagère derrière eux. Des débris de verre volèrent en éclat et s’éparpillèrent dans toute la pièce.

« …Et mobile.

- Un rat Stibon. UN RAT. » Répéta l’Archichancelier.

Adrien Tournabside débarqua essoufflé dans le laboratoire. Il ouvrit la bouche pour crier mais s’écarta brusquement de la porte et se planqua dans le couloir pour éviter le tonnerre qui lui était destiné. Au bout de quelques secondes, il osa pencher la tête par l’ouverture béante.

« Le bibliothécaire est introuvable ! Baah ! »

Le mage se cacha derrière le cadre de porte pour échapper à une nouvelle attaque.

« Jamais là quand on a besoin de lui cet anthropoïde ! Il avait bien un assistant non ? Allez me le chercher, et mon arbalète aussi tant que vous y êtes.

- Quoi ? Vous ne parlez pas de "lui" j’espère ?

- Lui qui ?

- Vous savez lui... Avec le chapeau... Répondit le major de promo sur un ton hésitant.

- Le chapeau, si exactement ! Allez me le chercher vissa !

- Archichancelier c’est une très mauvaise idée de l’impliquer...

- Il ne voudra pas être impliqué d’ailleurs, précisa le doyen.

- Je me fiche de ce qu’il veut ou pas. Ce que moi je veux c’est que cette chose disparaisse loin de mon université ! Regardez ce qu’il a fait à l’économe ! »

Dans un coin du laboratoire, l’économe assis par terre, regardait dans le vide avec un sourire béat, tout en se balançant d’avant en arrière, les genoux enveloppés dans ses bras et son tube de pilules en grenouilles séchées renversé par terre. Il était parti loin cette fois, dans un monde plus sympa et plus gentil, loin de l’Archichancelier brutal et de la créature jaune.

« Qui dois-je aller chercher Archichan… Aaah ! »

Adrien se plaqua à nouveau contre le mur.

« Rincevent ! Grand Couillon de Fêlé ! Allez me chercher Rincevent ! Et que ça saute ! Et évitez de lui parler du "problème", dites-lui qu’on a besoin de ses compétences en linguistique. »

oooOOOooo

Le bibliothécaire avait simplement ouvert une porte. Simplement. C’est banal une porte. Bon, évidemment les choses les plus banales sont souvent les plus dangereuses, surtout à l’Université de l’Invisible. Les portes, les chaises, les matelas, les cuvettes de toilettes, les sandwichs… On sait à quoi s’attendre face à une épée ou une hache, mais un petit pain fourré de Planteur Je-m’tranche-la-gorge sous son allure anodine (quoi que) pouvait tuer une colonie de bactéries intestinales en une nuit. Pourtant le bibliothécaire était prudent, il vivait au milieu des livres, or il n’y a rien de plus dangereux qu’un livre. Il s’en voulait un peu, il avait manqué de vigilance. On ne se méfie pas assez des portes…

Au moins le coin était verdoyant, les couleurs de la nature lui paraissaient un peu criardes par contre. Le bibliothécaire se baladait sur le petit chemin boisé à la recherche de quelque chose de familier, à défaut il trouverait peut-être de la nourriture. Il croisa plusieurs petits animaux tout mignons aux pelages duveteux ou aux plumages flashy. Ils criaient dans l’allégresse en se coursant les uns les autres dans une insouciance édénique. C’était sans doute à cela que ressemblait le monde "sympa" dans lequel se perdait l’économe de temps à autre pour calmer ses nerfs.

Le bibliothécaire finit par tomber sur un arbre à baies. Quelques créatures ressemblant vaguement à des lapins bipèdes molletonneux bruns et beiges se régalaient de fruits murs autour de l’arbuste. L’un des lagomorphes s’approcha gentiment du bibliothécaire et déposa devant lui quelques végétaux à l’aspect étrange.

« Lapo lapo ! » Jappa joyeusement l’animal guilleret avant de retrouver ses camarades gourmands.

La faim tiraillait l’estomac de l’humanoïde perdu, mais il n’avait pas très envie de se risquer à manger ces trucs. Prudemment et du bout de ses longs doigts, il saisit une tige et regarda la baie suspendue devant lui avec un œil suspicieux. Elle était rose et avait la forme d’un régime de fruits oblongs rappelant vaguement sa friandise préférée. Il renifla la baie, l’odeur était différente de tout ce qu’il connaissait, mais son instinct d’orang-outang lui désignait l’aliment comme comestible.

"Alea jacta est" comme disait l’autre, et bien que cela n’ait jamais porté chance à qui que ce soit, le bibliothécaire engouffra le fruit. Ça ne valait pas les bananes, non, mais ce n’était pas trop mal quand même.

« Oook. »

oooOOOooo

« Pika pika chu ! Pika !

- C’est quoi ce machin ? Demanda Rincevent en grimaçant.

- On pensait que vous pourriez nous renseigner justement. Vous êtes un grand voyageur après tout. »

Rincevent avait flairé le piège. On l’avait extirpé de son bureau exigu et surchauffé. Il avait accepté le poste de fameux professeur de géographie insolite et cruelle pour ne plus être obligé de quitter cette pièce justement. Contre toute attente, le job était plus reposant que celui d’assistant du bibliothécaire, car on ne lui demandait pas de voyager réellement, juste de raconter ce à quoi il avait survécu pendant des années. Ça lui convenait bien, surtout que les étudiants ne venaient jamais à son cours, alors lui-même avait cessé d’y aller. Mais en voyant l’expression de Tournabside, il avait tout de suite compris qu’une catastrophe se préparait ou s’était déjà produite. Le jeune homme avait beau essayer de noyer le poisson, tout le monde faisait toujours la même tête dans ces moments-là, or Rincevent était un expert en survie et en fuite, alors cette tête-là, il la reconnaissait immédiatement.

Il avait tenté de trouver une excuse, mais Grand Couillon de Fêlé restait planté devant la porte en dansant d’un pied sur l’autre, il n’avait pas l’air décidé à partir. Le sujet du bibliothécaire disparu fut évoqué.

"Oh oh." Avait songé Rincevent.

Puis Adrien avait précisé qu’il devait passer récupérer l’arbalète.

"Oh oh…"

Finalement, dans un éclair de génie, Tournabside avait fini par évoquer la possibilité que le Patricien soit mis au courant de l’affaire avec ce ressortissant étranger très étrange et très jaune. Là, Rincevent avait cédé. Encore une fois, il était expert en survie.

« Je devrais pouvoir le renvoyer dans sa dimension si j’arrive à m’approcher de Sort, déclara Cogite Stibon en regardant l’Archichancelier armer son arbalète.

- Rincevent va s’occuper de la chose.

- Euh, non. Non vraiment non.

- Vous êtes l’homme de la situation !

- Je ne suis l’homme d’aucune situation. D’ailleurs, oubliez même que je suis un homme et qu’il existe des situations entendu ?

- C’est un ordre Rincevent ! Sinon je vous fous à la porte sans votre chapeau défiant le dictionnaire ! »

Ridculle n’avait pas scruté à la loupe l’organigramme de l’université, mais sur le plan administratif, en tant que titulaire de la chaire des découvertes fortuites expérimentales, Rincevent était en effet le mage - ou plutôt le maje comme l’indiquait son horrible couvre-chef - de la situation face à la bête de l’autre dimension.

« Si vous pouviez le distraire le temps que j’ouvre un nouveau portail... » Annonça Cogite.

Arbalète à la main, l’Archichancelier encouragea (selon son propre vocabulaire) Rincevent à s’approcher de la créature. Le maje ajusta son chapeau pointu à l’étoile unique et l’enfonça sur son crâne avant de s’avancer, il prenait toujours cette précaution au cas où il faudrait courir pour s’enfuir. Perdre haleine oui, mais perdre son chapeau non.

Il se rassura comme il pouvait, la MORT n’était pas là, il n’y avait donc pas de raison de croire que le danger était mortel. La bête était minuscule, alors sans doute n’arriverait-elle pas non plus à lui arracher un membre, un doigt à la rigueur...

Rincevent prit une profonde inspiration et sortit de sa cachette les mains en l’air avec sa plus belle mine terrifiée.

« Pika ! Grrr… Grogna l’animal face à lui.

- Euh pika pika ! Couina Rincevent.

- Il lui fait le fameux coup du "ne me tuez pas" ! S’extasia le major de promo.

- Je dois reconnaître que sa maîtrise des langues exotiques force le respect. »

La créature mystérieuse remua sa frimousse, cet humain maigrelet avec son affreuse robe à capuchon défraichie transpirait la peur par tous les pores. Il avait l’air de comprendre son langage en plus, c’était sa chance d’enfin savoir ce qui se passait dans cette baraque de zinzins. Dans un coin de sa tête, le rongeur redoutait un coup fumeux de la Team Rocket.

« Pika pika ! Pika pi ?

- R... Red ? Ou Rouge ? » L’interrogea Rincevent, il fronçait les sourcils sous l’effort de la traduction.

« Pika ! Insista le monstre.

- Ash ?

- PIKA !

- Sach... Satoshi ? Je ne comprends pas de qui tu parles. »

L’éternel apprenti se tourna vers son Archichancelier.

« Il cherche un ami à lui, mais je ne comprends pas son nom.

- Un ami ? Parce qu’il y en a d’autres des comme lui ? S’exclama Ridculle.

- Je pense qu’il parle d’un humain ou du moins de quelque chose d’approchant.

- Pika ! Confirma l’animal inconnu.

- Vous avez vu quelque chose d’autre en dehors de lui ?

- Non, il est venu tout seul, expliqua Cogite.

- Pika pi… » Fit tristement la créature jaune en baissant les oreilles.

Les mages commençaient à se détendre, le dialogue avec Rincevent avait apaisé le fauve, ils ne sortaient pas de leur abri pour autant. Cogite rampa au sol jusqu’à Sort. Il fit signe à Adrien de s’approcher des pentacles pour les redessiner correctement. Tournabside n’était clairement pas enthousiaste à cette idée, la bête était encore très proche du cercle magique.

oooOOOooo

« Arrête de paniquer Sacha, on va le retrouver.

- Mais ça fait des heures qu’il a disparu ! »

Sacha tripotait nerveusement la visière de sa casquette rouge tout en marchant, il regardait frénétiquement de tous les côtés, Goh sur les talons.

« Et puis tu l’as vu comme moi ce grand trou noir !

- Qu’est-ce que c’était à ton avis ?

- Aucune idée mais ça ne me dit rien qui vaille ! »

Sacha se souvenait des évènements intervenus quelques années plus tôt en haut de la Tour de l’Espace-Temps, le truc qui était apparu quelques secondes avant la disparition de Pikachu lui rappelait un peu cet épisode dangereux avec Palkia, Dialga et Darkrai. Même si ensemble ils se sortaient indemnes de toutes leurs aventures, il craignait pour la vie de son ami électrique. Il avait une mauvaise intuition, comme si cette apparition n’était pas normale, qu’elle n’avait rien à faire là, dans son monde, dans le monde des Pokémon…

Au détour d’un bosquet, le duo de dresseurs tomba nez à nez avec une créature étrange aux longs poils roux et ternes assise dans la pelouse en train de se goinfrer de baies nanab au milieu d’un troupeau de laporeilles insouciants.

« Ooook.

- Regarde Sacha ! Un pokémon sauvage ! » S’exclama Goh toujours en extase devant ce genre de découverte. Sa collectionnite le titillait déjà.

Sacha cligna des yeux, il avait voyagé dans de nombreuses régions, mais il n’avait encore jamais vu cette espèce de pokémon. Il était visiblement très grand, même si assis vouté en tailleur il ne pouvait pas vraiment estimer sa taille. Il avait un profil simiesque avec de très longs bras et un regard larmoyant. Sacha avait une drôle d’impression en l’observant. 

« Il ressemble un peu à un gouroutan, c’est peut-être un pokémon chromatique. Qu’en penses-tu Motisma ? Demanda Goh en sortant son motismart de sa poche.

- Goh, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un pokémon… Dit lentement Sacha, perturbé.

- Recherche… Re… »

La voix féminine de motismart s’étrangla avant de se taire. Goh était perplexe.

« Motisma ? Ça va ?

- Mo... Bip ! Erreur+++ manque de fromage+++ 

- Euh… Quoi ? »

oooOOOooo

« C’est bon Archichancelier ! La brèche est ouverte ! S’écria Cogite.

- Qu’est-ce que vous attendez ? Balancez cette chose là-dedans fissa !

- Euh… Vous voulez que j’y touche ? Avec mes mains ?

- Vous pouvez utiliser autre chose, c’est vous que ça regarde.

- Euh… Rincevent ? »

Rincevent avait déjà filé. Le maje était un virtuose de l’échappatoire, un artiste de l’esquive, un professionnel de la retraite et du sauve-qui-peut. Il fallait de bons yeux et de bons réflexes pour l’apercevoir avant qu’il ne disparaisse dans une cavalcade échappée.

Cogite Stibon ne pouvait plus compter sur Rincevent, ou alors il n’avait jamais pu compter dessus, alors il se tourna vers son grand Couillon de Fêlé.

« Adrien ?

- Quoi ? Moi ? » Couina l’assistant.

A travers le vortex, Pikachu aperçut Sacha et vice-versa.

« Pikachu ? Appela le garçon d’une voix pleine d’espérance.

- Pika pi ! »

La créature jaune bondit aussitôt et se jeta d’elle-même dans la déchirure de l’espace-temps créée par les mages du département des Hautes Énergies.

« Bon débarras ! Maintenant qu’il est parti refermez-moi ce trou ! Ça va faire des courants d’air et l’économe a une santé fragile. »

oooOOOooo

« Pikachu ! » S’écria Sacha les larmes aux yeux.

Il serrait fermement contre son torse son meilleur ami de toujours. Pikachu frottait affectueusement son museau contre son menton.

« Pika pi !

- Où étais tu passé ? Demanda le dresseur en relâchant son étreinte. Je me faisais un sang d’encre !

- Pika pika !

- Ah ah ! Vraiment ? Des hommes en robes de chambre avec des chapeaux ridicules ?

- Pi ! »

Le bibliothécaire regardait la scène des retrouvailles du coin de l’œil. Il était trop occupé à se délecter des baies sucrées et juteuses pour s’intéresser sérieusement à la faille spatio-temporelle reliant entre eux les multivers et ces enfants bruyants commençaient à l’incommoder pendant son déjeuner. Son nouvel ami laporeille lui tapota le bras et lui indiqua de son autre patte la direction d’une clairière plus tranquille avec d’autres arbres à baies.

« Ook. »

L’humanoïde décida d’accompagner le petit pokémon et il se redressa pour marcher sur ses vingt phalanges.

« Ah non ! Il va s’enfuir ! » S’écria Goh.

Sacha, son pikachu adoré entre les bras, regarda le jeune garçon courir vers l’anthropoïde roux avec un petit rictus crispé.

« Goh, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. »

Goh n’écoutait rien, il fouilla frénétiquement dans sa poche pour en sortir une capsule rouge et blanche. Il la dégoupilla dans un *tululu* sonore avant de la lancer dans un mouvement ample en direction de l’anthropoïde.

La balle heurta l’arrière du crâne du bibliothécaire avant de tomber mollement dans le gazon. L’hominidé frotta sa tête à l’emplacement de l’impact. Son regard passa lentement de la sphère au garçon qui l’avait jeté. Ce n’était clairement pas un regard amical.

« J’y crois pas, elle ne s’est même pas activée... » Souffla Goh dans une grimace dépitée.

Une sueur froide rattrapa le garçon.

[Bien que les orangs-outans soient généralement paisibles, des agressions entre individus peuvent arriver dans le cadre des rivalités territoriales. Les jeunes mâles impétueux tentent de mimer leurs ainés et agacent les individus plus mûrs. Ces "jeux" peuvent parfois devenir agressifs. Ces interactions sociales s'établissent surtout en captivité ou en groupe auprès des installations humaines, tandis que, dans la vie sauvage, les rencontres sont beaucoup plus rares et les possibilités de fuite plus larges.] – Wikipédia, ou presque.

« Attention Goh ! Cours ! »

Le bibliothécaire courait vite, c’était sans commune mesure avec Rincevent, mais à quatre pattes musclées on reste mieux équipé qu’un gamin de dix ans avec ses deux jambes rachitiques.

Le visage de Sacha se crispa dès le premier hurlement de Goh, puis il grimaça en regardant cette scène atroce, resserrant un peu son étreinte sur Pikachu. Il avait mal pour son compagnon.

« Aïe... Ouh... Ça, ça doit faire mal. Oh là là...

- Pika pika…

- PAS MIEUX. »

oooOOOooo