Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 23 : Seul face à ses responsabilités

9669 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/03/2021 11:46

Du fait de ses blessures, et plus simplement parce qu’il n’était plus sous la pression d’un autre Pokémon, Salamèche mit bien plus de temps pour revenir au centre de formation d’enfants soldats de la DDR. Il s’en était allé avec Simiabraz le 4 Juillet, l’avait combattu le soir-même pour finalement revenir au centre presque trois jours plus tard, durant la matinée du 7 Juillet.

À cet instant, le reste de la Dream Team n’avait pas encore confronté l’équipe Chaotique, et Salamèche, lui, avait encore beaucoup de choses à faire.

Roitiflam et Hypnomade furent alertés par l’ouverture de la trappe, ils s’empressèrent d’aller accueillir le seul Pokémon qui revint de l’Opération Rapasdepic. Le chef fut horrifié par son état.

- (Roitiflam) S… Salamèche ! Bon sang, que s’est-il passé… ?

Il s’approcha, s’abaissa à son niveau et lui essuya immédiatement les plus grosses traces de terre qui le recouvrait. Le type feu se laissa faire, sentant que son maître agissait avec tendresse. Il semblait réellement inquiet pour son élève. Hypnomade, lui, resta un peu en arrière.

- (Roitiflam) Où est Simiabraz, que vous-est-il arrivé ?

- (Salamèche) …

- (Hypnomade) Ils ont dû tomber sur plus fort qu’eux.

- (Salamèche) Non.

L’enfant leva brusquement son regard vers Hypnomade, l’air énervé.

- (Salamèche) Simiabraz a tenté de m’assassiner.

- (Roitiflam) Quoi… ?

Le type psy écarquilla les yeux, tandis que Salamèche parut tout aussi inchangé qu’avant son départ. Après tout, il avait eu presque trois jours pour réfléchir à un plan, et il pensait avoir trouvé la stratégie parfaite.

Le travail d’équipe permet de tout accomplir, il l’a bien compris. Mais puisqu’il ne peut pas en bénéficier, alors il doit prouver à ses adversaires que leur travail d’équipe n’est pas sincère. Ce fut la première étape de son plan, encore plus dangereux et risqué que celui que s’était confectionné Germignon pour arrêter l’équipe Chaotique, mais il n’avait pas le choix. Il devait sauver Pikachu, les prisonniers et détruire définitivement ce centre de formation de la DDR ; c’était son rôle, ce pourquoi il avait une place dans ce monde. Et il en était certain, aujourd’hui.

Roitiflam se releva lentement, la tête baissée.

- (Roitiflam) Bien. Va prendre une douche, mon grand, mets-toi à l’aise puis rejoints-moi dans mon bureau. Hypnomade, je t’y attends tout de suite.

- (Hypnomade) O… oui, chef.

Et les trois personnages entrèrent dans le centre souterrain. Salamèche ferma la trappe derrière lui, mais avec la ferme intention de ressentir à nouveau la puissance chaleureuse du soleil. Il s’exécuta, partit se nettoyer, et souffla tranquillement dans les douches. Cela lui permit de perdre le stress qui commençait à s’accumuler, et de repenser étape par étape au plan qu’il devait suivre.

Pendant ce temps, dans le bureau du chef, les esprits semblaient s’embrouiller.

- (Hypnomade) Il est évident que ce gamin est un traitre !

- (Roitiflam) …

- (Hypnomade) Pourquoi Simiabraz l’aurait-il attaqué, si ce n’est pour se défendre !? Le guider à Bourg-Tranquille était une décision regrettable, je vous l’avais dit !!

- (Roitiflam) … As-tu manipulé son esprit ?

Un silence se créa, le type psy se montra gêné.

- (Roitiflam) Ne me mens pas.

- (Hypnomade) J’ai… peut-être effacé deux ou trois souvenirs qui me troublaient.

Le chef frappa soudainement son bureau, faisant au passage sursauter son interlocuteur.

- (Roitiflam) Que t’avais-je demandé, vis-à-vis des séances d’hypnoses !?

- (Hypnomade) Je… j’avais peur !!

- (Roitiflam) La peur justifie-t-elle de mutiner !?

Il baissa la tête.

- (Roitiflam) À moins que ça ne soit pas qu’une question de peur ? Tu ne me faisais pas confiance, hein ?

- (Hypnomade) … Je suis sincèrement navré, chef.

- (Roitiflam) Toi et Simiabraz ne l’avez jamais accepté, c’est bien ce qui me semblait. Il était planifié de l’éliminer lors de cette mission, je me trompe ? Dans ce cas, je suis bien heureux de l’avoir entraîné, ce petit, parce que je sais aujourd’hui qu’il est plus fort que cet imbécile qui voulait prendre sa place ! Humilié par un gosse de treize ans, quelle indignité ! Quant à toi…

Il se leva de son siège, les poings fermés.

- (Roitiflam) Tu as de la chance d’être un puissant Pokémon psy qui me fut toujours loyal. Ton type et ton âge te sauvent, Hypnomade, mais sache qu’il n’y aura pas de troisième chance. Je veux que tu lui rendes ses souvenirs.

- (Hypnomade) C’est… c’est chose faite, en réalité. Je pense que Simiabraz l’a attaqué parce qu’il a justement retrouvé la mémoire, et parce que Salamèche… a essayé de l’arrêter.

- (Roitiflam) Tu essaies encore de justifier tes actes ? Il ne serait pas revenu s’il n’avait pas accepté de devenir un membre de la DDR.

- (Hypnomade) Il est pleinement conscient, je le sens.

- (Roitiflam) Alors Simiabraz a mérité ce qui lui est arrivé. Ne pas effacer la mémoire de Salamèche servait à le rassurer, à lui faire comprendre que nous ne voulions que son bien. Il a probablement attaqué Simiabraz par réflexe, l’a vaincu parce qu’il l’a surpassé grâce à mes entraînements, puis s’est posé et s’est demandé ce qu’il devrait faire. Maintenant que tout lui était revenu, il avait réellement le choix. Et ce petit… a décidé de revenir à moi, il veut encore et malgré tout me succéder.

- (Hypnomade) …

- (Roitiflam) Et il me succèdera, je lui fais confiance. Tu ferais bien d’en faire de même, car si je l’entends se plaindre une seule fois d’un de tes subterfuges, tu lui serviras de diner. Me suis-je bien fait comprendre ?

- (Hypnomade) … Oui, chef.

Roitiflam avait désormais plus confiance en Salamèche qu’en Hypnomade, son plan se déroulait comme prévu. L’étape suivante était de lui faire arrêter les séances d’hypnoses, car le type psy pourrait le démasquer s’il venait à fouiller ses récents exploits, surtout qu’il comptait le faire.

Salamèche toqua à la porte du bureau de Roitiflam un bon quart d’heure après qu’il en eut terminé avec Hypnomade, comme prévu. Le chef l’invita à entrer, et le petit s’installa immédiatement.

- (Roitiflam) Alors, ça va mieux ? J’ai entretenu une conversation avec Hypnomade, et je tiens tout d’abord à m’excuser sincèrement pour ce qui t’est arrivé. Je n’étais absolument pas au courant de la mutinerie qu’ils me préparaient, et je peux te jurer que cela n’arrivera plus.

- (Salamèche) Ça n’est pas grave, je ne vous en veux absolument pas. En revanche…

Tenta-t-il. Et cela fonctionna :

- (Roitiflam) Oui, que souhaites-tu ?

Roitiflam semblait prêt à tout pour se racheter.

- (Salamèche) Concernant Hypnomade… Simiabraz m’a révélé qu’il était avec lui, sur ce coup.

- (Roitiflam) Je sais.

- (Salamèche) Je ne veux plus qu’il m’approche.

- (Roitiflam) Je comprends, sa trahison doit te répugner.

- (Salamèche) Cela concerne également les séances d’hypnoses.

Un silence se créa, et Roitiflam baissa la tête. Même si cela semblait compliqué, Salamèche devait absolument réussir cette étape de son plan.

- (Salamèche) En fait, je… je ne comprends pas pourquoi vous me faites ça.

- (Roitiflam) Je te l’ai déjà dit…

- (Salamèche) Pour en apprendre plus sur les êtres humains, oui, mais cela est inutile. Vous n’apprendrez rien de moi, je n’étais qu’un enfant pauvre et caché du monde extérieur.

- (Roitiflam) V… vraiment ?

- (Salamèche) Je m’en suis souvenu lorsque j’ai retrouvé toute la mémoire, lorsque Simiabraz a tenté de me tuer. Ce sont eux qui m’ont changé en Pokémon, ils m’ont formaté à l’idée de m’introduire dans ce monde dans le but de tout détruire de l’intérieur, mais ces imbéciles n’avaient pas pensé que mon esprit d’humain de supporterait pas le changement de monde.

- (Roitiflam) Et maintenant que tout est revenu à toi, tu n’as pas envie d’accomplir ta mission ?

- (Salamèche) Je n’étais qu’un misérable Rattata de laboratoire, pour eux. Je n’ai pas pu vivre comme n’importe quel autre enfant pour ce cas précis, pour l’éventualité où l’on viendrait à me fouiller l’esprit. Ils ont fait ça pour être certain qu’on ne découvre rien sur eux, ils ont ruiné ma vie pour ça.

Tout était évidemment faux, mais le but était que Roitiflam y croit. Et cela fonctionna encore une fois. Le chef n’avait aucune raison de trouver cette histoire incohérente, au vu de tout ce que lui faisait à ses sujets.

- (Roitiflam) … Nos méthodes ne diffèrent pas tant que ça, finalement. Les humains sont sur-idéalisé, un grand nombre de philosophes l’affirment depuis un moment maintenant.

Il soupira.

- (Roitiflam) Bien. Cela fait bien longtemps que tu m’affirmes être torturé, pendant ces séances. Je me sentais tout de même obligé de poursuivre l’expérience pour le bien de la DDR, mais honnêtement, après tout ce qui est arrivé… je me sens redevable envers toi. Alors je t’accorde ce repos, désormais, les séances d’hypnoses seront annulées.

Salamèche se mit à sourire sincèrement. Il mentait bien sûr à Roitiflam, mais personnellement, l’accomplissement de son plan comme la disparition de nombreuses douleurs quotidiennes le rendaient vraiment heureux. Le chef le prit personnellement, et lui sourit à son tour.

- (Salamèche) Merci infiniment, maître ! Peut-être qu’un jour, j’aurai le mental pour supporter ces séances. Mais en attendant, je préfère me concentrer sur mes entraînements physiques.

- (Roitiflam) Tant que tu restes déterminé, alors tout me va.

- (Salamèche) D’ailleurs, on reprend l’entraînement dès aujourd’hui ?

- (Roitiflam) Non, je veux que tu te reposes. En fait, j’ai quelque chose à te donner. Suis-moi.

Ils quittèrent son bureau, et toujours au même étage, se dirigèrent vers la chambre qui autrefois servait à Simiabraz. Roitiflam l’ouvrit avec une clé qu’il donna ensuite à Salamèche, puis l’invita à entrer.

- (Roitiflam) Bienvenue dans ta nouvelle chambre !

C’était une petite pièce spacieuse, calme, propre, avec un grand lit, un bureau et des armoires.

- (Salamèche) Vous… vous me donnez une chambre !?

- (Roitiflam) Et je te monte en grade, comme je l’avais déjà prévu avant cet incident. Mais maintenant qu’il est parti, tu peux prendre la place de Simiabraz. Nous avons besoin d’un soldat pour gérer les prisonniers, après tout.

- (Salamèche) …

- (Roitiflam) Tu les déteste, non ? Ne t’avaient-ils pas tabassé dans les douches communes, le lendemain de ton arrivée ? D’ailleurs, ces vêtements puants et crades ne te vont pas du tout, je te l’avais déjà fait remarquer. Ouvre donc l’armoire de droite.

Le petit s’exécuta, trouvant tout un tas de combinaison de la DDR.

- (Roitiflam) Certaines sont plus confortables que d’autres, à toi d’essayer. Dans tous les cas, tu te sentiras mieux dans n’importe laquelle de ces tenues que dans cette bouillie servant aux faibles. Avec ça, tu auras tous les droits. Avec ça, tu fais un pas de plus pour me succéder.

- (Salamèche) … Merci. J’accepte votre offre avec grand plaisir.

- (Roitiflam) Ah ah, et sans hésiter, en plus ! C’est bien, prends en confiance, le chef de la DDR doit l’être ! On se retrouve plus tard, en attendant, prends le temps de te familiariser avec ton nouveau lieu de vie.

Le chef s’en alla en fermant la porte de la nouvelle chambre de Salamèche. Il dormait désormais au deuxième étage, dans sa propre chambre et dans de bonnes conditions. Beaucoup de choses avaient changées, depuis son arrivée dans cette prison. Et pourtant, son plan avançait lentement vers un succès toujours hésitant.

Il se reposa durant le reste de sa journée, mangeant le soir dans le réfectoire des gérants. Lui, Hypnomade et Roitiflam étaient les trois seuls à avoir ce poste, ce qui donna immédiatement à Salamèche un bien plus grand rôle qu’auparavant. D’un côté, le type psy le regardait d’un air horrifié et haineux, tandis que de l’autre, Roitiflam se sentait confiant quant aux prochains événements. Il préparait lentement le prochain assaut. Le petit partit ensuite se coucher, achevant ce retour dans un calme et une sérénité certaine. Son dos sentit immédiatement la différence, grâce à ce lit douillet. En une nuit, il récupéra bien plus qu’en plusieurs mois, et il en avait besoin.

Le lendemain, il était déterminé à poursuivre l’avancement de son plan.

Il prit tout de suite la place de Simiabraz, pourtant, son temps d’adaptation ne fut pas immédiat. Obtenant beaucoup de responsabilité d’un coup, ses entraînements privés avec son maître se réduisirent de moitié, si ce n’est plus au départ. Concernant son rôle : enfiler la combinaison était simple, s’en servir pour intimider les prisonniers était autre chose. Quand il entra dans la salle des cellules, il fut immédiatement traqué de regards, tous remplis de haine, se sentant trahis et humiliés.

- Alors ça y est, t’es passé sous le bureau ?

- Tout ça parce qu’il est une espèce privilégiée.

- Quelle merde, d’avoir acceptée aussi facilement de changer de camps.

- La tenue doit être confortable, hein ? Je suis sûr que tu dors dans un lit.

Bref, il encaissa toutes les remarques et ne laissa en rien ses cordes vocales s’user. Convaincre n’était pas l’objectif du jour, il devait d’abord en apprendre plus sur ce centre. Ceci-dit, il fut un soldat bien plus bienveillant que Simiabraz. Il ne maltraita aucun prisonnier, ne leur parla jamais violemment, et lors des entraînements, il leur demanda de ne pas se blesser.

- Hein… ?

Cela les perdit.

- (Salamèche) Vous m’avez bien entendu, je ne veux pas une goutte de sang de plus, sur ces tapis. En d’autres termes, le premier qui saignera disqualifiera l’autre.

- Et comment on gagne normalement ?

- (Salamèche) En éjectant l’autre du ring, ou le convaincant de se rendre.

- Pfff…

L’un d’entre eux commença à rire.

- Convaincre de se faire torturer à sa place ?

- (Salamèche) Personne ne se fera torturer.

Un silence se créa.

- Quoi… ?

- (Salamèche) C’est moi qui vous gère, désormais, et il est hors de question que je reprenne les mêmes méthodes que Simiabraz. Il n’y aura donc plus de séances de tortures pour les perdants, et l’extrême violence sera réprimandée d’une défaite.

- S… sérieusement ?

Demanda silencieusement le dinosaure, acceptant à nouveau de relever le regard vers le type feu. Ce dernier lui hocha la tête, et les prisonniers s’échangèrent chacun un regard perplexe.

- Trop bizarre…

- C’est un piège ?

- Qu’est-ce qu’il cache ?

- Le boss veut peut-être nous ménager ? Ou alors il n’est pas au courant de ça, et… il veut juste nous protéger ?

- Nan, pas moyen que ce connard soit autre chose qu’un… connard.

Sans s’en rendre compte, ils échangeaient, ils discutaient entre eux. Le plan de Salamèche continua de se dérouler à merveille : en n’étant plus forcé d’agir égoïstement, les prisonniers créaient leurs premiers liens amicaux. Cela n’était pas essentiel, mais le petit avait cru bon d’ajouter à sa stratégie une goutte de bienveillance qui le définissait toujours aussi bien.

Et cela fonctionna : même s’ils eurent du mal à s’adapter durant les premiers jours, après une semaine seulement, certains commençaient à prendre du plaisir autre que sadique à s’entraîner. Ils réfléchissaient, parlaient stratégie, et n’hésitaient plus à abandonner, lorsque leur adversaire était trop fort. Concernant leur relation avec Salamèche, ceux qui le détestaient s’étaient tu, et les autres l’écoutaient sans n’avoir rien à redire. Ils se sentaient beaucoup moins oppressés et bien plus à l’aise, avec lui en tant que soldat.

Le 10 Juillet, Roitiflam le convoqua dans son bureau. Hypnomade était là également, cela semblait être important.

- (Roitiflam) Bien… nous sommes prêts.

Il leur donna à chacun des dossiers, ils concernaient tous deux le Mont Glacial.

- (Roitiflam) Il est temps que la DDR envahisse le Mont Glacial.

Le chef en avait déjà parlé à Salamèche, et ce dernier s’en était parfaitement souvenu. Il savait que ce jour allait arriver, mais se retrouvait tout de même quelque peu pressé par le temps.

- (Salamèche) Dans combien de temps ?

- (Roitiflam) Nous opèrerons le 15 Juillet, donc dans cinq jours.

- (Hypnomade) Je suppose que d’autres groupes vont nous rejoindre ?

- (Roitiflam) Bien entendu. J’ai fait appel à de puissants membres de l’organisation, tous de type feu, glace ou roche, de quoi résister aux monstruosités qui s’opposeront à nous. Nous serons environ dix.

- (Hypnomade) Dix seulement ?

- (Roitiflam) Ce fut suffisant, pour le Mont Ardent.

- (Salamèche) Je crois ne pas saisir l’objet de la mission.

- (Roitiflam) Je sais, je te l’avais caché la dernière fois pour ne pas te déconcentrer de l’opération déjà lourde que tu devais réaliser. Tiens…

Il lui tendit une photo, que Salamèche récupéra avec précaution. Un Pokémon se trouvait dessus, il était pris de loin, et le cadreur semblait trembler face à sa présence. C’était un grand, imposant et redoutable Pokémon de type vol, tandis que sa peau glacée et d’une couleur d’un bleu clair étincelant, ainsi que le torrent de neige qui l’entourait faisait comprendre au petit la nature de son deuxième type. En réalité, il se souvint même de son nom.

- (Salamèche) … Artikodin.

- (Roitiflam) Exactement !

Alors qu’ils venaient d’examiner les écrits concernant Sulfura, Salamèche et Riolu, toujours éveillés dans la bibliothèque de Bourg-Tranquille et peu de temps avant le nouvel an, décidèrent de tourner les pages jusqu’à la prochaine divinité connue dans ce monde. Ils venaient d’étudier Electhor, l’Oiseau de Foudre ; Sulfura, l’Oiseau de Flammes ; et désormais, ils arrivèrent sur la page du troisième et dernier Oiseau légendaire : celui de Glace, Artikodin.

- (Riolu) En voilà une autre, de victime potentielle des abus de notre monde.

- (Salamèche) Artikodin… ? Il est soyeux.

- (Riolu) Ah ah, tu trouves ? Moi aussi, c’est ma petite préférence, il semble si… pure.

- (Salamèche) Imaginons que, comme tu le disais, des hors-la-loi arrivent à le capturer. Que penses-tu qu’ils seraient capable de faire de lui ?

- (Riolu) Plutôt de ses pouvoirs. Franchement, je ne sais pas, un nombre incalculable de technologies nous échappent, mais il est évident que ce genre de Pokémon, même de type glace, aurait les ressources nécessaires pour alimenter de puissantes batteries pendant des siècles.

- (Salamèche) Ce serait horrible de les réduire à ça…

Et pourtant, Riolu avait vu tout juste.

- (Roitiflam) Jamais deux sans trois, celui-là servira à alimenter nos laboratoires et usines cachées dans le continent Ouest. Notre opération, que l’on appellera « Opération Oiseau de Glace », soit OOG, consistera à capturer quoi qu’il en coûte Artikodin. Il se trouve au sommet du Mont Glacial, et honnêtement, après les exploits que nous avons pu produire avec Sulfura, je suis persuadé que tout cela ne sera qu’un jeu d’enfant.

Un énorme silence se créa, Salamèche avait les yeux écarquillé.

- (Salamèche) Jamais… deux sans trois… ? Que voulez-vous dire par-là ?

- (Hypnomade) Vous ne lui avez pas montré la salle des réacteurs ?

Le type psy détourna le regard.

- (Hypnomade) Étonnant de cacher cela à votre successeur.

- (Roitiflam) Ferme-là, Hypnomade. Salamèche… je pense que tu es prêt à découvrir les nouveaux enjeux de la DDR. Rejoins-moi au sous-sol dans un quart d’heure.

Il termina de les briefer, puis la réunion se termina. Le quart d’heure passa rapidement, et les deux types feux se réunirent devant la porte fermée à clé devant laquelle Salamèche passait souvent devant, toujours en se demandant ce qu’il y avait derrière. Il avait déjà essayé de l’ouvrir, même de voler la clé permettant d’y accéder, mais jamais il n’avait réussi son coup. Aujourd’hui, il allait enfin avoir la réponse à toutes ses questions.

Et cela le rassura autant que le terrifia.

Dès que son maître l’ouvrit, une lourde atmosphère l’envahit instantanément. Et effectivement, ce qu’il y vit depuis l’extérieur le traumatisa. L’image de son meilleur ami, presque mort, se trouvait attaché sans vêtements, humilié et relié à de nombreux fils qui semblaient alimenter plusieurs machines. Tous ses orifices étaient reliés à des tubes, ses yeux étaient bandés, mais il semblait inconscient depuis longtemps maintenant. Son anorexie le faiblissait physiquement à un niveau mortel. Le moindre choc violent briserait instantanément ses os, et Salamèche le fixait avec terreur, l’air bouche bée, les yeux écarquillés, tremblant d’angoisse en comprenant que depuis tout ce temps, Pikachu était à ses côtés.

- (Roitiflam) Bienvenue dans la salle des réacteurs.

- (Salamèche) Mon dieu…

- (Roitiflam) Y a-t-il un problème ?

Le petit se ressaisit, ses émotions ne devaient pas interférer dans son plan. Alors il ferma les yeux, soupira, puis reprit un air sérieux.

- (Salamèche) Il est donc encore en vie.

- (Roitiflam) Plus pour très longtemps, je lui donnerai… allez, disons une semaine.

Ils entrèrent, et le chef ferma la porte derrière lui. Salamèche examina l’état de son ami de plus près.

- (Roitiflam) Cela fait bientôt deux mois qu’il sert d’alimentation à ce centre. L’avantage des types électriques est que nous n’ayons pas besoin de convertir leur énergie en électricité, puisqu’ils en produisent déjà.

- (Salamèche) Tous les centres de la DDR fonctionnent ainsi ?

- (Roitiflam) Oui, parce que payer l’électricité à quelqu’un d’extérieur nous rendrait traçable, et cela ne vaut pas le coût du risque.

- (Salamèche) Vous faites des économies au passage, je suppose.

- (Roitiflam) Seulement lorsqu’on trouve des types électriques à foutre dans cette machine, parce que celles convertissant l’énergie nous coûtent une blinde, et récemment, nous l’utilisons en masse.

- (Salamèche) Dans quel but, puisque Pikachu suffit à alimenter le centre ?

- (Roitiflam) Le boss m’a placé à la gestion de ce centre précis, tu te doutes donc que c’est ici que les ressources les plus chères se trouvent. Certains centres ne possèdent pas encore de réserves d’alimentation, donc c’est à nous de leur en envoyer, même s’ils se trouvent sur d’autres continents. Et pour cela, il nous faut des stocks remplis à blocs chaque semaine.

Disait-il, en s’avançant lentement vers une porte métallique, bien mieux blindée que celle qui permettait d’accéder à Pikachu.

- (Roitiflam) Tu te souviens de pourquoi je t’ai amené ici ?

- (Salamèche) … Parce que je ne comprenais pas ce que vous aviez fait d’Electhor et de Sulfura.

Il ferma les poings.

- (Salamèche) Mais je pense l’avoir compris, désormais.

Roitiflam lui afficha un sourire sadique, avant d’ouvrir la porte blindée. La douloureuse lumière jaune, s’extirpant des éclairs qui eux-mêmes jaillissaient du dieu, aveuglait déjà le type feu. Mais il se força à entrer, même s’il savait déjà ce qui l’attendait. Il avait vu juste, et cela le terrifiait. Sulfura et Electhor étaient tous deux attachés, complètement immobilisés, humiliés et torturés par d’immenses machines qui pompaient toutes leurs énergies. Le type électrique remplissait directement les stocks, tandis que celle de l’Oiseau de Flammes devait être reconvertit en électricité, d’où l’utilisation constante de la machine qui, comme le chef l’indiquait, coûtait beaucoup à la DDR. Mais il était évident que cela devenait rentable sur le long terme, car après tout, ils avaient capturé deux énergies extrêmement puissantes et infinies. Roitiflam s’avança au même niveau que son élève, les mais dans les poches.

- (Roitiflam) Dans cinq jours, nous aurons une troisième source d’énergie inépuisable. La DDR gagnera en puissance, tandis que le reste du monde ne saura jamais que leurs dieux étaient revenus à eux. Tu imagines la vitesse à laquelle nous pourrons faire avancer les choses ?

- (Salamèche) Et… quel est le prochain objectif de la DDR ?

- (Roitiflam) Le plus ambitieux ? Détruire Loliloville, détruire la société des explorateurs et y construire notre monde, notre empire. Le boss semble plus déterminé que jamais, d’ailleurs, il m’a récemment fait une proposition.

Il regarda son élève droit dans les yeux.

- (Roitiflam) Je lui ai parlé de toi, et pour la relève, il me fait entièrement confiance. Concernant ma retraite, il m’a parlé d’un mioche à éduquer.

- (Salamèche) … ?

- (Roitiflam) Le boss a un fils, et il compte bien en faire quelque chose. Je ne l’aurais jamais imaginé, et pourtant, même le plus puissant de tous les Pokémon semble vouloir passer le flambeau. Peut-être qu’il te dirigera, à l’avenir ?

- (Salamèche) C’est fort possible.

Disait-il sans laisser s’échapper la moindre once d’émotion. À cet instant précis, il se fichait de savoir qui était le boss ou son fils. Il était juste terrifié par la situation, parce qu’il était évident pour lui que rien de tout ça ne devait échapper à son redoutable plan. Ce jour-là, Salamèche le complexifia, il passa beaucoup plus de temps dans sa chambre, à tourner en rond et à chercher des solutions à tous ses problèmes. Il devait sauver Pikachu, les prisonniers, Electhor et Sulfura ainsi qu’empêcher la DDR de capturer Artikodin, et détruire une bonne fois pour toute ce centre de formation d’enfants soldats. Il était seul et n’avait que sa ruse avec lui. Du moins, c’est ce qu’il pensait…

Le lendemain, il demanda à retrouver les affaires qu’il portait, avant son kidnapping.

- (Roitiflam) Pourquoi faire ?

- (Salamèche) J’avais un carnet. Je l’appelle le rappelle-tout, et c’est un regroupement de toutes les stratégies et techniques que j’ai analysé, créé et étudié dans le but d’améliorer mon art du combat. J’aimerai me préparer pour faire face à Artikodin, s’il vous plaît.

- (Roitiflam) … Bien.

Il lui donna directement la clé.

- (Roitiflam) Dans les bacs de l’infirmerie, on garde tout dans un coffre-fort.

- (Salamèche) Merci.

Il fonça dans le lieu en question, et récupéra son carnet, intacte. Cela lui fit chaud au cœur, il avait sincèrement eu peur de le perdre à cause d’une des attaques un peu trop enflammées de Simiabraz. Il remarqua au passage les affaires de Pikachu, ainsi que celles d’autres Pokémon qu’il ne connaissait pas, probablement des prisonniers. Il avait un entraînement avec eux le même jour, et comme il n’eut le temps de relire son carnet entre temps, il partit directement avec.

Les entraînements quotidiens débutèrent, et comme depuis un moment maintenant, les prisonniers se sentaient beaucoup plus à l’aise avec Salamèche comme gérant. Ce dernier était un peu perdu, ce jour-là : il ne surveillait pas trop les combattants et feuilletait son rappelle-tout. Mais après plusieurs minutes, le Pokémon chien cria de douleur, ce qui attira immédiatement son attention. Le poilu l’avait violemment blessé, comme à l’époque où il terrifiait tous les autres. Voyant sa victime à terre et avec une patte ensanglantée, le type feu bondit s’interposer, et mit fin au combat. Ce fut la première fois qu’ils le virent vraiment s’impliquer, il était coordonné avec ses propos, il n’était pas hypocrite. Cela les rassura, mise à part l’auteur de cet acte de violence.

- (Salamèche) Ça suffit, tu es disqualifié !

- Pff… tu m’fais pitié ! Simiabraz, lui, m’aurait félicité.

- (Salamèche) Ça tombe bien, je ne suis PAS Simiabraz. Moi, je mets une branlée à ceux qui blessent ses camarades !

Tout le monde écarquilla les yeux.

- Tu veux quoi, en fait ? Qu’on joue à Chacripan ? Qu’on se fasse des câlins et qu’on devienne des soldats bienveillants ? Ne m’fait pas rire, il est trop tard pour nous bercer d’illusions…

Il se retourna, et sortit lentement du tatami. Salamèche vérifia l’état du blessé, le soigna rapidement puis l’aida à se relever.

- M… merci… *snif*

Il le renifla à nouveau.

- T’es… pas si faible que ça, finalement.

- (Salamèche) … Est-ce que tu penses comme lui ?

Un silence se créa.

- Quoi… ?

- (Salamèche) En fait, je m’adresse à vous tous.

Il se tourna vers le reste des prisonniers, qui fixèrent tous leur attention sur lui.

- (Salamèche) Qui pensez-vous être ?

- Des soldats, destinés à aider la DDR dans ses objectifs, et sans rien attendre en retour.

- (Salamèche) Mais est-ce que cela vous plaît ?

- C’est… un piège ?

- (Salamèche) Pourquoi vous évitez tant le sujet ?

- À ton avis, imbécile !?

Exclama soudainement le Pokémon poilu, se retournant avec les crocs.

- On ne sait même plus qui on est, on est littéralement né dans cette prison !

- (Salamèche) Vous êtes donc réellement amnésiques ?

- Évidemment, connard ! Tu crois que ça m’plaît, d’être appelé par un nombre !?

- Personnellement, je… je n’aime pas me battre.

Annonça faiblement le dinosaure, en détournant le regard d’un air gêné. Le type feu fut surprit de l’entendre s’exprimer, et s’approcha avec un air rassurant.

- (Salamèche) Oui, je t’écoute… ?

- Mais… des Pokémon nous forment, nous logent, nous entraînent pour suivre une voie qui ne doit pas être accessible à tous. Alors, dans un sens… je me sens redevable.

Les autres semblaient dégoûtés de l’entendre dire une telle chose.

- On est formé à devenir des esclaves, putain !

- Tes vraiment naïf, sérieux !

- Pourquoi, le monde extérieur est-il si différent ?

Un silence se créa. Il continua.

- Personne ne le sait, personne ne peut plus être sûr de rien.

- (Salamèche) Moi, je le sais.

- Tu n’peux pas comprendre notre douleur, n’essaie même pas de te mettre à notre place !

Exclama le Pokémon de type normal. Le type feu le regarda droit dans les yeux.

- (Salamèche) Tu te sens bien plus que perdu. Tu as l’impression que tout le monde te cache énormément de choses, tu doutes de tout le monde et tu aimerais avoir du réconfort, au moins une personne sur qui tu peux te reposer, en qui tu peux avoir entièrement confiance.

Il resta silencieux, à la suite de cette réplique. Salamèche baissa la tête.

- (Salamèche) Effectivement, je ne peux pas me mettre à ta place. Moi, j’ai eu la chance de rencontrer dans l’immédiat quelqu’un de bienveillant.

- Comment ça ?

- (Salamèche) Je suis aussi amnésique.

- Hein… ? N… non, impossible, tu sais à quoi ressemble le monde extérieur, tu es un soldat, alors… pourquoi t’aurait-il effacé la mémoire ?

- (Salamèche) Il ne l’a pas fait. Je le suis depuis bientôt un an, et j’ai eu le temps de vivre un nombre incalculable d’aventures, de faire un grand nombre de rencontres, de me forger ma propre opinion, mes propres passions et ma propre place en ce dernier. Alors quand je te vois, quand je vous vois tous… je me sens tout aussi redevable.

Termina-t-il, en se tournant à nouveau vers le dinosaure qui semblait le comprendre.

- (Salamèche) Je vais vous faire sortir de là, d’accord ?

Ils lui affichèrent tous un regard choqué.

- (Salamèche) Ce n’est qu’une question de temps, je dois le faire, je veux le faire, et je sais comment le faire. Tout ce dont j’ai besoin… c’est de votre confiance.

- J’hallucine… ?

- Tu te fous de nous, pas vrai ?

- (Salamèche) C’est l’impression que je te donne ?

- Non, pas à moi.

- Mais… pourquoi ?

- (Salamèche) Parce que la DDR doit périr, et mon rôle est d’y participer. Cela consiste également à sauver tous ceux qui souffriraient à cause de l’organisation, et je considère que vous en fait partie.

- T’es… un genre de héros ? Ce métier existe ?

- (Salamèche) On appelle ça le secourisme, et non, je ne pense pas être un héros, pas après tout ce que j’ai fait. La DDR m’a ôté le droit d’aider autrui, alors par pitié, laissez-moi vous prouver qu’ils n’ont pas un pouvoir indélébile.

Personne ne semblait savoir quoi répondre, tout tombait d’un coup, comme cela, comme un cadeau surprise qui change à jamais une vie. C’était beaucoup trop beau pour être vrai, et le plus persistant des prisonniers, le Pokémon poilu, s’opposa au secouriste.

- Je ne te fais pas confiance…

Il s’approcha lentement de Salamèche, le regardant de haut.

- Tu m’as torturé.

- (Salamèche) Tu ne peux savoir à quel point je le regrette, mais j’ai l’intention de te présenter mes excuses une fois à l’abri de toutes ces menaces.

- Je m’en fous, je n’ai aucune raison de te croire.

- (Salamèche) Parce que tu préfèrerais rester ici ?

Il hésita, mais son interlocuteur ne le laissa pas répondre.

- (Salamèche) Parce que même si tu ne veux pas partir, je suis déterminé à te mettre en sécurité.

- Tu serais prêt à mettre ta putain de place de privilégié en jeu pour me sauver ?

- (Salamèche) Je suis déjà en train de le faire.

- Quitte à prendre des risques inconsidérés ?

- (Salamèche) Tu veux que je me répète ? Mon plan est déjà écrit jusqu’au bout.

- Nan, parce qu’il te manque quelque chose, pour me convaincre…

Il se retourna.

- Qui suis-je ?

- (Salamèche) … ?

- Je veux un dossier, des papiers, une photo, même… juste un nom, qu’importe ! Mais je veux le savoir.

- Tu n’as pas l’impression d’en demander trop… ? Il peut déjà nous faire sortir de là, t’es pas obligé de savoir ça tout de suite !

- (Salamèche) Tu le sauras demain.

Un dernier silence se créa, et à nouveau, tous les regards se tournèrent vers Salamèche. Ils étaient tous à la fois perplexe et impressionnés, il avait réellement l’allure d’un héros.

- (Salamèche) Demain, lors des entraînements, je peux te promettre que je te dirai quelque chose. Qu’elle te plaise ou non, cette chose représentera tout ce que j’aurai trouvé de toi, et je ne te mentirai pas.

- … J’attends de voir.

Cette séance d’entraînement se termina avec une nouvelle étape dans le plan de Salamèche : découvrir l’identité de ce prisonnier. Il n’avait pas l’intention de se défiler, qu’importent les risques qu’il allait devoir prendre.

Le soir-même, alors que tout le monde dinait, lui se faufila dans l’infirmerie. Il fouilla tous les placards jusqu’à trouver du somnifère, un tube vide ainsi que du décolorant. Il emporta tout dans sa chambre, puis rejoignit son maître et dina à ses côtés. Salamèche lui demanda s’il pouvait, juste après le repas, digérer au travers d’un petit entraînement rapide, et satisfait de voir la détermination de son élève, le maître accepta. Ils se dirigèrent donc vers le dojo personnel du chef, soit la pièce voisine de son bureau et de sa chambre. Le petit avait déjà tout vu, là-bas, voilà pourquoi il voulait tant y retourner : le double des clés menants à son bureau s’y trouvaient. Alors il l’affronta, fit mine de tout donner, puis arrêta finalement après quelques minutes d’acharnement. Roitiflam s’était bien dépensé, il partit en rigolant à gorge déployé, demandant à son élève en qu’il avait parfaitement confiance de fermer derrière lui. Ce dernier le fit, mais seulement après avoir récupéré en cachette ces fameuses clés.

Une fois cette étape terminée, il fonça dans son espace privé après avoir récupéré une petite bouteille d’eau pleine, et créa un liquide transparent qui, une fois but, endormait au bout de quelques minutes seulement. Il l’injecta dans la bouteille, sortit de sa chambre et toqua à la porte de celle d’Hypnomade. Ce dernier lui ouvrit, l’air ennuyé.

- (Hypnomade) Qu’est-ce que tu veux ?

- (Salamèche) Te présenter mes excuses.

- (Hypnomade) … Quoi ?

- (Salamèche) Je peux entrer ?

Demanda-t-il en entrant. Il fit bien attention à cacher la bouteille, tout en analysant la chambre parfaitement bien rangée du type psy. Sa bouteille d’eau à lui était posée sur son bureau, il s’y dirigea donc discrètement.

- (Salamèche) Je pensais que… tu faisais également partie du plan de Simiabraz. C’est ce qu’il m’avait dit, donc après tout je ne m’étais pas posé plus de question, mais avec le recul, je comprends qu’il essayait vraiment de te mettre dans un pétrin monstre, se sentant déjà tomber de haut.

- (Hypnomade) Euh… ouais ?

- (Salamèche) Donc voilà, j’étais juste venu te dire que… je te fais désormais entièrement confiance, tu le mérites.

- (Hypnomade) …

- (Salamèche) Il faut bien être prêt à cent pourcent, pour l’Opération Oiseau de Glace, tu ne crois pas ?

Demanda-t-il, en s’affalant presque sur son bureau. De dos, il essaya d’échanger les deux bouteilles, mais cela n’était pas si simple. Hypnomade, lui, baissa la tête.

- (Hypnomade) Ouais, c’est ça…

Il se mit à pouffer de rire, et le type feu profita de cet instant pour réaliser l’échange.

- (Hypnomade) Tu es vraiment stupide, Salamèche.

- (Salamèche) … ?

- (Hypnomade) Dès que l’occasion se présentera… je te poignarderai dans le dos.

Un silence se créa.

- (Salamèche) J’en conclu que tu ne veux pas qu’on s’entende ?

- (Hypnomade) Je ne te ferai jamais confiance.

- (Salamèche) Alors tu n’as pas confiance en ton chef ?

- (Hypnomade) Tout le monde fait des erreurs, et je peux t’assurer que je serai celui qui lui fera se rendre compte de la sienne. Maintenant dégage de ma chambre, ou je t’éclate.

- (Salamèche) … Très bien. Tant pis pour toi.

Il s’en alla, l’air déçu. En réalité, il se sentait absolument serein, car il avait parfaitement réussi son coup, encore une fois. Son plan avançait avec succès.

Hypnomade le vira donc, reprit ses occupations puis se mit à boire dans la bouteille qu’il croyait être la sienne. Comme les deux chambres se collaient, Salamèche n’avait qu’à attendre l’entente du bruit soudain d’un Pokémon qui s’affala sur le sol, pour entrer à nouveau dans la pièce voisine. Le type psy était à terre, endormis. Il le porta, le posa dans son lit, puis s’en alla, le sourire aux lèvres. Le seul Pokémon qui pouvait assurément le démasquer, du fait de sentir constamment sa présence dans telle ou telle pièce n’était plus là pour l’empêcher, ce soir-là, de s’infiltrer dans le bureau de Roitiflam.

Salamèche attendit la deuxième heure de cette nouvelle journée, pour ressortir discrètement de sa chambre. Roitiflam dormait dans la sienne, Hypnomade était toujours sous somnifère, le champ était donc entièrement libre. Il put ouvrir le bureau de son maître, s’y enferma, et souffla un instant. Il avait fait le plus risqué, mais à cet instant précis, au moindre faux pas, il échouerait absolument tout. Il se mit alors une pression phénoménale, mais poursuivit tout de même, la tête haute.

Tout d’abord, il ne devait pas allumer les lumières pour ne pas attirer l’œil de ceux qu’il voulait éviter. Donc il fouilla dans le noir. Il ouvrit les armoires et regarda minutieusement chaque livres, mais n’y trouva rien d’intéressant. Il se faufila ensuite de l’autre côté et ouvrit les commodes et placards. Il trouva les premiers dossiers, qu’il récupéra, déposa sur le bureau et commença à lire. Mais rapidement, il se rendit compte que cela n’avait pas de lien avec les prisonniers.

- (Salamèche) … (Qui sont ces Pokémon ? Ces dossiers sont récents, et ils semblent posséder des précisons chirurgicales sur les casiers judiciaires des personnes toujours en fuite à l’heure actuelle. Pourtant… il est précisé que la plupart d’entre eux vivent à Loliloville, cela voudrait dire que… les explorateurs du coin ne cherchent pas à les arrêter ? Voyons voir…)

Il les analysa un à un.

- (Salamèche) … (Crocorible, le catcheur des quartiers pauvres ; Leopardus, l’espionne à l’intimidation effrayante ; Métamorph, la créature indomptable et essentielle ; ainsi que Flagadoss, le… le maire de Bourg-Lavaley ?)

Il releva alors la tête, et s’aperçut qu’il perdait réellement son temps à lire des dossiers qui n’étaient en rien pertinent avec sa mission. Il les rangea donc rapidement.

- (Salamèche) … (Peu importe qui sont ces gens, ils n’ont rien à voir avec mon plan. Bon sang, où sont les dossiers concernant les prisonniers ? J’espère au moins qu’il y en a, je m’en voudrais d’avoir parlé trop vite.)

Il fouilla, encore et encore, cela semblait sans fin. Mais presque deux heures après être entré, il ouvrit enfin le bon tiroir. Une tonne de dossiers lui fit face, et il désespéra. Mais le premier qu’il attrapa au hasard avait pour photo le Pokémon dinosaure. Il sursauta presque en le voyant, puis se dépêcha de récupérer tous les dossiers. Il y en avait bien trois fois plus que de prisonniers, les autres devaient concerner d’anciennes victimes de la DDR, mais Salamèche les lu tous. Il voulait tout savoir, il voulait juger cette organisation sur tous ses méfaits. Et ses découvertes furent pour certaines atroces à lire, c’est-à-dire bien pire à endurer. Il prit des notes seulement sur ce qui l’intéressait, puis rangea les dossiers et s’en alla pour de bon de ce bureau.

Mais le bruit de la porte se fermant fit plus de bruit que prévu, et aux alentours de cinq heure du matin, cela réveilla le chef du centre. Le petit fonça donc rapidement dans la sienne, s’enferma à clé à l’instant même où il entendit Roitiflam ouvrir sa porte, cacha ses prises de notes et se déshabilla rapidement. Quelqu’un toqua à la sienne.

- (Roitiflam) Salamèche, t’es réveillé ?

Il attrapa sa couverture, se couvrit les parties intimes avec puis ouvrit à son maître, faisant mine de s’être à l’instant levé du lit.

- (Salamèche) O… oui ? Que se passe-t-il ?

- (Roitiflam) Tu as entendu, toi aussi ?

- (Salamèche) N… non, quoi donc ?

Roitiflam regarda tout autour de lui.

- (Roitiflam) Tu as bien pensé à fermer les cellules, avant de quitter les prisonniers ?

- (Salamèche) Bien sûr, je n’aurai jamais fait une aussi grosse gaffe. Vous pensez que… quelqu’un s’est échappé ?

- (Roitiflam) Je vais vérifier en bas.

- (Salamèche) Bien, en attendant, je vais examiner l’étage.

Roitiflam descendit donc vers les Pokémon pour qui Salamèche s’était battu ce soir, et ce dernier en profita pour foncer, les clés qu’il avait volé en main, vers la salle d’entraînement privée du chef. Il les rangea, puis quitta la pièce. Hypnomade le surprit à la sortie.

- (Hypnomade) Qu’est-ce que tu fous ?

- (Salamèche) Hein… !? Je… euh, le chef m’a demandé de fouiller l’étage !

- (Hypnomade) Lui aussi, a entendu le boucan… ? Je suis sûr que c’est toi, laisse-moi entrer là-dedans !

- (Salamèche) Il ne te l’autorise pas.

- (Hypnomade) Je m’en fous !

Il bouscula le type feu, et entra de lui-même. Mais tout était intacte, il semblait perdu. Roitiflam revint alors à l’étage, et vit Salamèche au bout du couloir.

- (Roitiflam) Non, ils sont bien tous enfermés. Tu as trouvé quelque chose ?

- (Salamèche) Eh bien…

Le chef s’approcha, et vit Hypnomade dans son espace privé.

- (Roitiflam) Qu’est-ce que… !? Hypnomade !!

- (Hypnomade) Chef !?

Ce dernier sursauta, et se dépêcha de quitter la pièce.

- (Hypnomade) Je suis désolé, chef, je ne voulais pas… !

- (Roitiflam) C’est toi, qui l’a fait rentrer ?

- (Salamèche) Certainement pas, je connais les règles du centre.

- (Roitiflam) Bon sang…

- (Hypnomade) Chef, je peux m’expliquer !

Une gigantesque perche lui était tendue, et Salamèche l’attrapa sans hésitation.

- (Salamèche) En fait, je soupçonne Hypnomade d’avoir provoqué ce boucan.

- (Hypnomade) Q… quoi !?

- (Salamèche) Il était déjà dans la pièce, quand je suis arrivé.

- (Roitiflam) Pardon !?

- (Hypnomade) N’importe quoi, il… il dit n’importe quoi !!

- (Salamèche) Mieux vaut aller vérifier ce qu’il aurait pu vous voler, maître.

- (Roitiflam) Espèce de sale merde… !

- (Hypnomade) Maître, attendez !!

- (Roitiflam) PRENDS ÇA !!!

Et soudainement, le puissant porc enflammé infligea un très violent coup de poing en plein dans le ventre d’Hypnomade. Ce dernier hurla de douleur, avant de s’effondrer au sol, assommé après avoir vomi son somnifère de la nuit dernière. Salamèche le regarda de haut, pendant que Roitiflam reprit son souffle.

- (Roitiflam) J’aurai dû m’en douter… *souffle* Salopard de mes deux, tu as complètement dépassé les bornes !

- (Salamèche) …

Il garda le silence, se sentant à la fois affreusement rassuré, mais en même temps terriblement gêné. Roitiflam avait probablement pour projet de le tuer, et il devait empêcher ça. Mais d’un autre côté, ne plus avoir Hypnomade pour l’encombrer dans ses plans lui était monstrueusement bénéfique. Roitiflam était le dernier gérant du centre, du moins pendant une courte période, avant qu’il n’appelle à nouveau d’autres membres de la DDR. Voilà pourquoi il devait agir, il devait achever son plan dans les jours qui venaient.

Et après mure réflexion, alors qu’il se reposa dans sa chambre, alors que Roitiflam essaya de retrouver le sommeil également, alors qu’Hypnomade était attaché dans la réserve, alors que les prisonniers étaient encore effrayés par la venue soudaine et enragée du chef ; il décida de le conclure le 15 Juillet, le jour de l’Opération Oiseau de Glace.

Dans la journée du 13 Juillet, comme promis, il rendit des comptes aux prisonniers. Alors que tout le monde le suivait impatiemment dans la salle d’entraînement, il la ferma pour être certain que Roitiflam n’entende rien, puis s’avança vers le groupe entier.

- (Salamèche) … Je sais tout. Pas seulement ton identité, mais également les vôtres.

Affirma-t-il, en pointant du regard le Pokémon poilu.

- Tu… tu as trouvé quelque chose sur nous aussi ?

- (Salamèche) Oui. Je n’ai pas pu rapporter vos dossiers, alors je vous demanderai de me croire sur parole.

- Je ne le ferai que si je pense que c’est crédible. Maintenant, donne-moi mon nom.

Disait le Pokémon poilu, l’air pressé.

- (Salamèche) Bien… tu t’appelles Mangriff, et tu es né le 3 Mars 216 à Param-les-Vents.

- (Mangriff) … Mangriff… ?

Il baissa la tête, l’air surpris. Un autre prisonnier, le Pokémon chien, demanda :

- Param-les-Vents ?

- (Salamèche) C’est la seconde ville de notre monde, après Loliloville. Elle se trouve au Nord du continent Ouest. Par ailleurs… toi, ton nom est Rocabot, et tu viens également de cette ville. Tu es né le 15 Décembre 216.

- (Rocabot) Ro… Rocabot… ? Ah ouais, ça change de A132.

Il se tourna vers le type normal.

- (Salamèche) Ton nom est Argouste. Tu es né à Loliloville, le 23 Février 216.

- (Argouste) C’est noté…

Puis vers la seule fille parmi les prisonniers.

- (Salamèche) Tu es Poussifeu, née le 21 Octobre 216 dans le village de Bourg-Palissade.

- (Poussifeu) …

Elle ferma simplement les yeux.

- Et moi ?

Demanda le Pokémon dinosaure. Salamèche le regarda droit dans les yeux, hésita un instant, puis prononça finalement les mots suivants.

- (Salamèche) Tu t’appelles Ptyranidur, et tu as été créé le 1er Novembre 216.

- (Ptyranidur) Oh, je vois ! Et où est-ce que je suis né ?

- (Salamèche) … Je ne sais pas.

- (Ptyranidur) Comment ça ?

- (Salamèche) Ton… dossier était le moins complet, je ne peux expliquer pourquoi. Tout ce que je sais est ton nom et ta date de… de naissance.

- (Ptyranidur) Ah… ce n’est pas grave, merci quand même.

Argouste fixa du regard Salamèche, à la suite de ce qu’il venait de dire. Il semblait comprendre qu’il cachait quelque chose à son sujet.

- (Rocabot) Ouais, merci énormément ! Rien que le fait d’avoir un nom, c’est… tellement rassurant !

- (Mangriff) Ouais, et puis…

Il détourna le regard.

- (Mangriff) Ça ne me parait pas si illogique…

- (Salamèche) Alors tu me crois ?

- (Mangriff) Disons que je vais faire avec. Mais le nom Mangriff me plait.

Ils se sourirent mutuellement.

- (Poussifeu) Bon, et maintenant ? Tu dois encore nous faire sortir de là.

- (Salamèche) Nous sommes actuellement le 13 Juillet. Dans deux jours aura lieu une opération qui demandera à tous les gérants du centre de le quitter pour l’espace de quelques heures, peut-être même moins. Vous vous échapperez durant cette période.

- (Argouste) Comment ?

- (Salamèche) Je vous ouvrirai la voie, ne vous en faites pas pour ça.

- (Rocabot) Donc tout ce qu’on a à faire, c’est attendre ?

- (Argouste) Et accessoirement nous repérer avec une carte, si l’on ne veut pas se perdre bêtement une fois à l’extérieur.

- (Salamèche) Je vous en donnerai une qui sera déjà marquée vers un lieu sûr, loin des hors-la-loi qui partiront rapidement à votre poursuite.

- (Ptyranidur) Et toi ?

- (Salamèche) Je confronterai le chef, ainsi que tous les membres de la DDR qui se trouveront au Mont Glacial.

- (Ptyranidur) Tout seul… !?

- (Salamèche) … Oui.

- (Ptyranidur) C’est ridicule, tu vas te faire tuer !

- (Salamèche) Peut-être, mais ça ne vous regarde pas.

- (Poussifeu) …

- (Rocabot) Donc… on aura juste à fuir ?

- (Salamèche) En fait, j’ai… une petite faveur à vous demander. Cela n’a rien à voir avec ce que je vais faire, je voudrais juste que vous… sauviez un ami.

- (Mangriff) Ça dépend où il e…

- (Ptyranidur) Non, je le ferai !

Un silence se créa, tous les regards se tournèrent vers le dinosaure tout gentil. Il semblait sincèrement reconnaissant d’avoir été aidé par Salamèche.

- (Ptyranidur) Donne-moi son nom, sa position, ce qu’il faut faire pour l’atteindre ainsi que son état, et je te promets de le sauver !

- (Mangriff) Pfff… suceur.

- (Salamèche) Merci beaucoup. Je te dirai tout demain, en même temps que je vous apporterai toutes les dernières informations dont vous aurez besoin, avant l’assaut. En attendant, ne vous appelez pas par vos noms, il ne faut surtout pas que le chef se rende compte de tout ce que vous venez d’apprendre.

- (Argouste) Bien.

- (Ptyranidur) On se retrouve demain, alors !

- (Rocabot) Et toi, évite de t’faire choper d’ici là, ce serait un peu chiant.

- (Mangriff) Allez, casse-toi.

- (Poussifeu) …

- (Salamèche) Aurevoir, et surtout, tenez le coup. Tout est bientôt terminé, vous n’aurez plus jamais à être forcé de vous battre.

Cette phrase resta gravée dans leur mémoire, et leur séance d’entraînement se termina ainsi. Ils ne s’étaient pas du tout entraînés, mais ce fut de loin la séance la plus intéressante de toute leur existence. Ce jour-là, les prisonniers furent définis par autre chose que ce terme dénigrant. Ils avaient désormais un nom, une identité propre.

Le reste de la journée se termina calmement. Malgré tout, l’élève demanda à son maître s’il allait bien, après la « trahison » d’Hypnomade. Ce dernier lui rétorqua qu’il mourrait d’envie de l’éliminer, mais le petit lui affirma que ce n’était pas une bonne idée, qu’il devait plutôt se reposer et penser à l’opération qui arrivait à grand pas. Il parvint finalement à le convaincre, lui qui le remercia pour tout. Il ne semblait absolument pas prêt pour l’autre trahison qui se préparait.

Salamèche prit sa douche dans un silence apaisant, un dernier silence tranquille avant la bataille finale. Son plan avait beau avoir été parfait jusqu’à présent, il n’avait pas réellement de fin. Il devait retenir la DDR au Mont Glacial, permettre à Artikodin de fuir en même temps que les prisonniers, emportant Pikachu avec eux et fonçant droit vers Bourg-Tranquille, rejoindre la Dream Team, la seule équipe de confiance sur qu’il pouvait compter ; mais après… devait-il se laisser abattre ? Il n’y avait pas vraiment d’autres solutions. Roitiflam était son maître depuis des mois, il savait qu’il n’avait aucune chance face à lui. Mais cela l’importait peu, il était prêt à mourir pour réaliser son objectif, pour empêcher ne serait-ce qu’un minimum la DDR de faire du mal à autrui.

Enfin, la journée du 15 Juillet 231 débuta…

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