Grandir, au fil du temps
Les trois jours suivant passent extrêmement vite, je les vis à fond.
Nous sommes seuls la majorité du temps, dans les grandes plaines Limana.
Il y a des près à perte de vue, bordant la route principale reliant Athon à Cynel. Je croise les mêmes Pokémons que les jours précédents : des troupeaux de Tauros paissant paisiblement, des troupeaux de Wattouat batifolant, des hordes de Mystherbe et des Granivol se la coulant douce, des vols de Roucool et d’Etourmi virevoltant. Nous n’avons pas revu Feuiloutan depuis l’incident avec Apireine.
Les matins, nous nous entraînons tous les 5 à l’aube.
On s’échauffe le corps et l’esprit, avec de la gymnastique douce et des objectifs pour chacun.
Une fois chauds, on fait des exercices. Je prends le temps de voir avec chacun d’entre eux les efforts nécessaires et les progrès de chacun. Ces moments de qualité rythment nos entraînements.
Je commence souvent avec Pyro, levé le premier et le plus enclin à travailler. On discute chaque matin de l’entrainement de la journée. Le matin, il débute en travaillant sa précision, avec Flammèche. On utilise les bâtons d’entraînement, je peux maintenant les lancer loin pendant un temps prolongé. Je sens que je gagne en force et Pyro devient extrêmement posé et précis dans ces tirs. Ses Flammèches filent droit dans les airs et gagnent même un peu en volume. Les soirs, il travaille sa compétence Tranche. Il fait ses mouvements habituels, pour changer ses muscles, les yeux fermés. Quand il est comme ça, et que je ferme les yeux, j’ai l’impression de sentir ces muscles se contracter…comme si c’était les miens… Puis quand il se sent prêt, il lance une belle Flammèche vers le haut, arme son bras droit et tranche son attaque. Avec les jours, on a vraiment l’impression qu’il tranche comme dans un gâteau. Il a bien densifié son attaque. Maintenant, il faut arriver à avoir un résultat satisfaisant. Pour le moment, le feu s’éteint presque immédiatement sans faire trop de braises.
Pichu et Zippo aiment progresser ensemble. Je prends quand même le temps de discuter avec chacun d’eux après m’être occupé de Pyro. En attendant, ils commencent par un vol ensemble. Pichu saute sur le dos de Zippo qui rase le sol, et ils s’envolent parfois haut dans le ciel. Pichu a l’air d’adorer ça et il se met en position, comme un surfeur sur sa planche. Il tente de rester en position, malgré les pirouettes de Zippo. Il y a eu quelques frayeurs, mais au final il s’en sort bien. Une fois qu’ils sont satisfaits, ils passent à un entrainement d’attaque. Ils aiment attaquer de front, l’esquive et la défense n’est pas leur point fort et les intéressent peu. Ils ont d’ailleurs essayé quelque chose de nouveau. Pichu lance son attaque Eclair vers Zippo, qui contre avec Choc mental. L’affrontement des deux attaques donne parfois de drôles de résultats, les Eclairs étant déviés ou évaporés par l’attaque psy.
En ce qui concerne Evoli, elle demande un peu plus de soins physiques. Lisa l’a habitué à des brossages réguliers et jouait pas mal avec elle. On commence donc souvent par un brossage de son beau poil brun. Ensuite on joue « à chat » pour stimuler son attaque Vive-attaque. Puis pour changer, je lui ai proposé de combiner Reflet et Jet de sable. Elle est de bonne constitution et accepte volontiers de tenter la combinaison. Au bout de 3 jours, elle arrive à faire Jet de sable avec 3 de ses 5 reflets. Je suis fière d’elle et ce sera utile en combat !
Les matinées sont bien remplies à ce rythme. Après nous faisons un bon repas, et marchons ensuite d’un bon pas. Je ne prends que Pyro et Pichu dans ces moments-là. On approche de Ryne, nous y serons d’ici une paire de jour.
Le soir du troisième jour à ce rythme, je me sens vidée mais bien. Une bonne fatigue ! Je sens mes amis dans le même état d’esprit. Il faut que je les laisse respirer un peu demain. Je commence à sentir des courbatures, il en est sans doute de même pour eux.
Je les laisse se détendre et gambader, après le repas. Nos réserves sont très entamées et je ne suis pas retournée ni dans un village ni dans un centre Pokémon ces jours-ci. Demain il va falloir y aller. Je vois sur le Poké-navi qu’il y a un village avant Cynel, Pieuz. Un village agricole, qui profite des grandes plaines pour faire pousser des céréales.
Une fois couchée, je prends le livre du Professeur Manour. J’ai terminé le chapitre sur les évolutions des Pokémons. Les méga-évolutions sont aussi captivantes, même si ce n’est pas très bien expliqués scientifiquement. Mais ce qui est sûr, ce qu’il faut un lien particulier avec son Pokémon. Le chapitre suivant est consacré aux capacités. Il est long, il y a beaucoup d’explications, me perdant un peu parfois.
Je m’endors avec le livre, Pyro appuyé contre moi.
Je rêve que je travaille mes muscles pour couper quelque chose. Je sens exactement quel muscle travaille et lesquels utiliser. Je gonfle mon poitrail… je sens la chaleur au fond de ma gorge, une étincelle met le feu et je crache une Flammèche vers le ciel…
Ne faudrait-il pas trancher deux fois dans une flammèche, ou enchaîner deux flammèches tranchées pour avoir plus d’étincelles et avoir un joli rendu ?
Je me réveille avec ses pensées. Pyro, toujours contre moi, s’éveille en même temps.
- « Salut Pyro. Je crois que j’ai des idées pour ta compétence Tranche. »
- « Sala, sala salamèche ! »
- « Tu as l’air d’en avoir aussi, super ! On verra ça ensemble, peut-être ce soir. »
On s’étire et on commence à préparer le petit-déjeuner. Quand on est prêts, tout le monde est réveillé. On fait quelques étirements, mais pas d’entraînements ce matin. On mange, on range et reprend la route.
En milieu de matinée, on commence à voir des champs cultivés. Des céréales sont en train d’être récoltées, avec l’aide de Tauros. Comme ils sont costauds ces Pokémons ! Ils tirent sans avoir l’air de faire un effort particulier, une machine agricole récoltant les céréales. Peut-être du blé.
On rencontre également des vergers d’arbres à baies, notamment des rangés de baies ceriz. Elles ont l’air bien mûres, leur couleur rouge vif fait envie !
Vers midi, on aperçoit Pieuz. Il n’y l’air d’y avoir qu’un chemin central, bordé de grandes maisons accueillant parfois des engins agricoles. Quelques fontaines d’eau claire parsèment le paysage. Mais surtout, on voit pas mal de parcs avec des Tauros, ils doivent être d’une grande aide ici.
On pique-nique avec ce qui nous reste, et on agrémente de baies ceriz dans un champs qui semble en friche. L’herbe verte est tendre sous la main, mes ami s’en donnent à cœur joie !
Je rappelle Zippo et Sweety, puis me met en route pour le village.
Les gens observent un peu la nouvelle venue que je suis, ne me mettant pas vraiment à l’aise. Je salue poliment avec un sourire, Pichu et Pyro font de même.
Je repère une boutique qui semble faire épicerie. Des baies, des fruits et des légumes sont exposés sur un étal. Ils ont l’air bien mûrs et gorgés de soleil. On s’approche.
- « Tu ne comprends rien ! »
- « Isaac ne me parle pas comme ça ! »
- « Si tu ne veux pas m’amener défier la championne de Cynel , j’irai pas mes propres moyens ! » Un garçon d’environ 12 ans sort précipitamment et me bouscule au passage. Il lève ses yeux embués vers moi, le visage rouge de colère. Il semble descendre en pression quand il aperçoit Salamèche et Pichu… lâche un « pardon » et s’en va, une pokéball à la main.
- « Isaac ! » Un quarantenaire gigantesque de mon point de vue, sort de la boutique et cherche le garçon du regard.
- « Laisse le chéri, il a besoin de réfléchir. » Une fois féminine émane de la boutique.
- « Réfléchir réfléchir… réfléchir à quoi ? C’est tout réfléchi… Il est trop jeune. » L’homme bougonne dans sa barbe châtain clair et semble sincèrement inquiet. Il s’aperçoit alors de ma présence. « Oh, pardon ! » je reconnais le même air contrit qu’Isaac.
- « Bonjour ! »
- « Bonjour. Marie, il y a quelqu’un pour la boutique ! Allez-y entrez. » Il a changé rapidement d’expression faciale. Je le remercie et entre dans la petite boutique. Je fais le tour et refait un peu de stock. Nous sommes proche de Cynel qui est une grande ville côtière, je pense que je n’ai pas besoin de plus de deux jours de vivre. Je prends du fromage frais, du pain, des baies, des fruits et des salades de pâtes. Je me dirige vers la vendeuse, qui parle bas à l’homme qui m’a fait entrer. Ils n’ont pas l’air d’accord. Je paye mes emplettes 10PS.
- « Merci mademoiselle. Nous sommes désolées que vous ayez assisté à tout ça. N’est-ce pas ? » Elle tourne un regard sévère vers son compagnon.
- « Oui oui » Il regarde ailleurs.
Alors que j’allais sortir, le dénommé Isaac revient. Il semble avoir couru et respire fort, une pokéball toujours à la main.
- « Isaac ? » La supposée maman d’Isaac semble un peu inquiète.
- « Papa, je peux te prouver que je suis assez fort pour y aller ! » Son père s’est retourné et allait répliquer, mais il enchaîne « Je vais défier cette dresseuse ! » Il me pointe du doigt, je m’y attendais.
- « Isaac ! Ne mêle pas une cliente à tout ça ! »
- « Mais maman… Tu veux bien dit ?? » Il s’approche de moi, suppliant. Je ne suis pas sûre que je devrais m’en mêler… Mais je ne peux pas refuser un défi !