Parenthèse
Le lendemain matin, je me sens en forme, assez pour commencer à explorer un peu plus en profondeur le coin.
Anouk semble dans le même état d’esprit.
On se sent vraiment en vacances, même dans le centre Pokémon ! Il y a des affiches pour des compétitions de surf, ça sent la mer et il y a pas mal de Pokémons que je ne connais que de noms qui passent. Il fait à peine jour quand on sort du centre.
On retourne gaiement à l’office du tourisme de la ville. J’observe les alentours, les palmiers et les Goélises complètent ce tableau de vacances.
L’agent de la ville, en grande effervescence visiblement, nous apprend qu’un festival en l’honneur du Pokémon légendaire de l’île, Tokopisco, aura lieu dans 3 semaines. A cette occasion, une compétition est organisée, elle rassemble pas mal de monde. On est bien sûr tout de suite intéressées. Elle nous explique que la compétition se déroule en 3 manches : une compétition de surf avec un Pokémon de notre choix, une course de vélo où seules les compétences du dresseur sont mises à l’épreuve, et une course au dos du Pokémon de notre choix.
Mmmh, sommes-nous capables de faire tout ça ? Nous n’avons pas vraiment de Pokémons adéquates pour…
- « Comment s’inscrit-on ? Et plus important, que gagne-t-on ? » Je n’ai pas eu le temps d’aller au bout de mes réflexions, Anouk semble très emballée.
Avec un sourire indulgent, l’agent nous explique que nous pouvons nous inscrire au stand sur la plage un peu en contrebas de la ville, là où les gens vont surfer. A côté d’une boutique qui vend et loue des planches de surf. Puis elle nous explique que des points sont attribués à chaque épreuve, et que les 5 premiers ont le droit d’affronter le doyen de l’île.
Toujours aussi emballée, Anouk me sourit et commence à se diriger vers la plage. Je ne peux m’empêcher de lui dire :
- « Mais sur quel Pokémon allons-nous monter ? » Son sourire diminue, elle semble réfléchir. Monter Absol ou Coupenotte parait ridicule… On réfléchit quelques instants, sans trouver de solutions. Aller attraper un autre Pokémon suffisamment grand pour nous transporter ? Toutes les deux ? …
Alors qu’on commençait à se lamenter, un couple nous interpelle.
- « Bonjour jeunes gens ! Vous cherchez des montures à ce qu’on a entendu ? » Anouk, comme moi, a un mouvement de recul. Être épiées est assez dérangeant.
Il s’agit d’un couple de quarantenaire, lui est un moustachu un peu ventripotent à l’air sympathique, elle une grande femme mince à l’air assurée. Ils n’ont pas l’air malintentionnés.
- « Eh bien, on vous a effrayées les petites ? » Il s’approche de nous, et rit.
- « Voyons chéri, cesse de les importuner ! Excusez-le, il n’est pas méchant, juste un peu rustre. » Le monsieur cesse de rire et fait une moue, mimant une attitude vexée. Malgré nous, nous pouffons un peu de rire.
Contente de son effet, la femme nous sourit.
On s’écarte de l’accueil.
Elle s’appelle Judith, et son mari Serge. Ils possèdent un ranch de Bourrinos dans le coin. En nous attendant parler de la compétition, à laquelle ils ont souvent participé dans leur jeunesse, ils n’ont pu s’empêcher d’écouter.
Anouk qui était un peu méfiante jusque-là, à l’air de se détendre. Un dialogue s’installe entre le couple et nous. Anouk nous présente succinctement.
Sachant un peu près d’où on vient et notre envie de participer à la compétition, il nous propose un deal. On s’occupe du ranch le matin en échange du logis et du prêt d’un Bourrinos chacune pour la compétition.
- « Il est important que la jeunesse reprenne le flambeau ! » s’exclame Serge. « On vous héberge. Ce n’est pas le grand luxe mais ça a son charme et la maison est bien assez grande pour vous accueillir. »
- « Et vous viendrez manger à la maison. Mon ragout est inégalé dans la région. » renchérit Judith.
Anouk et moi nous regardons, et acceptons cette proposition qui nous arrange bien !
Nous les accompagnons donc à leur ranch. On s’éloigne un peu du port et de la ville vers l’intérieur de l’île.
Après quelques minutes de marche sur un sentier calme, nous apercevons au loin de grands près avec des troupeaux de Pokémons, des céréales, ainsi qu’une grange et une grande maison. Je suis surprise de sa dimension gigantesque !
Judith nous explique qu’entre leurs nombreux Pokémons et leurs 8 enfants - je sursaute à ce chiffre - ils avaient besoin d’espace jusqu’à récemment. Leurs enfants sont partis voler de leurs propres ailes, dont une dans le domaine des compétitions Pokémons d’après ce qu’on a compris.
Ils nous allouent une chambre chacune à l’étage, avec une salle de bain commune à nous deux. Je pose mes affaires dans la mienne, et me dit que j’ai quand même bien de la chance. Je suis plutôt excitée par tout ça !
J’entends Anouk dévaler les escaliers, je la rejoins dans l’immense salon familial.
Le tour de la maison est rapidement fait. Ils nous montrent ensuite la grange, qui se divise en 2 parties. Une partie plutôt salle de traite, pour les Ecrémeuh, et une partie box pour les soins aux Bourrinos. Pour le moment tout est vide, la traite et les soins ayant lieu plus tôt le matin.
Ils nous expliquent un peu en quoi ça consistera, mais ça reste vague sans les Pokémons concernés.
Nous allons donc aux parcs, pour notre plus grand plaisir ! Anouk trépigne sur place.
Les Ecrémeuh ont l’air tranquilles.
Les Bourrinos sont impressionnants par leur taille et ils semblent costauds. J’avoue être un tout petit peu intimidée.
Serge nous montre les deux qu’il pense convenir pour nous. Il s’avance en premier, les flatte et leur parle. Il a tout suite l’air beaucoup plus doux et compréhensif au milieu de ses Pokémons !
Après quelques instants, Serge nous fait signe de nous approcher.
Anouk a l’air beaucoup moins intimidée que moi et s’avance sans doute ni peur vers l’un des deux.
- « T’as l’air tout doux toi ! » Le Bourrinos est apeuré par cette approche et s’enfuit. Je me retiens de rire devant la mine déconfite d’Anouk et le sourire gêné de Serge.
Je m’avance lentement vers le deuxième Bourrinos, du plus sûrement que je peux, main en avant et en parlant à voix basse.
« Bonjour Bourrinos, je m’appelle Wendy. Tu es beau, et grand. J’aimerais faire connaissance avec toi si tu le veux bien. »
Ses oreilles bougent au rythme de mes paroles, ses nasaux se dilatent un peu, mais il ne bouge pas. Serge m’encourage à poursuivre et va avec Anouk chercher le deuxième.
Pour m’aider à mettre Bourrinos à l’aise, je prends doucement dans ma main la pokéball de Pikachu. Je la fais renifler à Bourrinos, qui la renifle et attend. J’appelle Pikachu.
Elle me regarde, tourne la tête et a un mouvement de recul devant le grand Pokémon équin.
- « Pikachu, je te présente Bourrinos. Nous allons vivre quelques jours ensemble »
- « Pika ! Pika pikachu ! » « Bourriiiiiiinos ! » S’en suit une discussion entre les deux Pokémons. Bourrinos semble se détendre et accepter la situation.
Je vois Anouk revenir avec l’autre Bourrinos, Pikachu et Absol à ses côtés. Bourrinos semble un poil sceptique, mais est un peu rassuré par Absol et Pikachu.
Serge nous apprend que ce sont deux mâles, d’âge mûr, plutôt sûrs d’eux et à l’aise sur tous les terrains. Ils sont costauds, et ça se voit.
On leur propose de participer avec nous à la compétition, ils semblent d’accord.
Serge nous propose alors de faire un premier essai pour monter dessus. Je ne sais pas si je suis prête mais allons-y ! Judith nous a observé tout ce temps, et s’approche avec le matériel nécessaire.
Je demande si je peux laisser mes Pokémons gambader dans les près pendant ce temps.
« Qu’ils profitent donc de la bonne herbe de chez nous et d’une bonne brise ! ça leur fera du bien ! » rit Serge.
Ils acceptent volontiers, et sont même contents de voir des Pokémons d’une autre région. Anouk suit le mouvement et libèrent ses amis.
Ils sont assez impressionnés par Absol et Coupenotte, des Pokémons assez rares quel que soit le lieu.
Coupenotte est curieux et fait le tour, restant dans le périmètre. Nidoran et Pikachu, bien que curieuses, restent ensemble près du parc. Balignon se dandine autour du parc, reniflant ce qui pourrait être comestible. Je le reprends une paire de fois, faisant bien rire Serge qui déclare bien aimer « ce petit glouton ».
Les Pokémons d’Anouk profitent aussi de cette liberté de mouvement.
Je me concentre un peu sur l’équitation. Anouk semble aimé ce défi…et moi aussi ! Serge nous explique depuis le sol, Judith monte avec nous. A eux deux, ils font un bon professeur. Serge est rigoureux et exigeant, Judith pleine de petites attentions et de conseils.
A la fin de cette première séance, je parviens à me tenir droite sur Bourrinos qui est gentil et ne me secoue pas trop. Le maniement des rênes rentre aussi.
On mange avec eux le midi. Le couple nous raconte les fois où eux ont participé au triathlon. Ils sont plein d’entrain et vraiment sympathiques, leur enthousiasme est contagieux !
Ils nous donnent une clé et nous disent de revenir vers 19h30 pour le repas.
Nous partons alors en ville, pour les autres choses à mettre en place pour la future compétition.
On parle sur le trajet de nos montures respectives, nos Pokémons vivant leur vie autour de nous.
Une fois en ville, je rappelle tout le monde sauf Coupenotte, Anouk garde Absol. Nos premiers Pokémons sont toujours avec nous.
On trouve rapidement le magasin de location de vélo. Personnellement j’ai toujours le mien, je reste donc en retrait.
Anouk parlemente un peu et finit par obtenir un vélo pliable de bonne qualité pour 250.
Le vendeur, qui a apprécié Anouk, nous explique que l’inscription à la compétition coute 25 par personne. En ce qui concerne les planches de surf, son cousin tient le magasin et il pourra nous faire un prix si on vient de sa part. Très fière d’elle, et avec plein de cartes de randonnées sur l’île, elle me rejoint.
Le vendeur nous a fait sourire, un sourire complice, quand il nous a dit de nous méfier du canyon. On y croise parfois des dragons et des Baggaïd.
Nous partons pour la plage cette fois.
Il fait un grand soleil dans un beau ciel bleu, il y a du monde sur la page et la mer scintille.
- « Couuupeee » Coupenotte n’a jamais dû voir ce genre de paysage, et pour une fois il a perdu son air combattif pour un air ébahi. Même Absol semble hypnotisée par ce paysage, bien qu’elle essaie de garder son stoïcisme.
On enlève nos chaussures, profitons du sable entre les orteils. C’est très agréable, comme je me l’imaginais.
On va vers la boutique de planches de surf. Un surfer, un peu cliché (blond, lunettes de soleil, sourire charmeur) nous propose des planches de surf assez girly…
J’en prends une assez simple, bleue marine avec de petits éclairs jaunes dessus. Anouk arrive à monnayer les planches et l’inscription pour 80 chacune, pas mal ! Elle en a pris une imitation bois avec des fleurs peintes en rouge.
Au moment de l’inscription, il nous demande quels Pokémons on a choisi…
Anouk choisit assez rapidement Bourrinos et Pikachu. Je me retourne et voit Coupenotte qui court partout. Il m’a l’air bien dissipé. Nidoran un peu jeune et Balignon pas vraiment fait pour ça… Je choisis donc les mêmes Pokémons qu’Anouk.
N’ayant pas d’autres clients, et voyant la fin de journée arriver, le vendeur nous propose de nous donner des cours.
Anouk est un peu dubitative, craignant une drague un peu relou je crois. Mais on accepte quand même. Il n’a pas vraiment l’air intéressé, ‘’simplement’’ charmeur.
On va se changer dans une cabine, et nous voici en maillot de bain. Avec ma peau de rousse, je me tartine généreusement de crème solaire.
Lorsque je sors, Anouk est prête et s’avance avec Pikachu, Absol posée sur le sable. Coupenotte est en train de faire un château de sable aux dimensions impressionnantes ! Il ne fait guère attention à nous. J’appelle Pikachu et lui explique la situation. Elle est d’accord et regarde l’océan avec un air de défi. Allons-y !
Juste avant d’entrer dans l’eau, nous apercevons un Raichu d’Alola surfant sur sa queue. Avec les reflets du soleil dans l’eau, c’est magnifique ! On dirait un tableau.
On se lance nous aussi ! L’eau est fraiche, mais c’est agréable. J’aime toujours autant me retrouver dans l’eau. Pikachu s’est mouillée puis a grimpé sur mon dos.
John, le vendeur, nous explique qu’il faut d’abord s’allonger sur le ventre sur la planche quand on a pied, puis ramer avec ses bras. Jusque-là ça va, Pikachu rame avec sa queue.
Ensuite, il faut se redresser rapidement, d’abord accroupi puis debout, en gardant son équilibre. Anouk fait deux petits bonds assez vifs, et là voilà debout sur sa planche. Beau début ! Son Pikachu essaie de se mettre en équilibre mais n’est pas stable. Elle tombe sur le côté, mais Anouk est très adroite et arrive à la rattraper et la redresser.
A mon tour. Pikachu descend de mon épaule et se met debout vers l’avant de la planche. Elle tient bien. Je me mets accroupi rapidement, mais j’ai dû mal m’y prendre parce qu’en une fraction de seconde me voilà à l’eau ! Pikachu a tenté de m’aider sans succès.
John s’approche, m’aide à remonter et tenir debout. Au bout de quelques essais, je finis par y arriver un peu près seule.
Anouk et son Pikachu maitrisent bien les bases et s’en donnent à cœur joie.
Lorsqu’on se rhabille pour rentrer, le ciel se couvre brutalement. Je rappelle Coupenotte et Pikachu, et nous nous mettons en route rapidement pour le ranch. Mais une pluie torrentielle nous tombe dessus sur le chemin ! Anouk glisse et tombe plusieurs fois.
On arrive à l’heure du repas, mais lessivées !
Judith nous accueille, Serge est allé rentrer les Pokémons. Apparemment ils n’ont pas de pokéballs, se sont des Pokémons de troupeaux pas de dresseurs.
On va se rincer et se laver, et on passe à table.
On voit que Judith à l’habitude des grandes familles, il y a un énorme plat de riz aux baies avec des morceaux de fromage d’Ecrémeuh dedans. Ça sent bon !
A la fin du repas, Anouk s’endort à moitié sur son assiette vide.
Je propose qu’on aille se coucher tôt, pour commencer notre entrainement de bon pied le lendemain.
Une fois dans la chambre, j’appelle tous mes Pokémons, on a largement la place et j’ai envie d’être un peu avec eux quatre. Je leur explique la situation, ils ont l’air ravi.
Le temps se calme dehors, on se couche. Pikachu, Nidoran et Balignon dorment sur le lit avec moi. Coupenotte dort au pied du lit, comme un gardien.
Je m’endors rapidement.