Pokémon - L'enfant de la Foudre

Chapitre 1 : Une âme brisée

3552 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour il y a plus de 6 ans

Le vent et la tempête hurlaient tels des âmes en peine au dehors.


Le ciel immobile était gris et morne, envoyant de violentes trombes d'eau sur les rues seulement traversées au pas de course par des personnes glacées jusqu'aux os, désireuses de retrouver la chaleur de leur foyer.


Les couleurs chatoyantes des parapluies, qu'ils soient parsemés de pois où zébrés par toutes les teintes, paraissaient tristes et fausses sous l'orage.


Néanmoins, Hikari, elle, trouvait cela amusant ; regarder le ballet des objets colorés qui se balançaient au gré des bourrasques, observer les arbres ballottés par les rafales, épier les nuages agglomérés qui ne laissaient passer aucun rayon de soleil.


Elle délaissa bientôt la rue pour se concentrer sur les gouttelettes qui s'écrasaient sur sa vitre. Voir ces petites perles translucides se courser les unes les autres sur le panneau de verre la fascinait grandement.


Pourtant, après encore quelques minutes à rester comme cela - accroupie devant sa fenêtre, les bras croisés sur le rebord et le regard fixe - elle commença à se lasser.


La fillette se leva, se retourna puis embrassa du regard sa coquette chambre, avant de diriger vers son lit et de s'y étendre. Elle saisit au passage sur sa table de chevet un petit grelot argenté attaché à un beau ruban de satin bleu. Hikari le fit rouler dans sa paume, permettant à l'objet d'émettre son tintement clair et mélodieux si caractéristique.


Elle aimait beaucoup son Grelot Zen, qu'elle avait un jour trouvé par un heureux hasard, sur un petit chemin de campagne. Elle le considérait à présent comme le plus précieux des portes-bonheur.


Hikari le reposa à côté d'elle et se laissa bercer par le clapotement régulier des gouttes contre les carreaux jusqu'à fermer ses yeux, soudainement fatiguée. Elle se serait volontiers endormie, mais une voix suave et féminine retentit au travers du battant de sa porte, la sortant de son demi-sommeil.


« Hikari ! appela-t-elle, Papa est rentré ! »


Ses paupières s'ouvrirent comme deux ressorts et un immense sourire vint éclairer son visage.


La petite fille se leva avec précipitation et courut vers la porte du lieu. Elle l'ouvrit à toute volée, traversa le couloir et se retrouva rapidement dans son salon, essoufflée.


Une femme d'une beauté singulière et un homme à la carrure chevaleresque semblaient l'y attendre en discutant chaleureusement.


« Papa ! s'écria Hikari en se précipitant vers son paternel

- Bonsoir mon petit Poussifeu !


Celui-ci saisit sa fille dans ses bras et la serra avec tendresse.


Elle sentit alors le doux parfum de son père : un savant mélange de baie Ceriz et d'épices.


Sa mère se joignit bientôt à l'étreinte familiale en soupirant de bonheur.


- Tu nous as manqué Papa, marmonna Hikari en se dégageant doucement.


L'homme sourit et ébouriffa ses longs cheveux noirs, comme à son habitude.


- Toi aussi mon Poussifeu... Ho ! attends voir... »


Semblant se souvenir de quelque chose, il pivota sur lui-même et se dirigea vers un sac à dos aux poches enflées par les objets qu'il avait rapporté de son voyage. Le père d'Hikari ouvrit l'une d'elle, attisant la curiosité de la fillette, et en sortit une petite boîte noire qui aurait très bien pu contenir une belle bague de fiançailles.


Il la tendit à Hikari, dont les grands yeux bleus pétillaient d'intérêt pour la chose. Elle tenta de demander ce que contenait la boîte, mais le sourire mystérieux de son paternel l'incita à découvrir par elle-même le trésor qui l'attendait.


Elle souleva timidement le minuscule couvercle et une lueur d'émerveillement éclaira d'avantage ses prunelles. Un magnifique orbe translucide trônait sur un coussin rouge. En son centre se dessinaient une spirales où s'entrecroisaient du carmin et de l'or.


Hikari saisit avec délicatesse la sphère semblable à une bille et la laissa rouler dans sa paume ; une douce chaleur s'en dégageait, ainsi qu'une lueur qui variait entre le jaune et l'argenté.


« C'est quoi ? demanda Hikari, qui avait l'impression de tenir dans sa main le plus bel objet que l'on aurait pu lui offrir dans sa vie (même si pour l'instant, il s'apparentait plus à une bille brillante).


- C'est une pierre très rare et spéciale ma chérie, lui répondit son père, qu'un vieil ami à moi m'a donné lors de mon voyage à Alola. Il pensait que j'en ferais meilleur usage que lui, qui commençait à prendre de l'âge.


La fillette hocha distraitement la tête, trop occupée à faire jouer les reflets changeant de l'orbe dans la lumière d'une lampe proche.


- Mais c'est quoi comme sorte de pierre ? fit la fillette en relevant les yeux de son trésor.

- En fait, c'est une gemme plutôt, une Méga-Gemme se nommant « Pharampite » plus exactement. Et posséder un tel objet n'est pas donné à tout le monde, tu sais ?


Des étoiles scintillaient dans les yeux d'Hikari, qui triturait à présent sa pierre entre ses doigts fins. Elle la leva au niveau de ses yeux et fixa la volute bicolore qui s'élevait en son centre.


- Elle est magnifique ! Mais pourquoi une Pharampite ? Je veux dire... pourquoi pas une autre pierre euh... gemme ?

- Vois-tu ce qu'est un Pharamp ? Bien. Et vois-tu ce cristal d'un rouge lumineux qu'il possède au bout de sa queue, que l'on peut voir briller depuis les étoiles ? Pour moi, tu brilles d'un éclat égal à celui de ce cristal. Tu es belle et lumineuse mon Poussifeu, c'est ça qui fait que tu es unique, unique pour nous, dans notre cœur.

- Tu es notre petite lumière Hikari, compléta sa maman qui lui déposa un léger baiser sur le front. »


La petite fille avait écouté sans rien dire les paroles de ses parents, mais avait tout bu d'une seule traite.


Elle avait toujours eu cette capacité rare de comprendre des mots alambiqués sans avoir besoin des précisions d'un adulte pour la rassurer. Elle aimait écouter les discussions que de grandes personnes pouvaient avoir, pour en apprendre toujours plus sur ce monde qu'elle espérait un jour explorer comme tous les enfants, après que dix années se soient écoulées dans sa vie d'enfant.


Néanmoins, elle possédait un autre don qu'elle n'expliquait toujours pas, mais qu'elle se forçait à accepter tel quel ; la compréhension et l'interprétation instantanée des paroles d'un Pokémon. Elle le possédait apparemment depuis sa naissance, mais ses parents ne lui avaient jamais expliqué pourquoi cela se faisait ; « C'est ainsi que l'a voulu Arceus mon Poussifeu, personne ne peut savoir pourquoi tu as ce don. » lui disait toujours son père lorsqu'elle lui posait une énième fois cette question.


« Mais j'ai pas de Pharamp, finit par dire l'enfant en s'asseyant tant bien que mal sur un des hauts fauteuils du salon, elle va me servir à quoi ma gemme si j'en ai pas ?


- Quand tu seras plus grande, tu pourras recevoir ton propre Pokémon et partir à l'aventure ! Et qui sait, peut-être attraperas-tu un joli Wattouat qui évoluera en un majestueux Pharamp ! Mais tu devras un peu attendre pour ça.


Hikari parut un peu déçue. Elle savait pertinemment que l'âge légal pour partir explorer les routes de Kalos était de dix années, mais l'impatience la gagnait au fur et à mesure qu'elle prenait connaissance que cette petite sphère pourrait faire Méga-Évoluer un Pokémon qu'elle aimait déjà.


- Mais je ne sais toujours pas quoi en faire...


Elle prit une mine faussement boudeuse et posa sa gemme sur une table voisine du fauteuil.


- Remet-la dans sa boîte en attendant ma chérie, lui conseilla sa mère, nous lui trouverons un bel endroit plus tard, d'accord ?


Elle acquiesça et reprit la boîte qu'elle avait glissé dans la poche de son pantalon, afin d'y replacer le petit objet.


Hikari, sa tâche accomplie, demanda alors à son paternel de lui raconter ses aventures dans la région tropicale d'Alola. Il lui sourit, puis s'assit sur l'un des accoudoirs du siège et commença à lui narrer son récit avec vigueur et mystère, tout en mimant ses actions.


Qu'est-ce que Hikari n'aurait pas donné pour rester aux côtés de son père, qui la faisait rire en lui parlant de Noadkoko de onze mètres, rester avec sa mère, qui ne pouvait s'empêcher de glousser lorsqu'elle entendait que son mari avait été victime d'un énorme Pokémon pelucheux qui l'avait pris dans ses bras.


Jamais elle n'aurais pu imaginer ni prédire ce qu'il adviendrait de sa vie...



5 mois plus tard...



Des voix résonnaient dans tous les recoins de la maison. Les chaussures en cuir ciré claquaient durement contre le parquet, rendant les lieux encore plus sinistres.


Des personnes au visage triste recouvraient laborieusement chaque meuble d'un drap blanc partiellement troués ou taché, les faisant ressembler à des morts couvert de piteux linceuls.


Quelques personnes discutaient tout bas de l'évènement qui avait attristé toute la petite ville de Neuvartault.


Dans un angle caché, assise sur une chaise bâchée, une petite fille de sept ans semblait attendre, immobile. Si l'on ne savais pas deviner la douloureuse respiration qui soulevait sa poitrine, l'on aurait pu croire qu'il ne s'agissait là que d'une simple poupée de cire : c'était Hikari, méconnaissable.


La fillette était vêtue d'une robe noire étriquée bordée de dentelle grisâtre. Ses longs cheveux noirs étaient tressés en deux étroites tresses qui pendaient mollement dans dos. Sa peau était d'une couleur maladive ; ses joues teintées d'un étrange rouge violacé.


Elle fixait inlassablement le néant, ses yeux étaient devenus d'un bleu-gris terne, sans vie ni émotion. Elle serrait contre elle une peluche représentant un petit chat noir et rouge aux iris jaunes.


Parfois, quelqu'un s'arrêtait devant, la regardait avec compassion, essayait de lui parler. Mais aucun mot ne sortait d'entre ses lèvres serrées par le chagrin. Elle se contentait de fixer le parquet entre ses pieds avec un regard vide, sans même lever la tête.


Ce quelqu'un repartait alors, le cœur serré et le moral plus bas que terre.


Hikari ressassait chaque seconde, chaque minute de cet insoutenable évènement qui s'était déroulé devant ses pupilles impuissantes. Un évènement qui resterait ancré au plus profond de son esprit et de son âme.


Tout c'était passé trois jours auparavant.


La petite fille avait été réveillée par des éclats de voix qui provenaient du salon. Elle avait reconnu celles de ses parents, mais d'autres étaient venues se mêler aux rumeurs.

La porte de la pièce à vivre était légèrement entrebâillée, laissant ainsi les sons s'écouler dans tout le reste de l'habitation.


Hikari, à ce moment, s'était laissée tenter par la curiosité, désireuse de savoir de quoi il en retournait. Mais ce fut lorsque son regard se posa sur la scène que la peur commença à la saisir.


Ses parents se trouvaient acculés dans un angle du salon, menacés par deux individus tous de sombre vêtus. Derrière eux, un Pokémon grondant à la gueule écumante, qui n'attendait qu'une seule directive de leur maître respectif pour bondir sur les agresseurs.


Ces mêmes individus tenaient bien droits devant eux un pistolet noir, auquel la clarté jaune d'une lampe allumée à la va-vite donnait un éclat sinistre.


« Vous savez très bien que vous ne l'aurez pas. Ca ne sert à rien de nous menacer, lâcha son père qui fixait la personne de gauche avec un air de défi.


Celui-ci avait passé un bras protecteur devant sa femme, qui était tout aussi déterminée que lui à résister à leurs agresseurs.


- Et dire que vous nous avez abandonné pour elle... soupira l'un d'eux d'une voix faussement apitoyée. Donnez-la nous, et vous et vos Pokémon auront la vie sauve. C'est juste elle qu'on veut, pas vous.


Sa voix était étouffée par un masque que la fillette n'avait pas vu au premier regard, il était donc impossible de savoir qui ils étaient, et si elle les avait déjà rencontrés.

Hikari tremblait de tous ses membres à présent. La terreur serrait sa gorge, son ventre se nouait. Que voulaient-ils donc à ses parents ?


- Elle nous appartient. Je te le dis une dernière fois Viny, nous ne céderont pas.

- Soit... dit le susnommé sur un ton qui se voulait désolé. J'ai été heureux de vous connaître, Eluur et Diane, mais vous ne nous laissez pas le choix... »


Un déclic surgit brusquement au milieu de la conversation. Un frisson parcourut l'échine de la fillette pour aller se ficher dans le bas de son dos. Un silence pesant, épais, angoissant avait pris place ; la tension était palpable comme des gouttelettes d'eau dans un brouillard.


La détonation retentit alors, soudaine, vive, tel un éclair déchirant le ciel d'une nuit d'été. Hikari retint de justesse un cri sous le coup de la panique.


Mais la balle n'eut le temps d'atteindre le poitrail du père d'Hikari, qu'un Lougaroc au pelage d'un bleu électrique s'interposa d'un bond entre elle et son maître. L'objet de plomb percuta l'une des nombreuses pierres fichées dans son cou et explosa en plusieurs morceaux tranchant et brillants.


Le Pokémon n'en avait pas fini, et se lança à corps perdu sur le tireur, crocs et griffes brandit.


La fillette était totalement tétanisée par la peur ; elle serrait éperdument les pans de sa robe de nuit, enfonçant en même temps ses ongles dans ses cuisses, son regard paraissait comme fou.


Elle regardait fixement le Type Roche qui labourait d'une patte le ventre de l'homme, plaquant de l'autre son bras qui tenait l'arme. Son collègue, totalement désemparé par l'attaque du Pokémon, ne vit pas venir violent heurt que venait de lui infliger le père d'Hikari.


Malheureusement pour lui, il eut le réflexe de lever le pistolet et de tirer à l'aveuglette. L'homme sentit le projectile lui effleurer le cou, mais ce fut une autre cible qu'il toucha. Un râle de douleur parvint, puis un bruit de choc parvint à ses oreilles. Son cœur se serra brutalement.


Lorsqu'il tourna à contrecœur son regard vers le son, une larme glissa le long de sa joue. Son épouse venait d'être touchée à la poitrine, juste au niveau du cœur. Une tache rouge s'élargissait déjà sur son haut. Un gracieux Givrali lapait sans s'arrêter le liquide rougeâtre qui ne cessait de s'écouler de la blessure mortelle de sa maîtresse, mais rien n'y faisait.

Eluur, fou de désespoir, se jeta aux côtés de sa femme, à présent peu soucieux du sort des deux assassins et de ce qu'ils pourraient lui faire, lui qui leur avait tourné le dos.


La petite fille, elle, ne voulait pas croire ce qu'elle voyait. De grosses gouttes dégringolaient ses joues. Des sanglots silencieux enserraient sa gorge. Sa mère ne pouvait pas être...

Un troisième coup de feu résonna durement, et un gémissement canin se fit entendre.


Le Lougaroc recula vivement de sa proie en couinant, levant au-dessus du sol sa patte transpercée par un plomb. Le dénommé Viny se releva, découvrant son abdomen couvert de longues griffures qui saignaient abondamment. Pourtant, il s'en fichait.


Il s'avança lentement vers le père d'Hikari, qui pleurait de rage devant le corps immobile de son épouse, puis leva lentement son pistolet noir, jusqu'à ce qu'il atteigne la nuque de sa cible.


Celui-ci se figea, savant ce qui l'attendait, puis il ferma les yeux et marmonna quelques dernières paroles pour sa tendre aimée, qu'il rejoindrait incessamment sous peu, et pour sa fille, sa douce petite fille...


Le dernier coup laissa le temps en suspension.


Le bruit finit de déchirer le mutisme de la nuit.


Un hurlement s'éleva, celui d'Hikari, qui voyait son paternel s'effondrer au ralenti aux côtés de son épouse, un ultime sourire dessiné sur ses lèvres.


Néanmoins, la fillette s'aperçut qu'il était maintenant bien trop tard pour s'enfuir en masquant sa présence aux deux assassins.


Leur visage – dont le bas n'était qu'une étendue noire et lisse – était tourné vers elle, un air plus que satisfait étirait leurs traits. L'on aurait même dit que l'achèvement de toute leur vie se trouvait devant eux.


Ses membres remuèrent tout seul, lui montrant que la paralysie qui les enserrait s'était dissipée.


Hikari ravala un sanglot et recula, prise de panique, lorsque les deux assassins se dirigèrent vers elle.


Elle se retourna rapidement et fila au travers des couloirs du rez-de-chaussez de sa maison.


Sa vue était brouillée par les larmes qui n'arrêtaient d'affluer au coin de ses paupières mi-closes, elle ne savait plus où elle allait. Les pas se rapprochaient toujours plus. Malgré ce bourdonnement assourdissant près de ses tympans, malgré ses mollets qui la brûlaient, malgré ce déchirement insoutenable qui rongeait son cœur en miette, elle courrait, retardant sa fin inéluctable.


Elle entendait les grondements sourds des Pokémon et leurs éclats de voix qui clamaient à Hikari de fuir tant qu'elle le pouvait. Ils essayaient de retenir ses poursuivants, selon la dernière et muette volonté de leurs maîtres chéris, qui voulaient que leur enfant survive. Une main l'agrippa subitement par le col, étranglant le petit cri de surprise qui avait franchi ses lèvres.


Elle lâcha pourtant immédiatement prise, percutée par le Vif Roc du Lougaroc à la patte blessé, toujours fidèle à son dresseur et à sa fille.


Hikari, déséquilibrée, se retrouva par terre, hébétée et brisée. Ses yeux n'arrivaient même plus à laisser perler une dernière goutte salée. Elle avait mal. Une douleur qui hurlait en elle, une douleur qu'elle seule pouvait ressentir et supporter.


Une sirène retentit brusquement, stoppant net le brouhaha des combats.


Les coups de feu avaient fini par éveiller les habitants des alentours.


La fillette eut seulement le temps d'apercevoir un Pokémon paré d'une robe d'un blanc éclatant qui contrastait avec la pénombre du couloir. Celui-ci empoigna les bras des deux assassins, puis ils se fondirent tous trois dans le noir, laissant derrière eux un discret scintillement coloré. Leur regard plein de convoitise, lui, sembla rester encore quelques

secondes, avant de lui aussi disparaître.


Les policiers du commissariat de Neuvartault et l'infirmière Joëlle eurent tôt fait d'arriver dans la maison en proie au chaos.


Ils n'y trouvèrent qu'une petite fille assise sur le sol, qui fixait de ses pupilles encore écarquillées le néant, et deux Pokémon dans un désarroi total, qui gémissaient devant les deux corps sans vie de leurs maîtres.


Toutes traces des deux individus avait été comme effacées, anéanties.


Mais dans l'esprit de l'enfant, toute la scène avait été marqué au fer rouge.


Elle avait fait part de ce qu'elle avait retenu sur l'apparence des meurtriers aux agents de police venus l'interroger, étant la seule pouvant témoigner de ce qu'il s'était passé.


La gérante du Centre Pokémon l'avait prise en charge, puis l'avait rassurée, consolée, avait fait preuve d'une immense compassion envers elle.


« Chhhhhh... Ca va aller, ça va aller... lui disait-elle en la berçant doucement »


Rien n'y faisait.


Le bruit des détonations et des balles pénétrant ma chair résonnaient encore en un millier d'échos insoutenables. Les questions tournaient dans sa tête en une boucle infernale. Pourquoi ces deux hommes avaient-ils aussi lâchement tué ses parents ? Quelle était la raison de leur venue, cette nuit-là ? Etait-ce elle cette raison ?


Ces questions, elle se les posait toujours, assise sur sa chaise bâchée, fixant le vide de ses iris auparavant bleus comme l'azur, maintenant gris comme un ciel d'orage.


Ces hommes n'avaient été qu'un coup de vent fatal ayant soufflé la vie de deux flammes encore trop frêles pour être éteinte dans la vie d'Hikari.


Elle porta alors une main à son cœur. Il battait lentement, sur un ton régulier et monotone. Néanmoins, malgré cet aspect paisible, il était cassé à l'intérieur. Quelque chose y avait été rendu irréparable...


Il s'agissait de son âme d'enfant innocente qui s'était violemment brisée en mille morceaux irrécupérables... Tout ce qui faisait son bonheur de vivre, tous ce qui faisait qu'elle était... elle Hikari, une petite fille sans soucis aux ambitions et aux rêves grands.


Le flot infini de joie que son âme laissait doucement s'échapper s'était brutalement tari, dans la douleur et l'incompréhension...


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