Les souvenirs perdus
Le temps a passé dans l’autre monde et Lizzie a continué de grandir, à force de ressasser les derniers mots de son père, elle comprit où il s'était échappé, le Pays imaginaire et plus, elle regardait autour d’elle, plus elle commençait à comprendre : elle voyait les gens qui ne font que courir, leur besoin de laisser une trace sur la terre, de vouloir vivre sans jamais en prendre le temps. Un monde gris où que le travail compte.
Son père avait raison, elle était trop jeune pour comprendre. Maintenant, elle sait pourquoi il est parti, l’autre monde peut être bien cruel pour ceux qui ont peur de leur fin. Elle a fini par lui pardonner.
Le temps a suivi son cours et Lizzie est désormais une vielle femme. Elle n’habite plus à la campagne, sa fille s'était mariée et vivait en ville à présent. Au début, elle ne voulait pas quitter la maison de son enfance, mais elle avait fini par se sentir trop seule et décida de la rejoindre à Londres. Elle avait pris un petit appartement à quelques rues de sa maison.
Lors d’une soirée comme les autres, Mary sonna à sa porte. Lizzie lui ouvra et trouva son enfant en pleurs devant elle. Ce ne fut pas facile de la calmer, mais elle finit par comprendre qu’un terrible malheur était arrivé. Elle appela la police qui arriva aussitôt. L’enquête dura plusieurs heures. Durant ce temps, Mary pleurait dans les bras de sa mère. Lizzie pouvait entendre entre deux sanglots“ Je n’ai pas été à la hauteur, ils ne reviendront jamais. “ Elle parlait de ses propres enfants. Lizzie était devenue grand-mère. Ils s'appelaient Wendy, John et Michel. Ils avaient disparu au milieu de la nuit et la police, n’ayant rien trouvé pouvant faire penser à un enlèvement, ont estimé qu’il s’agissait d’une fugue. Mais Lizzie savait que ce n’était pas le cas. Sur le sol, elle avait retrouvé quelques grains de poussière dorée et lumineuse.
Les policiers finirent par partir en leur assurant qu’ils allaient continuer leur recherche. Lorsque sa fille s’endormit dans ses pleurs, elle lui murmura : “ Ne t’en fais pas ma chérie, je pense savoir où ils sont. Ce sont des enfants intelligents. Ils vont revenir, ils avaient simplement besoin d’air.”
Lizzie ne dit rien de plus, elle pensa simplement à son père. Son souhait sera accordé, aurait finalement l’occasion de revoir sa fille enfant, même si ce sera par l’intermédiaire de son arrière-petite-fille.
Elle dirigea son regard vers sa table de chevet pour regarder la photo de son père et d’elle. Ils étaient encore réunis, figés dans cette image tous les deux. James Griffith sera à jamais James dans l’esprit de Lizzie et grâce à cette photo, ce souvenir restera présent durant des générations. Il avait finalement trouvé le moyen d’égaler Peter Pan, car tant qu’il resterait dans les souvenirs, il ne grandirait jamais.