Roadhog
Cette fic a été écrite dans le cadre du Défi de la Rentrée de Septembre/Octobre 2016. Il s'agissait de s'inspirer d'une image donnée ( ici Performance of the Heaven, de RHADS : http://rhads.deviantart.com/art/Perfomance-of-the-Heaven-557487965 ) et aussi d'inclure quelque part un quatrain dans notre texte.
Bonne lecture !
— Allez Mako, c'est de ta faute. T'as intérêt à aller plus vite que ça, les autre ne vont pas nous attendre.
Mako grogna, et poussa de quelques kilomètre/heures supplémentaire la vitesse de sa Harley modifiée. La poussière rouge du sillage de Molly devant lui l'enveloppa. Il toussa, et rajusta son bandana devant sa bouche. Comme si c'était de sa faute si sa bécane l'avait lâché au pire moment qui soit. Le chopper délesté de tout élément superflus et doté d'un moteur boosté artisanalement roulait bien malgré sa panne récente. Ils seraient bientôt au rendez-vous. Cet engin était le bijoux de Mako, qui l'entretenait comme sa fille depuis des années. Le pilote accéléra encore. Le moteur gronda de manière satisfaisante. L'asphalte fila sous ses pieds comme un fin ruban sombre au milieu de la platitude des terres australiennes. Il aurait aurait bien lancé du Cannibal Corpse pour parfaire les sensations, mais l'heure ne se prêtait guère à une telle superficialité.
Molly accéléra également. Elle avait les cheveux blonds décolorés taillés en crête iroquoise, portait un blouson de cuir clouté par dessus un t-shirt floqué du logo de l'abattoir, un pantalon de treillis poussiéreux et une paire de rangers hors-d'âge. Ses bras noueux couverts de tatouages et de bracelets tenaient fermement le guidon de son engin. La carabine accrochée dans son dos dépassait de son épaule, tout comme le manche se sa machette. Des bandes de cartouches barrant sa poitrine opulente et une vieille baïonnette rouillée battant sa hanche complétaient son équipement. Elle affichait en biais sur sa tête un insolite béret bleu pâle d'officier d'Overwatch, déniché à moindre coût chez un revendeur ayant profité de la crise australienne pour faire affaires en refourguant aux combattants du petit matériel militaire. C'était une gentille fille. C'est elle qui avait tenue à rester avec Mako quand il s'était vu obligé de s'arrêter au bord de la route après la panne de sa fidèle Harley. Et elle l'avait aidé pour les réparations.
Mako Rutledge était un solide campagnard de l'arrière-pays australien. Du genre de ceux que l'on qualifiait de "redneck". La moto et le Metal était sa passion et son gang de biker, son unique famille. Il bossait à l'abattoir local. Sa taille massive et sa force hors du commun héritée de ses origines aborigènes se révélaient très utile pour charriait les carcasses de porcs. Molly y travaillait aussi. C'est là qu'ils s'étaient rencontrés. Elle et lui fréquentaient les même bars, les même garages, les même salon de tatouage.
Ça ne bougeait pas beaucoup dans l'arrière-pays. Chacun vivait comme il pouvait, profitant des revenus apporté par les fermes solaires qui pullulaient dans ce coin du bush. Mako aurait pu envisager d'épouser Molly et de vivre avec elle dans sa caravane jusqu'à l'âge de la retraite. L'unique perspective qu'offrait la vie ici. Personne ne demandait mieux. Hélas...la Crise des Omniaques avait ( relativement ) épargnée l'Australie, pas ses conséquences. Dans l'espoir de concilier une paix entre humain et machines, le gouvernement avait offert aux Omniaques une large zone de terres dans le désert. Peu importe si une poignée de personne y vivait. Mako, Molly et leurs voisins virent les fonctionnaires venir leur présenter les avis d'expulsion. On allait les conduire dans des camps en attendant des solutions de relogement, leur avait-on dit. Les "rednecks" avaient protesté, mais qui pouvait bien les écouter ? L'armée était venue en renfort, on les avaient expropriés. A peine avaient-ils quitté leur chez-eux qu'ils avaient croisés les robots venu s'installer dans l'autre sens. Les mêmes qui avaient failli exterminer l'espèce humaine. Sur leur terres. Mako en ressentit une profonde frustration.
C'est cette expulsion qui était la cause de la présence de Mako et de Molly sur cette route filant à travers le désert, chevauchant à toute allure leur moto respective : la seule loi reconnue par les rudes habitants de l'arrière-pays était la leur. A eux de la faire respecter. Le gouvernement et les robots apprirent alors que les rednecks pouvaient aussi entrer en guerre. Ils l'apprirent douloureusement. Le Front de Libération Australien était maintenant sur le point de jouer le dernier acte de la pièce cruelle qui se jouait dans cette terre desséchée. Les combats furent éprouvants, mais les Omniaques avaient accordé trop de confiance au pacifisme des humains. Leurs défenses, même épaulés par le gouvernements furent rapidement balayés par cette armée improvisée de fermiers, de têtes-brûlées, de marginaux. Aujourd'hui seul restait l'Omnium, le robot-usine géant qui se dressait tel un affront au milieu du bush. La bataille avait déjà débutée. Mako serait au cœur de l'affrontement, si cette saleté de durite ne l'avait pas lâchée sur le chemin. Il s'agissait de rattraper le retard, s'ils voulaient qu'il leur reste quelques Omniaques à démanteler avant la fin.
Mako imagina son gang en prise avec les machines. Ici, les motos remplissaient le même rôle que la cavalerie sur les champs de bataille du XIXème siècle. Les Omniaques devaient crever de peur, si cela leur était possible, en voyant déferler cette armée de biker tenant le guidon d'une main et leur arme de l'autre. Il avait hâte de se joindre à ses frères. Aucun d'entre eux à part Molly ne l'avait attendu lorsqu'il était tombé en panne. Ils avaient préférer le laisser au bord de la route et continuer. Mako comprenais. On ne pouvait pas retarder la bataille à cause d'un seul homme. Les motos, pick-up, vans transportant le reste des combattants du Front de Libération Australien défilèrent sous ses yeux sans interruption jusqu'à ce que le dernier soit passé tandis qu'il restait là, assis, à attendre que Molly ne fasse le chemin en sens inverse pour chercher une durite de rechange dans une station-service, plus loin. Deux heures de routes, sans compter le retour. Ça ne l'avait pas mise de bonne humeur, et Mako devrait se surpasser pour se faire pardonner. Mais ils avaient finit par rattraper leur retard, et les Omniaques tomberont bientôt sous les roues de leurs Harley et les balles de leurs fusils.
Le désert, à gauche, à droite, parsemé de buissons d'épineux sec. La route, devant, derrière, fine bande sombre traversant l’immensité. Des vestiges de combats sur le bord. Des Omniaques de combat modèle Bastion mis en pièce, de vrais petite saletés. Ils gisaient au bord de la route. Mako en avait personnellement détruit un grand nombre au cours des précédentes semaines. Ils trouvèrent aussi des robots à usage civil. Qui pensaient vivre en paix et en sécurité sur les terres offertes par les col-blanc de Camberra. Les unités Bastion semblaient avoir tentées de les protéger, en vain. Ils avaient été rassemblé dans un fossé, et tous n'affichaient qu'une unique blessure au niveau de l'unité centrale dans leur tête qui ne laissait guère de doute sur le sort que le Front de Libération Australien leur avait réservé. Mako et Molly passèrent devant sans s'arrêter, ni même s'en émouvoir.
Le ciel s'était couvert de nuages, des petits cumulus frisés de gris. Il n'avait pas plut depuis plusieurs semaines, mais un orage éclaterait sûrement dans les jours à venir. Mako crut entendre du tonerre.
— Tu entends ? lui lança Molly. On se rapproche !
Elle avait raison. Ce n'était pas l'orage, mais la rumeur des combats. Des bruits de roquettes, et le long crépitement des rafales de mitrailleuses assourdis par la distance. l'Omnium était encore caché derrière la ligne d'horizon, mais ils percevaient des éclats lumineux dont les plus puissant illuminaient brièvement la roche rouge du désert et les touffes de nuage gris. Plus le soleil descendaient dans le ciel, plus ils étaient visible.
Un éclair blanc aveuglant satura soudain l'atmosphère. Mako manqua de peu de renverser sa moto sous le coup de la surprise. Il parvint à garder le contrôle juste à temps, et à s'arrêter le temps que ses yeux ne se remettent du choc. Molly fit de même.
— Bordel ! Qu'est-ce que...? jura-t-elle en mettant ses mains en visière. Mako descendit de sa moto, et regarda l'horizon en face d'eux. Un dôme de lumière jaune aveuglant grandissait au loin, engloutissant les nuages. Il grandit, grandit, et Mako compris qu'il s'agissait d'un immense champignon atomique. Il n'en détacha pas le regard, fasciné. Un bruit assourdissant heurta le couple en pleine face quelques dizaines de secondes plus tard, si puissant qu'ils ne l'entendirent pas. Les rétroviseurs des motos volèrent en éclat, et Mako sentit un liquide chaud lui couler des oreilles. Du sang coulait entre les doigts de Molly, qui tenait ses mains plaquées contre les siennes. Ses lèvres hurlèrent quelque chose, mais Mako n'entendit rien.
Ils avaient eu l'Omnium. D'une manière ou d'une autre, les combattants du Front de Libération Australien avaient renversé chacune des défenses des Omniaque avant de pénétrer dans l'ultime cœur de leur puissance. Ils avaient trouvé le moyen de détruire le noyaux du robot-usine. Ils avaient gagné. Au prix d'une fission nucléaire.
Molly et Mako restèrent hébété côté à côté en observant silencieusement le champignon continuer à s'élever dans l'atmosphère. Puis le sol se mit à trembler. La température ambiante augmenta, jusqu'à devenir brûlante. Une vague de poussière, de roches se ruait sur eux à la vitesse d'un train express. L'herbe ploya jusqu'au sol, et le bush s'enflamma. Par réflexe, Mako se jeta au sol au moment ou l'onde de choc les cueillit. Les motos et Molly disparurent de sa vue dans un maelstrom de poussière ardente, et il perdit connaissance lorsqu'il sentit le souffle carboniser ses poumons.
Ce n'est que bien plus tard qu'il ne repris connaissance. Il se leva en titubant, affolé de n'entendre aucun bruit. Il eut beau crier, le motard restait emmuré dans une chape de silence. Un douleur atroce s'élevait de sa poitrine. Mako se plia en deux et toussa, vomit du sang. Il s'essuya le visage avec ce qu'il restait de sa chemise brûlée. Il constata avec horreur en regardant son chiffon improvisé que la peau de son visage y était restée imprimée.
Molly ! se rappela-t-il soudainement. Où était-elle passée? Il hurla son nom. Mako tourna sur lui même, constatant le désastre. De longues traînées de débris carbonisés parcouraient le désert, des pièces métalliques tordues et fondues. Au dessus de sa tête s'élevait un inquiétant nuage noir semblable à un cumulonimbus. Les deux motos gisaient sur le côté, la peinture soufflée et les pneus éclatés. Le réservoir de celle de Molly s'était embrasé, répandant son essence sur la route autour d'elle en une mare de flamme qui achevait de se consumer. L'asphalte avait fondu, et s'était resolidifié derrière, piégeant le bas des motos.
Mako trouva Molly. A plusieurs dizaines de mètres de là où ils s'étaient arrêtés. Le souffle l'avait éjectée en dehors de la route. Il tituba vers elle, craignant le pire. Il lui pris la main et la secoua doucement, murmurant son nom sans que le moindre son n'atteigne ses oreilles. Elle était désarticulée. Sa nuque formait un angle étrange par rapport à ses épaules. Et son dos se pliait presque à angle droit sur le roc sur lequel elle était tombée. Les larmes de Mako tombèrent sur le visage mutilé de son amie. Comme lui, ses vêtement avaient pris feu. Son corps tordu était couvert de tâches de brûlures rosâtres couvertes de suie. La peau tomba en lambeaux quand il la serra dans ses bras.
Mako passa le reste de la soirée à accomplir la pénible tâche d'offrir une sépulture à Molly. Chaque cellule de son corps souffrait le martyr quand il transporta des blocs de pierres qu'il empila au dessus d'elle à la manière d'un cairn. C'est le mieux que le pauvre homme pouvait faire pour elle. Quand il eu fini, il s'agenouilla à son côté, à la fois pour se recueillir et pour se reposer. Il acheva son ouvrage en disposant sur le tertre le béret roussi de son amie.
Mako se releva difficilement et contempla les terres désolées l'entourant. Ils avaient gagné. Les Omniaques ne souillaient plus ces terres de leur présence. Mais à quoi bon avoir libérer leur chez-eux s'ils ne pouvaient plus y vivre? Ce n'était plus qu'un désert brûlé et radioactif. Il n'avait pourtant nul part où aller. Mako se leva, et à pieds, lentement, il suivit la route en direction de l'origine de l'explosion. C’était SON désert brûlé et radioactif.
Seize ans avaient passés. De Mako Rutledge, il restait plus grand-chose. Celui qui jadis portait ce nom n'était plus qu'un mercenaire coupe-jarret survivant avec peine dans les ruines de l'arrière-pays australien, là où tant d'autre personnes étaient incapable d'y survivre. On appelait "junkers" la communauté de raiders et de ferrailleurs qui s'était développée au milieu des déchets des Omniaques, persistant à y vivre malgré les intense radiations à la menace des dernières machines oubliées lors de la guerre. Mako était devenu une bête, rendue enragée par les conditions de sa vie. La pitié, la joie, la sanité de son esprit avait été balayés par seize ans de vie dans un désert radioactif. Il avait souffert, et son corps en portait les stigmates. Il ne se séparait jamais de son masque à gaz, protection aussi dérisoire qu'indispensable contre les radiations qui lui servait également à dissimuler les horribles mutilations engendrées sur son visage par l'explosion et les radiations.. Il l'avait taillé pour lui donner la forme d'un groin de cochon particulièrement effrayant. Être plus terrifiant que son voisin et afficher sa puissance était la première étape pour survivre dans le nouvel arrière-pays.
Mako portait maintenant le nom de "Roadhog". Certain le surnommait "Le Boucher". Il avait adopté le porc pour animal totem, en souvenir de son ancienne vie avec Molly à l'abattoir autant qu'à l'égard de la résistance de ces bêtes jadis apprivoisées qui erraient désormais dans le désert, faisant fi de la radioactivité.
Aujourd'hui, Roadhog était sur la piste d'un contrat juteux. Il était de notoriété publique qui'l existait dans les débris de l'Omnium un trésor aussi fantastique que mystérieux. Pour beaucoup d'habitants de l’arrière-pays, cette histoire et son existence relevait du mythe. Mais quand nombre de gangs et de seigneurs de guerre se lancèrent à la recherche de se trésor, les junkers se mirent tous à rêver de richesses à convoitèrent fébrilement.
On racontait qu'un jeune américain du nom de Jamison Fawke, alias "le Chacal" avait trouvé le trésor le premier, au point 0 du cratère atomique. Il serait venu des Etats-Unis pour vivre dans cet enfer quelques années plus tôt uniquement dans le but de le rechercher, et il y serait parvenu. Il devait maintenant se cacher dans un trou profond à profiter du peu de temps qu'il lui restait encore à profiter de son bien avant que les junkers assoiffé de richesse ne l'en déleste..
Roadhog suivait cette piste depuis deux semaines. Il était sur le point d'atteindre la cachette du Chacal. Son enquête avait consistait à traquer les poursuivant de l'américain, les torturer atrocement pour apprendre ce qu'ils savaient et éliminer la concurrence. Il était loin d'être le seul junker à suivre cette méthodologie, mais dans son cas ça avait porté ses fruits.. Il était en tête.
Roadhog gara sa moto à proximité d'une ferme solaire abandonnée. Si son dernier informateur de l'avait pas trompé, c'est là que le Chacal tenait sa planque. Sinon, il retournerais à l'abattoir où il l'avait laissé, pendu au plafond par un croc passé dans ses chevilles, le découperais et chercherais une nouvelle piste. Il avait encore une longue liste de personnes susceptibles d'être sur le point de trouver leur proie.
La ferme était entourée d'une barricade de bidons et de barbelés rouillés. Mako l'escalada, et vérifia prudemment l'état de ses armes avant de continuer. Son fusil à pompe était bien à sa place dans l'étui dans son dos. Son crochet acéré relié à une chaîne pendait à sa ceinture. Ses gros doigts boudinés serraient fermement son fusil de chasse à canon scié de gros calibre, tellement bricolé qu'il n'avait plus rien à voir avec l'arme d'origine. Devant la raréfaction des munitions classiques dans l'arrière-pays, Roadhog chargeait son fusil avec une chevrotine artisanale composée de clous, de boulons et de morceaux de ferrailles que l'on trouvait ici abondamment. Quand à la poudre, le mélange local utilisé par les junkers était une pâte de kérosène, de TNT et de polystyrène.
Il contourna le bâtiment pour trouver l'entrée, échouant à jeter un œil à l'intérieur des fenêtres condamnées par des parpaings. Tout le mur ouest de le la ferme était noircie, grêlée d'impact. Le côté tourné vers l'Omnium explosé. Chaque élément de paysage de l'arrière-pays possédait une telle façade.
Roadhog trouva la porte de contreplaqué, et y colla son oreille sans entendre le moindre son. C'est partit ! Sa stratégie misait beaucoup sur la surprise et la peur panique que générait son allure, sa carrure et sa réputation chez ses victimes. Il défonça le fragile panneau de bois d'un violent coup de pied et se rua à l'intérieur en grognant de sa voix grasse. Il eut juste le temps d'entendre un objet lourd tomber à ses côtés et de voir une petite sphère rouge rouler à ses pieds, de laquelle émanait un fin filet de fumée avant de se jeter en arrière. Une grenade ! Cette saleté de yankee avait piégé l'entrée. La détonation fit siffler ses oreilles, et une vive douleur perfora sa cuisse. Rien qui ne soit suffisant pour le stopper. Mako plongea dans la fumée qui envahissait la ferme solaire, ignorant les éclats acérés fichés dan le gras de sa cuisse et de sa fesse.
Il avait conscience ne n'être pas dans son élément, de pénétrer le territoire de sa proie. Sans importance. Elle l'avais mis en colère, elle allait en payer le prix. Les murs de la planque était couverts de dessins de smileys jaune. Des restes de nourriture moisis traînaient sur la table, des conserves de haricot et de corned-beef.
— Qui va là ? retentit une voix grinçante. C'est une violation de domicile ! ajoutât-elle avant de s'emporter dans un rire excessif. Impossible de déterminer son origine. De la cave, peut-être. Roadhog progressa au hasard dans les salles inconnues, sa grosse pétoire dans une main et son crochet dans l'autre. Il devait faire attention en avançant. Des fils de nylons partaient dans tout les sens tel des toiles d'araignée. Certains n'étaient reliés à rien, mais Mako apercevait tout autour de lui des grenades cachées dans les endroits les plus improbables.
— Boum-boum ? Pas boum-boum? A quand le boum-boum ? demanda la voix d'un ton faussement impatient.
La taille immense de Roadhog rendait très difficile la gymnastique entre les fils. Ce qui devais arriver arriva. Il sentit comme une faible résistance contre son genoux, puis un relâchement. Un poignée de grenade tomba du plafond, roulant tout autour de lui. Tant pis pour la prudence. Roadhog fonça tout droit jusqu'à la porte la plus proche, déclenchant au passage la chute de nombreuses autre grenades. La porte cachait une cage d'escalier. Il se jeta dedans à plat ventre, une chute de plusieurs mètres dans des profondeurs obscures.
Un déluge apocalyptique éclata au dessus de sa tête. Une successions comme le bouquet final d'un feu d'artifice qui fit rage au moins une vingtaine de secondes. Dès que cela fut terminer, des hurlements ravis et des applaudissements retentirent, plus proche de lui maintenant.
— Joli spectacle n'est ce pas ? Vous êtes toujours là ?
Roadhog avait heurté le sol. Il respirait avec difficulté. Il avait bel et bien atterrit dans la cave. Difficile de distinguer quoi que ce soit de plus dans la pénombre. Il voyait juste qu'elle était vaste. L'endroit servait jadis à accueillir les transformateurs des cellules photovoltaïques, que les habitants de Junkertown avaient entièrement démantelés pour en récupérer les pièces utiles. A peine s'était-il relevé que de nouvelles grenades se mirent à pleuvoir autour de lui. Il se mit à sauter et à courir en tout sens pour les esquiver, brinquebalé par le souffle et perforé par les éclats. Il entendait, entre deux explosions le déclic caractéristique d'un lance-patate à l'autre bout de la pièce. Le flash des détonations lui révélait par intermittence la présence d'un silhouette dansante, sautant joyeusement tout en déchargeant son stock de munitions.
— Jolie petite grenade explose
Fais donc voltiger tes shrapnels
Fais péter ce gros cochon rose
Jolie petite grenade toute belle ! chantait la voix grinçante. C'est qu'il est solide, le bougre ! Combien de p'tites bombes tu pourra encore supporter? Deux ? Six ? Vingt ? Une mégatonne ! BOUM !
Roadhog décida de le prendre au dépourvu en lui fonçant dessus. Une fois au corps à corps, il ne pourrait plus jouer avec ses explosions et n'aurait plus la moindre chance. Pris au piège comme une truie à l’abattoir. Il le réduirait en bouillie d'une simple décharge de chevrotine entre les côtes. Il en salivait d'avance. Le chasseur de prime poussa un cris rauque et mis son plan à exécution... avant d'être coupé dans son élan par une douleur fulgurante à sa cheville. Il tira dessus, impossible d'avancer plus. Elle était prise dans la mâchoire d'un imposant piège à ours garnis de dents cruelles.
— Ahahah ! Ahahahah ! AHAH ! jubila la silhouette en voyant son adversaire rendu impuissant. Qu'est ce que tu en pense ? Regarde ! Regarde !
La lumière s'alluma, et Roadhog baissa les yeux. Il vit son pied coincé dans le piège. Il était disposé au dessus d'une petite fosse contenant un objet métallique plat et cylindrique.. Une mine. Il avait le pied coincé dessus. Jamison "Chacal" Fawke se tenait en face de lui à une distance respectable. C'était un petit homme courbé et torse nu, maigre comme un fumeur de meth. Il lui manquait un bras et une jambe respectivement remplacés par une prothèse bionique et une jambe de bois. Ses dents sales et abîmées s'ouvraient en un grand sourire, et ses yeux avaient le regard luisant d'un fou. Ses cheveux blond terne étaient brûlés en plusieurs endroits, et certaines mèches fumaient toujours. Dans une main, il tenait un lanceur de balles de base-ball convertit en lance-grenade, et dans l'autre un télécommande que Mako devina être un détonateur.
— Si tu veux on peux taper un brin de discute, avant que je ne... T'EXPLOSE !!!
Roadhog sentait son sang couler partout où les shrapnels l'avait perforés. Le pire était ses poumons. Il sentait la douleur sourde grandir dans ses bronches. Il respira à toute vitesse, comme un chien haletant. Il n'arrivait plus à pomper assez d'oxygène. Le Chacal se rendis compte qu'il y avait quelque chose d'anormal.
— Hé bien ? On fait une crise d'asthme ?
L'explosion de l'Omnium ne l'avait pas laissé sans cicatrice. Le pire était celles dues aux radiations. Ses éponges ne seraient plus jamais les même. Vite, il devait calmer la douleur avant qu'il ne perde connaissance.
L'aide humanitaire venu aider les rescapés après l’explosion était repartie aussi vite qu'elle était arrivée devant l'absence de coopérations des junkers. Mais ils avaient laissé derrière eux d'immenses stocks de fournitures et de médicaments qui furent abondamment pillés. Roadhog s'était servi d'une grande quantité d'un produit censé soulager les effets de la radioactivité. Il en était devenu accro, et en inhalait des quantités industrielles largement supérieures à la dose considérée comme létale. On appelait ce gaz l'hogdrogène, en référence à la grande résistance des porcs aux radiations. Il trouvait ce clin d’œil approprié. Quoi qu'il en soit, l'hogdrogène seul pouvait le calmer lorsqu'il sombrait dans l'une de ses crises.
Il fouilla fébrilement chacune de ses poches à la recherche de son inhalateur, et paniqua lorsqu'il échoua à le trouver.
— Je vois c'est ça que tu cherche ?
D'une cabriole, le Chacal alla ramasser de l'inhalateur qui gisait à quelque mètres de Roadhog, là où il l'avait laissé tombé en essayant d'esquiver le déluge d'explosions. Le mercenaire tendis futilement une main tremblante dans l'espoir de s'en emparer, mais l'autre restait prudemment hors d'atteinte. Et le piège enserrait toujours aussi solidement la cheville de Roadhog.
— Ca pue ce truc, c'est quoi ? Tu dois être sacrément courageux pour aimer te foutre ce machin dans les poumon, gros tas. Moi je ne pourrais pas. J'aime l'air pur.
Roadhog se griffait la poitrine, incapable de parler. Il tirait de toute ses forces et sans le moindre résultat sur la chaîne reliant le piège à un solide anneau scellé dans le sol.Et le Chacal tournait autour de lui en jonglant avec l'hogdrogène, le lance-patate et le détonateur de la mine, un grand sourire carnassier sur les lèvres. Il attendait simplement que le chasseur de prime succombe de lui-même, impuissant.
Roadhog retira le croc de boucher fixé à sa ceinture. Le Chacal compris ce qu'il se passait, et paniqua. Il se mélangea dans ses jongleries et laissa échapper le détonateur. Heureusement pour Roadhog : Le chasseur de prime avait survécu à toute les petites grenades artisanales, mais le mine sous son pied était au moins assez puissante pour désintégrer sa jambe. L'excès de confiance de l'américain lui avait sauvé la vie. D'une main experte, Roadhog projeta son croc qui agrippa une sangle de la ceinture d'explosif que portait Jamison Fawke. Il le ramena à lui d'une puissante traction sur la chaîne qui le reliait à sa ceinture, et le sourire stupide du pyromane fou disparu comme par enchantement lorsque son visage se retrouva collé au masque à gaz du biker. Avant tout, Roadhog lui pris l'inhalateur des mains et inspira une longue et profonde bouffée qui vida la bonbonne. Un vent de fraîcheur déferla dans sa poitrine tandis que la douleur disparaissait et qu'un merveilleux sentiment d'euphorie lui monta à la tête.
Roadhog se concentra enfin sur sa prise. Le petit homme pendait toujours au bout du croc, gesticulant vainement dans l'espoir d'attraper le détonateur tombé à terre. Le chasseur de prime jeta l'inhalateur usagé derrière lui, pris sa grosse pétoire et la colla sous le nez de son prisonnier. Le Chacal se calma immédiatement, ses yeux louchant sur les orbites noirs et vide des canons.
Le tueur savourait cet instant. Il allait prendre plaisir à réduire cet hideux visage en bouillie sanguinolente. La peur qu'il y lisait le rendait aussi euphorique que le gaz qu'il venait de consommer. Pourtant, un sourire réapparu lentement dessus avant qu''il n'ai eu le temps d'appuyer sur la gâchette pour de bon. Le Chacal s’exclama d'un ton joyeux :
— Félicitation, mon brave ! Vous avez gagné ! De tout ceux lancé à ma poursuite, vous êtes le premier à avoir réussi à m'atteindre ! Cela fait de vous le grand vainqueur de ce concours que j'ai organisé ! Bon, je n'aurais pas jusqu'à la prétention de prétendre qu'il existait avant que vous ne m'attrapiez lâchement par surprise, mais ça ne fait rien ! Maintenant il existe ! Vous voulez savoir ce que vous avez gagné, petit veinard?
Roadhog acquiesça lentement, un peu curieux de voir où il voulait en venir. Il pouvait toujours tirer quand il voulait, après tout.
— Mon trésor attire beaucoup de convoitise, et j'accorde une extrême importance à ma vie. Vous venez de prouver que prendre soin de moi par moi-même n'était pas suffisant. Votre prix de gagnant est donc... le droit de devenir mon garde du corps.
Roadhog resta impassible. Le Chacal continua.
— Tu es gros, fort, dissuasif. Tu sais tuer. Tu n'as l'air d'avoir aucun scrupule. Tu n'en as pas, n'est ce pas ? Juste assez stupide pour faire ce que je t'ordonne, mais assez intelligent pour ne pas oublier qui commande. C'est tout ce que je demande. Bien sûr, je ne te ferais pas l'insulte de ne demander ceci qu'à l'égard de ta gentillesse. Je te paierais. Généreusement. On peut bien se le permettre lorsque l'on a en sa possession un fabuleux un trésor que tout le monde désire. Tu veux savoir ce qu'estr que j'ai trouvé dans les ruines de l'Omnium, n'est ce pas ? Petit curieux... Je te dit ce secret et cela scelle notre pacte, on est d'accord ?
Le Chacal s'approcha de l'oreille de Roadhog et lui murmura quelque chose. Derrière son masque, son visage marqua d'abord l'incrédulité, puis s'illumina. Il baissa son fusil et reposa son captif à terre, doucement. Évidemment qu'il le suivrait jusqu'au bout du monde. Un puissant fou-rire s'empara du Chacal, jubilant d'une fin aussi heureuse.
Quelques minutes plus tard, Roadhog était libéré de l'entrave du piège à ours. Les éclats de shrapnels lui lardaient toujours le gras, mais le garde du corps ne les sentait plus le moins du monde. Il cicatrisait vite, en plus de sa grande tolérance à la douleur. Encore un effet secondaire de sa consommation à outrance de gaz hogdrogène. Le Chacal empaqueta ses affaires, principalement des substances explosives diverses et variées puis les deux junkers laissèrent la ferme solaire derrière eux.
— On quitte l'Australie, ça ne te dérange pas ? Son compagnon grogna. Les champs de radiation, ça va bien cinq minutes. Mais pour des hommes de notre qualité...Je pense entrer dans le business de l'attaque de banque qu'est ce que tu en pense ? Et j'aimerais bien visiter l'Angleterre, ça te dit ? Le climat et formidable. Il y a des tonnes de banques. Et les gens sont teeeellement coincé, un feu d'artifice leur ferait le plus grand bien, non? Au fait, nous ne nous somme pas présenté en bonne et due forme. Jamison Fawke, dit le Chacal. Appelle moi Chacal. Ou MONSIEUR Chacal.
— Mako Rutledge. Roadhog.