Nouvelles d'Overwatch
Chapitre 38 : Un Homme de Parole (5 sur 6)
3023 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 12/02/2020 22:45
- C’est pour cela que, si on nous dit qu’on a besoin de nous au combat, alors nous devons combattre, aussi difficile que ce soit.
- Voilà. Félicitation deuxième classe, vous êtes maintenant lieutenant.
- Vous faites partie du type de recrue que je recherche, capitaine Morrison. Les meilleurs.
- Je pense que vous êtes juste très douée pour ça, capitaine.
- Tu as toujours été quelqu'un de bien. Cela ne t'oblige pas à être quelqu'un de stupide.
- Il est temps pour toi de prendre ton envol.
- J’ai besoin de toi, fiston.
Le bruit des alarmes força Jack à ouvrir les yeux, faisant taire les voix qui troublaient son esprit.
Le jeune capitaine se leva immédiatement et enfila son uniforme en quatrième vitesse. Son regard se porta sur son réveil. Il était quatre heures du matin.
Jack sortie de sa chambre, tâchant d'ignorer le bruit strident des alarmes qui continuaient de résonner. Il y croisa un de ses lieutenants, celui de garde cette nuit.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
- Une armée omnic est sortie de la mer et attaque nos positions en ville.
Voilà qui expliquait la soudaineté de l'assaut. Les omnics s'étaient spécialisés dans la construction de massif sous-marin, capable de transporter une armée dans les profondeurs de l'océan, hors de portée des détecteurs conventionnelles. Une tâche bien plus facile quand vos troupes n'avaient pas besoins d'air, de nourriture ou de dortoirs.
Jack se dirigea vers les hangars de la base. Tandis qu'il marchait, son lieutenant lui donna une tablette de donnée que le capitaine regarda aussitôt. Il fronça les sourcils. Les estimations du nombre d'ennemis...ce n'était pas bon du tout.
Une fois aux hangars, Jack eu la satisfaction de constater que les transports étaient déjà prêts au départ. Une minorité avait encore besoin de maintenance et devrait être laissé là mais le gros de la compagnie pourrait combattre.
Jack se rendit ensuite à l’armurerie, où la majorité de ses soldats s'équipaient déjà. Jack fit de même, tout en envoyant quelques sous-officiers chercher les retardataires. S'il y en avait qui avait trop bu…
Son oreillette s'alluma et la voix de sa colonelle se fit entendre.
- Capitaine Morrison, quelle est le statu de votre compagnie ?
- Prêt aux combats d'ici trois minutes, m'dam.
- Je vous envoie couvrir la 7e compagnie blindée.
- Bien reçu.
Jack regarda sa tablette de donné, où était envoyé des informations tactiques supplémentaires. La 7e compagnie blindée devait rester en réserve, légèrement derrière la troisième ligne défensive en train de se constituer.
A la guerre moderne, aucun général ne concentrait toute ses forces en une seule ligne défensive. La 1ère guerre mondiale avait montré le danger de cette tactique. Aucune défense ne résistait face à un adversaire qui utilisait suffisamment d'artillerie et d'aviation, déjà à cette époque et encore plus aujourd'hui. Alors on établissait plusieurs lignes, histoire d'épuiser l'ennemi, et, surtout, on gardait des forces en réserve. Ces troupes fraîches intervenaient lors d’une percée, lançant une contre-attaque pour repousser l'ennemi avant qu'il ne consolide ses positions. Du fait de leur mobilité, ce rôle revenait souvent aux blindés et aux troupes mécanisés.
La compagnie de Jack fut prête dans les temps et quitta la base immédiatement. Le bruit des alarmes fut remplacé par celui d’un champ de bataille. Vrombissement des avions, détonations d'armes automatiques, explosions de missiles, chocs des obus. Cela couvrait le propre bruit des moteurs de leur transport, pourtant plus proche.
- Ça a l'air d'être une sacrée bataille, commenta un des soldats de Jack.
Le capitaine approuva silencieusement.
Ils arrivèrent au point de jonction avec la 7e compagnie blindée. Leurs transports formèrent un demi-cercle autours des tanks, tandis que les soldats en sortaient, prenant une position défensive. En théorie, ils étaient derrière la ligne de front et ne risquaient pas d'être attaqués. En pratique, il fallait mieux prévenir que guérir.
- Restez près des véhicules ! ordonna Jack, tout en descendant. Nous devons être capable de rembarquer en…
Le sol trembla, interrompant ses paroles et provoquant quelques cris de surprise.
- Un tremblement de terre ? s'étonna Felicity. A Boston ?
- Non, répondit Jack, une lueur de peur dans la voix.
Comme certains vétérans, il avait levé la tête vers le ciel. Le sol vacilla de nouveau et alors les soldats le virent.
Il était aussi haut que les grattes ciels, qu'autrefois il construisait. Son bras droit avait été remplacé par un gigantesque canon, tandis que des armes plus petites recouvraient celui des gauches. Avant la Crise, ses larges épaules cachaient des machines de constructions. Aujourd'hui, elles affichaient de menaçant silos à missiles. Jack savait que ces hanches servaient autrefois à stocker des matériaux d'urbanisme. Désormais, elles abritaient une flotte d'omnic-avions. Des trombes d'eau ruisselait de l'ensemble de son corps, indiquant qu'il venait juste de sortir de la mer.
Un titan.
- Dieu nous préserve, murmura Jack.
Un déluge de détonations et d'explosions suivit ses paroles. Derrière lui, les chars de la 7e compagnie avaient levé leurs canons vers le titan et tiré, tout comme plusieurs dizaines pièces d'artilleries et blindés de l'armée américaine, ainsi qu'autant d'avions dans le ciel.
Un nuage d'explosion et de fumée entoura le titan, tandis que les projectiles s’abattaient sur les champs de force qui le protégeaient. A travers ce nuage, Jack vit percer le canon-bras. La terre trembla de nouveau, encore plus forte qu'auparavant, tandis que le canon subissait l'effet du recul. A un demi-kilomètre de Jack, une énorme explosion retentit, réduisant les bâtiments à l'état de poussière. Le jeune capitaine vit un obusier tracté voler dans les airs, projeté par le souffle de l'attaque. Puis, une nouvelle série de détonation se fit entendre et une nuée de missile surgit du mur de fumée entourant le titan.
Une partie de ces missiles se dirigèrent vers la position de Jack, s'abattant sur les blindés de la 7e compagnie. Certains véhicules résistèrent, protégés par leurs champs de forces et blindages. Mais deux d'entre eux furent pulvérisés, leurs défenses écrasées par une puissance de feu trop importante. Leur destruction provoqua un souffle brûlant chargé de débris, qui blessa quelqu'un des soldats de Jack. Ce dernier dû ordonner à ses troupes de remonter dans leurs véhicules.
En théorie, construire une machine aussi grosse qu'un titan était, militairement parlant, une stupidité. Car sa considérable puissance de feu et résistance serait contrebalancé par sa taille (qui en faisait une cible facile), la difficulté de le déplacer et son coût. Cela ne voulait pas dire qu'un seul titan ne pouvait pas détruire une armée à lui seul. Cela voulait dire qu'en construire un pour le combat n'avait pas un bon rapport qualité/prix.
Mais les omnics n'avaient pas eu à en construire un. L'IA des omniums avait juste piraté les titans existants, ceux qui servaient à construire des grattes ciels. A l'époque, il y en existait plusieurs milliers, le marché de l'immobilier connaissant un boom gigantesque en Amérique du Sud et en Afrique. Et il suffisait ensuite de juste les modifier un peu pour obtenir cette arme redoutable.
Et en pratique...en pratique, un titan causait un effet dévastateur au moral. Même Jack ressentait une boule au ventre à l'idée qu'un de ces monstres dominait le champ de bataille. Les soldats ne pouvaient s'empêcher de lever les yeux vers le ciel. Et y voir cette gigantesque machine leur rappelait tout le caractère inhumain de la guerre moderne. Une guerre industrielle, mené par des milliers de machines et des millions de soldats. Une guerre où un seul individu est insignifiant. Et comment ne pas se sentir insignifiant, à l'ombre d'un titan ?
Insignifiant, c'est ainsi que se sentait Jack tandis que le duel d'artillerie se poursuivait entre le titan et tout ce que les américains pouvaient employer contre lui. Un duel dont ils ne pouvaient saisir l'ampleur, ni comprendre le déroulement. Juste entendre le bruit, ce bruit ininterrompu d'obus tirés, de missiles lancés, d'explosions heurtant blindages et boucliers, de bâtiments anéantis et de véhicules réduits en pièces.
Autant de rappel que leurs vies pouvaient être soufflés en un instant.
Puis, la console tactique de Jack s’alluma. On allait les envoyer au combat. Rien qu'en constatant cela, il sentie le moral de ses soldats remonter. Etrange, non ? Qu'on fasse appel à eux signifiait que les omnics avaient percés une ligne de défense, que tout le front était menacé et que la bataille risquait d’être perdu. Sans compter que le danger pesant sur eux allait augmenter.
Pourtant, Jack les comprenait. Combattre, cela voulait dire se sentir utile. Cela voulait dire écarter ce sentiment d'insignifiance, qui les tenaillaient actuellement. Combattre, cela voulait dire exister.
L'ordre fut donné, les moteurs vrombirent et leur compagnie se mit en route. Ils débarquèrent jusque à la limite de la zone de combats. Ce n'était plus la rue d'une ville fantôme désormais. C'était une ruine. Tous les bâtiments bordant cette large avenue avaient été détruit par plusieurs impactes directes d'armes lourdes, faisant s'effondrer les étages supérieurs. Tous, sauf deux, actuellement en train de brûler. Des morceaux de bâtiments recouvraient le bitume de la route et des trottoirs. Au milieu, une poignée de soldats fuyaient, tandis qu'au loin se reflétaient les lueurs d'une mer de métal.
Jack, ainsi que nombres de ses soldats, ne purent s’empêcher de lever les yeux vers le ciel. Des nuages de fumée et de poussières masquaient en partie le titan à leurs yeux. Mais on pouvait tout de même voir de multiples impactes d’obus et de missiles sur son blindage. La bête était blessée mais loin d’être morte.
- Vous êtes les renforts ? demanda un des fuyards en s’arrêtant devant Jack.
Sang, poussière et suie recouvraient son uniforme, masquant presque totalement son insigne de caporal. Il arborait des blessures légères, sans doute dû à des éclats de pierres.
- Oui, caporal, répondit Jack d'une voix rassurante. Prenez un peu de repos avec le reste de votre section. Buvez et mangez quelque chose pendant que les medics de ma compagnie examinent vos blessés. Et faites le plein de munitions. Nous allons avoir besoin de tous les bras avant la fin de la nuit.
L'homme hocha la tête, un air soulagé au visage. Tandis que lui et les autres survivants dépassaient la compagnie de Jack, ce dernier fit signe à un de ses lieutenants. Celui-ci prendrait soin des survivants. Et les surveillerait également. Ces soldats méritaient du repos. Mais Jack n'allait pas leur laisser carte blanche pour autant. Peu importe ce que disait Andrew, sa bonté n'égalait pas stupidité.
Jack enfouit ce mauvais souvenir aussi vite qu'il apparut. Il avait une bataille à mener.
- Sergent, positionnez votre escouade dans…
Le reste de ses paroles disparut, tandis que la terre se remettaient à trembler et qu’un énorme bruit de détonation résonnait. Le titan avait tiré à nouveau.
- …ce bâtiment, premier étage, reprit Jack. Caporal Kevin, faites avancez votre…
Un gratte-ciel s’effondra, un de ses étages heurté par l’épaule du titan. Le bruit de sa chute coupa de nouveau la voix de Jack.
Celui-ci renonça à parler et prit sa console tactique, qu’il utilisa pour émettre une série d’instruction à ses subordonnés. Chaque officier et sous-officier disposait d’un petit écran intégré à son casque, pour transmettre les instructions de son supérieur.
Puis, sa compagnie entra en contact avec les forces omnics. Plusieurs rangées de bastions, avançant en lignes bien organisées, soutenu par des marcheurs. Ces derniers étaient l’équivalent omnics des tanks, excepté qu’ils avaient des pattes à la place de chenilles. Cela les rendaient plus lent que les chars mais leur donnait accès à davantage de terrains.
L’ennemi ne prenait même pas la peine de se dissimuler. Il faut dire que les bastions, peu agile, avaient du mal à utiliser des couverts. Cela ne dérangeait pas les omnics. Les bastions étaient très résistants et chaque perte pouvait être réparé. Jack soupçonnait que leur méthode d’assaut visait aussi à effrayer les humains. Plus d’un soldat avait senti son cœur se serrer, en voyant ces rangs de machines innombrables, qui avançaient inexorablement, malgré les tirs.
Mais la compagnie de Jack ne se laissa pas impressionner. Une pluie de projectile s’abattit sur les omnics. Jack avait ordonné à ses forces d’éliminer en premier les marcheurs ainsi que les bastions à lance-missiles. Un soldat sur cinq disposait d’une arme lourde, généralement un lance-roquette portatif, ce qui leur permit de neutraliser tous les véhicules ennemis.
Les omnics répliquèrent. Jack vit plusieurs de ses soldats se faire blesser et tuer. Le nom de chacun apparut immédiatement dans son esprit, tandis que la tristesse montait dans son cœur. Il refoula aussitôt cette sensation. Maintenant il combattait. Plus tard, il serait temps de pleurer les morts.
Certains bastions avaient réussi à se mettre en mode tourelles, tirant plusieurs centaines de cartouches par secondes. Jack fit reculer les fantassins. Et avancer les transports blindés, ainsi que plusieurs tanks de la 7e compagnie, qui avait été placé sous son commandement. Privé d’armes lourdes, les mitrailleuses des bastions rebondirent sans effet sur le blindage des véhicules.
Une salve d’artillerie surgit de derrière les lignes omnics et tomba sur les blindés américains, en endommageant quelqu’un et en détruisant d’autres. Cela ne suffit pas à arrêter leur avancer et les bastions furent anéantis ou durent reculer.
Les troupes de Jack pressèrent leur avantage. Sur leur chemin, elles croisèrent plusieurs carcasses de bastions, ainsi que des exterminateurs en train de les ramener à l’arrière, sans doute pour les réparer. Les deux furent promptement détruit.
Parfois, quelques tirs résonnaient, accompagné d’un son flasque, tandis qu’un traqueur était découvert et détruit. Parfois, ce bruit était précédé d’un cri de souffrance, celui d’un soldat attaqué par le traqueur avant que ce dernier ne soit repéré. Alors Jack voyait défiler un autre nom et se faisait plus violent pour rester concentré.
Finalement, leur compagnie parvient à reprendre l’ancienne position de défense. Là-bas, ils trouvèrent des bunkers éventrés, des sacs de sables dispersés et des barricades à moitié détruites, abritant mitrailleuses et obusiers légers, la plupart hors services.
Des sapeurs militaires se mirent immédiatement au travail, réparant armes et fortifications, tandis que des soldats en exosquelettes déchargeaient en toute hâte matériel et munitions, s’interrompant uniquement lorsque la terre tremblait à cause du titan.
Ce dernier se rapprochait. Chaque pas qu’il faisait le dirigeait vers les lignes américaines. S’il les atteignait, alors les soldats seraient obligés de reculer. Ce monstre pouvait écraser bunker et tank avec une égale facilité, tandis que le bas de ses jambes étaient garnis d’armes légères capable de décimer une compagnie en quelques secondes. Jack ne pouvait qu’espérer qu’il serait abattu au plus vite.
Plusieurs bordées d’artilleries s’abattirent sur leurs positions, blessant et tuants d’autres soldats. Malgré tous, les sapeurs continuèrent leur travail, sachant très bien qu’un assaut pouvait survenir à n’importe quel instant.
Et il survint. Au moment même où l’artillerie cessa son bombardement, une nouvelle phalange d’omnic, beaucoup plus nombreuse que la précédente, vint à leur rencontre.
Il n’y avait rien d’autre à faire que tirer et tenir la ligne. Alors c’est ce qu’ils firent. Jack combattit lui-même pendant de nombreuses heures. Chaque fusil comptait. Et en même temps, il encouragea ses troupes, guida leurs tirs, organisa une rotation des escouades pour que chaque soldat puisse prendre un peu de repos et être examiné par un medic.
L’ennemi était nombreux, pouvait compter sur des tirs de soutient et ne connaissait ni la peur ni la fatigue. Mais ils faisaient face à une compagnie d’élite, lourdement retranché, bien armé, bien ravitaillé et bien organisé. Les omnics n’arrivaient pas à installer une ligne de tirs car il subissait trop de perte pendant son établissement. Leurs tirs de barrages ne désorganisaient pas la compagnie de Jack, qui s’abritait dans les ruines ou ce qu’il restait des bunkers. Un flot continu de munitions et autres matériels arrivaient de l’arrière par camions, s’assurant que la compagnie ait de quoi tenir.
Le nombre de soldats s’érodaient lentement. Mais celui des omnics diminuait encore plus vite. Leur assaut prit fin avant même qu’un dixième de la compagnie ait été mis hors de combat.
Jack s’autorisa un soupire de contentement et un rapide sourire.
- Beau travail tout le monde, dit-il via son oreillette. Soufflez tant que vous le pouvez. Ils risquent de…
- Capitaine ! s’exclama un de ses lieutenants d’un air terrifié. Le titan…
Jack leva la tête. Et vit le bras canon de la machine, pointé en plein vers leur position.
Une détonation retentit. Un souffle brûlant projeta Jack à terre. Puis, ce fut le néant.