Je t'attendrai
Epilogue
La femme ouvrit la porte de l’arrière du bâtiment, pénétrant dans une espèce de petit jardin privé. Une douce odeur fleurie enivra ses narines et elle huma l’air frais, apaisée. Il faisait plutôt chaud. Tout autour d’elle les fleurs rayonnaient ; les rayons de soleil traversaient les feuillages des arbres géants qui s’élevaient dans le ciel et venaient réchauffer sa peau.
Atmosphère de sérénité. Il n’y avait aucun bruit, si ce n’était le léger son des bulles qui s’envolaient près des troncs des mangroves puis éclataient dans les airs. La femme s’avança sur l’herbe verte, une sorte de prospectus roulé dans sa main droite. Elle évoluait dans le jardin, parmi les plantes et les fleurs, un léger sourire aux lèvres. Au fond du jardin, à l’abri des regards, se trouvait une sorte de petite péninsule. Entourée d’arbres et de feuillages, elle formait un véritable petit coin de paradis, duquel on pouvait discrètement apercevoir l’extérieur, la ville. La femme s’en approcha. Elle monta les quelques marches du petit escalier qui y menait et regarda autour d’elle. Elle mit quelques secondes à la voir : la personne qui se tenait allongée sur un hamac.
Il s’agissait d’une femme âgée, dont le carré de cheveux blancs offrait un véritable contraste avec une peau très bronzée. Elle avait une silhouette élancée mais un corps imposant, une musculature très développée et une puissance évidente que n’importe quelle personne avisée et expérimentée aurait distingués. Et pourtant, elle était si discrète que c’en était troublant. Ses mains derrière la tête, ses yeux fermés, son visage calme et impassible, elle ne faisait pas le moindre bruit, ni le moindre mouvement. Elle semblait avoir effacé sa présence même et se fondait au décor avec bien trop de facilité pour que n’importe qui puisse la remarquer.
Mais la femme avait désormais l’habitude, l’expérience. Elle se dirigea vers elle d’un pas tranquille, se posta à quelques mètres de son hamac.
« Qu’est-ce que tu veux, Shakky ? S’enquit la femme allongée. Je fais la sieste. »
Sa voix était claire et naturellement autoritaire, son timbre imprégné d’une force glaciale. Ladite Shakky croisa ses bras sur sa poitrine avec un sourire. Puis, d’un geste rapide, elle lui jeta le journal qu’elle tenait dans ses mains, que la femme attrapa tranquillement. Shakky coinça une mèche de ses courts cheveux noirs derrière son oreille avant de s’approcher un peu plus.
« C’est le journal d’hier, annonça-t-elle. Rayleigh pense que ça pourrait t’intéresser. »
La femme, au visage quelque peu ridé, ouvrit l’un de ses yeux, dévoilant le vert terriblement intense de son œil perçant. Elle se redressa sur son hamac en grognant :
« Ano kusojiji*... Merci, Shakky. Je vais le lire. »
A ces mots, la concernée tourna les talons, gardant son sourire aux lèvres. Puis, alors qu’elle s’apprêtait à descendre les marches qu’elle avait gravit à l’instant, elle se retourna une dernière fois et lança :
« Elle te ressemble beaucoup, Marisa-san. »
Avant de partir.
Ladite Marisa fronça légèrement les sourcils et la regarda s’effacer dans le jardin avec un certain étonnement. Qu’y pouvait-il y avoir de si important dans le journal pour qu’on le lui amène directement ? Lorsqu’elle fut certaine d’être seule, elle s’empara du rouleau de papier et le déroula. Ses yeux furent aussitôt attirés par les épais caractères noirs qui faisaient le gros titre et dont le sens lui paraissait absurde. Elle fit défiler ses yeux sur les lettres une bonne dizaine de fois.
Le vent souffla un bon coup tandis que son cœur peinait à battre. Et non. Elle ne s’était pas trompée. Elle savait toujours lire.
« Le retour de l’effrayante escrimeuse : Elena Cewall ! »
Lorsqu’elle eut lu le gros titre du journal à voix haute, tout lui sembla alors plus réel. Elle crut halluciner. Aussitôt, son pouls s’accéléra considérablement, elle s’empressa de lire la suite.
« Quelques temps se sont maintenant écoulés depuis cet effroyable incident sur la Terre des Tenryubito. Quelques mois seulement, depuis que deux femmes à la tête d’un petit groupe se sont attaquées aux Dragons Célestes. Ces deux femmes, on ne vous les présente plus : la terrible escrimeuse, Elena Cewall et son acolyte dont nous ne connaissons pas le nom, utilisatrice d’un fruit du démon, renommée la Tempête Bleue. Leur incompréhensible intrusion sur la Terre des Dragons Célestes eut de grandes conséquences et fut l’événement le plus médiatisé depuis la Grande Guerre. Ce genre d’événement s’était déjà produit par le passé, avec le pirate Fisher Tiger. Mais ici, après avoir libéré la quasi totalité des esclaves des Dragons tout en parvenant à ne pas avertir la Marine, il a été rapporté qu’Elena se serait directement attaquée à cinq Tenryubito qu’elle aurait menacé, négligé et blessé. Nous avons également réussi à comprendre qu’au moment où les Amiraux et le Gouvernement Mondial avaient été mis au courant, le petit groupe de hors-la-loi avait déjà fait évacué les esclaves et entamé leur fuite. Tout semblait avoir été préparé méticuleusement, jusqu’au moindre détail. Quelques jours après, Elena et la Tempête Bleue furent aperçues sur une île du Nouveau Monde, ce qui provoqua l’arrivée de l’Amiral Kizaru. Ainsi, un combat inhumain commença entre Elena Cewall et l’Amiral Kizaru, combat qui aura totalement ravagé la petite île en question, ainsi que les esprits. Cet affrontement, qui força absolument toute personne présente à s’éloigner le plus possible, ne put de ce fait pas être médiatisé ou relaté. Toujours est-il que les deux combattants ont survécu, sans que personne n’en connaisse les détails. Que de questions sans réponses ! Que de mystères autour de ce combat, autour de ces deux femmes ! »
Ladite Marisa baissa les yeux, le cœur battant à un rythme effroyablement lent et tomba sur la photo qui accompagnait l’article en première page. Elle se sentit défaillir.
C’était une photo d’Elena. Elena Cewall, sa petite fille. Grande, fière et droite, elle se tenait en hauteur sur un morceau de terre, dominant le photographe dans toute sa splendeur. Ses longs cheveux noirs assombrissaient son visage, son pantalon était troué, son tee-shirt déchiqueté, son corps ensanglanté et pourtant, seules de la force, de la puissance et de l’assurance émanaient d’elle. Ses deux sabres étaient dégainés et ses deux bras envahis d’inscriptions sombres que Marisa reconnut aussitôt avec sidération. Et quelle fut sa surprise lorsqu’elle croisa les yeux sombres d’Elena, froidement dardés sur l’objectif, yeux extraordinaires dont la pupille était félinement étirée et bien plus claire que le blanc de l’œil, devenu sombre. Marisa n’en fut que plus choquée. Visiblement, elle avait eu raison d’apprendre le maniement du sabre à Elena. Car sans ça, la jeune fille aurait sûrement sombré dans les ténèbres de sa force dévastatrice innée.
Puis, son attention se porta sur la deuxième femme de la photo qui se tenait à la droite d’Elena. Il s’agissait d’une superbe femme aux cheveux clairs au premier abord et mi- longs, qui souriait malicieusement et dont les yeux rivés ailleurs reflétaient une détermination inébranlable. De petites mais stupéfiantes tornades dansaient dans les paumes de ses mains, et il ne fallut que quelques secondes à la femme pour deviner quel était le fruit du démon en sa possession. Un logia, et pas n’importe lequel. Où l’avait-elle trouvé ? Mais ce qui la surprenait le plus, c’était l’aura, l’énergie qui englobait les deux femmes. Il y avait un incroyable lien entre ces deux-là, un lien inébranlable qui dépassait le stade de l’ordinaire. Il n’était pas visible, mais elle le percevait, le devinait. Et c’était incroyablement fort.
La vieille femme eut un sourire et s’accorda un moment de répit. Cette photographie devait avoir été prise juste après le combat avec Kizaru. Elle devinait facilement que les deux femmes s’étaient volontairement laissées prendre en photo et que tout cela n’était qu’un message qu’elles cherchaient à faire passer. Et ce message, ainsi que tout ce qu’il impliquait, faisait frissonner d’excitation Marisa Cewall. Les deux jeunes femmes faisaient officiellement leur entrée dans le monde des pirates. Elena faisait officiellement son entrée dans l’univers des plus grands escrimeurs.
Après quelques secondes de silence, la vieille femme éclata d’un gigantesque rire, un rire gros et sincère, à la faire tomber de son hamac. Pliée en deux, elle s’exclama :
« Ah, ‘Lena ! Tu me surprendras toujours ! »
Des larmes se formaient au coin de ses yeux. A vrai dire, elle n’était pas vraiment surprise. Elle avait toujours su qu’en mal ou en bien, Elena ne tarderait pas avant de se faire connaître. Mais jamais elle n’aurait pensé que sa petite fille utiliserait les Tenryubito et l’Amiral comme amuse-bouche ! Marisa reprit contenance, tout en gardant un sourire gravé sur les lèvres, et alors, elle reprit sa lecture :
« Cette entrée fracassante dans le monde de la piraterie a fait d’Elena l’une des cibles numéro un de la Marine, avec une prime exorbitante directement montée dans les plus importantes de sa génération, dû à ses nombreux et choquants actes illégaux. Il en est de même pour la Tempête Bleue, pour son opposition aux forces de la Marine, à qui elle a donné beaucoup de fil à retordre. Toutefois, elles ont brusquement disparu, et avec elles les hommes qu’elles avaient rassemblé à leurs côtés. Personne ne savait ce qu’elles étaient devenues, jusqu’à hier.
Elle est de retour ! Alors que la Tempête Bleue* et le reste du groupe semblent s’être retirés, l’effrayante escrimeuse, Elena Cewall, refait surface !
Et quel choc ! Elle s’affiche désormais aux côtés de l’équipage du fameux Mugiwara No Luffy, le terrible supernovae dont tout le monde parle et qu’on ne présente plus. Elena, nouvelle membre de l’équipage au Chapeau de paille ? Le mélange s’annonce explosif, et très dangereux pour les civils et soldats de la Marine ! »
Le cœur battant à tout rompre, la vieille femme observa les onze affiches de recherche sous ses yeux : Mugiwara no Luffy, Roronoa Zoro, Sanji, God Usopp, Brook, Nico Robin, Chopper, Franky, Nami, Ao no arashi* et pour finir...
Le cœur de ladite Marisa rata un battement, elle perdit son souffle et manqua de s’étouffer. Après avoir failli tomber de son hamac, la vieille femme reprit contenance et regarda de nouveau la fragile page de journal qu’elle tenait entre ses doigts.
380 000 000. DEAD OR ALIVE.
380 millions de Berry. C’était le prix à laquelle la tête d’Elena était mise à prix.
Après s’être remise, la vieille femme se passa une main sur le visage et rejeta sa tête en arrière quelques secondes. Elena... Qu’avait-elle bien pu faire aux Dragons Célestes ? A quel point avait-elle évoluée, si elle était déjà capable de tenir tête à l’un des trois Amiraux ?
La vieille Cewall le savait. Elena ne faisait que prendre conscience de sa véritable puissance. Elle rouvrit les yeux et considéra de nouveau l’avis de recherche.
Elena avait été prise en photo. Ses cheveux couleur ébène avaient été coupés et dessinaient désormais un incroyable carré volumineux de cheveux bouclés qui encadrait son visage bronzé. Elle souriait à l’objectif, d’un éclatant sourire pourtant carnassier qui mêlait paradoxalement innocence, malice et provocation. Elena était véritablement un personnage à part. Comment était-elle capable de sourire de la sorte ? Et dans ses yeux dorés, brillait, non, brûlait une étincelle, une force qu’elle ne lui avait jamais vue auparavant.
Un sourire étira les lèvres de la dame. Elle le voyait. Elena avait enfin brisé les chaînes qui l’avaient faite prisonnière, durant tout ce temps. Elle avait découvert la vraie liberté et était aussi devenue une pirate. Elle avait énormément changé, et la vieille femme n’en revenait pas. Au-delà de la détermination qui habitait son regard et du bonheur qui semblait la transcender, Elena avait quelque chose de différent. Il y avait une chose sur laquelle elle n’arrivait pas à poser le doigt. Mais qu’importait ! Elena semblait s’être trouvée et respirait l’assurance. Mieux encore, elle avait trouvé une famille. Elle avait maintenant des gens sur qui compter, des amis à qui faire confiance, des camarades sur qui se reposer. Elle n’avait plus à tout porter sur ses épaules. Elle avait un foyer.
Marisa connaissait bien les Mugiwara. Elle avait suivi leurs parcours dès l’instant où elle avait vu ledit Luffy arborer le chapeau de paille sur sa tête, et avait alors été frappée de la ressemblance de cet enfant avec un homme qu’elle connaissait bien. Monkey D. Luffy. La volonté du D. Le rejeton de Dragon, frère du rejeton de Roger et du second de l’Armée Révolutionnaire ainsi que protégé de Shanks – à qui elle allait sûrement rendre une visite un de ses quatre, étant donné qu’elle l’avait loupé lors de la Grande Guerre. Wow. Quelle équipe. Quelle famille.
Une scène revint alors en mémoire de Marisa, qui ne pouvait s’empêcher de sourire.
Qu’est-ce que tu veux, gamine ? Avait-elle demandé à Elena, lors d’un entraînement. Rester faible ?
Non, avait-elle répondu, les poings serrés, le regard noir.
Mourir ?
Non.
Devenir forte, peut-être ?
Non.
Quoi, alors ? Tu veux retourner « tuer tout le monde », comme tu le dis si bien ?
Non... Pas maintenant.
Alors, que veux-tu ?
Être la plus forte.
Qu-
Elle avait alors relevé ses yeux assombris et asséné d’une voix qui, à l’époque, l’avait faite frissonner :
« Je veux devenir la meilleure. »
Marisa enroula le journal, la fierté sur les lèvres. Elle-même, elle avait toujours eu cette passion du combat. Rencontrer des adversaires puissants, devenir plus forte, repousser ses limites, ressentir l’adrénaline, elle aimait ça. Mais sa petite-fille, Elena, elle, en avait besoin. Elle s’en était rendue compte. Une puissance inconnue sommeillait en elle, un instinct inhumain que Marisa n’avait jamais rencontré auparavant, elle qui avait pourtant pas mal voyagé. Quelque chose d’incroyable se trouvait en son sein, quelque chose dont la tournure ne dépendait que d’Elena. C’était surtout ce qui avait surpris Marisa : ce pouvoir faisait partie d’elle, était inné, et n’était pas une conséquence des drames qu’elle avait vécus, comme elle avait pu le penser au début. Les épreuves qu’elle avait traversées avaient simplement assombri l’enfant et avaient alimenté en elle une haine sans limite. Haine que Marisa avait toujours redouté. Car si sa petite fille laissait libre court à ses pulsions sanguinaires, rien ni personne ne pourrait alors quelque chose pour elle. Mais il lui semblait aujourd’hui que les Mugiwara avaient renversé le cours de la vie d’Elena et l’avait attirée sur un chemin bien moins sombre que celui qu’elle avait commencé à emprunter. Marisa eut un sourire. Oui, vraiment, elle avait bien fait d’entraîner sa petite fille.
Elle se redressa, fit sortir ses jambes de son hamac. Elle s’empara du sac posé près de ses pieds et y fourra le journal qu’elle avait involontairement froissé. Elle était fière ; si fière qu’elle aurait pu en mourir. Le sourire aux lèvres, elle se leva, se dressa sur les longues jambes qui étaient les siennes et jeta son sac sur son épaule. Elle attrapa le sabre solitaire qu’elle avait laissé reposer contre le tronc d’un arbre, l’attacha à sa ceinture avant de suivre les traces de Shakky dans le jardin. Elle évolua entre les plantations sans même les regarder, focalisée, avant d’ouvrir la porte qui menait à l’arrière du bâtiment. Elle remonta le couloir boisé d’une démarche tranquille, ses pieds progressant en silence sur le parquet brun. Jusqu’à pénétrer la pièce principale en ouvrant la porte qui la faisait arriver derrière le comptoir.
Elle y trouva Shakky, accoudée sur le bar, lui tournant le dos, dont la silhouette dissimulait à peine l’homme à qui elle faisait face. La pièce était tout entière faite de bois, y compris le comptoir qui encerclait Marisa. Sur sa droite, un canapé grenat faisait l’angle et le mur de manière circulaire. Sur sa gauche, une table et des chaises, ainsi qu’un mur décoré de quelques tableaux. Il n’y avait aucun bruit, il n’y avait aucun client, si ce n’était l’homme vêtu d’une cape blanchâtre qui se tenait en face de la barmaid aux cheveux noirs.
Marisa sortit du cercle que formait le bar autour d’elle, passa près des deux personnages et alla se laisser tomber sur le canapé de l’angle. L’homme assis près du bar eut un sourire qu’elle n’eut pas besoin de voir pour comprendre. Il s’agissait d’un vieil homme, encore plus âgé qu’elle, aux longs cheveux blancs ondulés et qui arborait de petites lunettes rondes. Marisa jeta son sac sur le sofa et s’installa confortablement, se mit à l’aise, croisa les jambes et ferma les yeux. Quelques secondes s’écoulèrent dans le silence, avant qu’elle ne souffle en souriant :
« Tu ne l’as jamais vue... Et pourtant, tu l’as reconnue. Toujours aussi perspicace, même avec l’âge, vieux schnock. »
L’homme du bar fit glisser son verre sur le bois, avant de répondre :
« Il faut dire que le sabre qui pend à sa taille n’est pas des plus communs, gamine. Il m’a causé pas mal d’ennuis, et je me suis souvent battu à ses côtés. Il m’a même sauvé la vie quand j’étais jeune, à deux reprises, si je ne m’abuse. Je ne dois pas être le seul à l’avoir reconnu. »
Le sourire de Marisa s’étira et elle porta sa main à la garde de son unique sabre. Jamais elle n’aurait cru un jour, avoir une élève et lui léguer ce qu’elle avait de plus cher : son épée, le célèbre Shodai Kitetsu. Car en la lui offrant, c’était aussi tout un savoir, toute une Histoire, des sentiments et bien d’autres choses qu’elle lui avait transmis. Elle lui avait donné tout ce qu’elle avait, et bien plus encore.
« Mais tu sais, au-delà de ça... J’ai quand même été frappé, reprit l’homme. Elle n’a ni tes traits, ni tes yeux, ni tes cheveux, et pourtant... Elle te ressemble. Terriblement. »
Marisa éclata de rire. Puis, elle se redressa lentement avant de s’accouder sur ses cuisses. Elle riva son regard sur le dos de l’homme aux cheveux blancs.
« Elle me ressemble, oui, mais elle est bien différente. Et plus dangereuse, aussi. Je sais que tu l’as remarqué... Rayleigh. »
Elle vit le concerné se retourner légèrement vers elle et plonger son regard dans le sien quelques secondes. Ces quelques secondes suffirent pour qu’ils se comprennent. Rayleigh ferma les yeux. Oui, il l’avait vu. Quelques secondes de silence s’écoulèrent, avant qu’elle ne reprenne :
Les Mugiwara, hein ? Elle n’aurait pas pu rêver mieux.
Eux aussi. Je suis sûre qu’elle leur apportera énormément, renchérit Rayleigh.
Shakky qui se remémorait les retrouvailles des Mugiwara sur l’archipel Sabaody s’empara du verre vide de son client et alla commencer à le laver dans le lavabo. Avec un sourire, elle ajouta :
« Ils se sont bien trouvés, visiblement. »
Marisa hocha la tête. Puis, elle se leva et s’avança jusqu’au bar, près du vieil homme.
« Sers-moi du saké, Shakky. »
La minute qui suivit, la concernée lui offrait un verre d’alcool. Alors qu’elle portait le récipient à ses lèvres, le second de l’ancien Roi des pirates lui jeta un regard en coin. Rayleigh sembla légèrement surpris lorsqu’il remarqua la lueur qui brillait dans les prunelles de sa camarade. Suspicieux, il la fixa de ses petits yeux noirs et elle se mit à sourire malicieusement. Comprenant, il soupira :
« Je le savais. Tu vas te mettre à bouger, toi aussi ? »
Marisa descendit son verre d’alcool d’une traite avant de manquer de l’éclater sur le comptoir. Rayleigh ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Elle était excitée comme une enfant. Comme à chaque fois. Elle riva son regard devant elle et lâcha :
« Je n’ai pas vu ma petite fille depuis longtemps. Et puis, j’ai encore quelques trucs à lui apprendre. Il est temps que je fasse mon apparition. »
Le Seigneur des Ténèbres se mit à rire, et lui donna un léger coup de coude dans les côtes.
Dis aussi que le monde des pirates te manque, Mari’. Je te connais. Tu n’as jamais pu t’empêcher d’aller là où éclatent les combats.
Et visiblement, elle te ressemble beaucoup, renchérit Shakky en désignant de la tête la photo d’Elena qui dépassait du sac. Les Mugiwara semblent être des aimants à problèmes.
Marisa eut un gigantesque sourire. Elle lança l’argent de sa consommation à Shakky, qui l’attrapa au vol, et à qui elle lança :
« Merci pour l’hospitalité, Shakky ! »
Avant de leur tourner le dos. Elle posa sa main gauche sur l’épaule droite de Rayleigh, puis lui glissa malicieusement à l’oreille :
« Je paris sur les Mugiwara, moi aussi. »
A ces mots, il eut un sourire. Sans toutefois la regarder, il lui souffla d’un ton familier :
« Ne fais pas n’importe quoi. »
Elle lui tapa l’épaule, un sourire gravé sur ses lèvres, avant de se séparer de lui.
« Dja né, Silver. »*
Sur ce, elle se dirigea vers la porte du bar et sortit du bâtiment. Lorsqu’elle referma le battant derrière elle, une bulle de savon éclata au-dessus de sa tête. Elle les observa, s’élever entre les mangroves géantes de l’archipel Sabaody. Son regard dériva vers les hauteurs, elle se mit à contempler la parcelle de ciel bleu qui se présentait à ses yeux. Son visage illuminé, ses yeux brillants, son sourire heureux, elle se tourna vers les Cieux.
« J’espère que tu regardes attentivement ce qui se passe de là-haut, Gold.* Le monde est en train de changer, et ton foutu chapeau de paille y est pour quelque chose. »
- THE END -
-