"Je t'attendrai"

Chapitre 2 : Chapitre second

3534 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:47

Chapitre Second

 

Zoro était plongé dans un sommeil léger, allongé sur ce qui semblait être de l'herbe. La chaleur montait petit à petit, le soleil transperçait les boucliers qu'étaient ses paupières et tapait sur son corps. Le vent caressait légèrement son visage, tandis que les chants des oiseaux le berçaient. Mais Zoro sentait que quelque chose n'allait pas, que quelque chose clochait. Bien qu'à moitié endormi, le bretteur sentait une chose anormale, il avait une sensation étrange, une intuition. C'était comme si il était observé, comme si quelqu'un l'épiait, ce n'était pas agréable. Alors le jeune homme se décida à ouvrir les yeux, lentement, prudemment.

Et sa crainte se confirma.

«PUAAAAAAAAH!» S'écria-t-il soudainement avec stupeur.

A seulement deux centimètres de son visage se tenait une grosse, ronde et familière tête qui appartenait à son Capitaine, Mugiwara no Luffy.

«Ah, t'es réveillé, Zoro!»

Pris de court, le bretteur aux tendances violentes ne prit pas la peine de réfléchir, et il assena un puissant coup de poing dans la tête de son ami, qui s'étira avant de revenir à sa place. Luffy, qui n'avait évidemment rien senti, se mit à rire de la réaction de l'homme aux cheveux verts avant de s'éloigner un peu. Ce dernier remarqua d'ailleurs que Luffy n'était pas seul: Ussop et Chopper étaient eux aussi en train de fixer le jeune homme, qui ne comprenait pas ce qui se passait.

Mais soudain, une énième voix se fit entendre: «Kisama*! Je vais l’embrocher, ce bretteur de merde! Le découper et le jeter à la mer! Il va voir, ce cactus de mes deux, je vais lui faire la peau!» (enfoiré*)

En entendant ces paroles, une folle veine vint battre sur la tempe de Zoro qui connaissait très bien l'énonciateur de ces insultes. En levant la tête, le concerné put donc apercevoir Sanji qui fulminait, prêt à se jeter sur lui à tout moment, retenu par un Franky exaspéré qui tentait tant bien que mal de le calmer.

Zoro était énervé. Se faire réveiller ainsi, c'était pas cool. Se faire crier dessus par un cuistot blond dès le matin, ça l'était pas non plus. Et ça l'était encore moins quand on avait le caractère d'un certain bretteur aux cheveux verts. A peine réveillé, il bâilla aux corneilles avant de reconsidérer la situation. Pourquoi est-ce que tout l'équipage, au grand complet, était-il réuni autour de lui? Pourquoi est-ce qu'ils le regardaient avec ces grands yeux? Et pourquoi est-ce que Sanji voulait-il lui faire la peau dès le matin? Non pas qu'il lui faille une raison, d'ailleurs.

Puis, Zoro baissa les yeux. Et ce qu'il vit en regardant son propre corps lui arracha un cri de stupeur. Sur son torse nu dormait une jeune femme aux longs cheveux bouclés, les bras enroulés autour de sa taille, une jambe entremêlée à celle du bretteur. Et cerise sur le gâteau, les bandages qui entouraient le buste de la concernée, et donc sa poitrine, se défaisaient quelque peu, laissant apparaître la naissance d'un incroyable décolleté collé au corps de Zoro.

En voyant Elena ainsi, le chasseur de pirates eut un moment de réaction. Puis, lorsqu'il eut réalisé, il se mit à s'agiter violemment dans tous les sens, sans pour autant parvenir à se défaire d'elle. Elle s'accrochait, la garce! Alors il finit par opter pour la violence brute et lui asséna un énorme coup de poing sur la tête qui la fit crier de surprise. Aussitôt, la jeune femme se releva d'un bond, les yeux pas en face des trous, et se jeta sur la première personne en vue, jugée responsable du coup qu'elle venait de se prendre: Usopp.

Sans crier gare, elle le plaqua au sol et se mit à l'étrangler, sans y mettre réellement de force. Même si cela n'était pas douloureux, l'homme au long nez se mit à crier de peur, jusqu'à ce que Brook lui vienne en aide. En bon gentleman, il offrit sa main à Elena et la pria d'arrêter, ce qu'elle fit. Mais quand elle se tourna pour poser sa paume dans celle de l'homme en question, et qu'elle se retrouva face à son visage, elle s'immobilisa net, et resta impassible.

Le temps passa, un grand silence s'était installé. Plus personne ne bougea, si ce n'est Usopp qui se précipita hors d'atteinte de la métisse. Expliquons la situation. Elena était face à un squelette. Un squelette, avec une coupe afro. Un squelette avec une coupe afro, qui parlait. Un squelette avec une coupe afro qui parlait, et bougeait. Un squelette avec une coupe afro qui parlait et bougeait, et qui tenait sa main. La jeune femme ne bougeait plus, immobile, sans aucune émotion sur le visage. Elle regarda autour d'elle, se frotta les yeux, se passa une main dans les cheveux, se cura le nez, s'étira un peu, avant de se retourner à nouveau vers Brook, comme pour bien s'assurer que ce n'était pas juste une hallucination.

Et lorsqu'elle réalisa qu'elle ne délirait pas, le monde s'écroula. Une bombe explosa. Carnage. Désastre. Apocalypse. C'était la fin du monde. Lentement mais sûrement, le visage d'Elena se décomposa li-tté-ra-le-ment. Sa peau -pourtant métisse- prit une teinte des plus pâles qui soient, sa mâchoire se décrocha jusqu'à frôler sa poitrine, son nez s'allongea, ses yeux s'agrandirent et sortirent de leurs orbites, son front se retroussa pour ne devenir qu'une mer de plis, ses sourcils s'élevèrent et ses cheveux devinrent lisses et raides l'espace d'une seconde. Le résultat, le constraste était d'une atrocité éprouvante. Avec la tête qu'elle faisait, elle aurait sûrement effrayé plus de personnes que l'aurait fait Brook. Un petit fantôme blanc sembla s'échapper de sa bouche grande ouverte: son âme l'avait quitté. C'en avait été trop pour elle. Elena était partie. C'était triste, mais comme on dit souvent, ce sont les meilleurs qui partent en premier.

«Vous foutez quoi ici, vous tous? S'écria ensuite brusquement Zoro, sans porter attention à sa camarade de guerre.

- Usopp et Chopper t'ont suivi hier soir, expliqua Luffy innocemment. Ils sont revenus ce matin pour nous avertir, et on les a suivi.»

A ces mots, Zoro se retourna vers Usopp, qui regardait Luffy l'air de dire «C'était censé être un secret.» Mais en sentant la menace planer au-dessus de sa tête, l'homme au long nez préféra prendre congés et se réfugia derrière Sanji. Cependant, ce dernier ne portait plus attention à Zoro, il n'était plus lui-même. Il avait les yeux rivés sur Elena, qui semblait évanouie, étalée sur le sol comme une princesse endormie. Son visage était -heureusement- revenu à son état original, elle avait retrouvé sa beauté d'avant.

Sanji hallucinait. A ses yeux, c'était comme si le monde entier avait disparu pour les laisser seuls. Comme si Mère Nature avait donné son consentement pour qu'ils puissent s'unir tous deux sous un joli soleil de printemps. Les pétales de cerisier se mirent à tomber, rendant le cadre plus que romantique, les oiseaux se mirent à chanter plus gaiement, et bizarrement, l'habit d'Elena sembla se changer en une longue robe blanche, robe qui n'avait jamais existé. Sanji détailla méticuleusement chacune des parcelles de la métisse: de longs cheveux bouclés couleur ébène, de pulpeuses lèvres rosées, un nez droit et fin, des cils parfaitement entretenus et rangés, un teint hâlé et uniforme, une peau soyeuse, un visage incroyable et un parfum sucré et fruité qui remontait jusqu'à ses narines. Il ne voyait plus qu'elle, allongée sur le sol, les cheveux éparpillés autour de la tête comme un halo, son visage serein et délicat, ses lèvres qui ne demandaient qu'à être baiser, un soyeux filet de bave coulant le long de son fin menton. Elle rayonnait, splendide, telle une Déesse venue tout droit du Royaume des Cieux.

Les yeux du cuistot brillaient, émerveillés devant tant de splendeur, si bien que ses pupilles avaient perdu la force de prendre la forme de deux cœurs roses, comme à l'accoutumée. Comment pouvait-il exister une beauté pareille? Comment une divinité pareille pouvait-elle être humaine? Puis, alors qu'il n'avait jeté qu'un bref regard à ses atouts proéminents, son nez se mit à couler à flots, si bien que Chopper se mit à s'inquiéter. Mais Sanji n'écoutait pas. Il n'entendait rien, si ce n'est les battements de son cœur, son cœur qui battait pour Elena. A cet instant, tout avait disparu. Le monde était devenu rose et romantique, créant une atmosphère parfaite. Sanji commença à s'avancer doucement vers le corps étendu de sa belle, hésitant et prudent. Elle était si belle, c'en était déroutant.

Mais quelqu'un vint brusquement briser cette atmosphère spéciale et amoureuse. En effet, sans crier gare, Zoro pénétra comme un sagouin dans la zone interdite et brutalement, se mit à secouer la princesse par les épaules, en lui ordonnant de se réveiller. A cet instant, l'intérieur de Sanji se transforma en un champ de guerre, sa tête devint aussi dangereuse que l'était Bagdad, il perdit toute notion d'humanité. Le cuistot voyait rouge. Comment osait-il briser cet instant privilégié qu'il partageait avec sa Magnifique? Et cette fois-ci, personne ne put le retenir. Sanji se précipita vers Zoro et lui assena un magnifique coup de poing dans la visage, les yeux remplacés par deux grosses flammes, témoignage de sa colère. Et c'est ainsi que la sempiternelle bataille recommença.

« Comment... Comment oses-tu? S'écria le blondinet.

- C'est quoi ton problème, la blonde? Rétorqua le concerné.

- Je vais t'étriper, cactus de merde! Je vais te briser les vertèbres!

- Ah ouais? Ironisa le bretteur. Je t'attends, cuistot pervers!

- Qui traites-tu de pervers, tête d'algue? Je te signale que c'est toi qui essayait de toucher cette beauté!

- Ferme-là, imbécile de sourcils roulés! Je ne la touchais pas, ce n'est qu'une inconnue! Je vais t'écraser la tête!

- Comme si t'en étais capable, aboya Sanji en continuant ses coups de pieds. Donc tu vas me dire que tu dors avec les inconnues, sale con?

- On n'a pas dormi ensemble! Et je le connais pa-

- Je suis la petite amie de Zoro, intervint une petite voix au milieu de l'affrontement. Et je serais bientôt sa femme.»

Cette phrase marqua la fin des hostilités, enfin, pour une courte durée. Ces mots avaient assommés la plupart des personnes ici. Un assourdissant silence prit place dans la plaine, ils se tournèrent tous vers l'interlocutrice, Elena, qui semblait être soudainement sortie de son état second et affichait un air mignon et innocent. Tous les membres de l'équipage se mirent à faire des allers-retours entre Zoro et la jeune femme, n'en croyant pas leurs oreilles. Et ils n'étaient pas les seuls à être surpris. Le bretteur, lui aussi, était au bord de la crise cardiaque.

Puis ce fut Chopper qui brisa le silence. Il était le seul à ne pas tout comprendre, et c'est d'un ton totalement innocent et naïf qu'il demanda: «Oh, tu as une femme, Zoro?»

Le jeune homme eut un temps de réaction. Après avoir fusillé la métisse du regard, il se tourna vers ses amis et affirma d'un air naturel et nonchalant: «Hein? Non. On s'est juste battus.» Puis il désigna du doigt les nombreux cratères et fissures qui ornaient la terre un peu plus loin.

De nouveau, l'agitation laissa place à un silence toujours aussi lourd, silence brisé par le fou-rire de Luffy qui se roula par terre. Entraînée, Robin se mit aussi à rire, accompagnée de Brook. Nami poussa un long soupire, éxaspérée d'une telle bêtise, mais alors qu'elle s'apprêtait à parler, elle fut coupée par Sanji qui se jeta de nouveau sur Zoro, le corps en feu.

Le cuistot avait réellement pété les plombs, il marmonnait dans sa barbe sans pouvoir aligner deux mots convenables de suite, il baragouinait d'énervement. Mais cette fois-ci, la bataille entre les deux ennemis de toujours s'arrêta rapidement, interrompue par la navigatrice aux cheveux roux qui leur cogna violemment les têtes.

«Ça suffit, vous deux!» S'écria-t-elle en montrant les crocs, visiblement très agacée.

Puis, après avoir soufflé et reprit son calme, la rouquine se dirigea vers Elena qui était encore à terre, et lui tendit sa main.

«Moi, c'est Nami. Enchantée.»

Elena, quelque peu surprise, finit par lui adresser un sourire reconnaissant, avant de saisir sa main et de se présenter à son tour. Enfin quelqu'un de normal, dans cet équipage. Nami la fit se lever et se positionna à côté d'elle.

«Alors, faisons les présentations. Le squelette là-bas, c'est Brook, notre musicien. Il a mangé un fruit du Démon qui l'a transformé en squelette. Le cyborg pervers que tu vois c'est Franky, notre charpentier. Le petit renne tout mignon à côté, c'est Chopper, notre médecin. Le blondinet qui se bat avec Zoro, c'est notre cuistot Sanji. La grande brune là-bas c'est Robin, archéologue. Le mec au long nez s'appelle Usopp, tireur d'élite. Et le dernier, l'imbécile au chapeau de paille, c'est notre Capitaine, Luffy. Nous sommes l'équipage des Mugiwara.»

Elena avait détaillé chacun des membres de cette famille, s'arrêtant particulièrement sur Brook et Chopper, qui éveillaient sa curiosité. A vrai dire, elle avait déjà envie de serrer le petit animal dans ses bras, et elle devait user de beaucoup de force mentale pour se retenir. Puis, discrètement, elle se mit à analyser chacun des personnages, sondant leurs esprits, leurs capacités, leurs faiblesses.

Puis, voyant Luffy qui la fixait avec un sourire béat, elle s'approcha et se planta devant lui. Amusée, elle se mit à tirer ses joues comme l'aurait fait un enfant de dix ans, s'éclatant avec chaque parcelle de son visage. Mais son jeu s'arrêta lorsque leurs estomacs respectifs émirent synchroniquement un titanesque gargouillement, propre à chacun des deux.

La seconde qui suivit, Luffy et Elena marchait bras dessus, bras dessous l'un de l'autre, bien décidés à se remplir la panse. Le reste de l'équipage n'avait rien vu venir, et ils durent tous se mettre à courir pour rattraper les deux imbéciles qui s'étaient jetés dans la forêt. Une dizaine de minute après, ils se retrouvèrent tous au fond de la ville, la métisse et le capitaine en tête.

«Manger! Manger! Manger! Criaient ces deux derniers.

- Vous allez la fermer, vous deux? S'écria Zoro, agacé. Il n'est même pas encore midi et vous avez déjà fa-

- MIDI? Hurla soudainement Elena qui venait de réaliser quelque chose.»

A son cri, tout le monde se stoppa et se tourna vers elle.

«Quelque chose ne va pas? Demanda Robin, inquiétée par le visage qu'arborait la jeune femme.

- Ah, non, rien, chuchota-t-elle. Je dois juste y aller! Excusez-moi. Merci! On se reverra! » dit-elle avant de se mettre à courir vers la petite ruelle la plus proche.

Perplexes, ils la regardèrent tous partir sans un mot, ne comprenant rien à ce qui venait de se passer. Puis, lorsqu'elle fut assez éloignée, ils reprirent leur route, étonnés. Zoro resta un peu plus longtemps à la regarder partir. Qu'avait-elle de si urgent à faire pour s'enfuir comme une voleuse? Lorsque cette pensée lui traversa l'esprit, il vit bizarrement Elena tourner sa tête et le regarder en coin. Bien qu'assez loin de lui, il put clairement distinguer ses yeux dorés qui cherchaient les siens, avant qu'elle se retourne à nouveau pour disparaître dans l'ombre d'un bâtiment.

 

 

La journée passa comme l'une de ses journées qu'avaient l'habitude de passer les Mugiwara. Jeux, rires, bonheur faisaient partie de leur quotidien. Mais un élément perturbateur avait bouleversé la routine de Zoro. Lui qui était d'habitude si tranquille se faisait maintenant harceler par nombre des membres de l'équipage concernant sa relation avec Elena et les dires de celle-ci. Zoro s'était fait avoir en beauté.

L'homme aux cheveux verts était allongé dans son lit, les bras derrière la tête, les yeux fichés sur le plafond de sa chambre. La nuit était tombée, tout le monde dormait. Tout le monde sauf lui. Le bretteur ne pouvait s'empêcher de ressasser les événements de cette journée riche en émotion. Au fond de lui, il avait bien ri, même si il ne l'avait pas montré.

Mais cette femme hantait son esprit. Elena, Elena Cewall. Qu'était-elle? D'où venait-elle? Nombreuses étaient les questions qui se chevauchaient dans son esprit, mais la seule chose que Zoro pouvait affirmer était que cette bretteuse était forte, il n'y avait pas à redire. Elle dégageait quelque chose, quelque chose de propre à elle-même. La lueur qui illuminait ses yeux était comme une flamme, une flamme de détermination. Car oui, Zoro l'avait compris, Elena avait un but, un but précis, et elle se donnerait corps et âme pour l'atteindre.

 

 

Merci infiniment à ceux qui me lisent!

En espérant que cela vous plaise!

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