L'inconnue de Trafalgar Law.
Law
On m'embrasse dans le cou, on me caresse la peau, on me respire...
- Bonjour bel endormi...
Je me retourne et découvre le visage radieux de Liv-ya à travers mes yeux collés par le sommeil. Je me blottis contre elle en ronchonnant, je n'ai pas du tout envie de me lever. Notre lit semble immense et les draps se déploient à perte de vue.
- Mon amour est tout chafouin ce matin. Sa voix raisonne étrangement.
Elle passe délicatement la main dans mes cheveux en riant. Je souris tout contre sa peau, tout contre la chaleur de Liv-ya. Soudain elle m'attrape par la gorge et m'étouffe, je m'enfonce dans le matelas et nous finissons par passer au travers. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui lui prend ? Je ne comprends rien. Elle me sourit toujours mais serre de plus en plus fort, sur ses épaules un manteau blanc et sur sa tête une casquette de Marine.
- LIV-YA !
Je me réveille en sursaut. Un rêve... c'était juste un rêve. Mon cœur bat à cent à l'heure, je suis dégoulinant de sueur... je passe une main sur mon torse trempé et me redresse en posant mon visage dans mes mains. Près de mon oreiller il y a un tee-shirt bien trop petit pour moi, il est à elle, elle a absolument tenu à ce que nous échangions un vêtement la dernière fois que nous nous sommes vus. Je trouvais l'idée stupide... j'ai fini par dormir avec. Je m'étais dit que ça pouvait peut-être m'apaiser... C'est sûrement le milieu de la nuit. On ne voit rien par les hublots. Nous sommes sous la mer depuis hier soir. J'allume la petite lampe au-dessus de mon lit et me frotte le visage. Du plus loin que je me souvienne, mes nuits ont toujours été chaotiques. Je dors peu et quand je dors, je dors mal. Je finis par sortir de mon lit et me dirige vers mon bureau. Je regarde les livres de médecine étalés dessus. J'ai vraiment pas la tête à ça. Je sors de ma cabine et déambule dans le sous-marin, à défaut de sortir marcher je le fais dans le submersible. Je visite les pièces communes, tout le monde dort encore. Je me rends dans le "salon" et m'installe à une table pour regarder les derniers magazines "people" que l'équipage a dégoté. J'y cherche des choses sur Liv-ya. C'est devenu une habitude pour moi de regarder. Quelques fois elle parle de moi, ça me met hors de moi sur le coup mais finalement j'apprécie assez. Personne n'a l'air de comprendre mais moi je sais. Je tourne les pages la joue sur mon poing encore dans le coltar. Il y a quelque chose ! La double page centrale. " Le nouvel Album de Liv Valentine bientôt dévoilé".
L'article dit qu'elle travaille dessus depuis six mois maintenant et qu'il s'appelle... Law of attraction !! Qu'est-ce que je disais ! Elle en rate pas une ! Je continue ma lecture, d'après ce que je lis les chansons racontent la rencontre et les péripéties d'un couple trop souvent séparé... je soupire, je suis trop dans le cirage pour m'énerver. Je baisse les yeux sur le bas de la page et saisis le magazine à deux main pour l'approcher de mon visage. Je reconnais ce tee-shirt gris, c'est celui que je lui ai donné ! Elle l'a porté pour une séance photo... je ressens des choses très partagées entre la rage et... le contentement ? Le col lui tombe sur les clavicules et j'y vois un tout nouveau tatouage. Il semble que ce soit un lettrage orné de motifs mais une partie du message est caché. Elle a très bon goût en matière de tatouage. Je suis sûr que celui-ci sera parfait comme tous les autres. Je tourne la page et tombe à la renverse ! Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur !! Il y a un gros plan sur elle, tout sourire faisant signe à la foule. Elle porte un débardeur blanc à bretelles fines et je peux la voir... l’inscription. L’encre recouvre son buste d'une épaule à l'autre.
" Law must be respected “
J’imagine qu’une traduction exacte de ce message serai : « La Loi doit être respectée » mais moi ce que je lis et je pense pas me tromper sur ce qu’elle a voulu dire c’est : « Law doit être respecté. »
Elle est complètement maboule d'avoir fait ça ! Si ce n'était pas assez clair elle a fait tatouer un caducée sur son plexus solaire. Les ornements ressemblent à ceux sur mon torse. Je balance le magazine contre le mur. Elle est complètement malade ! On va se faire choper c'est sûr ! Quelqu'un va forcément finir par s'en rendre compte. Liv-ya tu joues vraiment avec le feu. Comme j’adore ça ! Ce jeu entre nous est tellement excitant… Je me calme, tout mon équipage a dû voir cet article et n'a absolument rien soupçonné. Elle me le répète souvent : "L'endroit le plus sûr pour cacher une information capitale, c'est juste sous leur nez... Tu vas vite te rendre compte que les gens ne savent ni regarder, ni analyser des informations, même si celles-ci sont criantes de vérité." On dirait qu'elle a raison. Je me lève et récupère le livret un peu déchiré pour retrouver la photo de son tatouage. Je me pose dans un canapé et contemple sa peau. Elle... elle s'est faite graver à mon nom... Elle a mon prénom à l'encre sur le corps... mes joues se contractent et je souris. Je réfléchis à tous ces moments que nous avons partagé complètement nus ou non. Cette synergie que nous avons, moi qui la domine et elle qui se rebelle pour rendre les choses plus... piquantes. Je vois... les mots tatoués sur son corps sont une énième rebuffade contre mon « autorité », une provocation et ça marche. Jusqu'où es-tu capable d'aller quand tu joues ? Je me souviens m'être dit que je rêvais de la voir porter une trace de mon passage en photo dans un magazine. C'est maintenant chose faite, j’existe de façon indélébile sur son corps. Je me mets à trembler d'excitation. Elle est à moi... Il y a mon nom écrit sur elle... C’est une pensée tellement égoïste mais tellement excitante, elle répond à tous mes fantasmes les plus enfouis et les plus sombres. J'ai envie d'elle là tout de suite. Lui faire l'amour et l'engueuler pour cette folie. Lui demander ce qui lui a pris en lui claquant le cul. De la posséder pleinement de mon corps, qu’elle sente dans sa chair qu’elle n’appartient qu’à moi ! Je veux lui faire mal, lui faire du bien, être le seul maître de ses sensation le temps d’une étreinte. Des images plein la tête et le sexe dur je retourne dans ma chambre, j'ai besoin d'un moment pour moi...
Liv
-... !
Je retombe sur mes oreillers en sueur et satisfaite, le corps complètement détendu. Mes doigts sont humides alors je les essuie sur mes couvertures en poussant un profond soupir de soulagement. C'est toujours pareil... quand je rêve de lui ça me donne systématiquement envie de me toucher. Je tourne la tête vers mon réveil : trois heures trente-six du matin. Il devrait sonner d'ici quelques minutes. Pas la peine de me rendormir, j'ai à faire ce matin.
Je me lève et me dirige vers le placard de ma chambre. Je l'ouvre sur un autre à des milliers de miles d'ici. Je récupère différents vêtements noirs et je m'habille. Je n'ai pas besoin de mon gilet pare-balle, ni de rien d'autre d'ailleurs ce sera une affaire réglée rapidement. J'avance vers mon tiroir à sous-vêtements et l'ouvre sur un autre. J'ai toujours trouvé mon fruit fascinant. Ça fait des années que je teste ses limites. L'exploration est vraiment exaltante. Malheureusement je n'ai plus tellement le temps pour ça... Des souvenirs me reviennent des jours où j'ai commencé à ouvrir des portes vers d'autres portes. Puis je me suis intéressée au simple fait d'ouvrir "des contenants " sans pour autant effectuer un passage. Je me suis mise à ouvrir des placards, des tiroirs, des armoires, des coffres, tout ce que je trouvais. Je n'ai besoin que d'un point d'entrée et un point d'arrivée. Je les touche une fois et je peux les ouvrir l'un vers l'autre à volonté. Ce tiroir, il vient d'une commode chez ma grand-mère j'y range mon fusil. C'est bien plus prudent qu'il soit chez elle quand je ne m'en sers pas. Ce serait une catastrophe si quelqu'un tombait dessus par hasard. Je souris en me rendant compte que mamie s'est occupé de l'entretenir, elle ne peut vraiment pas s'en empêcher. Je récupère mon sac non loin de là et range mon arme démontée dedans.
Plus tard je me retrouve dans la rue, déserte, dans laquelle souffle un vent de tous les diables. Je marche tranquillement une cigarette au bout des lèvres. C'est une mauvaise habitude que j'ai prise ces derniers mois... va savoir pourquoi... en fait si, je sais pourquoi… Il me manque et quand il me manque trop je fume. Je n’ai pas couché avec un autre homme que Law depuis la première fois qu'on s'est vu. C'est devenu impossible, alors je passe mes nerfs autrement, avec la clope.
Je remonte le col de mon manteau, il fait vraiment froid ici... je tourne dans une ruelle et entre dans un hôtel. Il n'y a personne à la réception. Cependant je fais face à une machine, je sélectionne la chambre que je veux puis je lui donne l'argent. L'engin bourdonne un instant et me crache la clef. Ça a parfois du bon de vivre sur North Blue... je monte les escaliers et entre dans la chambre, je récupère une chaise et me dirige directement vers la fenêtre que j'ouvre. Je pose la chaise devant le garde-corps et m'y assois.
En face dans une autre chambre se trouve un pirate. Je le vois qui marche, c'est un homme de la pire espèce. Sa prime est de quatre-vingt-dix million de berrys. Celui-là il est hors de question que j'attende qu'il atteigne les cent millions. C'est une ordure, il mérite de crever sur le champ. C'est un tueur de sang-froid et un kidnappeur d'enfants... Il les arrache à leur famille avant de les tuer. Ça devait être d'honnêtes gens. Ils ont sûrement supplié pour leurs vies.
Lui n'aura pas l'occasion de supplier pour la sienne, il n'aura même pas le temps de comprendre, pas le temps de crier. Il est là et l'instant d'après il n'est plus, sans un cri, sans douleur, sans rien. Il va mourir sans s'en rendre compte. Parfois je me dis que j'aimerais me trouver dans la même pièce qu'eux pour les descendre... Leur tirer une balle dans la tête à bout portant, qu'ils voient de quel visage la mort se pare pour eux. Mais ce serait mal... Baba Kudan me l'a toujours dit. "Tu dois tuer sans colère et sans haine. Si tu devais être mue par une émotion ou une autre tu risquerais de rater ton coup. Et nous on ne rate pas notre coup. Une balle, un mort. C'est la règle."
Je pose ma cigarette sur un guéridon pas loin puis j'assemble sereinement mon arme. Il est à trois-cents mètres à peine, ce sera du gâteau. Le canon est calé sur le garde-corps, je commence à viser. Il n’est pas tout seul dans son lit, il a deux gonzesses avec lui pour s'occuper de son plaisir. C'est un gros porc ruisselant et graisseux. Il me donne la gerbe.
Je n'ai jamais été tout à fait d'accord avec elle, avec ma grand-mère je veux dire. Je ne lui ai jamais dit, c'était mon secret et ça le restera. Je sais qu'elle s'est souvent demandée pourquoi je suis si douée pour tuer, quelle différence il y avait entre moi et les autres. Qu'est-ce qui faisait de moi un sniper d'exception. L'entraînement ? Non. L'intelligence ? Non plus, je suis loin d'être un génie...
En réalité mamie, la différence c'est que contrairement à toi quand je tue...
BAM !!
C'est que ça me tient à cœur.
Un choc brutal dans mon épaule, une vitre brisée puis des hurlements, les deux filles tombent du lit. Elles ont été éclaboussées par le sang. Moi je me redresse un peu et je récupère ma cigarette pour tirer une latte avant de la reposer et de me remettre en position.
Ce qui me différencie des autres... c'est l'amour, la passion peut-être... Je ne saurais pas le définir. Quand je tue quelqu'un je rends ce monde un peu meilleur. Ça me donne un sentiment exaltant de travail accompli.
Comme prévu son second débarque, quelle bande de crétins.
BAM !!
Il s'écroule à son tour, les demoiselles hurlent à s'en écorcher la gorge, terrorisées. Ceux qui entrent ensuite ne sont que menu fretin... mais après tout, n'ont-ils pas participé aux tueries ? N'ont-ils pas violé et détruit des vies eux aussi ? Mon doigt se resserre sur la gâchette. Ce serait si simple... je me reprends et pose mon front contre la crosse froide. Non ! Ils n'ont pas de prime et s'ils n'ont pas de prime les tuer ne me servirait à rien... ce serait des morts gratuits et c'est... la porte ouverte à toutes mes faiblesses. Avoir la capacité de tuer les autres est un sentiment si...euphorisant. Je pourrais sans me tromper comparer ça à une addiction. C'est pour ça qu'il a fallu que je structure ma pensée et que je me mette des limites. Sans ça je deviendrais comme eux... tuer pour tout et pour rien à tour de bras. Je penserais faire justice mais au fond ce ne serait qu'un prétexte pour exercer mon pouvoir de vie ou de mort et me donner au jour le jour une dose.
Mes émotions sont à la fois ma force et ma faiblesse, ce sont elles qui me donnent cette hargne et cette volonté qui font que chaque balle atteint inévitablement sa cible, mais je dois faire attention à ne pas basculer dans la facilité. Il faut respecter la vie pour bien donner la mort. C'est ma philosophie.
Soudain j'en vois deux qui menacent les filles en leurs agitant leurs couteaux sous le nez et en leur hurlant dessus. Je repose ma cigarette et souffle la fumée par le nez.
BAM ! BAM !
Il ne faut pas forcer le destin. J'aime trop tuer, ne me donnez jamais un bon prétexte pour le faire. Jamais.
Law
Je suis dans un café avec Bepo, Pinguin et Sachi. Dehors, le vent souffle à en arracher les toits. Apparemment c'est tout le temps comme ça ici. Ils ont même fait du souffle l'une de leurs principales sources d'énergie je trouve ça fascinant ! Cependant l'ambiance est tendue dans la pièce, pas étonnant avec ce qui s'est passé ces dernières trente-six heures.
- Vous vous rendez compte, quatre morts dans une chambre d'hôtel. Tous une balle en pleine tête et un bateau qui explose dans le port.
- Quelle horreur ! Qui a bien pu faire une chose pareille ?
- C'était la Marine et les morts des pirates, qui sait ce qu'ils auraient pu faire ici.
J'ai besoin de voir le journal, je demande à Sachi de nous en trouver un.
Il ne met pas longtemps à revenir avec, en première page un article et pour l'illustrer la photo d'un bateau en miettes, carbonisé, encore fumant et à moitié coulé. Devant lui se tient un marine que je reconnais tout de suite. Loyd... ça veut dire que c'est l'œuvre du sniper, mais depuis quand fait-il sauter des trucs...
" Dans la nuit de jeudi à vendredi nous avons tous entendu quatre coups de feu puis une explosion une heure plus tard sur le port. Aujourd'hui votre journal vous révèle la vérité sur ces évènements.
Depuis ce moment nous vivons tous dans la peur. Notre petite ville si tranquille a été ébranlée par la terreur mais, qui ? Pourquoi ? Sommes-nous en danger ? Justement non !
Parce qu'un équipage de dangereux pirates a été démantelé par la Marine. Tous les individus ont soit été arrêtés ou sont tombés sous les balles du lieutenant Loyd. Le lieutenant Loyd qui nous apprend que ce plan mené dans la plus grande discrétion était nécessaire pour l'appréhension de l'équipage au complet. Cette opération coup de poing montre bien que la Marine est redoutable et qu'aucun pirate ne pourra lui échapper. « La première chose à faire était de tuer le capitaine et son second, les deux autres se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment, une heure plus tard on faisait sauter leur bateau, celui-ci était vide. Suite à ça nous n'avons eu qu'à cueillir les derniers membres de l'équipage où qu'ils aient pu se cacher. », nous explique le lieutenant. Ce soir vous pourrez dormir sur vos deux oreilles, nous sommes en sécurité. Pirates vous n'êtes pas les bienvenus"
Et on n'en a rien à foutre.
Je continue ma lecture, ça ne tient pas debout... moi aussi j’étais sur le port, j’avais pris une chambre pour être un peu tranquille et je n’ai vu aucun Marine sur les lieux. Ni avant, ni pendant, ils sont arrivés bien après...
Je regarde les photos des "victimes". Je ne pourrai pas interroger leur capitaine à propos des enfants. C'est vraiment bizarre, il y a trop de morts autour de ce trafic... je pose mon front sur mon poing.
- Le sniper est en train de mener la même enquête que nous... ou s’il ne mène pas l'enquête il descend tous ceux qu'il sait être impliqués.
- Quoi ?!
- C'est évident, depuis un moment une fois sur trois quand j'arrive quelque part la personne que je voulais trouver était soit morte soit portée disparue.
- Mais du coup c'est pas plutôt la Marine qui enquête ?
Je lève les yeux sur Pinguin.
- Non ils en auraient parlé... sauf s'ils sont en train de monter une nouvelle opération coup de poing mais j'en doute. Je vais vous dire ce que je pense, le sniper, on le sait, ne tue que des pourritures. Il se peut qu'il ait eu vent de toute cette histoire et qu'il ne puisse pas rester inactif. La Marine n'était pas sur le port au moment de l'explosion, à mon avis elle n'était même pas au courant.
- Ce serait comme un justicier...
- C'est ça Bepo... mais il semblerait qu'il commence à perdre patience et ce Loyd a dû réparer les pots cassés en faisant passer les agissements du chasseur de prime pour les siens. C'est vraiment louche.
Tu t'es acoquiné d’un individu qui a plus de principes que toi du con...
Sachi m'arrache le journal des mains.
- Qu'est-ce qui te prend ?
- Là regardez ! Miss Valentin est ici ! Yes !
Ils sautent de joie et quittent la table pour aller se renseigner. Mon cœur fait un bond mais en même temps c'est trop gros...
- Tu devrais être content non ?
- Pourquoi ça ?
- Bah ta Olivia, c'est quelqu'un qui travaille avec elle non ? Sur les îles où je t'ai emmené il y avait toujours un concert.
Bepo... je t'en supplie cette info tu dois la garder pour toi. Je me tais en espérant qu'il en fasse autant.
- Tu vas pouvoir voir ta copine capitaine !
Je regarde Pinguin et Sachi qui viennent de revenir à la table.
- Elle travaille bien quelque part autour de Liv Valentine non ? Y a toujours un concert quand tu la vois.
Je ferme hermétiquement la bouche... Comment se fait-il qu'ils n'aient pas encore compris. Liv c'est le diminutif de Olivia... et eux ils ne voient rien. Ils s'imaginent que je sors avec une nana du staff ou quelque chose comme ça... après tout, pour eux Liv est une sorte de légende vivante, un être inatteignable par de simples mortels comme nous. Et pourtant je partage certaines de ses nuits... bref elle est ici. Il y a quelque chose qui cloche, un secret... partout où je vais il y a ce trio Loyd, Liv, sniper. J'ai fini par apprendre que ce gars était responsable de la sécurité de Liv-ya. Et que le cuirassé sur lequel elle se déplace est sous son commandement. Il y a beaucoup de monde sur ce bateau et l'une de ces personnes est le sniper. J'ai des flashs de Liv au stand de tir dans la tête... Non ça ne peut pas être elle, elle n'a pas besoin de ça, elle est déjà riche non ? Sauf que d'après ce qui s'est passé cette nuit-là, l'argent n'est pas la seule motivation de notre individu.
La journée passe et je me rends sur l'autre port de l'autre côté de l'île, celui-ci a été privatisé pour accueillir le bateau de la célébrité Liv Valentine. À l'aide d'une Room je passe toutes les "sécurités" pour me retrouver le plus près possible. Le vent souffle vraiment fort. Il n'y a personne dehors. J'attends, au bout d'un certain temps, je vois le lieutenant Loyd qui sort du navire avec un air plutôt nerveux. Je décide de le suivre. Il entre dans un bar, prend un verre et traverse la pièce pour trouver où s'assoir. Tout le monde le salue et lui tape dans le dos, le félicitant pour son coup de filet. Il s’attable dans le fond et sirote sa bière en regardant régulièrement l'heure. Au bout d'un moment il se lève, je me dis qu'il va aux toilettes mais il ne revient pas. Une nouvelle room m'indique qu'il se trouve dans la ruelle derrière. Je décide de me positionner sur le toit, j'y accède à l'aide de mon pouvoir. Il reste seul un instant puis quelqu'un arrive dans la ruelle.
- Te voilà toi ! On te cherche partout !
L'autre personne ne parle pas assez fort pour que je l'entende.
- Qu'est-ce qui t'as pris !? T’as foutu une belle merde ! J'ai dû vraiment baratiner pour que mon histoire soit crédible.
Une pause, j'imagine que l'autre personne parle.
- On avait dit le capitaine, et toi tu descends le second, deux autres gars puis tu vas tranquillement faire sauter leur bateau.
Je suis tellement curieux de savoir à quoi ressemble le chasseur de prime. Tout ce que je vois de là où je suis c'est une silhouette dans un imperméable noir, une écharpe et un bonnet.
Je l'entends, il parle plus fort il... elle... cette voix, cette façon de parler, ce nom ! Je les ai déjà entendus, où ? Quand ? Mon cerveau tourne à plein régime, soudain ça me revient.
"Ha ! Bonjour Loyd, je pense pouvoir m'en occuper, mais là tout de suite j’ai pas trop le temps, je te rappelle pour prendre les infos."
Je rassemble mes souvenirs du jour où je l'ai vue, je me souviens d'une mèche blonde, il mesurait une tête de moins que moi... et... je dois me rendre à l'évidence. Je pose mon front par terre, tout mon corps me fait mal. Ma gorge se serre et ma respiration se bloque. Je subis un gros stress.
Mais que je suis con ! Ça fait des lustres que je sais que c'est elle, depuis que je l'ai vue tirer pour la peluche en fait, c'est à partir de ce jour-là que les cauchemars la concernant ont commencé. C'était évident et moi je détournais les yeux parce que je voulais... je voulais la voir, tant que je ne savais pas je pouvais continuer à me voiler la face et profiter de nos moments à deux. Malgré tous mes soupçons et toutes les alarmes qui s'étaient allumées dans ma tête j'ai juste fait comme si ne rien était. J'ai tellement mal. J'ai l'impression d'être de ces personnes qui savent depuis longtemps que leur moitié les trompe avec un ou une autre mais qui se fracassent tout de même le jour où la preuve en est faite. Elle me ment, je l'ai toujours su... enfin non elle ne ment pas... elle a omis le plus important. Elle m'a donné du grain à moudre, des vérités sur elle et son passé, je suis certain que chaque mot qui a franchit ses lèvres était vrai. Je me relève d'un bond et décide de partir. Il faut que je la voie, ce sera la dernière fois mais j'ai besoin qu'elle me dise la vérité elle-même. Je veux entendre ses mots de sa bouche. Je me sens bouillonnant de rage et de tristesse, tout mon sang froid s'en est allé. Mais je veux pas l'aborder dans cet état d'esprit. Je veux lui faire mal, qu'elle souffre comme je souffre. J'ai besoin d'un plan.
Liv
J'arrive dans la ruelle où Loyd m'attend déjà.
- Oui désolée, j'avais besoin de réfléchir.
- Qu'est-ce qui t'as pris !? T’as foutu une belle merde ! J'ai dû vraiment baratiner pour que mon histoire soit crédible.
- Ces gars-là c'était tous des fumiers, je pouvais pas m'occuper que d'un seul d'entre eux...
‐ On avait dit le capitaine et toi tu descends le second, deux autres gars puis tu vas tranquillement faire sauter leur bateau
- Le second avait également une prime donc je n'ai fait que mon travail, un petit extra. Quant aux deux autres ils ont menacé les jeunes filles qui étaient dans la chambre alors je les ai descendus aussi. Ensuite... ensuite j'ai compris que je ne pouvais pas laisser tous ces enfoirés dans la nature, mais je ne pouvais pas tous les tuer hein... pas vrai ? Tu aurais été dans de sales draps, il aurait fallu que tu assumes tous ces morts... J'aurais pu, mais finalement je me suis contentée de monter sur leur bateau, de jeter les gardes par-dessus bord, bizarrement ils ne sont jamais revenus, et de fabriquer sur place un petit cocktail explosif. KABOOM ! J'adore les trucs qui explosent.
C'est vrai que j'adore ça. Avec Baba Kudan c'était un de nos "jeux" préférés... elle m'a tout appris... faire péter des trucs est extrêmement libérateur et fascinant.
- Évidemment tous ces crétins de pirates seuls, privés de leur "cerveau" malade et de leur maison, se sont mis à galoper dans tous les sens et vous n'avez eu qu'à tendre la main.
- Tu n'avais pas le droit de faire ça !
- Le droit ? Laisse-moi rire Loyd, tu n'es personne... tu ne peux pas m'empêcher de faire quoi que ce soit. Je ne suis pas dans la Marine. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi. Je ne suis soumise à aucune règle.
- C'est pas ce que dit ton nouveau tatouage.
- Tu ne sais pas ce que veut dire mon tatouage… Rooooh ça va, tout est bien qui finit bien non ? Tu as arrêté un équipage ! Si ça ça ne te fait pas prendre du galon je ne sais pas ce qui leur faut...
Je lui souris magnifiquement avant de m'adosser contre un mur et de m'allumer une cigarette. L'ambiance se détend un peu.
- C'est pas mauvais pour ta voix ça ? Depuis quand tu fumes ?
- T'occupe. Tu as mon argent ? J'en ai vraiment besoin.
- Tu ne m'as jamais dit pourquoi tu devais rassembler autant de thunes.
- C'est parce que ça ne te regarde pas...
Il me tend une grosse liasse de billets. Je ne les compte pas. Il a toujours été réglo sur ce point.
- Bien ! Sur-ce mon ami, je vais te laisser et retourner au navire. J'ai pas mal de choses à faire.
Le trajet du retour se fait tranquillement, mon coupe-vent claque à n'en plus finir et de grandes rafales me poussent dans le dos. D'après les habitants d’ici, le vent ne s'arrête jamais de souffler. Le temps y est tellement changeant qu'ils ont développé des vêtements tout en un très ingénieux. Je passe devant le "barrage" deux marines assis sur des chaises.
- Qui va là ?! On ne passe pas !
- C'est moi...
- Oh pardon Miss Valentine mais avec ces vêtements je ne vous ai pas reconnue.
- Il n’y a pas de souci, j'espère que vous n'allez pas attraper froid. Je vais demander aux cuisines qu'on vous envoie quelque chose de chaud.
- Merci mademoiselle, vous êtes un ange.
Je les gratifie tous deux de mon sourire le plus rayonnant. Qu'ils sont bêtes... ils me voient rentrer mais ils ne se demandent même pas comment je suis sortie sans passer devant eux. Enfin bref... une fois sur le bateau tout le monde me salue. Je réponds "oui bonjour" avec un grand sourire et en faisant un léger signe de la main. Ici je suis la gentillesse incarnée, serviable, attentionnée et polie. Je me dirige aux cuisines et demande à ce qu'on apporte du thé ou de la soupe aux gars dehors. Puis je déambule un peu, je connais ce rafiot comme ma poche. J'ai accès à cinquante-pourcent, j'ai visité trente-pourcent par moi-même alors que je n'y étais pas autorisée et les vingt-pourcent restants ce sont des zones auxquelles je n'ai pas du tout accès, il me faudrait des clefs.
Il se passe ainsi une journée. Le soir suivant alors que je retourne dans ma chambre je vois quelque chose sur mon lit, une enveloppe, j’y reconnais immédiatement l'écriture de Law. Nous nous sommes échangés un certain nombre de mots depuis huit mois... je me jette sur mon lit et attrape la lettre. Je me couche sur le dos et la pose sur mes lèvres.
- Law...
Finalement je me décide à l'ouvrir et à la... déchiffrer. Il écrit vraiment comme un pied.
" Le 09/05
Salut Olivia,
Nous voici à nouveau réunis par le destin. J’ai tellement hâte de te voir. J'espère que cette lettre aura trouvé son chemin jusqu'à toi. J'aimerais t'inviter cette fois, ce ne sera pas le grand luxe mais ça me ferait plaisir. Retrouve-moi au café "Les grands vents" à l'heure habituelle, il reste ouvert toute la nuit. Je t'y attendrai.
Je t'embrasse "
Mon cœur est tellement plein de joie qu'il pourrait exploser. Le concert n'aura pas lieu avant plusieurs jours, c'est souvent compliqué de le voir avant mais je me débrouillerai. Je suis si heureuse !