Je t'attendais
Après l'effondrement du mur, le Rat s'en alla vers le quartier ouest.
« Nezumi ... » souffla Shion.
L’interpellé se retourna, revient alors sur ses pas et embrassa le blandinet.
« Tu t'en sortiras. » fit-il en souriant pour ensuite repartir, sans un mot, laissant son ami derrière lui.
Shion se toucha les lèvres, cette fois ci, c'était bel et bien un baiser d'adieu. Il commença à se remémorer tout ce qu'ils avaient vécu ensemble dans les bidonvilles, mais aussi à Cravat, Hamlet, Tsukiyo, Inukashi et à Rikiga.
« Tu es assez séduisant comme ça. » cette phrase, elle refit surface dans son esprit. Pourquoi Nezumi lui avait-il dit une chose pareille, surtout en parlant de cette cicatrice qui parcourait son corps, tel un serpent.
C'est alors que des aboiements le sorti de ses pensées et vit le chien à qui il avait confié le bambin plus tôt dans la journée.
« Tu ... Tu as sauvé le bébé. Et Hamlet aussi, merci. » fit le garçon au canidé.
« Shion ? C'est bien toi ? Shiooooon ! » s'écria une voix féminine accourant vers lui.
« Maman ?! MAMAN ! » s'exclama le protagoniste.
« Mon chéri, est-ce que tu vas bien ? Qu'est-ce qu'il est arrivé à tes cheveux ?! Et à qui est cet enfant ? » s'étonna Karan en voyant le petit être dans les bras de son fils.
« C'est un peu long à expliquer, je te raconterais ça plus tard mais oui, je vais bien. J'ai sauvé ce bébé tout à l'heure pendant l'attaque, sa mère est décédée en voulant le protéger ... »
« La pauvre, tu es toujours aussi adorable. Mais dis-moi, où est Nezumi ? Je voudrais le remercier pour tout ce qu'il a fait. » demanda la femme.
« Il ... Il est parti. Il n'a pas voulu rester. » répondit froidement le garçon.
« Oh, je vois. Et si nous rentrions à la maison ? Ce petit bout doit avoir faim, et toi aussi je suppose. Je te ferais plein de tartes comme tu les aimes ! Cela fait si longtemps ... » fit la mère, en entendant le bébé commencé à pleurer.
« Oui, bonne idée ... » répondit Shion, le regard légèrement triste.
Karan pris le môme des bras du blandinet pour essayer de le calmer et, accompagnée du chien d'Inukashi, se dirigea jusqu'à la boulangerie.
Shion regarda l'horizon, espérant voir Nezumi revenir vers lui, mais il n'en fut rien. Depuis son départ, il se sentait terriblement seul. Il souffrait, comme si un trou béant était apparu dans sa poitrine après leur baiser d'au revoir. Malgré le fait qu'il avait retrouvé sa mère et qu'il devait maintenant s'occuper du bambin, il savait que plus rien n'allait être pareil sans lui à ses côtés.
« Dis, Shion, comment comptes-tu appeler l'enfant ? C'est un garçon, tu as déjà une idée ? » questionna la femme.
« ... Eve. » lui répondit-il, les yeux emplis de tristesse.
Les jours passaient et se ressemblaient pour Shion. Entre aider sa mère à la boulangerie et s'occuper de l'enfant, ses seuls passe-temps étaient d'arpenter les rues du quartier ouest et d'assister à plusieurs pièces de théâtre en espérant retrouver Nezumi, mais sans grand succès.
Il se rendait aussi de temps à autre chez Inukashi afin de lui prêter main forte lors du nettoyage des chiens et chez Rikiga, mais aucun d'eux n'eut des nouvelles du Rat après la destruction de la ville parfaite, au grand désarroi du blandinet.
Shion commençait sérieusement à déprimer, même s'il faisait mine que tout allait bien auprès de sa génitrice, celle-ci n'était pas dupe et savait que quelque chose n'allait pas.
Il ne pouvait s'empêcher de penser à son ami, il lui manquait terriblement, aussi bien son regard gris, ses longs cheveux bleu nuit, son corps fin mais musclé, sa voix quand il chantait ... L'albinos sentit son nez lui piquer et des larmes coulèrent le long de ses joues. Il se sentait pathétique.
Il décida donc de se coucher tôt. Il mit alors Eve dormir à côté de lui et s'endormit à son tour.
« Kaze wa tamashii wo sarai, Hito wa kokoro wo ubau, Daichi yo... Amekaze yo... Ten yo... Hikari yo... »
Le garçon ne savait pas s'il entendait cette chanson dans son rêve et si elle provenait de dehors.
« Koko ni subete wo todomete, Koko ni subete wo todome, Koko de ikite. »
Non, cette voix, elle était bien réelle ! Shion se réveilla en sursaut et accouru jusqu'à la fenêtre. Mais tout ce qu'il vit n'était qu'une rue déserte, éclairée par la pleine lune. Pas de Nezumi, personne. Ni même un rat pouvant indiquer sa présence. Et pourtant, il sentit quelqu'un qui l'épiait et ce, depuis quelques jours déjà.
Il continua alors cette chanson apprise par coeur : « Tamashii yo... Kokoro yo... Ai yo... Omoi yo, Koko ni kaeri, koko ni todomatte.»
Et se mit à pleurer, comme jamais il ne l'avait encore fait auparavant. Hamlet, alerté par le bruit, vint auprès de lui, tentant du mieux qu'il pouvait pour le consoler.
« Tout ce qu'il me reste de lui à présent, c'est toi. Merci d'être là ... » fit Shion au petit rongeur.
Eve se mit à gazouiller, le garçon sécha ses larmes et le prit dans ses bras pour le bercer.
« Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. Rendors toi, maintenant, il ne faudrait pas que tu réveilles maman ♥ » chuchota l'adolescent.
Shion, s'assoupit rapidement, le petit être toujours posé contre son torse.
Alors que la fenêtre était toujours ouverte, quelqu'un pénétra dans la pièce et commença à chanter afin de calmer le bébé qui ne trouvait toujours pas le sommeil.
« Kaze wa tamashii wo sarai, Hito wa kokoro wo ubau, Sore de mo, koko ni todomari utai tsuzukeru. »