Red Memories / Tome 2 : Tigre, tigre...

Patrick continuait de fixer la poupée sur le sol, une expression d'horreur sur son visage. Il recula mais se heurta à la commode, et se rattrapa sur le mur voisin. Son souffle devenait haletant, il transpirait, il se passa une main dans ses cheveux blonds et souffla un grand coup en tentant de réfléchir... Qu'est-ce que cela signifiait ?... Est-ce que John le Rouge l'avait précédé ? Cela était possible, mais alors, il aurait prévu de tuer Cowls depuis peut-être des années... Après tout, il devait sûrement observer en silence tout ce petit monde depuis bien longtemps, son plan diabolique avait mûri de jour en jour... Était-il impliqué dans la disparition de Gibbs ? John le Rouge était un peu le Moriarty du vingt-et-unième siècle, agissant dans l'ombre d'intermédiaire sans jamais laisser de trace, ou d'indices, il était capable de tout. James Roth était un homme de main, tout comme Kristina, mais contrairement à eux, John le Rouge était bien vivant, et plus fort que jamais. Patrick s'assit par terre, il prit sa tête entre ses mains : s'il avait montré ce papier à Daniel, sept ans auparavant, ils auraient sans doute arrêté John Le Rouge, Gibbs serait encore là, et Cowls ne serait pas mort. Tout était de sa faute... Et si c'était la taupe de John le Rouge qui était venu déposer cette poupée ? Il ou elle avait dû le précéder de quelques minutes, mais comment ? Patrick attrapa son stylo et commença à écrire, il fit une liste de toutes les personnes qui pouvaient potentiellement être la main de son pire ennemi. Il nota cinq noms : John Royces, Leopold Stettler, Lawrence Dimmick; les deux autres noms furent plus durs à écrire, mais il ne voulait pas les exclure, quitte à se tromper : Evannah Pyne et Leon Vance. Evannah n'était pas là depuis très longtemps, elle avait eu une relation avec Cowls, il aurait pu lui donner des informations. Le Directeur Vance était le seul à être au courant du faux renvoi de Patrick, et il l'avait conduit jusqu'à la lisière de la forêt, il faisait partie de ses suspects potentiels. Patrick se releva et rangea le stylo dans sa poche, tout en se rapprochant de la poupée. Il l'observa sous toutes les coutures, elle n'était pas qu'un simple avertissement, il devait y avoir autre chose... Plus il regardait cette poupée, plus elle lui rappelait quelqu'un... Cette robe bleue, la même que celle qu'il avait offert à Daniel sept ans plus tôt, ce chapeau beige, le même que celui que portait Daniel pendant leurs vacances, et ces cheveux noirs... Cette poupée était... Daniel ? Il vit un morceau blanc dépasser de sa robe, il le tira et trouva un mot, en lettres noires, semblables à celui qui avait été déposé sur son lit d'hôpital :
 

Le Directeur avait renvoyé Cho au Ncis, afin de trouver d'éventuels indices pour identifier le tireur. Cho, suivant son instinct, était monté sur le toit du bâtiment où il avait aperçu cette lueur. Il la revoyait très bien, il entendait le coup de feu, il voyait le sang de Daniel... Il s'en voulait de ne pas avoir réagi plus tôt. Evannah était restée auprès de Daniel, prête à le prévenir dès qu'il y aurait des nouvelles, bonnes ou mauvaises. De son emplacement, Cho avait une vue imprenable sur l'entrée du QG du Ncis, il se mit à genoux et chercha des traces d'un éventuel passage.
- Il devait être là, lança une voix à côté de lui.
Se croyant seul, Cho sursauta, et découvrit John Royces debout à sa gauche.
- Qu'est-ce que tu fais là ? grogna Cho.
- Le Directeur m'a dit de t'aider.
- Pas besoin.
Cho se releva et alla vers Royces, celui-ci ne bougea pas. Kimball n'éprouvait aucune sympathie pour lui, et elle ne risquait pas de s'arranger avec les récents évènements.
- Écoutes, commença Royces, je sais que c'est dur pour vous en ce moment, mais je suis de votre côté...
- Où étais-tu quand Daniel s'est fait tirer dessus ?
- A mon bureau. Pourquoi... tu me suspectes ?
Cho l'empoigna par sa veste de costume avec une force qui fit basculer Royces en arrière, il se raccrocha aux manches de Cho.
- Mais ! T'es complètement malade ! Arrête !
- Si c'est toi la taupe de John le Rouge, si tu as tué mon ami et blesser mon patron, je te jure que je te tue.
Il le reposa à terre. Royces resta sous le choc, mais Cho semblait libérer d'un poids, et regarda les traces au sol, ainsi que sur le bord du bâtiment.
- Vu les traces, le tireur n'est pas resté longtemps.
Le coeur battant, Royces lui répondit :
- Tu crois ?...
- Oui, il ne s'est pas installé pendant des heures, je pense qu'il a dû rester quelques minutes... Le temps de monter son fusil, et de tirer. Daniel est un sniper, je l'ai vu démonter et remonter des armes à une vitesse impressionnante... Pour quelqu'un comme elle, c'est un jeux d'enfant.
- Tu veux dire que le tireur serait entrainé au combat ?
- Peut-être. Mais je pense surtout qu'il devait surveiller Daniel depuis un endroit caché, quand il l'a vu descendre, il s'est mis en place... Ce n'était pas un tir au hasard, c'était bien elle qui était visée.