Red Memories / Tome 2 : Tigre, tigre...
- Au moins il n'a rien de grave, lança l'agent Pyne.
Sa voix brisa le silence qui tournait autour des trois agents, assis à une table ronde de la cafétéria de l'hôpital. Cowls avala une autre gorgée de son café, puis il reposa son gobelet devant lui.
- J'espère que..., commença-t-il, cherchant ses mots. Que.... Personne d'autres n'aura d'ennuis avec ce tueur...
- Malheureusement c'est possible, coupa Cho d'une voix grave.
Ses yeux étaient rivés sur son gobelet de café, alors que Pyne et Cowls le dévisageaient, incrédules. Mais Cho ne semblait rien vouloir ajouter, restant cloitré dans ses pensées.
- Tu peux développer ? demanda Cowls.
- Il y a quelques années, quand je travaillais encore au CBI avec Jane, John le Rouge avait une complice à l'intérieur du bâtiment, et elle a tué toute une équipe de très bons agents, juste pour que Jane reprenne le dossier. Quelques temps après c'est un agent du FBI, en réalité une taupe de John le Rouge, qui a failli tuer trois agents. Aujourd'hui, nous n'avons rien qui garantisse notre sécurité.
Ces déclarations jetèrent un froid entre les trois personnes. Ils avaient tous étudiés le dossier John le Rouge pour les besoins de l'enquête, mais celle-ci commençait à prendre des airs de film d'horreur. Ils ne s'étaient jamais sentis aussi vulnérables, et c'était bien ça qui leur faisait peur.
- Mais..., continua Pyne, si le Directeur accepte de mettre d'autres agents, l'affaire avancera plus vite et on pourra peut-être éviter qu'une telle situation se reproduise ?
- Peut-être..., dit Cho. Ou peut-être pas.
Les deux jeunes agents se lancèrent un regard angoissé. Cowls préféra changer de sujet :
- Cho, tu es l'agent le plus ancien de nous trois ?
- C'est vrai.
- Tu pourrais nous en dire plus sur cette histoire de Mexique ? Le boss a l'air très perturbée par ça aussi.
Cho soupira, il leva les yeux vers son collègue :
- Je sais pas trop. Tout ce que j'ai compris, c'est qu'une mission au Mexique s'était très mal passée. Ils ne sont pas tous rentrés, certains ont démissionné et le Directeur a dû mettre sur pied une nouvelle équipe.
Contrairement à ce que pensait le jeune agent, cela n'allait pas faire remonter leur moral... Alors que celui-ci atteignait leurs chaussettes, ils virent passer une fusée aux cheveux noirs juste devant eux. Ils tournèrent tous la tête dans sa direction puis se regardèrent :
- C'était pas le patron ? demanda Pyne.
- J'crois bien, répondit Cho. Hey patron !
Daniel se retourna brusquement, manquant tuer un infirmier dans sa manoeuvre, puis elle marcha rapidement vers ses agents. Ils la virent toute pâle, le souffle court, ils envisagèrent le pire pour Patrick.
- Il est arrivé quelque chose ? s'inquiéta Cowls.
- Patrick va bien ? questionna Pyne.
- J'ai trouvé ça, dit Daniel en tentant le papier à Cho. C'était sous la main de Patrick, je pense que quelqu'un est venu quand je m'étais assoupie.
Cho déplia le papier, il eût une expression d'angoisse en découvrant les deux mots. Cowls et Pyne jetèrent un oeil :
- "Tigre, tigre" , répéta Cowls. Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je ne sais pas, avoua Daniel.
- C'est une poésie, commença Cho, de Wiliam Blake. John le Rouge en a récité quelques vers à Patrick quand il l'avait pris en otage, il y a huit ans à peu près. C'est un message, ça veut dire que c'est John le Rouge qui est venu.
Les deux agents pâlirent comme des linges, la terreur se lisait au fond de leurs yeux écarquillés. Daniel n'était pas plus rassurée, elle était même terrifiée, son coeur n'avait jamais battu aussi vite, mais elle garda son sang-froid, tentant de rassurer ses troupes :
- O... Okay, okay, tout le monde se calme, pas de panique. Cowls, Pyne, vous prenez le papier, retournez au QG et demandez à Abby de l'analyser. Cho il faudrait que tu ailles voir les infirmiers, il y en a bien un qui a dû passer dans la chambre, ou même demande s'ils n'ont pas vu quelqu'un d'étranger à l'hôpital s'introduire dans cette chambre. Je retourne avec Patrick.
Sur la route entre Bethesda et le QG du Ncis - 22h30
Les deux jeunes agents Cowls et Pyne avaient pris la route dans leur voiture noire, le précieux papier en poche. Un silence pesant planait, encore une fois, l'atmosphère était plutôt tendue, ils n'osaient pas se regarder.
- Sale affaire, hein ? marmonna Pyne.
Cowls, qui conduisait, mit un peu de temps à réagir :
- Euh oui, oui...
Le silence retomba. La jeune femme regarda par sa vitre l'agitation de la ville au milieu de l'obscurité. Elle repensa à ce qu'il était arrivé à Patrick, et l'idée seule que le tueur puisse être n'importe où lui glaça les os.
- Ça me fait peur tout ça, James... Tu sais, c'était Patrick mais ça aurait pu être toi... J'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose.
- Moi non plus, souffla-t-il, j'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose.
- C'est bête, mais ça me fait repenser à tout ce qu'on a vécu et...
- Evannah, coupa-t-il, c'est toi qui a voulu arrêter je te rappelle.
Elle baissa la tête vers ses pieds.
- Oui, c'est moi... Parce que je pensais ne pas pouvoir tenir alors qu'on travaillait ensemble. C'est pas un travail où on peut se permettre de sortir avec un collègue.
- Daniel et Patrick s'en...
- Regarde dans quel état elle est. Son jugement, ses décisions peuvent être affectées par son amour pour lui. Et dans ce métier, ça peut nous mettre en danger. Imagine qu'elle fasse le mauvais choix pour le sauver.
- Elle ne ferait jamais ça. Je pense plutôt qu'elle éviterait de nous en parler, pour justement ne pas nous mettre en danger.
- Moi je n'en suis pas capable... C'est pour ça que j'ai préféré qu'on arrête... Ça n'a pas été une décision facile à prendre, crois-moi, et je la regrette tous les jours.
Cowls était un peu perdu, ces paroles faisaient remonter des souvenirs, des sentiments, mais il devait en même temps garder un oeil sur la route avant que... Un grand bruit se fit entendre, leur voiture fut violemment percutée par la gauche, Pyne poussa un cri de surprise alors que Cowls venait de se cogner méchamment le front sur le pare-brise. Quand la voiture fut immobilisée, la jeune femme regarda autour d'elle, son coéquipier qui se tenait le front en essayant de recouvrir sur les esprits, elle constata également qu'elle était coincée, la voiture qui les avait bousculé bloquait sa portière, elle n'avait pas d'issue. Alors qu'elle venait de réaliser cela, elle vit la portière de la voiture s'ouvrir, la silhouette d'un homme descendre et s'avancer vers elle.