De l'autre côté du miroir (partie 2)

Chapitre 1 : Problèmes juridiques

Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/08/2010 11:45

Mardi 29 janvier 2007, 18h, maison de Gibbs

Cela faisait presque 10 jours maintenant que l’équipe était rentrée de son séjour en montagne. Toute l’équipe avait repris le travail excepté Gibbs qui avait encore une semaine de congés à passer en compagnie de sa fille, compagnie qu’il appréciait de plus en plus. En effet, même si Nora était toujours aussi muette qu’avant sur son passé, elle était le portrait craché de son père. Ils n’avaient pas forcément besoin de mots pour se comprendre, un simple regard leur suffisait. Pour la première fois depuis longtemps, Gibbs riait et s’amusait avec Nora, tel un adolescent. Il était fier de pouvoir lui apprendre des tas de choses et il était fier de pouvoir remplir son rôle de père qui lui manquait tant. La profonde blessure de la perte de Shannon et Kelly était toujours là mais la présence de Nora l’aidait à guérir, chose qu’il n’avait jamais réussi à faire auparavant, même s’il l’avait toujours caché. Lui et Nora n’avait toujours pas parlé explicitement ou implicitement du lien de parenté qui les unissait mais Gibbs voulait laisser faire les choses. Peut-être qu’ils n’en parleraient jamais mais ce n’était pas ça qui lui importait, il avait retrouvé ce qu’il cherchait depuis des années et c’est tout ce qui comptait à ses yeux. Aujourd’hui, ils avaient décidé de travailler sur le bateau. Ils étaient allés la veille chercher des planches, Gibbs lui avait ainsi montré comment bien les choisir. Le matin, ils avaient posé les premières planches sur le squelette du bateau et maintenant, en cette fin d’après-midi particulièrement pluvieuse, Gibbs rabotait et Nora ponçait par-dessus. Le bateau avait nettement bien avancé.

« - Crois-moi à ce rythme là, on va vite le mettre à l’eau.

- Gibbs, une fois qu’il sera à l’eau, tu en feras quoi ? demanda-t-elle tout en ponçant.

- Comment ça j’en ferais quoi ?

- Bah, une fois qu’il sera à l’eau, tu vas le laisser au port et en construire un autre ou tu vas sortir en mer avec ?

- Tu es déjà allée au Mexique ? »

La question qu’elle redoutait. Elle sentit tout d’un coup son cœur s’emballer en l’espace d’une fraction de seconde. Elle ne voulait pas lui mentir, elle allait répondre honnêtement à la question quand elle se souvint de  l’appel qu’elle avait reçu au chalet. Elle se résigna à la seule issue qui lui restait.

« - Non, je ne crois pas, mentit-elle avec un naturel qui tua  les moindres soupçons que Gibbs aurait pu avoir.

- On pourrait commencer par ça. »

Nora continuait de poncer, dos à l’escalier. Elle avait de la sciure de bois de partout ce qui fait que le T-shirt kaki des marines n’était plus tout à fait kaki. Gibbs s‘en amusait mais c’est alors qu’il entendit des pas se rapprocher de l’escalier. Il connaissait très bien ces bruits de pas, il s’agissait d’une femme, vu la manière dont elle faisait claquer ses talons ! La personne arriva en haut de l’escalier et commença à descendre. Elle était très bien habillée. Elle portait une longue robe verte très décolletée sublimée de paillettes qui mettait en valeur ses yeux clairs et la rousseur de ses cheveux. «Holà, holà » fit discrètement Gibbs qui savait très bien que Jenny ne venait pas pour une visite de courtoisie. Et à voir sa tête, ce n’était pas une très bonne nouvelle.

« - Dîner à la Maison Blanche ? demanda Gibbs en remarquant la tenue de la jeune femme.

- Un rendez-vous en tête à tête à 20h.

- Ca doit être quelqu’un d’important, commença Nora.

- Pour que tu sortes le grand jeu », finit Gibbs.

Jenny sourit mais quand même à contrecœur, comme si les sarcasmes de Gibbs ne suffisaient pas, il fallait que sa fille ait le même humour que lui !

« - Je préfèrerais que vous me disiez comment vous trouvez ma robe.

- On en sait rien encore », dirent les deux en même temps après s’être regardés comme pour se mettre d’accord.

Nora riait discrètement de la situation. Pauvre Jenny ! Ce n’est pas très gentil quand même. Mais c’est tellement amusant ! Jenny, quant à elle, n’était pas vraiment à l’aise en raison de ce qu’elle allait devoir dire à Gibbs. Il allait y avoir de l’orage et elle le savait, elle connaissait trop Gibbs. Seulement, elle ne voulait pas en parler devant Nora, ce que Gibbs avait très vite compris.

« - Nora, commença Gibbs en la regardant.

- J’ai compris. Je vais me chercher un soda. »

Jenny et Gibbs sourirent, elle était toujours pleine d’humour. Nora monta les escaliers et disparut. Enfin, c’est ce qu’ils croyaient parce que même si elle l’avait pris sur le ton de l’humour, elle redoutait ce que Jenny allait dire. Elle resta donc cachée en haut de l’escalier.

« - Qu’est-ce qui était aussi important pour que tu viennes pendant mes jours de congé ?

- C’est à propos de Nora. J’ai reçu un appel téléphonique dans l’après-midi.

- Et de qui ?

- Des services sociaux. Ils voulaient récupérer Nora et la mettre dans une famille d’accueil.

- Et qu’est-ce que tu leur as dit ?

- Que tu étais son père biologique et que tu désirais la garder. Ils m’ont répondu que de toute façon tu ne pouvais pas la garder comme ça. Il faut qu’elle aille dans une famille d’accueil en attendant qu’une personne choisie par les services sociaux prouve que tu es bien son père, qu’une enquête sur toi soit faite, que le juge donne son accord et que les dossiers soient remplis.

- Combien de temps ?

- 2 mois avec de la chance pour les tests de paternité, 9 mois d’enquête…

- En tout, Jen ! Combien de temps ?

- Au mieux, 15 à 18 mois pour qu’elle soit officiellement Nora Gibbs et que tu ais sa garde exclusive et légale.

- Quoi ! C’est hors de question. Elle ne bouge pas d’ici.

- Jethro ! Tu n’as pas le choix !

- Bien sûr que j’ai le choix ! Elle ne va nulle part. Un point c’est tout !

- Ils viendront la prendre si tu ne leur confies pas volontairement et à ce moment-là tu n’auras aucune chance d’avoir sa garde ni même de la voir avant sa majorité. »

Gibbs se calma un peu. Il était devant un dilemme : soit de confier volontairement sa fille, sa fille à lui, à des inconnus et ne plus la voir pendant plus d’un an ou alors lui réserver une vie de clandestine. Il ne voulait pas qu’elle vive dans la clandestinité et toute l’angoisse que cela représentait, elle était assez angoissée comme ça. Il n’avait qu’une seule solution.

« - Quand est-ce qu’ils doivent venir la chercher ?

- Demain, à 15h juste à côté de la rivière de…

- J’irais jamais ! » s’écria Nora, au bord des larmes.

Gibbs et Jenny sursautèrent presque et se tournèrent vers elle. Ils ne s’étaient pas rendu compte qu’elle écoutait tout.

« - Nora… La situation est plus compliquée que tu ne le penses, dit calmement Jenny.

- C’est pas vrai ! Gibbs…

- Nora écoute…

- Tu m’avais promis Gibbs ! Je te faisais confiance !  s’écria-t-elle en partant en courant et en pleurant.

- Nora, attends ! » dit Gibbs.

Celui-ci se dirigea vers l’escalier en lançant un regard noir à Jenny. C’était sûr, il lui en voulait. Il avait réussi à bâtir une relation de confiance avec elle et Jenny venait de tout gâcher. Nora était déboussolée, tout ce en quoi elle croyait venait de s’effondrer, une nouvelle fois. Elle courut vers la porte et sortit. Il pleuvait des seaux d’eau mais elle s’en moquait complètement. Elle en avait assez d’être trahie par les adultes. Elle croyait que Gibbs était différent mais en fait ce sont tous les mêmes. Comment elle avait pu croire en lui ? Quelle idiote ! Elle courait toujours dans la ruelle, elle avait froid, il devait faire 4° et elle était en T-shirt. C’est là qu’elle se rendit compte qu’elle sentait le pavé sous ses pieds. Et oui, elle était sortie si vite qu’elle n’avait pas pris la peine de mettre des chaussures, elle était dehors, en chaussettes. Il faisait noir et elle ne voyait pas grand-chose. Elle ne voyait pas que les racines des arbres avaient soulevé le trottoir. Elle crocha et se retrouva à terre, mais elle ne se releva pas, elle ne voulait pas. Gibbs la rattrapa à ce moment-là. Il se mit à genou face à elle, la releva et la pris dans ses bras. Elle pleurait toujours.

« - Gibbs, je ne veux pas aller là-bas. Je veux rester ici, avec toi, réussit-elle à dire entre deux sanglots.

- Je sais, moi aussi je veux que tu restes ici.

- Alors pourquoi tu veux m’amener là-bas ?

- Je ne veux pas te faire vivre une vie de clandestine. Je ne peux pas te faire ça. »

Après de longues minutes, ils finirent par rentrer. Jenny était partie à son rendez-vous. Nora alla se coucher après une douche et Gibbs travailla sur son bateau pour se calmer les nerfs qu’il avait à fleur de peau.

 

Mercredi 30 janvier 2007, 14h15, bureaux du NCIS

 

La nouvelle s’était vite répandue. Tout le monde était maintenant au courant et ils étaient tous attristés. Ils avaient intégré Nora à l’équipe, ou plutôt la famille qu’ils constituaient. Ils étaient maintenant tous dans les bureaux du NCIS, dans la grande salle. Plusieurs heures auparavant, Gibbs avait déposé Nora au NCIS parce qu’il avait quelque chose à faire. En réalité, il n’y avait pas grand monde au NCIS ce matin-là, non parce qu’il y avait une enquête en cours mais parce que Gibbs était sorti de son côté, Nora et Ducky du leur et les quatre restant étaient sorti ensemble faire une course. Ils avaient ensuite tous ensemble mangé une pizza. Seulement, l’heure tournait. Les valises de Nora étaient prêtes mais l’heure des adieux était venue. Jenny était descendue par politesse pour se joindre au groupe mais n’était vraiment pas à l’aise. Tout le monde la regardait d’un air plus ou moins accusateur. Gibbs avait le cœur lourd mais se retenait de le montrer devant tout le monde, il essayait du mieux qu’il pouvait de rester neutre. Nora était pareille à elle-même. Elle restait plus ou moins de glace mais elle savait qu’elle allait devoir faire l’effort de montrer toute la tristesse qu’elle ressentait de quitter ses amis. Elle devait le faire pour eux car, malheureusement, elle savait, pour une raison qu’elle seule connaît, qu’elle ne les reverrait peut-être jamais. Elle se trouvait maintenant au centre, toute l’équipe autour d’elle, personne n’osant commencer ce moment des adieux. Nora se lança.

« - Bon, après tout ce n’est que pour une petite année. Vous formez vraiment une équipe géniale, c’est même plus une équipe, c’est presque une famille.

- TU formes avec nous une équipe géniale, rectifia Mc Gee.

- Tu fais partie de cette équipe Nora, continua Ziva.

- Et ça va faire un très grand vide, renchérit Abby.

- Ouais, je vais m’ennuyer moi. Je ne vais plus avoir de Mlle Carotte à embêter, dit Tony.

- Vous allez vraiment me manquer. Pour moi, vous êtes devenus comme mes frères et sœurs et Ducky un peu comme un grand oncle. Ouais, vous allez me manquer.

- Toi aussi tu vas nous manquer Nora. Je crois que tout le monde ici est d’accord pour dire que tu comptes beaucoup pour nous. Mais on sait tous aussi que parfois on oublie combien on comptait pour les gens et on ne veut plus reprendre contact quand trop de temps s’est écoulé parce qu’on pense que ces personnes qu’on a aimées nous ont oubliées. C’est pour ça qu’on a un petit quelque chose pour toi, pour que tu ne fasses pas partie de ces personnes. »

Ducky sortit alors de sa poche un petit écrin. Il l’ouvrit et en sortit un pendentif en argent au bout duquel pendait un cœur plat par dessus lequel s’en trouvait un autre mais qui n’en avait que la forme. Il n’y avait que les contours qui montraient que c’était un cœur. Au centre de ce cœur ouvert pendait une larme en or sur laquelle se trouvaient deux tous petits diamants. Ducky fit signe à Nora de se retourner pour lui mettre le collier. Une fois mis, Nora lut les inscriptions gravées sur le cœur plat : « Il n’y a pas d’au revoir pour nous. Où que tu sois, tu seras toujours dans nos cœurs ». Nora était très touchée, une petite larme discrète était venue perler sur sa joue. Elle remercia alors tout le monde en les prenant dans ses bras et en leur disant à chacun ce qui allait le plus lui manquer dans chacun d’eux. Il ne lui restait maintenant qu’une personne à qui dire au revoir. Gibbs et Tony, bien sûr, mais ils allaient l’accompagner jusqu’au lieu de rendez-vous donc elle le ferait à ce moment-là. Non, la personne qui restait était Jenny qui était restée en retrait du groupe. Nora s’approcha d’elle avec un regard sévère, le regard glacial de Gibbs en fait. Elle se posta alors face à elle en la fixant dans les yeux. Tout d’un coup son regard s’adoucit et elle esquissa un léger sourire. « Tu vas me manquer aussi Jenny, dit Nora en la prenant dans ses bras. Je ne t’en veux pas pour tout ça. » Jenny était soulagée d’entendre ces mots venant de cette douce voix d’enfant. Nora, Gibbs et Tony se dirigèrent alors vers l’ascenseur et disparurent après un dernier signe de la main de la part de Nora.

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