Red Memories / Tome 1 : Tainted Love
- Et puis-je savoir pourquoi ? grogna Minelli.
- C'est vrai ça, lança Lisbon en s'avançant, pourquoi ?
Patrick se tourna vers elle :
- Ah bonjour Lisbon, je ne vous avais pas vu.
- Bon alors, qu'est-ce que c'est que ce nouveau numéro ?
- C'est pas un numéro. Je demande ma démission.
- Mais pourquoi ?
- Parce que j'ai des gens à Washington qui compte sur moi.
- Ah oui, Washington, suggéra Minelli, qu'êtes-vous allé faire là-bas ?
Jane prit une grande inspiration :
- Vous avez la mémoire courte, chef... Vous vous souvenez de mon voyage en Virginie il y a six ans ?
- Euh, oui.
- Bien, bah figurez-vous que j'ai couché avec un agent spécial du NCIS et que je lui ai fait un enfant.
- Mon Dieu !
- Mais non, c'est la nature... Sauf que je n'étais pas au courant jusqu'à ce que Jethro m'appelle pour me dire que Daniel Jones avait été empoisonné.
- La pauvre...
- Oui, merci pour elle, ça va un peu mieux mais elle est dans un sale état.
- Qui est Jethro ?
- Un pote à moi... Donc, voilà la raison de ma démission.
Il y eut un grand silence. Patrick vit dépasser les têtes de Cho, Rigsby et Van Pelt de la porte du bureau. Lisbon restait sur place, attendant nerveusement la décision de Minelli. Jane sortit de la poche de son veston une photo qu'il avait pris dans l'album de Daniel, où elle tenait Shanna encore bébé dans ses bras. Il la mit sous les yeux de son directeur :
- Vous expliquerez vous-même à ma fille que je ne rentrerai pas...
Minelli regarda la photo et se sentit glacé de l'intérieur. Certes, Patrick était un bon élément, même s'il n'approuvait pas toujours ses méthodes. Mais qu'y avait-il de mieux ? Le laisser vivre heureux avec sa famille ou en faire un homme torturé en l'obligeant à rester ?
Maison de Patrick Jane, 13h45.
Patrick s'affairait dans sa chambre, passant et repassant avec des cartons plein les bras devant le smiley de John le Rouge. Il n'avait fait repeindre ce mur, il s'était un peu habitué à la présence de cette chose, même si elle l'inquiétait toujours un peu. Il avait mis en bruit de fond une petite musique aux intonations jazzy qui le faisait chantonner par moment. Patrick descendit l'escalier qui menait à sa chambre pour aller déposer un carton dans l'entrée. Ils commençaient à s'entasser et Jane allait devoir trouver un autre endroit où les mettre, sans ça, il ne sortirait plus de chez lui. Il se pencha mais on sonna à sa porte. Il poussa du bout du pied le tas de cartons et alla ouvrir :
- Lisbon ! Quelle surprise ! Entrez !
La jeune femme entra sans dire un mot et constata le tas de cartons devant elle :
- Vous commencez le rangement ?
- Oui déjà. Si je dois faire des travaux, notamment repeindre ce foutu mur, revendre mes meubles et surtout vendre la maison... Ça va être dur de tout concentrer en deux semaines.
- Rien ne vous empêche de rester plus longtemps.
Patrick baissa les yeux et balaya le plancher. Lisbon comprit qu'elle avait dit une bêtise :
- Je m'excuse, Jane.
- Oh c'est pas grave. Moi aussi, ça me fait bizarre de me dire que j'ai une famille. Mais bon, j'y prends goût. Vous voulez boire quelque chose ?
- Ça dépend, vous avez déjà vidé votre frigo ?
- Pas encore.
- Alors d'accord.
Ils allèrent tous les deux dans la cuisine, qui, elle aussi, était sans dessus dessous, mais il fallait reconnaître que c'était la pièce la plus rangée de la maison. Il ouvrit son frigo et en sortit une bouteille de jus d'orange. Il en versa dans un verre pour Lisbon, et en profita pour se servir également. Il rentra la bouteille. La jeune femme observait la photo sur la porte du réfrigérateur. Il avait accroché avec un aimant la photo de Daniel et Shanna.
- C'est Daniel ?
- Oui. Avec notre fille.
- Elle s'appelle comment ?
- Shanna.
- C'est très joli...
- Oui, c'est vrai. Et ça lui va bien. Elle est tellement mignonne...
Lisbon lui adressa un sourire en coin, plus forcé qu'autre chose.
- Et Daniel ça va ?
- Elle reprend du poil de la bête, après une petite amnésie passagère. Les joies de l'arsenic... Enfin, encore heureux qu'elle ai retrouvé la mémoire.
- Oui, c'est sûr...
Lisbon retourna à son verre de jus. Patrick la dévisageait, comme à son habitude :
- Oh vous... Vous me cachez quelque chose...
- Quoi ?
- Vous êtes triste que je m'en aille.
- C'est pas vrai.
- Si c'est vrai, je le vois à votre tête, on dirait un hamster déconfit.
- Vous voulez vraiment que je vous frappe ?
- Non, ça ira.
Il alla s'adosser au frigo juste à côté d'elle :
- Allez Lisbon, pas de chichis entre nous... Ce n'était pas une visite de courtoisie, avouez-le.
- Oui c'est vrai. Je n'ai pas envie que vous partiez rejoindre une autre femme, parce que je me suis attachée à vous et que rien qu'à l'idée que vous soyez loin de moi j'en suis malade ! Je sais très bien que vous aimez Daniel et Shanna, et que ce que je vous dis ne change rien à l'affaire, mais j'ai... des sentiments pour vous.