Red Memories / Tome 1 : Tainted Love
QG du NCIS, 02h52
La sonnerie de son portable fit sursauter Tony ainsi que toute l'équipe. Ils étaient tellement épuisés qu'ils s'étaient endormis sur leurs bureaux. Il décrocha en marmonnant son nom :
- Gnoui... DiNozzo... Oui, Abby, qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ?! Mais c'est.. c'est pas possible ! On arrive tout de suite !
Ils étaient tous debout devant lui à attendre la nouvelle catastrophique. Tony contourna son bureau en enfilant son manteau :
- Couvrez-vous, on va à Bethesda.
- Pourquoi ? demanda McGee, anxieux. C'est Daniel ? C'est ça, hein ?! Qu'est-ce qu'elle a !
- Elle s'est réveillée, le bleu ! Je vais chercher Ducky et on y va. Gibbs et Shanna sont en route.
Ziva et Timothy s'échangèrent des sourires. Tony descendit à la morgue en quatrième vitesse et tomba nez à nez avec Ducky à la sortie de l'ascenseur, le chapeau vissé sur le crâne, le manteau boutonné jusqu'au menton.
- Ducky, c'est génial ! Daniel...
- ..s'est réveillée, je suis au courant. Gibbs m'a téléphoné, tu penses bien que j'y vais de ce pas !
Ils remontèrent tous les deux et chopèrent au passage Ziva et McGee. Ils prirent tous place à bord d'une voiture et roulèrent jusqu'à l'hôpital de Bethesda remplis d'impatience.
Hôpital de Bethesda, 03h07
Ce fut le débarquement dans le hall de l'hôpital, l'anarchie la plus totale régnait. Ils voulaient tous parler le premier, la discussion tournait à des bruits de basse-cour ! La secrétaire de l'accueil comprit les mots "NCIS", "empoisonnée", "réveillée", "chambre". Une fois qu'elle leur eut donné la chambre de Daniel, ils se précipitèrent aux soins intensifs. Ils reconnurent Gibbs qui se tenait dans l'embrasure d'une porte, Tony chargea dans sa direction. Il s'arrêta pile à la porte et les trois autres s'entassèrent derrière lui. Ils entrèrent dans le calme et la dignité, et trouvèrent Jones, dans un sale état certes, mais réveillée. On lui avait enlevé la respiration artificielle. Mais ce qui les choquèrent le plus, ce fut ses yeux. Là où ils étaient habituellement blancs, ils abordaient une couleur rouge vif. Ils se placèrent en cercle autour du lit, Gibbs debout à côté de la porte, Patrick assit sur une chaise avec Shanna sur ses genoux, Abby près d'eux dans un coin. L'ambiance n'était pas vraiment au beau fixe, ils n'osaient rien dire, de peur de faire une bêtise... Finalement, DiNozzo se risqua :
- Comment tu te sens ?
- Mal, lui répondit-elle d'une voix rauque. Même la morphine me fais pas d'effets... En plus j'suis fatiguée...
- Tu t'es réveillée, c'est déjà bien.
- Ouais, c'est déjà bien... Merci de t'inquiéter, le Bleu.
McGee, Tony et Ziva se regardèrent, s'échangeant des regards interrogateurs.
- Euh, Daniel, moi c'est Tony...
- Ah oui, pardon. Et cette raclure de Williams, vous l'avez coincée ?
McGee prit la parole :
- Daniel, on ne sait pas si c'est elle...
- Mais si c'est elle ! lança Abby. tout l'accuse cette garce !
- Du calme, Abby. On est pas sûrs. On a pas assez de preuves alors... on a été obligé de les relâcher tous les trois.
- Ah ben bravo, gargouilla Jones au fond de son lit. J'peux vraiment pas vous laisser sans que vous fassiez une connerie...
- Là, j'avoue, vous avez pas géré, lâcha Patrick.
Gibbs poussa un soupir qui en disait long sur sa façon de penser. Le silence retomba. Ducky s'avança vers Daniel et lui prit sa main bandée où une perfusion avait été enlevée.
- Je voulais te dire, ma chère, que ton courage m'impressionne.
- J'ai pas de courage...
- Bien sûr que si.
- Non, je veux pas mourrir... Je veux rester pour Shanna... J'peux pas la laisser seule...
- Mais elle n'est pas seule, Patrick est là.
- Ah bon ?
- Mais oui, à côté de toi.
- Elle m'a pris pour Gibbs quand elle s'est réveillée, marmonna Jane.
Jones tourna lentement la tête vers Patrick.
- C'est vrai, excuse-moi... Je sais plus très bien où je suis...
- C'est pas grave.
Le portable de Gibbs sonna. Il alla décrocher à l'extérieur. Il parla deux minutes puis revint dans la chambre :
- McGee, Ziva, Tony, venez, on a un nouveau corps.
Il alla vers Daniel et lui embrassa le front. Puis, il lui murmura quelque chose à l'oreille :
- Reste en vie, c'est un ordre.
- Oui patron...
Elle échangea deux mots avec Ziva, Tony et McGee.
- Tu restes là, Abby ?
- Euh...
Une infirmière entra :
- Bonsoir, je m'excuse mais on n'accepte plus les visites à cette heure.
- On peut quand même rester encore cinq minutes ? grogna Patrick, une envie de meurtre grondant en lui.
- Oui, cinq minutes oui. mais il faut que vous partiez.
Elle disparut dans le couloir. Gibbs aurait bien voulut l'empaler sur son couteau mais bon, ça n'aurait pas était très discret.
- Je pense que la question ne se pose plus, répondit Abby.
- Okay, alors, va au QG tout de suite. Je prends Ducky avec moi et je raccompagne Patrick et Shanna chez Daniel.
- D'accord, j'y vais...
Elle serra la main de Jones dans la sienne et l'embrassa sur la joue :
- Tu meurs pas, hein ! Surtout, tu meurs pas ! On a tous besoin de toi ! Allez, Fight !
- Courage, ma chère, lança Ducky. Ne me rends pas visite tout de suite...
Ils sortirent de la pièce. Patrick se leva et prit Shanna aux bras pour qu'elle embrasse sa mère.
- Ma chérie, murmura Daniel. ça va aller, ne t'en fais pas... Tout va s'arranger...
- T'en va pas, maman...
Daniel passa sa main sur le visage de sa fille qui commençait à pleurer.
- ça va aller, je te dis mon coeur. Fais attention à ton père, surtout...
Patrick reposa son enfant qui alla se coller aux jambes de Gibbs. Jane se tourna vers lui :
- Je pourrais lui parler, pas longtemps ?
- Mais bien sûr. Shanna, viens ma chérie.
Ils sortirent tous les deux de la pièce. Daniel commença à pleurer, Patrick lui caressa la tête.
- Pourquoi tu es revenu ?
- Gibbs me l'a demandé.
- Si tu savais combien de fois j'ai essayé... Jamais je n'ai réussi.
- Mais je suis là maintenant, tout va bien. Tu vas guérir très vite... Allez, courage tout va s'arranger.
- Non. Je vais mourir.
- Dis pas ça ! Il faut que tu vives, Daniel ! J'espère te retrouver depuis cinq ans, tu ne vas pas me laisser maintenant ! Fais-le pour Shanna, s'il te plaît. Fais-le pour moi. Je n'ai rien oublié de ce que nous avons vécu et quand j'ai su qu'on t'avait empoisonnée, j'ai réalisé que tu comptais encore pour moi. Je t'aime, ne me laisse pas... Je veux vivre avec toi, avec Shanna, je veux avoir une famille et je veux que tu en fasses parti. On peut même partir en Alaska si tu veux.
- T'es pas dingue ? En cette saison ? Tu sais toute la neige qu'y a là-bas ?
Ils s'échangèrent un sourire.
- C'est vrai tout ce que tu m'as dit, Patrick ?
- Evidemment que c'est vrai...
- Tu sais, il y a une chose que je ne t'ai jamais dite.
- C'est quoi ?
- Demain matin, tu devrais prendre de l'argent sur mon compte. Tu trouveras tout ce qu'il faut à la maison dans mon armoire. Envoie cet argent à mon père s'il te plaît. Tu demanderas l'adresse à Abby mais je suppose qu'elle n'a pas dû changer en 27 ans... Tu le feras hein ?
- Combien veux-tu que je retire ?
- Tu n'as qu'à prendre sur mon dernier salaire... Je pense que 25 000 ça devrait lui aller. Tu sais, il est musher, il gagne pas tellement... J'aurais tellement voulut le revoir, mais bon.
- D'accord, je le ferais et je repasse te voir après.
- Si tu veux...
Patrick la prit contre lui avec précaution. En quelques secondes, elle retrouva tout un tas de sensations qui sommeillaient en elle. Daniel ne put s'empêcher de l'embrasser, l'envie était trop forte, et après tout, qui cela pouvait-il déranger ? A la fin de cette étreinte, leurs mains se séparèrent au ralenti. Daniel regarda Patrick disparaître peu à peu, le coeur serré, tandis qu'une infirmière fermait la porte de sa chambre.
Jane rejoignit Gibbs, Ducky et Shanna dans le hall. Ils montèrent tous en voiture, Gibbs conduisait, Shanna et Ducky étaient à l'arrière, Patrick était devant avec le patron. Ils avaient vingt minutes pour arriver à l'appartement de Daniel. Personne ne parlait. Jane se passa les mains sur le visage :
- Mais quel con je fais... mais quel con...
- Pardon ? questionna Gibbs.
- Je me suis comporté comme le dernier des abrutis avec elle. Il y a cinq ans, si j'ai couché avec elle, c'était simplement pour avoir des informations sur l'enquête, sur John le Rouge. Et puis, quand elle m'a sauvé la vie, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de lui crier dessus.
- J'espère que vous plaisantez...
- Non, pas du tout. J'ai réalisé trop tard qu'elle tenait autant à moi. J'ai essayé de retoucher mes erreurs.
- Daniel s'attache beaucoup aux gens et même, c'est humain de s'attacher à quelqu'un avec qui on couche.
- Je sais, je sais... J'suis vraiment pas fier de moi...
Un silence pesant tomba à l'avant du véhicule entre les deux hommes. Seuls Shanna et Ducky continuaient de parler.
- Moi aussi j'ai perdu ma femme et ma fille, dit Gibbs. Elles ont été tuées par un sniper. Je comprends ce que vous pouvez ressentir, dans un sens, moi aussi j'aurais été fou de rage à l'idée de toujours rater de peu leur assassin. Mais vous avez fait le bon choix en voulant réparer vos erreurs, même si ça n'a pas dû être facile avec le caractère de Daniel...
- Oh ça non ! La gifle qu'elle m'a envoyé me fait encore mal !
- ça ne m'étonne pas, ricana Gibbs. Au fait, ça avance votre affaire sur John Le Rouge ?
- Il est insaisissable... A chaque fois, il m'échappe d'une minute à peine...
- Courage, vous y arriverez !
La voiture s'arrêta à l'adresse de Daniel. Patrick fit descendre Shanna, Gibbs le retenut par la main alors qu'il allait rentrer :
- Vous me tenez au courant si on vous appelle.
- Bien sûr, vous aussi d'ailleurs.
Gibbs et Ducky partirent en direction du QG, Patrick et sa fille rentrèrent chez eux.
Appartement de Daniel Jones, 04h05
Jane alla coucher Shanna dans le lit de Daniel avec son ours. Il la borda et déposa un baiser sur son front.
- Dis Papa...
- Oui, mon ange ?
- Tu l'as connue où Maman ?
- Maman ? Je l'ai connue ici. On a travaillé ensemble pendant un petit moment.
- Pourquoi t'es parti ?
Patrick eut l'impression que son coeur se brisait en milles morceaux. Comment lui dire la vérité ? Il s'assit sur le bord du lit et passa sa main dans ses cheveux.
- J'ai dû partir parce que je travaille très loin d'ici.
- Mais pourquoi t'es jamais revenu ?
- Je ne sais pas... J'avais peur de la réaction de ta mère... Elle est tellement fragile... Je n'aurais pas dû la laisser... Mais bon, maintenant je suis là et tout ira bien, tu verras. On sera heureux avec ta mère, ce sera chouette, on essayera d'aller en Alaska ! Allez, dors ma chérie, ça va aller.
Patrick resta aux côtés de sa fille jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Cela ne fut pas très long à attendre, après quoi, Jane s'enleva son gilet et déboutonna un peu sa chemise. Il prit un grand verre d'eau et commença à trifouiller dans l'armoire de Daniel pour trouver ses papiers banquaires. Un objet attira son attention : c'était quelque chose comme un gros livre, à la couverture marron et un peu cornée sur les coins. Il le prit dans ses mains et enleva un peu de poussière du bout des doigts. Il y avait un bout de papier blanc collait sur le dessus avec l'écriture fine et italique de Jones : "Memories of a little happiness..." . Il tourna la première de couverture : c'était un album photo. Il le ferma et alla s'asseoir à la table ronde du salon. Il l'ouvrit une deuxième fois. L'album était classé chronologiquement, avec quelques annotations de Daniel par ci, par là. "Alaska 1972 - 1981". Patrick fut pris d'une brusque mélancolie. Il voyait Daniel enfant, entourée de ses parents, ses frères, son chien, ses amis avec qui elle s'amusait; elle était radieuse, le malheur ne s'était pas encore abbatu sur sa famille. Patrick comprennait mieux toute la haine qu'elle avait contre sa mère, pourquoi avoir brisé cette enfance si douce ? Sur la dernière photo de cette partie, on y voyait Daniel poser avec son grand frère devant un attelage de chiens, au dessus, l'annotation "Anchorage - Iditarod 1981, Dimitri Jones 26.08.1964 - February 1981 ♥ " voulait tout dire. Jane éprouva une profonde tristesse et tourna la page : "Frisco, 1982 - 2002". Des photos de classe, de son groupe de rock, ses amis; mais très rarement des photos de sa mère. On voyait Daniel changeait au fur et à mesure. De la petite fille sage, elle était passée à la rebelle, son look approchait celui d'Abby, elle avait même pris en photo la salle de retenue avec écrit au dessus "My second House". Patrick comprit qu'elle devait y aller plus que souvent... Cette remarque le fit sourire car il s'en doutait un peu. Plus il tournait les pages, plus la vie de Daniel défilait devant lui. Son entrée à la BSI, l'équipe de Nash Bridges... Puis, un portrait d'elle et un autre homme. Il avait les cheveux bruns foncés et les yeux bleus et il tenait Daniel dans ses bras. Ils avaient l'air joyeux tous les deux. Patrick sortit la photo de sa pochette plastique avec précaution. Il la tourna : "R.I.P. Richie, I Love You...". Jane se souvint d'une chose que Daniel lui avait dite "Je n'ai jamais été mariée mais je sais à quel point tu as dû souffrir.". Qui pouvait bien être cet homme pour Daniel ? Un ami, un fiancé ? "NCIS, 2002 - " Une photo de l'équipe de Gibbs, Daniel entourée par Tony et McGee, aux côtés d'eux, Caitlin Todd, Abby, Ducky et le patron. D'autres photos où ils avaient apparemment pris des vacances ensemble et puis... "Shanna, 10.10.2004". Le coeur de Patrick se resserra. On aurait dit que Daniel avait voulu garder tous les moments de la vie de sa fille. Il découvrait ses photos avec des yeux émerveillés, il avait un sentiment de fierté mêlé à de la tristesse, une sensation indéfinissable. Il s'arrêta devant une photo de Daniel et Shanna, toutes les deux en train de rire, apparemment le jour de l'anniversaire de la petite. Jane tira l'image de sa pochette mais il fit tomber une autre photo qui était cachée par la première. Son coeur rata un battement, sa respiration ralentit, il avait complètement oublié cette image : Daniel et lui, réunit sur la même photo, ils s'embrassaient. Patrick chercha une date, Jones l'avait noté au dos : "08.01.2004 - I apologize for everything, I miss you" . Il se remémora cette soirée qu'il avait passé avec Daniel, un sourire fendit son visageil commençait à se laisser aller dans ses pensées quand soudain, son téléphone sonna dans sa poche. C'était Lisbon. Il décrocha.
- Jane, ça va ?
- Bof... Pas tellement. Et vous, ça avance ?
- On patoge un peu mais on s'en sort. Comment va l'agent Jones ?
- C'est pas la forme olympique mais elle s'est réveillée, les médecins ont de l'espoir.
- Tant qu'il y a d'la vie, ya de l'espoir. Et votre fille ?
- Elle est un peu choquée mais elle va bien. Elle est tellement belle, j'en reviens pas. Je vous enverrai des photos.
- Avec plaisir ! Et quand Daniel sera guérit, vous comptez faire quoi ?
- Je n'y ai pas vraiment réfléchit. Je vais rester avec elles, c'est sûr, mais je ne sais pas si on va rester à Washington DC ou si on part à Sacramento ou si carrément on s'exile en Alaska, j'en sais rien. ... Lisbon ? Allô ?
- Je suis là, je suis là. Bon, je dois raccrocher, le devoir m'appelle. Appellez-moi pour me donner des nouvelles.
- Oui. Merci, Lisbon.
- De rien.
Elle raccrocha. Patrick avait à peine refermer le clavier que son téléphone ressonna.
- Allô, Lisbon ?
- Ah non, c'est Gibbs.
- Ah pardon. Hm-hum, qu'est-ce qu'il se passe ? Daniel a un problème ?
- Non, là en loccurence, c'est plutôt nous qui avons un problème.
- Pourquoi ?
- Brown s'est fait assassiné et les deux autres ont disparu.