Clair-Obscur
Braises
« Sasuke, derrière ! »
Vingt mètres en avant, en haut du talus escarpé qui surplombait le chemin, Sasuke n’hésita pas une seconde.
La dernière syllabe avait à peine quitté la bouche de Naruto que le corps de son équipier se tordait dans un mouvement d’esquive instinctif, un arc souple, et qu’il roulait au sol.
La flèche passa où s’était trouvé son torse, et emporta avec elle un fragment de veste avant de s’enfoncer en vibrant dans un tronc dix pas plus loin.
Naruto ignora son impulsion première qui était d’escalader le talus à toute vitesse pour se jeter dans le combat. Lorsqu’il fit deux foulées mesurées de côté et se hissa sans effort sur le toit de la calèche, Sasuke était déjà sur ses pieds et s’approchait à une vitesse inquiétante –pour celui-ci- de l’archer qui avait fait l’erreur de dévoiler sa présence avant que la flèche n’eût atteint et dûment transpercé sa cible.
Naruto jeta un regard à la ronde –sa position élevée était le meilleur poste pour protéger l’attelage seul et voir venir n’importe quelle attaque- puis s’accroupit et toqua contre le toit de bois.
« Ne vous inquiétez pas O-kana, » annonça-t-il d’une voix calme, « ce ne sont probablement que des bandits de grand chemin. Takara-san, montez à l’intérieur, Ojiro-sama, restez contre la calèche. Ne bougez pas, et nous en auront bientôt fini. »
Avec un gémissement effrayé Fumiya Takara qui avait marché le long de l’attelage se glissa dans la voiture étroite pour rejoindre sa maîtresse, cachant son visage dans ses mains jointes. Le médecin ne bougea pas d’où il se trouvait, debout à la tête de la mule, apaisant la bête qui renâclait. Son visage ridé était tendu, mais il ne semblait pas outre mesure paniqué.
C’était une bonne chose songea distraitement Naruto. Il n’aurait plus manqué que Grise s’emballe, et protéger des civiles affolés qui n’écoutaient pas un mot des ordres qu’on leur donnait et courraient dans tous les sens en hurlant n’était pas vraiment une partie de plaisir…
Mais sous son extérieur collecté, sous l’analyse calme de la situation se ravivait comme un feu défiant et satisfait la conscience de la réaction de Sasuke, de sa feinte immédiate.
Elle était encore là.
Il l’avait craint sans vraiment l’admettre, que l’incertitude entre eux ne compromette leur entente en combat, leur travail d’équipe.
Mais Sasuke n’avait pas hésité. N’avait pas perdu cette demi-seconde qui aurait fait toute la différence entre mort et survie pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule et se rendre par lui-même compte du danger. Il s’était jeté à terre sans un regard, sans un doute, et le feu au creux du ventre de Naruto brûlait soudain plus librement, irradiait dans sa poitrine avec un frisson d’anticipation.
Sur le talus l’archer lâcha son arc rendu inutile par la vitesse de Sasuke, chercha à attraper la lame courte pendue à son flanc. C’était une erreur, s’il avait tenté de se servir de l’arc comme une massue, peut-être- mais c’était trop tard. Sasuke bondit, et trois ou quatre mètre plus loin, la semelle de sa chaussure entra en contact avec le visage de l’homme. Le mouvement avait été parfait. Un modèle d’économie d’énergie et de puissance destructrice, de vitesse et de grâce étrange, songea Naruto de manière tout à fait hors de propos.
Même de là ou il se trouvait, il pu distinctement entendre le craquement des os. Sasuke n’avait pas retenu la force de son coup… Il estima machinalement les chances de survie de l’homme d’une sur deux, selon l’angle de frappe. Si l’os du nez n’avait pas remonté dans le cerveau il s’en tirerait peut-être avec un simple traumatisme crânien.
Mais ce n’était pas comme si c’était réellement important de toute manière.
Il ne savait plus bien quand ça avait cessé de l’être, important. Quand la mort d’un homme qu’il ne connaissait pas avait cessé d’être un événement.
Avant l’anbu, c’était sûr. Peut-être dans les mois terribles qui avaient suivit le retour de Sasuke… Peut-être pendant, ou après, insidieusement, tout comme la monté du Kyuubi…
Kakashi-sensei avait appelé cela grandir, une fois. Naruto n’était pas sûr. C’était plutôt changer, et adapter son nindo à la réalité environnante. Plus jeune il aurait considéré cette évolution comme une défaite. Aujourd’hui… il ne savait pas trop, mais tout au fond de lui il y avait cette certitude amère qu’il n’aurait pas survécu sans.
Ça ne cessait pas pour autant de faire mal, d’une manière étrange et un peu distante, et ça ne l’empêchait pas de souhaiter qu’il y ait un autre moyen et d’éviter de tuer lorsque cela n’était pas nécessaire. Mais il n’hésitait pas non plus s’il fallait porter le coup fatal. Il était anbu après tout. L’état d’esprit, les retrait mental nécessaires entre une mission normale et une mission des forces spéciale étaient fondamentalement différent évidemment… Mais cet homme les avait attaqué, il avait essayé de tuer les siens, ceux qui étaient sous sa protection…
Que ce soit dans le feu du combat comme dans la lucidité qui prenait place à la fin, que l’ennemi vive ou qu’il meurt n’avait que peu d’importance.
Les autres par contre, ceux dont la vie ne dépendait que de sa propre force…
Les assaillants avaient dû s’attendre à ce que leur archer abatte sans problème le jeune homme aux cheveux noirs qui marchait en avant du modeste attelage. C’était probablement la preuve qu’ils n’étaient pas les rônins après leur cible, qu’ils n’étaient probablement même pas des ninjas, car il y eut un moment de flottement avant que trois hommes armés ne surgissent des buissons de l’autre côté de la route.
Dans la voiture Takara-san émit un nouveau gémissement, et Naruto n’eut aucun mal à l’imaginer en train de replonger sa tête entre ses mains. Le murmure presque inaudible devait être O-kana chuchotant des mots de réconfort à sa suivante.
« Sasuke ? »
Du coin de l’œil Naruto vit l’Uchiha dégainer d’un geste fluide l’épée de l’homme qu’il avait abattu et disparaître dans la forêt sans un mot. Il n’y avait probablement pas d’autre archer, mais la manière dont l’homme avait dissimulé sa présence jusqu’au dernier moment dénotait une certaine compétence, et valait mieux ne pas prendre de risque.
Les hommes le toisèrent, et l’hésitation disparut de leurs visages.
Naruto s’était examiné dans la glace le jour du départ, et il avait presque eut du mal à se reconnaître. Il n’eut pas de mal à imaginer ce qu’ils voyaient.
Ses cheveux blonds privés du bandeau de Konoha retombaient en mèches irrégulières et indisciplinées sur son front, et le T-shirt un peu trop large qu’il portait sur un simple pantalon de toile brun masquait sa musculature sèche et longiligne. Il avait encore grandi cette dernière année, et malgré l’entraînement régulier sa masse musculaire n’était pas encore celle d’un ninja adulte. Même en regardant attentivement, sa stature n’était pas si différente de celle de n’importe quel autre gamin de leur âge. Rien ne trahissait le ninja dans sa tenue simple et son langage corporel détendu. (Pas comme certains qui étaient incapables de ne pas se tenir droit et alerte quand bien même ils étaient censés ne pas attirer l’attention…)
Sakura lui avait concocté une espèce de maquillage ineffaçable qui masquait les marques de naissance sur ses joues et tirait désagréablement la peau. Mais au final toutes ces transformations lui donnaient l’air étrangement inoffensif, et plus jeune que ses dix-huit ans. L’air presque normal.
Ce qui en même temps était l’idée de base, puisqu’une escorte de jounins n’était pas le meilleur moyen de conserver l’incognito et de passer pour de simples voyageurs.
Mais en contrepartie ils perdaient l’effet de dissuasion non négligeable que pouvaient représenter deux jeunes hommes armés jusqu’aux dents et connaissant probablement cinquante moyens différents de tuer sans utiliser lesdites armes…
Il n’était pas certain qu’ils auraient été attaqués s’ils avaient porté leur uniformes. Mais d’un autre côté c’était une preuve plutôt flagrante de l’efficacité de leur couverture…Et ils étaient largement à même de s’occuper des simples bandits de grand chemin tandis que les rônins chercheraient immanquablement une courtisane escortée d’une équipe de ninjas, et non une modeste compagnie constituée de deux femmes, d’un vieillard et de deux jeunes hommes pouvant aussi bien être de la famille que des valets –Naruto considérait personnellement qu’il y avait une ressemblance indiscutable entre la frêle O-kana et Sasuke. Mais évidemment il aurait fallu le torturer de manière extrêmement créative pour qu’il l’admette à voix haute, et encore, seulement s’il avait été certain que Sasuke ne se trouvait pas à proximité. Les choses étaient assez tendues comme ça sans ajouter la provocation de le comparer avec une femme enceinte.
Enfin bon, le fait était qu’il avait l’air jeune, qu’il n’avait pas d’arme, et qu’ils étaient trois et armés. Il pouvait presque voir les rouages tourner dans la tête de ses assaillants.
Dommage pour eux.
« Descend de là gamin, et on ne tuera personne. Contentez vous de nous laisser les bagages et l’argent, et on ne touchera peut-être même pas aux femmes, » ordonna l’un d’eux d’une voix rauque dans laquelle transparaissait une pointe de supériorité mal dissimulée, avant d’ajouter à mi-voix, « Kugaki, surveille nos arrières, l’autre va sans doute essayer de nous contourner. » Puis, plus fort, en direction des fourrés que Sasuke avait depuis longtemps quitté. « Hé, toi, si tu nous attaques c’est les femmes et le gosse qui paieront, ok ? »
…
Et voilà… Comment ça ce faisait que même en civil Sasuke ne parvenait pas n’avoir ni l’air tout à fait jeune, ni tout à fait inoffensif, ni même tout à fait normal ?!
Bon, évidemment, avec d’un côté sa petite démonstration et de l’autre l’immobilité ainsi que l’absence de chakra de Naruto, il était légitime de penser que c’était le brun le garde du corps. Mais même si sans sa Kusanagi sanglée dans son dos, sans armes, sans sa veste de jounin et son bandeau Sasuke avait l’air… différent, plus accessible, les bandits l’avaient quand même choisi lui comme première cible alors qu’il était le plus loin de l’attelage. L’archer avait estimé que c’était potentiellement lui le plus dangereux, et que Naruto n’était sans doute qu’un valet, qu’il faisait partie des “paquets”. Qu’il ne représentait pas le plus grand risque.
Quelques années plutôt Naruto aurait été très profondément offensé de se voir ainsi sous-estimé, et l’aurait fait savoir en gueulant suffisamment fort pour réveiller les mânes du Quatrième lui-même.
Les choses avaient changé depuis. Il n’éprouvait plus le besoin désespéré de s’imposer, d’être reconnu. Ou du moins pas par tout le monde. Il avait appris –dans une mesure raisonnablement limitée- la valeur du secret et de la discrétion. Et les personnes dont la reconnaissance importait vraiment savaient, et ce que voyait les autres, ceux qui allaient mourir, n’importait que peu. À présent il trouvait à la situation une ironie certaine.
Oh, c’en aurait été presque irritant malgré tout, si ces crétins ne venaient pas de signer leur arrêt de mort.
Ou du moins leur arrêt de travail pour les trois prochains mois, le temps qu’ils se remettent de la raclé qu’il leur réservait –la remarque sur les femmes ne lui avait pas échappé, et une colère froide montait lentement, se mêlant aux braises incandescentes dans sa poitrine. Et puis Sasuke lui avait fait confiance pour s’occuper d’eux sans aide tandis qu’il sécurisait la zone…
« Allez, descend de là ! »
Naruto sortit les mains de ses poches et en passa une dans ses cheveux, repoussant inutilement les mèches blondes qui retombèrent exactement au même endroit dès qu’il eut achevé le geste. Ils étaient trop longs, une bonne coupe s’imposerait au prochain bivouac.
Il expira doucement, accueilli avec satisfaction la monté d’adrénaline, l’embrasement intérieur. Les trois derniers jours avaient été odieux d’inaction.
« D’accord. Je descends.»
-
Ce fut probablement son calme qui alerta le chef des bandits, ou peut-être l’homme vit-il quelque chose dans les prunelles dont le bleu azur virait à la mer d’orage…
Il réagit avec suffisamment de vitesse pour bloquer le pied de Naruto d’un mouvement ascendant de la garde de son arme, à quelques centimètres de sa tête, mais l’homme qui se tenait à sa droite ne fut pas aussi rapide. Naruto se laissa porter par son élan, et dans le mouvement se glissa sous la garde de l’homme qui venait de lever sa lame en position haute de parade. Son poing s’enfonça dans le ventre du brigand.
S’entraîner avec Lee avait du bon parfois.
Sans prendre le temps de le voir reculer de trois pas, le visage crispé par la douleur et la surprise, Naruto fit volte-face. Bondit. Attrapa au vol un kunaï et s’en servit pour dévier les deux suivants. Pas de chance pour eux, il était armé à présent.
Quelque part en amont du chemin qu’ils avaient remonté retentit un cri rauque. Une sentinelle probablement… Ça ne ressemblait pas à Sasuke de laisser à sa cible le temps d’émettre un son si ce n’était pas ce qu’il voulait….
Un message donc, et presque malgré lui un sourire sauvage étira les lèvres de Naruto tandis qu’il parait un coup de taille du chef. Ses muscles trop longtemps au repos accueillaient avec plaisir l’effort soudain, la flambée du combat. Les bandits n’étaient pas incompétents, deux d’entre eux avaient même probablement reçu les rudiments d’une éducation ninja et le chef avait un niveau honorable… Mais ils ne faisaient pas le poids, vraiment.
Certainement pas contre lui, et encore moins avec Sasuke Uchiha qui venait de réapparaître à l’orée du bois dans leur dos.
Il s’avança à pas de loup, tranquillement, et avant même que les brigands ne le réalisent il était derrière Naruto, appuyé contre l’un des montants de la calèche, les bras croisés sur son torse.
Il n’esquissa pas un geste pour aider Naruto –mais ce n’était pas nécessaire, parce que sa simple présence entre les bandits et la calèche signifiait que le blond n’avait plus à se soucier de rester entre les brigands sentant venir la défaite et les otages potentiels. L’énergie du désespoir était parfois un facteur à ne pas sous-estimer, et il valait mieux ne pas prendre de risques.
Ce surcroît de mobilité était toute l’aide dont il avait besoin –sans cela les choses auraient simplement pris une minute de plus,- et Naruto s’élança, passa dans le dos des hommes.
Retira son poignard de la nuque du dernier, et s’accroupit pour essuyer le sang dans l’herbe.
« Il y en avait combien d’autres ? »
Sasuke se décolla de la calèche, et d’un geste sec enfonça en terre l’épée du mort qu’il avait conservé.
« Deux. Des gamins qu’ils utilisaient pour monter la garde au cas où d’autres voyageurs arriveraient. »
Naruto fit rouler le corps sans vie du chef avec son pied, jeta un très bref regard à l’Uchiha.
« Tu les a… »
« Non. Ils étaient trop jeunes et trop incompétents pour présenter le moindre risque. » Les mains de Naruto s’interrompirent un court instant dans leur délestage d’armes, avant de reprendre leur tache avec dextérité. Il ne leva pas les yeux. « L’archer que j’ai frappé est mort par contre. »
« Haa. »
« Tu en as laissé deux en vie, » fit remarquer Sasuke en jetant un coup d’œil froid sur les corps affalés à une quinzaine de mètres.
Le reproche comme la question étaient presque imperceptibles.
« Ils n’étaient pas dangereux. Je n’ai eu aucun mal à les mettre hors service. » Son regard se porta sur le docteur, toujours immobile à la tête de la mule. « Vous avez réagi comme un pro grand-père ! D’habitude les gens (entendre “les civils”) sont comme des poules paniquées dès qu’ils voient la moindre goutte de sang… »
Tsukedo Ojiro se contenta de lui adresser un regard froid. Son visage ridé comme une prune et normalement apathique était figé dans une expression de désapprobation et de mépris qu’il n’essayait pas de dissimuler.
« Vous autres ninjas n’êtes pas les seuls à côtoyer la mort... Et j’ai déjà vu vos semblables à l’œuvre, je ne pense pas que nous ayons été réellement en danger. »
« Oh papy, vous pourriez être aimable ! »
« Ojiro-sama ! Comment pouvez-vous dire ça ? Ils nous ont sauvé la vie ! »
Takara repoussa le rideau de la voiture d’une main, et ajusta de l’autre son yukata avant de se laisser glisser hors de la calèche. Son visage rond et vif était encore un peu pâle mais aussi plein d’indignation. Son expression se tordit brièvement quand elle vit le cadavre.
- Ces hommes nous auraient tout pris, et ils nous auraient sans doute-… »
« Ils nous auraient sans doute violées, oui. Et les ninjas ont réglé les choses avec une efficacité remarquable.»
O-Kana s’appuya sur l’épaule de sa suivante pour descendre de la voiture, et eut besoin que celle-ci glisse son bras sous le sien pour la soutenir une fois qu’elle fut debout dans la poussière.
Elle aussi était encore pâle et ses lèvres étaient vides de toute couleur, mais elle avait l’air parfaitement calme.
« O-kana, vous ne devriez pas.. le bébé… » Le vieux médecin était déjà à ses côtés, une expression réprobatrice sur le visage. « Asseyez vous sur le marche pied –bien… - Et ne regardez pas les corps s’il vous plait, cela ne va que vous énerver, et c’est mauvais pour l’enfant… » La jeune femme posa une main sur la courbe douce mais parfaitement visible de son ventre. Il se redressa et avec un dernier regard pour les deux ninjas il entreprit de fouiller dans sa sacoche. « O-kana a besoin de calme. Je vais préparer une potion apaisante, mais si vous pouviez faire disparaître ces corps… »
« Ojiro, ça va parfaitement. Arrêtez de vous agiter ainsi. Et nos gardes devraient avoir toute notre reconnaissance… » Takara réajusta la veste bleu claire aux motifs lacés de brun sur les épaules graciles de sa maîtresse, et replaça une longue mèche noire qui s’était échappée de son chignon avec des geste très doux, qui contrastaient avec son habituel langage corporel animé.
« Je suis payé pour m’inquiéter ma Dame. Et dans votre état vous auriez dû avoir un palanquin bien plus confortable que cette charrette à foin. Vous n’auriez pas dû voyager du tout d’ailleurs. » Il jeta un nouveau regard en coin dans la direction de Sasuke et Naruto, comme s’il les tenait personnellement responsables de cet état de fait.
En réponse Naruto montra les dents avec irritation, mais Sasuke se contenta d’ignorer les piques du vieil homme comme il le faisait depuis trois jours. Sans être jamais ouvertement agressif ou insultant, Ojiro-sama n’avait fait aucun mystère du peu d’estime qu’il avait pour les ninjas depuis le début du voyage.
« Ils sont encore vivants ? » Takara était revenu de leur côté après avoir aidé sa maîtresse à faire le tour de la voiture pour la soustraire à la vue des corps –O-kana s’était laissé faire de bonne grâce, même si elle n’avait pas semblé très perturbée par la vision du mort. La jeune servante croisa les bras sur son ventre dans un geste inconscient de protection et de réchauffement, et s’accroupit à quelques pas du blond. « Pourquoi ? Ils ne méritent que la mort. Tuez les.»
Son expression portait encore trace de sa frayeur, mais une dureté inattendue transparaissait dans la ligne de sa mâchoire, dans la manière dont elle se mordait les lèvres.
Les civiles n’étaient pas aussi étrangers à la violence et à la mort que le pensaient les ninjas songea soudain Naruto en observant le visage de la jeune fille. Elle avait souri lorsqu’ils avaient été présentés, et demandé si c’était eux les valeureux ninjas chargés de leur protection. Lui-même s’était écrié que oui, évidemment, qu’il ne leur arriverait rien tant qu’ils seraient sous la protection d’Uzumaki Naruto, Futur Hokage de Konoha.
Sasuke avait à peine hoché la tête en guise de salut et s’était contenté d’avoir l’air revêche et aussi peu intéressé qu’il était humainement possible de l’être. Depuis le temps il aurait pourtant dû se rendre compte que ça ne marchait pas avec les civiles… L’accueil contrasté n’avait pas empêché la jeune femme de flirter joyeusement avec eux durant les trois premiers jours de marche, essayant de tirer plus de deux phrases à la suite de Sasuke, ou discutant et riant aux plaisanteries de Naruto.
« Tuez-les, » répéta-t-elle, et cette fois il y avait une pointe de colère dans son intonation.
Sasuke lui jeta un coup d’œil bref qui se déplaça ensuite sur Naruto, ne dit rien, et fini posément de rassembler les armes. Il n’avait pas dit grand chose qui ne soit pas vital pour la mission depuis le début du voyage. Du moins à Naruto.
Il avait répondu poliment aux questions d’O-kana, détourné avec habileté celles de Takara, et discuté avec Ojiro-san du type d’ointements à appliquer sur les muscles échauffé avec ou sans plaie ouverte.
Mais à chaque fois que la conversation aurait pu basculer sur le moindre fragment personnel il s’était refermé avec un regard dur. Peut-être regrettait-il d’en avoir tant dis durant la soirée de préparation de la mission, ou alors il avait une autre raison qu’il cachait très bien. Ou encore se comportait-il simplement comme Sasuke Uchiha était censé le faire : de la manière la plus odieuse et détachée possible. Il n’avait pas répondu quand le blond lui avait demandé comment s’était passé la réunion des Clans.
Naruto haussa les épaules, et sourit à la jeune femme.
« Leur chef est mort. Quand ils se réveilleront ils regretteront amèrement d’avoir ne serait-ce fait qu’un pas sur cette route. Je n’ai pas retenu mes coups. Celui-là ne pourra plus tenir une arme. »
« S’ils vivent, ils risquent d’être un danger pour nous. »
Sasuke se redressa, enfonça ses mains dans ses poches.
- Si qui que ce soit est mis au courant qu’un attelage d’apparence médiocre est bien mieux protégé qu’il ne devrait l’être, nous perdront notre avantage. Ils ne peuvent vivre. » Il examinait les abords du chemin, mais ses paroles lui étaient destinées.
« Ils ne se réveilleront pas avant un bout de temps… » Il protestait parce qu’il devait le faire, mais l’argument était de taille. Il n’y avait pas pensé, lorsqu’il avait brisé les côtes de l’un d’eux au lieu de l’égorger. Quel… manque de clairvoyance.
Et évidemment c’était Sasuke qui relevait l’erreur, qui étrangement –et c’était peut-être doublement irritant- ne prenait même pas la peine de laisser glisser dans sa voix le frisson habituel, le “je te l’avais bien dit, c’est la vie Naruto. Arrête d’essayer.” qu’il aurait pourtant été en droit d’exprimer.
« Tu es prêt à prendre le risque ? Qu’ils se réveillent ou que quelqu’un les trouve ?»
Non. Evidemment non.
« Et les gosses qui montaient la garde ? »
« Ils n’ont rien vu. Pas même ce qui les a frappé. »
« Qu’allez vous faire alors ? »
O-kana était appuyé contre la voiture et fixait Naruto et Sasuke de son regard noir à l’étrange pureté.
Beaucoup d’autres femmes, songea Naruto, auraient réclamé à cors et à cri la mort de ses assaillants comme le faisait Takara, ou se serait pâmée à la perspective du sang de nouveau versé.
« Qu’en pensez vous ma Dame ? » Naruto jeta un coup d’oeil surpris à Sasuke. Que celui-ci pose cette question à une civile… La femme qu’ils étaient censés protéger…
Rien de ce que faisait Sasuke n’avait beaucoup de sens ces temps-ci, et au soulagement que Naruto avait ressentit durant le combat se mêla de nouveau une pointe d’irritation sans objet précis.
O-kana haussa les épaules, pencha son visage de porcelaine aux traits purs. Elle avait été l’amante d’un Seigneur, une Dame habituée au luxe, aux jeux de pouvoir et au sang versé.
« Qui sait… Faites ce que vous jugez bon. Si vous pensez que leur survie ne met pas en danger l’existence de mon enfant, laissez les vivre. Sinon… »
Sasuke fit un pas, arracha l’épée qu’il avait plongée dans la terre pour la nettoyer du sang, le visage impassible, mais s’immobilisa lorsque Naruto se redressa et secoua la tête. Il fixa sur lui l’un de ces regards longs et étranges, incompréhensibles, qui avaient tendance à faire leur apparition ces temps-ci. Naruto se força à l’ignorer une fois de plus et tendit la main vers l’arme.
« Laisse, je vais le faire. »
C’était lui, après tout, qui avait épargné les hommes.
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Après, quand ils eurent rassemblé les corps loin de la route et enterré les armes, après que Sasuke ait fait disparaître les chairs dans un brasier à la chaleur insoutenable et surnaturelle et que Naruto ait dispersé puanteur et cendres d’une technique de vent, après qu’ils aient reprit la route, il se dit que peut-être l’important n’était peut être pas la mort de ces hommes, mais que lui continue d’essayer de trouver une autre solution. Malgré tout.
Ce n’était pas grand-chose, mais peut-être était-ce ce qui faisait vraiment la différence.
Ça, et la qualité nouvelle du silence de Sasuke, qui comme tout le reste ne faisait pas grand sens, mais le touchait plus qu’il n’aurait pu l’expliquer.
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La suite du voyage jusqu’à Kaga se passa sans encombre. Sasuke avait repris sa place à l’avant de l’équipage, ouvrant la route et surveillant les alentours sans en avoir l’air. Naruto marchait le long de l’attelage, plongé dans ses propres pensées moroses et totalement inadaptées à “l’état d’esprit mission” qu’il était sensé cultiver. Il n’avait jamais été très doué pour cela, entre autres choses. Les missions d’anbu étaient une chose, mais durant les missions longues et chiantes comme celle-ci, il avait bien plus de mal à conserver sa concentration de manière permanente.
Lorsqu’elle n’était pas auprès de sa maîtresse, Takara-san vint parfois marcher à ses côtés, et Naruto lui en fut vaguement reconnaissant car durant ces moments il n’avait pas d’autre choix que de sourire et discuter.
La qualité de l’attention que lui portait la jeune femme avait sensiblement changée. Soit elle avait été plus effrayée qu’elle n’avait voulu l’admettre, soit leur prestation l’avait très favorablement impressionnée.
En toute autre occasion Naruto aurait été ravi du surcroît d’attention, mais cette fois là la présence trop proche de la jeune servante ne faisait de manière assez inexplicable que lui mettre les nerfs à fleur de peau. C’était logique : avoir une civile –aussi séduisante et intéressée soit-elle- gluée à lui lors d’une mission comme celle-ci alors qu’ils étaient déjà en sous-nombre n’avait rien d’idéal… Mais cela n’expliquait pas pourquoi lui qui aurait en temps normal été prêt à tout pour la moindre miette de reconnaissance et d’intérêt n’y trouvait aucun plaisir. Il répondait en automatique, débitait plaisanteries et histoires de missions et riait aux exclamations effrayées qu’elle poussait aux bons moments, mais ne parvenait pas réellement à s’intéresser à elle.
C’était la faute de Sasuke, comme tout ce qui n’allait pas dans sa vie ces derniers temps, avait-il finalement décrété.
Il avait cru que la coopération hésitante entre eux lors de la préparation de la mission avait été un signe de retour à la normale, et il s’était apparemment trompé. Mais il semblait que cela lui arrive souvent –bien trop- dès lors que ce connard de Sasuke était concerné.
Oh, ils ne se battaient plus, autant à cause de leur couverture que parce qu’ils ne pouvaient se permettre de mettre en danger leur efficacité en cas de combat en se blessant… Mais la familiarité confortable qui avait mis tant de temps à s’établir entre eux avait disparu en même temps que le semblant d’équilibre dans leurs rapports. Naruto avait l’impression d’être retourné en l’espace d’une semaine près de trois ans en arrière, quand Sasuke n’avait été qu’un étranger aux yeux froids qu’il avait fallu réapprivoiser, quand il avait fallu lutter pendant des mois et des mois avec des fragments de liens endommagés et les assembler en quelque chose qui fasse sens, qui soit un minimum viable.
Mais…
Non à vrai dire. Ce n’était pas tout à fait exact. Le Sasuke de cette époque-là avait été délibérément froid, le plus distant possible. Il s’était débattu tout le long du processus avec une assiduité obstinée et une mauvaise volonté évidente, rendant clair pour tout le monde que s’il avait eu le choix il n’aurait pas été là du tout.
Et puis à l’époque il n’y avait pas eu l’écho dérangeant de la moindre tension sexuelle entre eux, évidemment.
C’était différent aujourd’hui.
Sasuke était fermé comme une huître, silencieux et coupant. Mais il n’était pas hostile comme il pouvait l’être avec une facilité odieuse.
Si Naruto avait dû essayer de qualifier son comportement –ce qu’il n’avait aucunement l’intention de faire- il aurait pu dire que Sasuke était attentif. Attentif à quoi dieu seul le savait, mais au-delà de l’habituelle froideur et du silence qui était lui inhabituel même selon les critères peu élevés du Uchiha, il y avait une attention étrange et sombre, focalisée. La plupart du temps elle était tournée vers l’intérieur, et Naruto ne pouvait qu’en saisir des fragments, des intuitions lorsque le masque vacillait un instant et qu’il avait l’impression d’avoir surpris quelque chose mais que l’impression fugace, la peine fantôme disparaissaient dès qu’il essayait de les confronter dans le regard noir de Sasuke.
C’était comme une ombre dans sa vision périphérique, qu’il pensait presque pouvoir déchiffrer lorsqu’il l’accrochait du coin de l’œil, mais lorsque qu’il se tournait pour la regarder de face il n’y avait rien, que le visage impassible et dur de son équipier.
Mais ce n’était pas une impression, il en était certain. Parce que Sasuke le regardait.
S’il avait été incapable s’en rendre compte lorsque quelqu’un l’observait il aurait fait un bien piètre anbu. Mais dans le cas présent cela n’avait que peu d’importance, parce que Sasuke ne se dissimulait pas.
Parfois le poids brûlant d’un regard sur sa nuque ou son dos alors qu’il vaquait au camp le soir ou qu’il discutait avec O-kana le faisait se retourner, et Sasuke était là, visage fermé et indéchiffrable, l’observant avec une intensité dérangeante que Naruto n’arrivait pas à interpréter. Comme s’il cherchait quelque chose, ou examinait une découverte à laquelle il ne s’attendait pas. Ou alors il se demandait ou il pourrait bien cacher le corps une fois qu’il l’aurait tué. C’était une possibilité aussi, avait décidé Naruto avec un amusement cynique qui lui ressemblait fort peu.
D’une certaine manière cela lui rappelait le regard de Sakura lorsqu’elle le soupçonnait d’avoir fait quelque chose de très stupide et qu’elle additionnait mentalement les indices en attendant qu’il se trahisse.
Lorsqu’il se retournait Sasuke ne réagissait pas, ne détournait pas précipitamment le regard. Comme si être pris en flagrant délit de dissection visuelle intensive n’avait pas vraiment d’importance. Il ne soutenait pas non plus le regard de Naruto, avait ignoré son expression interrogative les premières fois que c’était arrivé.
Il restait simplement là à le fixer avec une attention presque douloureuse, et c’est seulement au bout de quelques minutes supplémentaires que la focalisation se déplaçait et que l’Uchiha reprenait ce qu’il était en train de faire, avec la même concentration et la même expression fermée que s’il n’avait pas passé cinq minutes à examiner Naruto comme une bête curieuse.
Les trois premières fois l’anbu blond avait laissé filé, mettant ce comportement étrange sur le compte d’une bizarrerie Sasukesque. La situation n’était évidente pour aucun d’entre eux –ou du moins pas pourNaruto, parce qu’à part les Regards et un silence plus prononcé qu’a l’accoutumé Sasuke se comportait exactement comme le connard hautain et égocentrique qu’il avait toujours été- et il était prêt à accepter quelques flottements le temps que les choses reprennent une apparence de normalité.
Les trois ou quatre fois suivantes il avait demandé à Sasuke ce qui se passait, sans obtenir d’autre réponse qu’un coup d’œil inexpressif.
Naruto avait été déterminé à être patient et à ne pas recourir à la violence –parce qu’étrangler son partenaire sous les yeux ébahis des civiles qu’ils étaient censés protéger n’était pas une attitude très professionnelle- et avait même réussi à garder son vocabulaire et le degré de décibels à un niveau tout à fait acceptable.
Mais il était en train de devenir paranoïaque, vraiment.
Il leur avait fallu cinq jour pour accomplir un trajet qui ne leur en aurait demandé qu’à peine une demi-journée en temps normal. Ils allaient lentement, plus encore que prévu car O-kana supportait mal les cahots, et il ne se passait rien. Juste Sasuke et ses Regards. L’intermède avec les bandits des grands chemins n’avait fait que lui apporter une décharge d’adrénaline qu’il n’avait même pas pu ventiler correctement.
Il était profondément et durablement énervé contre Sasuke et son mutisme, Sasuke et son mépris total des autres, Sasuke et son comportement qui n’avait absolument aucun sens, Sasuke et sa manière fluide et dangereuse de bouger, avec la grâce un fauve en chasse.
Il était frustré, et l’admettre ne serait-ce qu’à lui même ne faisait que l’énerver un peu plus.
Il en était arrivé au point ou plus qu’une attaque ennemie il guettait le frôlement du regard de l’autre contre sa peau comme il aurait attendu la morsure de la lame dans un combat. Dans son radar interne la présence de l’Uchiha apparaissait comme un point lumineux à l’intensité insistante, et il s’attendait à chaque instant à ressentir le picotement presque douloureux dans sa nuque.
Cela faisait presque une demi-journée depuis la fois précédente et il n’était toujours pas sûr de la réaction à avoir contre que qui après tout n’était qu’un regard.
Ce dont il était certain par contre, c’est qu’il ne le supporterait pas beaucoup plus longtemps.
Le regard de Sasuke le mettait mal à l’aise, le provoquait d’une manière dont aucun regard n’aurait dû être capable.
Il avait été prêt à faire comme si rien ne s’était passé afin de ne pas mettre en danger le déroulement de la mission, parce que c’était Sasuke et que sa présence était dans l’absolu plus précieuse que n’importe quelle divagation sur la peau pâle de son cou -d’où avait d’ailleurs presque totalement disparu la trace du suçon- ou sur la manière dont son T-shirt censé le faire passer inaperçu soulignait de manière tout à fait inappropriée les muscles de son dos lorsqu’il tendait les bras en avant.
Mais fidèle à lui-même Sasuke ne rendait pas les choses faciles.
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Avec un soupire Naruto donna un coup de pied distrait dans une pierre qui alla rouler une dizaine de mètres plus loin contre un arbre, s’attirant un regard curieux de Takara.
La jeune femme était assise sur le bord de la voiture, ses jambes pendant à l’extérieur par la porte ouverte, et elle discutait à mi-voix avec sa maîtresse.
Ils approchaient des faubourgs de Kaga, et la route était plus achalandée à présent que les chemins se rejoignaient, les forçant à se rassembler. Sasuke ne marchait à présent plus qu’à quelques mètres de Naruto, de l’autre côté de la calèche. Le surcroît de monde sur la route les rendait bien moins visibles, mais aussi plus vulnérables à une attaque surprise, et les deux ninjas étaient sur le qui vive, évaluant sans cesse les alentours.
Ils avaient croisé des paysans à pied, transportant des denrées périssables dans de grands paniers tressés, avaient marché un temps avec un médecin de campagne jusqu’à ce que l’homme s’arrête dans une auberge pour proposer ses services. Il y avait aussi beaucoup de civils, remarqua Naruto avec surprise. Des jeunes filles en groupe, des familles sur leur trente et un…
« Haaa… Quel dommage que nous ne puissions pas nous arrêter un jour de plus à Kaga… » Takara soupira avec grandiloquence. Au fur et à mesure qu’ils s’étaient rapprochés de la ville elle était devenu plus agitée, n’avait cessé de monter et de descendre de la voiture. « Je n’en peux plus. Je tuerais pour un futon et un bain chaud… O-Kana ne devrait pas voyager dans de telles conditions, Ojiro-san à raison. Ce n’est qu’un vieux râleur, mais dans ce cas précis il a raison. »
« Takara… » Du fond de la voiture O-kana protesta avec une inflexion amusée. « Laisse donc le vieil homme en paix, il ne fait que son travail. » Elle soupira. « Mais tu as raison, je pense que de l’eau chaude me ferra le plus grand bien. »
Sa voix était un peu tendue, et après un coup d’œil circulaire pour vérifier que les alentours étaient dépourvus de menace immédiate, Naruto se rapprocha de la calèche.
« Vous vous sentez bien O-Kana ? Si vous voulez on peut s’arrêter pour que vous puissiez vous reposer, c’est que le milieu de l’après-midi, et il nous reste à peine une heure de route avant Kaga… »
La jeune femme secoua la tête.
« Ce ne sera pas nécessaire Naruto-san. Ce ne sont que des douleurs au dos dues au poids du bébé et aux cahots du voyage. Ça ira mieux lorsque nous serons arrivés. Inutile d’inquiéter Ojiro, il en fait bien assez ainsi.»
« Vous êtres sûre ? On peut ralentir l’allure pour réduire les cahots si vous voulez… »
Elle avait l’air fatiguée en affirmant que non, ça irait, mais le ninja fini par acquiescer docilement. Il aimait bien O-kana. Elle n’était pas une vieille gargouille exigeante comme la plupart des clientes qui prenaient grand plaisir à souligner qu’elles avaient le pouvoir et l’argent nécessaires pour se payer des ninjas –de préférence jeunes, mâles et musclés- , et qui semblaient ne pas comprendre que lorsque la sécurité était concernée c’était eux qui donnaient les ordres… O-kana n’était pas ainsi, ne cherchait pas a tout pris à établir son pouvoir, et les rares fois ou elle ordonnait quoi que ce soit, elle donnait l’air d’en être certaine à cent pour cent. Elle avait une classe qui laissait admiratif malgré sa fragilité physique, et sous le comportement calme et apaisé Naruto sentait en elle un noyau solide, un courage et une volonté qui n’étaient pas apparents au premier abord mais transparaissaient dès qu’on la côtoyait.
Et puis l’idée qu’elle était enceinte le fascinait, il devait l’avouer.
C’était une bonne chose au final. Si en plus d’un équipier asocial, d’une pénurie gravissime de ramens et d’un manque irritant d’exercice il avait eu à supporter des clients odieux, il n’aurait sans doute pas tenu le coup et pété les plombs au bout du deuxième jour…
Un groupe de jeunes filles en kimono et tenues traditionnelle les dépassa en riant. La plupart d’entre elles portaient des lampions éteints ou des moulins à vent en papier. Elles jetaient des regards en coin à Sasuke, et après que l’une d’elles eut murmuré quelque chose, leurs regards se posèrent aussi sur Naruto qui les ignora après avoir décidé qu’aucune d’entre elles ne portait de kunaïs dans ses manches.
« Je me demande pourquoi il y a tant de monde. C’est un festival ? »
Takara étouffa un éclat de rire.
« Un festival ? C’est la Courte Nuit ce soir Naruto-san. Évidemment qu’il y a un festival. »
De l’autre côté de la calèche Naruto fut certain que Sasuke levait les yeux au ciel avec une expression atterrée, et il se sentit vaguement ridicule. Comment diable avait-il fait pour oublier la date du plus grand festival de l’année dans tout le pays du Feu ?
La nuit du solstice d’été c’était le festival du Feu, et la fête durait tant que vivait la nuit. On allumait un brasier au centre des villages, et celui-ci était alimenté jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil tombent sur lui. Seulement alors la Courte Nuit était finie, et les derniers fêtards abandonnaient les rues pour aller dormir du sommeil de l’ivrogne, sinon du juste.
Même Naruto qui fuyait pourtant les festivals comme la peste devait admettre que celui-là était spécial.
L’année précédente il avait laissé Sakura l’y traîner dans l’espoir un peu vague qu’elle entende cette sortie comme un Rendez-vous (avec le R majuscule s’il vous plait). Il avait vite abandonné l’idée quand ils avaient été rejoint par Kiba et Hinata, et un peu plus tard par Lee, Ino et quelques autres. Sakura avait même réussi l’exploit d’extraire Sasuke de son appartement et il leur avait fait l’insigne honneur de son silence stoïque pendant presque deux heures. Naruto ne savait d’ailleurs toujours pas quel genre de menaces leur équipière avait utilisé pour le convaincre de venir…
Il avait passé une soirée étonnamment agréable cette année-là, découvrant pour la première fois un festival avec la compagnie confortable de ses amis, et non seul, supportant les regards en coin signifiant que sa présence gâchait la fête, ou errant livré à lui-même entre les stands et les échoppes tandis qu’Ero-sennin dépensait son argent en compagnie de sylphides dévêtues…
Pas de festival cette année visiblement… il aurait pourtant accueilli avec plaisir l’opportunité de se changer les idées.
« O-kana, souhaiterez-vous aller au festival ? » Takara était de nouveau rentrée auprès de sa maîtresse, mais elle cachait mal son agitation. « Cela vous distrairait un peu du voyage… »
Ha… festival finalement ? Mais en mission, et en compagnie de Sasuke. Hum. Ce n’était peut-être pas une idée si stratégique que ça tout bien réfléchi. À vrai dire il n’avait certainement pas besoin de distraction supplémentaire... Il avait suffisamment de mal à se concentrer sur la mission sans en rajouter…
Depuis l’avant de l’attelage, Ojiro-san qui tenait la bride de la mule se retourna vers eux.
« C’est une mauvaise idée. O-kana devrait se reposer et non pas se mêler à la foule de jeunes godelureaux à moitié ivres qui va envahir les rues cette nuit. Ce voyage est déjà difficile pour elle, elle n’a pas besoin de fatigue supplémentaire ! »
Du fond de la voiture O-kana éclata d’un rire clair. « De jeunes godelureaux ? Vous êtes bien dur Ojiro… N’allez donc pas prétendre que vous n’avez jamais participé à la fête… »
Le médecin renifla avec mépris.
« Ce que j’ai fais ou pas lorsque j’était plus jeune et considérablement moins sage n’est pas le sujet O-kana, » gronda-t-il d’une voix bourrue. « Le problème est que vous avez déjà du mal à supporter le trajet, et que si vous sortez ce soir, la fatigue rendra le voyage beaucoup plus difficile pour vous demain… »
« Oh… Juste un peu Ojiro-san… Se promener dans le festival et regarder les animations et les feux d’artifice n’est pas si terrible… Vous ne pouvez pas cloîtrer O-kana ainsi… » Takara se faisait suppliante, usant de son meilleur regard de chiot battu et glissant un peu de déception et de reproche dans sa voix claire… Elle devait avoir vraiment envi d’y aller…
« Hé bien… Je me sens un peu fatiguée, mais marcher détendra certainement mes muscles, » fit calmement remarquer sa maîtresse en dissimulant un demi-sourire. « Rester immobile dans cette voiture n’est pas très agréable… Et Takara à raison, le festival rompra agréablement la monotonie du voyage… » Son regard passa discrètement de Sasuke à Naruto. « Qu’en pensez vous ? »
Sasuke ralentit et vint se mettre à hauteur de son équipier tout en restant de l’autre côté de l’attelage. Ils échangèrent un long regard strictement professionnel, et Sasuke fini par pencher la tête.
« La foule ne risque-t-elle pas de vous indisposer ? »
Sous entendu La foule risque de rendre la surveillance difficile.
« Ba… Pas plus que sur la route, » balaya par réflexe Naruto, décidé à le contredire juste pour le principe. Ça ne valait certes pas un bon combat, mais on se distrayait comme on pouvait. « Au contraire même, la foule nous noiera… »
« Nous pourrons toujours rentrer s’il y a trop de monde… »
« Hn. »
Même si la sécurité n’était pas vraiment le risque, Sasuke n’avait pas l’air beaucoup plus enthousiasmé que Naruto par la perspective du festival.
« Tout le monde va y aller ! » plaida Takara en direction du ninja brun. Elle avait visiblement réalisé que la décision finale viendrait de lui. « Et nous on va rester enfermé à l’auberge ? »
Les deux jeunes hommes échangèrent un nouveau coup d’œil. Elle avait un point. Qu’au moins certains d’entre eux ne sortent pas risquait d’attirer l’attention.
« Personne ne voyage le matin de la Courte Nuit, » fit finalement remarquer Naruto à contrecœur. Autrement dit, s’ils ne voulaient pas se faire remarquer, ils ne pouvaient de toute manière pas partir trop tôt.
Sasuke haussa finalement les épaules.
« Si cela vous fait plaisir et qu’Ojiro-san n’y voit pas d’objection ma Dame… »
Naruto grogna entre ses dents.
La loi Murphy s’était faite discrètes ces derniers jours, mais il ne fallait pas tenter le destin… Et quelque chose lui disait que se rendre au festival ce soir serait comme agiter un drapeau rouge en direction de toutes les Puissances Cosmiques susceptibles de vouloir lui pourrir la vie.
Mais enfin bon, ce n’était pas comme si Uzumaki Naruto, futur Hokage de Konoha, avait jamais été du genre à se laisser arrêter par quelque chose d’aussi rasoir que la fatalité ou les probabilités.
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Lorsqu’ils entrèrent dans Kaga, les rues grouillaient de monde, et des groupes hétéroclites se croisaient dans un joyeux vacarme et un chaos enthousiaste. Les ouvriers finissaient de dresser les dernières échoppes, et des gamins escaladaient les lampadaires pour accrocher banderoles et fanions colorés sous la supervision de quelques adultes.
Deux fillettes virent presque se jeter dans les jambes de Naruto avant de repartir en courant l’une après l’autre avec des rires aigus et ravis. Des odeurs de grillades s’élevaient déjà des échoppes en plein air, se mêlant à celles des épices et des pâtisseries. Les marchants interpellaient les nombreux passants, leur proposant des fruits coupés, des sucreries ou plus de variété de bento que Naruto n’était capable d’en imaginer.
Malgré lui le jeune homme sentit s’alléger son humeur morose. Il était difficile de résister à la bonne humeur et à l’affairement général…
De l’autre côté de la voiture, une jeune femme au sourire vif arrêta Sasuke pour essayer de lui vendre des herbes cueillies le matin même, symboles de prospérité et fertilités. Le jour du solstice détenait après-tout un pouvoir particulier, et les couples qui souhaitaient concevoir s’en donnaient à cœur joie durant la Courte Nuit, après avoir consommé des décoctions de végétaux divers cueillis à l’aube le jour même… La vieille voisine qui habitait au rez-de-chaussée de l’immeuble de Sakura essayait chaque année d’en faire avaler à la jeune femme, provoquant généralement l’amusement sans fin de Naruto, une micro contraction vers le haut de la commissure des lèvres de Sasuke, un coup de poing de Sakura sur la tête du blond, et une œillade discrète de cette dernière en direction de l’Uchiha.
Avec un sourire énorme le jeune homme regarda Sasuke, armé de son expression la plus impassible, décliner successivement les plantes, les sachets d’infusion, puis la proposition de vérifier leur efficacité avec la vendeuse.
Quand le brun eut réussi à éconduire la jeune femme en yukata court –qui lui envoya du bout des doigts un baiser avant de partir à l’assaut d’un autre client potentiel-, Naruto ricanait entre ses dents et s’était penché vers Takara pour murmurer un commentaire gouailleur à son oreille. La jeune femme pouffa et sourit malicieusement.
« Et avec moi Sasuke-san, vous voudriez les essayer ? »
Le brun ne se laissa pas démonter, mais un bref coup d’œil furieux à Naruto informa ce dernier qu’il paierait pour cette trahison, plus tard. Quelque chose d’étrange se tordit dans le creux du ventre de Naruto. C’était la première fois depuis le début du voyage qu’il parvenait à faire réagir Sasuke.
Bon, en toute honnêteté il n’avait pas vraiment essayé. S’il avait mis toutes ses considérables capacités d’irritation à provoquer une réaction quelconque de Sasuke il aurait sans doute pu… Il ne l’avait pas fait parce que le contexte mission se prêtait mal –voir pas du tout- au genre d’effets collatéraux avec stupeur et tremblement qu’impliquaient le fait de réellement faire sortir de ses gonds Sasuke Uchiha.
Et puis il n’avait pas été d’humeur tout simplement. Leurs rapports s’étaient certes considérablement détendus et normalisés depuis le retour de Sasuke (civilisés aurait dit Sakura avec une expression désapprobatrice sur ses traits calmes avant de lever les yeux au ciel et de demander aux Dieux pourquoi ils l’avaient dotée de deux mules au crâne aussi dur l’une que l’autre à la place de coéquipiers -puis de les frapper la forme). Mais en temps normal, même s’ils n’étaient plus en état de guerre ouverte et permanente, une semaine se passait rarement sans un accrochement ou deux entre eux, déclanché par l’un ou l’autre, ou parfois les deux d’un commun accord –si on lui en avait demandé la raison, Naruto aurait répondu que c’était parce que Sasuke était un imbécile rigide sans aucun sens de l’humour. Il aurait su que c’était faux d’ailleurs, parce que contrairement à ce que l’on aurait pu croire et aussi étonnant que cela puisse paraître Sasuke avait un sens de l’humour. Un humour sombre et cynique d’ailleurs, et excessivement tourné contre Naruto, mais un sens de l’humour quand même, et la capacité encore plus étonnante (et cela dit assez rare) de l’utiliser pour autre chose que railler ou blesser.
Si on avait posé la question à Sasuke… Qui sait… Il aurait sans doute haussé les épaules, ou fait remarquer d’un ton plat que Naruto était après tout un idiot bruyant et orange –et cela aurait effectivement tout expliqué.
Les accrochages restaient la plupart du temps du domaine verbal, mais cela leur arrivait de dégénérer en bon vieux pugila qui se finissaient chez Ichiraku –lorsque Sasuke concédait ou était trop exaspéré pour supporter une nouvelle argumentation- ou dans une échoppe à sushi.
Le temps passant les disputes avaient plus rarement dégénérée en combats de grande ampleur même s’il leur arrivait d’avoir des disputes explosives qui se réglaient sur les terrains d’entraînement. En fait à présent qu’il y pensait, depuis un moment la plupart de leurs accrochages aussi mordants soient-ils relevaient presque autant de l’habitude, d’une sorte de routine presque confortable, que d’une irritation réelle, d’un achoppement entre leurs deux tempéraments intransigeants. Les disputes étaient normales. En plus d’être un résultat presque mathématique de l’obstination de Naruto et de la volonté implacable de Sasuke, elles garantissaient… Elles garantissaient beaucoup de choses à vrai dire.
Pour lui elles étaient la preuve que Sasuke était là. Il était là, il était vivant et seul propriétaire de son corps, –parfois, la nuit les cauchemars le ramenait à ce jour là, au sourire étranger au visage de Sasuke, à ce maniérisme corporel qui n’était pas le sien… il mettait beaucoup de volonté à oublier ces rêves là, à ne pas même y penser- et tant qu’il se battaient il était certain de la présence de l’Uchiha, du fait qu’il ne repartirait pas.
Elles garantissaient la survie du pacte, parce qu’alors Sasuke pouvait prétendre que l’alliance entre eux était éminemment rationnelle, qu’elle n’était en aucun cas, pas même un tout petit peu, l’expression d’un moindre désir personnel d’être là plutôt qu’à s’entraîner seul ailleurs. Qu’il n’avait aucun cas le moindre fragment de faiblesse, de besoin de chaleur humaine. Elles lui permettaient de ne pas baisser sa garde, et de ne pas se voir devenir faible coincé entre les présences de ses équipiers. Elles gardaient la lame nue et acérée. Alerte.
C’était ainsi que fonctionnait Sasuke, ils l’avaient compris. Et aucun d’entre eux n’aurait osé remettre cela en cause. Parce que si les choses en étaient venu là, s’ils avaient insisté, argumenté, pressé de trop près, le risque aurait été réel qu’ils mettent à jour la possibilité aussi infime soit-elle qu’Itachi ne reste pas le premier, que les propres désirs de Sasuke s’imposent ne serait-ce que de manière infime sur ce quidevait être fait pour garantir qu’il puisse tuer son frère…
Et alors… Si les choses en étaient venu là, s’il avait dû choisir entre eux et l’absolu de sa mission… Sasuke serait parti immédiatement, sans la moindre hésitation.
Jamais depuis trois ans ils ne s’étaient battu comme ils l’avaient fait une semaine auparavant. Et jamais auparavant les provocations et accrochages n’avaient cessé de manière aussi radicale. Sasuke n’avait pas réagi à des situations qui auraient provoqué des commentaires assassins ou même un haussement de sourcils exaspéré. Et malgré leur efficacité en mode “mission”, malgré la manière dont Sasuke avait réagi lors du bref combat deux jours plus tôt et les Regards étranges cherchant quelque chose, de paire avec la froideur et le silence soudain de Sasuke s’était installée une trêve totale des affrontements verbaux ou des accrochages quelqu’ils soient.
C’était anormal, c’était frustrant, et de manière tout à fait irrationnelle, cela manquait presque à Naruto. Il s’ennuyait, et Sasuke s’éloignait.
La réaction de Sasuke à une pique somme toute inoffensive était étrange. Mais s’il rompait la trêve des affrontements et que les choses avaient une chance de revenir à la normale…
Quoique, si on se fiait à Murphy c’était plus probablement le signe d’une nouvelle explosion plus ou moins imminente et son optimisme n’était sans doute pas très bien placé… Youpi…
Depuis le temps Naruto était immunisé contre le pouvoir de transmission d’énergie négative en un seul coup d’oeil de Sasuke qui pouvait faire reculer même les ninjas les plus aguerris –ce qui n’était pas le cas de Takara qui tressailli instinctivement quand le Regard brûlant la frôla. Il se contenta de répondre au Regard par un haussement inquisiteur des sourcils et un regard clair et innocent qui demandait “Qui ça ? Moi ?”.
« Vous savez pourquoi nous sommes là Takara-san, » souffla sèchement Sasuke de manière à ce que seule la jeune femme et Naruto l’entendent. « Nous n’avons pas de temps ni d’attention à perdre avec ce genre de futilité. »
Takara soupira et se pendit au bras du jeune homme avec un clin d’œil amusé à Naruto. « Haaa… Vous êtes presque pire qu’Ojiro-san… Vous devez apprendre à vous détendre Sasuke-san ! »
« C’est ce que je passe mon temps à lui dire… »
Tout en continuant de surveiller la foule Naruto eut un sourire en coin qui s’effaça net lorsqu’il réalisa le double sens particulièrement évident de sa remarque.
Une œillade en coin lui apprit que son équipier n’avait Dieu merci probablement pas relevé la réflexion.
Avec un petit haussement d’épaule la jeune femme lâcha le bras de Sasuke, mais le regard de Naruto s’attarda brièvement sur le profil de son équipier, cherchant Dieu sait quoi. Il y avait eu quelque chose dans le ton de Sasuke, une irritation peu caractéristique qui avait attiré son attention en plus de la réaction. Tout en surveillant du coin de l’œil un homme portant sous le bras ce qui aurait pu être une épée enveloppée de tissu, Naruto détailla l’apparence et le langage corporel de Sasuke.
Sakura avait soigné d’autorité le bleu qui lui mangeait la mâchoire avant leur départ. Ils ne voulaient pas attirer l’attention, et l’artistique ecchymose qui mélangeait des teintes de violacé, jaune ou brun laissé par Naruto aurait été à peu près aussi efficace qu’un panneau annonçant “Hé ho, regardez les mecs, je me suis battu !”
En toute apparence le jeune homme était égal à lui-même, même si après cinq jours l’absence de tout équipement ninja ne cessait toujours pas de surprendre Naruto.
Pendant longtemps même après son retour Sasuke n’avait pas porté de bandeau frontal, et l’absence de ce dernier n’était donc pas excessivement choquante. Par contre voir Sasuke sans sa bien aimée Kusanagi ni la moindre arme restait déstabilisant. Et puis évidemment il y avait le T-shirt noir que portait le jeune homme.
Naruto avait été stupéfait de découvrir que Sasuke ne l’avait pas jeté mais au contraire gardé dans un coin de son armoire et, plus étonnant encore, ressorti pour les besoins de la mission. Mais après tout Sasuke n’avait pas tant de vêtements civils que ça, il n’aurait vraiment pas dû être aussi surpris, et certainement pas aussi étrangement satisfait quand il avait vu que Sasuke le portait.
Il ne s’y était pas attendu quand il avait cavalièrement lancé le paquet à Sasuke pour son anniversaire l’année passée. Il ne s’était certainement pas attendu à ce que le jeune homme partage sa conviction que le T-shirt lui était cosmiquement destiné –ce qui avait effectivement été le cas Sasuke n’ayant aucun sens de l’humour-, mais il s’était encore moins attendu à ce que l’Uchiha le porte un jour… -ce qu’il était manifestement en train de faire.
Avec un plissement amusé des lèvres il contempla l’objet du délit. Sa première impression avait été la bonne : le t-shirt et Sasuke étaient fait l’un pour l’autre.
À vrai dire c’était un bout de tissu plutôt banal de coton noir, mais sur la poitrine des kanji blancs élégamment tracés proclamaient “Si je me met à sourire, fuyez”.
De l’humble avis de Naruto, c’était parfaitement approprié. Un peu triste, férocement ironique, mais vrai.
Il suivit des yeux l’homme portant l’épée potentielle quand celui-ci disparu dans une ruelle, examina avec application les fenêtres surplombant la rue à l’affût du moindre indice indiquant un risque.
Puis il reporta son attention sur Sasuke.
Ce n’était pas vraiment le t-shirt qui l’intéressait… Sasuke était bizarre. C’est-à-dire encore plus que d’habitude –ce qui commençait à faire vraiment beaucoup-, et d’une manière subtilement différente de celle induite par les Regards. Il était soudainement tendu, et quand au terme d’un balayage d’observation son regard noir croisa celui de Naruto ils s’observèrent un instant en silence. Puis Sasuke fronça légèrement les sourcils, la ligne de ses lèvres se crispa, et il détourna les yeux pour poursuivre sa surveillance.
Hum.
Il y avait définitivement quelque chose. La question était à présent de savoir quoi, et plus important, de déterminer s’il avait vraiment envi de savoir… Il n’en était pas si certain que ça.
-
Takara s’éloigna un instant et revint portant des brochettes étranges, piquées d’un enfilement de pâtes blanchâtre enrobant dieux sais quoi.
Avec un sourire elle en tendit une à Ojiro-san qui l’accepta en marmonnant un commentaire sur les caries avant de contourner l’attelage et d’en tendre une à O-kana par la portière puis une troisième à Sasuke qui haussa un sourcil mais attrapa la brochette sans rien dire –et sans faire mine d’en prendre la moindre bouchée. Enfin elle vint marcher à côté de Naruto et lui tendit la quatrième brochette tout en mordant dans la sienne. Le blond attrapa le bâtonnet avec une œillade curieuse et un grand sourire, et renifla les aliments avant de goûter d’un coup de langue prudent.
« Hé, c’est super sucré ! Merci Takara… » Il se pencha vers la voiture et adressa un grand sourire à O-kana. « On arrive bientôt à l’auberge, encore quelques rues. »
Ils avaient convenu de loger dans une auberge que Naruto connaissait pour y avoir passé quelques nuits avec ero-sennin des années auparavant. Même s’ils se souvenaient de lui ce serait en tant que gamin accompagnant son grand-père excentrique (ha !), et le service était de qualité et discret pour un prix somme toute fort raisonnable que les finances de leur couverture leur permettait de se payer.
« Enfin ! » soupira Takara, « je n’en pouvait plus, et- »
Naruto n’entendit pas la suite de sa phrase, parce que son attention s’était soudain focalisée vers la foule devant eux, et sur les trois auras discrètes qui remontaient la rue dans le sens contraire au leur.
Son regard croisa celui de Sasuke qui lui renvoya comme un écho sa tension et son alerte soudaines. La main de Sasuke se crispa et il frotta son pouce et son annulaire d’un geste d’apparence machinale. Le blond répondit au signal par un signe d’accord imperceptible en repoussant quelques mèches contre son oreille, et continua à marcher comme si de rien n’était malgré la tension soudaine.
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Celle-ci retomba lorsque les ninjas qu’ils avaient sentis furent en vue.
Il ne manifesta aucun signe de reconnaissance, mais du coin de l’œil il constata que la posture de Sasuke se relaxait insensiblement.
À une vingtaine de mètres en face d’eux, Kiba passa familièrement son bras autour de la taille fine d’Hinata pour attraper la manche de Shino dans le même mouvement. Avec un éclat de rire il tira dessus pour attirer l’attention de son équipier et se pencha contre la jeune femme avant de murmurer quelque chose : Hinata rougit légèrement et Shino haussa un sourcil qui était probablement sarcastique. Akamaru trottinait d’une foulée souple quelques pas derrière son maître la truffe au vent, l’air particulièrement intéressé par un marchand de grillades.
Quelques mètres plus loin le regard masqué de Shino passa sur eux sans ralentir, mais trois pas plus tard sa main vint frôler celle d’Hinata, articulant un signe rapide dans la paume tandis que son visage se tournait vers celui de Kiba et qu’il articulait silencieusement une syllabe masquée par le haut de son col.
En bons ninjas ni l’Inuzuka ni Hinata ne laissèrent rien transparaître, et quand ils se croisèrent finalement seul le regard blanc de la jeune femme passa brièvement sur eux, indifférent.
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Ils atteignirent l’auberge sans problème ni nouvelle rencontre, et tandis que Takara aidait O-kana à descendre de la voiture et que le vieil homme dételait Grise, Naruto rejoignit Sasuke pour décharger la malle contenant les effets de la jeune femme.
« À ton avis qu’est-ce qu’ils faisaient là ? »
Sasuke haussa les épaules et se pencha pour saisir l’une des poignée, masquant dans le mouvement sa bouche à tout observateur potentiel.
« Ils devaient rentre de mission. C’est probablement un hasard, ils n’ont fait aucun signe. »
Naruto acquiesça en silence et attrapa l’autre poignée. L’avis de Sasuke rejoignait le sien. Après tout, avec l’allure d’escargot à laquelle ils se déplaçaient l’équipe Huit aurait très bien pu faire cinq fois l’aller-retour entre Konoha et Kaga le temps qu’ils atteignent la ville… Bande de veinards…
Ils portaient leur habituelle tenue de ninjas, mais leur comportement et le fait qu’ils n’aient pas pris de mesure particulière pour masquer leur chakra avait clairement indiqué qu’ils n’étaient pas en mission. Ils en rentraient sans doute, et s’étaient arrêtés en ville pour le festival.
Il n’était pas rare de croiser des collègues lorsqu’on était en mission. Dans ce cas-là, sauf signe pressant de la part d’une des équipes la procédure était claire : il fallait s’ignorer. C’était le meilleur moyen d’éviter de briser une couverture ou d’attirer une attention malvenue sur la mission d’une autre équipe.
Si l’équipe Huit avait prévu d’aller au festival il y avait un risque pour qu’ils se croisent de nouveau mais à présent qu’ils étaient avertis de leur présence, le risque qu’ils brisent leur couverture par un mouvement de reconnaissance instinctif était à peu près nul.
Ils entrèrent dans l’auberge à la suite d’O-kana et de la tenancière qui babillait avec animation sur sa propre fille qui attendait son troisième enfant.
Naruto jeta un nouveau coup d’œil à Sasuke, et soupira. Il en avait marre, il voulait que les choses redeviennent comme avant –et tant pis pour la peau pâle du cou de Sasuke ou la manière dont le regard noir s’embrasait- mais tant que durerait la mission il ne pourrait pas prendre le risque d’essayer de déterminer ce qui n’allait pas.
Et lui-même perdait son équilibre interne, sa focalisation et son centre, il le sentait. Il se laissait trop aisément distraire et il était à présent clair qu’au même titre que la guerre ouverte de la semaine précédente, la situation actuelle entre eux n’était pas viable non plus. Il fallait mettre les choses au clair, quelqu’en soit le coût.
« Hé, Sasuke ? »
Le regard de son équipier resta focalisé sur O-Kana, mais il tourna à demi vers lui.
« Quoi ? »
Une mèche noire déplacée par le mouvement avait glissé et masquait ses yeux. Il secoua la tête d’un air agacé pour dégager la mèche et jeta un bref coup d’œil à Naruto qui s’était immobilisé en même temps que lui pendant qu’O-kana réglait l’aubergiste en avance et négociait pour obtenir une chambre en rez-de-chaussée loin de la rue.
« Quoi ? », répéta-t-il quand Naruto se contenta de rester planté là sans bouger. « Oh, Naruto… tu m’entends ?» Il fronça très légèrement les sourcils. « Crétin. »
L’insulte était suffisante pour déclencher un réflexe de Pavlov parfaitement conditionné, et l’expression vacante de Naruto fut chassée par une grimace et un « Connard » toutefois marmonné sans grande conviction. Sasuke haussa les épaules et se détourna avec indifférence.
Ils déposèrent finalement la malle dans la chambre qu’O-kana occuperait avec Takara, et tandis que Sasuke partait reconnaître les lieux Naruto piégea les fenêtres et surveilla du coin de l’œil les deux femmes qui déballaient le minimum vital pour une nuit –bien plus que Naruto n’en aurait utilisé pour trois jours. Les femmes, vraiment…
Tout en examinant discrètement la chambre voisine –qui par un coup de chance était inoccupée- puis celle qu’il était censé occuper avec Sasuke et Ojiro-san, il laissa son esprit examiner son étrange réaction dans le hall de l’auberge.
S’il en avait douté avant il pouvait à présent difficilement le faire : il était déséquilibré. Il le voyait clairement à présent… Ils n’auraient jamais dû partir en mission sans avoir mis les choses au clair une fois pour toute. Ils ne pouvaient pas continuer ainsi, c’était exclu. Il ne pouvait pas continuer ainsi. Les choses ne rentreraient pas d’elles-mêmes dans l’ordre, cela était à présent évident. Sa peur d’affronter Sasuke et ses propres désirs l’avaient figés dans l’inaction. Mais ce n’était manifestement pas la bonne solution, si tant est qu’il y en ait une.
Ce n’était pas une bonne solution parce qu’ils étaient tous les deux trop bornés et trop obstinés pour faire le premier pas, ce n’était pas solution qui leur ressemblait, qu’il pouvait examiner et accepter comme venant de lui, d’eux.
Il fallait agir. C’est ce qu’il aurait dû faire depuis le début. Pas se battre, parce que cela aussi était une forme d’immobilité, une manière de maintenir un statut quo violent mais familier et de prouver à l’autre que ce qui s’était passé entre eux ne l’avait nullement amoindri..
Pathétique, vraiment, songea-t-il la mâchoire contractée tout en déplaçant les futons de manière stratégique –dans le coin droit de la pièce étroite baignée par la lumière jaune de l’après-midi, hors de portée directe de la porte ou de la fenêtre. L’aménagement ne tiendrait pas trois secondes en cas d’attaque –improbable, mais on était jamais trop prudent-, mais le cas échéant c’était ces trois secondes qui leur donneraient le temps nécessaire pour intervenir. Trois secondes entre la vie et la mort.
C’était comme si des braises de tous les sentiments contradictoires qu’il avait ressentis au cours des semaines passées subsistaient au fond de lui, et que leur chaleur combinée rongeait petit à petit ses défenses intérieures, ouvrait ou soulignait ses propres brèches, ses hésitations et ses échecs.
La méditation lui avait permis de séparer certains tisons du reste, certaines pensées et impératifs primordiaux, mais il en restait encore beaucoup trop dont il ne savait que faire, qui étaient trop mêlés et brûlants pour qu’il puisse en faire quoi que ce soit.
Il savait que son nindo et son rêve restaient la chose la plus importante, le cœur de son être. Que protéger ceux qui dépendait de lui passait avant tout, et que sur ce point précis Sasuke pensait sans doute la même chose.
Et il savait que le moment venu il voudrait avoir à ses côtés Sakura et Sasuke, Kakashi-sensei et Iruka et tous les autres. Que la présence de Sasuke était plus importante que tout le reste et qu’il ne supporterait pas qu’il reparte, quelque soit la nature du lien entre eux. Un frère d’arme était plus important qu’un amant. Sasuke était l’une des personnes qui lui était précieuse, et cela le sexe –ou l’absence de sexe- ne pouvait pas le changer.
Pour le reste…
Le reste dépendrait sans doute de ce qui ce passait dans la tête de Sasuke, et de la profondeur de la blessure infligée par Itachi.
Il ne pouvait pas chercher la confrontation maintenant, pas pendant la mission. Le risque était trop grand. Il ne pouvait se permettre de laisser le moindre doute personnel mettre en danger la vie d’O-kana et de son fils… Sasuke parvenait bien à rester efficace et alerte malgré ses propres réflexions –rétrospectivement c’était évident qu’il avait quelque chose en tête, les regards et tout le reste…
Lui-même pouvait bien faire de même certainement. Il ne pouvait pas laisser transparaître la moindre faiblesse, laisser sa dégradante impuissance à se maîtriser se dresser entre lui et sa promesse, son nindo.
Mais à la seconde où la mission serait fini et O-kana à l’abri, il prendrait Sasuke entre quatre yeux décida-t-il, et ils mettraient une bonne fois pour toute un terme à cette irritante mascarade de négations et d’incertitudes. Cela risquait probablement de finir en pugila de grande ampleur –mais tout plutôt que les pas d’évitement maladroits et les silences- , et cela mettrait sans doute en danger le propre équilibre interne déjà dangereusement fragilisé de Sasuke –sans parler du sien-…
Mais ne rien faire serait pire.
Et Sasuke était solide n’est-ce pas ? S’il avait survécu à Itachi il pouvait bien survivre à cela aussi. Ils étaient des ninjas que Diable. Il était le futur Hokage...
Il ne pouvait pas se laisser consumer par des braises de la crainte ou du désir qui subsistaient en lui, pas plus qu’il ne pouvait se permettre d’abandonner face à Sasuke.
Dès que la mission sera fini.
Dès que nous serons au pays de la Foudre. Alors nous mettrons un terme à cela.
Étrangement, une fois la décision prise il se sentit mieux. Son centre était là finalement : protéger avant tout, garder Sasuke, et le reste après, par ordre d’urgence. C’était simple finalement.
Quand Sasuke revint et qu’ils se croisèrent dans l’encadrement de la porte alors que lui-même partait à son tour faire une ronde de reconnaissance, leurs regards se rencontrèrent brièvement. Et pour la première fois depuis longtemps Naruto pu soutenir celui de Sasuke sans colère ni hésitation ou crainte, simplement avec un regard bleu et confiant, clair, dans lequel brûlait de nouveau la détermination.
TBC
Note de l’auteur :
Pour un grand nombre de raison ce chapitre a été difficile et long à écrire. C’est aussi le plus long chapitre que j’ai écrit jusqu’à maintenant (20 pages ou 11 500 signes, dur dur…) mais au final j’en suis assez fière.
Ecrire Sasuke et Naruto n’est pas une partie de plaisir (enfin si, sinon je ne passerais pas des heures et des heures à lutter sur un chapitre), et j’ai parfois eut du mal à structurer leur évolution. En partie parce que dans ma tête j’ai parfois du mal à réconcilier le Naruto gamin de 12 ou même 15 ans que l’on connaît et l’image du jeune homme de 18 ans, ninja et anbu mais malgré tout profondément Naruto. Il y a presque une contradiction interne qui est un peu déroutante. Celle-ci est moins marquée avec Sasuke, principalement parce qu’à l’âge de 12 ans il avait déjà renoncé à certaines choses auxquelles le Naruto de 18 ans que j’écris s’accroche encore.
Pour un chapitre aussi long, il ne s’y passe peut-être que relativement peu de choses, mais des choses importantes, des choses qui mettent en lumière ce que sont les personnages profondément. Si ces choses n’étaient pas là écrire ces deux là et leurs interactions aurait beaucoup moins de sens et d’intérêt je trouve. Ce couple n’a pour moi une telle puissance que parce que les personnages sont ce qu’ils sont, avec un passif énorme, des liens compliqués, et les antécédents à même de traumatiser n’importe quel psy. Ne pas prendre en compte le fait qu’il s’agit de Sasuke et Naruto quand on les écrit est ridicule à mon sens, ça dénature tout l’intérêt de la chose. (Je pense ici aux romances simplissimes et insupportablement sirupeuses du type “je t’aime moi non plus” qui fleurissent un peu partout). Attention à l’hyper-glycémie. Quelque soient la manière dont on les voit (je ne revendique pas le IC absolu non plus), leurs relations ne peuvent être que compliquée et c’est ce qui fait tout leur intérêt, qu’on se place d’un point de vue romantique ou non.
Et puis ils ne sont pas non plus seul au monde, ce sont des ninjas, avec des missions, des gens à tuer, à protéger, et dans leur dos un village qui pèse lourdement. Tout ne doit pas tourner autour de la romance.
Je fais cette longue note parce que dans plusieurs commentaires les lecteurs ont exprimé un certain intérêt pour ma vision des personnages, et que j’ai en outre oublié de remercier les reviewers dans le chapitre précédent. Tous vos commentaires sont extrêmement motivants et toujours lu avec le plus grand plaisir.
Pour répondre à certains commentaires sur “l’histoire d’amour” : ce n’en est pas une.
Du moins pas dans le sens courant du terme. Mon sens de la romance est légèrement décalé et je tiens encore une fois à indiquer qu’il ne se tomberont pas dans les bras en se proclamant leur dévotion éternelle. Oubliez aussi les déclarations, les petits oiseaux qui chantent, les pluies de pétales de cerisier et les feux d’artifices. Certaines choses risquent effectivement d’exploser, mais pas de ce genre là.
D’un point de vu plus général, je doute que le personnage de Sasuke ait encore en lui ce qu’il faut pour “aimer”. C’est un personnage abîmé, endommagé même s’il le cache très bien. Il en manque forcément des bouts et il est construit autour de ce vide. Après Itachi puis deux ans d’Orochimaru et quand on voit son rejet le plus total de la “faiblesse” on peut se poser la question.
Les relations qui se tissent peuvent être liées au besoin, à la dépendance, au soutient, à la connaissance intime de l’autre, à la colère ou a la culpabilité… A l’Amûr avec un grand A ? J’en doute. C’est des ninjas tout de même.
A propos de ce qui se passe dans le crâne de Sasuke : il y aura des éclaircissement, mais pas tout de suite. Vous pouvez chercher les indices et faire comme Naruto, essayer de deviner.
Enfin au prochain chapitre je fais mon truc d’auteur démoniaque et retour à l’action. J’aime la loi Murphy. :D
Reviwez si le cœur vous en dit, commentez, n’hésitez pas à critiquer ce qui vous parrait bancal : )