Je serais Hokage !

« Un jour je serais Hokage ! »

Le ninja blond le plus célèbre de Konoha se réveilla en sursaut, une grimace sur le visage. Il venait de rêver de son enfance. Tendres réminiscences où il n’avait rien sinon un objectif. Celui de devenir le chef de tous les shinobis et de changer la face du monde. Il poussa un grognement. Désormais, c’était tout l’inverse. Cela faisait plus de quinze ans qu’il avait quitté les bancs de l’académie, et il était enfin devenu l’incarnation même du ninja. Dire qu’à l’époque tout le monde se moquait de lui, le dernier de classe. Ses paroles toujours accompagnées d’hilarité générale. L’éternel perdant. Le type qui gueulait partout, sans talent, et qui semblait gagner ses combats uniquement par la chance, à en croire les rumeurs. En réalité la vérité était autre. Son pouvoir avait longtemps sommeillé avant de se réveiller, révélant en lui un guerrier de première catégorie, ce dont il n’avait jamais douté.

Hokage.

Le mot sonnait bizarre à ses oreilles, il lui était familier et en même temps étranger. Familier, parce que c’était là son rêve de gosse qu’il avait poursuivi toute sa jeune vie. Il chérissait tous les habitants de son pays, et il les protégerait jusqu’à la mort. Il ne reflétait toutefois pas tous les sacrifices qu’il avait dû faire. Les heures d’entrainements physiques qui le poussaient chaque fois plus près du gouffre de la mort. Les techniques qu’il avait tentées – en vain parfois - d’apprendre. Les nuits entières passées en méditation pour malaxer son chakra. Les semaines entières à l’hôpital après s’être pris des raclées, et les matins où il se réveillait avec un compagnon en moins sur sa route. C’était sans doute le paroxysme de l’hypocrisie, ce titre. On lui aurait donné le bon dieu sans confession. Pour un quidam, c’était de la gloire à l’état pur, la preuve d’appartenance à un monde de légende. Pourtant, il ne disait rien non plus sur le nombre d’amis qu’il avait vu mourir, sur le nombre d’ennemi qu’il avait dû tuer, et toutes les tragédies qui étaient liées de près ou de loin à la capacité de l’être humain à faire du mal à son prochain. Tous ces morts…

Autre réminiscence. Un gamin aux cheveux noirs, et à l’air arrogant. Ses yeux, les très célèbres sharingan.
L’Hokage porta une main sur sa tête poisseuse de transpiration. Il devait l’occulter de sa mémoire. L’effacer. Comme à chaque matin. Après quoi seulement il pouvait de nouveau afficher le sourire rayonnant qui faisait, lui aussi, partit de sa légende. Ce procédé le faisait souffrir, et ses yeux brillèrent d’une humidité au soleil naissant. La salle fut éblouie progressivement d’une lumière rouge. Il avait oublié de tirer les rideaux. Le plafond apparut dans toute sa simplicité, suivi de près par une armoire de chêne et un bureau aussi mal rangé qu’il était possible de le faire.

Ce fut ensuite au tour à la table de nuit où siégeait une photo de sa première équipe ainsi qu’un livre qu’avait écrit Jiraya et qu’il chérissait énormément. Il y tenait autant qu’à la prunelle de ses yeux.

Il entendit un petit grognement à ses côtés. Le lit était à présent entièrement sous les feux de l’astre éblouissant. Sa femme dormait encore, mais son réveil n’allait guère tarder…

La plus belle de toute. Il était passé à côté d’elle au départ, mais elle ne s’était pas découragée. Elle avait persévéré jusqu’à finalement gagner son cœur. Elle avait de si beaux yeux, deux vraies perles dans ce monde de brute. C’était une kunoichi, elle possédait la bravoure dans le sang. Elle aussi avait vouée sa vie à la mort. Pourtant, elle n’était que douceur et tendresse avec une pointe de timidité qui n’était pas pour déplaire.

Enfin le sourire lui revint aux lèvres. Comme à chaque matin, contempler sa femme lui ravivait le corps et l’esprit. Son cœur. A force de traquer les bêtes, il arrive que l’homme et sa proie se confondent. Il fallait toujours faire attention de garder sa part d’humanité, et c’était le don que lui avait offert sa femme.

« Bonjour mon amour »

Elle ouvrit les yeux. Il se perdit dans son regard nacré avant de lui baiser le front et de s’habiller. Une rude journée l’attendait. Il devait rendre justice dans son pays. Il devait veiller à la paix mondiale.

Elle colla son corps contre lui et il sentit dans son dos le gros ventre bien rond, antre d’une nouvelle vie. L’accouchement était éminent. Ils s’étreignirent et s’embrassèrent.

« Je t’aime, Hokage de mon cœur.»

Il répondit par un énorme sourire jusqu’aux oreilles. Il lui montra ses belles dents blanches. Il était fin prêt pour sa journée. Il s’adressa tendrement à sa compagne, lui susurrant à l’oreille.

« Je reviendrais ce soir, ne fait pas de bêtise d’ici là ! Je dois mettre en place les tours de gardes de la semaine et parler avec un émissaire du pays du sable. Après ça je dois un peu changer le monde aussi, pour le rendre plus joyeux et sympathique ! »

Elle était si fière de son époux, le parangon de justice et le bouclier de la paix. Ils l’ignoraient encore, mais elle allait mourir le soir même.

Il quitta le seuil de sa maison en sifflotant gaiement sous son chapeau d’Hokage. Les gens le saluèrent à son passage et il fit de même. Il fit un léger détour par un magasin de fleur afin d’y acheter un bouquet de fleurs pour sa femme. Il connaissait très bien la gérante et plaisanta allègrement sur les derniers actes héroïques que son bon à rien de mari, un excellent junin, avait fait à la taverne du coin. Il n’était pas spécialement beau par rapport à sa femme – une réelle déesse – mais ensemble ils formaient un couple attachant. Enfin, moins attachant que celui de l’Hokage et de la première dame du pays bien sûr !

La fleuriste critiqua quand même son choix. Une composition de chrysanthèmes. Il se moqua éperdument de ce qu’elle pensait, ni lui ni sa femme ne connaissaient le langage des fleurs. Il paya la note.

Il repartit aussi gaiement qu’il était arrivé, le bouquet sous les bras avant d’arriver finalement à son endroit de travail. Il lâcha un énorme soupire et inspira à fond avant d’entrer dans le bâtiment qui jouxtait la falaise de son village tant aimé.

Après avoir rempli ce qui lui sembla être une éternité de paperasse administrative, il reçut une visite. On frappa à sa porte. Il entendit derrière cette dernière un faible murmure. Il n’entendit qu’un seul mot, reconnaissable entre mille de par sa prononciation sourde et roulante.

« …chiant… »

Il le fit entrer. C’était un grand jeune homme aux cheveux noirs terminés par un chignon de taille vénérable. Il portait une tunique de junin un peu déchirée. L’Hokage se leva et l’embrassa sur les joues en rigolant.

« Qu’est ce que vient faire ici un membre du clan de Nara ?
- Evite ce genre de familiarité c’est… gênant.
- Toujours le même n’est-ce pas ?
- C’est… chiant de l’admettre. »

Il afficha un léger sourire à son tour. Pour toutes les connaissances de l’Hokage, c’était une maladie contagieuse.

« Trêve de plaisanterie. Je viens ici pour le tour de garde de cette semaine à la porte Sud. On est trois dans le roulement obligatoire. Les deux Umino et moi-même. C’est très embêtant…
- Hum, encore un beau couple de ninja décidément… Oui sinon ce que tu peux faire, c’est leur demander de faire des patrouilles dans la forêt. Comme cela, tu pourras regarder les nuages autant que tu veux. C’est ton hobby non ?
- Hokage…
- Quoi qu’est ce que j’ai encore dit ?
- C’est une garde de nuit… »

Le Nara soupira. Le ninja blond en face de lui restait égal à lui-même, et ses capacités intellectuelles n’étaient pas à franchement parler extraordinaire. Son cerveau ne semblait se réveiller que lors de ses repas ou de ses combats, durant lesquels il montrait une férocité sans appel.

Le visiteur se retira, laissant le jeune homme devant une terrible pile de paperasse. Le cauchemar n’était pas fini.

En réalité il ne faisait que débuter. Un anbu aux cheveux blancs arriva à sa fenêtre, en toute urgence. Il avait un masque d’oiseau sur la tête qui cachait entièrement son visage, et en principe son identité. Toutefois, rien qu’au son de sa voix, l’Hokage le reconnut. Il était plus que célèbre lui aussi.

« Maitre ! Votre femme… »


-----------------------------------------


La nuit était tombée, les deux Umino patrouillaient dans la forêt avoisinante le village lorsqu’ils sentirent des violentes secousses au niveau du sol. En ninjas expérimentés, ils sautèrent immédiatement dans les airs pour contrer une éventuelle menace et se préparer au pire. La première était une junin, l’autre était chunin. Ils étaient mariés depuis une dizaine d’année et avait un petit garçon de six ans. Ils ne virent même pas de quel côté vint la menace et ils moururent dans d’atroces souffrances, carbonisés au-delà de toute imagination. Un orphelin de plus au monde…

L’histoire se répète encore et toujours.

-------------------------------------------------


L’Hokage se précipita à l’hôpital à toute vitesse. Une trainée de poussière suivit son déplacement trop rapide pour que le commun des mortels pût seulement le voir. Une douleur lui comprimait l’estomac, comme une boule qui l’écrasait. Son sourire avait disparu. Il arriva en trombe dans le hall d’entrée où il harcela de question la réceptionniste. Trouvant sa réponse trop courte, il créa une dizaine de kage bunshin pour visiter toutes les chambres avant de finalement trouver celle de sa femme.

Il avait dans sa main droite le bouquet de fleur qu’il avait acheté le matin même. Du moins ce qui en restait, environ la moitié des pétales. Il avait perdu le reste dans sa course. Des pétales blancs voletaient un peu partout sur le chemin qu’il avait parcourut.

Sa chère et tendre…

Il entra brusquement, manquant d’arracher la porte, et se précipita sur le premier ninja-médecin qu’il aperçut.

« Comment va-t-elle ? Depuis quand ça a commencé ?
- Du calme ! Du calme…
- Chéri, ca fait mal…
- Ne t’inquiètes pas mon cœur, tout va bien se passer… »

Le docteur le prit par l’épaule et sortit dans le couloir. Il se gratta la tête et regarda le plancher d’un air honteux. L’infirmière osa alors dire ce que son supérieur aurait du dire.
« L’accouchement se présente mal… »

La boule grossit dans son ventre, la rage monta à sa tête et il frappa dans le mur qui se fissura.

« …et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle… »

---------------------------------------------------------------


Le veilleur à la porte Sud se réveilla soudainement, sur le toit de la tour de garde. Le sommeil léger, il avait rêvé d’une partie d’échec où son adversaire était presque à sa hauteur – ce qui promettait une partie palpitante. Hélas, tout rêve à une fin, surtout lorsqu’on est interrompu au beau milieu de la nuit. Il avait entendu du bruit, et perçut une vibration. Quelque chose n’allait pas. Il le sentait dans ses tripes, avec son instinct et non avec ses capacités plus qu’exceptionnelles d’analyse. Il avait… peur. Tous ses sens étaient en alerte, et pourtant il ne voyait rien qui pouvait expliquer son désarroi. Son angoisse augmenta de plusieurs crans.

Et puis il vu l’étendue du désastre. Il aperçut dans la forêt ce qu’il n’aurait jamais imaginé dans ses terreurs nocturnes les plus effrayantes.

« Nom de dieu… CA c’est plutôt embêtant… »

Il descendit rapidement dans le poste de garde. Il ouvrit une armoire et trouva directement ce qu’il avait cherché. Il alluma les deux fusées d’alerte maximale. Elles détonèrent dans le ciel noir. La déflagration fut des plus bruyantes et leurs éclats étaient visibles même au Nord du village. Les gens crièrent, paniqués, et les civils regagnèrent les cavernes pour s’y réfugier, la plupart étaient encore en pyjama. Les enfants pleuraient, et la confusion régnait. Déjà, des escouades armées se dirigèrent vers la tour en renfort.

Konoha était attaqué, et pas par n’importe quoi. Le Nara estima ses chances de survie à moins de dix pourcent. Il prit toutefois son courage à deux mains, et envoya ses kunaïs munis de runes explosives vers l’adversaire. Ses techniques d’ombres étaient inutiles en pleine nuit, mais il doutait de leurs efficacités même en plein jour contre CE genre d’adversaire. Dans son esprit élaboré, une seule solution fut envisagée. Elle était simple et compliquée. Il leur fallait un Deus Ex Machina, et pas n’importe lequel. L’Hokage en personne…


---------------------------------------------------------------


« En fait, il est fort probable que l’un des deux ne survive pas à l’accouchement. Si nous devons en sauver un, lequel devons nous choisir ? »

L’Hokage regarda le médecin d’un air vitreux. Quelque chose se brisa en lui. Il ressentit une vague de tristesse s’emparer de lui et il s’effondra à genou contre le mur qu’il venait de frapper. L’infirmière tenta de le consoler, mais elle fut violemment repoussée. L’Hokage avait beau appartenir au monde des légendes, il n’en restait pas moins un homme. Un parmi tant d’autre, et dévasté par les évènements malgré son entrainement. Comment pouvait-il choisir ? Il aimait les deux plus que tout au monde, et n’en préférait aucun. Pourquoi exigeait-on de lui qu’il déchire son bonheur en deux ? Le médecin intervient directement.

« Dépêchez vous de choisir. Chaque seconde qui passe diminue d’autant leurs chances de survivre. Au deux. »

Il leva la tête. Il entendit un cri de douleur qui traversa l’épaisseur du mur. Sa femme. Son enfant. Sa femme ou son enfant ? Son enfant ou sa femme ? Son esprit s’embrouilla de plus en plus. Il se mit à pleurer. Il crut sentir la douleur de son enfant aussi. Elle lui tordit le ventre et il devint fiévreux. Des grosses gouttes apparurent sur son front, et il eut un spasme. Il murmura la réponse, aux allures de condamnation.

« L… l’enfant… »

Il s’effondra face contre terre après sa réponse, et frappa du poing le plancher. Le médecin s’enferma dans la chambre de sa femme où les cris avaient déjà redoublés. Et peu à peu, des cris furent poussés d’autre endroit pour former une cacophonie désagréable. Était-ce son esprit qui avait lâché prise sur la réalité ? Il venait de trahir l’être qu’il avait le plus aimé au monde, c’était donc normal que sa conscience aille faire un tour ailleurs.

« Hokage ! »

Qui l’appelait ?

« Hokage réveillez vous ! »

C’était un anbu aux cheveux verts. Il ne le connaissait pas, et ne reconnu pas sa voix. Il voulait être laissé en paix dans sa souffrance. Il ne voulait plus être dérangé par les tracas terrestres. Sa femme… allait mourir. Et c’était sa voix qui l’avait condamné. Il ne pouvait se résoudre à condamner l’Espoir, ce en quoi il avait toujours cru, ce que son fils incarnait… Était-ce une excuse pour son acte ignoble ? Pourquoi avait-il décidé son fils plutôt que sa femme ?

« Hokage, le village est attaqué ! Dépêchez vous ! »

L’information mit un certain temps à atteindre sa conscience. Les mots épars furent remis dans le bon ordre, et interprétés dans le sens le plus logique possible.

Il rouvrit les yeux, résigné.

Il était Hokage.

Chaque villageois était son enfant. S’il devait en perdre un, il ferait son possible pour ne pas en perdre plus cette nuit. Il se leva dignement, et fit signe à l’anbu d’attendre une petite minute. Il entra dans la chambre. Sa femme gémissait encore et toujours. Il posa doucement sa main sur son front et lui chuchota.

« Attends moi, je reviens dans quelques minutes. Je te le promets. »

Elle hurla de douleur pour toute réponse.

Il repartit par la fenêtre dans les ténèbres de la nuit.

-----------------------------------------------------------


Fracas et lumières. Sang et ténèbres. La mort planait ce soir-là sur le village de Konoha. Sa panse était déjà bien remplie de plusieurs victimes, et elle ne comptait pas s’arrêter là. Car la mort engloutit toujours plus sans jamais satisfaire sa faim.

« Repliez vous !
- Bon sang, on va tous y passez !
- Je suis fichu… sauve toi tant que tu peux !
- Tirez ! Tirez !
- Cet enfoiré vient d’abattre mon frère !
- Noooon…
- Yuki barre toi !
- Je vais… mourir ?
- Brancardiers !
- Tu vas souffrir saloperie…
- Mamaaan…maman… je ne veux pas mourir… je… veux pas… cre…ver…
- J’ai… mal…c’est… mon bras… par terre ?...
- Ne perdez pas espoir ! Il faut continuer !
- C’est chiant… »

Un tableau d’apocalypse était peint à même le village. Flammes, cris, cendres, ruines et sang. Le tout était mêlé pour former l’essence même de l’horreur et de la tragédie. C’était un vrai massacre.

« Au…revoir…
- Boules de feu ! A couvert !
- Merde, ce truc m’a touché ! Je ne sens plus ma jambe... Brancardiers !
- Dites-moi que je rêve…
- Ha ha ha ha ha !
- Makoto !
- Au secours ! Aidez… moi…Ai…dez…m…
- C’est vraiment chiant…
- Brancardiers !
- Ils sont morts, plus la peine de les appeler.
- Dis à… ma femme… »

Les cadavres s’amassaient alors que les bâtiments s’effondraient et que l’ennemi avançait. La douleur était omniprésente, parfois accompagnée de folie, souvent accompagnée de courage et de sacrifices. Le Nara fut blessé assez gravement. Son visage pissait le sang par deux plaies à la mâchoire. Il en gardera deux cicatrices à jamais.

Ce fut dans ces conditions que l’Hokage arriva. Il sentit le désespoir envahir l’atmosphère. Il cria le plus fort qu’il put.

« Ne vous inquiétez plus ! Le plus grand de tous les ninjas est arrivé ! »

Si seulement c’était aussi facile.

Il se devait de remonter le moral de ses troupes.

En vérité, lui aussi mourrait de trouille face à son adversaire. Il mordit son pouce et invoqua la seule créature qui pouvait l’aider dans ce combat. Un énorme crapaud rouge de plusieurs dizaines de mètres de hauteur apparut sous les pieds de son maitre dans un nuage de fumée. Il portait un gilet bleu et possédait un katana en bandoulière. Il fumait la pipe. Gamabunta, le roi de tous les crapauds.

« … Je ne fais pas le poids contre ça. Désolé vieux, je ne pense pas t’être utile.
- Il me faudra quelqu’un pour m’apporter rapidement à ma femme, à l’hôpital. Troisième étage, cinquième fenêtre de la façade Est en partant de la gauche.
- Tu ne comptes quand même pas…
- Si. »

Il avait promis de ne jamais utiliser cette technique.

Il y eut un grand flash de lumière.

---------------------------------------------

L’homme traina péniblement son corps à travers la fenêtre. Il avait… réussi. Il avait douté de sa victoire. Un sourire était affiché sur son visage blême.

Il n’arrivait plus à bouger la partie droite de son corps. Il se traina jusqu’au lit de sa femme qui le regarda en murmurant dans son dernier souffle.

« Je t’ai attendu… »

Il voulut pleurer, mais il n’y arriva pas. Les médecins présents se précipitèrent pour le soigner. Toutefois, il les repoussa du mieux qu’il pu avec son bras gauche. Il se savait perdu. La douleur était inimaginable et la paralysie gagnait son corps entier. Ce n’était pas un poison ni une blessure. C’était un prix.

« C’est déjà trop tard pour moi. Où est mon fils ? »

Les dernières forces qui lui restaient ne seraient pas suffisante pour survivre. Il voulait voir son enfant. Sa chair. Il bouscula au passage un vase dans lequel reposaient les chrysanthèmes, les pétales flottant légèrement comme prêt à tomber avec la première brise. Le verre se brisa et il piétina les fleurs. Il se traina jusque devant un couffin où un petit bébé couvert de sang l’attendait avec de gros yeux tout bleus.

Ca tombait bien, lui aussi était ensanglanté. De ses blessures perlaient des petites gouttes en abondance sur la chair de sa chair. Son fils…

Il forma un sceau dans ce mélange sanguin d’une bien étrange trinité composée d’une morte, d’un nouveau né et d’un presque mort.

« Gamin… je compte sur toi pour faire régner la paix dans ce monde. Aime les femmes, et n’oublie jamais de sourire… »

Le sceau disparut sous la peau même de l’enfant dans une petite lueur bleuté. Son père s’écroula sans vie. Une brise s’engouffra par la fenêtre et souleva les derniers pétales blancs, anciens vestiges d’une vie sans souci et à jamais perdue. Pourtant une phrase résonna dans la pièce, avec pour seuls témoins trois docteurs, une infirmière et un nouveau né.

« Je compte sur toi… Naruto »