Akira
Scène une
Akira, Chiyo, Sasori, Isshin, Asano, Sheuji, Shukaku
La mort est une dette que chacun ne peut payer qu'une fois.
William Shakespeare
La gloire est le soleil des morts.
Honoré de Balzac
Le vent souffla sur le visage d'Akira lorsqu'il émergea de chez lui – un large manoir fait d'un métal blanc rare que l'on ne trouvait que dans le désert, dans un quartier respectable de Sunagakure. Une pluie de sable tombait sur le village, et plusieurs serviteurs déployèrent des parasols pour protéger Akira de cette fausse tempête. « Un fou de jinchūriki... Encore un échec. » Se dit-il.
Le démon-à-une-queue Shukaku, cadeau empoisonné d'Hashirama Senju au Shōdai Kazekage, devenait intenable par les temps qui couraient. Il provoquait ces fameuses pluies de sable si gênantes, et détruisaient des parcelles entières de bâtiments par son simple souffle. Après tout, n'était-il pas l'arme ultime de Sunagakure ? Mais à quel prix ? Etait-ce donc vrai que le village était maudit depuis le prêtre à la théière ? Akira n'en n'eut pas le temps de la réflexion. Aussitôt face au bijuu, Akira se dressa aux côtés de Chiyo-baa-sama, la marionnettiste à qui il avait vendu, pour un bon prix d'ailleurs, la collection de son grand-père, un héros des Provinces en Guerre, la Technique Blanche Secrète: La Collection des Dix de Monzaemon Chikamatsu. Akira émit un sourire en la voyant essayer de sceller le bijuu à l'aide de son fuinjutsu, qui par ailleurs était loin d'être mauvais.
- Ils sont comme ça les shinobis de nos jours. Fit Akira d'un air maussade. Ils voient le malheur là où il n'y en a pas. Il y a deux types de malheurs. Le malheur sur lequel on ne peut pas influer, le plus grave, comme l'éruption d'un volcan ou une tempête de sable en ce qui nous concerne. Et enfin, le plus stupide, le malheur sur lequel on peut influer. Les jinchūriki sont le fruit des hommes. On peut donc influer sur celui-ci. Donc, cela contredit, dans un certain sens, ce que je viens de vous dire. Il n'y a qu'un seul type de malheur, puisqu'on peut agir au lieu de subir.
Et aussitôt, Akira déploya son Kekkai Gekkai: le Magnétisme, qu'il avait développé seul. Il fit appel au métal liquide qu'il avait fait boire au jinchūriki avant le processus de cérémonie sacrificielle – en cas de nécessité, et le fit trembler de l'intérieur. Ainsi, le démon-à-une-queue frissonna, laissant le temps à l'équipe de scellage d'en finir avec lui, dans des banderoles d'où émanait du chakra.
- Qu'est-ce que je vous disais ? Sourit Akira.
Presque dans la seconde qui suivit, Sasori, l'élève d'Akira, accourut. Il était petit, le teint des cheveux auburn et avait un visage d'ange qui trahissait sa nature de petit démon. C'était déjà un chūnin malgré ses onze étés, et ce, depuis ses huit ans. Et bientôt, conformément à sa promesse, Akira ferait de lui un jōnin.
- Bien joué, sensei ! Voilà qui devrait nous laisser tranquille une bonne semaine.
- J'espère. Répondit Akira avec un large sourire. Demain est un grand jour pour nous deux. Viens, rentrons.
- Akira-san. Intervint Chiyo, la grand-mère de l'enfant qui n'avait rien épié de leur conversation (Trop honnête pour cela, songea Akira). N'oublions pas que demain aura lieu l'élection du Nidaime Kazekage. Tout est-il bien prêt ?
- Je me suis arrangé dans ce sens, Chiyo-baa-sama. S'inclina Akira, faussement impressionné par la prestance de la vieille kunoichi.
- Dans ce cas, Sasori, je te laisse filer avec ton sensei. Vous allez bientôt recevoir votre prochaine mission.
- Merci, grand-mère. Sourit Sasori. Je suis impatient de repartir au-dehors du village avec mes nouvelles marionnettes.
Mais Akira n'avait pas aimé le terme ''mission''. Akira était un shinobi certes, mais avant tout un politicien, comme tous les membres de son clan avant lui. Il était le ''fouet'' du Parti du Lotus Blanc, l'organe politique du Haut-Conseil opposé au Shōdai Kazekage.
- Si vous ne savez pas ce qu'est un ''fouet'', reprit Akira, c'est celui qui est en charge d'organiser les réunions du parti et d'organiser les rencontres. Bref, une sorte de manager.
Akira était songeur malgré tout, car ce simple mot ''mission'', ne correspondait en rien aux promesses d'Asano de faire de lui le secrétaire permanent du Haut-Conseil de Sunagakure. Car s'il comptait faire élire un Nidaime Kazekage, il comptait lui aussi s'approcher des hautes-sphères du pouvoir. En fin de compte, il vous le dira lui-même.
- Vous savez quoi ? Je compte un jour... Non... Un jour, je deviendrai Kazekage !
***
Akira prépara son uniforme immaculé de Conseiller du Lotus Blanc et une fois prêt, il sortit de son manoir situé dans le douzième district de Sunagakure, escorté par plusieurs gardes de sa maisonnée, le clan Monzaemon, l'un des plus anciens de Sunagakure - des gardes qu'il connaissait depuis l'enfance et qui le protégeaient, et se rendit les mains dans les poches vers le Palais du Kazekage. L'immense bâtiment rond fait de roche blanc cassé où était inscrit le kanji ''Vent'' et où se tenaient les réunions du Haut-Conseil.
- Le Lotus Blanc est l'un des centaines de partis politiques qui influaient au Conseil de Suna. Commenta alors Akira. Ces intrigues politiques sont si mesquines qu'on y risque parfois sa vie. Des luttes féroces entre les clans qui si encrées dans la culture de Sunagakure qu'elles portent un nom: le jeu du Conseil... Est-ce que je crois en les vertus de mon propre parti ? Non ? En ses promesses ? Certainement pas ? Mais le vent tourne et j'ai bien choisi la direction à prendre.
Il pénétra dans la Salle du Conseil, une vaste assemblée rectangulaire taillée dans du marbre noir, où on courait la rumeur des murmures des conseillers.
Tous les partis s'étaient réunis autour du Daimyō du Pays du Vent, fier malgré sa santé débile et son âge séculaire, sur son haut trône érigé au coeur de la pièce, pour élire le Nidaime Kazekage. Le Daimyō était connu pour son intransigeance et pour son efficacité à régner. Il s'était néanmoins montré hostile aux visions expansionnistes du Shōdai Kazekage, dont il semblait se féliciter de la mort.
- Nous vivons dans une drôle de société. Reprit Akira. Tous ces shinobis se tiennent devant un homme qui les paye pour qu'ils lui servent d'armée, et en fin de compte, c'est ce dernier qui aura la décision finale dans l'élection du Kage. C'est bien le seul point commun entre nous, shinobis de Sunagakure, avec les autres villages cachés !
Akira alla s'asseoir aux côtés de Jinwanabi Asano, un homme de haute stature et à l'âge relativement avancé, chauve, un tatouage de dragon dessiné tout le long de son épais visage – et surtout, le candidat le plus sérieux au titre de Kazekage. Le Daimyō leva la main, invitant tous les partis à se lever et à prêter le serment solennel d'équité et d'honneur.
- Si vous voulez mon avis. Dit Akira. Tout ceci n'est que foutaises, juste un prétexte pour oublier que nous sommes en période de crise à cause du Shukaku et que personne n'a le cran à part moi de s'occuper de lui.
Akira, comme tous les shinobis présents dans la Salle du Conseil, prononça les cinq vœux : vœu de paix, vœu de prospérité, vœu de progrès, vœu de prudence, et enfin, vœu de piété. Car le Sable était pur et le Shōdai Kazekage avait bien insisté pour que les shinobis installés dans le désert du Pays du Vent s'unissent dans le sens où ils devraient rester pieux envers Kaguya Ōtsutsuki, la mère de tous les ninjas, et la prier tous les Solstices d'Eté et d'Hiver. Bien que le Pays du Vent n'ait jamais connu l'hiver, seulement les rafales de sable et les pluies de cendres.
Le Daimyō prit alors la parole :
- Veuillez vous asseoir, mes braves conseillers. Aujourd'hui est un grand jour pour notre pays, car un nouveau Kazekage doit être élu. Que les candidats s'approchent pour défendre leurs idéaux et leurs projets.
On vit ainsi Akodo Isshin, Jinwanabi Asano et Ikkakuju Sheuji s'avancer.
- Quels projets avez-vous pour Sunagakure, Akodo Isshin ? Demanda le Daimyō.
- Le projet de vaincre Iwagakure et le Nidaime Tsuchikage Mū, dont les visées expansionnistes sont ouvertement prononcées. Annonça Akodo Isshin, le représentant du Parti du Serpent Jaune.
- Le projet de vaincre Konohagakure et le Nidaime Hokage Tobirama Senju, dont les visées expansionnistes sont ouvertement prononcées. Fit l'Ikkakuju lorsque son tour fut venu, dont la famille était depuis des lustres associé au Parti du Jade Noir.
Le Daimyō, empourpré de colère, s'empressa de dire :
- Vous deux cherchez la guerre. Nous n'avons pas besoin d'une guerre à l'heure actuelle. Nous sommes en crise. Et vous, Jinwanabi Asano ?
- Je cherche à stabiliser l'économie de notre nation et à régler définitivement le contentieux des jinchūriki. Je compte développer une unité spécialisée dans la recherche d'hôtes compatibles avec le Shukaku, pour éviter de nouvelles crises. Et éviter surtout les pluies de sable.
Akira sourit. Ce discours avait été écrit par lui. Et il correspondait parfaitement à ce que ses espions infiltrés dans le château du Daimyō lui avaient rapportés. Le Daimyō du Pays du Vent cherchait avant tout à stabiliser son économie, en fort déficit depuis la Première Guerre Ninja, et à vaincre le Shukaku une bonne fois pour toute, que l'on disait maudit, et qui aurait maudit le Village Caché dans le Sable et son fou de Shōdai Kazekage qui avait osé le sceller dans un jinchūriki.
- Les Daimyōs ne cherchent qu'à entendre ce qu'ils désirent entendre. Commenta Akira. Est ce que je crois qu'il est nécessaire de placer nos espoirs en Asano ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'il a le plus de clans à sa solde, et qu'il constitue donc la majorité. Tous les mécontents du précédent règne en somme. Et diantre qu'ils y en avaient.
Le Daimyō sourit à son tour. Il caressa sa barbichette blanche qui lui mangeait le menton et qu'Akira trouvait ridicule.
- Que les partis s'expriment. Finit-il par dire.
La cacophonie retentit pendant plusieurs minutes, avant que le Daimyō n'ordonne le silence.
- J'ai pris ma décision. Officiellement, je nomme, après une année de campagne décisive, le Nidaime Kazekage.
Tous restèrent cois, bien qu'Akira et son parti, le Lotus Blanc, sachent pertinemment qui allait être élu.
- Jinwanabi Asano, avancez-vous.
L'homme chauve au tatouage de dragon s'avança vers le Daimyō qui lui remit le chapeau vert et blanc de Kazekage. Il fut couronné par le Daimyō en personne – comme il était coutume de le faire dans le Pays du Vent. Akira savoura son triomphe.
- Me voilà secrétaire du Conseil !