Ceux que nous sommes

Chapitre 1 : Ceux que nous sommes

Chapitre final

14530 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/03/2020 11:44

Ceux que nous sommes

 



Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum fanfictions.fr : Les uns contre les autres (février-mars 2020).

 


C’était une nuit sombre et orageuse ; la pluie tombait à torrents – sauf par intervalles occasionnels, lorsqu’elle était rabattue par un violent coup de vent qui balayait les rues, crépitant le long des toits, et agitant violemment les maigres flammes des lampes qui luttaient contre l’obscurité.


Sasuke Uchiwa était d’une humeur aussi exécrable que la météo en cette soirée.


Depuis quelques temps déjà, il avait le sentiment – et n’était-ce d’ailleurs pas plutôt la réalité ? – que tout dans sa vie lui échappait, et qu’il n’avait plus aucun contrôle ni aucune emprise sur quoi que ce fût, et cela le contrariait énormément, à un tel point qu’il n’avait même plus les mots pour décrire l’état émotionnel dans lequel il se trouvait en cet instant précis. Un mélange de rage, d’impuissance, de frustration et d’autres émotions tout aussi violentes et incontrôlables qui tourbillonnaient en lui et que rien ne semblait pouvoir apaiser.


Un prénom revenait encore et toujours dans son esprit, tournoyant furieusement à lui en donner le vertige.


Naruto.


Ses lèvres brûlaient à chaque fois qu’il prononçait ces trois syllabes.


Les problèmes de Sasuke existaient déjà bien avant qu’il ne vînt à côtoyer cet individu, un véritable gamin blond aux cheveux en bataille et dont les yeux étaient plus bleus que le ciel lui-même. Un gosse paumé qui n’écoutait strictement rien ni personne, qui passait la plupart de son temps à se faire remarquer, et qui n’avait qu’un seul mot à la bouche : Hokage[1]. En clair, il rêvait d’être le dirigeant de leur village depuis qu’il était petit. Mais par-dessus tout, Naruto Uzumaki était un orphelin.


Sasuke frissonna.


Une situation qu’il ne connaissait que trop bien, puisque lui-même était dans ce cas-là.


Et pourtant, hormis cela, on n’aurait pu trouver de personnes plus différentes que ne l’étaient Naruto et Sasuke. Le premier était d’un optimisme à toute épreuve mais n’avait aucun talent pour tout ce qui concernait les arts des ninjas, autour desquels évoluait leur monde, et préférait agir avant de réfléchir. Le second, par contre, était beaucoup plus terre à terre et distant avec les autres, tout en étant un shinobi[2] d’exception dont les capacités d’analyse et de réflexion étaient impressionnantes. Pour son âge, il était un véritable petit génie, cela ne faisait aucun doute.


Il était donc aisé de deviner que, lorsque que l’année de leur treize ans, à leur sortie de l’Académie, où ils avaient appris les bases pour devenir des ninjas accomplis, ils avaient été placés dans la même équipe, la numéro sept, sous la supervision d’un mentor, cela avait fait des étincelles. Dans le groupe, chacun des deux n’avait eu, et n’avait encore de cesse de montrer sa supériorité sur l’autre. Le plus souvent, cela se faisait aux dépens de leur troisième et dernière coéquipière, Sakura Haruno. Jeune fille aux cheveux roses et aux yeux vert d’eau, elle était un brin capricieuse et surtout elle n’avait d’yeux que pour Sasuke dont elle était particulièrement amoureuse. Autant dire qu’à eux trois, ils formaient une drôle de brochette.


Et pourtant, leur maître, Kakashi Hatake, avait réussi par on ne sait quel miracle à rendre ce petit groupe à peu près fonctionnel… du moins la plupart du temps. Car il était clair que celui qui parviendrait à faire parfaitement coopérer Naruto Uzumaki et Sasuke Uchiwa n’était pas encore né. Ils s’entendaient comme chien et chat, du moins, c’était ce qu’on pouvait supposer d’un point de vue extérieur. Car, en vérité, les choses étaient bien plus compliquées qu’une simple relation de haine ou de mépris. Et c’était cela qui était le plus difficile à admettre, pour l’un comme pour l’autre.


La pluie s’étant quelque peu calmée, Sasuke quitta l’auvent sous lequel il s’était réfugié durant le plus gros de l’averse et reprit son chemin pour rentrer chez lui, mains dans les poches et l’air songeur. Lui et Naruto, c’était une histoire à la fois vieille et récente : depuis le début, ils n’avaient jamais pu se sentir, et cependant, depuis la naissance de l’équipe sept, il n’avait jamais existé de lien plus puissant que celui qui les unissait. Ils passaient leur temps à se lancer des piques assassines, et pourtant, lors de leur première mission ensemble, Sasuke avait failli y passer en sauvant Naruto d’une attaque d’un ennemi d’alors. Encore aujourd’hui, le jeune Uchiwa ne comprenait toujours pas ce qui s’était passé. Mon corps a bougé tout seul, ne cessait-il de se répéter lorsqu’il venait à repenser à cet événement. Il détestait Naruto : cet idiot était l’opposé exact de tout ce que Sasuke attendait d’un bon équipier. Alors non, il ne voulait surtout pas que qui que ce fût s’imaginât ne serait-ce qu’une seule seconde qu’il avait voulu lui sauver la vie.


Enfin bon, puisque tous les deux étaient amenés à travailler ensemble, ils avaient bien été obligés de faire de leur mieux et d’affronter les épreuves de la vie ensemble. De cette fameuse mission au Pays des Vagues jusqu’à l’attaque de leur village par Orochimaru, l’un des trois ninjas légendaires connus sous le nom de Sannin[3], ils avaient été confrontés à des événements particulièrement violents, mêlant le désespoir, la terreur et la mort, mais aussi la confiance, le travail d’équipe, et l’espoir. Ils avaient fait face en tant qu’équipe soudée, dont chacun des membres était prêt à tout pour son prochain. Et jusque-là, les choses avaient plutôt bien marché.


Ça aurait été sans compter sans l’irruption intempestive d’Itachi Uchiwa.


La seule évocation de son nom suffisait à enflammer l’être de Sasuke d’une rage ardente, à nulle autre pareille. Si, autrefois, on aurait pu caractériser la relation entre eux de fraternelle, désormais seul le mot « haine » était approprié pour qualifier la relation qui les liait. Cet homme avait – Sasuke serra les poings si forts que ses phalanges craquèrent et que ses ongles rentrèrent dans ses paumes –, cet homme avait massacré son clan et sa famille, sans laisser le moindre survivant, hormis son petit frère, Sasuke. Et il n’avait éprouvé strictement aucun remord pour ses actes.


Le cœur du jeune garçon réclamait vengeance : un jour, il allait tuer son frère, et lui faire payer pour tout ce qu’il lui avait fait subir. Il n’y avait qu’à cette condition que Sasuke trouverait le repos.


Il grimaça de douleur tandis qu’il ouvrait la porte de son appartement, dans lequel il vivait seul depuis cette nuit-là. Son frère – la seule pensée le concernant le rendait ivre de colère – lui en avait vraiment fait voir de toutes les couleurs, l’autre jour, et il en ressentait encore les contrecoups, même trois jours après. En même temps, il était indéniable qu’Itachi l’avait toujours surpassé dans tous les domaines, ce n’était pas nouveau. Il faisait la fierté de son père et du clan, à l’époque, et personne ne pouvait lui arriver à la cheville. Il avait été un véritable frère modèle pour son cadet, qui avait toujours aspiré à lui ressembler, voire même à le surpasser. Il avait suffit d’un seul soir pour que tout fût brisé : les espoirs, les rêves, l’innocence, l’insouciance et tant d’autres choses encore… Sasuke avait tout perdu, à ce moment-là. Il se retrouvait tout seul.


C’était encore plus frappant lorsque, comme maintenant, il rentrait chez lui et qu’il n’y avait plus personne pour l’accueillir. Naruto et Sakura, ses deux coéquipiers, avaient tenu à l’emmener manger chez Ichiraku[4], ce soir, mais Sasuke avait refusé, bien que la proposition l’eût touché ; il souhaitait simplement être tranquille. D’une humeur particulièrement énervée, et grelottant quelque peu de froid, il gagna sa chambre, un lieu plutôt vaste mais particulièrement bien ordonné. En d’autres circonstances, Sasuke serait peut-être sorti sur le balcon, ne serait-ce que pour admirer les étoiles, mais le ciel était encore couvert du fait du récent orage, et le jeune garçon n’était pas dans un état d’esprit tel qu’il eût envie de contempler le ciel, ce soir.


Il alluma la lumière de la lampe de chevet qui trônait sur sa table de nuit, et dans la foulée, ôta son pull bleu nuit à manches longues humide, se retrouvant ainsi en tee-shirt, et le mit à sécher sur le dossier du fauteuil qui se trouvait dans un coin de la pièce. Cette journée avait été tellement éprouvante pour lui qu’il souhaitait juste dormir, à présent. Par contre – son regard glissa sur le large plan de travail qui jouxtait son meuble télé en acajou –, il n’était pas contre l’idée de lire un livre. En deux temps trois mouvements, il se retrouva à genoux face aux bouquins qu’il possédait. Généralement, il s’agissait d’ouvrages théoriques, mais il y avait également d’autres bouquins moins sérieux, comme des livres de contes que son frère – non qu’il lui lisait lorsqu’il était plus petit. Sasuke se mordit si fort la lèvre qu’il manqua d’en crier de douleur. Qu’est-ce que ça fait encore ici, ça ? Il faudra vraiment que je pense à m’en débarrasser. Il le fallait, il ne voulait plus rien avoir ici qui le reliât à quelqu’un de son espèce.


Il secoua la tête, se forçant à chasser ces mauvaises pensées de son esprit, et prit un ouvrage au hasard, un roman d’un célèbre écrivain du Pays du Feu, avant de se redresser. Il n’avait pas escompté l’objet sur lequel son regard se poserait en exécutant ce simple geste ; ses yeux s’écarquillèrent quelque peu.


Le cadre en bois de chêne était récent, cela se voyait à sa texture claire et brillante ainsi qu’à l’absence de quelconque coup ou entaille. Derrière le verre se trouvait une photographie couleur, sur laquelle posaient quatre personnes. Sur la gauche, vêtu du même pull bleu qu’il avait enlevé quelques instants plutôt et les mains sur les hanches, Sasuke regardait l’objectif les sourcils froncés et l’air passablement contrarié. À son exact opposé, tout à droite, Naruto, avec sa combinaison orange, les bras croisés et les dents serrées, foudroyait son équipier du regard ; son expression témoignait elle aussi d’un énervement particulièrement intense. Un peu en avant par rapport à eux, Sakura avec ses longs cheveux roses et son kimono rouge, rayonnait, les yeux fermés et les poings serrés contre ses joues. Son sourire joyeux détonnait face aux mimiques irritées de ses deux partenaires. Pour compléter le tableau, leur maître, Kakashi, dont les cheveux gris hérissés partaient dans tous les sens, avait ses mains posées respectivement sur les têtes de Naruto et Sasuke, et on le devinait sourire d’un air désolé derrière son masque recouvrant la partie basse de son visage. Tous les quatre portaient un bandeau frontal avec le symbole de leur village gravé sur une plaque en acier au milieu ; celui de Kakashi dissimulait entièrement son œil gauche. En arrière-plan se trouvaient deux arbres qui apportaient une touche de verdure.



Une semaine de fin janvier, en plein cœur de l’après-midi. Il fait encore frais, malgré l’heure du déjeuner depuis longtemps passée. En dépit de cela, cinq personnes sont rassemblées dans ce qui s’apparente à une petite clairière baignée de lumière, qui sert de temps à autre de terrain d’entraînement pour les futurs shinobi en formation.


Le photographe, qui a déjà un certain âge, vérifie une dernière fois son appareil vieux modèle monté sur trépied, et demande à tout le monde de se mettre en place pour la photo. En guise de réponse, une voix agacée résonne avec force dans tout l’espace.


–        J’ai pas envie de poser à côté d’un crâneur pareil ! J’ai pas envie que ça passe à la postérité, moi !


Naruto, un index tendu vers son rival nonchalant, fulmine, tandis que leur enseignant, le pauvre Kakashi, regarde, une main dans ses cheveux et l’air impuissant, ses deux élèves à la forte personnalité se chamailler. Sakura, quant à elle, rajuste quelque peu sa coiffure, gaiement. Rarement quelqu’un a été plus insouciant qu’elle ne l’est en cet instant. Les petits graviers crissent sous les semelles de ses sandales tandis qu’elle se positionne sous son meilleur profil.


–        Hn, parce que tu crois que ça me plaît de poser à côté d’un imbécile heureux ?

–        Hein ? Comment tu m’as appelé ?!

–        C’est pas un peu fini, oui ? les interrompt leur mentor, en posant ses mains sur leurs têtes, les forçant à se rapprocher l’un de l’autre. La photo d’équipe est obligatoire, alors dépêchez-vous, qu’on en finisse.


À contrecœur, Naruto cesse de brandir le poing et Sasuke ôte ses mains des poches de son short, mais tous les deux n’en restent pas moins d’une humeur exécrable, ainsi qu’en témoignent les traits crispés de leurs visages, définitivement immortalisés sur le papier glacé lorsque le « clic » caractéristique se fait enfin entendre. Ils s’éloignent rapidement l’un de l’autre, et bientôt, la dispute reprend, au grand désespoir de Kakashi, qui pousse un profond soupir, un parmi tous ceux qu’il a déjà poussés, et quelque chose lui dit que ce ne sera pas le dernier.


Entre le fils du Quatrième Hokage, le dernier survivant du clan Uchiwa et une jeune kunoichi[5] banale, l’adulte ne sait définitivement pas à quoi s’attendre, avec ces trois-là, ni même s’il a bien fait de les accepter comme genin[6] si tôt. Après tout, ils n’ont réussi leur examen que depuis quelques heures seulement, et il est déjà prévu qu’ils partent en mission demain. Tout cela est bien loin d’être raisonnable. Pourtant, il a un bon pressentiment, avec eux. Ils lui rappellent un peu l’équipe que lui-même formait avec ses camarades. Ces similitudes le feraient presque rire, si elles n’étaient pas si troublantes. Quoi qu’il en soit, il ne peut plus reculer. Il est désormais le supérieur de trois enfants bien turbulents et si différents.


Aujourd’hui, l’équipe sept est officiellement née.



Sasuke ne put empêcher un petit sourire en coin de franchir ses lèvres tandis qu’il observait la photo entre ses mains pâles. Quelle journée cela avait été ! Il s’en rappelait encore, même si elle avait eu lieu des mois auparavant. Il s’était passé tellement de choses, entre temps…


Pour commencer, il y avait eu cette mission au Pays des Vagues durant laquelle il avait bien cru qu’il allait mourir. Ensuite, il y avait eu les examens Chūnin[7], durant lesquels lui et son équipe avaient été attaqués par Orochimaru – qui lui avait laissé une marque dans le cou, aux terribles effets – durant lesquels le village de Konoha avait été attaqué par des ninjas du pays voisin du sable… mais pas uniquement. Orochimaru, toujours lui, avait également été de la partie et avait affronté le Troisième Hokage. Le combat s’était fini par la mort de ce dernier. Après cela, Naruto était parti à la recherche d’un nouveau dirigeant en compagnie de son nouvel entraîneur, Jiraya.


Et maintenant, voilà que Sasuke se réveillait dans un village qui tentait tant bien que mal de se reconstruire et dont l’intronisation de la nouvelle dirigeante était prévue prochainement. Dans tout cela, en tout cas, pour le meilleur ou pour le pire, il restait une constante qui n’avait pas changé. L’équipe sept. Et particulièrement Naruto. Il a progressé à un tel point, songea Sasuke, frustré, sans quitter des yeux le gamin blond qui lui lançait un regard noir sur la photo. C’est difficile à croire. Mais bon, il n’y a aucun risque qu’il puisse un jour me rattraper ajouta intérieurement le brun en reposant précautionneusement le cadre sur le plan de travail, dans un sourire. Après cela, il ferma d’un coup sec les rideaux et entreprit d’aller se mettre en pyjama.


Demain serait un autre jour.

 



***

 



Tout était blanc et aseptisé.


L’odeur de désinfectant fut ce qui permit en premier à Sasuke de reconnaître l’endroit où il se trouvait. Une odeur horriblement familière, étant donné le nombre de séjours qu’il avait déjà faits à l’hôpital.


Mais que faisait-il là pour commencer, déjà ?


Il se redressa dans son lit et porta lentement ses mains tremblantes à ses tempes avant de les masser, essayant de se remémorer les événements qui avaient pu le conduire à se retrouver encore à cet endroit. Il se rappelait avoir eu une violente altercation avec quelqu’un, mais il avait l’esprit si confus et embrumé qu’il ne parvenait plus à se souvenir du nom de cette personne. La confrontation a été violente a priori, je ne serais probablement pas ici, autrement. Mais que diable avait-il bien pu se passer ? Tout son corps était complètement endolori, et il avait peur de se briser un os à chaque fois qu’il tentait de bouger le moindre muscle. Le sang battait furieusement dans ses tempes, et il prit une grande inspiration, les yeux fermés, pour essayer de se calmer.


Des images se formèrent dans son esprit, et le jeune garçon rouvrit les yeux, complètement secoué. Naruto !


Bon sang, tout lui revenait brutalement en mémoire. Oui, il en était certain maintenant. L’autre jour, lui et Naruto s’étaient affrontés de manière violente sur le toit de l’hôpital. Leur lutte avait été brève mais particulièrement violente ; les choses avaient failli très mal tourner, notamment lorsque leur camarade, Sakura, s’était interposée. Si Kakashi Hatake, leur sensei, n’était pas intervenu, il était très probable que leur amie ne serait même plus en vie aujourd’hui. Il les avait envoyés valser contre deux grands réservoirs d’eau, qui avaient subi la puissance de leurs attaques respectives de plain fouet. En retirant sa main de la tôle froissée et brisée sous l’impact, Sasuke avait jugé par la puissance du jet d’eau s’écoulant que c’était son attaque qui avait été la plus imposante, mais en voyant le trou béant créé par celle de Naruto, il était devenu vert de jalousie.


Comment cet imbécile heureux avait-il pu maîtriser une technique plus destructrice que la sienne en si peu de temps ?!


Il avait toujours été en échec, sur le plan social et sur le plan scolaire. Il était le dernier de la classe, celui qui ne faisait que des pitreries et fonçait dans le tas au lieu d’utiliser sa raison. Sakura le considérait comme un boulet, et Sasuke lui-même ne s’était jamais attendu à ce que Naruto fût capable de quoi que ce fût. Malgré tout, c’était amusant, d’avoir quelqu’un avec qui s’entraîner, un partenaire qui vous motivait à donner le meilleur de vous-même et avec qui vous partagiez une rivalité amicale.


Mais ce n’était pas le cas. Tout du moins, Sasuke refusait de reconnaître ce blondinet comme son égal. Et cela resterait ainsi. Parce que si le jeune Uchiwa venait à être rattrapé par son équipier… ce ne serait rien de plus qu’un échec. Comment le brun était-il censé pouvoir affronter et achever son frère s’il était incapable de s’imposer face aux autres membres de son équipe ? C’était purement et simplement inadmissible.


Alors quand, ces dernières semaines particulièrement, il avait assisté aux progrès fulgurants du blond, Sasuke ne l’avait pas supporté et avait voulu quitter Konoha. Lorsqu’il avait perdu toute sa famille, à l’époque, il avait cru qu’il ne s’en remettrait jamais. Mais après avoir intégré l’équipe sept, il devait admettre qu’il avait commencé à voir les choses sous un nouvel angle. Ce groupe était devenu comme une deuxième famille, pour lui ; il avait trouvé grâce à cela une nouvelle raison d’aller de l’avant. Il avait trouvé des gens à protéger. Et Naruto lui ressemblait, comme un frère. Il n’avait pas de parents, lui non plus, et les villageois l’avaient toujours rejeté et traité comme un paria. Ce n’était pas si différent des murmures et des messes-basses que Sasuke entendait dans son dos sur son compte. Oui, il partageait des similitudes avec cet hurluberlu effronté qui lui servait de coéquipier, même s’il ne voulait pas l’admettre.


Et c’était pour cette raison qu’il refusait de le laisser le surpasser sans rien faire. Voilà pourquoi il avait voulu quitter Konoha. Ce village le freinait. Il avait besoin de progresser, il avait besoin de devenir meilleur qu’il ne l’était déjà, il avait besoin de puissance. Quelque chose qu’Orochimaru avait proposé de lui accorder. Sasuke avait besoin d’avancer, et pour cela, il devait sectionner toute relation qu’il avait pu tisser avec les autres. Cela avait été plus facile qu’il ne l’avait cru. Du moment où il avait préparé son sac à dos et volontairement abaissé le cadre de façon à ne plus voir leur photo de groupe, il avait su qu’il ne pourrait plus revenir en arrière.


Il fronça les sourcils, contrarié, tandis que les souvenirs s’assemblaient dans son esprit. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il a fallu qu’ils envoient une équipe me chercher ? Ils n’avaient pas compris le message ?! Ses dents grincèrent. La nouvelle Hokage avait cru bon d’envoyer des élèves de sa promotion, des genin de treize ans à peine, pour aller le secourir. Tout ce que ces imbéciles avaient réussi à faire, c’était de se faire gravement blesser par les hommes de main qui accompagnaient Sasuke alors qu’il se rendait chez Orochimaru, et dans un sens ils n’avaient que ce qu’ils méritaient : le garçon ne leur avait jamais demandé de le sauver. Il voulait simplement se donner les moyens d’accomplir sa quête, et pour cela, il devait laisser le village derrière lui. Ce qu’il aurait probablement réussi à faire, d’ailleurs…


… Si seulement Naruto ne s’était pas encore une fois mis en travers de sa route.


Des larmes de rage perlèrent au coin de ses yeux. Lui et ce crétin qui ne savait jamais quand s’arrêter s’étaient affrontés sauvagement, à la Vallée de la Fin. Au terme d’un combat acharné, ils avaient fini par déclencher leurs plus puissants pouvoirs. Naruto, qui abritait en lui l’un des neuf démons à queues qui existaient dans le monde, le renard Kyūbi, avait eu recours au puissant chakra[8] du terrifiant animal. Quant à Sasuke, il s’était retrouvé à faire usage de la force effrayante conférée par la marque maudite d’Orochimaru.

Et tout cela pourquoi, au final ? Lorsque leurs deux attaques étaient entrées en collision de plein fouet, le choc avait été si violent, si intense, si dévastateur, qu’ils s’étaient tous les deux évanouis. Le brun était à présent de retour dans cet endroit dans lequel il ne voulait plus rester, et tout était à recommencer. Si je veux quitter à nouveau le village, ça va être beaucoup plus difficile, maintenant… Et tout ça à cause de Naruto ! Quel abruti !


–        Ah, tu es réveillé. Bon retour parmi nous, Sasuke.


Les yeux de l’intéressé s’agrandirent de surprise et il releva lentement la tête. Il n’aimait pas du tout la familiarité de cette voix.


Assis sur une chaise en face de lui, Kakashi était en train de lire son romain favori, Le Paradis du Batifolage. Le jeune Uchiwa resta un moment interdit en constatant que son mentor en était presque à la fin du roman, alors qu’il s’était pourtant mis à le relire tout récemment. Il n’aurait quand même pas passé la nuit à mon chevet… ? s’interrogea-t-il, stupéfait. Il n’eut pas le temps d’aller plus loin dans ses pensées, car l’homme referma brusquement le roman et le rangea dans la pochette ronde accrochée à sa ceinture, et Sasuke sut que la conversation qui s’annonçait allait être particulièrement pénible pour tout le monde, sans pour autant qu’il pût y couper.


Devant l’attitude hostile et pleine de rancœur de son élève, Kakashi soupira. Il connaissait l’histoire tragique du clan de Sasuke. Pour être tout à fait honnête, l’adulte se reconnaissait beaucoup en son apprenti, au même âge. Kakashi avait lui aussi traversé des moments difficiles, et il souhaitait aider son disciple de la même manière que lui-même avait été aidé des années plus tôt. Et surtout, même s’il était censé faire preuve d’objectivité en tant qu’enseignant, Sasuke était de loin son étudiant préféré, devant Naruto et Sakura. Ils partageaient la même affinité de chakra pour l’élément de la foudre, et de plus ils donnaient l’impression d’avoir bien plus connaissance de la noirceur du monde que qui que ce fût d’autre, et surtout de l’avoir côtoyée de trop près.



Alors qu’il venait d’affronter Naruto sur le toit de l’hôpital quelques instants plus tôt, Sasuke s’était retrouvé adossé au tronc d’un grand chêne, tandis que son mentor lui faisait face, une main dans ses poches et l’air toujours aussi imperturbable que d’habitude. Il s’était mis en tête de donner la leçon à son élève, dit élève qui eut tôt fait de le rembarrer. Il n’était absolument pas d’humeur à se faire sermonner.


–        C’est bien joli de me faire la morale. Mais si j’éliminais la personne qui compte le plus à vos yeux, vous n’auriez, tout comme moi, qu’une seule idée en tête : vous venger !

–        Bien, tu as l’air décidé, alors fais comme tu veux. Malheureusement, je n’ai plus personne qui soit à ce point important à mes yeux.


Le garçon ne desserra pas la mâchoire, et soutint le regard de son interlocuteur de son air farouche, comme pour le défier. Un défi qui ne tarda pas à être relevé.


–        Ou plutôt, ces gens ne sont plus de ce monde.


Et Kakashi ponctua ces paroles de son plus beau sourire, face à l’expression ahurie de son apprenti.


–        Nous avons maintenant des amis, des amis fidèles qui nous sont proches et qui nous soutiennent, finit-il par ajouter. Malheureusement, on ne se rend compte de l’importance des choses que quand on les a perdues. Si je t’ai enseigné les Mille Oiseaux[9], c’est justement parce que tu as des gens que tu apprécies, à tes côtés.

 


–        Je pensais que nous nous étions compris, l’autre jour.


Sasuke détourna le regard. Il était vrai qu’après son affrontement sur le toit de l’hôpital, Kakashi était venu le trouver. Il l’avait même ligoté à un tronc d’arbre et ils avaient parlé. Cela avait d’ailleurs été une surprise, pour le garçon de treize ans, d’apprendre que son enseignant avait déjà perdu presque tous ceux qui lui étaient chers. Kakashi était toujours d’humeur si calme et joviale, il paraissait difficile de croire qu’il fût passé par autant d’épreuves.


–        Vous ne saisissez toujours pas, siffla toutefois férocement Sasuke. Itachi doit payer pour ce qu’il a fait. Je refuse – il baissa la tête et ses poings se serrèrent sous la haine violente qu’il éprouvait en cet instant –, je refuse de le laisser s’en sortir impunément, et ce n’est pas en restant ici que je deviendrai plus fort. Vous pouvez me punir autant que vous voulez, ça ne–

–        Tu ne seras puni.


Un silence total suivit immédiatement cette phrase. Les iris obsidienne de Sasuke croisèrent celles plus claires de son professeur tandis qu’il levait doucement les yeux vers lui, dans une expression d’incompréhension et de stupéfaction totales. Est-ce que j’ai bien entendu ?! Il avait tout de même tenté de déserter le village, et bien qu’il eût échoué dans cette tâche, rien que la tentative était déjà un crime en soi, passible de lourdes sanctions. Qu’est-ce qui pouvait justifier une telle clémence à son égard ?


–        Manifestement, les paroles sensées ne suffiront pas à te faire changer d’avis. J’ai parlé à l’Hokage, et après discussion, nous sommes tombés d’accord, alors voilà ce que je te propose. Jiraya a prévu d’emmener Naruto en voyage d’entraînement pendant trois ans ; ce serait une bonne opportunité pour toi aussi de partir en voyage… Je t’accompagnerais, bien sûr. Qu’est-ce que tu en dis ?


Le jeune garçon eut un mouvement de recul, déboussolé. Au lieu d’une sanction, on lui proposait d’aller s’entraîner pendant trois ans hors de la ville ? Il ne s’était assurément pas attendu à une telle option, encore moins après ce qu’il venait tout juste de faire. Mais, et Sakura, qu’allait-elle devenir, dans ce cas-là, si ses deux équipiers n’étaient plus là ? Et puis, était-il vraiment prêt à laisser de côté cette puissance phénoménale qu’Orochimaru lui avait promise ? Il avait toujours une vengeance à accomplir, quand même. Passer autant de temps seul avec Kakashi, qu’il ne connaissait que depuis quelques mois seulement, lui paraissait un peu précipité.


Son sensei dut remarquer qu’il hésitait, car il reprit finalement la parole.


–        Écoute, Sasuke. Je ne te demande pas d’oublier complètement ta vengeance, j’ai bien compris maintenant que tu n’y arriverais pas. Tu n’es pas sans savoir que tout ce qu’Orochimaru a attaqué le village, il pourrait te tuer à n’importe quel moment. Tu n’es pas de taille à lui faire face, à lui ou à Itachi. Laisse-moi t’entraîner pendant trois ans, et si après tu veux toujours tuer ton frère, alors personne ne t’en empêchera, on t’aidera, même. De toute façon, si tu refuses, Tsunade a prévu de prendre des mesures drastiques à ton encontre.


À sa grande surprise, Sasuke se surprit à sérieusement étudier la proposition qui lui était offerte. Qu’avait-il à y perdre, tout compte fait ? S’il partait avec Kakashi, il aurait l’opportunité de voir du pays, et cela sans être considéré comme un ninja renégat. Non pas qu’un tel mode de vie lui fît peur, mais s’il pouvait éviter d’avoir les Forces Spéciales de Konoha sur le dos, ce n’était pas plus mal. Au moins je changerai d’air. Il avait besoin de s’éloigner de ce village, et surtout de Naruto pendant un long moment. Quant à Sakura, elle saurait se débrouiller seule en attendant. Selon Kakashi, Tsunade envisageait même de lui proposer d’apprendre le ninjutsu[10] médical. Mais le plus important, c’était qu’après tout ça, il pourrait enfin avoir sa vengeance.


Dans ce cas… il n’avait qu’une réponse à donner.


–        C’est d’accord, fit-il en plantant son regard dans celui de son supérieur, bien qu’il ne fût pas débarrassé de toutes ses appréhensions. Je suppose que je n’ai pas vraiment le choix de toute façon. Et puis, ça ne coûte rien d’essayer.


L’adulte sourit derrière son masque.


–        Bien, on dirait qu’on est enfin arrivés à un accord.


Durant un court laps de temps, il n’y eut que le silence, que ni le maître, ni l’élève, ne souhaitèrent briser. Ce n’était pas un silence gênant, plutôt un silence de réflexion où chacun était plongé dans ses pensées et réfléchissait, sur les événements qui s’étaient passés jusqu’ici autant que sur ceux à venir. C’est la meilleure solution, maintenant, pas vrai ? Je ne peux plus déserter le village à nouveau, et je vais partir pendant près de trois ans avec Kakashi. Et quand je reviendrai… je pourrai enfin éliminer mon frère, songea le jeune Uchiwa, en glissant un regard discret à son professeur, qui s’apprêtait à se replonger dans sa lecture. À lui non plus, la vie ne lui avait pas fait de cadeaux… Était-ce vraiment ses amis qui l’empêchaient de sombrer dans la folie ? Comment faisait-il ?


Des bruits tirèrent brutalement les deux personnes de leurs activités respectives. Plus exactement, il s’agissait de cris dont le volume sonore était d’une telle intensité que l’on pouvait probablement les entendre dans tout l’hôpital. Le jeune garçon reconnut immédiatement à qui ils appartenaient, et souhaita presque l’espace d’un instant ne jamais s’être réveillé. Il s’était rarement senti aussi désabusé.


–        Attends, Naruto ! L’infirmière a dit qu’il avait encore besoin de repos !

–        Lâche-moi, s’il te plaît, Sakura ! J’ai deux mots à dire à ce prétentieux !

–        Mais puisque je te dis… !


Des bruits de pas précipités, suivis d’une porte qui s’ouvrit à la volée.


Et dans l’encadrement, un petit blond teigneux à la combinaison orange qui était prêt à tout pulvériser sur son passage.


–        Sasuke !!!


Rapidement, sa coéquipière, Sakura, le rejoignit, l’air inquiet, s’excusant presque d’exister. Les mains serrées contre sa poitrine, elle parvint tout de même à articuler quelques mots lorsqu’elle remarqua son mentor, qui, fait rare, avait levé le nez de son livre, pour une fois.


–        Je suis désolée, sensei. J’ai essayé d’empêcher Naruto de venir, mais comme d’habitude, il n’en a fait qu’à sa tête…

–        Comment ça, je n’en fais qu’à ma tête ?! Si ce crétin de Sasuke ne s’était pas piqué l’idée de partir du village, rien de tout ça ne serait arrivé, d’abord ! T’as entendu, toi ?! ajouta-t-il presque en criant à l’intention de son rival. Ne nous refais plus jamais ce coup-là ! À cause de toi… À cause de toi…


Il n’acheva pas sa phrase et baissa la tête, des mèches de cheveux dorés venant cacher ses yeux d’ordinaire d’un bleu si limpide. Ce ne fut qu’à cet instant précis que Sasuke le remarqua, et cela le frappa avec une puissance qu’il n’aurait jamais crue possible.


Ses coéquipiers, non, ses amis étaient tous les deux en train de pleurer.


L’heure était venue, semblait-il de présenter des excuses.

 


***

 


La volée de shuriken lancés à pleine vitesse fila dans les airs. Naruto laissa échapper une grimace de douleur lorsqu’en voulant les éviter, il sentit l’un d’eux lui entailler le visage. D’un revers de main, il essuya sa joue sale et éraflée et retint un juron agacé en constatant le sang qui tachait ses doigts. Un certain sentiment de soulagement s’empara néanmoins de lui lorsqu’il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule aux tranchantes armes qui s’étaient plantées dans le mur de pierres juste derrière lui.


Il s’en est fallu de peu. Il n’y avait pas à dire, Sasuke restait le meilleur au lancer de shuriken. Il était redoutable.


Le jeune blond reporta sans tarder toute son attention sur son adversaire ; il ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde un seul instant, désormais, ou il ne donnait plus cher de sa peau. Et, en réalité, il y avait bien plus que sa vie en jeu, actuellement. Il fronça les sourcils. Je n’ai pas le droit de perdre maintenant. La poussière lui collait à la peau et ses vêtements étaient déchirés par endroits, mais ce n’était pas quelque chose qui le préoccupait. Il étendit les bras au maximum.


–        Je t’en prie, Sasuke, arrête ! Tu n’es pas obligé de faire ça ! Renonce à ton projet !


Il n’eut en réponse qu’un rire moqueur.


–        C’est hors de question. Après tout ce que ce maudit village a fait subir à mon frère, je vais le pulvériser. Ils vont payer. Tous, jusqu’au dernier !

–        Dans ce cas… je t’arrêterai !!!


À seize ans récemment fêtés le mois dernier, Naruto restait pourtant un gringalet dont il était légitime de douter qu’il pût arrêter quoi que ce fût… ou plutôt qui que ce fût, en l’occurrence. Sans son bandeau frontal de Konoha qu’il chérissait comme un trésor depuis qu’il l’avait obtenu, beaucoup auraient douté qu’il fût même un ninja, pour commencer. À vrai dire, le jeune adolescent se serait même abstenu de livrer bataille aujourd’hui, d’ailleurs, surtout contre une personne qu’il n’avait absolument aucune envie d’affronter, à savoir son meilleur ami et coéquipier, mais les événements en avaient décidé autrement, et il devait rapidement remédier à cette situation, cela devenait urgent.

Il allait devoir mettre de côté ses sentiments pour le moment.


Comment en étaient-ils arrivés là ? Tout avait bien commencé, pourtant. Après le retour de Naruto et Sasuke au village et de nombreuses péripéties, voilà que l’équipe sept s’était retrouvée avec un nouvel objectif : mettre la main sur Itachi Uchiwa et le ramener vivant à Konoha. Sasuke s’était senti frustré de ne pas pouvoir achever son grand frère comme il en avait toujours eu l’intention, mais il avait bien été obligé d’accepter. Avec l’aide des autres équipes de leur promotion, il avait été assez aisé, malgré quelques imprévus en chemin, de retrouver le renégat. Ce dernier avait demandé à voir son cadet seul, et comme prévu, un affrontement terrible s’en était suivi, qui s’était soldé par la mort d’Itachi. Naruto, Sakura et Kakashi s’étaient alors précipités auprès d’un Sasuke épuisé, qui était persuadé de pouvoir trouver le repos, maintenant que le meurtrier de son clan n’était plus.

C’était sans compter sur ce mystérieux homme masqué qui était apparu aussi vite qu’il avait disparu.


Il s’était mis à raconter ce qu’il avait clamé comme étant la vérité sur Itachi. Il n’était pas le traître tueur et déserteur que tout le monde croyait. En réalité, il avait décimé sa famille sur ordre de Konoha ; le clan des Uchiwa préparait en effet un coup d’état contre le village. Sans la présence d’Itachi, la révolte se serait terminée en massacre. On lui avait juste laissé l’opportunité d’épargner son cadet, cette nuit-là. Alors il l’avait saisie sans hésiter. Il était mort avec ce secret sur la conscience. Tout ça pour protéger la personne la plus importante à ses yeux : son petit frère.


Et Sasuke comptait le venger.


En détruisant Konoha.


Tout ce pour quoi son grand frère s’était battu.


–        Multi-clonage !


Naruto réalisa un signe en forme de croix avec ses mains, et aussitôt plusieurs répliques de lui-même apparurent à ses côtés dans un nuage de fumée. Elles ne tardèrent pas à se précipiter vers le jeune homme brun qui se tenait quelques mètres plus loin, des mèches de cheveux collant à son visage du fait d’une légère transpiration. Ses vêtements avaient subi quelques accros, tout comme ceux de Naruto, ce qui n’avait rien d’étonnant, puisque leur confrontation avait commencé depuis plusieurs minutes déjà, et aucun des deux n’y avait été de main morte. Ils campaient tous les deux sur leurs positions, et bien que Naruto comprît la rage et la douleur de son meilleur ami, sans doute mieux que personne ne les eût jamais comprises, il ne pouvait pas rester là, à ne rien faire.


Lorsqu’un Katon[11] puissant fit disparaître tous les clones du jeune blond, il sortit des kunaï de la pochette accrochée à sa ceinture, dans son dos, et les serra de toutes ses forces, prêt à en découdre une bonne fois pour toutes. Il devait mettre un terme à tout cela. Sasuke appartenait à ce village, tout comme Naruto et les autres, et Itachi était mort pour ce même village. Il était hors de question de laisser qui que ce fût le détruire, quelle qu’en fût la raison.


–        Naruto ! s’écria Sakura, inquiète, en courant vers lui.

–        Reste en-dehors de tout ça, Sakura ! répliqua son partenaire d’un ton péremptoire, tandis que Kakashi la retenait par le bras pour l’empêcher d’aller plus loin. C’est une affaire entre moi et Sasuke. Ne t’inquiète pas, un bon coup sur la tête et il va revenir à la raison ! Je l’ai déjà ramené une fois, je peux recommencer !


Un rictus méprisant se fit entendre.


–        Tu dis ça comme si ça allait être facile de me battre, constata le jeune Uchiwa en dégainant l’épée qu’il gardait au niveau de sa taille. Puisque tu tiens tant à y rester, tu seras le premier que je vais éliminer !


C’est ce qu’on va voir ! pensa le blond tandis que les deux adversaires se ruaient l’un sur l’autre avec fureur. Les lames de leurs armes s’entrechoquaient dans des bruits de métal aigus, faisant parfois même apparaître des étincelles jaunes, rouges ou orangées. Lorsqu’un des deux donnait un coup, l’autre ripostait avec tout autant de violence ; personne ne voulait céder de terrain.


–        Fais-lui confiance, déclara Kakashi en posant cette fois sa main sur l’épaule de Sakura, tandis qu’ils observaient la scène, en retrait. Seul Naruto peut affronter Sasuke et être à égalité avec lui. C’est un combat qu’il doit mener seul.


La jeune fille acquiesça silencieusement. Tout ce qu’il leur restait à faire, c’était de prier.


Finalement, en s’entrechoquant une énième fois, les armes finirent par valser hors des mains de leurs propriétaires. Bon sang ! Naruto recula de quelques pas, par précaution autant que par peur : il n’était pas sûr d’avoir l’avantage en prenant son ami au corps à corps, et il lui restait peu de chakra, il allait devoir l’utiliser judicieusement. Sasuke, tu es vraiment entêté, tu sais. Encore une fois, tu refuses de reconnaître ma valeur… Ils savaient tous les deux comment cela allait se finir.


–        Pourquoi ?


Naruto eut un mouvement de surprise tandis que son coéquipier à l’autre bout de la salle hurlait.


–        Pourquoi, hein ?! Dis-moi pourquoi tu tiens tant à protéger Konoha, un village qui t’as toujours considéré comme un monstre et un moins que rien ! Toi aussi tu as souffert à cause d’eux !!


Pour toute réponse, le jeune ninja d’ordinaire si solaire baissa tristement la tête en signe de confirmation. Ah, ça, rien ne lui avait été épargné, dans son enfance. Parce qu’on avait scellé en lui un démon à l’apparence d’un renard qui avait attaqué Konoha seize ans plus tôt, sa vie était devenue un véritable enfer. Renié, rejeté, insulté et même plus encore, personne n’avait jamais été là pour lui. Il avait toujours été tout seul. Et cela aurait été mentir que de dire qu’il n’avait pas pensé un jour à se venger, lui aussi. Ou bien à quitter le village. Ces villageois, il les avait tous maudits pour leur comportement.


Et cela aurait pu continuer ainsi pendant encore très longtemps, mais heureusement, ça n’avait pas été le cas.


–        C’est vrai, j’ai toujours été considéré comme un paria. Mais, j’ai fini par rencontrer des gens importants pour moi. Des gens comme Iruka-sensei, Kakashi-sensei, Sakura, et surtout… toi, Sasuke.


Il passa nerveusement la main sur sa nuque, avant d’ajouter, un simple sourire aux lèvres.


–        C’est vous tous qui m’avez aidé à me sortir de ma solitude. Et je sais que cette solitude, tu la ressens aussi, pas vrai ? On est pareil, toi et moi, on sait ce que c’est d’être seul. Et on a toutes les raisons d’en vouloir au village, ajouta-t-il d’un air plus sérieux, mais cette rancœur ne nous mènera nulle part, il faut savoir tourner la page.


À en juger par l’expression offensé de son camarade, Naruto sut d’emblée que la marche pour le convaincre n’était pas encore terminée. Il aurait dû s’en douter : Sasuke avait toujours eu beaucoup plus de mal à faire preuve de clémence que qui que ce fût d’autre. Après tout, il venait de perdre son frère, un sentiment que Naruto ne pouvait pas comprendre, même s’il se plaisait à fermement prétendre le contraire. Sasuke le lui avait déjà fait remarquer par le passé, lorsqu’ils s’étaient affrontés à la Vallée de la Fin.



–        Qu’est-ce que tu sais de moi, toi qui n’as jamais eu de parents ou de frère ?! Tu as toujours vécu seul !! Qu’est-ce que tu sais de moi ?! Hein ?! C’est quand on a des liens qu’on souffre !! Tu ne sais pas ce que c’est que de perdre un être cher !



Je n’ai jamais connu ma famille… Mais quand je suis avec toi, je me dis qu’avoir un frère… c’est un peu comme ça. C’est ce que je t’ai répondu, ce jour-là, pas vrai, Sasuke ?


        Naruto… Tant mieux pour toi si tu as pu leur pardonner. Moi, ce n’est pas mon cas, rétorqua l’intéressé avec colère. Et puisque tu persistes à te mettre en travers de mon chemin, il est temps de régler ça, ici et maintenant.

–        Ça me va, je vais enfin pouvoir te donner la leçon que tu mérites !!


L’adolescent prit une profonde inspiration et fit appel à un clone, qui l’aida à donner une forme sphérique au chakra qu’il avait fait affluer dans sa main droite. Lorsque le double disparut, une boule bleue d’énergie pure, de la taille d’un ballon, dont le cœur était blanc, brillait dans sa main. Il s’agissait là de sa technique fétiche, le Rasengan[12]. Il avait tout juste assez de chakra pour utiliser ce jutsu[13], il espérait que cela suffirait pour faire face à celui de son adversaire, dont les étincelles bleues volumineuses et destructrices crépitaient dangereusement autour de sa main gauche. Je vais te faire revenir à la raison ! songea Naruto. Cette détermination si pure sembla donner encore plus de puissance à son attaque, et il s’élança. En face, son adversaire fit de même, comme s’il était le reflet renvoyé par un miroir. La collision était désormais inévitable, tandis que chacun hurlait le prénom de l’autre, comme un ultime cri de guerre.


Il fallut quelques secondes à l’un comme à l’autre pour reprendre conscience. Sakura, agenouillée près d’eux, les soignait avec son ninjutsu médical, passant ses mains entourées d’un halo vert sur les plaies de ses deux crétins de coéquipiers pour les panser. Son visage témoignait néanmoins grandement de son inquiétude.


–        Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?


La question prit Naruto au dépourvu tandis qu’il se redressait en grognant de douleur. Son regard croisa celui de Sasuke, qui n’était pas en meilleur état que lui.


–        Parce que tu es le premier ami que je n’aie jamais eu ! Et quand je te vois souffrir autant, ça me fait mal. Ça me fait tellement mal à l’intérieur que je ne peux pas te laisser tout seul !


La main droite du jeune homme effleura quelque chose tandis qu’il prononçait ces mots. Ses yeux bleus d’abord surpris s’adoucirent lorsqu’il reconnut de quoi il s’agissait, malgré les mitaines qu’il portait aux mains : c’était le bandeau de Sasuke. Il agrippa le bout de tissu qu’il regarda avec une certaine affection, avant de le tendre à son coéquipier, qui était pourtant son adversaire encore quelques secondes auparavant. Ce dernier, dans des gestes quelque peu hésitants, finit par le récupérer et le rattacher autour de sa tête. Après tout, c’était là qu’était la place de son bandeau frontal de Konoha.


Une nouvelle page se tournait.


 

***

 


On aura beau me frapper, ce ne sera pas une raison suffisante pour que j’abandonne


Je recommencerai de la case départ


–        Espèce d’idiot ! Tu peux me dire ce que tu as voulu faire ?

–        Je t’ai dit que je ne renoncerais pas !


Étalé de tout son sol sur le sol, Naruto eut toutes les peines du monde à se remettre à quatre pattes. C’était le risque quand il mettait toute son énergie dans ses attaques : son corps finissait toujours par en ressentir les contrecoups, à la longue.


Bon, la vérité, c’était qu’il avait récemment pas mal dégusté, et qu’il avait voulu changer d’air. Il était donc parti sur le terrain avec son équipe, mais il s’agissait d’une banale mission de surveillance d’un village voisin de Konoha, conjointement avec une autre unité de leur promotion, l’équipe dix. Les deux groupes ayant souvent collaboré ensemble, ils avaient été choisis pour cette opération. Rien de bien palpitant, en somme.


C’était pour cette raison que le jeune adolescent avait justement décidé d’aller chercher son ami pour le défier–pour s’entraîner avec lui. Après tout, la mission était d’un tel ennui, qu’un peu de distraction ne pouvait pas faire de mal. Et c’était ainsi que les deux garçons s’étaient retrouvés à se battre–à s’entraîner, et Naruto, sentant qu’il était en train de perdre la main, n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se jeter sur son coéquipier et tous les deux avaient chuté, se retrouvant de fait dans une position fort incommodante.


Sasuke, assis par terre, lança un regard irrité à Naruto, qui tourna la tête d’un air renfrogné lorsque leurs yeux se croisèrent. C’était toujours comme ça, leurs entraînements viraient à l’affrontement et au final, aucun n’arrivait à surpasser l’autre, c’était particulièrement frustrant. L’adolescent à la tignasse dorée laissa son camarade se relever, s’apprêtant à en faire de même. Comme d’habitude, il ne comptait pas en rester là et était prêt à repartir à l’assaut de plus belle, surtout que Kakashi et Sakura n’étaient pas là : ils inspectaient une autre partie du village, alors c’était le moment idéal pour se dérouiller un peu, entre « meilleurs amis ».


Je dis au revoir à la réalité


J’ai envie de m’amuser comme c’était le cas il y a longtemps


Et si ce n’est pas possible, je me frayerai juste un chemin


–        Décidément, tu es irrécupérable, constata le jeune Uchiwa, d’un ton faussement exaspéré.


Le sourire qu’il avait en coin et la main qu’il tendit à son partenaire montraient qu’il n’était pas d’aussi mauvaise humeur qu’on pouvait le croire.


Naruto avança son bras pour saisir l’aide qui lui était offerte ; ses doigts frôlèrent à peine ceux de son équipier, qu’il ressentit une présence imposante qui le stoppa dans son geste. Et il savait d’instinct qu’il n’était pas le seul à l’avoir perçue, ce que lui confirmèrent les yeux de couleur obsidienne de Sasuke qui s’écarquillèrent. C’était subtil, mais le blondinet était suffisamment habitué maintenant pour déceler ce genre de changement chez les personnes qui lui étaient proches. Surtout la plus proche d’entre toutes. Ce chakra…


Les deux complices tournèrent la tête dans la direction d’où provenait l’énergie qu’ils avaient sentie. À ce niveau-là, elle n’appartenait pas qu’à une seule personne. Ils devaient être en nombre pour dégager autant de puissance. Moi qui pensais me changer les idées, soupira intérieurement Naruto, un genou à terre et sa main posée sur sa cuisse gauche. Même pour une simple mission de routine, il ne pouvait pas être tranquille cinq secondes.


Il fut interrompu dans ses pensées lorsqu’il vit soudain débarquer un imposant groupe de personnes qui s’arrêta à plusieurs dizaines de mètres de lui. Ces individus portaient tous des vestes de couleur kaki que revêtaient habituellement les jōnin[14]. Comme tout ninja, ils possédaient également un étui accroché autour de leur jambe droite et une pochette à l’arrière, mais ce qui était étrange, par contre, c’était qu’ils portaient en plus des sabres dans leur dos et des masques, ce qui était plutôt typique des Forces Spéciales d’un village. Les cheveux de chaque individu étaient aussi dissimulés sous un bandana. Que faisaient tous ces agents d’élite ici ? Ils étaient censés assurer la protection du Hokage, surtout que depuis que Tsunade était dans le coma, la situation était particulièrement compliquée.


–        Eh, salut les gars ! Il y a un problème ? On est en mission, là, commença Naruto en se relevant et en s’approchant d’eux, alors si vous–

–        Naruto, n’avance pas !


Sasuke lui attrapa le poignet et le força à reculer.


–        Aïe, mais qu’est-ce qui te prend ?! Ce sont des membres de l’ANBU[15], ils viennent peut-être nous donner des nouvelles de Mamie Tsunade !

–        Réfléchis un peu pour une fois, idiot, soupira Sasuke face à son coéquipier qui commençait à s’énerver. Regarde leurs masques, tu vois bien qu’ils sont différents de ceux de d’habitude.


Maintenant que tu le dis… pensa le ninja en les observant de plus près, c’est vrai que c’est bizarre. D’habitude, les masques des Forces Spéciales représentent des visages d’animaux, alors que ceux-là ont des cornes et ressemblent à des têtes de gargouilles. Et puis, cette aura qu’ils dégageaient… elle n’avait rien à voir avec ceux des autres membres de l’ANBU que Naruto avait eu l’occasion de croiser. En plus, ils sont au moins une cinquantaine… Pourquoi tout ce monde ?


L’un des membres du groupe, un homme plus âgé que les autres, s’avança vers le duo dans une démarche lourde et assurée. À la différence des autres, il portait une armure faite entièrement de fer et d’acier qui recouvrait la totalité de son corps, et une sorte de heaume protégeait sa tête. Manifestement, c’était lui qui dirigeait l’escouade, mais il portait un bien étrange accoutrement, même pour un ninja.


–        Naruto Uzumaki et Sasuke Uchiwa, vous êtes officiellement placés en état d’arrestation par ordre du Hokage Sixième du nom ! Veuillez nous suivre sans résister !


Les deux intéressés le regardèrent d’un air stupéfait.


-         Le Hokage Sixième du nom ?! s’étrangla Naruto. Eh, toi le vieux schnock, écoute-moi bien ! cria-t-il en pointant un index accusateur vers lui. On n’a rien de fait de mal, il n’est pas question qu’on se laisse arrêter injustement ! Commence d’abord par nous dire de quoi on est accusés !


Ses poings et ses dents étaient serrés sous la colère. Il ne parvint qu’à énerver son interlocuteur plus qu’il ne pouvait déjà l’être, et ce dernier ordonna à ses troupes de charger ; en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, une armée de shinobi surentraînés se rua vers eux, toutes sortes d’armes à la main, et prête à tout pour leur faire la peau. Ah, il semblait qu’il allait falloir régler ce petit problème, pour éclaircir la situation.


–        Ces types comptent sérieusement nous battre… ? demanda Naruto, dont le ton de sa voix laissait transparaître toute son incrédulité, tant l’idée lui était absurde.

–        On dirait bien, répondit Sasuke en rajustant ses protège-bras noirs.

Alors, comme ça, ces gars se croyaient suffisamment forts pour affronter l’hôte d’un démon à queues et un Uchiwa ensemble ? Un sourire plus qu’insolent franchit les lèvres de l’adolescent aux yeux bleus, et il tapa son poing gauche contre sa paume droite avec détermination.


Après avoir retrouvé le peu de sobriété qu’il restait en moi


Je te montrerai que je peux enfoncer cette porte


–        Dans ce cas… je crois que le moment est venu de leur donner une bonne leçon !

–        Il semble qu’on n’ait pas vraiment le choix… constata son partenaire.


Tous les deux adoptèrent rapidement une position d’attaque, et en moins de deux, ils avaient décollé aussi vifs que l’éclair. Ils savaient ce qu’ils avaient à faire, et n’avaient nullement besoin de mots pour communiquer. Laissant son ami s’occuper du côté gauche, Naruto fila vers la droite, utilisant sa technique de multi-clonage qui eut tôt fait d’envoyer valser dans les airs une bonne dizaine de ses opposants. Sasuke n’était pas en reste non plus, et son épée fut également prompte à débarrasser le terrain de plusieurs assaillants.

Pour autant, le nombre de leurs adversaires restait conséquent, et le multi-clonage tout seul n’était pas suffisant pour venir à bout d’un aussi grand nombre d’individus. Naruto recula, tendu, deux kunaï en main, en en voyant se ruer plusieurs dans sa direction. Au vu de leur position, ils comptaient l’encercler pour l’empêcher de s’échapper. Il recula de quelques pas, la mâchoire contractée ; comment allait-il s’y prendre pour dégommer autant de monde en un seul coup ? S’il ne trouvait pas une solution rapidement, il allait être dans de sales draps.


Ce fut à ce moment-là qu’il sentit le dos chaud, musclé et particulièrement bien sculpté de Sasuke venir se coller contre le sien, et un sentiment profond de quiétude imprégna tout son être. Il n’était jamais plus heureux que lorsqu’il avait la présence de son meilleur ami à ses côtés ; cela le tranquillisait et le comblait aussitôt. Et surtout, il pouvait ressentir le surpuissant chakra bouillonnant qui émanait de Sasuke entrer en symbiose parfaite avec le sien ; un chakra empreint de tous les doutes, de tous les espoirs, de toutes les joies et de toutes les peines que le jeune homme avait vécus. Jamais Naruto n’avait éprouvé une telle sensation d’harmonie, et il l’adorait. Il se sentait invulnérable avec son coéquipier tout près de lui.


–        Eh bien alors, Sasuke, on a besoin d’un petit coup de main, je vois ?

–        Hn, ne me fais pas rire, tu n’es pas en meilleure position non plus, alors arrête de fanfaronner et trouvons un moyen de nous sortir de là.

–        C’est toi, le plus doué pour les plans, non ? Moi, je préfère quand il y a de l’action !


Avant même que Sasuke n’eût pu répliquer, son coéquipier était déjà reparti à l’attaque, prêt à tout enflammer sur son chemin, et l’adolescent soupira. Ce n’était pas possible d’avoir un partenaire qui ne prenait jamais le temps de réfléchir. Quand cet idiot allait-il se mettre dans le crâne qu’il ne pouvait pas toujours foncer sur tous les dangers qu’il rencontrait ? Cela dit, il n’avait pas tort : s’ils ne faisaient rien, leurs ennemis risquaient de prendre le dessus. Tous les deux partirent donc de nouveau à l’attaque, évitant kunaï, shuriken et parfois diverses techniques utilisées contre eux, envoyant après coup valser toujours plus d’adversaires dans les airs tout en surveillant les arrières de l’autre.


Naruto profita d’un bref moment où personne n’était en train de lui sauter dessus pour observer la situation. Le nombre d’opposants du camp adverse commençait à se réduire un peu, mais ce n’était toujours pas ça. Ses yeux croisèrent ceux du chef de la troupe, celui avec un drôle de costume, perdu quelque part dans la mêlée, et ses sourcils se froncèrent. Il devait mettre ce type K.-O., c’était, assurément, le plus dangereux de tous, et le vaincre ne pouvait que les avantager.


Il chercha Sasuke du regard, qu’il repéra rapidement grâce aux éclairs bleus qui dansaient par là-bas, typiques de ses attaques électriques et de son chakra. Il était occupé avec cinq gugusses qui se jetaient sur lui et qu’il parvenait tant bien que mal à garder à distance. Naruto cria son nom et s’élança vers lui, résolu à l’aider ; avalant les mètres qui les séparaient tous les deux, dégommant ceux qui lui barraient la route avec son Orbe Shuriken[16], il finit par se rapprocher de son camarade, qui se retourna vers lui à l’entente de son prénom.


Ce furent les projections de sang qui, en premier, lui éclaboussèrent le visage.


Tout se passa au ralenti. Il s’arrêta net, pétrifié par la vision d’horreur qui se dressait devant lui, son cœur rata un battement : l’un des ennemis… avait pris son coéquipier par surprise et l’avait empalé avec son épée tranchante. Avant même que quiconque ne pût réagir, le ninja ennemi retira l’épée et la replanta une deuxième fois, puis une troisième fois dans le corps de Sasuke, dont un maigre filet de sang s’échappait désormais du coin de sa bouche. Lui qui avait le teint si pâle d’ordinaire, voilà que sa peau devenait encore plus claire à l’approche de la mort. La vie s’éloignait petit à petit de lui.


Naruto vit le jeune homme poser ses yeux sombres sur le bout de lame argenté et taché de sang qui dépassait de son ventre. Il releva la tête une dernière fois vers l’adolescent aux cheveux blonds, et leurs regards respectifs semblaient vouloir dire mille choses, mille choses qu’ils n’auraient plus jamais l’occasion de se dire, à présent. Lorsque l’ennemi retira une ultime fois la lame, les jambes de sa victime ne le soutirent plus et il s’effondra.


–        SASUKE !!!


Ça se passe toujours comme ça


Les choses qu’on oublie le plus facilement


Sont aussi celles qui ont le plus d’importance


Les yeux de Naruto passèrent du bleu azur si pur à un rouge sang inquiétant. Ses canines s’allongèrent, les cicatrices sur ses joues se firent plus prononcées, et une épaisse couche de chakra écarlate enveloppa tout son corps. Maintenant, il pouvait s’abandonner tout entier à la haine, et la laisser prendre possession de lui. Plus rien ne le retenait, il allait tous leur faire payer, pour Sasuke.


Sasuke…


Il était seul, comme il l’avait toujours été. Il leur avait donné raison, finalement. Encore une fois, il avait laissé le pouvoir du démon renard à neuf queues prendre le dessus.


Et il était fatigué de lutter.


Son père avait eu tort, cette fois-là : il n’était pas destiné à être le sauveur du monde. Tous ces villageois, qui l’acclamaient en héros parce que lui et son équipier avaient sauvé le village de cet ennemi redoutable, Pain… Où avaient-ils été, lorsqu’il était petit, enfermé dans sa solitude ? Ils l’avaient tous montré du doigt en le traitant de démon et de bon à rien ! Et maintenant, ils jouaient les hypocrites en l’appelant héro… Mais cela ne changeait rien à la situation.


Partout où il regardait, tout le monde lui tournait le dos en se moquant, et il était toujours tout seul. Il avait envie de leur crier d’attendre, mais personne ne l’entendait. Maintenant,

l’eau le submergeait, et il allait se noyer. Se noyer dans toute cette haine qu’il éprouvait et qu’il n’arrivait pas à contrôler. Ses émotions… étaient trop puissantes. Il cessa de se débattre, conscient du destin qui l’attendait. Ce serait bientôt terminé.


Mais, il y eut cette lumière éblouissante à laquelle il ne s’attendait pas. Et lorsqu’il rouvrit les yeux, il n’y avait plus du tout d’eau.


Juste un petit garçon aux cheveux d’ébène et aux yeux obsidienne qui lui souriait timidement.


Naruto…


Naruto !


Je me fiche de ce qui peut m’attendre


J’illuminerai les ténèbres sans perdre contre la pluie


Tant que mon cœur restera aussi fort


–        Naruto !!!


Tout se passa en accéléré. Lorsque le ninja le plus imprévisible de Konoha reprit contact avec la réalité, un de ses assaillants avait levé un grand sabre au-dessus de sa tête et s’apprêtait à l’enfoncer profondément dans sa chair. En dernier recours, l’adolescent, paniqué, leva les bras au-dessus de sa tête pour se protéger du mieux qu’il pouvait et ferma les yeux, prêt à prendre un coup qui lui serait très probablement fatal.


Mais rien de tout cela ne se produisit. Il y eut un bruit de métaux qui s’entrechoquaient, et lorsque le blond rouvrit les yeux, il poussa un cri de surprise en voyant son ennemi projeté dans les airs, prisonnier d’une sorte de cage électrique étroite comme il n’en avait jamais vue.


–        Double Éclair Pourfendeur[17] !


Un imposant rayon de foudre argenté zébra le ciel et s’abattit sur l’adversaire de toute son effroyable puissance dans un bruit tonitruant, allant jusqu’à soulever un nuage de terre dans la foulée, qui força Naruto à fermer de nouveau les yeux et à reculer de quelques pas. Lorsque la poussière se dissipa finalement au bout de quelques secondes, un cratère s’était formé à l’endroit où l’éclair avait touché le sol, et l’opposant des Forces Spéciales gisait à terre, complètement foudroyé ; la châtaigne qu’il avait reçue le maintiendrait dans les vapes pendant un moment. Et debout, non loin, il y avait lui.


Sasuke.


Les lèvres de Naruto formèrent silencieusement les trois syllabes du prénom, comme s’il n’y croyait pas. Même si aucun son ne sortit de sa bouche, cela sembla suffisant au jeune brun pour l’entendre, et il se retourna vers lui. Il avait l’air…


… d’être dans tous ses états.


–        Bon sang, mais à quoi tu joues ?! Ce ninja a failli te décapiter !!

–        S–Sasuke, tu… Tu es… Tu es vivant !!!


Les larmes commencèrent à monter aux yeux de l’hôte de Kyūbi, et avant même qu’il ne pût s’en rendre compte, elles débordaient en cascades sur ses joues. Malgré la situation qui ne s’y prêtait guère, et faisant fi de tout le reste, Naruto se jeta au cou de son meilleur ami qui laissa échapper un cri de surprise étouffé. Quel bien fou de pouvoir à nouveau sentir sa peau chaude et son parfum fruité…


–        J’ai cru… J’ai cru que tu étais mort ! Comment est-ce que… ?

–        … Ce n’était que du genjutsu[18], Naruto, le calma Sasuke en se détachant de lui, gêné par ce soudain élan d’affection. Franchement, tu aurais pu le voir venir quand même, ça devient épuisant pour moi de devoir toujours te sauver la vie, ajouta-t-il avec un petit sourire narquois, derrière lequel on devinait néanmoins la frayeur que lui-même avait eue.


Tout avait l’air si réel, pourtant… Le sang, la lame s’enfonçant dans la peau… Rah, et c’est Sasuke qui va encore récolter tous les lauriers, j’en ai assez ! s’énerva l’adolescent, en passant ses mains dans sa tignasse, frustré. N’empêche, heureusement qu’il était là, autrement je me serais transformé et…


Il frissonna, regardant sa main. Les fois précédentes où cela s’était produit, rien de bon n’était arrivé. C’était plus fort que lui, chaque fois que son meilleur ami était en danger, il n’arrivait pas à se contrôler et les choses dégénéraient. Fichu renard…


–        Ok, déclara-t-il en refermant son poing. On discutera plus tard, il y a plus urgent pour le moment. Toujours d’attaque, Sasuke ?

–        C’est quand tu veux.


Ils échangèrent un regard complice et se retrouvèrent une nouvelle fois dos à dos, prêts à passer à l’offensive et à gagner la bataille. Naruto se frotta le nez d’un revers de la main, pensif. Dans tout cela, il ignorait encore pourquoi tous ces gars en avaient après lui et son coéquipier spécifiquement. Ils n’avaient rien fait pour mériter un tel traitement, pourtant. Au contraire, ils s’étaient même particulièrement tenus à carreaux ces derniers temps. Pourquoi autant de cinéma, dans ce cas-là ? Ces types refusent de nous écouter, et ils sont toujours aussi nombreux… La poisse ! Les deux ninjas n’avaient pas des réserves de chakra illimitées, et si jamais la bataille s’éternisait…


Mes amis se réunissent ici et maintenant


Dans ce monde tourbillonnant à l’infini


–        Décidément, on ne peut jamais vous laisser seuls, vous deux.


La voix, claire et posée, provenait d’au-dessus. Étonnés, Naruto et Sasuke relevèrent la tête juste à temps pour voir Kakashi atterrir non loin d’eux. Il dégagea un premier adversaire d’un parfait coup de pied retourné, en esquiva d’autres avec une facilité déconcertante, avant d’agripper sauvagement le col de deux d’entre eux et de cogner leurs têtes l’une contre l’autre, les laissant ensuite retomber au sol comme des vulgaires poupées de chiffons.


–        Kakashi- sensei ! Vous arrivez pile au bon moment ! s’exclama le blond, ravi.

–        Eh, ne m’oubliez pas ! cria une autre voix féminine, plus lointaine.


La terre se mit alors violemment à trembler ; de gros blocs se détachèrent et voltigèrent dans les airs, envoyant valser avec eux encore plus d’ennemis, qui retombèrent dans une pluie peu gracieuse. Une telle force herculéenne, ça ne pouvait être que…


–        Sakura !

–        Il n’en reste plus beaucoup, Kakashi-sensei et moi, on gère ! Vous, occupez-vous de celui avec l’armure ! leur lança-t-elle, les mains en porte-voix.


Effectivement, les opposants s’empilaient les uns sur les autres, complètement hors-combat, et leur supériorité numérique était désormais très réduite, grâce à un travail d’équipe efficace. Confiant en ses équipiers, Naruto hocha la tête d’un air déterminé, et ne mit pas longtemps à repérer le chef. C’était lui qui avait utilisé le genjutsu, tout à l’heure n’est-ce pas ? Oh, comme Naruto allait lui faire payer ! Il n’avait pas idée. Il était temps de tout boucler.


–        Sasuke…

–        Je suis avec toi.

–        Alors on y va !!


L’orbe bleu prit progressivement forme dans la main du blond, et les éclairs se mirent à crépiter avec frénésie autour de celle de Sasuke. Portés par une puissante énergie ils s’élancèrent côte à côte vers leur cible avec une telle rapidité qu’elle n’eut pas le temps de les voir arriver et encore moins de les esquiver.


–        RASENGAN !!!

–        CHIDORI !!!


Il y eut une violente explosion, accompagnée d’une lumière intense ; on n’avait jamais rien vu de tel. Le tout dura plusieurs longues secondes, puis le silence revint. Tout était à nouveau calme.


C’était terminé.


Quel que soit le nombre de personnes face à moi, on ne peut m’arrêter


Les jambes tremblantes de Naruto menacèrent de céder sous poids, et Sasuke dut passer doucement son bras autour de ses épaules pour l’empêcher de s’écrouler. Ils furent rapidement rejoints par leur mentor et leur équipière, qui s’affaira à soigner leurs blessures. Ils ne tardèrent pas à se sentir déjà beaucoup mieux après cela et remercièrent leurs deux amis pour la précieuse aide qu’ils leur avaient apportée.


Kakashi scruta rapidement le terrain. Plus aucun de leurs adversaires n’était debout. L’attaque combinée des deux garçons avait eu raison de l’amure cuirassée du chef du groupe, qui avait tout simplement explosé en mille morceaux. Lui était inconscient, par contre, ce qui était déjà un miracle vu ce qu’il s’était pris en pleine face ; il allait falloir attendre pour l’interroger, mais Kakashi avait déjà sa petite idée sur qui étaient ces gars et surtout pourquoi ils s’étaient permis d’attaquer ses jeunes protégés… et cela ne lui disait rien qui vaille. Danzō… Il avait toujours eu des vues sur le poste d’Hokage. Et comme Tsunade était dans le coma et qu’un vote était prévu pour la remplacer, il complotait sûrement dans l’ombre pour devenir le nouveau dirigeant. Était-il possible qu’il eût ordonné à ses espions d’éliminer Naruto et Sasuke parce qu’ils le gênaient trop ? Après tout, il devait savoir qu’aucun des deux garçons ne le laisserait jamais devenir Hokage : Naruto et Sasuke tenaient à Tsunade, et ils savaient tous deux que c’était Danzō qui avait ordonné le massacre du clan Uchiwa. De toute façon, personne n’avait envie de voir ce gars diriger le village.


Le jōnin soupira. Lui qui pensait que toutes ces histoires de politique étaient terminées… Il allait devoir agir rapidement s’il voulait empêcher une nouvelle catastrophe d’arriver.


–        C’est toi, Shikamaru ? Attends, quoi ? D’accord, on arrive tout de suite.


La voix de Sasuke parlant à Shikamaru via son communicateur tira Kakashi de ses pensées. C’était vrai, ils travaillaient sur cette mission de concert avec l’équipe dix, au départ, et elle avait l’air d’avoir besoin d’un coup de main, elle aussi. Bien, il laisserait ses chiens ninjas surveiller tout ce petit monde en attendant que des autorités compétentes vinssent faire le nécessaire. Et après cela, ils pourraient se concentrer sur le cas de Danzō. Ses trois apprentis devaient avoir une foule de questions, mais ils devraient attendre pour les réponses. Il hocha la tête.


–        Très bien, équipe sept, allons-y.

–        En espérant que je n’aurais pas à te sauver la mise encore une fois, déclara Sasuke à l’attention de son Naruto, sa main sur sa hanche droite.

–        T’inquiète pas, s’exclama ce dernier en s’étirant. Cette fois c’est moi tout seul qui vais tous leur régler leur compte, aux ennemis !

–        Ben voyons. Comme si t’en étais capable.

–        Qu’est-ce que t’as dit ? Répète un peu, pour voir ?!


Sakura, les mains dans le dos, les regarda se chamailler dans un sourire, sans avoir le cœur de les interrompre. Kakashi passa nonchalamment une main dans ses cheveux, avant de lever les yeux vers le ciel d’un bleu éclatant, dans lequel volait une nuée d’oiseaux au plumage blanc. L’équipe sept était son équipe. Il en était très fier, il adorait chacun de ses membres comme un père ; et il était sûr d’une chose. Rien ne pourrait briser les liens qui les unissaient tous les quatre.

Et encore moins ceux qui unissaient Naruto et Sasuke.



***



[1] Le chef d’un village ninja est appelé Kage. Cela équivaut grossièrement au titre de président. Konoha étant le Pays du Feu, son dirigeant est appelé Hokage (火影, littéralement « Ombre du Feu »). Le Kage est le ninja le plus puissant de son village, et le titre est généralement transmis de manière héréditaire.


[2] Équivalent moins moderne de ninja. Signifie littéralement « se faufiler ».


[3] Les Sannin (伝説の三忍, Densetsu no Sannin, littéralement « Trois Ninjas Légendaires ») sont composés de Jiraya, l’ermite des crapauds, du maître des serpents Orochimaru et de la ninja médecin Tsunade, qui devient aussi la Cinquième Hokage.


[4] Ichiraku (ラーメン一楽, Rāmen Ichiraku, littéralement « Rāmen est le meilleur plaisir ») est un restaurant de Konoha très prisé de Naruto, notamment pour les rāmen qu’il propose. Les rāmen sont, pour faire simple, des nouilles baignant dans un bouillon.


[5] « Kunoichi » est un terme désignant un ninja de sexe féminin.


[6] Genin (下忍, littéralement « ninja de classe inférieure ») est le rang le plus faible hiérarchiquement chez les ninjas. Lors de leur sortie de l’Académie, les ninjas doivent passer un test individuel puis un test en équipe avant d’être officiellement promus à ce rang.


[7] Chūnin (中忍, littéralement : « ninja de classe moyenne ») est un rang intermédiaire chez les ninjas. Il s’obtient après un examen aussi bien théorique que pratique et divisé en plusieurs étapes.


[8] Le chakra (チャクラ) est l’essence indispensable à la réalisation de toute technique ninja. Le chakra de chaque individu possède une affinité avec l’un des cinq éléments que sont l’eau, le vent – c’est le cas de celui de Naruto –, le feu, la terre ou la foudre – c’est le cas de celui de Sasuke.


[9] La technique des Mille Oiseaux, inventée par Kakashi, consiste à rassembler une grande quantité de chakra électrique dans sa main ; cette concentration d’énergie émet un bruit semblable à celui du cri de milliers d’oiseaux, d’où son nom.


[10] Le ninjutsu (忍術, littéralement « technique ninja ») est l’art de transformer son chakra. Il nécessite l’utilisation de mudrās, des signes effectués avec les mains. Le ninjutsu médical est une branche du ninjutsu qui vise à soigner les blessures.


[11] Le Katon est une branche du ninjutsu ; il désigne l’art de maîtriser le feu. Les Uchiwa sont connus pour être des spécialistes des techniques Katon.


[12] Le Rasengan, inventé par le Quatrième Hokage, est une technique consistant à mettre en rotation une grande quantité de chakra dans sa main en formant une sphère, puis l’écraser sur sa cible.


[13] Les jutsu désignent les différentes techniques utilisées par les ninjas.


[14] Jōnin (上忍, littéralement « ninja de classe supérieure ») est le rang le plus élevé hiérarchiquement chez les ninjas. La promotion à ce statut ne se fait pas par examen mais uniquement sur indication du Kage ou bien d’autres jōnin. Ils portent un uniforme particulier et effectuent les missions les plus périlleuses.


[15] L’ANBU est un autre terme pour désigner les Forces Spéciales de Konoha. Ce groupe de ninjas d’élite a pour mission principale d’assurer la protection du Hokage. Ils portent des masques et des tenues spécifiques.


[16] L’Orbe Shuriken est un dérivé de l’Orbe Tourbillonant, auquel Naruto insuffle son chakra du vent pour lui donner la forme d’un shuriken, d’où le nom de la technique. Les dommages infligés au corps par l’utilisation de cette technique peuvent être conséquents.


[17] L’Éclair Pourfendeur, également appelé Chidori, est une forme améliorée et concentrée de la technique des Mille Oiseaux. Le Double Éclair Pourfendeur existe uniquement dans le jeu vidéo Naruto – Ninja Storm ; il ressemble néanmoins à l’Éclair Pourfendeur, avec quelques différences.


[18] Le genjustu (幻術, signifiant littéralement « techniques d'illusion ») désigne la branche du ninjutsu liée à l’hypnose et aux illusions. Il s’agit de prendre le contrôle du chakra d’un adversaire pour dérégler ses sens. Les Uchiwa, entre autres, sont très doués dans ce domaine.


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