Sur ces terres désolées
Chapitre 1 : Sur ces terres désolées
877 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 08/11/2016 18:25
La pluie battante martelait avec une fougue vivace les sols irréguliers tapissés de boue et d'empreintes de pas indistincts, et la bataille battait son plein aux frontières du village. Tous luttaient contre Madara et la brigade de ressuscités d'Obito, afin de défendre leur honneur et les valeurs qui leur tenaient à cœur, tout en ayant recours à une manœuvre humble.
Il était d'une évidence apparente que ce conflit mondial n'était pas prêt de s'éteindre. L'étincelle inextinguible qui l'animait et le guidait vers la destruction s'alimentait de l'effroi et de la torpeur que ressentaient les soldats à la lisière du territoire, qui commençaient à faiblir à leur devoir, assaillis de plaies béantes et suintantes, priant avec ferveur afin que leur existence soit épargnée. Leur volonté s'était dissipée parmi les innombrables carcasses putrides qui s'amoncelaient en quantité sur le sol humide, constellé de boue et de brindilles sèches.
L'allégeance qu'ils avaient témoignée à l'adresse des dirigeants omnipotents des nations ninjas n'avait apparemment plus la moindre valeur à leur yeux, et ce qui importait le plus désormais n'était autre que leur propre vie, qu'ils s'évertuaient à protéger plus que celle des autres.
Mais l'optimisme imperturbable et la persévérance indémodable de Naruto incitaient les troupes à se reprendre en main et à renforcer leur position de combat, demeurant ainsi en harmonie avec eux-même tout en faisant preuve de bravoure et de vigueur.
Le sang se déversait sous forme de torrent de part et d'autre du territoire, et bientôt, une nappe d'une teinte cramoisie et de cadavres se déroulaient jusqu'à l'horizon tel un parchemin parsemé de seaux et d'incantations ancestrales.
La démence incurable de Madara était à son apogée. Sa férocité se répandait à flot sur ceux qui n'étaient pas prêts de se laisser oppresser par sa présence dominante, entraînant dans son sillage une multitude de pertes.
Après maints efforts rigoureux, les villages goûtèrent goulûment à la saveur alléchante de la victoire. Les hommes, visiblement ravis d'avoir pu lui tenir tête jusqu'à la fin, hurlaient de satisfaction, les femmes pleuraient à chaudes larmes, à la fois exaltées et soulagées d'avoir été en mesure de protéger convenablement leur famille, et les enfants, quant à eux, simulaient l'indifférence, bien qu'une lueur curieuse miroitait dans leurs yeux hagards. Ils n'avaient pas encore conscience du concept du bien et du mal. De ce fait, il leur était impossible d'étudier la situation avec discernement.
Ce soir-là, tous les membres des villages s'étaient réunis et avaient savouré leur triomphe en orchestrant une célébration conviviale. Tous, sauf un, qui regrettait avec amertume sa propre impuissance et la vulnérabilité dont il avait fait preuve sur le champ de bataille. Si seulement il avait pu tous les protéger du danger qui les guettait, tapi dans l'ombre... au lieu d'imiter sagement le reste de ses compères, le garçon, rongé par sa propre culpabilité, s'était rendu sur ces terres désolées afin de se recueillir, et de prier en silence la foi et le courage qui les avaient saisis à cette heure décisive. Ses fidèles amis l'avaient rapidement rejoint, et ensemble, ils leur fit part de leurs plus sincères remerciements quant à leur dévouement indémodable.
Aujourd'hui, d'innombrables années se sont étirées depuis le terrible massacre qu'il y a eu en ces lieux, et Naruto vient encore s'y réfugier, dans l'espoir d'y cultiver la paix intérieure. Des perles de larmes chatoyantes inondant ses yeux, il se fait la promesse solennelle de ne jamais laisser l'aura apaisante de ceux et celles qui ont péri ce jour-là se dissiper au-delà du voile d'azur qui se répandait avec somptuosité et qui recelaient d'étoiles d'une beauté exquise au-dessus de sa tête blonde. Bien que cette manière de pensée s'avérait être complètement absurde, voire même invraisemblable, Naruto aimait s'imaginer que c'était l'esprit serein des défunts qui veillaient sur leurs êtres, et qui s'assuraient, même dans les cieux, qu'aucune autre déception ne puisse les atteindre.