LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre : Comme chien et chat

J’ai l’impression d’être un robot. J’agis mécaniquement, j’enlève son tee-shirt et je l’essore soigneusement, je me mets en pyjama, je me lave les dents.

Mon esprit est vide, en pilotage automatique, et je sais que je ne peux pas le rallumer parce que la culpabilité m’étranglerait.

Lorsque je traverse le couloir, je ne peux pas envisager de croiser Rinko, ça me tuerait sur le coup mais j’ai de la chance et ça n’arrive pas.

Je ferme ma porte à clé, histoire d’être vraiment sûre de ne pas le croiser ce soir et je me mets au lit.

Pour m’endormir, je me force à classer encore et encore dans ma tête tout un tas de choses stupides, simplement pour m’empêcher de réfléchir, et ça marche.

*

Lorsque j’ouvre les yeux le matin, ça va mieux. La nuit a mis de la distance avec ce qu’il s’est passé et je suis plus calme. Kakashi m’a bien plus crié dessus et volé dans les plumes qu’il n’a posé un regard luxurieux sur moi. C’est arrivé une seule fois, alors que j’étais pratiquement dans ses bras et que ma poitrine me trahissait.

Il y a un problème, c’est clair comme de l’eau de roche, mais ce qui compte sont mes actes, alors je me raccroche à ça. C’était physiologique, je n’ai pas choisi d’être mise dans cet état par Kakashi, il a simplement voulu me rattraper parce que j’allais tomber, que pouvons-nous y faire si nos corps ont réagi tout seuls après tout. Et puis nous n’avons rien fait en soit.

Le vrai point dérangeant pour moi, c’est que Kakashi m’a enflammé en une seconde chrono là où Rinko met du temps à me faire à peine frémir. C’est tout de même très con, soyons honnêtes. C’est même rageant, j’ai envie de me mettre des claques, ou bien d’expliquer à mon corps que c’est Rinko le bon !

Ça ne m’étonne pas une seconde de moi tiens ! Mon corps endormi qui n’a jamais rien compris à tout ça, qui se réveille sur le tard et qui mélange tout et fait n’importe quoi.

Je soupire bruyamment et me décide à sortir du lit, autant affronter tout de suite la journée, ce ne sera pas plus facile dans dix minutes.

Lorsque j’arrive dans la salle commune, Kakashi est seul à une table. Je ne sais pas s’il vaut mieux que je l’évite ou que je brise la glace directement pour essayer de réduire le malaise… Il n’y a pas Rinko dans la pièce, ce qui est plutôt positif pour prendre la température.

Je le rejoins donc, peu assurée. Il lève les yeux vers moi, son visage froid bien accroché à sa tête :

-         Je peux savoir pourquoi tu viens vers moi ? demande-t-il avec irritation.

-         Je ne sais pas, dis-je d’une petite voix, déjà complétement dégonflée.

-         Reste loin de moi Hanako. Vraiment.

Il se lève et déguerpit sous mes yeux, me lacérant le cœur. Bon, au moins je suis fixée, visiblement nous allons repartir du mauvais pied.

C’est dingue comme il a deux visages… Il a été tellement gentil hier soir, il va falloir que je me prépare mentalement à subir à nouveau ses piques.

Je déjeune donc seule en réfléchissant et plus le temps passe, plus ça m’énerve. J’en ai marre de devoir subir ses humeurs changeantes, je ne sais jamais sur quel pied danser avec lui et ça me rend triste de me dire qu’il sera sans doute infecte aujourd’hui.

Lorsque je termine, je décide donc d’aller voir Rinko, parce que je sais que ça énervera Kakashi. Ce n’est pas glorieux mais tant pis, je suis venue en paix, il m’a rejeté méchamment, pas question que je lui donne la satisfaction d’être tranquille.

Je passe donc la porte de leur chambre comme si j’étais chez moi et Kakashi lève un œil agacé :

-         Je t’ai demandé de rester loin de moi, ronchonne-t-il.

-         Ça tombe bien parce que c’est Rinko que je viens voir, réplique-je en levant le bout du nez.

-         Il dort. Il a bu comme un trou hier soir.

-         Et ? Je ne crois pas avoir à te demander la permission pour venir voir mon copain, rétorque-je.

Il plisse un peu les yeux mais ne répond pas tandis que j’avance bravement jusqu’à mon Rinko endormi.

Je m’assois au bord de son lit pour caresser sa joue, observant son visage apaisé par le sommeil.

Je ne peux pas l’expliquer, mais je sens la tension de Kakashi sans même le regarder, je sens qu’il est en colère, que je l’énerve et ça me fait presque rire. Je continue donc mes caresses jusqu’à ce que Rinko ouvre un œil :

-         Bonjour toi, murmure-t-il gentiment.

-         Bonjour, tu te sens bien ? demande-je.

-         Pas dingue. Je vais avoir une sacrée gueule de bois, se marre-t-il faiblement.

-         Tu devrais pourtant être habitué puisque tu bois tous les quatre matins, ronchonne Kakashi.

-         Personne ne t’a sonné toi, siffle-je.

Je me délecte de son petit regard sauvage et il lève son livre devant son nez pour ne plus me voir.

-         C’est pas vrai, vous recommencez… soupire Rinko en refermant les yeux.

-         C’est un abruti, forcément que ça recommencera, pouffe-je.

-         Je ne veux pas avoir à choisir avec lequel de vous je passe du temps, se plaint Rinko d’une petite voix adorable.

-         Vois-ça avec lui, moi ça ne me dérange pas de le fréquenter.

-         Merci trésor, mais je pense que ça va être compliqué, soupire-t-il encore.

Kakashi relève le nez de son livre :

-         Pourquoi ? Ce n’est pas parce que je me prends la tête avec elle que ça veut dire que je ne veux pas la voir, intervient-il.

-         Ce n’est pas ce que tu m’as dit ce matin, lance-je.

-         Rinko n’était pas là ce matin, souligne-t-il.

-         Donc il faut que je sois là ? En juge de paix ? rigole Rinko en se redressant un peu.

-         Oui. Je ne veux plus qu’elle m’approche quand tu n’es pas là, précise Kakashi en replongeant le nez dans sa lecture.

-         T’inquiète, il n’y a aucune raison qu’elle vienne te voir seul à seul, répond tranquillement Rinko.

-         C’est pourtant ce qu’elle a fait ce matin pour déjeuner avec moi, râle Kakashi en me lançant un petit regard hostile.

-         Ça s’appelle être gentille, je croyais qu’on devenait amis, me défends-je.

-         Tu te trompais. Tu ne seras jamais mon amie.

Je suis au moins fixée. Visiblement son élan de gentillesse aura été de courte durée.

-         Je vous laisse, annonce-je froidement.

Je me lève et file sans leur lancer un regard.

*

Minato vient me chercher une bonne heure plus tard, m’annonçant que nous devons nous rendre au bâtiment et nous y allons tous les trois, dans le silence bien sûr.

On nous annonce alors le programme pour les prochains jours.

Demain et après-demain auront lieues les journées d’intégrations, nous serons mis en équipes aléatoires de six, composées de trois ninjas du pays du gel et trois du pays du feu. L’objectif sera de la survie, un itinéraire compliqué et ardu, avec une nuit en tente dans les montagnes du pays du gel.

Franchement, ça a l’air chouette au possible, je me réjouis déjà, j’adore ce genre d’échange avec les pays, les activités sont sympas et ça renforce vraiment la cohésion.

Le lendemain de ces journées, le cinquième jour donc, les accords seront signés et une petite soirée pour fêter l’alliance aura lieu.

Nous repartirons le lendemain matin pour Konoha.

-         Qu’en pense notre responsable ? me demande alors le kage du pays du gel.

-         C’est un programme absolument super, nous sommes ravis d’être si bien reçus, réponds-je avec entrain.

Minato me sourit et nous nous levons pour terminer l’assemblée.

 Lorsque nous sommes dans les couloirs, Kakashi me jette un coup d’œil :

-         « C’est un programme absolument super », m’imite-t-il d’une voix moqueuse en me regardant avec un air amusé.

-         Heureusement que c’est moi la responsable, si c’était toi nous n’aurions pas beaucoup d’alliés, siffle-je.

Minato arrive à rester une seconde sérieux avant de rire malgré lui en lançant un regard désolé à Kakashi qui le fusille de son œil noir.

-         Elle n’a pas tort, il va falloir que tu travailles ton côté mondain Kakashi.

-         Je travaillerai mon côté mondain quand elle travaillera ses techniques de combat alors, réplique-t-il.

-         Oh ne t’inquiète pas pour ça, répond Minato tranquillement.

-         Bats-toi contre moi, dit-il alors.

Je le regarde en ouvrant des yeux ronds :

-         Vraiment ? demande-je.

-         Oui, vraiment. J’en ai marre de t’entendre fanfaronner que tu sais te battre, je ne connais même pas ton niveau, ronchonne-t-il.

-         Je peux senseï ? demande-je à Minato, les yeux pleins d’espoirs.

Qu’est-ce que j’ai envie de mettre une raclée à Kakashi, bon sang, il ne s’en remettrait jamais.

-         Non Hanako, tranche Minato avec un coup d’œil sévère.

-         Non mais ?! C’est vraiment sérieux ? Elle est si bonne que ça ? demande Kakashi, dévoré par la curiosité.

-         Ça suffit, c’est classé secret défense, dit Minato.

-         Vous savez bien qu’il ne me faudrait qu’un quart d’heure pour trouver l’information une fois à Konoha, soupire Kakashi.

-         Et tu ne le feras pas ! s’agace Minato.

-         Vous ne me faites pas confiance senseï ? insiste Kakashi.

-         Bien sûr que si, mais je préfère que personne ne soit au courant, si les pays apprenaient que nous avons une ninja … Ça suffit Kakashi ! tonne alors Minato.

Kakashi ouvre un œil rond mais n’insiste pas. C’est du moins ce que je croyais, car dès que nous sortons du bâtiment, nous avons le temps de marcher une minute ou deux lorsque je vois du coin de l’œil Kakashi qui sort un kunaï de sa poche.

Je comprends très vite ce qu’il se passe et tandis que Kakashi balance son bras vers moi, dans le dos de Minato, j’ai le temps de prendre une arme et de parer son coup.

La seconde qui suit, Kakashi se jette franchement sur moi avec ses deux kunaï et m’agresse gentiment avec un regard d’enfant pas sage tandis que je pare encore ses attaques à toute vitesse en gloussant.

-         Non mais je rêve ! s’exclame Minato en se retournant, tâchant d’afficher un air sévère qui ne lui va pas.

Kakashi augmente sa vitesse et je peine déjà, il est vraiment rapide, je ne m’attendais pas à ça.

-         Ça suffit ! tonne Minato en jetant des coups d’œil autour de lui.

Mais Kakashi rit en continuant ses attaques, et je suis complétement dépassée alors je me sauve d’un bond pour reprendre le fil et surtout mon souffle.

Je n’ai même pas atterri qu’il est déjà devant moi et reprend ses assauts de plus en plus rapidement et précisément. Je n’arriverai pas à suivre.

-         Arrête Kakashi ! Tu vas me faire mal ! m’inquiète-je alors.

-         Kakashi ! crie au même moment Minato en se dirigeant vers nous avec colère.

Kakashi cesse ses attaques dès que je lui demande :

-         Bien sûr que non Hanako, je ne t’aurais jamais blessée voyons, dit-il.

-         Tu ne peux pas tout contrôler, argumente-je.

-         A cette vitesse ? Tu plaisantes ?

-         Quoi ?! Tu peux être plus rapide que ça ? demande-je.

-         Heureusement, sinon je ne serais sans doute plus de ce monde, fanfaronne-t-il.

Minato arrive alors, en colère :

-         Non mais vous vous rendez compte de la honte que vous venez de mettre à Konoha ?! Mes seconds qui se chamaillent comme des enfants à peine sortis du bâtiment ! Nous perdons toute crédibilité !

Nous nous excusons en baissant le nez, nous lançant des petits regards rieurs malgré tout.

-          Kakashi, je t’ordonne d’arrêter de chercher maintenant. Son talent n’est pas dans le combat pur, alors rien ne sert de l’agresser comme ça, ça ne te donnera aucune piste.

-         Bien senseï.

-         Hanako, je t’interdis de lui dire, peu importe ce qu’il te dit pour obtenir l’information.

-         Vraiment senseï ? demande encore Kakashi. Je pensais que vous m’accordiez une plus grande confiance.

Il a un ton peiné.

-         Bien sûr que j’ai confiance en toi, et figure toi que j’envisageais de te le dire un jour, mais te voilà puni comme un genin pour nous avoir mis la honte ! Fin de la discussion !

Minato repart en direction du bâtiment, les épaules tendues mais l’air satisfait de son autorité.

Kakashi me regarde et je lui tire la langue, victorieuse, avant de sautiller à la suite de Minato lorsque je le sens qui m’attrape par la veste et me fiche par terre pour m’embêter avant de filer à son tour.

Je lui lance un caillou de toutes mes forces et je grogne de frustration lorsqu’il l’arrête sans même tourner la tête.

Fichu combattant de génie. Je suis encore tentée de lui envoyer un petit choc mental, juste de quoi le déstabiliser suffisamment pour qu’il tombe… Mais je crois que Minato me grillerait dans la seconde, ce n’est pas le genre de Kakashi de trébucher.

Alors je les rejoins en rongeant mon frein.