LE TRIANGLE DE KONOHA

Chapitre 9 : La rencontre de Kakashi

Lorsque j’arrive chez Sakura, elle a à peine le temps d’ouvrir la porte qu’elle éclate de rire en voyant ma robe.

-         Je rêve ! Tu as joué le jeu ! s’exclame-t-elle.

-         Un peu, mais je vais sans doute rejoindre Rinko en fin de soirée. C’est surtout ça, dis-je.

-         Génial ! Oh mon dieu, j’ai hâte de voir sa tête ! rit-elle en fermant sa porte.

-         Je suis soulagée que tu portes une robe quand même, j’aurais eu l’air fine chez Ichiraku dans cette tenue avec vous en tenue de travail, glisse-je.

Nous partons dans les rues tranquillement tandis qu’elle répond :

-         J’espérais bien que tu mettrais une robe, même si je ne m’attendais pas à celle-là. Non mais regarde comme elle met tes seins en valeur !

-         Sakura ! siffle-je en regardant autour de nous.

-         Pardon, râle-t-elle en baissant d’un ton. J’espère que tu ne vas pas trop attirer l’attention de Sasuke.

-         Sakura, je suis convaincue qu’il est fou de toi. Et puis j’ai huit ans de plus que lui, je pense que tu peux me considérer comme trop vieille.

-         Tu n’as pas tort, pouffe-t-elle. Qu’est-ce qui me prend d’être amie avec une vieille !

-         Tais-toi ou je te fais mordre la poussière, siffle-je.

Elle rit encore en me poussant gentiment de la hanche :

-         Je plaisante. Tu es sans doute mon amie la plus proche tu sais, dit-elle pensivement.

Je la regarde avec affection, ça me touche beaucoup.

-         Je t’assure, j’ai toujours eu du mal à me faire des amies, en général on me dit que je suis trop franche et impulsive.

-         J’adore ces traits de caractère chez toi, dis-je en fronçant les sourcils.

-         C’est parce que tu es plus mature que ces idiotes ! s’exclame-t-elle alors.

-         Sans doute. Je n’ai pas beaucoup d’amies proches non plus, mais tu en fais partie, dis-je en lui souriant.

Nous échangeons un regard heureux avant qu’elle n’affiche sa tête déterminée :

-         Allez, trêve de déclaration. J’espère que tu es prête à changer la vie d’un homme qui n’a sans doute jamais vu une paire de seins d’aussi près !

-         Tu es peut-être un peu trop cinglée finalement, dis-je en riant encore.

-         Je sais, mais comme tu viens de le dire, c’est ce qui fait mon charme !

Je lève les yeux au ciel et nous tournons au coin de la rue d’Ichiraku.

Je ne sais pas pourquoi, mais je stresse soudain un peu :

-         Tu ne leur as vraiment pas dit que je venais ? chuchote-je.

-         Non, il fallait ? s’inquiète-t-elle en voyant ma tête.

-         Je ne sais pas…

-         Arrête Hanako, râle-t-elle. Puisque je te dis que tu ne les dérangeras pas et puis on discutera toutes les deux, arrête de t’en faire.

-         D’accord.

Elle pousse la porte et je les aperçois en pleine discussion, au fond de la salle flambant neuve de chez Ichiraku. Il y a le fameux Sasuke en face du fameux commandant Hatake qui nous tourne le dos.

Nous approchons de leur table et Sasuke sourit brièvement à Sakura en nous voyant approcher.

-         Bonjour ! s’exclame Sakura en arrivant.

-         Bonjour, dit Sasuke calmement en me regardant d’un air interrogateur.

Leur senseï tourne alors la tête vers nous et il a presque un mouvement de recul lorsqu’il me voit avant de me dévisager comme s’il avait vu un fantôme, me rendant rouge de honte. Je n’aurais pas dû venir sans qu’ils soient prévenus, je le savais.

Sakura me lance un petit regard inquiet, renforçant mon malaise, je peux déjà éliminer l’option que cette attitude soit une habitude chez lui.

-         Je ne suis pas venue seule, je vous présente une collègue et amie, elle s’appelle Hanako.

-         Bonjour, dis-je timidement en regardant Sasuke, me raccrochant à son regard neutre plutôt qu’à la tête complétement choquée du commandant Hatake.

-         Bonjour, je m’appelle Sasuke, dit-il sobrement.

Je tourne la tête vers leur senseï, qui me dévisage toujours sans bouger une oreille, ne se présentant pas et mon regard tombe sur mes pieds. Je me demande vraiment si je ne devrais pas partir tout de suite, je ne souhaitais en aucun cas gâcher la soirée de qui que ce soit.

Je lance un petit regard implorant à Sakura, la suppliant silencieusement de faire quelque chose et elle comprend vite le message :

-         Je suis désolé senseï, je ne pensais pas vous mettre mal à l’aise en emmenant quelqu’un que vous ne connaissez pas sans prévenir… tente-t-elle.

On dirait que deux fils se connectent dans sa tête et il la regarde, s’animant enfin après son immobilité totale.

-         Je … non… il n’y a pas de mal, dit-il rapidement.

-         Je peux comprendre si ça vous ennuie… commence-je.

-         Non ! Non pas du tout, je suis navré, vous m’avez fait penser à quelqu’un que je connais, ça m’a surpris. Il n’y a aucun souci, je vous assure, dit-il rapidement.

Sakura et Sasuke le dévisagent avec un drôle d’air mais je reprends contenance, il a l’air sincère, son visage est beaucoup plus ouvert il me semble. C’est assez dur à dire avec son masque et son bandeau, mais son attitude a changé, il parait plus détendu.

-         Vous en êtes sûr ? demande-je timidement.

-         Oui, j’en suis sûr. Je suis navré, vraiment, s’obstine-t-il poliment.

Il se lève alors et me tend une main :

-         Je m’appelle Kakashi.

-         Hanako, répète-je en lui souriant avant de lui serrer la main.

Sa main est tellement chaude qu’on dirait qu’il a de la fièvre, et je me demande si ce n’est pas le cas après la scène qu’il vient de faire.

-         Encore désolé, marmonne-t-il en se rasseyant.

-         Il n’y a pas de mal, dis-je en finissant d’être rassurée.

Je tourne alors la tête vers Sakura et Sasuke qui affichent des têtes médusées en regardant leur senseï. A croire qu’ils ne peuvent pas tous être raccord en même temps ce soir, mais qu’est-ce qui leur prend ?

-         Il n’y a pas Naruto ? demande-je.

-         Si, il arrive toujours en retard, dit Sasuke en levant les yeux au ciel.

-         Et bien tant pis pour lui, il se mettra en bout de table sur un tabouret, dit Sakura.

Ils sont installés à une table entourée de deux banquettes deux places.

-         Hanako, tu veux peut-être qu’on se mette à côté … dit Sakura avec hésitation.

C’est le moment d’être une bonne amie. Et puis Kakashi m’a assez assuré qu’il était désolé.

-         Mais non ! Mets-toi en face de Sasuke, je vais me mettre en face de ton senseï, si ça ne le dérange pas, dis-je gentiment.

-         Pas du tout, dit-il en me désignant la place en face de lui.

Sakura me lance un beau sourire de remerciement et nous nous installons.

-         C’est gentil, dis-je en m’asseyant.

-         C’est normal, dit-il doucement de sa voix grave.

Je lui souris et vu comme son œil s’adoucit, je crois que lui aussi. Je suis d’ailleurs happée par son œil sombre et nous nous dévisageons une seconde de trop pour la politesse, me faisant un peu rougir alors je saisis la carte des plats pour me cacher derrière.

Sasuke interpelle alors Kakashi et je lève discrètement les yeux de la carte pour l’observer tandis qu’il lui répond.

Je le trouve séduisant au possible, je n’en reviens pas. Je commence à me demander ce qui m’arrive à trouver deux hommes séduisant en une semaine. Je me demande aussi pourquoi je le trouve séduisant alors que j’en vois à peine la moitié, alors je l’analyse.

Déjà son corps, sa veste est posée à côté de lui et clairement, il a l’air d’avoir un corps à tomber par terre, ses avants bras et ses mains sont déjà particulièrement attirants.

Son regard aussi, son œil sombre recèle une douceur que je n’aurais jamais pensé voir chez lui de prime abord, il m’hypnotise presque. Sans oublier sa voix, elle est grave, chaude, presque réconfortante.

Plus globalement, je dirais que c’est ce qu’il dégage qui m’attire comme ça. J’ai l’impression d’être face à une ancre, on se sent bien en sa présence, comme s’il ne pouvait rien nous arriver, c’est étonnant. Je sais qu’il est bon combattant, mais ça va plus loin que ça, son énergie calme et sa douceur m’enveloppe comme du coton alors qu’il n’ouvre pas plus que ça la bouche.

Je n’arrive plus à détacher les yeux de lui et lorsqu’il tourne la tête vers moi et croise encore mon regard fixé sur lui, je rougis comme une dingue en baissant le regard.

Je n’ose plus sortir le nez de la carte jusqu’à ce que Naruto arrive.

-         Oh ! Bonjour ! Je m’appelle Naruto, dit-il lorsqu’il me voit en me tendant une main.

-         Hanako, dis-je en la serrant.

-         Ça va ? demande-t-il en me souriant.

Je ris malgré moi, quel contraste avec son senseï, il ne se demande même pas ce que je fais là.

-         Très bien et toi ?

-         En pleine forme, je vais aller me chercher un tabouret, dit-il joyeusement.

-         Hanako, tu veux que j’aille commander pour toi ? me demande Sakura tandis que Sasuke se lève.

Je comprends vite le message, elle veut y aller seule avec lui, alors j’accepte et je lui passe ma commande.

-         Commande pour moi Sasuke, résonne la voix grave de Kakashi.

Sasuke hausse un sourcil mais ne commente pas et s’éloigne avec Sakura qui dévisage encore son senseï comme si elle ne le connaissait pas. Je ris un peu lorsque je vois Naruto qui les rejoint au comptoir et Sakura qui l’assassine du regard.

-         Alors, vous travaillez à l’hôpital avec Sakura ? me demande Kakashi.

Je tourne la tête vers lui, carrément étonnée. S’il y a bien une chose que j’ai cru comprendre à propos de Kakashi, c’est qu’il ne parle pas.

-         Oui tout à fait, dis-je doucement.

-         Et vous êtes seulement médecin ou … ?

-         Non, je suis une ninja, dis-je.

Il hoche la tête et un petit silence tombe, j’ai l’impression d’être malpolie :

-         Je ne vous retourne pas la question, je vous connais de nom bien sûr. Le commandant en chef, dis-je rapidement.

Son œil s’adoucit encore, comme lorsque je suppose qu’il sourit.

-         Dans quel secteur de l’hôpital travaillez-vous ? demande-t-il ensuite.

J’hausse un sourcil surpris. Il est carrément en train de faire la conversation ou je rêve ?

-         En fait, je n’ai pas de secteur, je suis à la tête de plusieurs services, dis-je.

-         Vous êtes le docteur Toba ? s’étonne-t-il.

-         Oui…Vous avez entendu parler de moi ? demande-je, complétement intriguée.

-         Bien sûr. Minato parle toujours de vous, il n’est pas le seul d’ailleurs. Vos compétences sont vantées dans tout le village, dit-il.

-         Les gens exagèrent, tempère-je.

-         Bien sûr que non ! s’écrie Sakura en revenant. Elle est encore en train de se dénigrer Kakashi senseï ?

-         On dirait bien, dit-il d’un air amusé en s’adossant dans son dossier, croisant les bras.

-         Tu es une médecin de génie Hanako, tout le village le sait, il n’y a que toi qui en doute.

-         Pourrait-on arrêter de parler de moi ? grince-je entre mes dents en faisant mine de plaisanter mais en faisant passer le message à Sakura du regard.

Elle change de sujet et je respire un peu. Je déteste être le centre de l’attention.

Kakashi ne parle plus, c’est bien simple, dès que ses élèves sont revenus, je n’ai plus entendu le son de sa voix. Je lui lance des regards de temps en temps, il m’observe la plupart du temps et je rougis à chaque fois.

 Mais Sakura m’a prévenu, c’est sa façon de fonctionner, elle m’avait dit qu’il risquait de m’observer le temps de s’habituer, alors je tâche au maximum de ne pas croiser son regard pour le laisser s’adapter à moi.

Après tout, c’est moi qui m’impose dans sa routine, il n’a rien demandé.

Je suis un peu embêtée de me rendre compte que j’aimerais bien le dévisager moi aussi. Ça m’embête vis-à-vis de Rinko. J’ai l’impression de ne pas être correcte envers lui à vouloir regarder un homme que je trouve absolument séduisant, et en même temps je ne vois pas où est le mal non plus alors que nous commençons à peine à nous fréquenter et que je ne compte pas inviter Kakashi à sortir. J’ai même un petit rire à cette simple idée.

Je suis juste intriguée, j’essaie de comprendre pourquoi il m’attire à ce point, je passe plus de temps à regarder ses avant-bras qu’à discuter avec Sakura, c’est quand même inquiétant.

Lorsque nos plats sont prêts, Sasuke propose à Sakura de lui ramener le sien et je trouve ça adorable. Etant assise à côté de lui, je n’ai pas l’occasion de voir les regards qu’il lui lance malheureusement, mais cette petite attention est touchante je trouve.

-         Vous voulez que je vous ramène le vôtre ? me demande alors Kakashi.

Je tourne la tête vers lui, encore une fois surprise.

-         Non, ne vous inquiétez pas, je peux y aller…

-         J’y vais de toute façon, autant que je prenne le vôtre, tranche-t-il en se levant.

Alors que les trois garçons s’éloignent, je me penche vers Sakura :

-         Il est drôlement serviable ton senseï et il m’a fait la conversation. Tu exagères, tu le dépeins vraiment sévèrement, chuchote-je.

-         Justement pas ! s’exclame-t-elle les yeux ronds. Il t’a parlé alors ?

-         Oui, il m’a posé des questions sur mon travail.

-         Mais qu’est-ce qui lui prends… chuchote-t-elle pour elle-même.

-         Quoi ?

-         Je ne sais pas, il est bizarre ce soir. Je rigolais tout à l’heure, mais c’est peut-être vraiment ton décolleté qui est en train de le chambouler, ajoute-t-elle en pouffant.

-         Ne recommence pas, glousse-je avec elle.

Les garçons reviennent et Kakashi dépose mon plat devant moi.

-         Merci, c’est gentil.

-         Mais non, c’est normal, dit-il encore.

-         Alors nous, on se fait tailler les trois quarts du temps, mais la jolie fille se fait ramener son plat, se plaint Naruto.

Sakura plaque une main sur sa bouche pour se retenir de rire tandis que Kakashi regarde Naruto avec un air furieux. Je crois apercevoir un peu de rouge au-dessus de son masque et je me demande s’il rougit ce qui déclenche mes petits gloussements malgré moi.

 J’aime bien Naruto.

-         Tu te fais tailler parce que tu fais n’importe quoi les trois quarts du temps. Si tu étais un médecin réputé dans tout le village alors peut-être bien que je te ramènerais ton plat, mais pour l’instant tu n’es qu’un sale gosse incapable de passer son examen chûnin ! aboie Kakashi.

J’ouvre des yeux ronds face à l’attitude de Kakashi, tranchant complétement avec la douceur que j’ai vu jusqu’à maintenant, mais Naruto hausse les épaules tranquillement.

En fait, aucun des trois ne réagit et je comprends qu’il est normal pour eux de le voir s’agacer comme ça.

-         Vous savez très bien que j’ai le niveau d’être chûnin. Voir même jônin, réplique Naruto.

-         Oui et bien ce n’est pas une raison pour ne pas valider ton examen, reprend Kakashi plus calmement.

-         Tu n’es pas encore chûnin ? m’étonne-je.

-         Non, j’ai suivi un apprentissage avec maitre Jiraya pendant deux ans pendant que mes camarades passaient l’examen.

-         J’ai suivi une route peu commune aussi et ça ne m’a pas empêché de passer mon examen dès mon retour au village, souligne Sasuke.

-         Maitre Jiraya ? C’est impressionnant, commente-je.

-         A quel âge es-tu devenue chûnin toi Hanako ? me demande Naruto.

-         A douze ans.

-         C’est impressionnant, commente Kakashi doucement.

-         Merci, mes équipiers étaient excellents, dis-je en lui lançant un petit regard.

-         Prends-en de la graine Naruto, reprend-il avec son air sévère.

-         Vous êtes drôlement bavard ce soir, râle-t-il en réponse.

-         Pas du tout, se défend Kakashi.

-         Si, carrément, lance Sakura en le regardant.

-         Arrêtez de raconter n’importe quoi ! continue-t-il en les fusillant du regard.

Leur entente m’amuse et je ne peux pas m’empêcher de glousser, essayant de me cacher dans ma main pour ne pas l’agacer encore plus mais il tourne la tête vers moi pour me lancer son regard doux.

J’étais à mille lieux d’imaginer ça lorsque Sakura me parlait d’eux. Ils se chamaillent presque, c’est attendrissant. Je ne comprends pas bien la réputation implacable de Kakashi alors qu’on voit qu’il râle dans l’intérêt de ses anciens élèves et pas pour vraiment les engueuler.

Kakashi finit par enlever son masque pour manger et je suis subjuguée par ce que je vois. J’ai du mal à le regarder discrètement mais il est d’une beauté à couper le souffle. Je me demande pourquoi il porte un masque, ça m’obsède même rapidement. Il a un visage magnifique, donc ça ne peut pas être pour se cacher, ça c’est certain.

Mes yeux se perdent sur ses lèvres quelques secondes et je commence à vraiment me remettre en question, m’obligeant à ne plus le regarder.