LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 44 : Une nuit au centre du village

Lorsque l’air glacial me fiche une claque, j’enfile mon manteau et je me blottis dedans, les mains dans les poches.

Nous saluons Sakura et Sasuke, et cette dernière me lance un sourire éblouissant tandis que je lui fais un clin d’œil et ils s’éloignent.

-         Bon, allons-y alors Hanako ! claironne Naruto avec bonne humeur.

-         Je vais raccompagner Hanako, annonce Kakashi.

-         Euh… hésite Naruto.

Nos deux autres camarades n’étant plus en visuel, pas la peine de continuer cette mascarade :

-         C’est gentil ça Kakashi ! m’exclame-je en lui souriant sincèrement.

-         Mais de rien.

-         Tu es sûre Hanako ? Parce que ça ne me dérange pas, insiste un peu Naruto.

-         Mêle-toi donc de ce qui te regarde et rentre chez toi ! aboie Kakashi avec virulence.

Heureusement, Naruto éclate de rire :

-         Bon alors bonne soirée ! s’exclame-t-il.

Nous le saluons et il file rapidement tandis que je prends la route de chez moi mais Kakashi me retient. Je ne compte même plus le nombre de fois où il me surprend ce soir alors je l’interroge simplement du regard tandis qu’il me lâche :

-         En fait… je me demandais… commence-t-il.

-         Oui ? l’encourage-je sans comprendre.

-         Ça te dirait de… ne pas rentrer maintenant… dit-il lentement, le regard rivé au sol.

-         Comment ça ? demande-je, de plus en plus perdue.

-         Ça te dirait de… je ne sais pas… aller te balader un peu ?

J’écarquille les yeux, vraiment je vais de surprise en surprise ce soir.

-         Me balader ? répète-je bêtement.

Il relève le nez pour me regarder dans les yeux :

-         Oui, avec moi.

Je le dévisage une seconde ou deux, histoire d’être sûre qu’il ne se moque pas de moi et il ajoute :

-         On pourrait discuter un peu, apprendre à se connaitre, c’est vrai quoi, on ne fait que de se crier dessus … dit-il.

J’ai envie de me secouer de ne pas réagir à ce point, évidemment que j’ai envie, mais il y a une énorme partie de moi qui n’arrive pas à croire que ce ne soit pas une mauvaise blague.

Un dernier regard à ses yeux sincères me rassure :

-         Avec plaisir, chuchote-je timidement.

Il me sourit visiblement et il prend la direction du centre de Konoha où je le suis en sautillant presque de joie. Nous marchons une petite minute en silence, entre les rires des passants et les lumières colorées des échoppes ouvertes de nuit.

-         Tu as passé une bonne soirée ? demande-t-il alors.

-         Oui, et toi ?

-         Oui.

Nouveau blanc, j’ai déjà envie de glousser. Kakashi n’est pas exactement la personne la plus loquace de cette terre, je ne sais pas ce qui lui a pris de vouloir se "balader pour discuter" mais il me surprend encore :

-         Alors tu ralentis les choses avec Rinko ? reprend-il.

-         Oui, ça te travaille visiblement ! m’exclame-je en riant.

Il hausse un peu les sourcils en regardant devant lui :

-         Honnêtement, ça m’étonne. Déjà que je ne comprenais rien à votre couple, mais alors là, je dois dire que je suis perdu. Je ne comprends même pas pourquoi vous vous voyez encore si vous en êtes à reculer dans les étapes, dit-il avec honnêteté.

-         Parce que je l’apprécie, j’adore être avec lui, c’est un homme formidable.

-         Alors où est le problème ?

-         Il n’y a pas vraiment de problème…

-         Hanako, gronde-t-il en me lançant un petit regard sévère. Si tu n’as pas envie de m’expliquer correctement je peux le comprendre mais ça m’intéresse, alors explique-toi si ça ne te dérange pas.

Je croise les bras en soupirant un peu :

-         Je ne vais pas me lancer dans une tirade sur tout ça… ce serait bizarre, j’aurais l’impression de t’ennuyer, réponds-je.

-         Mais ça m’intéresse vraiment, j’ai envie de mieux te connaitre je te dis, insiste-t-il. Alors fais-moi la version longue.

J’hausse les sourcils, je ne vois pas bien pourquoi il me mentirait alors j’organise mes pensées et je me lance :

-         Ce n’est pas une question de problème ou que ça aille mal entre nous. C’est juste trop rapide… comme tu le sais, mon unique relation a été un échec cuisant, et je ne veux pas recommencer les mêmes erreurs. Je me suis mise en couple rapidement, avec un homme que je n’aimais pas…  Ça m’a tout de même vacciné des hommes pour les six ans d’après. Et j’ai recommencé comme une idiote avec Rinko…

-         Pourquoi avoir accepté de sortir avec lui alors ?

-         Pour être honnête, j’étais tellement étonnée de trouver un garçon qui me plaise que j’avais peur qu’il me file entre les doigts.

-         Alors tu t’es précipité pour essayer de le garder autour de toi ?

Il demande ça sans la moindre trace de jugement, il cherche simplement à comprendre alors je lui dis la vérité :

-         Pour être honnête oui, c’est exactement ça. Nous étions en mission à Iwa, et il me plaisait bien mais je savais aussi le succès qu’il pouvait avoir… je me suis dit que si je ne lui donnais pas un peu de quoi rester il se désintéresserait de moi, admets-je.

-         Et tu ne t’es pas dit que s’il se désintéressait de toi ça voudrait dire qu’il n’était tout simplement pas fait pour toi ? demande-t-il.

-         Et bien… je n’y avais pas réfléchis avant ce soir, dis-je en fronçant les sourcils. Mais il faut dire qu’à ce moment-là, cette histoire était littéralement le scoop de ma vie, vraiment, Sakura désespérait de me trouver quelqu’un.

-         Quoi ?! s’amuse-t-il.

-         Oui, je ne la connais pas depuis très longtemps, ça fait quelques mois à peine que nous sommes amies, et elle me raconte ses histoires avec… 

Je m’interromps en lui lançant un petit regard, inquiète de griller les secrets de Sakura mais Kakashi me lance un petit regard blasé :

-         Je t’en prie, je suis largement au courant qu’elle apprécie Sasuke. Je crois que c’est l’une des premières choses qu’elle m’a dit lorsqu’elle est devenue ma genin.

-         Et bien voilà, elle me raconte ses tribulations amoureuses avec Sasuke et elle désespérait que je lui donne des infos croustillantes un jour, elle essayait même de me caser dis-je en riant.

-         Ah bon ? Avec qui ?

Je rougis un peu, je ne sais pas si je dois lui dire, c’est un peu gênant.

Il hausse un sourcil en me voyant timide et je rougis un peu plus. Franchement, nous avons fait assez de choses gênantes pour que je lui dise :

-         Avec toi en fait, avoue-je en fixant le sol.

-         Je te demande pardon ?! s’exclame-t-il.

-         Oui, elle voulait que je te rencontre, elle te vante très efficacement, glousse-je pour alléger l’atmosphère.

Mais un blanc s’installe et je me maudis de lui avoir dit. J’aurais mieux fait de me taire, je suis vraiment trop idiote.

-         Et tu m’as recalé sans même me voir ? demande-t-il d’une petite voix.

Alors celle-là, je ne m’y attendais pas une seconde.

-         Bien sûr que oui ! m’exclame-je en le regardant.

Il hoche un peu la tête, il a l’air presque peiné bien que j’aie du mal à y croire mais je me dis qu’effectivement, ça ne fait jamais plaisir. Je préfère immédiatement lui enlever ça de la tête :

-         Je ne savais même pas à quoi tu ressemblais Kakashi, j’ai refusé tout net pour la simple et bonne raison que je trouvais ça pitoyable d’avoir besoin d’une entremetteuse, particulièrement le senseï de mon amie… ça fait … désespérée.

Il me lance un petit regard rieur et je suis ravie de lui avoir remonté le moral.

-         Oui, c’est vrai, pouffe-t-il.

Je le pousse de la hanche en riant :

-         Ne me traite pas de désespérée ! couine-je.

-         Tu ne l’es pas, c’est juste drôle d’imaginer qu’une fille comme toi aurait besoin que Sakura la case avec quelqu’un, ça n’a pas le moindre sens, tu es renversante, depuis que je te connais je vois les hommes qui se jettent littéralement à tes pieds sans que tu ne leur donnes l’heure, répond-il.

-         Arrête d’exagérer ! Personne ne se jette à mes pieds ! dis-je en rougissant.

-         Je suis très sérieux, je crois que tu as un don pour ne pas remarquer quand tu plais à un homme Hanako, répond-il.

-         J’ai bien compris que je plaisais à Rinko, me défends-je.

-         Oh oui, félicitation. C’est vrai que Rinko est l’homme le plus discret et le moins rentre dedans que je connaisse, raille-t-il.

Je ne peux pas m’empêcher de glousser :

-         Oui, bon. C’est vrai qu’il aurait fallu être débile pour ne pas comprendre, il m’a fait des remarques déplacées au bout de trois minutes, plaisante-je.

Kakashi lève les yeux au ciel :

-         Bordel, il n’est pas croyable. Et pourtant, c’est lui qui gagne tes faveurs, mais comment est-ce possible ?! s’agace-t-il.

-         Je ne sais pas, c’est Rinko, pouffe-je.

-         Oui, il faudrait étudier sérieusement cette aura qu’il possède.

J’hoche la tête en observant une petite échoppe de nourriture. J’ai bien envie de lui proposer de prendre un dessert puisque je n’en ai pas pris mais il me tire de mes pensées :

-         Cette relation, elle t’a vraiment fait du mal à ce point ? Enfin, j’ai bien compris que oui, mais je trouve ça déjà ahurissant que ce crétin était … ton premier petit ami… dit-il en marchant sur des œufs.

C’est vraiment lunaire de discuter de tout ça avec Kakashi, c’est tellement normal, ça ne ressemble tellement pas à notre relation… enfin si, ça me fait même très précisément penser à ma première soirée avec lui, avant les disputes, quand il était adorable et bavard… et je dois dire que ça me rend plus qu’heureuse alors je m’ouvre un peu plus :

-         Et bien, je ne sais pas trop si je ne tourne pas rond mais, je t’assure que les hommes ne m’intéressaient pas. Enfin, je savais que je voudrais me marier un jour, fonder une famille, mais je n’arrivais pas à en trouver un seul qui m’intéresse vraiment, je les trouvais trop immatures, trop bêtes, trop bruyants… dis-je, perdue dans mes pensées.

-         Sérieusement ? Et c’est Rinko que tu choisis ? s’amuse-t-il encore.

Sa remarque me fait éclater de rire si fort que plusieurs passants se retournent, déclenchant le rire discret de Kakashi.

Mes yeux se posent sur un stand de gaufres et cette fois, je ne peux pas résister :

-         Ça te dit de manger une gaufre ? demande-je, des étoiles plein les yeux.

Il me lance un petit regard qui me fait fondre :

-         Quoi ?! s’exclame-t-il en riant un peu plus.

-         Des gaufres ! J’ai trop envie d’une gaufre ! couine-je.

Il rit encore mais me suit docilement et nous nous enfilons dans la petite queue.

Je lui lance des petits coups d’œil tandis qu’il commente avec humour le caractère mature, intelligent et discret de Rinko, me faisant beaucoup rire. Il a vraiment de l’humour, j’adore quand il est comme ça, j’adore le voir faire la queue pour acheter une gaufre avec moi, ça ne colle pas avec son apparence mais ça me fait quelque chose de voir ça, ça me rend très heureuse.

-         Alors moustique ? Qu’est-ce que tu veux ? demande-t-il finalement.

-         Je suis contente que tu aies accepté ! couine-je sans préambule.

Il me lance un beau regard avant de poser sa main sur ma tête pour m’embêter en m’ébouriffant un peu.

-         Arrête de dire n’importe quoi et dis-moi ce que tu veux, me rabroue-t-il gentiment.

-         Toi dis-moi, réplique-je.

-         Je n’en sais rien. Je ne suis jamais venu ici, je ne sais même pas ce que je préfère. Je comptais prendre la même chose que toi pour être sincère.

-         Alors on en prend plusieurs et on les partage. Comme ça tu sauras ce que tu aimes, propose-je.

-         Si tu veux… accepte-t-il.

Il a l’air timide, il m’attendrit encore et je commande pour nous deux.

 Lorsqu’on nous annonce le prix, je suis prête. Comme au restaurant, je me doutais qu’il n’allait pas me laisser payer, alors j’ai prévu le coup et je suis dans les starting blocs.

Il prend son portefeuille dans sa poche, et dès que je le vois dans sa main, je laisse le chakra m’envahir et je l’étourdis plus doucement que je ne l’ai jamais fait sur qui que ce soit, juste de quoi le perturber assez pour qu’il ne me sente pas lui prendre son portefeuille mais pas assez pour qu’il comprenne qu’il a eu un problème.

Il regarde sa main vide, dans l’incompréhension totale tandis que je paye notre « repas ».

-         Comment tu as fait ? demande-t-il sans quitter des yeux sa main vide.

-         Je t’ai piqué ton portefeuille, dis-je d’une voix innocente.

-         Oui, j’ai bien compris. Ma question est : comment tu as fait ?

Il me lance un regard vraiment ahuri.

-         Et bien… je ne sais pas, j’y suis allée très vite et très discrètement, c’est le principe lorsqu’on veut piquer quelque chose à quelqu’un, dis-je en riant.

Je lui redonne son portefeuille, qu’il range, sans quitter ses sourcils froncés.

-         Oui Hanako, sauf qu’on ne me « pique » rien en règle générale. J’aurais dû te voir venir, te sentir bouger…

J’éclate de rire en récupérant nos gaufres et je file vers un banc tandis qu’il me suit en réfléchissant. 

-         Tu es vraiment extrêmement rapide, sans doute plus que Minato, continue-t-il en s’asseyant, complétement désintéressé de nos douceurs, pensif.

-         Oui, je suis très rapide, passe à autre chose ninja copieur, me moque-je gentiment.

Il me lance un regard agacé mais doux malgré tout :

-         Même en étant rapide, j’aurais dû te voir venir, quitte à ne pas avoir un réflexe assez rapide pour t’en empêcher… grommèle-t-il.

-         Passe à autre chose Kakashi ! Tu veux commencer par laquelle ? m’enthousiasme-je.

-         Je n’en sais rien, celle que tu veux, merci d’avoir payé, râle-t-il.

Il s’appuie contre le dossier, croisant les bras, l’air toujours vexé et pensif.

J’ai envie de lever les yeux au ciel, il ne va quand même pas gâcher le moment simplement parce qu’il ne comprend pas ? Bien sûr que si, je ne sais même pas pourquoi je me pose la question.

-         Kakashi, gronde-je.

-         Je n’ai plus faim, boude-t-il.

Je tire sur son masque et il me lance encore un petit regard noir mais croque quand même dans la gaufre que je lui tends.

-         Tu n’es pas obligée de me nourrir, je peux la tenir, râle-t-il encore.

-         Mais on la partage, on ne va pas l’échanger toutes les vingt secondes, m’étonne-je.

-         Tu veux croquer dedans à tour de rôle ? s’étonne-t-il à son tour.

-         Euh…

Je me mets à rougir en baissant le nez, terriblement honteuse. Je n’y avais même pas plus que ça réfléchi, j’ai presque envie de partir en courant, je ne sais plus quoi dire ni quoi faire mais il reprend :

-         Non tu as raison moustique, nous n’avons qu’à tout mélanger même, prenons des crocs de toutes les gaufres en même temps, ça fera un mélange de saveurs, argumente-t-il pour me tirer de ma gêne.

Je ne peux m’empêcher de sourire tellement j’apprécie son geste et je croque dans la gaufre qu’il me tend en reprenant du poil de la bête, il est vraiment gentil ce soir.

Nous mangeons ainsi nos bouchées à tour de rôle, commentant nos préférées lorsque nous finissons.

-         Non vraiment, c’est délicieux, admet-il.

-         Tu n’avais jamais mangé de gaufres ? m’étonne-je.

-         Si, dit-il en levant les yeux au ciel. Mais en dessert dans des restaurants, pas des fraichement faites comme ça, ça n’a rien à voir.

-         Non, vraiment rien. Vous feriez mieux de changer un peu vos habitudes au lieu d’aller chez Ichiraku tous les vendredi soir, vous pourriez vous lancer le défi de faire tous les restaurants et stands du village, dis-je en riant.

Il me regarde en souriant :

-         Il n’y a que toi pour penser à des trucs pareils, commente-t-il.

-         Pas du tout, il n’y a que vous pour aller toujours au même endroit ad vitam aeternam, pouffe-je.

-         Je n’aime pas le changement, grommèle-t-il.

-         Tu es un ours ronchon Kakashi, voilà ce que tu es, dis-je en levant un doigt impérieux.

-         Et toi un moustique agaçant, réplique-t-il.

Je fais mine de me vexer lorsqu’il se redresse du dossier et que sa mâchoire se décroche :

-         C’est ça ! C’est ça que tu m’as fait pour mon portefeuille ! Tu as utilisé ta… capacité ?! crie-t-il.

J’éclate de rire :

-         Il est si difficile à croire que je sois plus rapide que toi ?! m’exclame-je.

-         Bien sûr que oui ! beugle-t-il pratiquement.

Je ris de plus belle, lui donnant sa réponse.

-         Ce n’est pas vrai ! Qu’est-ce que c’est ! C’est de la pure rapidité ?! s’obstine-t-il avec un air excité.

-         Peut-être, dis-je mystérieusement.

-         Je t’en prie ! Dis-moi ! supplie-t-il.

-         Je n’ai pas le droit Kakashi, encore moins d’avoir cette conversation au milieu du village, le gronde-je.

Il lève les yeux au ciel et se remet dans son dossier, respectant au moins le secret en pleine rue mais je sais qu’il est dévoré par la curiosité.