L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
- On va finir par dormir jusqu’à demain midi, dit-elle.
- Ce n’est pas grave, il vaut mieux arriver à Konoha dans la nuit qu’en journée. Notre retour va déjà faire assez de foin sans débarquer devant tout le monde.
- Tu marques un point, dit-elle pensive.
Je recule la tête pour l’observer, elle a l’air vraiment perdue dans ses pensées maintenant :
- Tout va bien ?
- Oui, dit-elle en rougissant.
Je lui lance un regard appuyé et elle craque :
- J’ai peur que… que tu ne viennes plus me voir quand nous serons rentrés.
- Tu sais que tu peux venir me voir toi aussi, dis-je pour l’embêter.
- Tu ne m’as jamais emmené chez toi, je ne sais même pas où tu habites, dit-elle un peu agacée par ma réponse.
Je suis abasourdi de réaliser qu’elle ne sait pas où j’habite, il m’est devenu tellement naturel d’aller chez elle.
- Je t’emmènerai chez moi, dis-je.
- Merci, répond-elle d’un petit air maussade.
- Bien sûr que je viendrai te voir Hanako ai-je vraiment besoin de le préciser ? dis-je en levant les yeux au ciel.
Elle a enfin l’air contente et embrasse mon nez.
- Ça va me faire drôle de ne plus dormir avec toi toutes les nuits, dit-elle.
- On ne va quand même pas faire jaser tout l’hôpital de Konoha en s’installant ensemble, plaisante-je.
Elle glousse de ma blague en mettant le drap devant son nez.
- Moi aussi ça va me manquer, dis-je en embrassant sa tempe tendrement.
*
Je me lève tard mais bien avant midi, Hanako est déjà réveillée, les yeux ouverts, perdue dans le vague.
- Tout va bien ?
- Oui, ça ne va pas être si facile de lui dire au revoir, c’est tout.
Je lève discrètement les yeux au ciel.
Nous nous habillons et nous rendons dans le laboratoire. Il n’a rien sorti ce matin alors que d’habitude tout est déjà prêt pour ses leçons quand elle arrive. Il est assis à son bureau en train d’écrire dans un gros livre et ne lève pas les yeux :
- Alors ça y est ma petite, tu pars ?
Bon, au moins je suis rassuré. Notre départ ne pose pas de problème.
Elle ne répond pas et va s’assoir sur son bureau pour regarder ce qu’il écrit, elle faisait souvent ça. Elle ne l’a jamais dérangé, son seuil de tolérance n’est pas le même avec elle qu’avec le reste du monde. Ils ne se parlent pas mais je peux sentir qu’elle est triste, je la connais bien maintenant et je suis presque sûr qu’elle retient des larmes pour son maitre. Depuis l’entrée de la pièce je vois finalement une larme tomber sur le livre d’Orochimaru.
- Allons allons ne sois pas ridicule mon enfant, dit-il.
Son ton n’est pas du tout le même que d’habitude, il est beaucoup plus doux presque réconfortant. Elle ne bouge pas de son bureau et lui dit :
- Vous avez été l’une des pires personnes en ce bas monde, mais vous avez évolué et été un maitre remarquable et vous me manquerez. Merci pour tout, je ferai honneur à votre savoir.
Il sourit sans lever les yeux de son livre tandis qu’elle se remet sur ses jambes.
- J’ai une dernière chose pour toi, dit-il.
Il se lève et va chercher un petit parchemin qu’il lui tend.
- Ceci est un parchemin d’invocation. J’aurais aimé qu’on aborde plus en détail les invocations mais nous n’en avons pas eu le temps, il y a tant à apprendre.
- Qu’invoque-t-il ? demande-je curieux.
- Moi-même, répond-il.
J’ouvre la bouche de stupéfaction et Hanako le regarde avec gratitude tandis qu’il continue :
- J’aimerais que tu le gardes avec toi, et si un jour tu sens que tu es en danger et que tu ne sais pas comment t’en sortir, invoque-moi et je viendrai t’aider.
Elle le prend dans ses bras et je détourne les yeux. Impossible de regarder ça, ça me donne la nausée.
- Allons allons tu es toujours tellement exubérante, la réprimande-t-il.
- Merci pour tout, dit-elle encore.
Alors qu’elle revient vers moi, il lui lance :
- Tu sais l’apprentissage n’est jamais terminé. S’il te venait l’envie de venir passer un peu de temps ici tu serais toujours la bienvenue. Même pour de petites durées.
Elle se retourne vers lui avec un grand sourire :
- Vous savez quoi, je suis absolument convaincue que je reviendrai.
Il retient un sourire et elle s’éloigne dans le couloir. Alors que je me mets à sa suite, il me parle :
- Ninja copieur ?
- Oui ? demande-je, sur mes gardes.
- Prend bien soin d’elle. Que tu le veuilles ou non, j’ai pu découvrir beaucoup sur toi ici, sur tes capacités ou ton caractère. Et si je la laisse partir sereinement c’est en grande partie parce que tu veilles sur elle. Ne me déçois pas ou je te tuerai, dit-il avec un sourire en coin.
- Si je ne te tue pas avant.
Je réprime un sourire et je m’en vais.
*
Nous courrons plus vite que nous n’avons jamais couru sur le retour à Konoha, électrisés par la hâte. Le trajet est long, en partant en fin de matinée nous arrivons à Konoha une bonne heure avant minuit. Lorsque nous apercevons les portes, elle prend ma main et me sourit. Nous mettons nos masques et nous élançons par-dessus le mur d’enceinte en donnant aux gardes de nuit le mot de passe.
Nous courrons dans les rues de Konoha, heureux comme des enfants, cachés de tous mais en pleine vue. Les ninjas encore dans les rues nous dévisagent avec un sourire aux lèvres, contaminés par notre joie, et alors que nous filons devant chez Ichiraku, j’aperçois Rinko qui en sort, il me regarde une seconde puis me fixe avec un air interloqué, alors que nous remontons la rue à toute vitesse, je tourne la tête pour le voir planté au milieu de la rue, nous observant.
Je pense qu’il se demande s’il a halluciné ou si c’était bien mon masque des forces spéciales. Ça lui donnera de quoi réfléchir cette nuit. J’emmène Hanako vers le bureau de l’Hokage à sa plus grande surprise, et je laisse un mot sur la porte de Minato pour lui dire que je suis revenu. Nous repartons ensuite chez elle.
Lorsque nous atterrissons sur sa terrasse, elle serre ma main et nous approchons de sa porte sur laquelle je trouve un mot. Je l’ouvre et découvre simplement un horaire et un terrain d’entrainement. Je souris.
- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? s’inquiète Hanako en scrutant autour d’elle.
- A mon avis, c’est Sasuke qui m’annonce où les trouver demain.
Quel bonheur de retrouver son cocon si chaleureux, elle sautille de joie au lieu de marcher tandis qu’elle fait le tour de chez elle. Je la rejoins dans la chambre où elle est déjà en train de vider sa bibliothèque grossièrement pour placer avec délicatesse tous ses nouveaux ouvrages.
- Tu es sûre que c’est l’heure ? demande-je en riant.
- Bien sûr que oui, j’ai appris tellement de choses, c’est un vrai trésor pour moi. Je changerai les draps après.
Je m’occupe de changer les draps poussiéreux pour qu’elle puisse ranger ses livres sereinement et elle me regarde avec gratitude. Lorsque je finis, je m’installe dans le lit et l’observe poser ses précieuses petites fioles sur une fine étagère au-dessus de sa commode. Tout ce qui provient du repaire d’Orochimaru est vieux, abîmé, en vieux cuir tanné ou dans des fioles opaques. Ça tranche avec le bois clair et moderne de sa chambre et ça me fait rire, je me demande si son petit côté maniaque va se réveiller un jour ou l’autre à ce sujet. Lorsqu’elle finit, je me lève, je ne sais pas si je dois rentrer chez moi ou rester avec elle.
Elle vient se caler au creux de mes bras :
- Nous sommes rentrés, j’y crois à peine alors que je suis chez moi.
J’ai envie de rester avec elle, il faut simplement que je lui demande. Je ne sais même plus ce que ça fait de dormir sans elle…Elle interrompt mes pensées :
- Tu restes ici cette nuit hein ? demande-t-elle inquiète.
Une vague de soulagement me parcourt.
- Bien sûr, réponds-je en la serrant contre moi.
Nous vidons et rangeons le reste de ses affaires, et elle me propose de laisser des habits propres chez elle, au cas où, ce que je fais. Ensuite nous nous glissons sous les draps et elle serre sa peluche contre elle, m’attendrissant.
- J’avais oublié le principe même du confort, rigole-t-elle.
- Et moi des fenêtres, dis-je la faisant plus rire encore.
- Que vas-tu faire demain ? demande-t-elle.
- Je pense que je vais aller retrouver les gens que je connais, leur annoncer que je suis revenu et toi ?
- Moi aussi, j’ai hâte de retrouver mes collègues et mon patient de la 214.
- Dois-je m’inquiéter ? plaisante-je en faisant mon jaloux.
Elle pouffe.
- C’est un ninja qui s’est retrouvé paralysé suite à de vilaines blessures de combat, on tente tout ce que l’on peut depuis des mois et des mois sans succès. Sakura a tout essayé, nous n’arrivons même pas à trouver la cause de sa paralysie. Je vais discuter avec lui tous les jours pendant une demi-heure. Je me dis que le temps doit être si long pour lui. Peut-être qu’avec ce que je sais désormais je pourrai l’aider…
C’est la personne la plus adorable de cette planète. Pourquoi est-elle avec moi ?
- Dis-lui bonjour de ma part, dis-je.
- Je lui dirai, dit-elle en souriant.
*
Le lendemain matin, quand j’ouvre les yeux je suis ébloui par la lumière extérieure filtrant par les voilages blancs. Une odeur de café flotte dans l’air, nous n’en avons pas bu depuis des mois. Elle arrive en sautillant sur le lit et me tend une tasse dont je prends plusieurs gorgées.
- Waouh, dis-je.
Elle rit et en une seconde je pose la tasse sur la table de nuit et je la saisis pour l’embrasser.
- Encore plus waouh, dis-je en la relâchant tandis qu’elle rougit.
Après avoir fini ma tasse, je m’habille et elle m’accompagne à la porte, je suis tout excité d’aller me promener dans Konoha.
- Je risque d’aller voir Shin aujourd’hui, dit-elle d’une petite voix hésitante.
Je ne réponds pas et je l’embrasse simplement amoureusement, je me doutais bien qu’elle irait le voir, il reste son ami.
- A plus tard, lui dis-je en sortant.
Je m’élance dans les rues en direction de Minato. Lorsque je passe par sa fenêtre il saute sur ses pieds et me serre dans ses bras.
- Je suis tellement heureux de te revoir ! Comment vas-tu ? Comment va-t-elle ? Qu’avez-vous fait ? Raconte-moi tout ! dit-il.
- Je suis profondément heureux de vous revoir Senseï.
Je lui explique toutes nos péripéties et il écoute le tout avec attention et émotion au fur et à mesure, s’intéressant et me posant des questions, me demandant si j’ai mangé à ma faim et si j’ai eu froid, comme un père.
Après ça il me raconte les dernières nouvelles de Konoha, que j’avais déjà apprises par Sasuke. Je m’excuse pour le trouble que je lui ai causé et il balaie ça d’un coup de main :
- Tout ce qui m’importe c’est que tu sois en bonne santé et de retour. Dis à Hanako de passer me voir, ça me ferait très plaisir.
- Je lui dirai.
- Alors ? demande-t-il avec un sourire en coin.
Je rougis et détourne le regard :
- Vous devinez toujours tout senseï, je ne vois pas ce que je peux ajouter, dis-je gêné.
- C’est comment le grand amour Kakashi ? demande-t-il avec bienveillance, les yeux luisants de fierté.
Je ne suis pas sûr d’être capable de répondre à cette question devant mon senseï, mais je sais quoi lui dire qui le remplira de bonheur :
- Merci pour tout, merci de ne jamais avoir abandonné ma triste cause. Vous aurez fini par réussir.
Je pense que je vois s’étirer sur ses lèvres le plus beau sourire que je ne lui ai jamais vu et c’est à ce moment que son assistante toque et entre dans le bureau. Sauvé par le gong.
- Oh pardon je vous dérange… commandant Hatake ?! s’exclame-t-elle en claquant une main sur sa bouche.
- Oui, ils sont de retour, dit Minato heureux comme un paon.
- Je m’éclipse si cela vous convient, j’aimerais beaucoup aller faire la surprise à Naruto et Sakura.
- Évidemment.