Histoires des dieux

Chapitre 3 : Arès

1155 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/10/2023 14:03

Par un beau jour de mai 2000, à Athènes, la parade militaire annuelle des forces grecques se déroule sous le regard amusé d'un grand homme austèrement vêtu en militaire avec tous les insignes et médailles qui ornent son manteau. Il se tient au côté d'une belle femme qui pourrait être mannequin et qui fait pâlir de jalousie les autres femmes. L'homme, ou plutôt le dieu Arès, laisse un sourire franc se dessiner sur son sévère visage, en voyant la femme, Aphrodite, l'enlacer tendrement la taille et lui tenir la main droite entre ses mains. Arès commente le spectacle :

— Avec les millénaires, j'ai vu toutes les parades et danses militaires possibles, mais celles des Russes me fascinent toujours. Tout particulièrement celle du Jour de la Victoire... Avec les militaires de l'Orient et de l'Occident, j'ai augmenté mon quotient intellectuel et mes connaissances des stratégies militaires. J'ai un exemplaire de L'art de la guerre de Sun Tzu qu'Athéna m'avait recommandé il y a plusieurs siècles déjà. Une merveille ce livre. Je le connais par cœur.

La déesse soupire à l'enthousiasme de son amant pour la stratégie militaire, mais ne dit rien.

Le dieu, de bonne humeur, enlace amoureusement la déesse et lui susurre :

— Mon amour, je sais bien que de toutes les parades militaires de ce monde, tu préfères me voir seul te faire une démonstration de ma force que tu trouves très attirant...

Elle lui réplique d'un air faussement blessé :

— Arès, tu sais que je t'aime beaucoup, alors arrête de me taquiner et terminons de regarder cette démonstration de force de l'armée grecque... Si personne ne se battait comme moi et si tout le monde s'aimait à la place, Dieu que tout serait plus simple... Le taux de natalité aurait augmenté.

Le dieu secoue la tête à la remarque trop romantique de sa compagne... Mais il doit reconnaître qu'Aphrodite a une bonne influence sur lui, le tempérant, le rendant moins casernier... sa maison a plus de vie.... Plus vivante non seulement par des enfants, mais aussi par une élégance et une délicatesse féminine à l'aménagement des meubles et des décorations. Détails qu'Arès ne considère pas beaucoup, ne privilégiant que ce qui est pratique. Le dieu pense que la plus belle des déesses à ses côtés avait et a une bonne influence sur lui... Il n'est plus si passionné de la guerre pour la guerre et du carnage... Avec les millénaires il a choisi un camp, le même qu'Athéna. Ainsi les deux déités militaires peuvent avoir des discussions très animées autour des tactiques militaires et des prochains coups stratégiques pour perdre le moins d'hommes. Discussions qui peuvent s'étirer sur plusieurs heures jusqu'à qu'ils parviennent à s'entendre. Exaspérant leurs proches.

Arès est sorti de sa rêverie par Aphrodite. La parade militaire terminée, le couple se promène dans les rues de la capitale. Le dieu affirme à la déesse :

— Ma chérie, ma Aphrodite, avec le temps, j'ai remarqué que les guerres ne sont plus comme avant...

La déesse lui lance un regard interrogateur, n'ayant guère compris ce que le dieu de la guerre voulait dire. Elle l'incite à développer plus d'un geste de la main.

— Avant, les guerres, c'était des hommes valeureux qui se battaient entre eux. Il y avait un principe, un code, une limite que tout le monde savait. C'était le temps des illustres guerriers et des héros. Ainsi se sont illustrés Héraclès, Ulysse, Achille, et j'en passe... Maintenant les guerres ne sont même plus intéressantes.. Des drones, des bombes, des armes à feu... Même les archers d'antan n'étaient pas aussi perfides... Massacrer des civils, c'est simplement ignoble! ... Cette indignation n'est-elle pas le résultat de ton influence sur moi, Aphrodite ?

La déesse rit à la question de son amant et lui répond d'un air joyeux :

— Et j'espère que tu ne regrettes pas cette bonne influence.

— Non, aucunement ma chère. Au contraire...

Il se rapproche de la déesse pour lui déposer un chaste bisou sur les joues, la faisant rougir légèrement.

— ... Je pense que depuis quelques millénaires, mon père me trouve moins ignoble.... Je suis certainement redevable à ton ascendant positif sur moi.... Sans toi, je serai un monstre assoiffé de sang et sans pitié... J'avoue qu'Éris et les Kères ne sont pas une compagnie très sympathique... Zeus m'apprécie même. Ou mon père est tombé sur la tête, ou je ne sais ce que ma mère et Athéna, mon ennemi devenue amie avec les millénaires, lui ont dit, ou je me suis sérieusement amélioré en tous ces millénaires... Revenons à la question de la guerre... De nos jours, les drones, les armes de destruction massive, les bombes, les massacres des populations civiles et autres actes sadiques et inhumains ont transformé la guerre d'avant en un horrible massacre insensé. J'en suis offusqué. Il n'y a plus d'idéaux. Ce n'est devenu qu'une question économique... l'argent est en jeu, les richesses aussi.... C'est vrai que par le passé, il y avait de telles guerres, mais au moins, les idéaux existaient et les massacres n'étaient pas si importants... Et je pense faire une réorientation de carrière... Ton vieux militaire grincheux est fatigué de la guerre et des massacres... Et tu sais qu'il m'est difficile de me départir des armes... Moi inactif ? Ce n'est plus moi... Alors j'ai récemment postulé comme agent de sécurité et policier. Ainsi j'ai des armes, je me sens utile et plus pacifique et le travail est tranquille, sans danger pour les autres et pour moi... Je ne risque pas d'être blessé comme à Troie par ce salaud de Diomède... Qu'en penses-tu Aphrodite ?

L'interpellée lui sourit et lui murmure :

— Fait comme bon te semble. Je t'approuve toujours.

Arès l'embrasse et le couple revient dans leur maison. Le dieu continue à postuler comme agent de sécurité et policier, attendant, anxieux, l'entrevue.


Deux jours plus tard, il est convoqué en entrevue. Le dieu essaie de ne pas trop intimider son interlocuteur avec sa masse corporelle imposante et sa stature masculine divine. Arès s'est improvisé un curriculum vitæ d'un ancien militaire. Il se retient pour ne pas rire des questions absurdes, il y répond avec aisance, s'inspirant largement de ses millénaires d'expériences, impressionnant son interlocuteur.

Une semaine plus tard, Arès est informé qu'il est embauché comme agent de sécurité dans un hôtel. Le dieu est ravi de son métier beaucoup plus calme et pacifique que celui de soldat.

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