Le Dernier Windigo

Chapitre 1 : Une histoire du Soir

Chapitre final

2431 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/12/2023 01:07

The last Windigo

Traduction par Anima de la fanfic de Doctor Disco




-      Allez, frangine ! Tu dois bien avoir une histoire à nous raconter ! s’exclama Applebloom toute excitée.

Le reste des Cutie Mark Crusaders acquiesça bruyamment.

-      Ouais !

-      Est-ce que l’histoire est cool ? Par pitié, qu’il y ait de l’action !

-      Du calme, du calme tout le monde, les tempéra Applejack, qui sentait déjà une goutte de sueur perler sur son front. Je ne peux pas entendre tout le monde à la fois. Si vous pouviez juste, euh...

La jument s’approcha du feu de la cheminée et s’installa dans le fauteuil dans lequel Granny Smith avait l’habitude de se reposer.

-      Et si on se mettait près du feu, les Crusaders ? Je vais vous raconter une histoire.

Les trois pouliches se précipitèrent pour s’asseoir devant Applejack, qui était désormais coiffée d'un bonnet rouge à doublure et pompon blancs. Elle aurait d’ailleurs été bien en peine de dire comment il s’était retrouvé là, et loucha pour l’examiner avant de soupirer.

-      On fera, avec je suppose. Bon, je suis pas une grande conteuse, mais j’ai une histoire du Feu Chaleureux qui… Ah zut, vous ne voudrez probablement pas l’entendre !

-      Quoi ? Demanda une Scootaloo incrédule. Non ! Raconte !

-      Ça ne peut pas être si mal si c’est une histoire du Feu Chaleureux, ajouta Applebloom.

-      D’accord, d’accord ! On se calme s’il vous plaît, répondit Applejack par dessus les protestations qui se turent rapidement. Merci, mais êtes-vous sûres qu’vous voulez entendre celle-là ? Elle est connue pour faire pleurer des juments adultes, donc c’est p’t’être trop…

-      Oui ! On veut l’entendre ! Raconte nous ! Supplia Scootaloo avec l’approbation des deux autres pouliches. On est assez grandes !

-      Bon, d’accord, mais ne v’nez pas dire que je ne vous avais pas prévenue.

Le vent sifflait dehors et la neige tombait derrière la fenêtre. Le ciel s’était assombri et la lumière du feu dans l’âtre commençait à illuminer la pièce.

-      Il était une fois, il y a fort longtemps...



Un temps où les terre d’Equus étaient dominées par les Windigos. Un temps avant Equestria, un temps de discorde et de conflit. Un âge où les poneys se disputaient et se battaient, désunis et en guerre. Quand les Windigos erraient librement, se nourrissant des émotions malsaines non par malveillance, mais par nécessité. Et ce faisant, sans réellement le vouloir, ils apportèrent les vents froids qui sifflaient dans l’air, portant des trombes de neige et de grêle.

Quand la Princesse Platinum, le Chancelier Puddinghead et le Commandant Hurricane se réunirent dans cette caverne fatidique avec leurs seconds, se chamaillant et se battant, quelque chose se produisit. Deux Windigos étaient présents, se nourrissant avidement des émotions présentes car ils étaient affamés depuis bien longtemps. Poussés par la faim, ils ne pouvaient devenir autre chose que les deux premiers Windigos à succomber. Les trois seconds s’étaient réunis et avaient créé le Feu de l’Amitié. Un feu qui, malencontreusement, causa la faim puis la mort des deux Windigos. C’est à cause de ces deux créatures que le Feu de l’Amitié vint à naître. Au long des siècles et des millénaires qui suivirent, la source de nourriture des Windigos se tarit alors que l’amitié à travers Equus et Équestria grandissait. Les trois tribus s’unirent, l’eau coula sous les ponts, et lentement, les Windigos s’éteignirent. Ils ne devinrent rien de plus qu’un mythe, une légende pour effrayer les poulains et les pouliches.

Et alors que le Feu de l’Amitié se propageait sur les terres, les Windigos disparaissaient, un par un. Plus de discorde, plus de chaos, plus de froid. Les Windigos vivaient de ces émotions oubliées. Et avec cet oubli, aucun d’eux ne pouvait plus vivre. Moult migrèrent au nord où se trouvait auparavant l’Empire de Cristal, mais ils ne purent tenir qu’un temps avec le peu d’émotions négatives qui restaient. Les Terres Gelées du Nord le sont toujours aujourd’hui uniquement parce que les Windigos furent forcés d’y creuser leur tombe.

Et finalement, après une éternité de désespoir, il ne resta plus qu’un seul Windigo. Le dernier Windigo. La dernière de son espèce, brisée et abattue, avait erré à travers Équestria, et fini par atterrir dans l’alors déjà ancienne forêt d’Everfree. À travers tout Équestria, tout le monde célébrait la mémoire de ce lien qui s’était formé cette nuit en des temps immémoriaux, tandis que la dernière Windigo pleurait le jour où son espèce avait commencé à mourir.

Triste et seule, la créature raconta son histoire à tout être qui pourrait l’entendre. Pour tous ceux pouvant l’écouter dans cette forêt. Elle se lamentait constamment, errant dans l’Everfree et contant aux arbres son malheur. Des histoires de désespoir, des destins de familles perdues, de chants de douleur et de deuil. Elle pleurait pour son espèce, car elle était la seule à pouvoir le faire. Et alors que les années passaient, elle devint de plus en plus faible, l’Everfree la chérissant avec une froide douceur, une douceur qui, elle le savait, ne durerait pas. Les Brancheloups, les Manticores, les Coquatrices et les Basilics essayaient de la réconforter. Les arbres, les grottes et la terre elle-même pleuraient avec elle. La forêt la berçait de sa présence, mais ce n’était jamais assez. L’Everfree essayait sans y arriver, et vint le jour ou la Windigo devint trop faible pour espérer continuer à vivre.


Mais une nuit, pendant le doux réveillon du Feu Chaleureux, une petite pouliche en larmes se faufila entre les branches de l’Everfree. Une petite pouliche qui avait fui sa maison après une dispute idiote avec son grand frère. Elle courait, elle courait de toutes ses forces car c’était tout ce à quoi elle pensait. Et sans le savoir, la petite pouliche s’engouffra dans un terrier. Pas juste une simple grotte froide. Non, c’était le dernier lieu de repos du dernier Windigo. Tremblante et larmoyante, la pouliche se roula en boule, ne sachant que faire d’autre. Le froid occupait son esprit et ses larmes l’empêchaient de penser. Sa colère s’étouffa, et tout ce qui lui resta fut un sentiment de vide profond. Elle se trouvait sur le sol humide, froid et couvert de neige d’une caverne dans laquelle elle savait ne jamais pouvoir être retrouvée.

Peu après, la dernière Windigo revint de sa dernière errance dans l’Everfree, ayant répandu la mémoire de son espèce aussi loin qu’elle le pouvait. Mais quand elle regagna le lieu de son dernier repos, elle trouva une petite pouliche frissonnante et en pleurs. Sa magie apporta son gel à la cave, quoiqu’elle essayât de la retenir. Lutter contre sa propre magie la tuait encore plus vite, mais étrangement, la créature ressentit de la compassion pour la petite pouliche.

Lentement, la pouliche ouvrit les yeux pour voir la bête blanche que si peu avaient pu voir auparavant. Un être qui était le dernier de son espèce. Elle ne le savait pas, bien sûr ; tout ce qu’elle comprenait, c’était qu’une créature qui lui ressemblait la fixait tristement, elle, petite pouliche terrestre frigorifiée. La dernière Windigo hennit et pleura une larme glacée devant la petite, avant de se lover contre cette dernière. Elle savait qu’elle ferait geler la petite pouliche. Elle savait que cela ne ferait qu’accélérer leur mort à toutes les deux, mais elle s’y était résignée. Une dernière action, même si elle allait à l’encontre de sa nature même : elle se mit à chanter. Une magnifique berceuse qui soulagerait la douleur et les peines de la pouliche. Elle chanta jusqu’à ce que sa voix se mette à chevroter sous le coup de la faiblesse, et même alors elle continua.

Malgré le fait qu’elle était mourante et que la petite pouliche gelait, elle l’avait aidée à s’endormir paisiblement. La Windigo pleurait en voyant la petite pouliche, se l’imaginant comme si elle était sa progéniture. Elle l’étreignit, la voulant voir vivre au dépend de sa vie. Elle savait qu’en concentrant sa magie, elle pourrait réchauffer suffisamment la caverne. Cela suffirait à maintenir la petite pouliche en vie. Cela lui suffirait de voir la petite pouliche vivre pour pouvoir raconter son histoire et vivre pour elle. Alors elle chanta une nouvelle fois. Elle chanta son histoire. L’histoire de son espèce. L’histoire de la dernière Windigo. Même dans son dernier souffle, elle souhaita la vie à la pouliche, de toute la bonté qui restait dans son âme. De la magie remplit la caverne, y amenant une chaleur digne d’un feu de cheminée, une odeur de gingembre et de cannelle ainsi qu’un goût de sacrifice.

Quelque chose changea cette nuit. La magie est quelque chose que ni les plus grands magiciens, ni les Princesses elles-mêmes ne peuvent entièrement expliquer. Mais sachez que l’essence même de la Windigo changea. Elle s’était sacrifiée, mais la magie l’entendait autrement, elle avait encore des choses à faire, encore des choses à vivre. Alors elle fut changée. Sa magie devint différente. Le Feu de l’Amitié avait, pour la première fois, atteint le cœur glacé des Windigos.

Ainsi, la dernière Windigo devint quelque chose d’autre. Quelque chose de plus. Les émotions négatives ne la nourrissaient plus, par contre les positives… La Windigo brûlait d’une force qu’elle n’aurait jamais pu imaginer, et elle pleura de joie et de tristesse car elle pourrait prendre soin de la petite pouliche, du moins jusqu’à son réveil.

Au matin, la petite pouliche s’éveilla dans un doux et chaud nid fait de branchages et de neige – qui étonnamment irradiait de chaleur. Une chaleur qui non seulement réchauffait son corps, mais qui aussi apaisait son esprit et réconfortait son âme. Elle en oublia même la raison de sa dispute avec son grand frère et dans son esprit, le chemin vers sa maison était clair, même à travers les sombres sentiers de l’Everfree. Ce qu’elle ne savait pas, était que la dernière Windigo la guidait en veillant sur elle, lui faisant secrètement ses adieux sans que la pouliche ne le sache.

Les années passèrent, la dernière Windigo honora l’Everfree de sa présence, devenant plus que la dernière de son espèce, car les Windigos naquirent à nouveau. Jamais elle n’oublia la petite pouliche qui avait réchauffé son cœur, et elle espérait que l’inverse était vrai. Et en effet… En grandissant, la petite pouliche comprit que ce qu’elle avait vécu cette nuit-là n’avait pas été un rêve. Une nuit du Feu Chaleureux, elle s’aventura de nouveau dans l’Everfree pour voir si elle avait raison. Elle retrouva la caverne où une fois elle s’était réfugiée, gelée et aux portes de la mort.

Tel que le permit le destin, la Windigo qui cette nuit-là l’avait sauvée était aussi retournée à cette grotte et y trouva la jument qui avait, des années auparavant, involontairement sauvé son âme.

Et alors qu’elles se reconnaissaient, la jument se promit que tous les ans, elle reviendrait à chaque réveillon du Feu Chaleureux pour rendre visite à la Windigo, et pour toujours se souvenir du lien qu’elles avaient formé cette nuit-là.


-      … ainsi s’achève l’histoire du dernier Windigo, conclut Applejack en s’essuyant une unique larme avec un mouchoir.

Les Crusaders n’en menaient pas large et pleuraient toutes les larmes de leurs corps, blotties les unes contre les autres. Elles n’arrivaient pas à se retenir.

-      C… C’était… hoqueta Applebloom entre deux larmes.

-      Je ne vous quitterai jamais, les filles ! Pleurnicha Sweetie Belle.

-       Non je pleure pas ! C’est vous qui pleurez ! S’écria Scootaloo.

Les pouliches rirent avant de continuer leur concerto de larmes. Applejack ne put s’empêcher de les attirer contre elle dans un gros câlin.

-      Vous exagérez, les filles, leur susurra-t-elle avant de rire et de les serrer contre elle un peu plus fort.

Applejack renifla, tenant les Crusaders contre elle jusqu’à ce que les pouliches ne s’endorment dans ses sabots. Elle sourit en les voyant ainsi, puis son regard dériva vers la cheminée puis vers la fenêtre, en direction de l’Everfree. Elle se représenta l’image d’un Windigo hennissant et battant des sabots, puis ferma les yeux avant de blottir sa tête contre celle des petites et de s’endormir elle aussi dans la chaleur du foyer. Le tout, sous le regard souriant de son grand frère et de sa grand-mère, qui avaient eux aussi écouté l’histoire.

-      Elle aime la raconter, cette histoire hein ? Demanda Granny Smith, tout doucement pour ne pas réveiller les quatre juments.

Après quelques secondes à les regarder, Big Mac acquiesça :

-      Eeyup.



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