No Future pour le Feu Chaleureux

Chapitre 1 : Manehattan en hiver…

Chapitre final

4172 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/12/2023 16:24

Rarity était cachée derrière un muret de pierre, accroupie sur le trottoir juste à l’extérieur de l’un des plus grands parcs de Manehattan. Le ciel était chargé, les nuages lourds d’une tempête de neige qui n’attendait que d’éclater. Rarity sentait contre son ventre le ciment froid qui l’irritait, mais ce léger inconfort était le cadet de ses soucis dans cette situation.

« Toute cette affaire aurait pu rester simple et sans gravité », commença-t-elle, les yeux fixés sur ses sabots. Son ton était le même que si elle s’était adressée au procureur dans un procès, rôle présentement tenu par ses confortables bottes d'hiver.

« Une simple mission d’amitié, courte, facile et détendue avant les fêtes du Feu Chaleureux. Une excuse pour passer à Manehattan, faire quelques emplettes de dernière minute. J’avais hâte. Et à peine arrivés, nous avions vite trouvé le problème. Et c’était un problème de mode ! Deux amis qui avaient besoin d’aide pour s’offrir leurs cadeaux. S'il y avait bien un poney à même de résoudre cette affaire en solo, c’était bien moi : Rarity. »

Sur ce, elle délaissa ses sabots et se tourna vers le muret qui lui servait de couvert. Elle entendait sans mal les cris de l’autre côté, des mots durs qui fendaient l’air comme un grésil mauvais. En avalant nerveusement sa salive, elle se redressa et hasarda un regard par-dessus le mur.

« Et pourtant, à cause de toi, nous avons apparemment déclenché la bataille de boules de neige la plus extrême de toute l’histoire de Manehattan. »

Sous les yeux de Rarity se déroulait un véritable carnage hivernal. Dans le parc enneigé devenu champ de bataille, des dizaines et des dizaines de poneys lançaient des boules de neiges tous azimuts et tout en animosité. Il n’y avait là ni joie ni rires, seulement des insultes, des mots violents jetés en renfort des projectiles glacés. À vrai dire, la somme de colère et de rancœur concentrée dans ce seul parc aurait sans doute suffi à attirer quelques Juments Glacées.

Et Rarity était d'autant plus attristée que la source de ce conflit n'était autre que la mode punk.

Tout avait commencé avec un jeune étalon et une jument dont Rarity voyait bien qu’ils étaient plus qu’amis. Elle les avait trouvés paralysés d’indécision au sujet de leurs cadeaux du Feu Chaleureux. Leurs tentatives précédentes pour se trouver mutuellement des présents n’avaient mené à rien et ils étaient en pleine détresse.

Rarity avait su très vite déceler le problème et trouver une solution. Tous les deux étaient fans de mode punk, mais chacun en appréciait une variété particulière. Lui aimait les blousons noirs en similicuir, les bracelets de force et les ceintures à clous. Elle préférait porter des pointes en piercing d’oreilles, et des hauts ornés de messages et de symboles rebelles. En soi, ce n’était pas le problème, simplement la racine de leur problème : chacun essayait en effet d’imposer son sens de la mode à l’autre, plutôt que de s’intéresser de près à ses goûts et chercher un cadeau en accord.

La leçon avait l’air si simple, aussi. Rarity n’aurait eu qu’à les guider un peu vers les bons cadeaux, ils se les seraient échangés, et auraient alors vu tout de suite à quel point cela marchait mieux, quelle joie cela leur apporterait. Mais au lieu de ça…


Splortssssh !


Tout avait éclaté, un peu à la manière de la boule de neige froide et mouillée qui venait de s’étaler dans la figure de Rarity. Elle se remit vite à couvert derrière le mur. À présent, il semblait que le moindre amateur d’esthétique punk avait investi le parc, se mêlant à la bataille rangée qui dégénérait invariablement en petits groupes ou en mêlée générale ; tous à se battre pour la seule vraie version du look punk en laquelle ils croyaient. Blousons noirs contre hauts protestataires. Colliers à pointes contre piercings d’oreilles. Coupes de crinières. Couleurs. Type d’épingles ! Le moindre petit aspect qui aurait pu définir une variété de style punk devenait un cri de ralliement ou une insulte et avait droit à sa bataille.

Rarity se servit de sa magie pour essuyer la neige fondue de son visage, avant de jeter un regard assassin à la créature qu’on lui avait assignée comme partenaire pour cette mission. L’inimitable draconéquidé lévitait paresseusement au-dessus du trottoir. De sa patte droite, il feuilletait un magazine. Dans sa serre gauche, il tenait un gobelet en carton manifestement rempli d’un genre de café glacé. Et par un effet de sa magie chaotique, chaque boule de neige perdue qui aurait pu le toucher changeait de direction au dernier moment pour aller frapper quelqu’un d’autre.

« Eh bien, qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

Discord ne leva pas les yeux de son magazine. Il lapa nonchalamment une gorgée de son café avant de répondre.

« Je ne nie pas avoir agité un peu les choses, mais je peux t’assurer que tout ce chaos était déjà là, en puissance, prêt à éclater. D’ailleurs tu devrais me remercier. S’il n’y avait eu que toi ici, tu n’aurais aidé que deux poneys à réparer leur amitié. Maintenant, tu peux aider tout ce beau monde. Ce n’est pas mieux comme ça ?

– Ça n’est mieux que si je peux les aider, et ce sera difficile tant qu'ils continueront à se donner des concussions à coups de boules de neige ! »

Rarity se dressa tout en parlant et pointa un sabot vers le champ de bataille, pour recevoir immédiatement une autre boule de neige perdue. La neige du parc était déjà lourde d’humidité. Le projectile qui heurta Rarity s’écrasa lourdement contre sa joue, manquant de la faire tomber et envoyant un frisson à travers tout son corps.

« Discord ! » Cria Rarity. Le cri fit sursauter quelques poneys de l’autre côté de la rue, et la frustration qu’il contenait sembla enfin distraire Discord de son magazine. Il claqua des griffes de son pied reptilien, et la neige qui dégoulinait sur la figure de Rarity s’en détacha, reprit la forme d’une boule et retourna en sifflant à l’envoyeur, qui s’écroula. Un autre claquement de griffes, et Rarity trouva devant elle un gobelet de thé fumant. Elle devinait que Discord essayait de l’amadouer – de la soudoyer, même ! –, mais présentement elle avait trop froid pour s’en offusquer. Elle souleva le gobelet, prit une longue gorgée, et réussit à sourire en sentant la chaleur se propager lentement à partir de son ventre.

« Ça va mieux ?

– Un peu », reconnut Rarity tandis qu’un troisième claquement faisait apparaître une écharpe autour du cou de la licorne. Elle allait à merveille avec ses bottes, et présentait aussi l’avantage d’être enchantée : lorsqu’une nouvelle boule de neige fusa dans la direction de Rarity, l’écharpe s’anima et intercepta le projectile avant qu’il ne touche sa cible. Cette petite attention fit beaucoup pour calmer les nerfs à vif de la styliste.

« Je suis désolée, c’est injuste que je te mette tout ça sur le dos. Tu as peut-être versé la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais ce serait ignorer toutes les gouttes qui le remplissaient déjà. Ceci dit, il n’empêche que nous devons mettre fin à cette bataille avant que quelqu’un soit blessé. Ça, ou que leurs tenues qui sont tout de même le cœur du problème soient complètement fichues ! 

– Eh bien », fit Discord en revenant à sa lecture et sa boisson fraîche, « tu as dit au début de l’histoire que tu pouvais résoudre ce problème toute seule. Vas-y, tout le monde te regarde ! »

Rarity grimaça et se tourna de nouveau vers le champ de bataille. Sortir maintenant ne lui vaudrait rien, à part de se faire ensevelir sous la neige mouillée. Elle reprit une gorgée du thé salvateur.

« Je… je ne peux pas résoudre tout ça toute seule. Et je n’aurais pas dû essayer de le faire toute seule ! Si c'était possible, la carte m’aurait envoyée, moi, et c'est tout. Mais elle nous a choisis tous les deux ! » ajouta-t-elle avec un regard vers Discord. « Oui, je crois bien que je connais la réponse au problème, mais sans toi, le reste du conflit aurait continué de bouillir sous la surface, à l’insu de tous. On le sait bien, la carte de l’amitié envoie toujours pile les bonnes personnes pour résoudre les problèmes. Donc… je te demande pardon de n’avoir pas travaillé avec toi dès le début.

– Et je te demande pardon d’avoir peut-être causé un petit peu plus de chaos que nécessaire », répondit Discord avec un sourire narquois. « Regarde-moi ça, on a déjà appris notre propre petite leçon d’amitié personnelle. Il faut bien dire ça de l’in medias res, c’est qu’on arrive tout de suite à l’essentiel. »

Rarity haussa un sourcil. « Plaît-il ?

– Non, rien. »

Discord avala le reste de son café glacé, et une poubelle le gobelet. Puis le seigneur du chaos descendit au niveau de Rarity.

« Je serais ravi de collaborer avec l’élite du style en Équestria, et je crois même que j’ai une idée. Je pense que tu sais déjà ce qu’il faut dire à tous ces poneys là-bas, et je crois vraiment que ton message les aiderait à – pouah ! – surmonter leur désaccord. Le vrai souci, c’est de faire en sorte qu’ils t’écoutent. Or, comme toi et tes amies l’avez sans doute remarqué, je suis très difficile à ignorer lorsque je veux qu’on m’accorde de l’attention.

– C’est vrai que tu as un indéniable talent pour prendre toute la place disponible. » répondit Rarity avant une nouvelle gorgée de son thé. Dans ce moment de calme, à la lisière du chaos de la bataille tout proche, elle remarqua qu’il chantait. Elle se souvint du « Thé du chanteur » inventé par Fluttershy et Discord, en fait une tisane pour la gorge qui chantait pour de vrai. Le breuvage avait bon goût, et entamait présentement un charmant chant traditionnel de la saison.

« Et tu sais t’imposer à un public », continua Discord. « L’ennui, c’est qu’ils ne voudront pas écouter une styliste bon chic, bon genre du devant de la scène. Ils préfèreront quelqu’un d'underground, qui apprécie l’esthétique Punk.

– Mais c’est mon cas ! » protesta Rarity. « Vraiment, je crois sincèrement que dans chaque style se cache quelque chose de beau et fécond. C’est vrai, ma zone de confort est dans le chic et le magnifique, mais n’oublions pas que j’ai quand même gagné un concours avec une ligne de vêtements inspirée du mobilier d’hôtel ! »

Les yeux de Rarity se perdirent dans le vague tandis qu’elle se remémorait l’événement, et toute la tension qui en avait résulté. « Même si j'ai encore du mal à comprendre comment je suis retombée sur mes pattes, cette fois-là.

– Eh bien, je dirais que c’est la même inspiration et la même ténacité qui t’ont aidée à réussir ce coup-ci », rétorqua Discord en refermant son magazine et en le tournant pour que Rarity voie la couverture. C’était un vieux numéro de Vanity Mare, spécial « Les plus belles crinières d’Équestria ». En couverture, une photo de Rarity que celle-ci reconnut tout de suite et qu'elle n'était pas près d'oublier. Ce n’était pas un mauvais souvenir, mais le contexte aidant, elle porta instinctivement un sabot à sa coiffure en devinant ce que Discord suggérait.

« Oh, non. Oh non non non non non. J’apprécie que tu reconnaisses le brio avec lequel j’ai retourné… après certes quelques encouragements de mes amies… une situation désespérée… mais il m’a fallu des mois pour faire repousser ma crinière ! Pas besoin d’aller aussi loin, quand même ?

– Honnêtement, je ne comprends pourquoi chaque fois que des poneys font face à une situation aussi chaotique, ils ne pensent jamais à faire appel à moi. Je suis perplexe. »

Il claqua des doigts de sa serre libre. Le magazine disparut, puis Discord porta sa serre à sa tête. Avec un cliquetis métallique, sa ligne de crins noirs se détacha de sa nuque. Il la rattacha ensuite, pour passer un ongle dans les crins drus qui rendirent un son de harpe ; et à chaque note, ils changeaient de couleur.

Rarity admira la démonstration, et se sentit un peu sotte de n’avoir pas consulté Discord pendant cette mésaventure-là. Puis, les rouages de son esprit se mirent en mouvement et elle jeta un nouveau regard par-dessus le mur, pour constater que la guerre glaciaire ne faisait toujours pas mine de s’arrêter – en fait, elle s’intensifiait de façon visible.

« Même avec ce look, je ne suis pas sûre que j’arriverais à saisir leur attention. Il nous faudrait frapper un grand coup. Avec force, audace et panache. »

Elle observa la scène encore un moment, et c’est alors qu’une étincelle d’inspiration enflamma son esprit. Elle tourna son regard vers Discord.

« Ooooh, toi… tu as une idée. Une idée merveilleusement chaotique », dit Discord les yeux rivés à ceux de Rarity, qui rayonnaient maintenant de cette inspiration devenue contagieuse. Ils étaient deux esprits créatifs, après tout. Elle travaillait avec des tissus, et lui avec la trame de la réalité. Un détail !

« Livre-moi ta vision, Rarity, et nous lui donnerons réalité ! »


« Les colliers à pointes, c’est bon pour les chiens !

– Non mais tu t’es vue, « Turlututu Oreilles Pointues ?! »

À un pilonnage en règle répondit une riposte plus violente encore. C’était chacun pour soi maintenant, ou presque, et chaque petit groupe se faisait écraser par tous les autres. Des murailles étaient dressées à la hâte, et de plus en plus de vêtements se gorgeaient de cette neige humide et lourde. D’ici peu de temps, il ne resterait plus une tenue intacte chez un seul poney du parc.

La bataille était si intense que personne ne remarqua que l’amphithéâtre tout proche s’était soudain orné de lourds rideaux noirs qui occultaient la scène. Personne ne remarqua non plus les premiers coups de grosse caisse, ni les guitares que l’on accordait. Mais personne ne put ignorer le déluge de flammes et de feux d’artifice qui fusèrent depuis la scène. Une boule de feu s’élevait telle une fleur de lumière en éclosion, envoyant une vague de chaleur à travers tout le parc. Les feux d’artifice sifflaient, avant d’éclater avec des craquements incisifs.

Tous les punks du parc se figèrent, et bon nombre lâchèrent leurs boules de neiges déjà prêtes à partir. Tous les yeux se tournèrent vers la scène, de laquelle se déversaient déjà d’épais nuages de fumée. Puis le lourd tissu noir s'écarta vers le côté cour de la scène, au son des premières notes d’une basse.

Un motif simple, seulement quelques accords répétés. Mais ils portaient un accent de danger, et un air de rébellion. Les lumières de la scène s’allumèrent, illuminant ses occupants qui jusque-là n’étaient que de vagues silhouettes. Il y avait un batteur, un bassiste, un second guitariste. Tous des copies de Discord, mais chacune était habillée dans une variante de style punk. Le Discord à la batterie était tout en similicuir et en pointes. Celui à la basse portait tellement de piercings qu’il brillait comme une boule à facettes (quoiqu'un peu crasseuse), et arborait un t-shirt orné de la Marque de Beauté de Célestia – dans un style graffiti, et barrée d’une large croix rouge. Le dernier Discord, à la guitare, semblait quelque part entre les deux : un blouson noir ouvert sur un t-shirt décoré des diamants de Rarity, aux lignes grossières et abîmées. Il ne portait pas de clous dans ses vêtements, mais arborait une crête iroquoise impressionnante dont le bout des mèches était enserré dans de petits anneaux d’acier poli.

Au centre de la scène, en équilibre sur ses sabots arrières, avec une guitare et son look du Vanity Mare : Rarity. Sa queue et sa crinière coupées courtes étaient rehaussées de jaune et de vert criards ; cette dernière était arrangée en une crête sauvage et rebelle. Elle portait une veste en Skaï rehaussée de rivets étincelants, stratégiquement placés pour accrocher le regard sur les angles du vêtement.

Rarity jaugea du regard la foule des punks qui convergeaient déjà vers la scène, comme attirés par un astre massif. Mais elle ne sourit pas. Elle ne battit pas des cils, ne prit pas la pose comme elle l’aurait fait dans une séance photo ou un défilé.

À la place, elle leva un sabot avant de l’abattre sur les cordes de la guitare. Le riff nerveux se mêla harmonieusement avec la ligne d’accords du Discord bassiste. Puis le Discord batteur entrechoqua ses baguettes et compta à haute voix :

« Un… deux… Un, deux, trois, QUATRE ! » 



« Rarity, le concert était incroyable ! »

Rarity se tenait rayonnante devant la scène. La foule des punks se dispersait lentement dans la ville, désormais en groupes mêlés et hétéroclites. La bataille était terminée. Au lieu de tirs, les nombreux poneys qui s’étaient jetés dans le conflit s’échangeaient maintenant des conseils et leurs opinions sur le concert de rock impromptu dont ils venaient d’être témoins. Le dernier compliment venait de ces deux amis à l’origine du problème qui avait amené Rarity et Discord à Manehattan. La première fois qu’elle les avait vus, ils étaient un exemple criant d’esthétiques parallèles, destinées à ne jamais se croiser. À présent, comme presque tous les autres poneys qui quittaient le parc, ils embrassaient le large spectre déhiérarchisé de la mode Punk. L’étalon avait donné son blouson à la jument, et elle avait partagé avec lui quelques-uns de ses piercings.

« Merci, mais je suis surtout heureuse de vous voir réconciliés. Et on dirait que vous avez su trouver le cadeau parfait l’un pour l’autre !

– Au moins, pour le moment, » dit l’étalon. « Je compte quand même retourner lui chercher quelque chose que je suis sûr qu’elle aimera, quelque chose qui soit vraiment elle.

– Et moi, je vais faire la même chose pour lui. » ajouta la jument.

« Vous n’aviez que des bonnes intentions, c’est ce qui compte le plus. Mais souvenez-vous que chaque personne a son style propre, et que le trouver peut prendre toute une vie. Croyez-moi, je redécouvre de nouvelles manières de briller à chaque saison.

– Oui, mais toi Rarity, tu as la chance que tout t’aille à merveille ! »

Rarity eut un petit rire et chassa le compliment d’un revers de sabot.

« Oh, c’est trop gentil. Mais vous feriez mieux de filer, tous les deux ! Et une joyeuse fête du Feu Chaleureux !

– Joyeux Feu Chaleureux ! » répondirent-ils en chœur. Puis ils s’en allèrent, épaule contre épaule. Rarity ne pouvait s’empêcher de les admirer. Pourtant son attention se tourna vers son flanc, où elle pouvait sentir et voir une pulsation familière qui émanait de sa marque de beauté. Une autre tâche d’amitié terminée. Mission accomplie.

« Je dois avouer, Rarity, que je ne t’aurais jamais imaginée cracher autant avec une guitare, » dit Discord.

Rarity ne se retourna pas immédiatement pour lui faire face. Elle se concentra plutôt sur le jeune couple qui s’éloignait. Ils étaient déjà à l’entrée du parc, et seraient bientôt hors de vue.

« Et bien, moi aussi j’ai eu ma période rebelle, même si je me doute que ta magie m’a beaucoup aisée. Il y a bien des années que je suis trop rouillée pour jouer comme ça.

– On devrait peut-être partir en tournée. Imagine ! L’une des plus grandes créatrices de mode d’Équestria, et un Rockeur de renommée mondiale. Je suis sûr que c’est dans tes cordes.

– Oh, non ! » pouffa Rarity, « Je suis bien assez occupée, entre une carrière dans la mode, l’école de Twilight et les missions d’amitié par-ci, par-là. »

Elle se retourna enfin vers Discord. Il flottait nonchalamment à côté d'ellle. Il ne faisait rien de particulier, pourtant le sourire de Rarity s’inversa d’un coup et ses sourcils se froncèrent.

« Discord ? » dit-elle avec fermeté.

« Oui, Rarity ? » répondit l’intéressé avec un sourire éclatant et un ample battement de cils.

Rarity fixait du regard le sommet de la tête du Draconéquidé, désormais coiffé d’une masse de boucles élégantes, indigo, et immédiatement reconnaissables. « C’est bien ma crinière que tu portes ?

– Oui, et en toute franchise je pense que c’est à moi qu’elle va le mieux. » dit-il en restaurant un peu de volume avec sa patte de lion. « Ça, et puis le punk te va si bien. Honnêtement je ne vois pas pourquoi tu voudrais revenir à ton look d’avant. Certes, c’est la Rarity classique, mais tu brilles tellement plus avec un peu de modernité !

– Discord, si tu en déranges ne serait-ce qu’UN cheveu… » commença Rarity, mais Discord se contenta de sourire et de s’éloigner en flottant. Il n’y mettait aucune hâte, comme un ballon avec tout juste assez d’hélium pour échapper à son propriétaire et le narguer.

« Discord ? » reprit Rarity avec plus de fermeté. Discord continuait de s’éloigner. Il ne prenait pas beaucoup d’altitude, mais restait assez loin du sol pour que Rarity ne puisse espérer l’atteindre sans sauter d’un point élevé ou utiliser sa magie. En approchant de l’entrée du parc, Discord se mit à fredonner pour lui-même.

« Discord ! »

Rarity était désormais au galop et tentait désespérément de gagner du terrain sur le draconéquidé, qui quittait le parc et s’engageait désormais au-dessus du trottoir. Plusieurs poneys les remarquèrent, s'émerveillant d'abord de Discord puis s’écartant pour ouvrir la voie à Rarity qui continuait sa poursuite.

« Diiiscoooord ! »

« Et alors qu’ils se couraient après dans les rues, une neige légère se mit à tomber sur la ville. Les flocons neufs effacèrent bientôt les stigmates de la Grande Guerre du Punk. Pourtant, quoique le combat de boules de neiges serait vite oublié, les punks qui avaient investi le parc se souviendraient longtemps qu’ils avaient eu la chance de voir la première, mais peut-être pas la dernière, performance de Rarity and the Discords.

– DISCORD ! Arrête ta narration, redescends et rends-moi ma crinière ! DISCOOOORD ! »

La voix de Rarity résonna bientôt dans tout le quartier, mais Discord s'éloigna de plus belle, toujours juste hors de portée et un grand sourire sur les lèvres.

Laisser un commentaire ?