Cinq jours pour une éternité.
Je me réveillai enfin. Après seize ans, le retour à la réalité fut dur. Ma vue était brouillée et je croyai entendre des voix. Je secouai ma tête, et tout s'estompa. Bizarre. En soulevant la plaque qui couvrait le module de cryogénisation, mon index se brisa à cause du froid. La douleur fut intense quoique relativement apaisée par le froid, aucune larme ne me vint à l'oeil. Une fois sortie, je croisai... Eh bien personne en réalité. J'étais seule dans l'espace. Je regardai mon plan personnel et trouvai l'infirmerie, c'était à deux pas. Une fois sur place, je scrutai la salle. Le matériel était potable, et pour ma plus grande chance, un plot chirurgical avait été installé. Je dirigai ma propre opération sans anesthésie. Pour ma plus grande surprise, la vue du sang coulant le long de mon doigt me fit plaisir. J'étais partagée entre la peur de mon comportement, et l'excitation provoquée par l'hémoglobine. Après une demie-heure de rétablissement passée à me questionner sur mon comportement entre deux tentatives de sommeil, je pris le parti de faire deux-trois bricoles si et là. J'ai pu planter une citrouille et ramener mon allié le tablier. Exténuée physiquement et mentalement, je décidai de faire une petite sieste. Sieste qui me réservait bien des surprises... En effet, quelques cycles plus tard, à mon réveil, tout paraissait différent. Le Mush avait pris possession de mon corps durant mon sommeil. Je jouai désormais du côté obscur de la force. Je tournai la tête, et vis un corps. Raluca Tomescu était étendue au sol. Elle avait visiblement été rouée de coups et poignardée à l'abdomen. Sa main avait été transpercée par un objet tranchant. Mes phéromones m'indiquèrent qu'elle était mon alliée. Je listai l'historique des événements sur mon appareil de communication. Raluca avait saboté un réservoir, et s'était faite repérée par Janice. J'étais désormais seule infectée à bord, mais déterminée à finir ma mission. Je retournai au Laboratoire et voyai la joie des tous ces humains pathétiques en train de célébrer la mort de la physicienne. Je grincai des dents, mais jouai le jeu. Ils le paieraient. Cher. Très cher. Le sang coulerait, et uniquement du sang humain. Mon combat était lancé contre quatorze humains.
" Tout va bien Finola ? " Me demanda Kuan Ti.
"Oh oui, tout va très bien." Répondai-je. " Tout ira très bien."