Un espoir à éliminer
" Chun. Zhong Chun. Seule immunisée au Mush. Espoir de l'humanité. Voilà comment l'on me présentait. On m'ajoutait les qualificatifs comme " à ne pas perdre " ou " précieuse ". Et aujourd'hui, je suis traquée comme un vulgaire animal. "
Je m'encourageais à ne pas perdre haleine. Les pièces défilaient à une vitesse folle. Pour être honnête je ne savais même pas où aller, de toute façon on me retrouverait.
" J'ai tant donné de ma personne. Vécu tant de jours plus horribles les uns que les autres et pourquoi ? Pour mourir si près du but à cause de cet Eden ?! Cela peut paraître égoïste, mais je ne veux pas mourir. "
Je me retrouvai finalement en un des stockages centraux. Cachée en boule derrière le réservoir d'oxygène, je pleurai. Toute l'eau de mon corps semblait sortir de mes yeux.
" Tous mes compagnons, avec qui j'ai ri et pleuré pendant plus de deux semaines, me trahissent "pour l'humainté". MOUREZ ! MOUREZ T... "
J'entendis des pas venant de la salle adjacente. Je me tu immédiatement, ravalai ma salive et me recroquevillai encore plus, espérant ne pas être vue. Le bruit d'une porte qui s'ouvre se fit entendre, des pas, puis plus rien. Je levai la tête, personne.
D'ennui, je fouillai rapidement l'étagère et n'y trouvai qu'un bloc de post-its. Mon esprit ne fit qu'un tour.
" Mon amie. Ma seule véritable amie. J'ai passé tant de temps avec toi. Je sais que tu ne m'aurais pas trahie. Tu es la seule qui me défendrait aujourd'hui. Malheureusement tu ne pourras jamais le faire. Dès le début, tu es la seule en qui j'ai eu confiance. Une telle amitié ne pouvait être feinte. Je ne t'oublirai jamais. Je veillerai sur toi, et le petit. - Ta Chuny "
Je collai le papier sur l'étagère et relisait mon mot à basse voix comme un élève qui répète sa leçon pour ne jamais l'oublier.
" Touchant. Très touchant. Un petit peu fleur bleue à mon goût si tu veux savoir. "
Je sursautai, mon coeur manquait de s'arrêter.
" Tu peux te lever tu sais. On est pas à une minute près, on peut parler. "
J'avais reconnu sa voix. Je me levai sans attendre en un saut. Je le dévisageai, il me répugnait.
" Toi. Comment peux-tu me faire ça ?! " criai-je en pleurant.
" Oh tu sais, entre une vie, et une dizaine, la question ne se pose pas. " répondait-il sans émotion.
" Tout ce qui s'est passé tous ces jours, c'était une comédie ?! "
" Voyons, ne parle pas si fort. On pourrait t'entendre, et moi aussi. Ce choix est juste, tu dois l'assumer. Si tu veux je lui donnerai ton mot. Sans faute. "
" Ordure... ORDURE. "
Il venait de décoller mon mot, et faisait bouger le papier entre ses deux mains, en prenant bien soin de le plier comme il faut. Je voulais lui sauter dessus, mais cela aurait été signer mon arrêt de mort.
" Tu sais pourquoi cela ne me fait ni chaud ni froid ? " souriait-il.
Entre deux sanglots, je murmura
" Car tu es un monstre... Ni plus ni moins. "
Je lui cracha à la figure. Il s'essuya sans rien dire.
" Non, à cause de ça tout simplement. "
Il sortit un objet de sa poche. J'étouffais mon cri. D'un coup, toute mon histoire me revint en tête...