Lettres de Kamura

Chapitre XXVII

Vingt-septième lettre

Ma très chère Dylis,

Mes mains tremblent encore, et je peine à tenir ma plume convenablement, mais sache que je suis en vie.

Tu auras sûrement de la peine en me voyant à nouveau, mais je vais bien. Si nous n’avons eu aucun mort à déplorer, par miracle, nous ne sommes pas revenus indemnes… Combien d’entre nous ont été blessés, plus ou moins grièvement, pendant ce combat à mort ? Bien trop à mon goût. Et moi-même ai dû y passer. Mon tibia gauche et mon coude droit ont belle allure, dans leurs plâtres, sans parler de toutes ces brûlures sur ma peau. J’imagine que tu auras de quoi m’aider à soigner tout cela, même si je n’aime pas me reposer trop sur toi…

Merci infiniment pour ta lettre. Lorsque j’ai vu cette petite hibouette voler jusqu’au campement dans les abysses dévorants, j’ai cru rêver. Et pourtant, elle portait une lettre, qui m’était destinée, signée de ton nom. Si tu savais combien tu m’as redonné courage grâce à elle… J’étais exténuée, dos au mur, immobilisée de force par les équipes de secours, et tu es venue me sauver. Si tu n’avais pas été là, peut-être n’aurions-nous jamais pu triompher.

Je n’ai cessé de penser à vous, à Llyr et toi. M’imaginer vos visages heureux et un futur dans lequel vous n’aurez plus à vous inquiéter pour moi suffisait pour que je trouve la force de vaincre. Depuis Kamura, vous veilliez sur moi, et je vous en suis infiniment reconnaissante.

Il y a de grandes chances que nous fêtions ce triomphe historique autour d’un banquet, une fois que notre bateau aura accosté au port d’Elgado. Me feras-tu l’honneur de t’y joindre ? Rien ne me comblerait plus que de te revoir dès mon arrivée à l’avant-poste.

Et une fois les célébrations terminées, nous rentrerons tous les trois à Kamura, en famille.

Nous avons de nombreuses journées à rattraper, et tout autant de confessions à nous faire.

Je te retrouve très bientôt. Et cette fois-ci, ce sera pour de bon.

Plus rien ne nous séparera, désormais. Rien n’aura plus d’importance pour moi que de te voir sourire, et de te combler jour après jour.

Je t’embrasse, du fond du cœur.

Nozomi